Après avoir suivi une formation dans une école pratique d’agriculture de la FAO, Abdullah Bilal Tobal a eu une idée innovante: fabriquer une presse à fourrage permettant de réduire les pertes de récolte, de maintenir la productivité de son troupeau tout au long de l’année et, in fine, d’améliorer son moyen d’existence. ©FAO/Andrea Thiodour
«Je laisse tous ceux qui en ont besoin utiliser gratuitement ma presse à fourrage», déclare Abdullah Bilal Tobal, petit éleveur de Tal Hasel dans le gouvernorat d’Alep, au Nord-ouest de la Syrie. «Si mes voisins voulaient une machine comme celle-ci, je serais heureux de leur en fabriquer une.»
Abdullah a eu une idée innovante après avoir suivi une formation dans l’une des écoles pratiques d’agriculture de la FAO, où il a appris, comme d’autres éleveurs, à compacter la luzerne séchée en bottes pour la conserver afin de pouvoir nourrir ses vaches en hiver.
«Nous avions l’habitude de nourrir nos animaux avec de la luzerne verte l’été et de jeter le surplus à la fin de la saison. À l’école [pratique d’agriculture], nous avons appris à éviter cette perte: nous récoltons la luzerne tous les 20 à 30 jours, puis nous la séchons et la compactons en bottes à l’aide d’une caisse portative, ce qui nous permet de stocker le fourrage pendant l’hiver.»
C’est à la suite de la formation qu’il a suivie qu’Abdullah a décidé de concevoir un outil de compactage du fourrage. Le prototype simple de presse manuelle qu’il a fabriqué constitue une amélioration par rapport à la méthode de préservation du fourrage enseignée à l’école pratique d’agriculture. Le système conçu par Abdullah recourt à une presse en bois, ce qui évite d’avoir à presser la luzerne avec les mains et les pieds et rend le processus moins fatigant et plus rapide.
Alors qu’il y avait moins de fourrage de qualité sur le marché, Abdullah s’est rendu compte que sa presse lui offrait la possibilité d’améliorer ses moyens d’existence, de réduire les pertes de récolte de luzerne et de maintenir la productivité de son troupeau tout au long de l’année.
Le Programme d’appui aux petits exploitants de la FAO tire parti des écoles pratiques d’agriculture pour toucher des petits exploitants dans les gouvernorats d’Alep, de Deir ez-Zor et d’Hassaké, et renforcer leurs compétences en leur donnant accès à l’information, ainsi qu’en favorisant leur apprentissage par la pratique. La presse à fourrage d’Abdullah n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de ce que les écoles pratiques d’agriculture contribuent à faire, en ouvrant les esprits à de nouvelles techniques d’agriculture et aidant à améliorer les moyens d’existence.
Les éleveurs devaient unir leurs efforts pour remplir le bac, presser la luzerne et la lier avant qu’Abdullah ne mette au point sa presse à fourrage (ci-dessus à droite). ©FAO/Andrea Thiodour
La technique n’a pas tout de suite convaincu
Malgré les promesses, certains habitants n’étaient pas convaincus des avantages de la luzerne séchée. Ils trouvaient la méthode trop fastidieuse et ont insisté pour continuer à utiliser la luzerne verte, mais Abdullah a démontré que la technique de conservation enseignée à l’école avait des effets positifs sur la production laitière. Il a également mis en avant les économies de temps et d’argent, et les habitants ont fini par changer d’avis.
«Sur la courte période pendant laquelle j’ai utilisé cette presse, j’ai conservé assez de fourrage pour réduire d’un quart la somme que je dépense habituellement pour l’achat de fourrage mais, à l’avenir, j’aurai le temps de compacter plus et d’économiser davantage, explique Abdullah. J’ai maintenant un peu plus d’une tonne de luzerne séchée pour l’hiver. Je l’utilise en combinaison avec d’autres fourrages, ce qui m’épargne l’achat de foin et est meilleur pour les vaches d’un point de vue nutritionnel.»
Le succès remporté par la machine encourage Abdullah à essayer de l’améliorer, dans l’intérêt de sa communauté. «Quelques personnes voulaient avoir leur propre presse mais n’avaient pas assez d’argent pour acheter les matériaux nécessaires à la fabrication, alors je les laisse utiliser la mienne gratuitement. Auparavant, je travaillais avec du bois, c’est pourquoi j’ai eu l’idée de fabriquer une presse avec ce matériau, mais elle peut encore être améliorée. Je pourrais la rendre plus robuste et plus facile à utiliser en employant un métal léger, comme l’aluminium. Il serait aussi possible de la mécaniser en y intégrant un moteur, ce qui améliorerait considérablement sa productivité», explique-t-il.
Au total, plus de 15 foyers de son village et des environs ont contacté Abdullah pour utiliser sa presse au cours de la saison dernière, et il pense que davantage de personnes seront intéressées à l’avenir.
L’école pratique d’agriculture de la FAO allie innovation et meilleures pratiques pour améliorer la production des agriculteurs et accroître les revenus qu’ils tirent de l’agriculture. ©FAO/Andrea Thiodour
«Les contributions et les subventions peuvent aider les agriculteurs touchés par la crise en Syrie; cependant, elles sont insuffisantes et ne leur permettent pas de conserver leurs moyens d’existence et de moderniser leurs pratiques de production agricole. La FAO cherche avant tout à encourager les communautés d’agriculteurs à produire des produits compétitifs pour répondre à la demande du marché», indique Alfredo Impiglia, Conseiller technique principal de la FAO pour le Programme d’appui aux petits exploitants.
Les écoles pratiques d’agriculture permettent de remédier efficacement au manque de compétences et de toucher les populations marginalisées et défavorisées, comme les jeunes et les femmes dans les communautés rurales. Elles aident les populations rurales à développer leur potentiel de génération de revenus et à établir des entreprises dans le secteur agricole, ce qui favorise l’autosuffisance et la création d’emplois.
Le Programme d’appui aux petits exploitants offre également des possibilités de formation à la création et la gestion d’entreprises agricoles. Il donne aux agriculteurs et aux éleveurs la possibilité de jouer un rôle clé dans le relèvement du secteur agricole en Syrie, en acquérant des compétences et des stratégies d’adaptation innovantes qui les aident à devenir plus résilients en temps de crise.
En savoir plus