En Afrique de l'ouest et en Afrique centrale, il existe 4 genres de rotin, représantant 16 espèces. Les rotins d'Afrique font partie intégrante des stratégies de subsistance d'une grande partie de la population rurale et fournissent la base d'une industrie de construction florissante. Si la plupart des espèces de rotin sont utilisées au niveau local de manière polyvalente, il existe deux espèces plus répandues et plus communes, Laccosperma secundiflorum (jadis appelé Ancistrophyllum) et Eremospatha macrocarpa, qui sont utilisées à l'échelle régionale et qui sont utilisés à la fois comme moyens de subsistance ou à des fins commerciales.
Les organismes donateurs et les gouvernements nationaux ont reconnu depuis longtemps l'importance des rotins africains dans le marché mondial ainsi que son rôle dans le secteur régional des PFNL. Cependant, le développement de cette ressource en Afrique a été souvent entravé par le manque d'informations sur les espèces réellement utilisées, ainsi que leurs exigences écologiques, et donc sur les stratégies d'aménagement appropriées, permettant d'assurer une exploitation durable de cette ressource. Alors que les PFNL font l'objet d'un intérêt croissant et sont considérés comme un moyen potentiel de contribuer à la la conservation et au développement des ressources forestières, le rotin a été souvent cité comme un des produits qui pourrait être développé d'une manière significative. Du fait de cet intérêt, des travaux récents réalisés par le Programme de recherche sur le rotin africain (African Rattan Research Programme) ont été ciblés sur la taxonomie, l'écologie et l'utilisation des espèces, et constituent des travaux de référence pour le développement el la promotion de tout PFNL important.
Mots clés: Rotin, palmiers grimpants, conservation et développement, produits forestiers non ligneux.
Le commerce international du rotin représente actuellement environ 6,5 milliards de $EU par an (ITTO, 1997) et se concentre en grande partie sur les espèces venant d'Asie. Lors des dix dernières années, suite aux restrictions imposées sur le commerce de la canne brute par les principaux pays fournisseurs, en particulier l'Indonésie, les négociants du rotin et les gros consommateurs comme la Chine et les Philippines ont été amenées à chercher des sources alternatives de rotin, principalement en Indochine, en Papouasie-Nouvelle Guinée et depuis plus récemment en Afrique. Une certaine quantité de cannes à l'état brut a été exportée récemment du Ghana et du Nigeria vers l'Asie du Sud-est. En outre le commerce à l'intérieur et entre les pays semble croître de manière significative en Afrique de l'ouest et en Afrique centrale (Falconer, 1994; Morakinyo, 1995). Cependant, comme ce marché est en pleine expansion, la pression sur les populations sauvages restantes augmente elle aussi et certains observateurs ont déjà noté que les ressources de rotin deviennent de plus en plus rares, influençant ainsi le marché (Pokam-Wadja, 1979; Shiembo, 1986; Defo, 1997; Sunderland, 1998).
Depuis déjà longtemps, un marché important de rotin existe en Afrique. Le Cameroun et le Gabon fournissait la France et ses colonies (Hedin, 1929) et le Ghana (jadis la Côte-de-l'Or) approvisionnait une part importante du marché du Royaume-Uni dans la période entre les deux guerres (Anon, 1934). L'industrie de l'exportation ne se limitait pas aux cannes brutes et rien que pour l'année 1928, des meubles en rotin pour une valeur supérieure à 25000 FF (francs français) ont été exportés du Cameroun au Sénégal pour les besoins de la communauté d'expatriés (Hedin, 1929).
Plus récemment, une initiative a été encouragée par l'UNIDO au Sénégal, pour exploiter les cannes sauvages pour le compte d'un atelier de production à grande échelle et d'une société exportatrice (Douglas, 1974). Après une exploitation gérée, on a replanté en utilisant des semis et des individus sauvages cultivés en pépinière. Malheureusement, on ne dispose pas d'informations sur l'état actuel de ces travaux et des activités connexes.
