Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture

16 octobre 2025

Journée mondiale de l'alimentation

Majongbeh S. Kamara

«Nous sommes très heureuses car de plus en plus de membres nous rejoignent grâce au rendement des cultures»
09/08/2023

Libéria

Au Libéria, où peu d'agriculteurs ont accès à des systèmes d'irrigation par canalisation, la production agricole est encore largement tributaire de la pluie. Cela signifie que pendant la saison sèche, qui est aussi la saison de pointe pour la production de légumes, ils doivent s'acquitter de la tâche ardue d'arroser leurs jardins manuellement.   

«Chaque jour, nous devions marcher plusieurs heures jusqu'aux cours d'eau les plus proches pour aller chercher manuellement l'eau nécessaire à l'irrigation des champs», explique Majongbeh S. Kamara, présidente du groupe de femmes rurales de Gbegbedu, dans le comté de Lofa, au nord du Libéria. «Cela demandait beaucoup de travail et n'était pas viable.» 

Aujourd'hui, le groupe exploite un terrain de quatre hectares. Il possède en outre huit étangs pour la pisciculture, où il élève quelque 5 000 tilapias. Pendant des années, ces deux entreprises ont été séparées, mais il y a six mois, le groupe a décidé de combiner les deux activités pour créer la première production intégrée de poisson et de légumes dans leur comté.    

Les femmes ont converti les terres situées le long de leurs étangs de pisciculture en champs productifs pour y cultiver des légumes frais. Elles ont ensuite utilisé l'eau de l'étang, qui est riche en azote grâce au fumier de poisson et qui est idéale pour irriguer et fertiliser les légumes. En retour, les feuilles de pommes de terre fraîches des jardins voisins sont intégrées dans la nourriture des poissons pour améliorer leur alimentation. Le système est donc gagnant-gagnant pour les pisciculteurs et les maraîchers, sans utilisation de produits agrochimiques. 

Le groupe a acquis ces compétences lors d'une visite d'échange dans un centre de formation et de développement agricole en République du Bénin, le Centre Songhai, soutenue par la FAO.  

«Grâce à cette nouvelle approche, nous disposons désormais de suffisamment d'eau pour irriguer les légumes», explique Majongbeh. «Nous n'avons pas besoin d'acheter des engrais car les eaux des étangs sont déjà riches en nutriments pour les plantes.»  

Le nouveau système leur permet de produire des légumes en toute saison, avec moins de temps et d'efforts.  

«Avec ce nouveau jardin intégré, nous venons arroser les légumes tous les matins, puis à 8h30, nous commençons à nourrir les poissons dans les étangs.»  

Le jardin fonctionne si bien que tous les passants le remarquent, ce qui a suscité de l'intérêt.  

«Nous sommes très heureuses car de plus en plus de membres nous rejoignent grâce au rendement des cultures», dit-elle. «Au début, nous avions environ 20 membres et la plupart d'entre elles se désintéressaient du jardinage à cause de la pénurie d'eau. Mais depuis que nous avons commencé à cultiver à proximité des étangs à poissons, de plus en plus d'habitants manifestent un intérêt nouveau.»  

Il y a trois ans, la FAO a aidé Majongbeh et le Groupe de femmes rurales de Gbegbedu à mettre en place leurs étangs à poissons et leurs opérations de pisciculture, et a facilité les échanges de connaissances pour développer leur esprit d'entreprise.