Foire aux questions sur la Semaine mondiale des sols 2015

La Semaine mondiale des sols 2015 se déroule à Berlin du 19 au 23 avril. Découvrez ce que certains des experts et des participants présents ont à dire à propos des sols!

1. Quels sont les défis auxquels nos sols sont confrontés aujourd'hui? À votre avis, quel est le plus grave?

«Le défi le plus grave auquel nous sommes confrontés aujourd'hui est la dégradation des sols. Cela ne signifie pas seulement l'érosion des sols, mais également le compactage du sol. Ensuite viennent le recul de la teneur en carbone organique du sol et la perte de la biodiversité. Nous devons également être attentifs aux répercussions sur les sols d’une mauvaise gestion des terres ainsi qu’aux effets liés à des usages des terres ou à l’utilisation de machines non adaptées à certains contextes, à la fois dans l'agriculture et la foresterie. Cela aboutit à une compaction et à une réduction du sol, ainsi qu’à une augmentation de l'érosion – des phénomènes qui participent aux effets du changement climatique.»

Professeur Rained Horn, Président de l’IUSS (Union internationale des sciences du sol)

«Je dirais que l'avis du Groupe technique intergouvernemental sur les sols est plus important que le mien! Ce panel d’experts, que je préside, fait partie du Partenariat mondial sur les sols de la FAO. Nous venons de nous pencher, dans le cadre du Rapport sur la situation des ressources en sols du monde, sur ce qui constitue la plus grave menace pour les sols au niveau mondial. Il est ressorti de nos discussions que l'érosion du sol restait la préoccupation majeure, suivie par le déclin en carbone organique et le déséquilibre nutritif des sols, dans de nombreuses parties du monde.»

Luca Montanarella, Expert principal, Gestion des ressources foncières, Commission européenne

«Nos sols sont confrontés à plusieurs défis tels que la dégradation, l'épuisement des nutriments, l'épuisement du carbone, l'acidité, la salinisation et ainsi de suite. Tous ces phénomènes réduisent la productivité des sols, mais la perte de sols et des terres agricoles est également due à l'urbanisation, à la déforestation, etc. La dégradation des terres constitue la plus grave menace pour les sols. Si nous ne parvenons pas à maîtriser cette question, nous risquons de sombrer dans une grave situation de crise, où l'insécurité alimentaire prévaudra dans de nombreux pays.»

Professeur Tekalign Mamo, Conseiller du

Ministre (Conseiller d'État), Ministère de l'agriculture d’Éthiopie

2. Quelles mesures peuvent être adoptées pour lutter contre l'érosion des sols et faire face aux autres défis?

«Il est indispensable de mettre en œuvre des techniques de gestion durable des sols. Je pense qu'il en existe beaucoup, mais le problème est qu’elles ne sont pas bien documentées. Il est réellement nécessaire d’élaborer des lignes directrices précises pour la gestion durable des sols, utilisables à tous les niveaux: au niveau politique mais aussi au niveau local par les usagers locaux des terres, afin d’inverser les processus de dégradation des sols, en particulier l'érosion des sols. Ces mesures sont bien connues, mais doivent être documentées et diffusées au niveau local. Il faut pour cela déployer des efforts, notamment pour la traduction. Il convient d’adopter la même approche pour les autres défis à relever, tels que la baisse de la teneur des sols en carbone organique et le déséquilibre des éléments nutritifs du sol.»

Luca Montanarella, Expert principal, Gestion des ressources foncières, Commission européenne 

«Je pense que les contre-mesures sont bien connues. Laisser les résidus de récolte à la surface des sols est l’une des principales mesures possibles pour lutter contre l'érosion des sols, mais il existe des obstacles économiques et sociaux à l’adoption de cette mesure. C’est un exemple qui illustre bien ces situations où nous savons quelle est la solution mais, pour diverses raisons, cette solution n’est pas mise en œuvre.»

