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La pêche au service du changement dans le désert émirien


Des systèmes aquacoles novateurs permettent de répondre de manière durable à une demande croissante.

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Pays majoritairement désertique, les Émirats arabes unis utilisent des technologies novatrices en matière d’élevage durable de poissons, ce qui permet de réduire la pression qui s’exerce sur les écosystèmes et de répondre aux besoins qui découlent de la croissance démographique. ©FAO/FameMedia

03/02/2021

Il est difficile d’imaginer un paysage plus inhospitalier. Au-delà des rives du golfe Persique, aux Émirats arabes unis, des dunes de sable desséchées ondulent sur des centaines de kilomètres. Il ne s’agit en rien d’un mirage. En effet, le désert occupe les trois quarts du pays.

En été, les températures dépassent souvent les 40 degrés et l’eau douce se faire rare. Des siècles d’histoire ont façonné cette terre ancestrale, mais de nos jours, les dunes du pays sont plus connues pour les safaris que pour leur productivité agricole.

Pêcher ou cultiver dans un environnement aussi hostile semble pour le moins ambitieux. Quoi qu’il en soit, la FAO s’est associée aux Émirats arabes unis dans un projet commun visant à développer et à étendre la pisciculture, qui n’en est qu’à ses prémices dans ce pays. L’objectif est de rendre l’aquaculture plus efficace sur le plan énergétique et plus viable économiquement afin de répondre à la demande d’une population croissante et à son intérêt pour le poisson.

«La FAO collabore avec le Gouvernement afin que les Émirats Arabes Unis deviennent un centre névralgique mondial dans le domaine de la technologie et de l’innovation agricoles», explique Lionel Dabbadie, fonctionnaire principal chargé des pêches et de l’aquaculture à la FAO.

«La pisciculture est un excellent exemple d’innovation réussie». 

Les goûts des consommateurs ont changé. 

Dans la péninsule arabique, les Émiriens comptent parmi les plus gros consommateurs de poisson et le mérou taches orange, appelé «hamour», est très apprécié dans la région. Cependant, comme la demande des consommateurs a augmenté, les stocks de poissons ont chuté. La pandémie de covid-19 a également eu un impact sur les attentes et les demandes des consommateurs en ce qui concerne les aliments produits localement. Bien que les Émirats arabes unis doivent importer 90 pour cent des aliments correspondant à leurs besoins, de plus en plus de consommateurs souhaitent se procurer des produits locaux. Il y a donc un potentiel énorme. 

Avec le soutien technique de la FAO, les Émirats arabes unis investissent dans les technologies modernes afin de mettre en place une production aquacole durable et rentable qui permettra de continuer d’approvisionner le pays en poisson, d’améliorer sa sécurité alimentaire et de transformer son système alimentaire. Des progrès considérables ont déjà été réalisés.

«Nous n’en sommes qu’au début; nous travaillons avec des pionniers», dit Lionel Dabbadie, qui a près de 30 ans d’expérience en tant que scientifique et spécialiste de l’aquaculture dans des pays aussi divers que le Brésil, Madagascar, la Thaïlande et les Philippines.

Des techniciens d’Emirate Fish Farm prélèvent des larves de poissons (à gauche) et produisent du phytoplancton pour nourrir les poissons de l’exploitation (à droite). Des systèmes aquacoles avec recyclage de l’eau permettent de conserver une eau douce pré

Innovation et technologie au service d’une aquaculture durable 

La FAO estime que les disponibilités en eau douce ont diminué de deux tiers au Proche-Orient et en Afrique du Nord au cours des quarante dernières années, et qu’elle devrait encore diminuer de 50 pour cent d’ici 2050. Cependant, des spécialistes ont trouvé des moyens d’utiliser l’eau salée du désert, ou eau saumâtre, pour la pisciculture.

Des innovations telles que les systèmes aquacoles intégrés, l’aquaponie ou les systèmes aquacoles avec recyclage ou réutilisation de l’eau, ont été mises au point compte tenu des besoins particuliers des pays arides confrontés à une pénurie d’eau. Les systèmes avec recyclage de l’eau permettent non seulement de conserver de l’eau douce, qui est une ressource précieuse, mais aussi de créer des conditions idéales pour les poissons, même en milieu désertique.

Dans des exploitations aquacoles comme Emirate Fish Farm, située à Al Wathba, à 40 kilomètres d’Abou Dhabi, capitale des Émirats arabes unis, le personnel utilise les dernières technologies informatiques pour surveiller 24 heures sur 24 la température, la qualité et le niveau d’oxygène de l’eau.

En cas de variation susceptible de menacer la survie des poissons, des alertes sensorielles se déclenchent immédiatement. Toute interruption de l’approvisionnement en énergie pourrait être fatale.

Dans la péninsule arabique, les Émiriens comptent parmi les plus gros consommateurs de poisson, et le mérou taches orange, appelé «hamour», est très apprécié dans la région. ©FAO/FameMedia

Mérou, saumon, bar et caviar

L’aquaculture est une priorité pour le Gouvernement, qui en a fait une pierre angulaire de sa stratégie nationale de sécurité alimentaire. Cette stratégie comprend des initiatives visant à promouvoir des pratiques agricoles résilientes afin d’accroître la productivité, tout en contribuant à la préservation des écosystèmes. Le Gouvernement s’est engagé à améliorer la production locale grâce à l’utilisation de technologies modernes et à nouer des partenariats internationaux afin de diversifier les sources de nourriture. 

Un parc d’innovation marine a été créé au centre de recherche marine Sheikh Khalifa à Umm Al Quwain dans le cadre des efforts déployés par les Émirats arabes unis en vue de promouvoir l’innovation technologique en biosciences et la recherche en sciences marines. 

Aujourd’hui, des exploitants privés produisent entre 500 et 1 000 tonnes de saumon de l’Atlantique, de mérou, de bar, de sériole à queue jaune ou de caviar biologiques sur plusieurs sites à travers le pays. Selon M. Dabbadie, tout l’enjeu consiste à améliorer la technologie et à réduire les coûts de production. 

«Grâce à des économies d’échelle, la production locale pourrait atteindre 30 000 tonnes d’ici 2030», explique-t-il. «De cette manière, elle deviendra plus rentable».

L’intégration de la production d’énergie solaire – que les Émirats arabes unis sont les premiers à mettre en œuvre – à l’aquaculture et à d’autres innovations, telles que l’élevage sélectif, peut également contribuer à développer le secteur, et c’est là que la FAO joue un rôle actif.

Dans un pays qui s’efforce de devenir neutre en carbone et de se doter d’énergies renouvelables, ces installations peuvent offrir des débouchés professionnels aux jeunes et garantir un approvisionnement régulier en poisson pour les consommateurs locaux à l’avenir.

«L’agriculture technique exige de grandes compétences techniques. Nous devons investir dans la formation de la jeune génération et c’est l’un des objectifs du Gouvernement», déclare Fatema Al Mulla, analyste de recherche principale au Bureau de la sécurité alimentaire et de l’eau des Émirats arabes unis. 

La FAO est déterminée à transformer l’agriculture, la foresterie et la pêche, dans le but d’éliminer la faim, la malnutrition et l’insécurité alimentaire dans le cadre de la réalisation des objectifs de développement durable.

En développant leur système agroalimentaire bleu, les Émirats arabes unis ont la possibilité non seulement de répondre aux besoins de leur propre population, mais aussi de partager leurs connaissances et leur savoir-faire avec les nouvelles générations du monde entier.

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