Le rotin est une plante grimpante, appartenant à la famille des Palmae et à la sous-famille des Calamoideae (Uhl & Dransfield, 1987). Les palmiers Calamoideae ont comme caractéristique de produire des fruits écailleux. Cette sous-famille ne comprend pas uniquement les rotins, mais également le Raphia, un autre taxon africain ayant une importance économique. On estime qu'il y dans le monde environ 650 espèces appartenant à la sous- famille des Calamoideae, divisée en 22 genres (Uhl et Dransfield, 1987). La majorité de ces genres se répartit dans les forêts tropicales humides en Asie du sud, en Asie du sud-est, en Malaisie et à l'ouest du Pacifique. En effet, le mot rotin vient du malais "rotan", dont la signification littérale est "palmier grimpant".
En Afrique, il y a environ 16 espèces de rotin, représentant en 4 genres. Trois d'entre eux - à savoir Laccosperma, Eremospatha et Oncocalamus - sont endémiques en Afrique et leur morphologie se distingue des taxons asiatiques. Les espèces appartenant à ces genres grimpent à l'aide d'une extension de la feuille appelée un cirre (ou vrille), qui fait souvent jusqu'à 2-3 mètre de long. Le cirre possède de grands crochets en grappe, qui sont des feuilles modifiées et qui permettent la progression du rotin dans le couvert fortestier. Ces crochets sont appelés acanthophylles. Le quatrième genre présent en Afrique, Calamus, est en réalité un genre spécifiquement asiatique, qui compte plus de 370 espèces en Asie et dont une seule se trouve en Afrique de manière irrégulière (Uhl et Dransfiield, 1997). Calamus deërratus diffère des autres taxons d'Afrique par le fait qu'il grimpe à l'aide d'un flagelle, un long appendice émergeant directement de la tige et qui est muni de petites épines recourbées, le tout étant une inflorescence stérile modifiée.
Les rotins d'Afrique se développent dans des conditions écologiques très variées. La majorité des espèces poussent naturellement dans les forêts denses tropicales et colonisent rapidement les milieux ouverts. Elles se caractérisent par un besoin très important en lumière et un bon développement en cas de diminution de la couverture forestière. Les perturbations causées à la forêt, comme par exemple les activités d'exploitation du bois d'œuvre, favorisent la régénération du rotin, et cette espèce se trouve d'ailleurs couramment le long des routes forestières et des pistes de débardage. Certains rotins, tels que Oncocalamus, se caractérisent par un besoin si important en lumière qu'ils sont parmi les premiers colonisateurs des régions fortement perturbés. D'autres espèces de rotin telles que Calamus deërratus se développent dans les marais ou le long des rives fréquemment inondées des fleuves, alors que d'autres, telles que Eremospatha hookeri tolèrent très bien l'ombre et poussent sous la couverture forestière.
Même après leur germination, les semis de rotin peuvent demeurer pendant une certaine période sur le tapis forestier, en attendant des conditions optimales de lumière, nécessaires pour commencer le long voyage vers l'étage forestier supérieur. Les forêts denses possèdent fréquemment un grand nombre de semis appartenant à des espèces ayant un grand besoin de lumière. Pour la plupart des espèces de rotin, les graines sont dispersées grâce à des calaos, mais également grâce à des drills et des mandrills (deux types de primates apparentés avec le babouin), des chimpanzés et des gorilles, et souvent, elles sont éparpillées loin de la plante mère. Cependant, une germination significative se développe proche des parents, suite à la chute naturelle des fruits ou, après celle celle-ci, à la prédation des fruits par de petits rongeurs, à l'origine d'une dispersion occasionnelle limitée. Il est intéressant de remarquer que, malgré un travail de terrain intensif et la création d'herbiers ces deux dernières années, la production de graines n'apparaît pas évidente pour la majorité des espèces.
En raison de leur tendance à coloniser les forêts récemment exploitées, le rotin est largement répendu en Afrique de l'ouest et en Afrique centrale, et est une composante commune de la flore forestière. Certaines espèces, telles que les deux espèces commerciales les plus imporatantes, Laccosperma secundiflorum et Eremospatha macrocarpa ont une vaste distribution et se trouvent dans une zone qui s'étend du Liberia à l'Angola, alors que l'espèce Calamus deërratus se trouve dans une aire géographique qui s'étend de la Côte d'Ivoire au Kenya. Du point de vue de la diversité des espèces, la plus grande concentration d'espèces différentes se trouve dans les forêts guinéo-congolaises d'Afrique centrale. Plus de 90% des espèces de rotin connues se trouvent au Cameroun et, lors d'une récente étude, réalisée sur le petit territoire de Rio Muni en Guinée équatoriale (une région dont la superficie ne dépasse pas 26.000 m2), on a découvert onze espèces différentes de rotin ce qui représente près de 70% des espèces connues sur l'ensemble du continent africain (Sunderland, 1998).
