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MOTEURS DE CHANGEMENT ET LEUR IMPLICATION SUR LE SECTEUR FORESTIER

Changements socio-économiques

Qualifié de cœurde l’Afrique, le Burundi est localisé entre 2°30’ et 4°30’ de latitude sud et entre 28°50’ et 30°53’30’’ de longitude Est. C’est un petit pays pauvre (GDP = 285 $ EU) et montagneux de 27 834 km2 avec une population jeune atteignant 6,3 millions d’habitants. Cette population est rurale, essentiellement agricole (92%) et trop dense plus particulièrement dans les régions du nord et du centre du pays (230 hab./km2) et en pleine croissance (2,9 %/ an).

L’économie burundais est basée essentiellement sur l’agriculture, elle fournit 90% des emplois et 50 % du PIB environs.

Le PIB était de 208,3 milliards de FBu en 1992 et de 168,6 milliards de FBu en 1998 : soit une baisse cumulative de 18,12 % . Le taux de croissance du PIB  réel en 1998 était de 4,79 % alors qu’il était de 1,8 % en 1992 . Le taux d’investissement intérieur brut est passé de 15,7 % à 6,54 % et l’inflation a atteint 31 % en 1997. Le Ratio dette publique/PIB est passé de 111,2% en 1992 à 143,6 % en 1998 ( PNUD, 1998).

La part du budget alloué à la santé est passé de 5,01% (2415 millions de FBu) en 1992 à 2,97 % (2501 millions de FBu) en 1998 du budget national et celle du budget d’investissement alloué à l’éducation est passé de 3,45 % (237 millions de FBu) en 1992 à 3,99 % (157 millions de FBu) en 1997 (Table ronde de Genève sur le Burundi, 1999).

Toujours selon ce rapport récent du PNUD, la crise socio-politique de 1993 a fait que 467 959 personnes soient déplacées et que la plupart des indicateurs du développement social baissent (tableau 01).

Tableau 01 : Indicateurs du développement social 1992-1998

Indicateurs

Valeur en 1992

Valeur en 1998

Espérance de vie

53,8 ans

53,4 ans

Indice Synthétique de Fécondité

-

7

Taux brut de mortalité

-

19,9 %

Taux de mortalité infantile

113,8 %

126,6 %

Taux de couverture vaccinale

80 %

48,47 %

Taux brut de scolarisation primaire

67,32 %

52,71 %

Taux d’alphabétisation des adultes

37,98 %

37,37 %

Les ressources forestières sont diversifiées mais menacées de dégradation à cause notamment de la pression démographique galopante et de l’exploitation non durable de ces mêmes ressources.

Parmi les usages des ressources forestières, il faut signaler la production de l’énergie, l’alimentation, la source des revenus, la médecine traditionnelle et d’autres non moins importantes comme la couverture des maisons, la fabrication des meubles, ustensiles domestiques etc.

Certaines ressources sont utilisées par tout le monde pendant que d’autres n’intéressent que certaines catégories de la population. Certaines font l’objet d’une utilisation commune et indivisible tandis que d’autres sont utilisées individuellement. La population exerce une forte pression sur les ressources naturelles (terres, pâturages, forêts) qui a comme conséquences une dégradation accrue de ces derniers se manifestant par l’érosion, la baisse de fertilité et l’acidification des sols ainsi que la disparition de la biodiversité. L’environnement en général se détériore et la diminution de la production agricole qui s’ensuit aboutit à des conséquences apocalyptiques sur la sécurité alimentaire de la population.

La crise socio-politique de 1993 qui a entraîné un mouvement massif des populations, des pertes en vies humaines et la destruction des infrastructures sociales n’a fait qu’ajouter le drame au drame et l’évaluation des dégâts reste à établir avec précision.

Avec la création des camps de déplacés, les boisements domaniaux et communaux ont été la cible privilégiée. Les prévisions des besoins en bois pour la construction des maisons détruites pendant la crise serait estimée à 20 000 ha (3ème Symposium Forestier au Burundi). Cette demande est assez élevée alors que le taux de développement de ce secteur ne suit pas le même rythme.

 

Performances économiques

D’une façon générale, l’économie burundaise a beaucoup souffert de la crise socio-politique de 1993 doublée de l’embargo.

