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Trois récits de revitalisation de la biodiversité en Amérique latine


Restaurer la faune et la flore au Brésil, au Chili et au Venezuela

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Eusébia Bezerra, agricultrice brésilienne, transforme des terres arides et stériles en vergers diversifiés et recourt à des pratiques d’agroforesterie durables. ©FAO/ Samuel Salcedo

22/05/2025

De la plus haute forêt de nuages des Andes au plus petit poisson d’eau douce au Chili, la biodiversité forme un tissu invisible qui relie les écosystèmes entre eux et préserve la production agricole et la sécurité alimentaire.

L’Amérique latine et les Caraïbes abritent l’une des plus grandes concentrations de biodiversité au monde. La région, surnommée le «poumon de la Terre» pour ses fonctions écosystémiques essentielles, comme la fixation du carbone, recèle environ 50 pour cent des forêts primaires du monde. Pourtant, la biodiversité recule dans le monde entier à cause des activités humaines non durables et des changements climatiques.

Or, le secteur agroalimentaire dépend de la biodiversité et de ses services, tels que la santé des sols, la lutte contre les ravageurs et les maladies, la pollinisation et la régulation des ressources en eau douce et des ressources génétiques.

Consciente de l’importance de la biodiversité, en particulier dans le cadre des systèmes agroalimentaires, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), en collaboration avec le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), favorise les activités de conservation en Amérique latine.

Voici trois projets de la FAO financés par le FEM visant à préserver et restaurer les écosystèmes du Brésil, du Chili et du Venezuela:

1. Au Brésil, le biome de la Caatinga reprend vie

Dans le nord-est du Brésil, dans le paysage aride de la Caatinga, une agricultrice, Eusébia Bezerra, transforme des terres sèches et stériles en vergers à la production variée, avec l’aide du projet de pratiques d’agroforesterie durables et de préservation de la biodiversité de la FAO, financé par le FEM.

«Auparavant, nous n’exploitions même pas la moitié des terres et ce projet nous a beaucoup aidés en ce sens. Nous parvenons aujourd’hui à utiliser tous les recoins de la propriété, où nous avons planté des arbres fruitiers, des légumes, des fleurs et des plantes médicinales», explique Eusébia.

Lorsqu’elle est revenue à la campagne en 2019, il n’y avait pas de vergers et elle devait acheter ses légumes en ville. La sécheresse était son principal obstacle quand elle a commencé à cultiver son terrain, mais tout au long du projet, elle a appris avec sa famille à combiner différentes cultures, à mettre au point des systèmes d’agroforesterie et à réutiliser l’eau.

Aujourd’hui, Eusébia et sa famille vendent chaque semaine environ 27 kilogrammes de laitue, de coriandre, de ciboulette, de piment à paprika et de poireaux à une coopérative locale. Tout cela est rendu possible grâce à un système qui associe arbres fruitiers, poissons et plantes médicinales et fournit un complément de revenus à la famille d’Eusébia.

Les pratiques d’agroforesterie durables apprises dans le cadre du projet contribuent également à préserver la biodiversité au sein du biome de la Caatinga, qui abrite des plantes menacées par la progression de la monoculture et des activités minières, comme des cactus, des arbres épineux et des arbustes. Grâce aux efforts de préservation de la diversité, les communautés de la Caatinga peuvent continuer de compter sur ces plantes, parmi lesquelles le mandacaru, cactus aux fruits comestibles, et l’aroeira, arbre médicinal utilisé également comme aliment.

Les pêcheurs chiliens ont mis au point des méthodes et mesures de préservation permettant de réglementer la pêche au puye traditionnelle, afin que cette espèce de poisson puisse continuer de se reproduire et d’assurer la subsistance des communautés locales. ©FAO/ Claudio Frías

2. Conservation du puye au Chili

Dans le sud du Chili, le puye (Galaxias maculatus) assure la subsistance des populations locales depuis des dizaines d’années.

