Gestion Durable des Forêts (GDF) Boîte à outils

Gestion des forêts plantées

Le module sur les forêts plantées donne des informations sur les bonnes pratiques à adopter pour l'établissement et la gestion des forêts plantées. Il traite principalement de la sylviculture des forêts plantées et commence là où s'arrête le module sur le Matériel forestier de reproduction. Il est complété par les modules sur l'Exploitation du bois , le Bois-énergie, les Ravageurs forestiers, l'Agroforesterie, et les Entreprises forestières. Il inclut des orientations allant de la sélection du site et du matériel végétal à la plantation et l'entretien sylvicole.

Cette section introduit brièvement les conditions pour une mise en place et une gestion réussies des forêts plantées visant la production de bois et la protection de l'environnement. Elle traite principalement du matériel technique utilisé pour les forêts plantées en commençant là où s'arrête le module sur le Matériel forestier de reproduction. Elle est complété par les modules sur l'Exploitation du bois, le Bois-énergie, les Ravageurs forestiers, l'Agroforesterie, et les Entreprises forestières. Des informations plus détaillées se trouvent également dans la section des outils, et des exemples sont présentés dans la section des études de cas. La section aborde les problèmes techniques en matière de foresterie; pour ce qui est de la gouvernance et des autres conditions nécessaires à prévoir avant d'établir les objectifs de gestion et de commencer à gérer les forêts plantées, les lecteurs sont invités à se reporter aux modules non-techniques de la boîte à outils de la GDF.

Choix du site et évaluation

Choix du site et évaluation

Le choix du site d'établissement d'une forêt plantée prévoit un examen approfondi des contraintes sociales et légales - comme par exemple les régimes fonciers, la demande de terres agricoles productives, et l'accès à la terre. Les propriétaires fonciers - publics ou privés - qui ont décidé d'établir une plantation doivent disposer d'un plan clair pour au moins le premier cycle de rotation, depuis la plantation jusqu'à la récolte.

Le site devrait avoir une quantité suffisante d'eau, de chaleur et de terre pour favoriser une culture saine des arbres; il faudrait veiller à ne pas planter d'arbres pour la production de biens dans des écosystèmes fragiles ou des systèmes ayant une valeur écologique importante pour la conservation comme les terres humides. Si la production de bois d'œuvre est un des objectifs de gestion ou une des considérations économiques primaires, le site devrait se trouver à proximité d'une scierie ou un centre d’agrégation afin de rentabiliser les coûts de transport. La plantation à grande échelle n'est pas possible sans routes d'accès: soit les sites pris en considération disposent de routes d'accès, soit les gestionnaires des forêts doivent être prêts à créer des routes. Des routes mal construites ou mal entretenues sont peut-être la plus importante source d'érosion des sols et de pollution de l'eau de surface des forêts plantées, aussi les routes doivent être construites et entretenues de manière professionnelle pour permettre de gérer durablement les forêts plantées d'une certaine ampleur (Dykstra et Heinrich, 1996).

Choix des espèces et compatibilité du site

Choix des espèces et compatibilité du site

Faire correspondre le bon matériel végétal aux bonnes conditions du site peut faire la différence entre le succès et l'échec d'un investissement dans une forêt plantée. De plus, chaque espèce et chaque source géographique de l'espèce a ses propres conditions de tolérance et de croissance (Webb et al., 1984). À mesure que le climat mondial se modifie, dans certains cas, les gestionnaires évaluent la possibilité d'adopter du matériel végétal provenant de zones climatiques plus chaudes ou d'origines mixtes pour atténuer les risques provoqués par le changement climatique.

