La Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée en 1948 affirme que l’alimentation est un droit humain fondamental. Aujourd’hui, 71 ans plus tard, plus de 820 millions de personnes souffrent encore de la faim. ©FAO/Pedro Costa Gomes
«Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires (...)» (article 25 de la Déclaration universelle des droits de l’homme).
En décembre 1948, la Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies, a constitué une étape importante en reconnaissant pour la première fois les droits fondamentaux de la personne humaine. L’article 25 de cette déclaration établissait le droit à l’alimentation. Cependant, 71 ans plus tard, plusieurs millions de personnes à travers le monde ne jouissent toujours pas de ces droits fondamentaux. Plus précisément, plus de 820 millions de personnes ne disposent pas de suffisamment d’aliments nutritifs pour mener une vie saine et active.
Depuis sa création en 1945, la FAO consacre tous ses efforts à l’élimination de la faim et de la malnutrition. L’Organisation travaille ainsi en étroite collaboration avec les États Membres et avec les acteurs des autres secteurs essentiels, en vue de veiller à ce que le droit à l’alimentation soit préservé dans le monde entier.
Une lutte à l’échelle mondiale
La faim et la malnutrition ne touchent pas seulement les pays en développement. Dans les pays à revenu élevé également, des gens se battent encore pour le droit à l’alimentation. La nourriture doit être non seulement accessible mais aussi saine et nutritive. Les gouvernements doivent veiller à ce que ce droit soit respecté, et adopter les lois nécessaires.
Selon Celia Fernández Aller, professeure de droit à l’Université Polytechnique de Madrid (Espagne), «la faim est un problème complexe qui ne peut être abordé isolément, ni sous un angle unique, car de nombreux facteurs ont une incidence sur l’agriculture». Celia fait partie de l’observatoire espagnol du droit à l’alimentation, réseau d’universitaires unique en Europe.
«Un observatoire tel que celui-ci est nécessaire en Espagne», affirme-t-elle. «Non seulement parce que l’insécurité alimentaire s’est aggravée ces dernières années, mais aussi parce que tous les pays doivent contribuer à la construction d’un monde plus juste. Les pays développés sont à l’origine de nombreux problèmes qui pèsent sur le monde, notamment le changement climatique, l’industrialisation et la consommation d’énergie, et y contribuent.»
Les mauvaises habitudes alimentaires font partie des principaux facteurs de risque de décès dû aux maladies non transmissibles. Le droit à l’alimentation ne se limite pas seulement à l’accès aux aliments, il s’agit d’avoir accès à des aliments nutritifs.
Une autre priorité de l’observatoire du droit à l’alimentation est de mettre fin aux mauvaises habitudes alimentaires. Celles-ci constituent l’un des principaux facteurs de risque de décès dû aux maladies non transmissibles telles que le diabète et certains types de cancers. Le traitement de ces maladies a également une incidence négative sur les budgets de santé nationaux.
Celia Fernández Aller collabore avec l’Agence espagnole de la coopération internationale pour le développement. L’observatoire y organise des ateliers sur le droit à une nourriture adéquate à l’intention des fonctionnaires, avec pour objectif de contribuer à la reconnaissance institutionnelle de ce droit universel.
Celia a été invitée à une table ronde organisée par la FAO à l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation en Espagne.
«Dans mon discours adressé aux membres du Ministère de l’agriculture, dit-elle, j’ai insisté pour que le droit à une nourriture adéquate soit reconnu, non seulement par les États, mais aussi par les entreprises et par l’ensemble de la société. Cela a été une excellente occasion de sensibiliser les responsables politiques et le public à ce sujet».
Un autre membre de l’observatoire, Amparo Novo, professeure de sociologie de l’alimentation à l’Université d’Oviedo dans le nord de l’Espagne, a participé en tant qu’observatrice au premier Sommet mondial des Fronts Parlementaires contre la faim et la malnutrition, organisé en 2018 à Madrid. L’observatoire du droit à l’alimentation a mis a point un ensemble de propositions et de défis à relever, notamment la mise en œuvre de politiques fiscales prévoyant des taxes sur les aliments transformés, la mise en place de restrictions aux publicités pour des aliments qui entraînent de mauvaises habitudes alimentaires et l’élaboration d’une loi-cadre relative au droit à l’alimentation.
«Il faut encourager le dialogue avec les institutions concernées, sinon nous ne serons pas capables d’éliminer la faim et la malnutrition", explique Amparo.
L’observatoire collabore généralement avec les décideurs, en particulier avec l’Alliance parlementaire espagnole pour le droit à l’alimentation récemment créée, afin de réaliser ses objectifs.
«Ils font partie de nos meilleurs alliés, ajoute Amparo. Nous comptons sur leur soutien. Notre but ultime est de faciliter l’analyse des mesures législatives et de suivre les progrès. Ensemble, nous pouvons trouver la meilleure voie à suivre en matière de politiques et de gouvernance, ce qui permettra de concrétiser le droit à une nourriture adéquate.»
Les membres de l’observatoire du droit à l’alimentation se réunissent régulièrement pour examiner des propositions de mesures destinées à garantir le droit à l’alimentation, ainsi que pour présenter ces propositions aux législateurs et à la société civile. @FAO/Marta Ramón Pascual
Inspiration venue d’outre-Atlantique
L’observatoire du droit à l’alimentation a été créé en 2018, sur le modèle de l’observatoire de l’Amérique latine et des Caraïbes, lancé en 2011. Les deux observatoires bénéficient de l’appui de l’équipe de la FAO chargée de la question du droit à l’alimentation et de l’initiative "L’Amérique latine et les Caraïbes libérées de la faim", fruit de l’entente entre le Gouvernement espagnol et la FAO.
«Nous avons remarqué que les problèmes auxquels est confrontée l’Amérique latine, tels que le changement climatique ou les migrations, touchent également l’Espagne. La faim et la malnutrition sont des problèmes mondiaux. En Europe, nous souffrons aussi», dit-elle.
L’observatoire espagnol du droit à l’alimentation a suscité un vif intérêt depuis sa création. Il réunit actuellement dix universités, dix entités publiques et une quarantaine de chercheurs. Tous participent régulièrement à des activités de sensibilisation car ils estiment que les connaissances doivent bénéficier d’une large visibilité et être appliquées afin de susciter une prise de conscience et des évolutions, plutôt que de demeurer dans le cadre confiné des bureaux ou des bibliothèques.
Le secteur universitaire se doit d’enrichir les connaissances, de diffuser des données fiables, de renforcer les capacités d’analyse et de communiquer les principes des droits fondamentaux de la personne humaine. Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 fait appel à la participation de divers acteurs et les universités ont beaucoup à apporter à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).
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