Actuellement, l’objectif du gouvernement en matière de politique fiscale est de réduire les dépenses publiques ou tout au moins de les maîtriser et d’accroître les recettes fiscales directes ou indirectes afin de réduire le déficit budgétaire chronique. La croissance des recettes publiques sera fonction du PIB, du commerce extérieur et des mesures structurelles rigoureuses de politiques fiscales. Au niveau des dépenses publiques, leurs projections se basent sur une politique restrictive (Table ronde de Genève sur le Burundi, 1999).

D’après Jean NDENZAKO, dans le domaine de la monnaie, l’absence d’un programme financier avec les institutions de Britton Woods et les impératifs de sécurité couplés à une lente progression des recettes fiscales ont amené le gouvernement à recourir au système bancaire pour le financement du déficit et a augmenté le taux de croissance du crédit intérieur qui est passé de 56 milliards de francs burundais en 1995 à 104 milliards de francs burundais en 1998 et un montant estimé à 120 milliards de francs burundais en 1999.

Bref, l’insuffisance d’une épargne nationale combinée à un endettement a ouvert la voie au recours à la planche à billets pour financer des dépenses publiques sans cesse croissantes.

Les tableaux 02 et 03 montrent les principaux indicateurs et les tendances des résultats économiques en 1992 et 1998.

 

Tableau 02 : Indicateurs économiques

Indicateur

1992

1998

Production du secteur primaire (valeur ajoutée en % du PIB)

Production du secteur secondaire (valeur ajoutée en % du PIB)

Production du secteur tertiaire (valeur ajoutée en % du PIB)

Consommation finale des ménages (en % du PIB)

Investissement intérieur brut (en % du PIB)

Epargne intérieur brut (en % du PIB)

Recettes fiscales (en % du PIB)

Dépenses du gouvernement central (en % du PIB)

Exportation des biens et des services (en % du PIB)

Importation des biens et des services (en % du PIB)

52,76

20,62

26,61

95,99

18,92

15,63

23,18

9,57

30,96

45,64

16,69

37,66

102,37

3,66

-8,77

15,20

19,95

8,7

21,12

Source : PNUD / Ministère de Panification du Développement et de la Reconstruction.

Tableau 03 : Tendances des résultats économiques

Indicateur

1992

1998

PNB total (en millions de $ EU ajusté)

PNB par habitant ($ EU ajusté)

Taux annuel de croissance du PNB en $ EU par habitant

Taux annuel de croissance du PNB en $ EU par habitant en %

Taux annuel d’inflation moyen en %

Exportations en % du PIB

Recettes fiscales en % du PNB

Impôts directs en % des impôts totaux

Excédent / déficit s budgétaire global (en % du PIB)

6714,90

1196,90

18,94

15,58

1,86

9,57

15,63

28,05

-3,44

9851,70

1392,10

14,25

12,33

8,15

8,70

15,20

24,32

-1,49

Source : PNUD / Ministère de Panification du Développement et de la Reconstruction

La politique de libéralisation du commerce se généralise de plus en plus. Dans le secteur forestier, on observe des entreprises aussi bien publiques que privées qui importent et exportent du bois. En 1997, 1733 tonnes de bois et ses dérivés ont été importées contre 61 tonnes exportées, alors qu’en 1998 l’exportation du bois a atteint 2 965 tonnes contre 100 tonnes exportées.

Tableau 04 : Quantité de bois importé

1997

1998

Nature du produit

Tonnes

Millions de BIF

Tonnes

Millions de BIF

Bois et ouvrages en bois

Allumettes

Papier, cartons

Balais et brosses

Articles de librairie

Crayon

250

71

1359

21

30

2

64,5

39,2

1103,8

22,8

99,4

2,5

480

39

2364

27

53

2

206,6

29

2677,2

33,2

227,2

77,9

Source : Banque de la République du Burundi

Tableau 05 : Quantité de bois exporté

1997

1998

Nature du produit

Tonnes

Millions de BIF

Tonnes

Millions de BIF

Bois et ouvrages en bois

Ecorce de quinquina

10

51

5,6

21,6

100

38,3

Source : Banque de la République du Burundi

La part de l’industrie forestière dans le développement socio-économique du pays est modeste, sa contribution au PIB étant seulement de 2%. Avec la politique de libéralisation économique entamée par le gouvernement depuis quelques années, il est très probable que dans un futur très proche, cette contribution va s’accroître. Dans le secteur forestier, cette politique se traduit par la gestion communautaire des tous les boisements de moins de 10 ha et la promotion de la foresterie paysanne au moment où le pays ne dispose plus de place pour le reboisement en blocs industriels.