Une vaste gamme de facteurs, comme le but de la forêt plantée, l'objectif de production (le cas échéant), les conditions dominantes du site (caractéristiques du terrain, climat, sol), la disponibilité des stocks de reproduction, et les caractéristiques sylvicoles et de croissance souhaitées, détermineront le choix des espèces les plus appropriées. Selon l'objet, les espèces sélectionnées devront produire des biens commercialisables comme du bois de construction, des fibres, du bois de feu, des aliments et des médicaments. Les espèces autochtones sont à préférer aux espèces introduites pour des raisons sociales ou écologiques. D'autre part, le matériel végétal des espèces forestières introduites peut avoir été amélioré à travers plusieurs générations de sélection artificielle pour obtenir une croissance rapide et des propriétés ligneuses ou une forme de la tige précises. Qu'il soit autochtone ou introduit, le matériel végétal doit être évalué quant aux risques d'envahissement qu'il pose pour l’environnement de la plantation, et quant aux risques que lui posent les maladies et les ravageurs de l’environnement de la plantation. Le cas échéant, le plan de gestion doit être en mesure d'atténuer suffisamment ces risques.

Pépinières et matériel végétal

Pépinières et matériel végétal

Garantir la qualité du matériel végétal est l'une des étapes les plus importantes de l’établissement d'une forêt plantée. Les gestionnaires doivent trouver un volume suffisant de matériel végétal viable à des coûts acceptables pour satisfaire leurs objectifs de gestion, ou bien ils doivent adapter ces objectifs.

Ensemencement direct des arbres

L'utilisation de technologies appropriées au niveau local fondée sur la demande locale est importante pour le succès d'une forêt plantée. Dans certaines situations, il est préférable d'augmenter graduellement la superficie de forêt, arbre par arbre, plutôt que de planter de vastes surfaces d'arbres à la fois. Dans ce cas, une combinaison d'ensemencement direct et de régénération naturelle assistée est une démarche utile pour établir une forêt plantée.

Par ensemencement direct on entend la mise en terre directe de la semence (souvent collectée localement à partir d'arbres ayant les qualités souhaitées). Les graines sont généralement collectées, plantées et entretenues par des résidents en fonction de leur propre volonté d'augmenter les arbres sur leur terre. L'ensemencement direct permet de réduire les frais d'investissement puisque la préparation intensive du terrain, l'acquisition des plantules, et l'entretien sylvicole ne sont pas nécessaires.

Les conditions propices de succès incluent la motivation et la formation des résidents en matière de collecte de graines et de plantation à des endroits où elles peuvent germer et pousser. Des objectifs de gestion qui peuvent tenir compte d'une augmentation graduelle du couvert arboré avec des arbres dispersés dans le paysage sont essentiel pour pouvoir réussir.

Pour plus d’informations voir:

 

Quelle que soit l'espèce ou l'origine du matériel végétal, la gestion des forêts plantées doit impérativement prendre en compte l'utilisation de semences ou d'autre matériel de propagation de haute qualité (par ex. semis et boutures) provenant d'arbres parentaux sains et bien formés. L'utilisation de matériel de propagation de haute qualité réduit la mortalité des semis causée par le choc de transplantation et la probabilité de devoir replanter. Pour les projets de boisement/reboisement à grande échelle, donc, il est conseillé de produire des semis forestiers dans des pépinières forestières spécialisées, des centres de semences forestières, ou des pépinières (communautaires) centralisées ou décentralisées exploitées par les projets. Des plants en contenants sont à préférer par rapport aux stocks à racines nues en raison d'un risque mineur de déshydratation et de choc de transplantation, et d'une plus grande probabilité de réussite de l'établissement (voir le module Ravageurs forestiers pour un argumentaire sur l'utilisation des semis à racines nues). Pour les espèces d'arbres qui donnent rarement des fruits ou qui ont des graines difficiles à faire germer, le matériel de reproduction clonal peut être produit à partir d'individus présentant les traits souhaités comme le taux de croissance élevé, la résistance aux ravageurs ou la qualité du bois.