Encadré 1. Le programme de recherche sur le rotin africain
Le programme de recherche sur le rotin africain est le fruit d'une initiative pluridisciplinaire des "Royal Botanic Gardens" de Kew et du "University College" de Londres, en étroite collaboration avec un certain nombre d'institutions locales telles que le Jardin Botanique de Limbe au Cameroun et le "National Herbarium" en Guinée équatoriale. L'objectif de ce programme est de réaliser une étude régionale (en Afrique centrale et de l'ouest) sur la biologie, la distribution et l'utilisation des rotins africains afin d'évaluer leur importance dans les systèmes d'aménagement traditionnels et dans l'économie forestière régionale, ainsi que la possibilité d'exporter davantage ce produit dans un marché global en pleine croissance. Nous espérons que cette étude contribuera au développement de cette ressource à travers les organismes de conservation, les initiatives de recherche centrées sur les communautés locales et les activités lucratives.
Cependant, malgré l'abondance relative du rotin, dans les régions de l'ouest et du centre de l'Afrique, telles que celle de Yaoundé au Cameroun ou de Bata en Guinée équatoriale, une exploitation excessive et des pratiques de gestion peu efficaces provoquent un épuisement considérable de la ressource. C'est pourquoi, on constate une flambée du prix des cannes à l'état brut dans certaines villes, en raison de l'augmentation des coûts du transport (Defo, 1997; Sunderland, 1998).
Les tiges de rotin sont longues et flexibles, de sorte qu'elles s'adaptent particulièrement bien à la fabrication de meubles et de paniers, ainsi qu'à de multiples autres usages. Les tiges de rotin sont couramment utilisées en Afrique de l'ouest et en Afrique centrale par les communautés locales et jouent traditionnellement un rôle imporant dans la subsistance des populations rurales. Les possibilités d'utilisations traditionnelles du rotin sont très diversifiées: paniers, lits, pièges à poissons, meubles, arbalètes, filets de pêche, utilisations médicinales et alimentaires, etc ... (observation personnelle de l'auteur). Cependant, malgré la multiplicité de ses usages, il ne faudrait pas en déduire, comme le font certaines agences de développement, que toutes les espèces de rotins sont utiles et sont susceptibles d'être exploitées de manière commerciale. Des études récentes ont mis l'accent sur le fait que, même s'il peut y avoir en effet un usage spontané de nombreuses espèces différentes, seules deux d'entre elles (Laccosperma secundiflorum, à gros diamètre et Eremospatha macrocarpa, à diamètre réduit), constituent la base des rotins utilisés en Afrique centrale, tant pour les besoins de subsistance que pour l'exploitation commerciale (Morakinyo, 1995; Sunderland, 1997a; Trefon et Defo, 1998; Sunderland, 1998).
Ce n'est qu'après une compréhension approfondie des aspects ethnobotaniques et taxonomiques du rotin, qu'un développement rationnel de cette ressource peut être envisagé. Jusqu'à il y a peu, la taxonomie des espèces africaines de rotin était peu connue et les estimations quant au nombre d'espèces étaient très variables, allant d'un total de 12 (Dransfield, 1982) à 30 ou plus (Beccari, 1908). En Afrique, le terme "rotin" s'appliquait à tous les palmiers grimpants, ainsi qu'à leurs utilisations présumées, ce qui a favorisé la confusion entre les différentes espèces et l'idée erronée selon laquelle "toutes les espèces de rotin sont utiles". Cette situation a prévalu jusqu'à récemment et ce, malgré les appels de nombreux professionels du palmiers estimant qu'il était nécessaire d'étudier de manière plus approfondie la taxonomie et les utilisations du rotin avant d'entreprendre tout aménagement de cette ressource (Fosberg, 1960; Tomlinson, 1962; Moore, 1971; Letouzey, 1978; Shiembo, 1987; Thomas et al., 1989; Dransfield, 1993; Morakinyo, 1994; Tuley et Tuley 1995 et 1996).
