La FAO au Tchad

FAO renforce la coopération sud-sud entre le Tchad et le Niger

@FAO-Tchad
18/11/2021

Le Tchad s’inspire de l’expérience nigérienne en matière de financement des exploitations agricoles et des petites et moyennes entreprises agro-alimentaires. C’est dans ce sens que le Ministère du Développement Agricole du Tchad, avec l’appui conjoint du Programme FIRST et la Division de la Coopération Sud-Sud de la FAO et en étroite collaboration avec les bureaux pays de la FAO Tchad et de la FAO Niger, a organisé un voyage d’étude sur l’expérience de financement des exploitations agricoles et des Petites et Moyennes Entreprises (PME) du secteur agricole et alimentaire par la Banque Agricole du Niger (BAGRI). L’objectif de ce voyage était d’identifier les bonnes pratiques/innovations en matière de financement des exploitants et des PME agricoles et alimentaires du Niger en vue de relever les défis et adresser les goulots d’étranglement qui se posent au Tchad dans le domaine. Les résultats de ce voyage ont été restitués aux acteurs et promoteurs du secteur privé national au cours d’un atelier organisé le 18 novembre 2021 à N’Djamena.  L’objectif de l’atelier était de mieux discuter les résultats du voyage et tirer les leçons apprises pour arriver à des conclusions et recommandations pratiques pour la suite à donner surtout pour la préparation du plan d’actions de renforcement des capacités des PME.

Dans son intervention à l’ouverture de l’atelier M. Serge Tissot représentant de la FAO a évoqué la contribution déterminante que peut apporter le secteur privé, notamment les producteurs/trices et les entreprises agricoles et alimentaires dans la transformation des systèmes alimentaires à la fois en tant promoteur de projets mais aussi dans le cadre la fourniture des services économiques et de conseil agricole. Pour que les producteurs et les PME réussissent efficacement ils ont besoin du soutien de l’Etat à travers la création d’un environnement propice aux investissements dans le secteur a-t-il ajouté. Il a terminé en renouvelant la disponibilité de la FAO à poursuivre son appui à la promotion du secteur privé national agricole et alimentaire.

Quant au Directeur Général représentant Mme la Ministre en mission, en prononçant son discours d’ouverture il s’est d’abord réjouie du succès du voyage au Niger à travers les résultats obtenus. Le Gouvernement du Tchad s’engage à mettre en œuvre les actions prioritaires retenues pour valoriser les résultats de cette expérience a-t-il annoncé. Il a enfin remercié la FAO et l’Union européenne pour leur appui précieux à la réalisation de ce voyage et des autres activités y afférentes.

Au cours de ce voyage, les acteurs du Niger ont partagé avec la délégation tchadienne leurs expériences sur la politique nationale de sécurité alimentaire et nutritionnelle. Il s’agit notamment de la stratégie nationale de sécurité alimentaire et nutritionnelle et d’agriculture durable dénommée l’Initiative 3N « les Nigériens nourrissent les Nigériens » et les arrangements institutionnels ainsi que les mécanismes de financement qui contribuent à l'amélioration de l'agriculture, de la sécurité alimentaire, de la nutrition et des systèmes alimentaires.

Le premier mécanisme de financement est représenté par la BAGRI créée en 2010 avec un capital de 10 milliards de FCFA, soit 18,2 millions de USD pour contribuer au financement de l’Agriculture. Avec 24 antennes dans les provinces, Elle offre plusieurs services et produits parmi lesquels, le crédit, la mobilisation de l’épargne, le crédit adossé à la subvention, le warrantage, la gestion de lignes de crédit et de fonds de garantie mis en place par les projets et programmes ainsi que certains de ses partenaires, la formation et l’éducation financière ainsi que le refinancement des institutions de microfinance. La BAGRI est éligible au Fonds vert climat dont elle vient de bénéficier un financement d’un montant de 11 millions de USD. En outre, elle a reçu un autre financement de la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC pour un montant de 7 milliards de FCFA.

