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CHAPITRE 11 - Infestations du poisson par les acanthocéphales, vers à tête armée

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ILLUSTRATIONS:Planche 20 
ESPECES AFFECTEES:Les représentants de nombreuses familles de poissons. 
SIGNES APPARENTS:Aucun; on trouve les parasites dans le système alimentaire, attachés à la muqueuse intestinale. 
CAUSE:Seize espèces, venant de dix genres d'Acanthocephala ont été signalées sur des poissons d'Afrique. 
DIAGNOSE:L'infection est révélée par l'examen de l'intérieur de l'intestin. Les vers sont allongés, en forme de sac, avec un proboscis rétractile armé d'un nombre variable d'épines. Le nombre et la disposition des épines sur le proboscis constituent des critères taxonomiques importants. Pour la diagnose au niveau de l'espèce, les vers doivent être fixés avec leur proboscis développé. Avant la fixation dans l'AFA ou dans la solution de formol à 4%, il convient donc de tremper les vers dans de l'eau distillée (ou courante) jusqu'au complet relâchement et développement de leur proboscis. 
DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL:Les acanthocéphales sont différenciés de tous les autres helminthes par la présence d'épines sur leur proboscis. 
BIOCYCLE ET BIOLOGIE:Tous les acanthocéphales ont besoin d'un hôte intermédiaire. Les oeufs lâchés dans la lumière intestinale de l'hôte définitif et déféqués dans l'eau, s'ils sont avalés par un hôte-arthropode approprié, incuberont et les larves s'enkysteront comme acanthelles dans les muscles ou dans le tissu conjonctif de l'hôte. Les hôtes intermédiaires des acanthocéphales parasites des poissons sont des Amphipodes, des Isopodes ou des insectes aquatiques. Les larves d'acanthocéphales, quand elles sont avalées par le poisson avec leur arthropode, sortent du kyste et se transforment ensuite en adulte. Quelques acantocéphales (du genre Pomphorynchus) subissent toutefois un stade larvaire supplémentaire dans un poisson avant d'atteindre la maturité. Dans ce stade larvaire l'acanthor est enkysté dans les viscères du poisson. L'espèce du poisson-hôte intermédiaire est ordinairement différente de l'espèce de l'hôte définitif mais ce peut être également la même. Le biocycle et les hôtes intermédiaires des Acanthocépales des poissons africains sont inconnus jusqu'alors. 
EPIZOOTOLOGIE:La majorité des espèces d'acanthocéphales rencontrées sur des poissons en Afrique ont été trouvées sur plus d'une espèce de poisson-hôte et souvent sur des représentants de nombreuses familles de poissons. Ces espèces d'acanthocéphales ne sont pas hautement spécifiques vis-à-vis de leurs hôtes. Cette faible spécificité est évidente chez de nombreuses espèces d'acanthocépales ailleurs. Parmi les espèces de poissons servant d'hôtes, certaines paraissent être des hôtes plus appropriés que d'autres. Chez ces hôtes, les parasites ont mieux survécu, se sont développés plus rapidement et ont atteint des tailles plus grandes. 
Les données utilisables sur les niveaux d'infestation des Acanthocéphales en Afrique sont jusqu'alors très limitées. Dans le Nil soudanais, on a trouvé des infections sur 93% des Heterotis niloticus examinés (5 à 27 parasites par poisson), sur 60% des synodontis batensoda (6 à 43 parasites par poisson). Les mêmes poissons ont été trouvés fortement infestés dans le lac Tchad, mais non dans le bas Niger. 
PATHOLOGIE:On n'a pas observé que les acanthocéphales soient généralement sérieusement pathogènes à l'égard des poissons. L'insertion du proboscis épineux dans la paroi intestinale détruit de petits morceaux de muqueuse et de conjonctif. Même si un dommage local sèvère est évident -nécrose, changement tissulaire, ulcération, formation de granules ou de capsules (particulièrement évidentes dans les espèces de Pomphorynchus qui insèrent leur proboscis au travers de la paroi intestinale) il n'y pas d'effet démontré sur le taux de croissance ou de survie du poisson. Toutefois, dans quelques infestations, une agression sévère et localisée de l'intestin a un effet conséquent sur la croissance et la survie du poisson (chez les Salmonidés infestés par Echinorhynchus salmonis et Acanthocephalus jacksoni). Dans quelques poissons infestés, on a observé une perforation de l'intestin suivie d'une péritonite. On n'a pas d'information utilisable sur les effets de l'infection sur les poissons africains.105
CONTROLE:On recommade du Bithiniol (20 000 ppm dans la nourriture) ou le Di-N-butyl tin oxyde (3 à 5 mg/kg de poisson) pour lutter contre Echinorhynchus et Pomphorhynchus dans les fermes piscicoles en eaux froides. 
DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE CONNUE:On a des données valables sur l'acanthocéphalose du poisson dans le haut et le bas Niger (Sénégal, Mail et Nigeria), dans les lacs Victoria, Edouard, George, Kivu, Tanganyika, Malawi, Tchad, le Nil soudanais et à Madagascar. Quelques espèces, Acanthogyrus tilapiae sur les cichlidés et Tenuisentis niloticus chez Heterotis niloticus, sont largement distribuées dans tous les systèmes aquatiques africains étudiés. Les autres espèces ont été signalées jusqu'alors dans un ou deux systèmes aquatiques, mais actuellement, les données utilisables en ce qui concerne ces espèces sont trop limitées pour qu'on puisse en tirer une évaluation de leur distribution géographique. 
REFERENCES:19, 25, 36, 72, 77, 90, 104, 121, 123, 275, 276, 277, 281. 

PLANCHE 20

PLANCHE 20: ACANTHOCEPHALES

  1. Paragorgorhynchus chariensis, mâle, 10–11 mm de long
  2. Pallisentis tetraodontae, proboscis
  3. Pallisentis tetraodontae, femelle, 4,5 mm de long
  4. Oeuf (de Neoechinorhynchus) (60 × 25 μm)
  5. Acanthelle de Gammarus, Amphipodes (1–4 mm)
  6. Acanthelle de Cypris, Ostracodes (2–4 mm)
  7. Cystacanthe (Acanthor) de poisson (3–6 mm)

1.-3. d'après Troncy


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