Centre d'investissement de la FAO

Nouvelle série de webinaires sur la transformation de l’agriculture en Afrique par la digitalisation

22/06/2020

Près de 500 personnes ont récemment participé au premier des quatre webinaires organisés par le Centre d’investissement de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et la Banque africaine de développement sur la transformation de l’agriculture en Afrique à travers la digitalisation.

Cette participation nombreuse témoigne de l’intérêt pour le sujet et de la relative facilité et de l’efficacité de réunir autant de personnes virtuellement pour partager des connaissances, des idées et des leçons sur les avantages de la digitalisation.

« Avant la crise de la COVID-19, les technologies numériques étaient en train de changerl’économie mondiale, et les systèmes agroalimentaires faisaient partie de cette transformation », a déclaré le directeur du Centre d’investissement de la FAO, Mohamed Manssouri.

Ces webinaires étudient les réponses digitales rapides aux perturbations causées par la COVID-19 et explorent également ce qui est nécessaire pour une transformation de l’agriculture sur le continent.

« Les efforts doivent être catalysés à la fois sur les fronts des politiques et également des investissements en matière de afin de rendre les systèmes agroalimentaires plus productifs, plus inclusifs et plus durables à l’avenir », a ajouté Mohamed Manssouri.

Le premier webinaire incluait notamment les rôles que les gouvernements, le secteur privé, les agriculteurs et les organisations, comme la Banque africaine de développement et la FAO peuvent jouer.

Le  directeur Agriculture et agro-industrie de la Banque, Martin Fregene, a déclaré qu'il fallait profiter de cette « vague d'intérêt pour » rattraper « des décennies d'investissements limités dans les infrastructures de technologies de l'information et de la communication (TIC) et dans les chaînes de valeur des matières premières agricoles, en particulier pour les cultures de base des petits agriculteurs, et de construire des plateformes numériques qui facilitent les liens entre les acteurs de la chaîne de valeur à des coûts de transaction beaucoup plus réduits. »  

Après les perturbations, mieux reconstruire

Même si l’agriculture reste l’un des secteurs les moins numérisés de l’économie mondiale, les technologies peuvent aider à tous les niveaux : utilisation plus efficace des intrants et de l’agriculture intelligente face au changement climatique, meilleur accès aux marchés et transparence accrue, rapidité et fiabilité des transactions, amélioration de la sécurité et de la qualité des aliments grâce à la traçabilité, accès au financement et assurance des cultures et du bétail.

La propagation de la COVID-19 a perturbé les systèmes agroalimentaires sur tout le continent africain, comme partout ailleurs dans le monde. Les principales chaînes d’approvisionnement ont été interrompues, les marchés fermés et les mouvements restreints, ce qui a entraîné des pénuries de main-d’œuvre agricole. Les agriculteurs ratent des saisons de plantation tandis que les entreprises agroalimentaires sont confrontées à des contraintes de liquidité.

La demande de produits agricoles de la part de l’hôtellerie et la restauration a diminué, et les préférences des consommateurs se sont éloignées des aliments hautement périssables, comme les fruits et légumes, la viande et le poisson, pour des aliments, dont la durée de conservation est plus longue.

Les technologies numériques comme les paiements mobiles et les plateformes e-commerce pourraient contribuer à atténuer certaines de ces perturbations, en particulier à court terme.

Alors que face à la pandémie, on passe progressivement d’une intervention d’urgence à la reprise effective et à la résilience, il est possible de « mieux reconstruire », selon Gerard Sylvester, responsable des investissements à la FAO.

« L’inclusion financière changera la donne dans les collectivités rurales », a-t-il déclaré. « Bien que nous soyons optimistes quant aux opportunités créées par les solutions digitales, nous devons également examiner la réalité », a relevé ce haut responsable.

Il s’agit notamment de s’attaquer à l’adoption relativement faible des technologies digitales par les petits agriculteurs à travers le continent et de combler la fracture numérique entre hommes et femmes.

La transformation digitale de l’agriculture, en particulier parmi les communautés rurales, implique les « 3 C » : coût, capacité et contenu, a-t-il dit.

« Nous devons nous assurer que les coûts ne sont pas un obstacle, que les petits agriculteurs ont la capacité d'adopter et d'appliquer les conseils numériques et autres outils de connaissance et que le contenu soit pertinent, localisé et exploitable », a expliqué Gerard Sylvester. 