Plantation et entretien sylvicole

Plantation et entretien sylvicole

Préparation du terrain et du site

La préparation du site de plantation afin de favoriser la survie, l'adaptation et la croissance rapides du matériel de reproduction est primordiale. Pour réduire l'érosion et la perte de nutriments, il faudrait éviter d'éliminer totalement la couverture végétale des sols. La préparation mécanique du site ne devrait pas être effectuée lorsque la capacité de rétention en eau du terrain est à son maximum car cela pourrait entraîner un tassement important du sol avec une augmentation de la densité et une diminution de l'espace des macropores. Lorsque on ne dispose pas de techniques mécanisées à faible impact, le débroussaillement devrait être manuel pour autant que possible afin de préserver la texture du sol et réduire la perte de nutriments. Des zones tampons devraient être établies et utilisées pour protéger les cours d'eau pérennes. Le brûlage contrôlé peut être utilisé pour l'éclaircissage des surfaces plus grandes de végétation basse secondaire mais cette technique demande des connaissances approfondies afin d'atténuer les dommages à l'environnement. Lorsque le terrain a une pente de plus de 15 pour cent, les rangées devraient en suivre la courbe.  L'élimination totale des adventices est à éviter pendant les travaux d'entretien sylvicole pour réduire l'érosion des sols.

Plantation des arbres

La plantation réussie d'arbres n'est pas simple et ne constitue en aucun cas la fin du processus de boisement/reboisement. Si les adventices ne sont pas supprimées, que les engrais ne sont pas appliqués (le cas échéant), et que les plantations ne sont pas protégées contre les incendies, le travail acharné des planteurs d'arbres et les efforts déployés dans la pépinière pour faire pousser les plants ne servent pas à grand-chose. Aussi, le boisement et le reboisement doivent être compris comme un processus à long terme et non pas comme un événement ponctuel de plantation d'arbres. Pour que la plantation d'arbres réussisse, les éléments suivants doivent être considérés comme un point de départ à adapter et à personnaliser en fonction des conditions locales et des bonnes pratiques:

  • Plusieurs espèces d'arbres appropriées peuvent être plantées sur un site donné. Pour des raisons logistiques, il peut être plus facile d'avoir un nombre réduit d'espèces sur un site donné et de varier les espèces dans le paysage.
  • Les plants peuvent être plantés au hasard sur un site avec des espacements moyens de 2-3 mètres entre arbres voisins , ou bien ils peuvent être plantés en rangées ou en groupes.
  • La cuvette de plantation devrait mesurer au moins 25 cm de profondeur et 25 cm de large (plus profonde pour les régions forestières sèches); voir (Chidumayo et Gumbo, 2010, Chapitre 9).
  • Normalement, la densité combinée des plants et des semis naturellement régénérés est d'environ 625 tiges par hectare (espacement moyen de 4 m x 4 m) mais elle peut arriver jusqu'à 10 000 tiges par hectare (1 m x 1 m) dans le cas de certaines espèces de feuillus. La densité de plantation devrait permettre d'établir un peuplement forestier capable d'atteindre les objectifs tout en minimisant le coût des semis ou de la main d'œuvre.
  • La hauteur optimale des plants est généralement de 25 à 50 cm. Lorsque l'on plante dans la végétation existante, comme dans le cas des plantations d'enrichissement, ils devraient mesurer 50 à 75 cm parce que des plants plus hauts sont mieux à même de concurrencer cette végétation existante. Les coûts plus élevés de production de plants plus grands dans les pépinières sont compensés par des taux de mortalités plus bas et des frais de désherbage réduits.
  • Les périodes les plus propices à la plantation des arbres sont celles où le sol est humide et les températures sont modérées (au début de la saison des pluies, et/ou à la fin du printemps). Les dates appropriées de plantation au niveau local peuvent être déterminées à partir des données météorologiques locales. Il est conseillé de planter tôt le matin pour réduire le stress thermique chez les travailleurs et les plants[BD(1] .
  • Les aspects logistiques de l'opération, depuis la pépinière jusqu'au site de plantation et dans le sol, doivent être planifiés avec attention pour réduire le temps de transport et d'exposition du matériel végétal au vent et au soleil desséchants.
  • Dans les climats tempérés, un relevé de terrain devrait être effectué 3 à 6 mois après la première plantation pour évaluer le taux de reprise. Les semis morts devraient être remplacés au début de la saison de plantation, si possible avec des semis de taille similaire à ceux qui ont survécu. Dans les climats tropicaux ou dans les plantations d'arbres à croissance rapide, le relevé sur l'établissement et le replacement des semis devrait se dérouler au cours de la même saison de plantation. En utilisant les bonnes pratiques en matière de plantation, le propriétaire forestier peut s'attendre à remplacer 10 à 15 pour cent des semis plantés.

