Plateforme des Connaissances Pastorales

Les pasteurs prennent les choses en main

Un nouveau projet de la FAO supporte la collecte de données effectuée par les communautés pour des politiques mieux ciblées


01/12/2017 -

Dans plusieurs parties du monde, il manque des données de base sur le pastoralisme, par exemple pour ce qui concerne la composition des ménages ou les pratiques de subsistance. Cela est vrai notamment lorsque les pasteurs sont nomades ou transhumants et sont par conséquent difficilement pris en compte par les recensements agricoles ordinaires. Mais que se passe-t-il si les pasteurs deviennent capables de produire des données de façon autonome ?

C’est ce problème de manque de connaissances sur les systèmes pastoraux que le projet « Système de gestion de données piloté par les organisations pastorales », implémenté par la Plateforme des Connaissances Pastorales et financé par le Fonds International de Développent Agricole (FIDA), cherche à résoudre. Conçu pour être mis en œuvre en Argentine, au Tchad et en Mongolie, ce projet place les communautés pastorales au cœur de son processus. Il vise à consolider leurs capacités dans la production, l’analyse et le partage d’information, en vue de renforcer leur pouvoir d’influence sur la formulation des politiques. Il en découlerait des retombées extrêmement positives en termes de politiques mieux ciblées en faveur des pasteurs au niveau local, national et international.

La FAO et du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) ont développé conjointement des méthodes de collecte et de gestion des données, en s’appuyant sur leur expertise dans la réalisation d’enquêtes de terrain. 10 pasteurs, issus de 10 différentes régions du Tchad, viennent d’être formés sur ces méthodes dans le cadre d’un atelier qui a eu lieu à N’Djamena du 17 au 19 novembre 2017. Organisé avec le support du Réseau Billital Maroobé (RBM), l’atelier a constitué pour les participants l’occasion de tester les outils de collecte, de discuter des enjeux liés et de proposer des pistes d’amélioration.

Les participants ont aussi développé une stratégie pour collecter des données à travers le pays, en prenant en compte les spécificités du terrain et le besoin d’inclure ces ménages qui mènent un style de vie nomade ou transhumant et qui échappent fréquemment aux services statistiques. Les participants sont maintenant chargés de former à leur tour d’autres pasteurs au sein de leurs communautés respectives et d’organiser et gérer un recensement de la population pastorale.

Comme l’a souligné Boubacar Soumaré du RBM, « il s’agit d’un projet novateur, qui cesse de considérer les pasteurs comme de simples bénéficiaires, en leur offrant la possibilité d’agir eux-mêmes ». Cette initiative représente donc un tournant majeur pour la coopération dans le domaine pastoral et un changement d’approche dans le monde du développement, puisqu’elle donne l’opportunité aux pasteurs de produire leurs propres données.