Dans un bourg agricole vénézuélien isolé, le potager d’Eliana et sa famille leur assure des moyens vivriers et un revenu, et les aide à traverser les épisodes de sécheresse, la crise économique et la pandémie de covid-19. ©FAO/Rohnal Valderrey
Pour se rendre à Caspo et en revenir, le chemin est à faire à moto ou à pied. Ce sont les deux modes de transport principaux qu’utilisent les habitants de cette bourgade de montagne située dans la région centre-ouest du Venezuela. Un chemin de terre qui traverse les montagnes est la seule liaison entre ce bourg agricole isolé et la ville la plus proche, Sanare, distante de 20 kilomètres environ. Les caféiers y sont abondants, mais l’habitat est très dispersé.
C’est dans ce bourg de l’État de Lara qu’habitent Eliana Alvarado, son mari Pablo Márquez et leurs deux fils, Santiago, âgé de sept ans, et Moisés, un enfant de quatre ans.
Eliana vient de fêter ses 30 ans. Elle prépare un diplôme universitaire et aspire à devenir enseignante, mais elle travaille dans l’agriculture depuis son plus jeune âge.
«Pablo et moi ensemençons notre terre pour nourrir notre famille. Nous commercialisons aussi une partie de nos produits ou pratiquons le troc avec les voisins. Ici, à Caspo, nous cultivons les caféiers depuis longtemps, mais c’est une récolte qui n’a lieu qu’une fois par an. C’est pourquoi nous avons aussi notre petit lopin de terre ensemencé d’autres cultures», explique-t-elle.
Eliana et sa famille comptaient sur la vente des productions de leur potager et des revenus que le ménage pouvait tirer de son travail de cueillette dans les cultures de tiers. Mais cela ne couvrait que 50 pour cent environ de leurs besoins, et le ménage comptait sur les aides publiques pour le reste. Le budget familial était entièrement consacré aux besoins les plus élémentaires, principalement la nourriture.
Le projet FAO-ECHO fournit des semences, des outils et dispense une assistance technique qui permettent à Eliana et d’autres cultivateurs de l’État de Lara d’augmenter leur production, renforçant ainsi leur sécurité alimentaire et nutritionnelle. ©FAO/Roh
Augmenter la production
Eliana appartient à un groupe de 387 foyers de l’État de Lara bénéficiaires d’un projet de la FAO visant à augmenter la production de l’agriculture familiale.
Cette initiative, financée par la Direction générale de la protection civile et des opérations d’aide humanitaire européennes (ECHO), vise à favoriser la résilience des foyers qui peinent à couvrir leurs besoins. Le projet leur fournit les intrants agricoles que sont semences et instruments aratoires, ainsi qu’une assistance technique, dans le but d’améliorer leurs moyens de subsistance et par là-même de renforcer leur sécurité alimentaire et nutritionnelle.
Eliana se souvient de l’arrivée des fonctionnaires de la FAO chez elle en juin 2019. «Un voisin m’avait dit que la FAO visitait des familles à Caspo. Un technicien est alors venu dans ma ferme pour s’enquérir des besoins de nos familles. J’en ai profité pour lui dire que c’était de semences dont j’avais le plus besoin. Nous aimons travailler, mais il nous est toujours très difficile de nous procurer les semences.»
«Et c’est l’une des choses que la FAO a faites pour nous: une distribution de semences de légumes.» Certaines de ces semences, comme les graines de tomates, étaient une nouveauté pour la famille d’Eliana qui n’avait aucune expérience de leur plantation car ces semences en particulier «sont très coûteuses et nous n’avions jamais pu en acheter», explique-t-elle.
La diversification de la production agricole par l’ajout de légumes frais et l’amélioration de l’alimentation des ménages est un objectif majeur du projet, et ce plus particulièrement en pleine pandémie de covid-19, où les produits frais sont plus difficiles à se procurer.
Avec cette production, Eliana a trouvé non seulement un métier qu’elle partage avec son mari, mais aussi un mode de vie et une tradition qu’elle entend transmettre à ses deux fils.
«Le goût des végétaux et de l’agriculture, explique-t-elle, est quelque chose que nous inculquons à nos enfants, jour après jour, afin qu’ils apprennent qu’en semant ils peuvent se nourrir et vivre sainement. Je leur ai appris à tirer fierté du fait que nous puissions consommer les produits que nous cultivons dans notre propre potager et que ceux-ci soient sains et exempts de pesticides et d’autres substances.»
Le projet a permis de diversifier les cultures, en introduisant davantage de légumes dans l’éventail des productions, et partant, dans l’alimentation elle-même. Dans le passé, de nombreuses semences de légumes étaient trop chères pour que les familles puissent les acheter. ©FAO/Rohnal Valderrey
Les grands défis
Le Venezuela est confronté à une situation d’insécurité alimentaire croissante dans un contexte d’urgence économique prolongée. En outre, Caspo souffre de sécheresse chronique depuis 2016. En raison de l’effet El Niño au Venezuela, la production alimentaire de l’État de Lara pour la saison de récolte 2019 a diminué d’environ 45 pour cent, principalement en raison du manque d’eau. Puis est survenue l’épidémie de covid-19 en mars 2020. Celle-ci n’a fait que compliquer davantage l’accès des ménages à la nourriture en raison des ruptures des filières alimentaires locales, de la grave pénurie de carburant et de la dévaluation croissante de la monnaie nationale.
Jusque dans les montagnes reculées de Caspo, les ménages d’agriculteurs en ressentent les effets sur leurs activités quotidiennes. «Il nous est très difficile de nous procurer des engrais, nous essayons donc de planter des cultures peu coûteuses», explique Eliana. «Le manque d’eau nous est aussi un problème.»
N’ignorant rien des nombreuses difficultés auxquelles sont confrontées les populations locales, la FAO leur apporte également un soutien technique destiné à améliorer leurs travaux d’ensemencement et de récolte. De même, le projet de la FAO travaille avec la collectivité locale et des spécialistes vénézuéliens à la promotion de meilleures habitudes alimentaires, tout en œuvrant au renforcement des moyens de subsistance et à la sauvegarde des savoirs agricoles traditionnels des agriculteurs vénézuéliens.
«C’est pour le plus grand bien que la FAO est venue ici et souhaite travailler avec nous à ce projet, en permettant à nos familles d’améliorer leur sort chez elles et par leurs propres efforts», résume Eliana.
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