CHAPITRE 9 - Infestations du poisson par des vers cestodes | 86 | |
| ILLUSTRATIONS: | Planches 16 et 17 | |
| Les cestodes adultes parasitent les intestins de leurs hôtes-poissons; ils sont généralement grands et nombreux; ils touchent presque exclusivement les poissons siluriformes, plus communément les Clariidés et les Polyptéridés. Seuls les cestodes monozoïques (non segmentés), les Caryophyllaéidés se manifestent dans une large catégorie de familles de poissons. Toutefois, même ceci étant, les hôtes siluroïdés sont prédominants. En Afrique, on en a signalé pas moins de 40 espèces sur des poissons appartenant à 13 genres et à 5 familles (Amphilinidés, Caryophyllaéidés, Bothriocephalidés, Ptychobothriidés et Proteocéphalidés). Les méthodes de fixation, de préservation, de coloration et de montage sont similaires à celles employées pour les trématodes et décrites dans la section 8.1. | ||
| Les larves de cestodes (pseudophyllido-pleurocercoïdes et dilepoïdocysticercoïdes) se manifestent dans une large plage de poissonshôtes comprenant les cyprinidés (Barbus sp.) et les cichlidés. Les hôtes définitifs de ces cestodes sont apparemment des oiseaux piscivores, des mammifères ou des reptiles. | ||
| Les ligulidés pleurocercoïdes (notés dans quelques communications comme des pleurocercoïdes de Ligula intestinalis quoiqu'ils puissent aussi bien appartenir à différents espèces ou genres de Ligulidés), sont dignes d'attention parmi les larves de cestodes. Ils peuvent atteindre 100 mm de long et 10 mm de large. Ils s'installent eux-mêmes dans la cavité abdominale des petits poissons tels que les cichlidés et les cyprinidés de 100 à 150 mm de long. | ||
| BIOCYCLE ET BIOLOGIE: | Tous les cestodes se développent grâce à des hôtes intermédiaires. Les copépodes sont le premier hôte définitif des cestodes polyzoïques (segmentés) hébergés par des familles de poissons représentés en Afrique. Le premier hôte définitif du Caryophylleus monozoïque est un annélide du genre Tubifex (ou de genres voisins); celui des cestodes amphilinidés est un amphipode. | |
| Les oeufs évacués dans l'eau avec les fèces de l'hôte définitif sont ingérés par l'hôte intermédiaire (chez les caryophyllaeidés) ou incubés (chez les cestodes pseudophylléidés) et la larve ciliée - le coracidium - est ingérée par le copépode-hôte intermédiaire. | ||
| La seule espèce africaine étudiée est Bothriocephalus aegypticus. Les coracidiums obtenus des oeufs incubés ont été ingérés par Mesocyclops leuckarti. Dans les intestins du copépode, la larve, onchosphère, émerge du manteau cilié du coracidium et entre en traversant la paroi intestinale dans la cavité du corps où elle se transforme en procercoïde. | ||
| Le biocycle de quelques espèces de cestodes bothriocéphalidés comprend un stade larvaire chez le poisson tandis que dans d'autres espèces ce stade est absent. Les deux types de biocycles existent parmi les bothriocéphalidés infestant les poissons africains. Le second stade du développement larvaire est absent chez la plupart des cestodes proteocéphalidés. Le développement, larvaire des cestodes ptychobothriidés des poissons africains n'a pas encore été étudié jusqu'alors. Les oeufs incubés de Polyonchobothrium clarias ont donné des coracidiums. | ||
| PREDOMINANCE ET DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE CONNUE: | On a signalé des cestodes dans les poissons du Nil, en Egypte et au Soudan, des lacs de l'Afrique de l'Est et de l'Ouest, du lac Tchad, du Niger, en Sierra Leone, et du bassin du Congo. Des données quantitatives provenant du Nil soudanais montrent une prédominance de l'infestation allant de 7 à 10 % chez Synodontis sp., de 13 à 70 % chez divers siluroïdés et chez Polypterus sp. Elle était également élevée chez les mormyridés et chez Heterotis niloticus (70 et 80 %, respectivement). On a généralement trouvé des poissons parasites par de nombreux individus, ordinairement de 5 à 20, quelques poissons en ayant porté jusqu'à plus de 50. | 87 |
| Tous les cestodes sont hautement spécifiques à l'égard de leur hôte définitif dont l'éventail est ordinairement réduit à un genre de poisson ou à quelques genres étroitement voisins. | ||
| PATHOLOGIE: | Cette association très fermée hôte/parasite se manifeste par l'absence de conséquences pathogènes même lors de fortes infestations par de nombreuses espèces de cestodes comprenant des individus de grande taille. D'autres cestodes toutefois, s'ils apparaissent en grand nombre, causeront des entérites hémorragiques, la destruction de l'épithélium intestinal entraînant le gonflement de l'abdomen, l'émaciation et l'anorexie. De telles situations ont été signalées dans les élevages de carpes du nord de l'Eurasie, infestées par des cestodes des genres Caryophyllaeus, Kawia et Bothriocephalus | |
| Les larves de cestodes montrent ordinairement un faible degré de spécificité et parasitent un large éventail d'hôtes. Les pleurocercoïdes et les cystocercoïdes (larves de dilépididés et autres) enkystés dans le mésentère ou dans les viscères en nombre faible ou modéré, n'induisent qu'une réponse locale du tissu, sinon aucune. Une infestation plus lourde entraîne une irritation, une inflammation et des adhérences consécutives du mésentère et du péritoine ainsi que des modifications tissulaires dans les viscères sévèrement infectés. Cette situation n'a pas encore été signalée chez les poissons africains. Chez les poissons d'Eurasie, les pleurocercoïdes de Ligula trouvés enkystés dans la cavité abdominale ont été signalés comme exerçant une pression sur les viscères et entraînant, par voie de conséquence, une atrophie et une nécrose de ces organes. Cette pression contrarie souvent le développement des gonades et entraîne la stérilité du poisson. Une forte infection causera éventuellement la mort du poisson. | ||
| REFERENCES: | 18, 104, 121, 123, 150, 193, 247, 275, 281, 291. | |
PLANCHE 16: FORMES LARVAIRES DE CESTODES
Développement larvaire de Bothriocephalus aegypticus d'après Rysavy et Moravec
