Renforcer la coopération bilatérale Zinder (Niger)-Jigawa (Nigéria) et Dosso (Niger)– Kebbi (Nigéria) dans le cadre de la gestion de la transhumance transfrontalière apaisée, c’était le thème de deux ateliers tenus à Dosso et Zinder au Niger respectivement le 29 au 30 janvier 2025 et 23 au 24 janvier 2025 qui ont regroupé des délégations nigérianes et nigériennes. Cette rencontre entre dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord entre le Réseau des Organisations des Pasteurs et d'Éleveurs du Niger (ROPEN) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dans le cadre du projet « Créer un environnement favorable aux petits producteurs pour améliorer leur accès aux ressources, améliorer leurs moyens de vie et la fourniture de services écosystémiques dans un contexte de changement climatique et autres chocs », financé par la FAO et mis en œuvre dans trois pays, le Niger, le Cap-vert et la République dominicaine. Au Niger, les activités visent notamment à appuyer l’amélioration de la gouvernance des régimes fonciers des terres pastorales. L’objectif visé est de dynamiser et rendre plus opérationnel le cadre bilatéral entre les régions du Niger et celles du Nigéria pour mieux gérer la mobilité transfrontalière du bétail, et renforcer la coopération bilatérale entre les deux États. Il faut rappeler qu’il s’agit de la poursuite d’un processus engagé depuis 2022 et qui a permis la signature d’accords bilatéraux d’une part entre Zinder (Niger) et Zigawa (Nigeria) et d’autre part entre Dosso (Niger) et Kebbi (Nigéria). Ces accords ont été respectivement signés le 13 août 2022 et 1er décembre 2022.
A l’issue de ces deux rencontres, les délégations ont pris plusieurs engagements. Au cours de deux ateliers, les délégations de Zinder et Jigawa et celles de Dosso et Kebbi se sont engagées à créer les conditions d’une transhumance transfrontalière apaisée. Les engagements concernent i) la mise à disposition des documents exigés pour la transhumance transfrontalière, ii) le renforcement des capacités opérationnelles des comités de prévention et de gestion des conflits, iii) la prise de dispositions nécessaires pour renforcer l’application des textes régissant la transhumance transfrontalière, et iv) la communication, en temps utiles, l’ensemble des informations et supports disponibles nécessaires à la bonne organisation de la transhumance transfrontalière.
Pour la mise en œuvre de ces engagements, deux plans d’actions ont été élaborés. Le plan d’action entre Zinder (Niger) et Jigawa (Nigéria) s’est concentré sur trois thématiques. Il s’agit du renforcement des dimensions institutionnelles et politiques du cadre, de la gestion de la transhumance transfrontalière et de la consolidation des relations économiques, sociales et culturelles entre les deux régions. Quant au plan d’action conjoint entre Dosso et Kebbi, les activités s’articulent autour de trois piliers importants à savoir l’institutionnalisation de la gestion concertée inter-états de la transhumance transfrontalière, la promotion et protection des droits des pasteurs et des communautés riveraines des parcours pastoraux transfrontaliers ainsi que le soutien au développement de l'économie pastorale transfrontalière. Les deux dispositifs de suivi-évaluation et capitalisation des expériences mis en place au moment de la signature des accords bilatéraux ont facilité l’établissement d’un diagnostic de la situation de la transhumance transfrontalière dans les zones concernées par les participants aux ateliers. Ce diagnostic a fait ressortir l’existence de difficultés telles que les conflits agriculteurs - éleveurs, le vol du bétail, l’insécurité marquée par des attaques à mains armées et des kidnappings suivi de demandes de rançon. A cela s’ajoute la méconnaissance des textes règlementant le pastoralisme et la difficulté de les appliquer.
Malgré les accords bilatéraux entre d’une part la région de Dosso et l’État de Kebbi et d’autre part entre la région de Zinder et l’État de Jigawa, le contexte de mise en œuvre des engagements reste marqué par la tension politique entre le Niger et le Nigéria, qui s’est traduit par le retrait du Niger de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la signature de l’ordonnance par le gouvernement nigérien le 13 janvier 2025 statuant sur le séjour des personnes de nationalité étrangère sur le territoire Nigérien.
L’implication de cette ordonnance a fait l’objet d’échanges au cours des deux ateliers. Il est ressorti de ces échanges qu’elle n’a pour le moment pas d’impact particulier sur les pratiques habituelles de transhumance, étant entendu que les communautés pastorales ne se sentent pas concernées par les mesures relatives à la détention de documents de voyage outre que ceux prévus par la décision A/DEC/5/1098 relative au à la réglementation de la transhumance entre les États membre de la CEDEAO. A priori, ces dispositions sont valables jusqu’à l’adoption de nouveaux textes en la matière. Quoi qu’il en soit, il semblerait que les communautés pastorales évoluant de part et d’autre de cette frontière ne se sentent pour le moment pas impactées par ces mesures de restriction des déplacements des personnes et des biens. |