FAO en République centrafricaine

Mise en œuvre de l'«Initiative de restauration des forêts et des paysages (TRI)» en République centrafricaine: renforcer la résilience des paysages et des communautés locales

Experts de l'Initiative TRI en RCA et RDC, Kinshasa. ©FAO
20/11/2024

La République centrafricaine (RCA) abrite une couverture forestière représentant près de 46 pour cent de son territoire, offrant un trésor de biodiversité et un potentiel de développement socio-économique important. Cependant, les effets du changement climatique, marqués par un décalage saisonnier, affectent profondément cet écosystème. Par ailleurs, les pratiques de déforestation locale, souvent liées aux besoins domestiques en bois et aux techniques de chasse traditionnelle, aggravent la vulnérabilité des forêts. L’exploitation industrielle, bien que réglementée, reste aussi une source de pression sur ces ressources naturelles. Ensemble, ces facteurs engendrent une dégradation progressive des écosystèmes, mettant en péril l’environnement écologique des communautés locales dont la survie dépend des ressources de ces forêts.

En réponse à ces défis, la FAO met en œuvre un projet de restauration des paysages forestiers dégradés dans le cadre de l’Initiative TRI, financée par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) à hauteur de 6 millions d’USD pour la période 2019-2025. Ce projet vise à revitaliser les services écosystémiques des forêts dégradées et à renforcer la résilience des communautés locales, notamment en les sensibilisant sur l’importance de la conservation durable des ressources naturelles.

Quatre axes stratégiques pour une restauration réussie

Le projet TRI en RCA repose sur quatre axes principaux. Il s’agit d’abord de sensibiliser, au plus haut niveau, aux risques de la déforestation et d’instaurer un cadre politique favorable à la promotion de la restauration des forêts. Le deuxième axe consiste à mettre en œuvre des activités de terrain pour restaurer les zones forestières en impliquant en première ligne les communautés locales et les peuples autochtones. Le développement de compétences des acteurs locaux par des formations et le renforcement des synergies entre les acteurs du secteur et les parties prenantes au projet, constituent le troisième axe de l’Initiative TRI.Enfin, le projet comprend une quatrième composante visant à renforcer les connaissances et à partager les bonnes pratiques de restauration tout en encourageant les échanges Sud-Sud avec d’autres pays adoptant l’Initiative TRI.

À ce jour, des évaluations ont été réalisées pour analyser l’offre et la demande en bois-énergie ainsi que les pratiques de production de ce bois dans le bassin d’approvisionnement de Bangui, tant au nord qu’au sud, en vue de l’élaboration d’un document stratégique pour l’approvisionnement en bois-énergie. En parallèle, des programmes de restauration ont été lancés dans diverses communes, permettant de former de nombreux participants sur des thématiques environnementales clés. Un partenariat public-privé mobilisant des acteurs locaux et internationaux a également été constitué pour restaurer plus de 1100 hectares de plantations agroforestières autour de Bangui.

Indicateurs d'impact et avancées mesurables

Les résultats du projet se mesurent notamment en hectares de forêts restaurées et gérées de manière participative, en nombre de politiques adoptées en faveur de la restauration forestière, et en volume de carbone séquestré. À ce jour, plus de 501 hectares de forêt ont déjà bénéficié de ces initiatives dans les régions de Pissa, Mbaiki et Bavanga.

Partage d’expertise avec la République démocratique du Congo

L’Initiative TRI étant internationale, elle encourage le partage d’expériences entre pays membres. En octobre 2024, une délégation de la FAO en RCA s’est rendue en République démocratique du Congo pour échanger sur les approches de restauration mises en œuvre. Cette mission a permis aux experts centrafricains d’intégrer des concepts novateurs de leurs homologues congolais tels que les Clubs Dimitra, visant à renforcer l’ancrage communautaire et la durabilité des actions de restauration des paysages, ainsi que l’utilisation de connaissances autochtones pour valoriser les plantes médicinales. En retour, ils ont partagé leurs propres expériences et pratiques, telles que la coordination multisectorielle à l’échelle nationale des interventions de restauration des paysages, l’organisation de Journées techniques permettant de valoriser les connaissances et les approches de restauration des divers intervenants du projet, tout en impliquant les communautés locales et autochtones, ainsi que la mise en place de planchettes développées par l’Institut centrafricain de recherche agronomique (ICRA) pour protéger les plantes récemment mises en terre contre les ravageurs et des menaces climatiques, contribuant ainsi à améliorer leur taux de survie.

Vers un modèle durable de restauration des écosystèmes

À travers le projet TRI, la FAO en RCA contribue à la protection de l’environnement tout en soutenant la résilience alimentaire et les capacités de production des communautés locales. Le projet s’inscrit pleinement dans les Objectifs de développement durable à l’horizon 2030. Sa pérennisation repose sur un engagement croissant des partenaires et des communautés locales ainsi que sur une évaluation rigoureuse de son impact sur le long terme.