Carmen Pop de La Tinta a adopté de nouvelles mesures pour contrôler la sécurité sanitaire des œufs qu’elle produit pendant la pandémie de covid-19. Comme beaucoup d’entrepreneurs du Guatemala, elle a imaginé des solutions novatrices pour s’adapter et poursuivre ses activités pendant cette période difficile. ©FAO
Depuis la crise de la covid-19, la vie a changé pour les entrepreneurs et les entreprises du monde entier. Les mesures de confinement et de restriction des déplacements ont privé les petits agriculteurs et les entreprises rurales de la possibilité d’accéder aux marchés et de vendre leurs produits ou d’autres denrées. Les jeunes ruraux n’ont souvent que peu ou pas d’accès à la sécurité sociale et pâtissent beaucoup plus que d’autres des restrictions imposées aux entreprises en raison de la pandémie. De manière générale, les jeunes accusent déjà des taux plus élevés de chômage et de sous-emploi que les adultes.
Cependant, les jeunes entrepreneurs agricoles – ou «agripreneurs» – possèdent de bonnes connaissances en technologie et adaptent rapidement leurs modèles économiques en mettant à profit les outils numériques. Ils acceptent les commandes en ligne et les paiements par téléphone mobile, proposent des services de livraison à domicile, commercialisent des produits sur les réseaux sociaux, utilisent l’informatique pour travailler à domicile et suivent des cours en ligne pour acquérir de nouvelles compétences. Ce ne sont là que quelques exemples de la manière dont les jeunes saisissent cette opportunité de croissance et d’innovation.
En mars 2020, la FAO a lancé une initiative ayant trait à l’engagement des jeunes, «Coping with COVID-19: voices of young agripreneurs» (Faire face à la covid-19 – les voix des jeunes entrepreneurs agricoles), afin de mieux comprendre les incidences de la pandémie sur les entreprises des jeunes ruraux et de leur apporter l’appui nécessaire pendant et après la pandémie. Par l’intermédiaire des réseaux et groupes de jeunes agriculteurs et agripreneurs d’Afrique et d’Amérique centrale, l’initiative a permis de trouver des solutions propres aux jeunes qui leur permettent de faire face à la crise. Cette démarche a permis d’étayer les conseils stratégiques fournis par la FAO aux gouvernements et les efforts de mobilisation de ressources destinées à promouvoir des mesures à l’appui des jeunes.
Voici trois jeunes agripreneurs qui ne se laissent pas abattre par la pandémie:
Karina et son équipe (en haut à gauche) et Arthur (en bas à droite) ont modifié leurs modèles économiques afin de pouvoir poursuivre leurs activités durant la pandémie. Photographie de gauche: ©Avantichajil, Photographie de droite: ©Khainza Energy
De l’écotourisme à un service alimentaire en ligne au Guatemala
Il y a six mois, Karina Brito, 22 ans, était prête à lancer sa nouvelle entreprise. Avec 20 jeunes entrepreneurs de Nebaj (Guatemala), elle a mis sur pied une entreprise dénommée Avantichajil, qui signifie en ixil «semeurs de vie». Avec l’appui d’un programme dirigé par la FAO et après avoir suivi une formation à l’Institut national des forêts, ils avaient projeté de proposer des services dans le domaine de l’agrotourisme écologique, notamment des visites en forêt, des cours de cuisine et la vente de meubles en bois. Mais avec l’apparition de la covid-19, tout s’est arrêté.
Les restrictions nationales concernant les déplacements et les entreprises ont obligé Karina et son équipe à interrompre leurs activités d’écotourisme et de fabrication de meubles. Ils se sont vite rendu compte qu’ils ne pouvaient pas laisser leur entreprise disparaître et ils ont commencé à chercher un moyen de diversifier leurs services.