Tous les ans au printemps, les artisans pêcheurs locaux ont recours à des techniques traditionnelles pour capturer ce poisson exceptionnel d’une grande valeur gastronomique et économique. Cependant, cette pratique informelle a mis en danger les stocks de poissons, les écosystèmes marins et les moyens de subsistance locaux.

«Nous vendions le poisson illégalement, dans la mesure où nous ne disposions pas des licences qui nous auraient permis de le faire légalement», raconte Elizabeth Ovalle, qui a passé plus de 30 ans à pêcher cette espèce endémique le long de la rivière Palena.

Le classement du puye comme «espèce vulnérable» a poussé les pêcheurs locaux à privilégier sa sauvegarde et à travailler avec la FAO et les autorités nationales et locales en vue d’associer pratiques traditionnelles et méthodes à la fois plus durables et adaptées sur le plan culturel.

Le projet de gouvernance marine et côtière, soutenu par la FAO et le FEM, a permis d’obtenir des données sur les captures et les variations saisonnières et de s’en servir pour mettre au point des modèles de suivi en vue de la préservation à long terme et de l’utilisation durable des poissons. Ces activités ont à leur tour permis d’officialiser et de réglementer pour la première fois la pêche au puye dans la zone de protection de Pitipalena - Añihué.

Ainsi, entre octobre et décembre 2024, 4 470 kilos de puye ont été pêchés et destinés à la vente, ce qui représente une augmentation considérable par rapport aux 203 kilos déclarés l’année précédente. Ces efforts de conservation ont non seulement contribué à une gestion plus responsable et durable de cette ressource, mais ils ont également permis de développer l’économie locale.

3. Au Venezuela, reboiser pour recomposer le biotope de l’ours à lunettes

L’ours à lunettes vit dans toute la cordillère des Andes, en Amérique du Sud. Au Venezuela, la présence de l’ours «frontino», appelé ainsi en raison des taches blanches visibles sur son front, recule à cause de la dégradation de son habitat naturel.

La FAO, en collaboration avec le Ministère du pouvoir populaire pour l’écosocialisme (MINEC) et le FEM, a mis en œuvre un projet de restauration de 5 246 hectares d’écosystèmes dans la région vénézuélienne des Andes, dans l’ouest du pays, pour que l’ours à lunettes et d’autres espèces animales puissent vivre en harmonie avec les populations locales.

Dans le cadre de ce projet, Serfreddy Jerez, garde forestier chargé de surveiller le parc national Sierra La Culata, s’est consacré à des activités de reboisement sur des terres agricoles attenantes au parc, où le MINEC et la FAO ont aidé à installer des pépinières locales dans les zones tampons qui séparent ces terres des forêts.

«Le plus beau, dans ce projet, c’est de voir les membres de la communauté se rassembler, raconte le garde forestier. Nous nous sommes battus pour reboiser la zone avec nos propres arbres autochtones, dont se nourrissent les ours et d’autres animaux de la région. C’est la seule manière de sauver notre forêt brumeuse.»

Serfreddy est certain que, grâce à ces efforts de reboisement, les ours à lunettes pourront de nouveau sillonner la région.

Outre le reboisement, le projet a permis de mettre en place d’autres mesures de protection des espèces sauvages. Avec l’aide de la Fondation nationale des parcs zoologiques et des aquariums, cinq couloirs écologiques ont été mis en place dans des zones forestières auparavant fragmentées, permettant à la faune, et notamment aux ours à lunettes, de circuler librement. Ces couloirs contribuent à la régénération naturelle et permettent de créer des paysages durables pour de nombreuses espèces.

Dans les Andes vénézuéliennes, un projet de restauration de 5 246 hectares d’écosystèmes permet de protéger les espèces sauvages et de créer des paysages durables. ©FAO

Les efforts de revitalisation menés en Amérique latine contribuent à protéger la biodiversité et les écosystèmes et, ainsi, à atteindre les objectifs de restauration de 30 pour cent des écosystèmes d’ici à 2030.

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