Figure 1: Laccosperma secundiflorum, héliophile et
particulièrement prisée en raison de son large diamètre.
(Photo: T. Sunderland).
Plusieurs facteurs peuvent expliquer le manque de connaissances sur les rotins africains :
· L'insuffisance de matériel contenu dans les collections botaniques. On sait que la récolte de rotin est fastidieuse en raison de la présence de gaines foliaires recouvertes d'épines redoutables et du risque d'être fouetté par les crochets des tiges rampantes. Aussi, du fait de la présence de fourmis parmi les épines et de nids d'abeilles dans la couronne supérieure, les cueilleurs ou les exploitants sont fréquemment victimes d'attaques de ces insectes (Falconer, 1994);
· La variation morphologique importante existant entre les rotins jeunes et adultes de la même espèce: cette variation est très visible, à l'intérieur d'un même bouquet de liane. En outre, certaines descriptions d'espèces se sont basées sur des exemplaires juvéniles d'une espèce déjà enregistrée. Par exemple, l'espèce O. acanthocnemis est sans doute une forme juvénile de O. mannii (Russell, 1968);
· La variation intraspécifique très importante, en fonction de la zone géographique des taxons de rotins. Certaines espèces, dont celles du genre Calamus, ont été séparées sur la base d'une variation géographique (Beccari, 1908).
Les récents travaux réalisées par le Programme de recherche sur le rotin africain se sont concentrées sur la résolution de ce problème, par la création d'un programme intensif de collections botaniques de l'ensemble des espèces de rotin en Afrique. Pour faire en sorte que les recherches soient aussi exhaustives que possible, ce programme prévoit la récolte d'échantillons dans une aire géographique aussi vaste que possible. Jusqu'à présent, des enquêtes approfondies ont été menées au Cameroun, en Guinée équatoriale (dans la région de Rio Muni) et au sud-est du Nigeria. D'autres recherches sont prévues pour les 12 prochains mois, dans l'ile de Bioko en Guinée équatoriale, dans le delta du fleuve Niger, ainsi qu'au Ghana et Gabon. L'importance de ce travail de terrain ne fait aucun doute. Les confusions taxonomiques qui existaient commencent, dans une certaine mesure, à être clarifiées et, grâce aux études de terrain, il devient plus aisé de comprendre les diverses utilisations du rotins et préciser quelles espèces de rotin ont un potentiel commercial.
Tableau 1: Genres et espèces actuellement reconnues de rotins africains.
Genre |
Espèce |
Auteur de référence |
Calamus |
Deërratus |
G. Mann & H. Wendl. |
Laccosperma |
Secundiflorum |
(G. Mann & H. Wendl.) Kuntze |
Acutiflorum |
(Becc.) J. Dransf. | |
Laeve |
(G. Mann & H. Wendl.) Drude | |
Opacum |
(G. Mann & H. Wendl.) Drude | |
Eremospatha |
Cabrae |
Wilde. |
Cuspidata |
(G. Mann & H. Wendl.) H. Wendl. | |
Hookeri |
(G. Mann & H. Wendl.) H. Wendl. | |
Laurentii |
Wilde. | |
Macrocarpa |
(G. Mann & H. Wendl.) H. Wendl. | |
Haullevilleana |
Wilde. | |
Wendlandiana |
Becc. | |
sp. nov. |
||
Oncocalamus |
Mannii |
(G. Mann & H. Wendl.) H. Wendl. & Drude |
sp. 1. |
||
sp. nov. |
L'utilité de la taxonomie traditionnelle est reconnue depuis longtemps, à tel point qu'elle a souvent été intégrée dans la classification de Linné (Berlin, 1992; Cunningham, 1994). Cependant, pour des espèces importantes, le recours à la taxonomie et au savoir traditionnels reste encore sous-utilisé dans les stratégies de conservation et d'aménagement (tant pour le matériel sauvage que cultivé). Ces connaissances locales sur la nomenclature des espèces, et souvent sur leur utilisation et leur gestion, font partie intégrante de la compréhension de la ressource (Berlin, 1992).