Dan Pennock, Doyen associé par intérim, Université de la Saskatchewan, Canada

3. De nombreuses activités ont vu le jour aux quatre coins du monde dans le cadre de l'Année internationale des sols (AIS), et les sols sont devenus un thème d’actualité. Que pouvons-nous faire pour assurer la continuité et maintenir cette dynamique au-delà de 2015?

«Nous devons évidemment commencer par l'éducation, dès le plus jeune âge, à partir même de la maternelle. C’est la partie la plus importante car c’est notre avenir. Nous devons sensibiliser les étudiants dans les écoles et les universités. Nous devons également sensibiliser les responsables politiques. Les scientifiques ont beaucoup d'idées mais les politiciens ne les écoutent pas ou, devrais-je dire, ils ne s’y intéressent pas! Nous avons besoin de plus d'interaction entre ces groupes, également avec les agriculteurs et les forestiers, mais surtout avec les responsables politiques. Nous avons besoin de les informer et de les convaincre que ce que nous faisons est bon pour eux.»

Professeur Rained Horn, Président de l’IUSS (Union internationale des sciences du sol)

«C’est un très grand défi parce que 2015 doit être un tournant, de sorte qu’il devrait y avoir une différence entre la protection des sols avant 2015 et après 2015. Qu’est-ce qui peut faire la différence? C’est la grande question… J’espère que l'AIS amorcera une prise de conscience, en particulier au niveau des responsables des politiques nationales, de la nécessité de lancer dans tous les pays des processus visant à établir des programmes nationaux de protection des sols, qui introduisent en particulier la gestion durable des sols systématiquement à tous les niveaux de l'administration. C’est bien évidemment un rêve... Je pense que dans la réalité, nous parviendrons à la mise en œuvre du Partenariat mondial sur les sols et des cinq piliers d’action, qui seront essentiellement appliqués au niveau régional. Cela pourrait être un déclencheur pour une gestion durable des sols à d'autres niveaux, en particulier à l’échelle locale.»

Luca Montanarella, Expert principal, Gestion des ressources foncières, Commission européenne

«Les points soulevés à propos de l'éducation sont essentiels. Je pense que nous devons nous efforcer de tout faire pour que les sols soient intégrés dans les programmes scolaires dans de nombreux pays. C’est la meilleure manière de nous assurer qu’à l'avenir tout le monde – des agriculteurs, aux décideurs politiques en passant par les présidents de pays – comprend l'importance des sols. Je suis moi-même un éducateur, je pense donc que c’est vraiment essentiel.» 

Dan Pennock, Doyen associé par intérim, Université de la Saskatchewan, Canada

«C’est un enjeu essentiel. La question des sols n’est pas une question ponctuelle. Tant que les êtres humains existeront, leur vie dépendra de sols sains. Par conséquent, nous devons faire en sorte que toutes ces initiatives sur les sols se poursuivent jusqu'à ce que partout dans le monde nous parvenions à rétablir la santé des sols pour une vie saine. Nous devons continuer à œuvrer en faveur des sols, à promouvoir les sols dans l’agenda mondial du développement.»

Professeur Tekalign Mamo, Conseiller du

Ministre (Conseiller d'État), Ministère de l'agriculture d’Éthiopie

4. Quel mot vous vient à l’esprit quand vous pensez aux sols? 

«Des processus multidisciplinaires»

Professeur Rained Horn, Président de l’IUSS (Union internationale des sciences du sol)

«La vie!»

Luca Montanarella, Expert principal, Gestion des ressources foncières, Commission européenne

«La vie!»

Dan Pennock, Doyen associé par intérim, Université de la Saskatchewan, Canada

«Une base de ressource pour notre survie»

Professeur Tekalign Mamo, Conseiller du

Ministre (Conseiller d'État), Ministère de l'agriculture d’Éthiopie

LIENS

En savoir plus sur la Semaine mondiale des sols 2015

24/04/2015

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