Pour la plupart des gens, le mot «ingénieur» n’a pas de lien direct avec la notion d’alimentation, et encore moins avec la culture des algues marines. Pourtant c’est précisément dans ce secteur que Nadia Selmi expérimente de nouveaux usages d’une ressource marine souvent ignorée.
Aujourd’hui, elle est la directrice commerciale de SELT Marine, une société d’aquiculture végétale qui emploie plus de cent femmes dans la production d’une poudre nutritive d’algues marines qui peut être transformée en gélatine végétale pour des produits laitiers, sucrés et végans.
«Je crois au pouvoir des femmes. L’entreprise d’aquiculture végétale est dirigée par des femmes et celles-ci représentent 80 à 90 pour cent de tout le personnel employé dans l’administration, les laboratoires et la recherche.»
Beaucoup de femmes qui travaillent dans l’entreprise d’aquiculture végétale proviennent de communautés rurales vulnérables et ont trouvé une nouvelle activité professionnelle dans ce secteur en développement.
Et ce secteur est prometteur pour la sécurité alimentaire et la transformation des systèmes alimentaires. Alors qu’elles n’occupent que 0,03 pour cent de la surface des océans, les algues marines peuvent assurer jusqu’à dix pour cent de l’approvisionnement alimentaire du monde. À noter que les algues marines sont souvent riches en vitamines et fibres et faibles en calories, ce qui en fait un complément important pour une alimentation saine.
Outre l’industrie alimentaire, la poudre d’algues marines est déjà utilisée dans bon nombre de produits pharmaceutiques et cosmétiques. Et plus récemment, elle est transformée en bouteilles et sacs biodégradables.
Mais ce n’est pas le seul usage par lequel les algues marines contribuent à l’amélioration de l’environnement.
De plus en plus, les chercheurs et les décideurs politiques se rendent compte que leur potentiel comme «solution basée sur la nature» pour atténuer le changement climatique et appuyer les services écosystémiques. Par exemple, si la production d’algues marines continue à croître au rythme actuel, elle pourrait absorber 135 millions de tonnes de dioxyde de carbone par an, et 30 pour cent de l’azote total de la pollution terrestre qui pénètre les océans.
Nadia, qui a débuté comme chercheuse dans le laboratoire de la société, œuvre à la promotion des algues marines tunisiennes en créant des partenariats avec des sociétés du monde entier et en travaillant avec des instituts de recherche afin de déceler d’autres avantages que les végétaux aquatiques pourraient apporter.
La FAO soutient les innovateurs comme Nadia à travers la Commission générale des pêches pour la Méditerranée, qui encourage l’aquiculture végétale comme moyen pour améliorer la croissance durable, la conservation marine et les moyens de subsistance dans la Méditerranée et la mer Noire.