Lors de notre travail de terrain en Afrique centrale, nous avons eu l'occasion d'étudier un certain nombre de systèmes locaux de classification. Cette étude s'est révélée assez complexe: le Cameroun compte à lui seul plus de 230 groupes linguistiques différents. Cependant, comme nous l'avons souligné auparavant, cette étude a montré la complémentarité entre les systèmes de classification locaux et la nomenclature selon la classification de Linée. Du fait d'une utilisation spontannée très importante des rotins, beaucoup d'espèces se sont vues attribuées de noms locaux, ce qui constitue une aide très précieuse pour l'étude.
Dans de nombreux dialectes, une espèce de rotin peut avoir deux noms locaux différents, en fonction des utilisations et de la partie de la plante utilisée, et soulignant les différentes propriétés des pousses juvéniles et adultes. Par exemple, le groupe des Fangs/Boulous qui se trouve au sud du Cameroun, en Guinée équatoriale et au Gabon, utilise des noms différents pour les jeunes tiges (asa-nlong) et les tiges adultes (omgam) des espèces Eremospatha macrocarpa et Oncocalamus spp. Souvent, une distinction est faite entre le produit brut et le produit transformé, comme par exemple pour l'espèce Laccosperma secundiflorum, dont les tiges sont appellées «aka» à l'état brut et «nkan» après la récolte et le traitement. En outre, le recours à des termes génériques tels que «nlong» ou «melong», qui désignent de la même façon les formes juvéniles de Eremospatha macrocarpa et Oncocalamus spp., deux espèces différentes, peut créer des confusions lors de la réalisation d'inventaires des ressources (van Dijk, 1995), même si une de ces espèces a une valeur économique considérable et l'autre présente nettement moins d'intérêt. A l'opposé, l'utilisation de la nomenclature locale a contribué à clarifier les différences taxonomiques entre des espèces telles que Laccosperma secundiflorum (aka, nkan, meka) et L. acutiflorum (ekwass), deux espèces semblables au niveau morphologique, mais dont la dernière est peu utilisée par la population locale.
Figure 2: Le rotin joue un rôle prépondérant dans les stratégies de subsistance des populations locales. Guinée équatoriale: un piège à poisson (Photo: T. Sunderland).
Le recours à la classification traditionnelle des rotins africains a été décisif pour la détermination des espèces: non seulement grâce à la compréhension des changements morphologiques importants lors du passage du stade juvénile au stade adulte, mais également grâce à la connaissance de l'utilisation des espèces, celles préférées, très largement utilisées à des fins de subsistance ou commerciales, mais aussi celles plus rarement utilisées.
Tableau 2: Noms Fang/Boulou donnés au rotin, au sud du Cameroun et à Rio Muni en Guinée équatoriale.
Laccosperma secundiflorum |
aka, nkan, meka |
L. acutiflorum |
ekwass |
L. laeve |
ndele |
L. opacum |
npue-nkan |
Eremospatha macrocarpa |
melong, asa-nlong, ongam |
E. laurentii |
ebuat |
E. wendlandiana |
akot |
E. cuspidata |
ndera |
Oncocalamus sp. 1 |
melong, asa-nlong, ongam |
Actuellement la récolte de rotin se fait exclusivement à l'état sauvage et constitue un travail pénible, voire dangereux, avec la chute de branches mortes de la couverture forestière et les perturbations causées par les fourmis et les guêpes. Une fois cueillie et empaquetée, la canne de rotin est transportée sur la tête hors de la forêt, soit pour être utilisée dans le village, soit pour être transportée plus loin, vers les centres de transformation situés dans les villes. La plupart du temps, la récolte de rotin (surtout la récolte commerciale) est l'affaire de personnes individuelles, souvent des agriculteurs, des chasseurs ou des personnes ayant une autre activité principale (voir l'article de Defo, dans la présente publicaction). La récolte de rotin procure un revenu d'appoint de grande utilité, surtout pour faire face à certaines dépenses telles que les frais médicaux ou les taxes scolaires (Trefon et Defo, 1998; Sunderland, 1998). De nombreux agriculteurs pratiquant une agriculture commerciale, exploitent également le rotin pour se procurer un revenu supplémentaire pour l'achat de produits pharmaceutiques, de semences ou de plants et d'autres articles nécessaires à leur activité principale.
