Mount Airy est une communauté agricole vallonnée située à environ une heure de route à l’ouest de Kingston, la capitale de la Jamaïque. Elle compte le deuxième plus grand nombre d’agriculteurs enregistrés dans le pays, mais cela ne signifie pas qu’il est facile d’y produire des denrées alimentaires. Demandez à Karen Messam.
À 57 ans, elle a travaillé toute sa vie ici, et l’eau a toujours été un problème. Le climat peut être impitoyable et l’accès à l’eau courante est limité dans cette région montagneuse.
Pendant longtemps, une grande partie des revenus de Karen a été consacrée à l’achat d’eau auprès de camions pour irriguer ses cultures. Quand ses revenus ne suffisaient pas à couvrir les frais, elle était à la merci de la pluie, espérant que la saison lui permettrait d’arroser les poivrons, les piments doux et les échalotes de sa ferme maraîchère. Tout cela a changé lorsque son groupe d’agriculteurs de Mount Airy a eu accès à un système d’irrigation au goutte-à-goutte de dernière génération. Grâce à ce système, qui s’appuie sur quelque 700 mètres de tuyaux, des dispositifs de surveillance du sol, des programmateurs d’irrigation et une pompe solaire, l’expérience agricole de Karen a connu une transformation remarquable.
«J’apprécie le système goutte-à-goutte», dit-elle. «Il m’aide énormément.» D’une part, la technologie d’irrigation a permis de réduire le temps d’arrosage de quatre heures à cinq minutes seulement. «À l’époque où j’utilisais un seau, je devais arroser chaque plante [à la main] et c’était vraiment difficile. Mais à présent c’est beaucoup plus simple.» D’autre part, le système d’irrigation goutte-à-goutte est aussi un système fertilisant qui nécessite moins d’engrais qu’avant. Le petit sac d’engrais d’une demi-livre qu’elle peut s’offrir est mélangé à l’eau et nourrit les racines des plantes, ce qui augmente les rendements de ses poivrons et piments doux. Selon Karen, elle réalise désormais régulièrement des bénéfices.
Débarrassée du problème de la pénurie d’eau, Karen a vu son sentiment d’indépendance s’envoler. N’étant plus préoccupée par la disponibilité de l’eau, cette mère de six enfants s’est fixé pour objectif d’augmenter sa production et de conquérir de nouveaux marchés. «En décembre, je prévois d’apporter mes produits à Kingston», affirme-t-elle en parlant du plus grand marché de la Jamaïque, le Coronation Market. Elle réalisera ainsi un rêve de longue date. «Avant je n’avais pas assez de marchandises et je ne pouvais vendre qu’à May Pen. Maintenant je peux planter davantage, j’ai hâte de vivre cette expérience.»
Karen a bénéficié de l’Initiative conjointe Mexique-CARICOM-FAO, «Coopération pour l’adaptation et la résilience au changement climatique dans les Caraïbes.» L’initiative pour des Caraïbes résilientes, financée par l’Agence mexicaine de coopération internationale pour le développement (AMEXCID) et mise en œuvre par la FAO, soutient les petits États insulaires en développement (PEID) des Caraïbes en utilisant une approche intégrée du lien eau-énergie-alimentation à la Barbade, à Antigua-et-Barbuda, à la Jamaïque et à Saint-Kitts-et-Nevis. Il encourage les innovations technologiques, telles que les systèmes de micro-irrigation alimentés par l’énergie solaire pour améliorer l’efficacité et la gestion de l’eau (par exemple, l’hydroponie et la collecte des eaux de pluie), et l’accès à l’énergie propre et renouvelable (solaire et éolienne), afin d’accroître la productivité agricole et l’efficacité de l’utilisation de l’eau.