Les expériences de caisse d’épargne et de crédit est également très développé du Niger et se rencontre dans toutes les régions comme mécanisme de financement de proximité. La délégation du Tchad s’est intéressée à l’expérience de la COOPEC Kokari qui a évolué du statut de coopérative de service à sa création en 1994 à celui de COOPEC en 2012. Cette caisse consacre 80% de son portefeuille de crédit au financement de l’agriculture. Elle offre une gamme variée de services dont le crédit, l’épargne, l’éducation financière, la gestion des lignes de crédit, la gestion des fonds de garantie et le renforcement des capacités des organisations des producteurs partenaires. Au cours des quatre dernières années, elle excelle également dans la mise en œuvre du cash transfert et les différentes approches de crédit islamique.

Les autres modèles et mécanismes de financement des PME du secteur agricole et alimentaire au Niger sont les expériences de gestion de fonds de garantie réalisées par la Société Sahélienne de Financement (SAHFI) et le Fonds d’investissement pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle (FISAN) développé dans le cadre de mise en œuvre de l’Initiative 3N. C’est un instrument de mobilisation des fonds publics et privés et d’harmonisation des pratiques de financement avec trois guichets : (i) soutien au financement agricole (crédit et subvention) ; (ii) financement des investissements structurants dont la mise œuvre est confiée à l’Agence nationale de financement des collectivités territoriales (ANFIT) ; (iii) financement du conseil agricole, de la recherche appliquée et du renforcement des capacités des acteurs. A cela s’ajoute l’expérience de warrantage développée par l’Union « Soudji » de Kiota en partenariat avec la Caisse d’épargne et de crédit « Bukintarey » de la même localité. C’est une technique de crédit qui se base sur une garantie de produits agropastoraux susceptibles d’augmenter de valeur. Elle permet à la fois aux producteurs d’accéder à un financement tout en sécurisant leurs récoltes.

Un autre modèle de financement des exploitations familiales est représentée par l’expérience de gestion de ligne de crédit conduite par la Fédération paysanne Mooriben du Niger. Les lignes de crédit sont des fonds mobilisés auprès des partenaires techniques et financiers (PTF), en particulier les bailleurs de fonds mis à la disposition des unions des groupements paysans et dont la gestion est confiée à une institution de microfinance (IMF) à travers une convention qui lie les trois parties prenantes.

En plus de la question du financement des PME et en relation avec certains projets en instance de démarrage au Tchad, la délégation tchadienne s’est intéressée à l’expérience Réseau nationale des Chambres d’agriculture du Niger (RECA), le centre incubateur des petites et moyennes entreprises (CIPMEN) et l’Agence de promotion du conseil agricole (APCA). Ce sont des dispositifs mis en place pour accompagner l’insertion économique et professionnelle des femmes et des jeunes dans le secteur agricole et alimentaire tout en contribuant à la promotion du secteur privé dans le domaine.

Un autre résultat, non des moindres, est que les deux parties ont convenu de poursuivre le partage de connaissances au-delà du présent voyage à travers des initiatives de collaboration dans le cadre de l’appui à l’amélioration du financement du secteur agricole ou de la mise en place des chambres d’agricultures au Tchad.

Les participants à l’atelier ont décidé d’utiliser les résultats de ce voyage pour élaborer un programme de renforcement des capacités du secteur privé agricole et alimentaire au Tchad. Dans cette optique les actions prioritaires retenues concernent : la création d’une banque agricole, la mise en place d’un fonds de calamités, la mise en place des chambres d’agriculture, le développement d’un dispositif de conseil agricole à distance et la création d’un incubateur de start-up et des PEM du secteur agroalimentaire. Un comité ad’hoc de 5 membres chargé de piloter le processus d’élaboration du programme de renforcement des capacités avec l’appui de la FAO a été mis en place et placé sous la tutelle du Ministère en charge de l’Agriculture. Enfin, les participants à l’atelier ont demandé aux représentants des différents Ministères d’élaborer des fiches pour rendre compte à leur hiérarchie des résultats de l’atelier en y joignant le rapport de la mission. Les participants ont adopté une feuille de route pour conduire le processus à termes dans les meilleurs délais.