Protection des semis

Les semis d'arbres, qu'ils soient naturels ou plantés, doivent être protégés par rapport à la concurrence des adventices pour accéder à la lumière, l'humidité et les nutriments; aux feux de végétation; et au broutage des animaux sauvages ou domestiques. Généralement, les forêts plantées échouent si les semis sont plantés puis abandonnés. Une croissance dense des adventices peut retarder la croissance des semis naturellement régénérés et des plants - et en provoquer la mort - à la suite de la concurrence pour l'humidité, les nutriments et la lumière. La lutte contre les adventices permet aux arbres nouvellement établis de survivre et de croître en minimisant les effets néfastes d'autres plantes sur les arbres que l'on désire conserver. Si le désherbage chimique est jugé nécessaire pour des raisons économiques, il ne devrait être effectué que par du personnel dûment qualifié en utilisant l'équipement nécessaire, en appliquant les désherbants conformément aux instructions du fabricant et les orientations, les réglementations et les lois des autorités pertinentes. La protection des plants contre les ravageurs et les maladies est indispensable pour leur survie; pour plus d'informations voir (Duryea et Dougherty, 1991; M. Kenis  et al. , 2019).

Entretien sylvicole, dépressage et élagage

L'entretien et le dépressage des forêts plantées sont des opérations sylvicoles visant à améliorer la qualité du peuplement en éliminant ou en supprimant la végétation indésirable, y compris les plantes grimpantes et les lianes, et à abattre les arbres mal formés, endommagés ou malades. L'objectif est d’accélérer le développement de la cime et la croissance du diamètre des arbres, de concentrer l'accroissement futur sur les arbres les mieux formés, et d'améliorer la stabilité du peuplement en augmentant l'espace vital des racines de la culture principale potentielle. La fermeture du couvert ou la mort des branches plus basses sont des éléments indiquant au gestionnaire forestier qu'il faut éclaircir le peuplement. Les opérations d'entretien et d’éclaircie sont des éléments importants pour la réalisation des objectifs de production (par ex. billes de sciage de haute qualité) le plus rapidement possible. Ne pas effectuer de dépressage n'est habituellement pas recommandé dans la production de bois d'œuvre à usage général ou de sciages et grumes de placage de bonne qualité, mais peut convenir dans la production de bois à pâte ou bois de feu.

L'élagage est l'élimination des branches latérales vivantes ou mortes, près ou à ras de la tige, et à flèches multiples, d'un arbre sur pied dans le but d'améliorer la qualité de son bois. L'élagage est couteux et ne devrait être pratiqué que dans des peuplements qui sont censés donner des billes de sciage ou de placage de bonne qualité. De nombreuses espèces cultivées dans les forêts plantées pratiquent l'élagage naturel, réduisant le besoin d’une taille active du peuplement. Lorsque cela est nécessaire, l'élagage ne devrait être effectué qu'après la première opération de dépressage, et devrait se limiter aux arbres potentiellement bons (c'est à dire, les cultures d'avenir).

Organisation et calendrier de travail indicatifs

Organisation et calendrier de travail indicatifs

Le rôle, les responsabilités et le calendrier de travail devraient être établis en vue de mettre en œuvre les projets de forêts plantées. Une erreur courante consiste à sous-estimer le temps de mise en œuvre. Les reconnaissances sur le site du projet devraient démarrer deux ou trois ans avant la plantation. Il est généralement préférable de planter des surfaces relativement petites chaque année sur plusieurs années plutôt que de planter une grande surface en une seule saison et de voir un grand nombre d'arbres plantés mourir par manque d'entretien. Le tableau plus bas donne un exemple de calendrier de travail pour un projet de forêt plantée d'échelle moyenne à grande visant la production de billes de sciages ou de placage.

