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La voix de la résilience


Donner aux agriculteurs et aux agricultrices du Népal les moyens de prospérer grâce à une agriculture durable et résiliente.

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Khilamaya Nepali, qui vit en situation de handicap depuis l’âge de six mois, fréquente pour la première fois une école pratique d’agriculture de la FAO et du Fonds vert pour le climat. Elle y a appris des techniques agricoles améliorées, comme l’utilisation de pièges à mouche en plastique recyclé et celle du foin comme paillis. © FAO/Adarsha Dhungel

03/06/2025

Debout sur une petite parcelle de terre, Khilamaya Nepali observe attentivement un piège à mouches installé entre les rangs de concombres amers, qui s’élèvent à plus d’un mètre vingt au-dessus du sol.

«Regardez, c’est une mouche mâle», explique-t-elle avec le calme et l’assurance que lui inspire cette nouvelle méthode de lutte contre les organismes nuisibles. «Nous avons fabriqué un piège qui capture les mouches mâles en utilisant un agent chimique spécifique. L’objectif est de garder le contrôle sur la population de mouches. C’est ce que nous avons appris à l’école d’agriculture de terrain.»

Khilamaya ne cache pas sa fierté vis-à-vis de ses nouvelles compétences et de sa participation à l’école de terrain sur la gestion des ressources naturelles, où, aux côtés d’un groupe d’agriculteurs, elle travaille sur ce terrain situé dans le district d’Udayapur, au sud-est du Népal.

Les écoles pratiques d’agriculture sont un volet essentiel du projet «Accroître la résilience de la région de Churia au Népal», qui est financé par le Fonds vert pour le climat (FVC) et mis en œuvre par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) avec le Gouvernement du Népal. Ce projet aide les exploitants agricoles à trouver des solutions à la multiplication des problèmes liés au changement climatique qui touchent l’agriculture dans cette région.

Les écoles pratiques d’agriculture permettent à leurs membres d’améliorer leurs moyens de subsistance et de gagner en confiance. Khilamaya est aujourd’hui une participante active et écoutée de l’école, et elle fait profiter les autres de son expérience. ©FAO/Adarsha Dhungel

Apporter des réponses à des défis nombreux

La région népalaise de Churia, nichée au pied de l’imposante chaîne de l’Himalaya, est sérieusement menacée par la dégradation des sols, l’instabilité des conditions météorologiques et l’absence de viabilité de certaines activités humaines.

Dans cette région, les exploitants pratiquent majoritairement l’agriculture de subsistance et font pousser des céréales, comme du riz ou du maïs, sur de petites parcelles afin de nourrir leurs familles tout au long de l’année.

Beaucoup de ces agriculteurs ont conservé des pratiques culturales traditionnelles malgré le changement rapide du climat, qui les expose davantage au risque de perdre des récoltes cruciales à cause de l’imprévisibilité des conditions météorologiques.

Par l’intermédiaire des écoles pratiques d’agriculture, le projet cherche des solutions à cette vulnérabilité climatique. Des essais comparatifs de différentes variétés végétales sont menés et les résultats sont suivis tout au long du cycle cultural. Les agriculteurs sont aussi accompagnés dans le choix des espèces qui sont les mieux adaptées aux nouvelles conditions locales et aux répercussions des phénomènes climatiques extrêmes. Ces parcelles d’essai sont aussi un lieu où expérimenter de nouvelles techniques, permettant aux exploitants d’observer, d’adapter et d’adopter des pratiques novatrices en conditions réelles.

Parmi ces techniques, il y a l’utilisation de la paille de riz comme agent de paillage pour retenir l’humidité du sol pendant la saison sèche. Auparavant, les agriculteurs brûlaient ce foin, ce qui détruisait les nutriments du sol et les micro-organismes utiles, en plus de causer une pollution atmosphérique dangereuse. Grâce à cette simple technique de paillage, les sols retiennent plus d’eau, avec à la clé d’importantes économies de cette précieuse ressource.