La plupart du temps, les cueilleurs récoltent le rotin à partir d'une seule parcelle de forêt. Lors de chaque visite, le cueilleur, lorsqu'il n'est pas de la région, doit souvent payer au chef du village un droit d'accès à la forêt. Au fur et à mesure de leurs prospections dans la forêt, les cueilleurs apprennent à reconnaître la position de chaque bouquet potentiellement exploitable et préfèrent donc concentrer leur récolte le plus près possible des routes afin d'éviter de long déplacements en portant les cannes sur la tête. Le développement d'un réseau étendu de routes forestières dans de nombreuses régions forestières d'Afrique de l'ouest et d'Afrique centrale a permis l'accès des cueilleurs à des parcelles boisées autrefois inaccessibles. C'est particulièrement le cas dans les zones où la pénurie locale des ressources oblige les cueilleurs à chercher le rotin dans des zones plus éloignées de nombreux centres urbains.
Lors de la récolte, les cueilleurs tendent à n'exploiter que les cannes adultes d'un même bouquet. Les cannes plus jeunes sont souvent laissées de côté et seront exploitées lors d'une récolte ultérieure. Les cannes sélectionnées se caractérisent par l'absence de feuilles à la base et souvent on se limite à exploiter la partie inférieure des cannes sur une longueur de 6 mètres (2 sections de rotin). Cela s'explique par la présence de n_uds qui constituent un obstacle considérable quand la canne est ramifiée. Il reste ainsi, pour chaque tige mûre exploitée, environ 30 mètre de rotin laissé dans la partie supérieure du couvert forestier. Les bouquets exploités au préalable contiennent donc souvent de nombreuses tiges désséchées. Un des plus grands inconvénients de ce type de récolte est que les sections supérieures sont laissées in situ, empêchant la lumière de pénétrer. Dans ces conditions, la régénération des rhizomes devient presque impossible et après que toutes les cannes adultes ont été exploitées, il arrive souvent que le bouquet meure. Cependant, dans certaines zones du Sud-Ouest du Cameroun et du Sud- Est du Nigeria, on trouve un certain degré d'aménagement du rotin sauvage: la partie supérieure des tiges est également extraite afin de permettre la pénétration d'une quantité suffisante de lumière pour que le bouquet puisse se régénérer. De 3 à 5 ans plus tard, il est possible d'exploiter le même bouquet. Il paraît que certains bouquets ont été exploités jusqu'à 4 fois (observation personnelle de l'auteur).
De nombreux cueilleurs interviewés durant notre travail de terrain se sont plaints du fait que dans les environs immédiats de nombreux centres urbains, où l'aménagement local des ressources n'est pas pratiqué, ils sont contraints à des déplacements de plus en plus longs dans la forêt, pour pouvoir se procurer des quantités de rotin suffisantes. Comme nous l'avons remarqué auparavant, l'augmentation du transport est faiblement répercuté sur les prix du rotin brut. L'absence d'aménagement efficace du rotin dans certaines zones peut sans doute s'expliquer par l'absence de régime foncier ou de droit à la propriété des produits forestiers. Rappelons que de nombreux produits forestiers sont considérés comme une ressources de libre accès. La majorité des cueilleurs croient que, même s'ils géraient effectivement les bouquets de rotins, il n'y a aucune garantie que quelqu'un d'autre ne vienne pas l'exploiter à leur place.
Le Programme de recherche sur le rotin africain réalise un contrôle sur le long terme des potentiels de rendements et des taux de croissance, afin de déterminer quel est le niveau d'exploitation durable des espèces commerciales de rotin. Le tableau 3 montre le rendement potentiel ainsi que la valeur d'une seule récolte sur une parcelle exploitée selectivement pour son bois d'œuvre, bien qu'il ne s'agisse que d'une projection à partir des valeurs enregistrées en Asie du Sud-Est (Bogh, 1996). Dans les évaluations futures de production, il sera possible de tenir compte du taux de croissance pour chaque espèce ce qui est essentiel pour maintenir des niveaux d'exploitation durable, tant au niveau économique que biologique (Peters, 1996).
Tableau 3: Rendement et valeur potentielle d'une seule récolte de Laccosperma secundiflorum pour une parcelle d'un hectare de forêt exploitée pour son bois d'œuvre à Campo au Cameroun.