Des solutions digitales axées sur les données et technologies

Dans son exposé, Ed Mabaya, manager de la Division agroindustrie au sein de la Banque africaine de développement, a souligné les tendances en Afrique, y compris la croissance démographique, une classe moyenne en expansion, une augmentation de la population des jeunes et l’évolution des régimes alimentaires. D’ici à 2030, le marché alimentaire africain vaudra probablement 1 000 milliards de dollars, a-t-il affirmé.

« Bien que l’Afrique n’ait pas encore connu la Révolution verte qui se déroule ailleurs dans le monde, nous pensons que le continent est bien placé pour tirer parti de la révolution numérique », a-t-il déclaré.

« La croissance des solutions digitales, axées sur les données et les technologies, peut déclencher une nouvelle révolution verte pour l’Afrique, en répondant à certains défis et contraintes tout au long de la chaîne de valeur, de l’offre d’intrants au consommateur final », a-t-il ajouté.

Il a noté que les 365 Technologies de l’information et de la communication (TIC) et les solutions digitales, qui opèrent activement dans l’espace agricole africain depuis 2018, touchent environ 32,7 millions de petits agriculteurs (CTA 2018). Cela inclut des solutions pionnières comme le M-PESA du Kenya, l’un des plus grands réseaux de « mobile-money » au monde.

La Banque africaine de développement, qui a officiellement lancé son programme phare pour l'agriculture numérique lors de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement africain en août 2019, voit un rôle unique à utiliser l’investissement du secteur public pour créer un environnement favorable qui libérerait le potentiel des solutions numériques à travers l’Afrique. La Banque se concentre également sur l’amélioration de l’alphabétisation au numérique, le renforcement des capacités de tous les acteurs de l’écosystème et la promotion des partenariats public-privé.

« L’agriculture n’a pas changé depuis 100 ans. Il faut encore de bonnes semences, de l’eau, des engrais, de la mécanisation. Nous pensons simplement que les solutions digitales peuvent servir de catalyseur pour accélérer cette transformation », a indiqué Gerard Sylvester.

Viabilité et évolutivité

Un panel de discussion a suivi les discours d’ouverture et les présentations du webinaire*.

Les panélistes ont identifié des investissements appropriés et prometteurs pour la transformation digitale de l’agriculture africaine pendant et après la COVID-19. Cela va du profilage numérique des acteurs de la chaîne de valeur aux paiements mobiles et au e-commerce. Les technologies devraient être simples, y compris l’utilisation des médias sociaux.

Ils ont également abordé les cadres politiques et réglementaires nécessaires pour l’inclusion, l’évolutivité et la viabilité, notamment en matière de gouvernance et de protection des données, de produits financiers numériques, de systèmes d’identification numérique, de contrats électroniques et de services d’extension en ligne. 

Enfin, ils ont discuté de modèles d’affaires et de partenariats, qui encourageraient une plus grande adoption du numérique, en particulier par les petits producteurs.

Le regroupement des services numériques, les défis d’innovation de l’AgTech et les systèmes d’interopérabilité ouverts pourraient aider à renforcer la capacité d’approvisionnement financièrement viable. Certains modèles, comme le B to B, B to C et les modèles d’entreprise à l’administration publique, sont mis à l’essai. Du côté de la demande, l’agrégation numérique des producteurs pourrait être la clé de la création d’une masse critique et d’une demande suffisante pour de multiples services.

Les prochains webinaires exploreront les tendances et les solutions digitales qui peuvent être intégrées à l’investissement public et privé pour la transformation agricole de l’Afrique. 

Prochains Webinaires

  • 24 juin 2020 : Les solutions participatives et les données digitales au service du conseil et de la planification agricole
    inscrivez-vous ici
  • 8 juillet 2020 : Amélioration de l’accès aux marchés par le biais du e-commerce.
  • 22 juillet 2020 : Inclusion financière


Panélistes


Wuraola Jinadu, Business Development Manager, Vodacom Business, Nigeria

Myriam Said, Conseillère au numérique, Bureau du Premier Ministre, Éthiopie

Mao Yohannes, Equipe Projet TIC, 80-28 Hotline, Agence de transformation de l’Agriculture, Éthiopie

Benito Eliasi, chargé de programme pour la Confédération sud-africaine des syndicats agricoles (SAC)

Chris Lukolyo, Responsable Digital pays, Fonds des Nations-unies pour le développement des capitaux, Ouganda

Benjamin Addom, chef d’équipe, TIC pour l’agriculture, CTA (a prononcé le discours de clôture)

 

 

Photo credit Jordi Vaque