Tableau 1. Calendrier de travail indicatif pour un investissement dans des forêts plantées dans un environnement avec saison sèche

Temps relatif à l'opération de plantation

Action

30 mois avant

Effectuer une reconnaissance du site de projet; clarifier les questions juridiques et le régime foncier; fixer les limites; mobiliser les parties prenantes et obtenir un consensus; préparer un plan préliminaire de projet; commencer à établir la pépinière

24 mois avant

Commencer à se procurer des semences contrôlées et à produire des plants dans les pépinières (en adoptant les bonnes pratiques de gestion des semences et des pépinières des espèces sélectionnées)

12-24 mois avant

Effectuer le relevé du site du projet; produire une carte topographique de l’utilisation des terres avec l'attribution des fonctions de la forêt; évaluer la possibilité d'accès routiers et de régénération naturelle

6 mois avant

Évaluer le nombre, la qualité et l'espèce des plants disponibles dans les pépinières

2 mois avant (3-4 semaines dans les climats tropicaux)

Commencer l'endurcissement des plants en pépinière

4-6 semaines avant

Délimiter les parcelles de plantation dans le terrain; indiquer la régénération naturelle; préparer les rangées de plantation; couper les adventices des rangées de plantation au niveau du sol

1 semaine avant

Informer les voisins et les équipes de planteurs

1-2 jours avant

Arroser les semis et les transporter sur le site de plantation, avec l'équipement et le matériel de plantation

 Campagne de plantation (au début de la saison des pluies): planter en respectant l'emplacement prescrit, taille du plant 25 à 50 cm

1-2 semaines après

Contrôler la qualité de la plantation; redresser les plants mal plantés

3-6 mois après (au cours de la même saison pour les climats tropicaux)

Surveiller les taux de croissance et de survie des arbres plantés; effectuer le désherbage et appliquer les engrais, et répéter l'opération le cas échéant

Début de la saison sèche

Préparer des pares-feux; construire des tours de surveillance des incendies; organiser des brigades de pompiers

Fin de la saison sèche

Surveiller la croissance et la survie des arbres plantés; évaluer le besoin de replanter

6–12 mois après

Replanter les zones où la plantation a échoué (si nécessaire)

Cycle d'entretien sylvicole: cette étape est extrêmement variable; les pratiques d'entretien et de récolte, et la période de rotation varient énormément en fonction de l'objectif de gestion, de la zone écologique, et de la rentabilité

Années suivantes

Lutter contre les adventices et les espèces grimpantes le long des rangées de plantation; contrôler l'ombrage; et appliquer des engrais, le cas échéant

Jeune forêt plantée

 

Éliminer les espèces grimpantes le long des rangées et dans les zones d’intervention; éliminer les arbres loups (arbres dominants qui privent les autres arbres de lumière), les arbres fourchus, les arbres à flèches multiples et toute autre tige indésirable

Forêt plantée d'âge moyen

 

Choisir 200 à 300 arbres d'avenir de taille et de qualité supérieures; déterminer les concurrents à éliminer; effectuer deux opérations d’éclaircie (coupes d’amélioration) par étapes pour aboutir à l’élimination de 60 pour cent environ des arbres.

Forêt plantée adulte

Effectuer l’éclaircie pour ne laisser que les arbres d'avenir définitifs; environ cinq ans avant la fin de la rotation, effectuer la dernière éclaircie (coupe de régénération) du peuplement définitif pour éliminer environ 50 pour cent du volume sur pied et favoriser la régénération naturelle (si cela fait partie du plan de gestion); à la fin de la rotation, récolter tous les arbres restants

