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L’essor du cacao bolivien


Découvrez comment la FAO intervient auprès de communautés autochtones en Bolivie pour les aider à faire passer le secteur du chocolat à la vitesse supérieure.

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L’industrie chocolatière bolivienne est en plein essor, grâce aux agriculteurs autochtones et aux petits exploitants qui cultivent le cacao avec l’aide de la FAO et de ses partenaires du Mécanisme forêts et paysans. ©HELVETAS Bolivia

02/12/2019

Dans la campagne bolivienne, un secteur en pleine expansion ouvre des perspectives alléchantes aux communautés rurales: la production de chocolat.

Lorsqu’il est question de chocolat, la Bolivie n’est peut-être pas le premier pays qui vient à l’esprit pour l’instant... mais, grâce aux efforts concertés de la FAO, de groupements de petits exploitants et de producteurs autochtones, les choses sont sur le point de changer. Au cours des cinq dernières années, les producteurs de chocolat boliviens ont patiemment engrangé les succès, ce qui leur vaut aujourd’hui d’être reconnus à l’échelle mondiale pour la qualité de leurs produits. Leur cacao figure désormais parmi les 20 meilleurs de la planète, ce qui s’accompagne d’une hausse de sa valeur sur le marché international. 

Les populations autochtones occupent une place centrale dans l’industrie chocolatière bolivienne. Parmi les agriculteurs et producteurs locaux qui se regroupent au sein de grandes coopératives, comme la Confédération des producteurs et cueilleurs agroécologiques de cacao de Bolivie (COPRACAO) et El Ceibo, qui bénéficient toutes deux de l’appui du Mécanisme forêts et paysans, un grand nombre sont issus de communautés autochtones. En plus de permettre aux agriculteurs autochtones de jouir d’une plus grande reconnaissance dans leur pays, ces coopératives favorisent la transition vers des pratiques commerciales plus modernes.

Le Mécanisme forêts et paysans est un partenariat entre la FAO, l’Institut international pour l’environnement et le développement, l’Union internationale pour la conservation de la nature et AgriCord. Ce programme aide les coopératives à accéder à des fonds publics, tout en encourageant l’émergence d’une mentalité nouvelle qui incite les exploitants locaux à unir leurs forces pour négocier les prix à la hausse et accroître leurs revenus.

Le rôle des agriculteurs autochtones

Pour faire monter les prix du marché, les agriculteurs ruraux se sont regroupés au sein de petites coopératives, qui sont elles-mêmes représentées par des coopératives de plus grande taille. Cette façon de faire permet d’éviter l’intervention coûteuse d’intermédiaires et d’améliorer l’accès au marché. Au nombre de ces petites coopératives qui bénéficient de l’appui du Mécanisme forêts et paysans figure notamment l’association Sauces. Cette dernière travaille avec des agriculteurs autochtones membres des communautés Yuracaré et Moxeño, situées dans le Territoire autochtone et parc national Isiboro-Sécure (Territorio Indígena Parque Nacional Isiboro Sécure ou TIPNIS, en espagnol).

Photo de gauche: la région de Guanay en Bolivie, où le secteur du cacao est en plein essor. ©FAO. Photo de droite: René Marquez, chef de projet au sein de l’association Chocolecos, pose devant le séchoir, qui permet de déshydrater les fèves de cacao en vu

Comptant parmi les membres fondateurs de l’association Sauces, créée en 2006, Alina Flores Roca a toujours vécu dans cette région. Si elle a décidé, en compagnie d’autres membres de la communauté autochtone du TIPNIS, de mettre sur pied cette coopérative, c’était dans le but de vendre les produits locaux à des prix plus élevés, de façon à améliorer le revenu des familles de la région, en particulier celui des femmes travaillant dans le secteur.

«Nous sommes satisfaits du Mécanisme forêts et paysans. Lorsque nous avons reçu l’appui de ce programme, c’était la première fois que nous obtenions du financement en tant qu’association. Cela nous a permis d’avoir accès à des ressources qui nous permettrons, en tant que femmes, de continuer à progresser. Nous possédons déjà une pépinière. Maintenant, nous aimerions nous procurer un séchoir [de fèves de cacao] et continuer à améliorer la qualité de notre cacao», explique Alina.

