Deuxième journée de travaux dans le cadre de la 17e MDT d'Afrique centrale. ©FAO|SFC

Kinshasa, 5 novembre 2024 – La 17ᵉ réunion de l’équipe multidisciplinaire (MDT), pour l’Afrique centrale, de l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) se poursuit à Kinshasa, en République Démocratique du Congo. Ce deuxième jour a permis aux participants – représentants de la FAO, délégués des neuf pays de la sous-région, institutions financières et entités régionales – d’examiner les défis et opportunités liés au financement agricole et à la gouvernance foncière, deux leviers essentiels pour le développement de l’écosystème agroalimentaire en Afrique centrale.

Mobilisation des financements

Face aux défis croissants du changement climatique, de l'urbanisation rapide et des perturbations du commerce agricole, l’agriculture en Afrique centrale a un besoin urgent d’investissements stratégiques et de solutions de financement innovantes. Alessandro Marini, chef de service pour l'Afrique occidentale et centrale au Centre d'investissement de la FAO, a insisté sur l’importance des financements privés pour transformer le secteur agroalimentaire de la région vers des modèles plus durables et inclusifs. Selon lui, des approches telles que le financement mixte, l’investissement à impact et les technologies financières peuvent combler le déficit de financement des objectifs de développement durable, estimé à plusieurs milliards de dollars par an.

Lors de cette session, le délégué d’EQUITY EBCDC Bank a également présenté les efforts de ladite banque pour structurer le secteur agricole en collaboration avec plusieurs bailleurs de fonds. Il a souligné la nécessité de créer des cadres politiques, réglementaires et d’investissement favorables afin d'attirer davantage de financements privés. EQUITY EBCDC Bank s’illustre déjà dans ce domaine, avec 100 millions de dollars alloués au financement de projets agricoles dans des secteurs clés tels que la riziculture, l’aquaculture et la caféiculture, qui bénéficient aux coopératives locales comme la coopérative Luvungi, laquelle a vu ses ventes de riz augmenter de 102 %.

Les participants à la MDT ont conclu que la réduction des risques est cruciale pour attirer les investisseurs privés, un domaine dans lequel les ministères de l’Agriculture des différents pays jouent un rôle clé.

Gouvernance foncière

En Afrique subsaharienne, l’insécurité et les inégalités en matière foncière représentent des obstacles au développement agricole, particulièrement pour les femmes et les petits producteurs. Benjamin Davis, directeur de la Division de la transformation rurale et de l’égalité des sexes à la FAO, a soutenu l’idée de réformes foncières pour garantir une gouvernance inclusive et sécurisée, en vue d’accroître la sécurité alimentaire, de réduire la vulnérabilité au changement climatique et d’améliorer les moyens de subsistance.

Pour mener à bien ces réformes, la MDT met l’accent sur l’implication d’un large éventail d’acteurs – gouvernements, société civile, autorités traditionnelles, secteur privé, experts et partenaires techniques. Dr Ingeborg Gaarde, spécialiste en gouvernance foncière, a présenté un cadre de dix étapes pour parvenir à une politique foncière inclusive, inspirée par les Directives volontaires de la FAO, incluant la cartographie participative, les consultations locales et la formulation de stratégies d’engagement pour chaque groupe d’acteurs. Ce processus est interactif et participatif, car «il n’y a pas de solution universelle» a affirmé Dr Gaarde.

La FAO joue un rôle de soutien essentiel et multidimensionnel pour réaliser le potentiel agroalimentaire de l'Afrique centrale, apportant un appui technique pour renforcer les capacités des gouvernements, faciliter les dialogues multi-acteurs et chercher des partenariats financiers pour appuyer les politiques foncières. Ces efforts conjoints de mobilisation de financements et de sécurisation des droits fonciers permettront de poser les bases d’une résilience durable face aux défis de demain.