Adut Akuei à côté de sa parcelle de chou vert dans la communauté Marial Ajith, au Soudan du Sud. ©FAO/Mattia Romano
Pendant longtemps, Adut Akuei se rendait tous les soirs à l'hôpital pour rendre visite à Akol Akot, sa petite-fille de trois ans, qui souffrait de malnutrition grave. Adut et sa fille Angong n'avaient souvent que de l'asida, un plat à base de sorgho moulu, à lui donner à manger. Ses repas n'étaient pas assez nutritifs. Par ailleurs, la façon dont les aliments étaient lavés la rendait vulnérable aux maladies d'origine alimentaire. Or, celles-ci empêchent l'absorption des nutriments et ont donc davantage affaibli son corps.
"Quand je l'ai prise dans mes bras, elle était si maigre que j'ai cru qu'elle n'allait pas s'en sortir. J'ai toujours prié pour qu'elle survive", se souvient Adut, les larmes aux yeux.
Adut vit dans la communauté Marial Ajith située dans le nord-ouest du Soudan du Sud. Cette région est très fertile et regorge de rivières et de bassins. Autrefois, la production agricole y était élevée et les légumes étaient exportés de la région vers le reste du Soudan du Sud. Cependant, des années de conflit ont fait de cette région un endroit dangereux pour cultiver la terre. De nombreuses personnes ont quitté leur foyer et perdu leur gagne-pain. L'insécurité et la violence ont fait de cet endroit une zone d'insécurité alimentaire profonde, tributaire de l'aide humanitaire. Comme beaucoup d'autres femmes du Soudan du Sud, Adut et Angong ont perdu leurs maris et leurs frères dans le conflit. Ils ne sont jamais revenus à Marial Ajith.
Mais désormais, avec l'aide de la FAO, Adut et les autres femmes aident leur communauté à s'accomplir. En 2018, la FAO, avec le financement des gouvernements néerlandais et norvégien, a commencé à aider les mères à améliorer et à diversifier l'alimentation de leurs enfants pour lutter contre la malnutrition.
Dans le cadre du projet, les femmes ont d'abord reçu des bons pour se procurer des aliments nutritifs, comme du lait, de la viande, du poisson et des légumes variés, qui manquaient dans leur alimentation et celle de leurs enfants. Ils ont également reçu une formation sur la façon de bien laver, cuire et conserver divers types d'aliments. En outre, la FAO leur a fourni des semences de légumes, des outils agricoles (comme des pompes à pédales pour l'irrigation), des informations et une formation pour apprendre à cultiver différents types de légumes et de cultures pour leur consommation.
A gauche, une jeune fille utilise une pompe à pédales fournie par la FAO pour irriguer. A droite, Atong Akol Tiit montre avec joie l'argent qu'elle a gagné. ©FAO/Mattia Romano
Depuis le début du projet, Adut a appris à délimiter et à espacer les cultures, à désherber son jardin et à utiliser des outils d'irrigation. Les femmes ont commencé à récolter la parcelle de terre en novembre dernier avec les semences reçues de la FAO. En seulement six mois, elles ont non seulement produit leur propre nourriture, mais aussi acheté leurs propres semences. Elles ne dépendent plus de la distribution de la FAO. Adut gère maintenant un lopin de terre où 40 autres femmes travaillent ensemble pour cultiver leur propre nourriture.
"Avant d'apprendre à cultiver la terre, j'avais l'habitude de couper de l'herbe et d'aller chercher du bois de chauffage pour le transporter au marché et le vendre ", dit-elle. "Maintenant, nous cultivons tout ce dont nous avons besoin et il ne faut plus marcher pendant une heure jusqu'au marché", ajoute-t-elle. Elle évoque ici les tomates et les légumes locaux, tels que le rijilla, le jir jir, les légumes verts, les oignons, les aubergines, l'amarante, le gombo et les carottes que la communauté cultive.
Le programme a littéralement transformé la communauté. Akol Akot, la petite-fille d'Adut, s'est complètement rétablie et a pu retourner à l'école.
Pour compléter leur alimentation à long terme, la FAO a fourni des bons d'investissement à chaque famille de la communauté pour acheter un minimum de trois chèvres et cinq poulets. Grâce à la formation, elles peuvent maintenant obtenir du lait de chèvre et des œufs et vendre le surplus.
Les compétences entrepreneuriales des femmes dans l'agriculture se sont améliorées, de même que leurs revenus, comblant ainsi l'écart de production locale et la demande de légumes, qui étaient auparavant principalement importés des pays voisins.
Les bénéficiaires apprennent les différentes pratiques agricoles. Cela leur fournit un revenu pour acheter de la nourriture, compléter leur alimentation et répondre à d'autres besoins fondamentaux. ©FAO/Mattia Romano
Marial Ajith est l'une des communautés soutenues par la FAO. Au total, la FAO a travaillé avec 2 000 ménages sur une période de trois mois. Grâce à la création de leurs jardins potagers, les femmes ont gagné 53 000 dollars EU, ce qui leur a permis d'acheter de la nourriture, de compléter leur régime alimentaire et de satisfaire d'autres besoins fondamentaux.
Les effets d'une mauvaise alimentation ont été inversés en peu de temps. Ayant un accès immédiat à des aliments nutritifs, la majorité des femmes n'ont pas besoin de retourner dans des centres d'alimentation thérapeutique. Elles ont changé leurs pratiques et produisent des légumes dans leurs jardins.
Les communautés espèrent que l'accord de paix signé va enfin apporter une paix durable à la nation. Cela permettra de poursuivre les progrès réalisés et d'ouvrir la voie à l'expansion du projet à d'autres endroits dans le besoin. La paix est impossible sans sécurité alimentaire et il n'y aura pas de sécurité alimentaire sans paix. Un monde #FaimZéro commence par un monde pacifique.
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