Ils ont donc décidé d’utiliser la composante «Gastronomie ixil» de leur entreprise et d’en faire leur nouveau point fort. L’entreprise devait initialement proposer aux touristes des plats traditionnels de la communauté indigène locale ixil ainsi que des cours de cuisine. À présent l’équipe s’est organisée pour produire des aliments locaux et les vendre en ligne. Ils proposent de la viande fumée, des bananes plantains, du pain aux bananes, des smoothies, du café et d’autres produits. Afin de respecter les règles de distanciation physique, ils ont créé un profil en ligne dénommé MercaRed et consacré à la promotion et à la vente des produits de sept entreprises agroalimentaires dirigées par des jeunes de leur région. Leur entreprise est encore nouvelle, mais les résultats sont déjà encourageants.
«Si nous étions restés concentrés sur notre projet initial, je ne sais pas où nous serions aujourd’hui. Il faut prendre des risques, aller de l’avant, innover et apprendre de nos erreurs», affirme Karina.
De l’énergie propre en Ouganda
Arthur Woniala, 29 ans, est co-fondateur et ingénieur-projet à Khainza Energy, une entreprise dirigée par des jeunes et qui s’est fixé pour objectif de rendre les ménages moins dépendants des combustibles ligneux en leur proposant du biogaz, qui en est un substitut propre, abordable et durable. Le biogaz est conditionné dans des cylindres recyclables et des formations sont dispensées sur la manière de l’utiliser.
Les perturbations des transports publics liées à la covid-19 ont privé des millions d’Ougandais de l’accès aux services de base tels que le combustible de cuisson. Khainza Energy tente de remédier à cette situation. Afin de limiter les contacts physiques, Arthur a fait de la publicité sur les réseaux sociaux et a pris des commandes en ligne, en acceptant les paiements par téléphone mobile. Il a été encore plus loin en distribuant des prospectus du Ministère de la santé en même temps que ses commandes, afin de tenir les communautés ougandaises informées durant la pandémie.
Les derniers mois ont certes été très durs pour son entreprise, mais Arthur reste confiant. «Nous sommes déterminés à faire en sorte que les personnes aient toujours accès aux services de base», affirme-t-il avec fierté.
En prenant des commandes sur les réseaux sociaux et en livrant à domicile, Adeline a réussi à maintenir en activité son entreprise de vente de champignons. ©Adeline Umukunzi
Vente de produits au Rwanda
Les médias sociaux ont également constitué une bouée de secours pour Adeline Umukunzi, une Rwandaise de 25 ans. Avant la pandémie, elle fournissait des champignons aux hôtels, aux restaurants et aux grossistes. Avec une récolte de 100 kilogrammes par jour, elle réalisait des ventes importantes. Cependant, en raison de la pandémie de covid-19 et des mesures de confinement, la demande s’est tarie. De nombreuses entreprises ont fermé. Du fait des restrictions importantes sur les transports publics, elle ne pouvait plus faire parvenir ses produits au marché.
Adeline ne possède pas d’installations lui permettant de conserver ni de réfrigérer les produits invendus. Elle est donc passée à la vente directe aux particuliers afin d’écouler ses produits le plus vite possible. Adeline a fait de la publicité sur les médias sociaux et a demandé aux clients de faire connaître ses produits autour d’eux. Elle a agrandi son équipe et a acheté une bicyclette afin d’élargir son itinéraire de livraison.
La FAO soutient les jeunes ruraux
Par le biais de partenariats avec les organisations de jeunes ruraux, la FAO a collaboré avec de jeunes travailleurs agricoles et entrepreneurs afin de comprendre leurs besoins et d’atténuer les effets négatifs de la pandémie.
Un jeune sur dix seulement a déclaré avoir reçu des allocations des administrations publiques locales ou d’autres acteurs pour faire face à la covid-19. En dépit de cela et des sombres perspectives pour les entreprises, il est encourageant de voir que de nombreux jeunes envisagent la crise comme une opportunité d’innover. Les problèmes auxquels Karina, Arthur et Adeline ont été confrontés au cours de ces derniers mois sont courants et les solutions qu’ils ont mises en place sont la preuve de l’ingéniosité et de la résilience des jeunes face à la crise. À en juger par leur réaction extraordinaire face à la covid-19, les jeunes d’aujourd’hui sont prêts à affronter l’avenir.
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