Nombre de cannes exploitables |
Longueur moyenne de la canne (en m) |
Partie exploitable de la canne ( en m) |
Valeur sur le marché |
56 |
21 |
1,180 |
78 700 CFA (US$132) |
La durabilité des ressources dépend non seulement de facteurs écologiques et économiques, mais également du type de régime foncier en vigueur, d'un contrôle de l'accès aux ressources sur le long terme, ainsi que des bénéfices tirés de la ressource. (Cunningham, dans la présente publication). La récente législation forestière au Cameroun permet maintenant que l'aménagement communautaire des ressources forestières assure aux communautés un revenu et un bénéfice tirés de la gestion des ressources. Une législation semblable sera bientôt appliquée dans d'autres pays, tels que la Guinée équatoriale et le Gabon. L'octroi de droits aux communautés rurales, à travers la reconnaissance des forêts communautaires comme une entité légale, stimulera sans doute les recherches biologiques et écologiques nécessaires pour garantir un aménagement plus durable des ressources. Par exemple, au Gabon, suite à la diminution des ressources de rotin de haute qualité dans certaines régions, les cueilleurs ont été contraints de récolter le rotin plus loin, dans des forêts où les communautés locales exercent d'importants droits sur la ressource et ce, sur une grande partie de la forêt. Ces communautés bénéficient maintenant de ces droits, d'une part en terme financier (les cueilleurs payent un droit de collecte sur les terres forestière de la communauté) et d'autre part, en terme de pérennité des ressources, en exerçant un contrôle sur l'exploitation (voir l'article de Profizi, dans la présente publication). Nul doute que le rotin, caractérisé par une régénération rapide et une valeur élevé, continuera à jouer un rôle de premier plan dans l'aménagement des forêts communautaires.
En Afrique centrale, l'unité d'échange pour les cannes de rotin commerciales est le "paquet". Pour l'espèce de rotin à large diamètre, Laccosperma secundiflorum, un paquet comprend vingt cannes dont chacune mesure de 3 à 4 mètres de long. Pour les cannes de rotin à diamètre réduit (Eremospatha macrocarpa), un paquet se compose de vingt cannes dont la longueur est de 5 mètres. Cependant, le cueilleur est généralement payé en fonction du nombre de cannes dont chacune vaut entre 100 et 200 francs CFA pour les deux espèces, soit un prix compris entre 0,16 et 0,32 $, selon la qualité. Dans le cas de cannes de Laccosperma secundiflorum ayant un gros diamètre, les prix atteignent parfois jusqu'à 250 ou 300 F CFA par cannes (soit de 0,40 à 0,48 $). Un cueilleur expérimenté est capable de couper près de 140 cannes par jour ce qui lui garantit un revenu quotidien de 35.000 F CFA (soit 58,50 $). Si l'on considère que le salaire moyen au Cameroun est de 1500 F CFA par jour (soit 2,50 $), il est clair qu'il s'agit d'un revenu élevé.
Chaque jour, des quantités importantes de rotin à l'état brut sont livrées dans les centres urbains d'Afrique centrale (Trefon et Defo, 1998, Sunderland, 1998). Récemment, on a tenté d'évaluer les quantités de rotin commercialisé à Bata (Guinée équatoriale), en interrogeant un échantillon représentatif d'artisans et de commerçants de rotin (Sunderland, 1998). Les artisans ont été sélectionnés de manière à représenter un éventail d'ateliers aussi large que possible, des plus petits au plus grands. Tous les artisans interrogés étaient de sexe masculin et avaient moins de 40 ans. Les hommes plus âgés travaillant dans le secteur du rotin sont généralement responsables de la conception ou de la production de meubles alors que les jeunes, des apprentis, fournissent la main d'œuvre pour les tâches laborieuses, comme le nettoyage des cannes brutes ou leur préparation en vue de leur transformation, ainsi que du tressage simple ou d'autres activités nécessitant une main d'œuvre abondante.
Tableau 4: Artisans présents à Bata (Guinée équatoriale) et quantités de cannes à l'état brut utilisées mensuellement dans les ateliers.
