Après avoir travaillé à l'étranger pendant plusieurs années, Obidjon est finalement devenu l'heureux propriétaire d'une entreprise agroalimentaire dans son pays d'origine, le Tadjikistan. ©FAO/Oleg Guchgeldiyev
Obidjon Rahmonov avait une ambition : devenir entrepreneur agricole et gérer sa propre entreprise de production de légumes. Même si cela semblait un rêve lointain, Obidjon a travaillé à l'étranger à Moscou pendant plus de deux ans pour gagner assez d'argent pour subvenir aux besoins de sa famille et mettre de côté quelques économies pour lancer son entreprise.
Lorsque Obidjon est revenu de Moscou fin 2018, la FAO venait de mettre en oeuvre une nouvelle initiative dans sa région. Ce projet pilote vise à tirer parti des envois de fonds effectués à l'étranger par les migrants. Il donne aux bénéficiaires qui investissent 50% de l'argent pour lancer une petite entreprise agricole, la possibilité de recevoir un investissement équivalent de la FAO pour les 50% restants. Le projet, qui vise à transformer les transferts de fonds en investissements agricoles, propose également une formation aux compétences entrepreneuriales.
Obidjon a réalisé que ce programme de subventions de contrepartie pourrait accélérer ses efforts pour lancer sa propre entreprise de légumes.
"L'accès au crédit avec des taux d'intérêt bas est actuellement très faible. Les options disponibles en matière de soutien à l'investissement ne suffisent pas pour accroître la production agricole des petits producteurs", explique M. Obidjon. "Le projet pilote de subventions de contrepartie était plus qu'un soutien équitable : J'ai reçu autant que j'ai investi. J'ai également bénéficié d'un encadrement commercial", dit-il.
A gauche/en haut : Les concombres d'Obidjon poussent bien, grâce à sa serre ultramoderne. ©FAO/Oleg Guchgeldiyev A droite/en bas : Obidjon avec le représentant de la FAO au Tadjikistan, Oleg Guchgeldiyev. ©FAO/Ibrohim Ahmadov
Un scénario parfait
Au lieu de retourner à Moscou pour travailler, Obidjon a fait une demande de subvention de contrepartie à la FAO. Son argument commercial était une serre ultramoderne. Ayant grandi dans une zone rurale, il savait par expérience qu'il était difficile de cultiver des légumes en plein champ. La récolte dépend fortement d'un climat imprévisible. Cependant, une serre équipée d'un système de chauffage lui permettrait de produire des légumes frais et des légumes verts toute l'année et donc de bénéficier d'un revenu régulier.
La FAO a accepté la proposition d'Obidjon. Il a investi l'argent qu'il avait gagné à Moscou et, grâce à la subvention, il est devenu propriétaire d'une serre de 340 m2, construite et équipée de technologies modernes, notamment de systèmes de chauffage, d'irrigation au goutte-à-goutte et de ventilation rentables. La capacité de production quotidienne de la serre est de 60 kg de concombres. La vente de légumes frais garantit un revenu régulier à sa famille et fournit des produits agricoles au marché local, stimulant ainsi l'économie locale. Elle lui permet également de travailler depuis son pays d'origine plutôt qu'à l'étranger pour subvenir aux besoins de sa famille.
Aux côtés d'Obidjon, 39 travailleurs migrants ont donné vie à leurs idées d'entreprise grâce au programme de subventions de contrepartie de la FAO et à la formation commerciale. Ces entreprises ont porté sur la mécanisation agricole, la production de fruits secs, l'horticulture, la production de cultures en serre et l'élevage.
M. Obidjon aide maintenant d'autres migrants économiques de sa communauté à profiter de l'initiative de la FAO et à investir dans leurs propres entreprises agricoles. ©FAO/Ibrohim Ahmadov
Les effets de la pandémie de COVID-19
Obidjon était l'un des nombreux travailleurs migrants de son pays qui traversent la frontière russe pour chercher un emploi et envoyer de l'argent à leur famille. En fait, le Tadjikistan est l'une des plus grandes sources de migration de main-d'œuvre dans la région. Mais depuis que la pandémie de COVID-19 s’est répandue à travers le monde, de nombreux pays ont fermé leurs frontières et les conséquences pour les travailleurs migrants ont été désastreuses.
De nombreux membres de la communauté d'Obidjon sont des travailleurs migrants ou travaillent dans la production agricole saisonnière. Or, ces deux catégories ont été parmi les premières à être touchées par les conséquences de la pandémie mondiale. Ayant fait l'expérience de la création réussie de sa propre entreprise agricole, M. Obidjon conseille maintenant d'autres migrants qui voudraient suivre son exemple.
"Mes voisins sont aussi des travailleurs migrants. Ils ne peuvent pas aller travailler en Russie pour le moment en raison des restrictions de voyage ; ils ne peuvent pas non plus créer leur propre entreprise parce qu'ils manquent d'argent. Le programme des subventions de contrepartie pourrait être très important pour aider les migrants et leurs familles à créer des entreprises et à réaliser des investissements agricoles durables. L'argent que nous envoyons grâce à notre travail à l'étranger peut être utilisé plus judicieusement si nous continuons à investir dans la production alimentaire locale, à renforcer la sécurité alimentaire de nos ménages et à soutenir notre économie locale", déclare M. Obidjon.
Le projet pilote de subventions de contrepartie s'inscrit dans le cadre du projet de la FAO "Développer les capacités pour renforcer la sécurité alimentaire et la nutrition dans certains pays du Caucase et d'Asie centrale", financé par la Fédération de Russie. Il a permis d'aider les familles vulnérables du Tadjikistan à mieux résister aux conséquences des crises mondiales, qu'il s'agisse de pandémies, de catastrophes naturelles ou d'autres crises. En tirant parti de solutions innovantes dans les pays, ces projets contribuent à assurer une sécurité alimentaire continue et à stimuler les économies rurales, deux éléments clés pour atteindre les Objectifs de développement durable.
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