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L’UNICA, une pomme de terre qui n’a pas son égale


Une nouvelle variété de pommes de terre transforme l’existence de cultivatrices kenyanes

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Esther Murugi cultive à présent une variété de pommes de terre rouges, appelée UNICA, dans son champ du comté de Laikipia, au Kenya. Depuis qu’elle a fait ce choix, sur les conseils reçus dans le cadre d’un projet de la FAO et d’ONU-Femmes, sa production a considérablement augmenté. © FAO

31/10/2024

Parmi toutes les variétés de pommes de terre cultivées de par le monde, il en est une bien particulière, à la peau rouge, baptisée UNICA. C’est celle qu’Esther Murugi a plantée sur une parcelle de 2 000 m² dans le comté de Laikipia, au Kenya. L’UNICA, qui doit son nom à l’université d’Ica, dans le Sud du Pérou, où elle a été obtenue dans les années 1990, a été adoptée par des producteurs de tous les continents.

Esther est de ce nombre. Ayant fait le tour de son champ parsemé de fleurs violettes, elle s’arrête et creuse le sol autour d’un plant de pommes de terre.

Ce plant a trois mois à peine, mais les tubercules sont déjà suffisamment développés pour être récoltés, nous dit Esther l’air satisfait. Ce n’est même pas sa première récolte, et elle est loin d’avoir épuisé le produit de la précédente. Sa famille peut être tranquille, elle aura de quoi se nourrir jusqu’à la récolte suivante.

Il n’en a pas toujours été ainsi.

«Avant l’introduction de cette nouvelle variété, la culture de la pomme de terre, dont nous sommes dépendants, était en déclin. Ce n’est pas que nous n’en plantions plus autant, mais les récoltes étaient très maigres – avec des tubercules peu nombreux et de petit calibre. Vous pouvez constater par vous-même ce qu’il en est aujourd’hui», explique Esther. 

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L’UNICA peut être cultivée en plaine comme en altitude, elle est précoce et résiste au stress hydrique, au stress thermique ainsi qu’à de nombreuses maladies, comme le mildiou de la pomme de terre. © FAO

La pomme de terre n’est pas seulement un aliment de base, c’est aussi un moyen de subsistance pour de nombreux cultivateurs de Laikipia. Le climat de la région est généralement aride ou semi-aride avec une pluviométrie particulièrement faible. Les cultivateurs étaient confrontés en permanence à des difficultés en raison de semences inadaptées et de la brièveté de la saison de culture des pommes de terre. Ces difficultés les ont conduits à réutiliser des semences de piètre qualité pour multiplier les plants, ce qui a eu pour conséquence d’entretenir maladies et ravageurs. Les sécheresses, lorsqu’elles se produisaient, ne faisaient qu’aggraver les choses.

En 2020, soucieuse d’aider les cultivatrices à s’adapter au changement climatique et à améliorer les rendements de leurs cultures, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), de concert avec l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes) et avec le soutien financier de l’Agence de coopération internationale de la République de Corée (KOICA), a engagé un projet climato-intelligent.

Ce projet, axé sur l’autonomisation économique des femmes par l’agriculture climato-intelligente (et intitulé «Women Economic Empowerment through Climate-Smart Agriculture», WEE-CSA), a été mis en œuvre dans trois comtés – Laikipia, Kitui et West Pokot. L’introduction de la variété de pommes de terre UNICA fait partie des améliorations de la chaîne de valeur qui ont été préconisées dans ce cadre.

Cette variété a été obtenue par le Centre international de la pomme de terre selon des méthodes de croisement traditionnelles, puis testée sous différents climats pour s’assurer de sa résistance à la chaleur et à la sécheresse.

L’UNICA peut être cultivée aussi bien en plaine qu’en montagne, a une maturité précoce (trois mois) et supporte le stress hydrique et le stress thermique. Elle a aussi pour particularité de résister à plusieurs maladies virales et au mildiou, très présents dans le comté de Laikipia.

«Nous avons choisi l’UNICA compte tenu des besoins des cultivatrices de la région, des conditions environnementales et des objectifs du projet qui étaient d’assurer, par des techniques climato‑intelligentes, la résilience des productrices de pommes de terre face au changement climatique. Les résultats sont éloquents», déclare Barrack Okoba, chef du projet WEE-CSA de la FAO. 

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Financé par l’Agence de la coopération internationale de la République de Corée, le projet «Women Economic Empowerment through Climate-Smart Agriculture» a contribué à améliorer la chaîne de valeur de cultures comme la pomme de terre, l’objectif étant d’aider les agricultrices à s’assurer de quoi manger et vivre. © FAO

Des formations suivies d’effets

Dans le cadre du projet WEE-CSA, les agricultrices du comté de Laikipia ont reçu des formations axées sur la culture de la variété UNICA, sur le processus de traitement après récolte et sur la recherche de débouchés pour leur production sur les marchés locaux.

Esther fait partie du groupe d’entraide des personnes handicapées du village de Ngenia, qui a été choisi pour bénéficier de ces formations à travers lesquelles elle et les autres membres ont appris comment multiplier et cultiver l’UNICA. Le projet s’adressait tout particulièrement aux personnes handicapées, qui sont parfois les grands oubliés des programmes de formation alors qu’elles occupent une place importante parmi les exploitants agricoles du comté de Laikipia.

Lorsqu’on l’interroge sur la formation qui lui a été dispensée, Esther déclare: «Il y a des années que je cultive des pommes de terre, mais c’était la première fois que nous utilisions des boutures apicales. Elles valent nettement mieux que nos semences traditionnelles et donnent des pommes de terre qui nous rapportent davantage et nous laissent largement de quoi nourrir notre famille.» Les boutures apicales sont en effet issues de la culture tissulaire, qui donne des semences de grande qualité.

En outre, Esther nous confie que, depuis qu’elle a suivi ces formations, elle n’utilise plus de produits chimiques pour combattre le mildiou, comme elle le faisait auparavant, puisque l’UNICA est naturellement résistante à la maladie. Le projet comportait également un volet consacré à la culture financière et, grâce à la formation reçue, Esther et son groupe d’entraide ont déjà réussi à mettre de côté 500 000 KSH (4 000 USD), qu’ils ont confiés au programme d’épargne et de prêt de leur village – système bancaire informel destiné aux entreprises agricoles.

L’augmentation considérable des volumes récoltés a ouvert de nouveaux débouchés avec la commercialisation des pommes de terre sous forme de chips, bajia (beignets) et frites. Les membres du groupe d’entraide conditionnent ces produits et les vendent sur les marchés des alentours pour engranger des recettes supplémentaires. Ils envisagent d’étendre leur zone de distribution à d’autres villes.

Lors de la visite d’exploitation qui a marqué la fin du projet WEE-CSA, le groupe d’entraide d’Esther a été mis en contact avec une entreprise locale spécialisée dans la transformation de pommes de terre et qui collabore avec le Conseil de la pomme de terre du Kenya. La promotion de partenariats entre les productrices de tubercules et les entreprises locales du secteur est de nature à encourager les unes et les autres à se rapprocher davantage pour répondre à la demande d’autres marchés de la région, ce qui garantira la subsistance de ces femmes et le maintien d’une production durable. 

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