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Protéger les moyens de subsistance et les vies à Gaza


La distribution de fourrage et de kits vétérinaires offre une bouée de sauvetage face à des pertes désastreuses.

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À Gaza, l’Organisation apporte son soutien à de nombreuses familles d’éleveurs qui ont subi de lourdes pertes dans le conflit actuel. ©FAO/Yousef Alrozzi

28/10/2024

Au milieu des horreurs du conflit, qui a coûté la vie à des dizaines de milliers de personnes à Gaza, Hakmah El-Hamidi a perdu au moins la moitié de ses bêtes. Depuis son enfance, elle élève des animaux. Elle se lève à 7 heures du matin pour les nourrir et en prendre soin, avant de réitérer cette tâche l’après-midi et le soir.

«Il n’y a ni nourriture, ni orge, ni fourrage, ni eau depuis le début du conflit; nous possédions une quarantaine de têtes de bétail, elles ne sont plus qu’une vingtaine, tout au plus», explique Hakmah, une habitante d’Al-Zuwayidah, dans le centre de la bande de Gaza.

Ces pertes ont porté un coup dur aux moyens de subsistance de sa famille. Néanmoins, Hakmah précise: «L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) nous a apporté une aide précieuse en nous fournissant du fourrage. Grâce à Dieu, nos animaux ont commencé à aller mieux et ils ne meurent plus».

Elle indique que le kit vétérinaire fourni par la FAO l’a aussi beaucoup aidée, car il contient des vitamines et un spray anti-puces, et ajoute: «les animaux se faisaient piquer par des puces, alors j’ai appliqué le spray, comme vous pouvez le voir. Il est très efficace.»

Malgré les problèmes de sécurité et d’accès auxquels sont confrontées toutes les organisations humanitaires qui acheminent l’aide dans la bande de Gaza, la FAO a distribué du fourrage à plus de 4 400 familles d’éleveurs dans les gouvernorats de Deir al-Balah, Khan Younis et Rafah. Des kits vétérinaires ont également été distribués à quelque 2 400 familles afin d’améliorer la santé des animaux et de préserver les moyens de subsistance dans la bande de Gaza. Ces kits comprennent des intrants indispensables à la protection de la santé des animaux, notamment des préparations multivitaminées, des désinfectants, des briques de sel et des vaporisateurs d’iode pour les plaies.

Les distributions de fourrage et de kits vétérinaires ont permis d’éviter que davantage d’animaux ne meurent et de les maintenir en bonne santé. ©FAO/Yousef Alrozzi

Bien évidemment, l’aide reçue par Hakmah est loin d’être suffisante. Elle dit avoir encore besoin de fourrage, de médicaments et de matériaux de construction pour protéger ses animaux.

Les hostilités en cours ont provoqué l’effondrement de la production alimentaire locale et contribué à la détérioration rapide de la sécurité alimentaire à Gaza. Environ 86  pour cent de la population de la bande de Gaza, soit 1,84 million de personnes, sont confrontées à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë et le risque de famine continue de peser sur l’ensemble du territoire.

Selon des données satellitaires recueillies lors d’une évaluation réalisée récemment par la FAO et le Centre satellitaire des Nations Unies, plus des deux tiers des terres cultivées ont été détruites.

Les évaluations rapides de la FAO indiquent par ailleurs que près de 15 000 bovins, soit 95 pour cent du cheptel de Gaza, sont morts et que la quasi-totalité des veaux ont été abattus. Moins de 25 000 ovins (environ 43 pour cent) et seulement 3 000 caprins (environ 37 pour cent) sont encore en vie. Dans le secteur de la volaille, des pertes colossales sont également à déplorer, puisque seulement 34 000 oiseaux (soit 1 pour cent du cheptel aviaire) sont encore vivants.

Ward Saeed, originaire d’El-Zetoun, dans la vieille ville de Gaza, et aujourd’hui déplacée à Deir al-Balah, compte elle aussi parmi les éleveurs qui ont perdu une énorme partie de leurs animaux au cours de cette année traumatisante.

«Nous avons été déplacés et nous sommes allés dans le sud à cause de la guerre. Nous avons emmené nos bêtes avec nous, mais nous en avons perdu la moitié – la plupart en cours de route. Ces animaux sont les seuls qui nous restent, et ils sont notre seule source de revenus», explique-t-elle. Cependant, pour elle et sa famille, rechercher de la nourriture pour les animaux équivaut à risquer leur vie, à cause des missiles qui tombent.

Ward ajoute: «Nous avons bénéficié du soutien de la FAO, qui a fourni du fourrage et des kits vétérinaires, mais cela ne suffit pas, nous avons besoin de plus.»

Selon elle, les principaux besoins concernent le fourrage, les abris et la nourriture destinés aux animaux d’élevage. Or, il est quasiment impossible de trouver du fourrage compte tenu du nombre considérable de personnes déplacées qui tentent désespérément de se nourrir et de faire manger leurs animaux.

La FAO redoublera d’efforts pour fournir davantage d’intrants aux agriculteurs et aux éleveurs de Gaza dès que l’accès et la sécurité seront rétablis. ©FAO/Yousef Alrozzi

L’aide agricole étant un élément fondamental de l’assistance humanitaire, puisqu’elle contribue à renforcer la résilience des agriculteurs et leur permet de nourrir leurs communautés et leurs familles, il n’est guère surprenant de constater que le fourrage était le produit le plus importé dans la bande de Gaza avant le début de la guerre. Avant le 7 octobre, près de 650 camions de fourrage entraient chaque mois dans la bande de Gaza. 

La FAO, soutenue par les gouvernements de la Belgique, de l’Italie, de Malte et de la Norvège, travaille en liaison étroite avec le Ministère palestinien de l’agriculture et des organisations non gouvernementales locales afin d’acheminer les aliments pour animaux et les kits vétérinaires aux éleveurs gazaouis. 

L’opération s’est heurtée à des difficultés logistiques et sécuritaires, notamment les restrictions aux points de passage et l’effondrement du système de contrôle et maintien de l’ordre à Gaza, ce qui limite l’acheminement de l’aide.

Toutefois, la FAO est prête à intensifier ses efforts pour fournir plus d’intrants aux agriculteurs et aux éleveurs de Gaza lorsque les conditions d’accès et de sécurité auront été pleinement rétablies. Les nouvelles distributions comprendront des concentrés alimentaires pour animaux, des bâches en plastique pour les serres, des citernes à eau en plastique, des vaccins, des blocs énergétiques, des remises en plastique, des abris pour animaux et davantage de kits vétérinaires.

Pour les éleveurs de Gaza, comme Hakmah et Ward, il n’est jamais trop tôt pour recevoir le soutien apporté par la FAO et ses partenaires à leurs moyens de subsistance fragilisés.

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