La forte demande de bois persiste malgré les efforts de reboisement déjà réalisés ; ainsi, les forestiers s’orientent beaucoup plus vers l’intégration de l’arbre dans l’exploitation agricole en vue d’augmenter la production ligneuse du pays et surtout d’assurer l’autosuffisance alimentaire de la population par la mise en place des essences à croissance rapide et à usages multiples.

 

Changements politiques et institutionnels

La disparition des espèces en raison d’activités anthropiques se poursuit à un rythme alarmant, pour ce faire, si l’on tient à conserver la remarquable diversité biologique du Burundi et à léguer ses richesses et leur usufruit aux générations futures, une gestion durable est indispensable.

A travers le monde, il est connu que pour être efficace et durable les décisions de gestion doivent s’inscrire dans un cadre institutionnel et politique approprié, établi et renforcé par l’autorité de la loi. On ne doit donc pas sous estimer l’importance d’identifier le cadre légal, institutionnel et politique pour faire face aux différents dangers sur les ressources biologiques en particulier les forêts. Le succès à long terme de la conservation, de l’utilisation durable de ces mêmes ressources et du partage des avantages découlant de leur exploitation, dépendra en grande partie de l’existence d’un cadre légal, institutionnel et politique adéquat.

 

Cadre légal

Le cadre légal ayant trait à la gestion des ressources forestières se compose de textes légaux relevant du droit interne et des conventions internationales ratifiées par le Burundi. Au niveau du droit interne, plusieurs textes légaux sont disponibles pour infléchir les pratiques anthropiques menaçant les forêts en consacrant des aspects de conservation et de gestion.

Ces textes de loi sont :

Le décret - loi n° 1/6 du 3 mars 1980 portant création des parcs nationaux et des réserves

naturelles du Burundi ;

Le décret-loi n° 01 / 02 du 25 mars 1985 portant code forestier ;

Le décret-loi n° 01/ 08 du 1er septembre 1986 portant code foncier du Burundi ;

Le décret n° 100 / 47 du 3 mars 1980 portant création et organisation de l’Institut National pour la Conservation de la Nature ( INCN) devenu Institut National pour l’Environnement et la Conservation de la Nature ( INECN) par le décret 100 / 188 du 5 octobre 1989 ;

Un projet loi-cadre de l’environnement (Stratégie Nationale de l’Environnement au Burundi (SNEB) et le Plan d’Action Environnemental(PAE) a été élaboré de 1992 à 1993 mais suite à la crise d’octobre 1993, les données de base ont beaucoup changé : la SNEB et le PAE ont été actualisé en 1997.

Pour chacun de ces textes légaux, des dispositions permettant d’assurer la conservation et l’utilisation durable des ressources forestières tout en mentionnant en même temps les lacunes et insuffisances qui empêchent d’atteindre les objectifs fixés ont été relevées.

Les conventions internationales du domaine de l’environnement ayant des rapports directs avec la gestion des ressources biologiques et susceptibles de contrer les dangers sur ces dernières sont : la convention CITES, la convention sur la conservation des zones humides d’intérêt international, la convention africaine sur la conservation de la nature et des réserves naturelles, la convention sur la protection des végétaux entre les pays membres de la CEPGL, la convention sur la lutte contre la désertification, la CEFDHAC, etc.

D’une manière générale, les lacunes les plus importantes et les contraintes liées à l’application et à l’efficacité des textes légaux et des conventions internationales peuvent être résumées comme suit :

Plusieurs lois manquent de textes d’application sans lesquels ces lois demeurent largement inapplicables ;

La plupart de ces lois ne prennent pas suffisamment en compte la nécessité d’une approche participative pourtant indispensable pour l’aménagement d’une législation environnementale efficace ;

L’inefficacité de certains textes tient au fait que les moyens humains et matériels nécessaires à leur mise en application font défaut. Ainsi la poursuite des différentes infractions au Code Forestier, au code foncier ou au Décret - Loi sur les aires protégées (défrichements pour cultures, feux de brousse, braconnage, etc.) exigent beaucoup de moyens sans lesquels la mise en œuvre de toute législation restera difficile ;

Le régime de répression des délits est faible ;

Les conventions ratifiées ne sont généralement relayées par aucun texte légal d’adaptation si bien que les objectifs qu’elles énoncent demeurent lettre morte ;

Il existe beaucoup d’aspects qui ne font pas encore l’objet d’aucun encadrement juridique ; c’est le cas de manipulations génétiques, de la réglementation des expérimentations, etc.

