Il existe autant de miels différents que de fleurs qui offrent leur pollen aux abeilles qui les butinent. Et s’il y a bien une personne capable de raconter cette délicieuse collaboration entre la flore et la faune, c’est Gloria Montenegro. Biologiste de formation, elle a consacré sa carrière à l’étude de la botanique et à la conservation des plantes chiliennes locales – surtout celles qui attirent les abeilles.
«Si une abeille récolte le nectar d’une [plante] qui est endémique, le miel est endémique», explique-t-elle.
En tant que professeur de botanique à l’Université pontificale catholique du Chili, elle a passé des dizaines d’années à identifier et à certifier certains miels chiliens uniques. Et beaucoup de ces miels ont des propriétés uniques, à la fois en cuisines et ailleurs.
«Nous avons découvert que le miel d’Ulmo est un produit naturel très puissant pour endiguer la bactériose des tiges», dit-elle en guise d’exemple, en parlant d’une bactérie qui cause la pourriture dans les récoltes, les plantes et les fruits.
Depuis lors, elle a créé un cachet qui certifie le pouvoir bactéricide du miel chilien d’Ulmo, et cette initiative aide à commercialiser le produit à l’échelle nationale et internationale.
Dans son laboratoire, avec son équipe, elle apprend aux apiculteurs comment améliorer la qualité de leurs produits et être éligibles à la certification afin d’augmenter leur valeur sur le marché.
Malgré son travail en laboratoire, les connaissances qui pour elles ont le plus de valeur sont celles tirées de l’expérience sur le terrain, et du travail avec les agriculteurs et les apiculteurs chiliens qui habitent les terres.
Une grande partie de ce travail consiste à sauvegarder les plantes qui rendent possible ces miels uniques.
«La conservation et l’utilisation durable de nos ressources ont toujours été deux points essentiels dans mon travail,» dit Montenegro, dont la recherche pionnière dans le domaine des écosystèmes a ouvert la voie aux programmes de restauration environnementale au Chili et a fait d’elle la première scientifique d’Amérique latine à remporter le Prix L’Oréal-UNESCO pour les Femmes et la Science en 1998.
À ses yeux, c’est «tout à fait faisable» de cultiver des produits endémiques, construire un système alimentaire durable et impliquer les communautés locales, tout à la fois.
Avec la FAO, elle élabore actuellement une stratégie qui vise à accroître la valeur d’une douzaine de miels chiliens et à les positionner sur les marchés nationaux et internationaux –de manière à produire de bons revenus pour les producteurs locaux et leur permettre de réinvestir dans la protection d’espèces végétales locales.