Les pertes et le gaspillage de nourriture sont un problème mondial, que la pandémie de covid-19 ne fait qu’aggraver. ©FAO/Jonathan Bloom
Des tomates qui pourrissent sur pied parce qu’il n’y a personne pour les récolter. Du lait qui tourne dans des pots parce qu’il n’y a pas de marchés vers où l’acheminer. Des fruits qui se gâtent sur des étagères parce que les consommateurs n’y ont pas accès comme auparavant. Des ressources perdues, des aliments gaspillés. Les restrictions relatives à la circulation et les mesures de quarantaine liées à la covid-19 ont fait augmenter les pertes et le gaspillage de nourriture dans le monde entier.
La pandémie continue de menacer la sécurité alimentaire et la nutrition dans de nombreux pays et de nuire aux moyens d’existence des petits producteurs. Nous sommes donc appelés à réévaluer nos systèmes alimentaires.
Une chose est claire: en cette période de crise, les pertes et le gaspillage de nourriture n’ont pas leur place!
Heureusement, des technologies novatrices sont mises au point chaque jour afin d’améliorer les modes de production, de distribution et de consommation des aliments, et partant, les systèmes alimentaires. En voici quelques exemples:
1) Des applications pour maximiser les ventes ou les dons d’aliments
Les smartphones sont de plus en plus répandus, et les applications sont un moyen simple et pratique de toucher une grande partie de la population mondiale. Depuis le début de la pandémie, les applications qui permettent de lutter contre les pertes et le gaspillage de nourriture gagnent en popularité. Par ailleurs, plusieurs pays ont commencé à développer des applications destinées à faciliter la logistique, le transport et le commerce électronique d’aliments périssables.
Too Good to Go est une application qui offre aux commerces et aux restaurants de nombreuses villes une plateforme sur laquelle ils peuvent écouler leurs invendus à prix réduits en fin de journée. À Rome, par exemple, les utilisateurs peuvent commander des aliments proposés à moindre coût par un marché de quartier, une grande enseigne de supermarchés ou encore des restaurants très fréquentés de la ville.
L’application Feeding India, quant à elle, encourage les dons d’aliments à des personnes dans le besoin. Les restaurants et les particuliers peuvent s’inscrire pour faire des dons, qui sont ensuite collectés et distribués par ce réseau à but non lucratif, fort de plus de 4 500 bénévoles. Ce programme, qui repose sur la fourniture régulière d’aliments, est en place dans plus de 45 villes indiennes et a déjà permis de servir plus de 4,8 millions de repas.
Au Kenya, la plateforme Twiga Foods met en relation 3 000 points de vente d’aliments avec un réseau de 17 000 agriculteurs et 8 000 fournisseurs, qui proposent chaque jour des produits frais. Ainsi, les restaurants peuvent n’acheter que ce dont ils ont besoin et les agriculteurs peuvent livrer leurs produits de manière plus efficiente. L’entreprise a permis de ramener de 30 à 4 pour cent les pertes après récolte pour les produits commercialisés par l’intermédiaire du réseau Twiga.
Des changements simples, comme le fait de transporter les produits dans des caisses en bois ou des cageots au lieu de sacs en filet, peuvent participer considérablement à la réduction des pertes alimentaires. ©FAO/Max Valencia
2) Conception de produits en 3D
La FAO travaille sur un certain nombre de technologies innovantes qui visent à améliorer l’efficience de la manutention post-récolte et de la transformation des aliments. L’une de ces solutions nouvelles repose sur la technique d’impression en 3D. La FAO met à disposition, en ligne, des plans libres de droits pour la conception de matériel novateur en 3D (matériel que l’Organisation elle-même utilise pour les projets qu’elle mène dans les pays), qu’il est possible de télécharger.
L’un des plans les plus téléchargés est celui d’un cageot en bois multifonction qui peut servir à la fois au transport, à la manutention, au stockage et à la présentation dans les points de vente au détail, éliminant ainsi la nécessité de changer de contenant. Sa conception novatrice repose sur l’utilisation de bois ordinaire et permet, au bout du compte, de gâcher beaucoup moins de nourriture tout au long de la chaîne de valeur. Son plan, téléchargé 13 000 fois en moins de deux ans, est très utilisé au Soudan et en Thaïlande.
3) Du matériel simple utilisé de manière novatrice
Innover ne signifie pas uniquement faire appel à de nouvelles technologies. Il peut aussi s’agir d’utiliser des techniques simples de manière inédite. De nombreux projets de la FAO permettent de réduire les pertes de nourriture au stade de la récolte simplement en remettant en cause les techniques traditionnelles et en introduisant de nouvelles méthodes.
Dans de nombreux pays asiatiques, par exemple, les pertes enregistrées au cours du transport sont élevées. Un projet de la FAO mis en œuvre dans trois pays d’Asie du Sud a montré que les pertes de fruits et légumes après récolte allaient de 20 à 50 pour cent. Ces pertes sont principalement imputables à des emballages qui ne protègent pas correctement les produits.
Au Bangladesh, les tomates sont habituellement transportées des exploitations jusqu’aux marchés dans de grands sacs en filet. Beaucoup arrivent à destination meurtries ou abîmées. Dans le cadre d’un projet mené dans la région, la FAO a proposé de remplacer ces sacs par de grands cageots, ce qui limite considérablement les pertes et permet aux agriculteurs de vendre une plus grande partie de leur production. L’Organisation a offert des cageots à des groupes de petits agriculteurs pour démarrer et a formé ceux-ci aux pratiques optimales en matière de manutention des aliments, y compris lors du transport. Ce changement a permis d’améliorer la qualité et la durée de conservation des produits à tel point que, à Sri Lanka, un supermarché fournit désormais des cageots aux agriculteurs afin que la qualité de leurs produits soit garantie.
Des changements simples mais efficaces comme celui-là peuvent améliorer considérablement la manutention au sein de la filière d’approvisionnement et avoir une forte incidence sur les revenus et la sécurité alimentaire des agriculteurs locaux. Par ailleurs, ils contribuent à accroître la qualité et la durée de conservation des aliments pour les consommateurs.
Depuis le début de la pandémie de covid-19, une grande quantité d’aliments périssables tels que les fruits et légumes a été gâchée, car les agriculteurs comme les consommateurs n’avaient pas accès aux marchés. ©FAO/Nozim Kalandarov
Le 29 septembre 2020, nous avons célébré la première Journée internationale de sensibilisation aux pertes et gaspillages de nourriture. À cette occasion, la FAO a appelé les particuliers, les entreprises et les États à passer à l’action. Cette Journée internationale est tombée au beau milieu d’une pandémie mondiale, qui a mis en évidence la fragilité de nos systèmes alimentaires actuels et l’importance de l’accessibilité et de la disponibilité des aliments.
Bien des personnes considèrent la nourriture comme quelque chose d’acquis. Cependant, pour les millions de personnes qui souffrent de la faim chronique, l’alimentation n’est pas garantie. Réduire les pertes et le gaspillage de nourriture signifie respecter les aliments, ainsi que les ressources naturelles, les efforts et les investissements qui ont permis de les produire. En réfléchissant à ce qui se cache derrière les aliments, on se rend compte plus facilement de ce que la nourriture représente véritablement et de sa valeur réelle.
En savoir plus