Entreprise |
Nombre d'employés |
Quantités de cannes utilisées mensuellement |
Valeur en francs CFA | |
AFROM GUINEA |
20+ |
360 paquets (7,200 cannes) |
1 440 000 | |
Estabon OVONO |
7 |
120 paquets (2,400 cannes) |
480 000 | |
Crisantos OBIANG |
10 |
75 paquets (1,500 cannes) |
300 000 | |
S.A.G.E6. |
5 |
40 paquets (800 cannes) |
160 000 | |
Antonio A. NGUEME |
3-4 |
40 paquets (800 cannes) |
160 000 | |
Thomas OBIANG |
2 |
20 paquets (400 cannes) |
80 000 | |
Fernando EDU |
5 |
12 paquets (240 cannes) |
48 000 | |
ANISETTO |
2 |
7 paquets (140 cannes) |
28 000 | |
Pedro ESONO |
3 |
6 paquets (120 cannes) |
24 000 | |
Martin MBO |
3 |
5 paquets (100 stems) |
20 000 | |
TOTAL = |
2 740
000 |
A quelques exceptions près, l'ensemble des artisans a déclaré que la demande pour le rotin était en pleine croissance et que la quantité de cannes transformées aujourd'hui dans la ville de Bata était beaucoup plus importante que 5 ou 10 ans plus tôt. La situation est semblable dans d'autres grands centres consommateurs, comme au Cameroun, dans des villes comme Douala ou Yaoundé (Defo, 1997; Trefon et Defo, 1998) et à Lagos, au Nigeria (Morakinyo, 1995). La valeur importante du rotin montre que, comme PFNL, il peut bien être comparé à d'autres formes d'exploitation forestière. Bien qu'on ne dispose pas de données quantitatives suffisantes concernant d'autres PFNL, on peut néanmoins considérer que l'exploitation et la vente de rotin constitue une des sources les plus importantes de revenus tirés de la forêt, avec la vente de viande de brousse et l'exploitation commerciale de bois d'œuvre (Ndoye, 1994; Sunderland, 1998).
Les rotins sont exploités presqu'exclusivement à partir de populations sauvages en Afrique et ailleurs. Dans quelques régions de l'Asie du Sud-Est, le rotin est cultivé dans des jardins mixtes par des cultivateurs sédentaires, ou est planté sur des terres forestières récemment brûlées à la suite de cultures sur brûlis (Godoy, 1992). De telles pratiques culturales ne sont pas connues en Afrique de l'ouest et en Afrique centrale, bien que les facteurs sociaux et écologiques y sont favorables pour une culture et un aménagement des ressources de rotin.
Des recherches récentes entreprises par le Programme de recherche sur le rotin africain, en collaboration avec le Jardin Botanique de Limbe au Cameroun, ont mis l'accent sur la technologies des semences, à travers une série d'essais de multiplication visant à raccourcir la période nécessaire pour la germination des graines de nombreux taxons africains. Le matériel génétique fourni grâce à ces essais a permis l'établissement d'un essai expérimental de sylviculture. Cet essai, réalisé en collaboration avec la "Cameroon Development Corporation" (CDC), concerne une parcelle d'un hectare de Laccosperma secundiflorum, planté sous une vieille plantation de caoutchouc. Les taux de croissance, ainsi que la viabilité économique de cette plantation sera contrôlée et évaluée durant une période d'essai de sept ans. D'autres essais, sur domaine agricole, seront mis au point dès que le matériel génétique de plantation sera disponible, avec comme objectif principal d'introduire des espèces commerciales de rotins africains dans des systèmes agroforestiers. Cette expérience sera menée en collaboration avec le Centre international pour la recherche en agroforesterie (CIRAF).
EN 1995, un arboretum de rotin a été établi dans le Jardin Botanique de Limbe et contient actuellement de bons spécimens, presque adultes, d'un certain nombre d'espèces. Le but principal de la création de cette collection vivante est de contrôler les changements de morphologie au fur et à mesure que les plants se développent du stade juvénile au stade adulte et d'obtenir une ressource importante tant du point de vue taxonomique que du point de vue pédagogique.
Dans le contexte actuel de réformes forestières qui voient le jour en Afrique centrale et favorisent le contrôle direct des forêts par les communautés et l'accès aux ressources grâce à des systèmes d'aménagement appliqués, et avec l'intégration du rotin dans des systèmes agroforestiers à petite échelle, les rotins africains pourraient fournir une réelle opportunité pour le développement d'un PFNL qui serait à la fois une contribution significative à la conservation de la forêt et un moyen d'améliorer le revenu des populations locales. Le florissant marché mondial des rotins représente une opportunité considérable pour les rotins africains et, par conséquent, pour le développement de la croissance potentielle des économies basées sur la forêt.
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