Alimentation et agriculture durables

Promouvoir la gestion durable des terres dans le bassin méditerranéen

Un nouveau programme vise à contrer la dégradation des terres et à renforcer la résilience et la sécurité alimentaire dans la région méditerranéenne grâce à la promotion de la gestion durable des terres
25 June 2020

Seuls 14 pour cent des 850 millions d’hectares que compte la région méditerranéenne se prêtent à la production agricole. Et pourtant, la production d’aliments de base (céréales, légumes, agrumes, olives et raisins) sur ces parcelles de terres et les filières agro-alimentaires connexes font vivre des millions de personnes.

Malgré son rôle essentiel dans l’économie des 22 pays de la région et au-delà, l’agriculture est menacée par toute une série de problèmes qui ont trait aux pratiques non durables de gestion des terres ainsi qu’au changement et à la variabilité climatiques. Ces facteurs favorisent la dégradation des terres, lesquelles, trop souvent, sont par nature de qualité relativement médiocre: les zones arides représentent 32 pour cent des superficies foncières en Europe du Sud et 68 pour cent dans la région du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord, où les sols sont fragiles et la sécheresse endémique.

Des ressources naturelles menacées

La gestion non durable des terres est le principal facteur de dégradation des terres et de désertification dans tous les pays méditerranéens, et la sécheresse et le changement climatique ne font qu’aggraver la situation. 

La région Proche-Orient et Afrique du Nord est particulièrement menacée par ce phénomène car l’érosion des sols et la désertification y entraînent une baisse alarmante de la teneur des sols en éléments nutritifs, une déperdition du carbone organique présent dans le sol et un recul de la productivité qui font perdre aux pays environ 13 milliards de dollars des États-Unis de produit intérieur brut chaque année.

Cet état des choses ne peut être maintenu car il produit déjà des répercussions préoccupantes, dont voici quelques exemples:

  • 30 pour cent des zones semi-arides du bassin méditerranéen sont maintenant touchées par la désertification;
  • depuis 1961, le bassin méditerranéen a perdu 8,3 millions d’hectares de terres arables sous l’effet de la dégradation des terres et de l’urbanisation; 
  • dans la région Proche-Orient et Afrique du Nord, la dégradation de l’environnement a entraîné un recul du PIB de 2,1 à 7,4 pour cent;
  • la sécheresse a causé des pertes de production céréalière de 40 pour cent en Syrie et en Jordanie, et 35 pour cent de pertes de production animale au Maroc et en Tunisie.

L’initiative

L’initiative interrégionale LandMedNet, qui réunit la FAO, le Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes (CIHEAM), l’Étude mondiale des approches et des technologies de conservation (WOCAT) et des partenaires aux niveaux international, national et local, vise à lutter contre les effets de la dégradation des terres et de la désertification en favorisant l’adoption de systèmes de gestion durable des terres dans l’ensemble du bassin méditerranéen.

Qu’est-ce que la gestion durable des terres?

La gestion durable des terres consiste en un ensemble de pratiques qui permettent aux agriculteurs d’augmenter la production et la productivité de façon durable au moyen de techniques qui préservent les ressources naturelles tout en étant économiquement viables et socialement acceptables dans différents contextes.

Elle repose sur des connaissances et permet d’intégrer la gestion des sols, des eaux, de la biodiversité et de l’environnement afin de répondre à une multiplicité de revendications foncières. La gestion durable des terres peut faire obstacle à la dégradation des terres, accroître la résilience des terres et des populations face au changement climatique et aux catastrophes et faire progresser les paysages de production durable. 

Impulser des changements positifs

Le but du programme est de rendre possibles l’action coordonnée et l’échange de connaissances aux plans national et régional tout en éclairant la prise de décision au moyen d’un certain nombre d’initiatives envisagées, parmi lesquelles:

  • promouvoir la collaboration régionale en instaurant des processus et des outils de prise de décision, et favoriser la collaboration régionale en ce qui concerne les réponses à apporter à la dégradation des terres, à la désertification et au changement climatique;
  • renforcer la gestion durable des bassins versants et des zones de pâturage transfrontières;
  • améliorer l’adaptation à la sécheresse en renforçant les dispositifs de prévision et d’alerte rapide; 
  • promouvoir la gestion durable des ressources naturelles pour renforcer les moyens d’existence et freiner les migrations;
  • plaider en faveur d’une plus grande participation de la société civile et du secteur privé;
  • stimuler la coopération Sud-Sud afin de mettre en commun les expériences et l’expertise, d’échanger les données, d’accroître le développement des capacités et les services de conseil et de s’attaquer aux défis et aux menaces en trouvant des solutions efficaces.

«Cette initiative importante concourt à la réalisation de l’objectif de développement durable 2 (ODD 2) (faim zéro) et de l’ODD 15 (vie terrestre) et encourage les partenariats en faveur de l’échange de connaissances dans l’ensemble de la région Proche-Orient et Afrique du Nord et au-delà; elle apportera aussi des solutions concrètes à l’appui de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes», a déclaré Kakoli Ghosh, de l’Équipe chargée de la gestion du programme Agriculture durable.

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