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Nouveau départ pour les producteurs de crevettes après deux sinistres à la Dominique


Renforcer la résilience des sources de revenus dans les îles vulnérables au changement climatique

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La pénéiculture constituait naguère une part importante de l’économie de la Dominique, où les bouquets géants sont très prisés. Le secteur a cependant décliné au fil des ans, malmené par les catastrophes naturelles qui ont secoué l’île. ©FAO/Dwayne Benjamin

16/04/2021

Marvin Daniel se souvient des vents terrifiants et des pluies torrentielles qui ont fait de nombreuses victimes et anéanti des moyens de subsistance en s’abattant sur l’île caribéenne de la Dominique, et ce, à deux reprises.  

«Nous avons lutté pour rester en vie. Il fallait à tout prix se mettre à l’abri», raconte-t-il.

Marvin, 35 ans, était aux premières loges lorsque s’est abattue la tempête tropicale Erika en 2015, suivie de l’ouragan Maria en 2017. Il travaillait comme gérant dans un hôtel de luxe quand Maria a balayé les Caraïbes, faisant des milliers de morts et semant la destruction sur son passage. À la Dominique, soixante-‑cinq personnes ont trouvé la mort.

«On a cru que c’était la fin», déclare-t-il. «Notre complexe hôtelier était en ruines.»

Dès lors sans emploi, Marvin s’est intéressé à l’aquaculture au moment où la FAO a épaulé le Gouvernement dominiquais en vue de donner un nouveau souffle à la production de crevettes et d’en faire une priorité au service du développement durable du pays.

Par le passé, la pénéiculture avait joué un rôle déterminant dans l’économie de la Dominique, où les bouquets géants sont très prisés. Cependant, le secteur aquacole de cette petite nation s’était essoufflé au fil des ans, le gouvernement tournant son attention vers d’autres secteurs.

Depuis toujours, Marvin avait en tête de monter sa propre affaire. Lui et d’autres producteurs se sont réjouis de ce projet commun, dans le cadre duquel l’écloserie du gouvernement a été remise en état et les recherches en aquaculture approfondies. Des murs de béton ont été érigés autour de la structure, et des connecteurs anti-ouragan ont été fixés aux poutres pour protéger le toit.

«La petite filière aquacole de l’île a été ravagée par les catastrophes et l’objectif de ce projet est de réhabiliter l’écloserie et d’en faire une installation résistante aux aléas climatiques, de sorte qu’elle soit en mesure de faire face aux chocs futurs», explique Iris Monnereau, coordonnatrice FAO du projet régional CC4FISH, consacré à l’adaptation au changement climatique du secteur de la pêche dans les Caraïbes orientales.

Les crevettes d’eau douce sont un produit à valeur élevée à la Dominique et dans d’autres îles caribéennes. La production n’est pas aussi technique ni gourmande en capitaux que l’aquaculture des crevettes de mer, ce qui rend l’activité plus accessible aux

L’élévation du niveau de la mer, l’évolution du régime des pluies et des températures ainsi que la fréquence toujours plus importante des tempêtes et des ouragans à forte intensité continueront d’affecter le quotidien et les moyens d’existence des populations, notamment dans les petits États insulaires en développement comme la Dominique.

À l’heure actuelle, une très grande partie des poissons et des autres produits aquatiques consommés sur l’île est importée, et le changement climatique devrait avoir des effets préjudiciables sur la pêche en mer.

L’action de la FAO à la Dominique s’inscrit dans une initiative plus large du projet CC4FISH qui vise à réduire la vulnérabilité des pêches et de l’aquaculture et à en améliorer la résilience.

«Le projet CC4FISH permet d’informer et de sensibiliser», indique Mme Monnereau. «Il appuie également le renforcement des capacités des pêcheurs, des organisations de pêcheurs et des aquaculteurs. L’objectif est de réhabiliter et de renforcer le secteur de l’aquaculture par la mise en place des exploitations modèles, la remise en état des écloseries et des activités de renforcement des capacités.»

La pénéiculture, un marché inexploité

L’élevage de crevettes d’eau douce pourrait bien mettre sur les marchés locaux et ceux d’autres îles des Caraïbes un produit à valeur élevée. En outre, la production n’est pas aussi technique ni gourmande en capitaux que l’aquaculture des crevettes de mer, ce qui rend l’activité plus accessible aux petits exploitants.

La principale difficulté consiste à assurer un approvisionnement stable de larves afin de peupler les bassins commerciaux, car celle qu’on importait jusqu’alors présentaient un taux de mortalité élevé. Les premières larves locales ont été produites à l’écloserie en août dernier, avant d’être distribuées dans différentes exploitations.

Marvin a ainsi reçu 80 000 larves pour ses bassins, et peut se prévaloir d’un taux de survie de 98 pour cent.  Il encourage aujourd’hui d’autres producteurs à se lancer dans la pénéiculture. 

«Un certain nombre de producteurs ont investi dans la création d’élevages de ces crevettes à valeur élevée pour répondre à la demande locale, ce qui leur permet de retrouver des sources de revenus et leur ouvre des perspectives de croissance», précise Jullan Defoe, fonctionnaire principal des pêches de la Dominique et coordonnateur du projet CC4FISH. 

Mia Avril, consultante de la FAO spécialisée dans le développement de l’aquaculture, en poste à la Dominique, se dit encouragée par les premiers résultats. «À ce jour, nous avons approvisionné six éleveurs», indique-t-elle. «D’ici à la fin du projet, nous devrions en approvisionner au moins vingt autres.»

Le projet CC4FISH de la FAO à la Dominique et dans les Caraïbes vise à renforcer la résilience et à réduire la vulnérabilité des pêches et de l’aquaculture en cas de catastrophe naturelle ou d’autres chocs. ©FAO/Dwayne Benjamin

Malgré la pandémie de covid-19, le tourisme reste un secteur de premier plan dans les Caraïbes, et les crevettes peuvent être vendues au secteur hôtelier ainsi que sur les étals de poissonnerie et dans les supermarchés locaux. Selon Marvin, la Dominique devrait à terme être en mesure de les exporter vers les territoires français voisins que sont la Guadeloupe et la Martinique.

«Nous devons disposer d’une quantité suffisante d’aliments pour nourrir notre population, et elle doit être à la portée des bourses des Dominiquais», conclut Marvin. 

Le projet CC4FISH a été mis en œuvre dans sept pays des Caraïbes orientales, à savoir Antigua-et-Barbuda, la Dominique, la Grenade, Saint-Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les Grenadines et la Trinité‑et‑Tobago. En développant le secteur aquacole et en améliorant sa résistance aux aléas climatiques, la FAO aide ces îles des Caraïbes orientales à renforcer leur sécurité alimentaire, les conditions de vie de leur population et les revenus des ménages.

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