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Ruche par ruche, les apiculteurs luttent contre la résistance aux antimicrobiens


Dans les ruchers ghanéens, les antimicrobiens cèdent la place à des pratiques respectueuses de l’environnement.

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La résistance aux antimicrobiens se manifeste lorsque les micro-organismes persistent ou se développent malgré le recours à des médicaments conçus pour les neutraliser ou les éliminer. Ce phénomène peut entraîner l’échec des traitements et l’augmentation des maladies et de la mortalité chez les êtres humains, les végétaux, les animaux et même les abeilles. ©FAO /Sara Giuliani

18/11/2024

Les ruches de Martha Adjorlolo, situées dans la région rurale de Donkorkrom, dans l’est du Ghana, lui permettent de vivre de sa passion. Bien qu’elle ne soit apicultrice que depuis un an, elle s’est rapidement engagée dans l’apiculture durable. Elle a déjà recours à des méthodes locales, notamment à la ruche à barre supérieure, un type de ruche permettant aux abeilles de construire leurs alvéoles sur des barres horizontales faites de matériaux naturels, ainsi qu’à des répulsifs naturels, comme l’huile de citronnelle et les cendres de bois, pour lutter contre les organismes nuisibles.

Pourtant, depuis quelque temps, elle prend encore davantage conscience de l’importance qu’il y a à limiter le recours aux produits chimiques et aux antimicrobiens, surtout depuis qu’elle a suivi une formation pratique dispensée par le Centre d’urgence pour la lutte contre les maladies animales transfrontières (ECTAD) de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Cet atelier, dont l’organisation a été rendue possible grâce au soutien de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), a été pour Martha «une révélation»: «cette formation m’a fait comprendre qu’il était urgent de changer notre façon d’utiliser les antimicrobiens, non seulement pour la santé des abeilles, mais aussi pour la sécurité sanitaire des aliments et notre environnement», explique-t-elle. 

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Martha Adjorlolo est attachée aux pratiques d’apiculture durables, surtout depuis qu’elle a participé à un atelier de la FAO sur la réduction du recours aux antimicrobiens dans le secteur agricole. © Photos reproduites avec l’aimable autorisation de Martha Adjorlolo

Les apiculteurs se servent parfois d’antibiotiques pour traiter les infections bactériennes dans les ruches ou pour préserver la santé de leurs colonies d’abeilles. L’atelier visait donc à mieux faire connaître les problèmes posés par la résistance aux antimicrobiens et à informer sur les mesures de prévention possibles. Ce phénomène de résistance se manifeste lorsque les micro-organismes persistent ou se développent malgré le recours à des médicaments, appelés «antimicrobiens», qui sont conçus pour les neutraliser ou les éliminer. Ces médicaments sont utilisés pour traiter des maladies infectieuses dues à des micro‑organismes, comme des bactéries, des champignons, des virus et des parasites protozoaires.

Lorsque les micro-organismes deviennent résistants aux antimicrobiens, les traitements classiques sont souvent inefficaces. Il arrive qu’aucun médicament ne fasse effet et que les traitements échouent, ce qui entraîne une augmentation des maladies et de la mortalité chez les êtres humains, les animaux et les végétaux.

Il en va de même pour les abeilles. «L’atelier de la FAO nous a permis d’apprendre que nous utilisions des antibiotiques sans en comprendre véritablement les conséquences», explique Martha. «Tous les choix que nous faisons se répercutent sur notre écosystème», ajoute‑t‑elle.

Un autre facteur important entre en jeu: certains apiculteurs associent l’apiculture à la production végétale et animale et ont recours aux antibiotiques pour lutter contre la propagation des maladies dans les cultures et le bétail. Bien que les abeilles ne soient pas visées par cette pratique, celle-ci a involontairement amené leurs colonies à développer une résistance aux antimicrobiens.

Il s’agit d’un problème d’autant plus important que la production de miel au Ghana n’est pas qu’une source de revenu, mais constitue également une pierre angulaire des communautés rurales et une source de stabilité économique. En 2019, l’Université pour les études sur le développement de Tamale, au Ghana, a mené une étude dans le nord du pays, qui a révélé la présence de résidus d’antibiotiques tant dans le miel importé que celui produit localement, rappelant ainsi les risques de contamination qui pourraient saper la confiance des consommateurs et nuire aux ventes de miel. 

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L’adoption de pratiques durables limitant le recours aux antimicrobiens améliore non seulement la qualité du miel, mais permet aussi de développer l’économie locale, de protéger la santé publique et de renforcer la résilience et la biodiversité des écosystèmes. ©FAO

En améliorant ses pratiques d’hygiène et de gestion, Martha est déterminée à protéger ses abeilles et à produire un miel qui sera plus sûr pour tout le monde. Elle a également intégré des cours sur la résistance aux antimicrobiens dans les séances de formation qu’elle organise dans sa région pour une association apicole à but non lucratif, afin de sensibiliser d’autres apiculteurs aux risques que pose l’utilisation inconsidérée d’antibiotiques. Son engagement trouve écho chez les 62 autres personnes ayant participé à l’atelier, qui ont suivi avec enthousiasme les cours pratiques sur la gestion des maladies chez les abeilles, les risques liés à la résistance aux antimicrobiens et les pratiques durables.

Œuvrant aux côtés des apiculteurs locaux comme Martha, la FAO aide à faire passer le message que l’adoption de ces pratiques ne fait pas qu’améliorer la qualité du miel, mais permet aussi de développer l’économie locale, de protéger la santé publique et de renforcer la résilience et la biodiversité de leurs écosystèmes.

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