Le Mécanisme forêts et paysans fournit un appui technique et des subventions à la fois à des coopératives locales et à des exploitants indépendants.

Leonardo Choque est membre de la tribu autochtone Leco et de la communauté autochtone de Larecaja. En 2012, en collaboration avec l’association des producteurs de cacao Chocolecos, il s’est lancé dans la culture du cacao et, depuis, il a constaté une amélioration tant au point de vue de la qualité de son milieu de vie qu’au point de vue de sa rémunération.

«Avec la culture du cacao, on a compris qu’il était possible de protéger notre forêt et sa biodiversité et de contribuer à la lutte contre le réchauffement de la planète. Aujourd’hui, on prend soin de notre forêt parce qu’on souhaite que nos enfants puissent vivre dans de bonnes conditions.»

Cependant, Leonardo et sa communauté avaient encore besoin d’équipements et d’une assistance technique pour gagner en qualité et en productivité. Le président de Chocolecos, David Piloy, également membre de la tribu autochtone Leco, explique comment la FAO leur est venue en aide:

«Grâce au Mécanisme forêts et paysans, nous avons pu construire une pépinière modèle pour la culture de jeunes plants et un entrepôt pour le stockage de nos produits. Ces installations nous aident à préserver la qualité de notre cacao, qui est d’ailleurs considéré depuis quelques années comme l’un des meilleurs au monde!»

Jesús Camacho, José Luís Alfaro et Lucio Flores, spécialisés dans la gestion de pépinières, montrent comme les cacaoyers poussent dans une pépinière construite grâce à un financement du Mécanisme forêts et paysans. ©FAO

Comment le secteur du chocolat s’est-il développé?

Le chocolat produit par Chocolecos a obtenu une reconnaissance à l’échelle internationale, ce qui a véritablement profité à l’industrie chocolatière en Bolivie. Avec le concours de la FAO, le Ministère bolivien des affaires étrangères a, depuis, mis sur pied une compétition nationale destinée à promouvoir le cacao bolivien. En 2019, l’association Chocolecos s’est taillé une place parmi les lauréats de la première édition du salon du cacao et du chocolat «Bolivia» et a ainsi eu le privilège, en compagnie de cinq autres producteurs boliviens, de représenter le chocolat bolivien sur la scène internationale à l’occasion du Salon du chocolat 2019 à Paris.

Le partenariat mis en place a également facilité l’accès à de nouveaux marchés. Grâce à un accord conclu entre la FAO et l’entreprise italienne Autogrill, spécialisée dans les services de restauration, on peut désormais trouver le chocolat produit par la coopérative autochtone El Ceibo dans les rayons des établissements Autogrill participants sur les aires d’autoroute, dans les aéroports et dans les gares ferroviaires à travers toute l’Italie.

Faire figurer le chocolat parmi les préoccupations nationales

Le partenariat instauré avec la FAO a favorisé la collaboration et le dialogue avec les autorités nationales et infranationales en Bolivie. Bien souvent, les agriculteurs autochtones et les petits exploitants trouvent qu’il est difficile de faire entendre leur voix auprès des pouvoirs publics. La FAO a collaboré avec le Gouvernement bolivien et des représentants de producteurs de cacao boliviens pour mettre au point le Programme d’appui à la production et à la récolte du cacao, qui vise à renforcer les systèmes de production à l’échelle nationale. Cette initiative a également donné lieu à un investissement du Gouvernement d’une valeur de 21,8 millions d’USD. Cette injection de capitaux permettra de renforcer la production de cacao dans tout le pays, ce qui aura des retombées positives pour 3 600 producteurs en plus de stimuler la production et d’accroître la qualité des produits.

En Bolivie comme dans beaucoup d’autres endroits de par le monde, les communautés autochtones sont la clé de voûte du secteur agricole. Il est primordial de leur donner les moyens de réaliser pleinement leur potentiel, que ce soit en leur accordant des subventions, en leur donnant accès à de nouveaux marchés ou en leur permettant de participer au dialogue sur les politiques. En effet, c’est de cette façon que nous parviendrons à améliorer de manière durable les moyens d’existence en milieu rural et, ce faisant, à faire un pas de plus vers la concrétisation des objectifs de développement durable.

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