Approche économique et coûts

Approche économique et coûts

Les forêts plantées sont des investissements à long terme avec des coûts associés, par exemple, à la sélection du matériel génétique; à la création de la pépinière; à la préparation, à la plantation, à l’entretien, au désherbage et à d’autres opérations sylvicoles concernant le site; à la protection; et à la récolte. Quelques coûts indicatifs, qui varient énormément en fonction des conditions locales, figurent plus bas. Pour plus d'informations, voir le module de la boîte à outils de la GDF sur le financements forestiers. Les coûts totaux d'un projet de forêt plantée réussi dans les tropiques, incluant la production de semis ainsi que le matériel et la main d'œuvre nécessaires, l'entretien et le suivi pour trois ans, seront probablement de l'ordre de 1 000 à 3 000 USD par hectare (Evans et Turnbull, 2004, tableau 6.1; FAO et CNULCD, 2015, tableau 2; Hitimana, 2019, communication personnelle). Les forêts plantées supposent des investissements considérables et leur protection à long terme est essentielle.

Après avoir établi une plantation, l'entretien sylvicole relève non seulement des compétences du gestionnaire forestier ou du hasard, dans le cas de perturbations naturelles non planifiées (feux, tempêtes de vent, ravageurs et maladies), mais aussi de l’approche économique. Les plantations sont souvent gérées pour les biens qu'elles peuvent produire et les revenus que leurs produits peuvent générer; les frais sont supportés grâce à une rotation mais ils ne sont récupérés qu'avec la récolte du bois ou les entrées perçues pour le paiement des services écosystémiques, les permis de chasse, ou autres cas similaires. Pendant la période comprise entre les frais engagés et la vente des arbres pour payer ces frais (maturation des investissements), la comptabilité du propriétaire reflète les coûts du capital, qui comprennent (Zhang et Pearse, 2012):

  • le taux d'intérêt en vigueur (les coûts d'opportunité de l'investissement)
  • l'inflation, car si elle est positive, une unité monétaire aura moins de valeur demain qu'aujourd'hui
  • le risque, le plus souvent établi à partir d'un risque connu et quantifiable pour le bois sur pied ou le prix
  • l'incertitude, ce que le propriétaire ne peut pas prédire ou connaître mais qui reflète une perception personnelle ou culturelle d'un avenir possible

Ainsi, les espèces à croissance rapide, les rotations plus courtes, et le renoncement au dépressage et à l'élagage pré-commerciaux peuvent être plus intéressants en tant que proposition commerciale si le coût du capital est élevé. Dans des situations économiquement, politiquement ou socialement instables, un propriétaire foncier pourra rationnellement investir moins et récolter plus tôt dans sa forêt plantée, indépendamment des mérites sylvicoles de l'entretien. Pour le propriétaire foncier qui exploite une plantation commerciale, son investissement doit au moins produire le même rendement que le taux de rendement ajusté au risque à long terme d'autres investissements rentables.

Avantages au niveau local

Avantages au niveau local

Les avantages financiers, tels que ceux créés par l'emploi, la récolte des produits forestiers, l'écotourisme, et les services écosystémiques, sont les facteurs les plus évidents et les plus mesurables de motivation favorisant la participation des parties prenantes à des projets de plantation d'arbres. En outre, les populations vivant à proximité des forêts plantées apprécient souvent des avantages moins tangibles, tels que l'amélioration de l'environnement (ressources en sol et en eau) et de l’infrastructure villageoise (rénovation des bâtiments scolaires), le maintien des traditions culturelles, et le profit politique (renforcement des droits fonciers) comme des raisons tout aussi importantes – ou plus encore – pour planter des arbres et reboiser les paysages.

Enjeux actuels

Enjeux actuels

Adaptation au changement climatique

Une intensité, une quantité et une fréquence accrues des risques biotiques et abiotiques (par ex. phénomènes météorologiques extrêmes) prévus en raison du changement climatique pourraient augmenter la vulnérabilité des forêts plantées et avoir de graves répercussions sur la productivité des forêts et la fourniture de services environnementaux. Les directives de la FAO relatives au changement climatique à l'intention des gestionnaires forestiers fixent des interventions spécifiques pour réduire les risques que posent le changement climatique pour les forêts plantées.