Lors de sa formation, Khilamaya a découvert des techniques permettant d’améliorer les rendements sur les petites parcelles. Elle a appliqué ces méthodes sur son propre terrain, où elle a utilisé la petite parcelle dont elle dispose pour faire des expérimentations et se perfectionner.

«Avant, nous suivions les techniques et les pratiques agricoles traditionnelles», explique-t-elle. «Mais cette formation à l’école pratique d’agriculture m’a appris énormément. Les formateurs m’ont appris à fabriquer des engrais liquides en utilisant des produits disponibles au niveau local. J’ai aussi appris à faire du compost.»

Les écoles pratiques d’agriculture ne servent pas qu’à diffuser des techniques agricoles à la fois modernes et accessibles, elles veillent également à ce que tous les agriculteurs et agricultrices, en particulier les femmes, les hommes et les personnes handicapées, puissent disposer de ressources leur permettant de se développer et de renforcer leurs moyens d’action. © FAO/Adarsha Dhungel

Renforcer les connaissances et les capacités d’agir

Les écoles pratiques d’agriculture ne servent pas qu’à diffuser des techniques agricoles à la fois modernes et accessibles, elles encouragent également la participation de toutes et de tous, en veillant à ce que tous les agriculteurs et agricultrices, en particulier les femmes, les hommes et les personnes handicapées, puissent disposer de ressources leur permettant de se développer et de renforcer leurs moyens d’action.

Pour sa part, Khilamaya vit avec un handicap depuis l’âge de six mois.

«Comme vous pouvez le voir, je n’ai pas de main droite, ce qui me pose problème au quotidien», explique Khilamaya. «J’avais notamment du mal à écrire. Mais j’ai appris à écrire de la main gauche. C’est un peu lent, mais je peux écrire maintenant.»

Comme elle n’est pas propriétaire de ses terres agricoles, elle vit une situation financière difficile. Elle élève deux filles, dont la plus jeune est également handicapée.

En raison de son handicap, Khilamaya avait toujours été exclue des programmes locaux ou des sessions de formation. Or, les animateurs de l’école pratique du village de Risku l’ont encouragée à s’y inscrire. L’une d’entre eux, Dev Kumari Raut, explique que Khilamaya était réticente au départ, mais qu’elle s’est progressivement impliquée de plus en plus, et s’est finalement révélée être une apprenante engagée et déterminée.

Khilamaya appartient à la communauté dalite du Népal, qui a toujours souffert de marginalisation sociale et d’une discrimination de caste.

L’inclusion est au cœur de la réussite de ce projet: 49,9 pour cent des bénéficiaires sont issus de peuples autochtones et 14,5 pour cent des communautés dalites. Par ailleurs, les femmes composent 71 pour cent des élèves des écoles pratiques d’agriculture. 

À ce jour, plus de 2 000 exploitants agricoles ont été formés dans le cadre de ce projet, qui a permis de mettre en œuvre des pratiques agricoles résilientes face au changement climatique sur plus de 1 200 hectares de terres agricoles. Conséquence directe: la productivité a bondi pour beaucoup d’agriculteurs.

Les approches communautaires peuvent contribuer à renforcer la résilience climatique, notamment pour les personnes d’ordinaire laissées pour compte. Les perspectives matérielles et la confiance de Khilamaya se sont améliorées depuis qu’elle a rejoint l’école pratique d’agriculture. Pour les autres comme pour elle-même, elle a prouvé qu’elle était une personne engagée et appréciée au niveau local.

Ce projet, parce qu’il fait participer les agriculteurs marginalisés, contribue non seulement à renforcer la résilience des populations locales aux phénomènes climatiques extrêmes, mais montre aussi que la résilience est avant tout une question de prise en compte de toutes les voix, d’implication de chacun et de possibilité offerte à chaque personne de s’épanouir.

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