La FAO soutient la République centrafricaine dans la réduction des émissions de méthane liées à l’élevage pour relever les défis climatiques

En République centrafricaine (RCA), l'agriculture constitue la pierre angulaire de l'économie. Elle emploie 75 % de la population et contribue à près de la moitié du Produit intérieur brut (PIB). Parmi ses composantes, l'élevage occupe une place essentielle, représentant 15 % de l’activité agricole. Ce secteur bénéficie d'atouts naturels remarquables tels que des pâturages vastes et riches ainsi que d’abondantes ressources en eau. Il joue un rôle clé dans la sécurité alimentaire et l’apport nutritionnel, fournissant des protéines animales à une population nationale qui consomme en moyenne 17 kg de viande par habitant chaque année, avec un pic de plus de 30 kg à Bangui, la capitale.
Un secteur confronté à des défis croissants
Cependant, l’élevage reste largement sous-développé, marqué par des pratiques de subsistance et une faible productivité qui entraînent une augmentation non régulée du cheptel, une intensification des émissions de gaz à effet de serre (GES) – notamment de méthane – et une grande vulnérabilité face au changement climatique.
Entre 1990 et 2021, les émissions de méthane ont connu une forte hausse, passant de 87,8 à 186,5 kilotonnes d'équivalent CO₂, parallèlement au quasi-doublement du cheptel, passé de 2,5 à 4,76 millions de têtes. Cette augmentation reflète des pratiques d’élevage peu efficientes et souligne l’urgence d’agir pour rendre le secteur plus durable.
La RCA, engagée sur la scène internationale par son adhésion à la Coalition pour le climat et l’air pur (CCAC) depuis 2013, s’est fixée pour objectif de réduire les polluants climatiques à courte durée de vie et de mettre en œuvre des mesures spécifiques afin de réduire les émissions de méthane dans le secteur de l’élevage. Cependant, le pays manque encore de capacités institutionnelles et techniques suffisantes pour relever ce défi. Jusqu’à récemment, les estimations des émissions de GES reposaient sur une méthode de niveau 1, proposée par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Cette méthode de base est nécessaire en tant que telle, mais utilise des facteurs d’émission standards globaux ou régionaux sans prendre en compte les particularités locales telles que les conditions alimentaires, climatiques ou les races d’animaux.
Une collaboration prometteuse avec la FAO pour moderniser le secteur
Pour faire face aux défis du secteur de l’élevage, la RCA a sollicité l’appui de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Un projet ambitieux a ainsi été lancé en décembre 2024, visant à améliorer la précision des évaluations des émissions de méthane et à identifier des solutions d’atténuation adaptées. Financé par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) à hauteur de 100 000 USD dans le cadre de la CCAC, ce projet met l’accent sur le développement d’inventaires précis, la mise en œuvre de mesures concrètes et l’élaboration de politiques intégrées afin de réduire les émissions de méthane.
Un élément central de cette initiative est l’adoption d’une méthode de niveau 2 pour évaluer les émissions de méthane. Contrairement à la méthode de niveau 1, cette approche utilise des facteurs d’émission spécifiques, ajustés selon les données locales : qualité et quantité des rations alimentaires, races animales, productivité et conditions climatiques. Au cours du mois de décembre, la FAO a déjà formé 31 professionnels centrafricains, dont cinq femmes, à l’utilisation de cette méthode, les dotant d’outils nécessaires pour mieux mesurer et comprendre les émissions du secteur.
Vers un élevage résilient et durable
Les premiers résultats de cette nouvelle évaluation sont attendus pour juin 2025. Ils devraient permettre à la RCA de renforcer ses politiques nationales climatiques d’atténuation d’émissions de méthane, en ligne avec ses engagements dans le cadre de l’Accord de Paris. En renforçant la résilience de l’élevage face au changement climatique et en réduisant son empreinte écologique, le pays avance ainsi vers une agriculture durable, bénéfique pour l’économie, l’environnement et la population.