Dégradation des terres: agir maintenant pour un futur fertile
La dégradation des terres concerne aujourd’hui près de deux milliards d’hectares dans le monde et menace gravement la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance des populations qui en dépendent (Action contre la désertification FAO). Depuis 2013, les Nations Unies ont édifié le 5 décembre comme la Journée mondiale des sols et nous rappellent que nous avons les moyens d’agir pour éviter, ralentir et inverser la dégradation des terres.
Cette année, la Journée mondiale des sols attire plus particulièrement l’attention sur la salinisation, une des principales causes de dégradation des terres. La salinisation correspond à une accumulation de sels minéraux dans les sols et est le résultat de diverses causes, dont les changements climatiques, une surexploitation des terres, ou encore, pour les zones côtières, une montée du niveau des océans. Les terres salées sont moins fertiles, voient leur structure et leur biodiversité perturbées et sont plus la vulnérables à l’érosion – des conséquences caractéristiques du phénomène de dégradation des terres.
Les terres arides du Sénégal, berceau d’écosystèmes fragiles
Au Sénégal, la majeure partie des terres arables est considérée comme aride ou semi-aride. Ces terres sont particulièrement vulnérables aux changements climatiques ainsi qu’aux dégâts causés par une surexploitation et des pratiques agricoles non durables. Selon la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification (CNULD), le niveau de dégradation des terres au Sénégal atteint 34 %. Parmi les principaux moteurs de cette dégradation, on retrouve la salinisation, un phénomène touchant toutes les régions du pays.
Déjà responsables d’une augmentation des températures et modification du régime des pluies, les changements climatiques aggraveront à l’avenir la dégradation des terres. Devant l’étendue de la menace, il est urgent de rappeler qu’avec des actions de restauration et une gestion durable des ressources, il est possible de ralentir le rythme de salinisation des terres, et même d’inverser la tendance.
Depuis 2018, le projet «Sécurité alimentaire : une agriculture adaptée» (SAGA), mis en œuvre par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et financé par le Gouvernement du Québec, appuie la mise en place d’initiatives visant à augmenter la résilience des communautés rurales au Sénégal. En collaboration avec les productrices et producteurs, le projet favorise l’adoption de pratiques agricoles protégeant la fertilité des sols et une gestion optimisée des ressources en eau.
«La question de la santé des sols est au cœur de la réponse d’adaptation aux changements climatiques. Nous travaillons en étroite collaboration avec les gouvernements du Sénégal et du Québec, pour promouvoir des pratiques qui protègent la biodiversité et valorisent les services écosystémiques.», Gouantoueu Robert Guei, Coordinateur Sous-régional de la FAO pour l’Afrique de l’Ouest.
Protéger les terres pour la sécurité alimentaire et la nutrition
Pour lutter contre le phénomène de dégradation des terres, les arbres ont de nombreux avantages à apporter. En effet, en plus de diversifier les cultures, ils améliorent le cycle des nutriments et le bilan hydrique des sols, limitent l’érosion et offrent un microclimat favorable à l’implantation de cultures maraîchères dans leur voisinage. Dans le cadre du projet SAGA, l’Université Laval (Québec, Canada) a analysé le potentiel de l’agroforesterie à contribuer à l’adaptation de l’agriculture aux changements climatiques au Sénégal. Les résultats de leurs travaux ont mis en lumière le potentiel de ces systèmes pour protéger la fertilité des sols et réduire l’érosion éolienne, ainsi que les avantages de techniques comme la plantation de ligneux halophytes (des espèces adaptées à des taux de salinité élevés) pour régénérer les terres salées.
Dans les régions de Diourbel, Kaolack et Thiès, dans le Bassin arachidier, l’Union des Producteurs Agricoles – Développement International (UPA DI) et le Conseil National de Concertation et Coopération des Ruraux (CNCR) ont créé trois Clubs de Conseil en Santé des Sols (CCSS) réunissant un total de 60 producteurs, dont 32 femmes. Ces groupes ont pour objectif de renforcer et faciliter le transfert de connaissances entre producteurs en proposant un espace d’échange et de partage de résultats. Plusieurs fois par an, les CCSS réunissent lors de journées de formation animées par des agronomes. Les sujets abordés privilégient des actions à bas coûts et aisément reproductibles, comme le diagnostic de l’état des sols, la valorisation des amendements organiques, la fabrication de compost ou encore la planification de la fertilisation.
L’engagement des producteurs au sein des CCSS porte déjà ses fruits : dans les villages partenaires, les rendements augmentent peu à peu, conséquence directe d’une meilleure fertilité des sols. Moustapha Ndiaye, producteur dans la région de Kaolack, a récolté cinq quintaux d’arachides dès la première année de fertilisation au compost. Cela ne s’était plus produit depuis des décennies, selon les enquêtes menées auprès des aînés.
Pour en savoir plus:
- Site internet du projet SAGA: http://fao.org/in-action/saga/fr
- Album photo Flickr – Clubs de Conseil en Santé des Sols: https://www.flickr.com/photos/faooftheun/sets/72157716935485688/
- Carbone des sols en Afrique: Impacts des usages des sols et des pratiques agricoles : https://www.fao.org/documents/card/en/c/cb0403fr
Twitter:
Suivre toutes les informations de la FAO au Sénégal sur @FAOSenegal