Biotechnologie

L'application des biotechnologies dans les forêts plantées est souvent considérée comme une opportunité pour fournir de nouvelles variétés d'arbres et de matériel de reproduction adaptés à l'évolution des conditions environnementales, sociales et économiques. L’ingénierie génétique, par exemple, permet d’accroître la productivité des forêts plantées et de produire du matériel végétal plus résistant aux ravageurs, à la pénurie d'eau et aux effets du changement climatique (FAO, 2014, chapitre 8). Cependant, les risques environnementaux potentiels posés par les organismes génétiquement modifiés suscitent également de vives inquiétudes. Il s'agit notamment de la possibilité de développer des espèces agressives et invasives, et de la perte de biodiversité due au déplacement des cultivars traditionnels par un petit nombre d'organismes génétiquement modifiés.

Certification des forêts

La certification des forêts est un outil permettant de promouvoir la durabilité sociale, environnementale et économique de la gestion forestière. Il s'agit d'un dispositif commercial important pour la valorisation de la gestion durable des forêts qui fournit une preuve que les forêts sont gérées de manière responsable. Un label de certification apposé sur un produit forestier informe les acheteurs potentiels que ce produit a été fabriqué dans une forêt bien gérée, conformément à un ensemble de normes données. Pour plus d'informations voir le module de la boîte à outils de la GDF sur la Certification des forêts.

Forêts naturelles et forêts plantées

À l'échelle mondiale, la demande de produits forestiers tels que le bois de construction, les fibres de bois, le bois de feu et les produits forestiers non ligneux augmente sous l'effet de l'évolution démographique, de la croissance économique, des politiques favorisant l'utilisation des énergies renouvelables, et des campagnes mondiales mettant en avant la valeur du bois en tant que matériau respectueux de l'environnement. Dans le même temps, la superficie et la qualité des forêts naturelles diminuent, et les forêts naturelles restantes sont de plus en plus souvent affectées à la protection des sols et de l'eau, à la conservation de la biodiversité et à d'autres fins qui excluent ou limitent la production de bois (FAO, 2020). Ainsi, le rôle des forêts plantées pour répondre à la demande croissante de produits forestiers est de plus en plus important (Carle et Holmgren, 2008; Jürgensen, Kollert et Lebedys, 2014; Payn et al., 2015). Pour obtenir des résultats positifs, il est important que les forêts plantées ne supplantent pas les forêts naturelles saines restantes et que les bonnes pratiques soient mises en œuvre et contrôlées par la communauté mondiale (FAO, 2006).

Forêts plantées et biodiversité

La biodiversité est à la base des fonctions que les forêts assurent aux personnes et à l'environnement. La biodiversité dans les forêts est principalement conservée par les populations sauvages d'arbres et les organismes qui leur sont associés; cette biodiversité peut être considérée comme ayant une valeur intrinsèque (par ex. pour des raisons culturelles ou spirituelles) ainsi qu'une valeur à des fins utilitaires, comme une boîte à outils et un modèle d'options qui aident à améliorer la résilience. Les écosystèmes forestiers naturels conservent la majorité de la biodiversité terrestre; l'importance du maintien de la biodiversité dans les écosystèmes forestiers a donc été soulignée dans de nombreux accords et conventions internationaux.

Si les forêts plantées peuvent compléter les forêts naturelles dans la conservation de la biodiversité, elles ne remplacent pas les fonctions des forêts naturelles en tant que réservoir de biodiversité. Les forêts plantées peuvent être considérées comme une utilisation spécialisée d'une petite partie de la biodiversité conservée dans les forêts naturelles. Lorsque les gestionnaires souhaitent accroître la diversité des biens et services fournis par les forêts plantées, ou augmenter la résilience de la forêt face aux perturbations ou aux changements, il devient alors souhaitable d'accroître également la biodiversité dans la forêt plantée. Cela peut se faire au niveau de la génétique, de l'espèce, du compartiment ou du paysage, mais aussi par la rotation des cultures au fil du temps au même endroit (Carnus et al.,2006).