 

Cadre Institutionnel

La responsabilité de conserver et gérer les ressources forestières est partagée entre diverses institutions dont le Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement en premier lieu, les Ministères de l’Agriculture et de l’Élevage, du Développement Communal et de l’Artisanat, du Commerce et Industrie, de l’Énergie et des Mines, des Travaux Publics, de l’Éducation Nationale et très récemment les ONGs tant nationales qu’internationales. Pour chacune de ces institutions, il a été relevé sa mission et ses activités en rapport avec les ressources forestières. Cependant ces institutions éprouvent des difficultés qui sont de plusieurs ordres :

Capacités institutionnelles trop faibles en termes de moyens ;

Absence d’un système de suivi - évaluation permettant de connaître de façon fine l’évolution des ressources forestières ainsi que les causes principales de leur diminution ;

Coordination intersectorielle essentielle en matière de protection de la ressource ligneuse fait défaut.

Bien que l’action gouvernementale poursuive le même objectif ultime qui est le bien être de la population, il n’y a pas aujourd’hui un cadre technique et formel de concertation entre les différents ministères pour garantir une bonne gestion de l’environnement. Il n’existe pas non plus de répertoire de règles de bonne conduite pour servir de référence à tous les intervenants dans la gestion des ressources naturelles en particulier les forêts et de l’environnement.

 

Cadre politique

Le Burundi se préoccupe de la gestion des ressources forestières pour permettre leur utilisation durable dans l’intérêt de la communauté nationale, en témoigne la signature et la ratification de la convention sur la diversité biologique, le SNEPA, l’organisation de symposiums forestiers, etc. Ces actes sont venus compléter les décisions antérieures en faveur de la préservation des ressources forestières notamment à travers la décision de création des aires protégées, la création du MINATE et l’organisation de l’INECN. De même ces dernières années, les politiques relatives à la gestion rationnelle des ressources forestières ont été renforcées par la formulation de la Stratégie Nationale pour l’Environnement et son Plan d’action, ainsi que par la restructuration du MINATE.

Il existe un code de l’environnement dans lequel les éléments des codes forestier et foncier ont été révisés. Sa promulgation est intervenue le 4 juillet 2000.

Aujourd’hui, les préoccupations liées à la gestion rationnelle des écosystèmes forestiers au Burundi n’ont pas encore été maîtrisées de façon suffisante. Les décideurs continuent à ignorer ou à sous-estimer l’interdépendance manifeste entre la politique de l’environnement et celle relative à l’énergie et à l’agriculture, par exemple, ainsi que les conséquences futures des décisions prises aujourd’hui. Aussi les politiques souffrent-elles des distorsions au profit des secteurs plus importants par leur importance économique et politique et au détriment des intérêts des générations futures qui ne peuvent agir sur les décisions actuelles.

De même, l’insuffisance générale des connaissances sur les liens entre la politique économique et l’environnement constitue un handicap réel qui empêche d’étendre progressivement l’évaluation des effets sur l’environnement à l’ensemble des projets sectoriels et d’évaluer l’impact des mesures macro-économiques sur l’environnement. Cela gêne également l’établissement des programmes gestion durable des ressources forestières.

Enfin, la crise socio-politique est venue remettre en cause les efforts entrepris et un relâchement s’observe en matière de la protection et de la conservation des écosystèmes forestiers qui sont sérieusement menacée par des activités anthropiques de destruction ou de surexploitation, qui risquent d’entraîner la disparition imminente de beaucoup d’espèces biologiques.

 

Faits nouveaux intéressant le secteur agricole et leurs conséquences sur le secteur forestier

D’aucuns estimaient que la forêt naturelle de montagne, pauvre, non rentable, très secondarisée, devrait être abattue à blanc étoc et convertie en une plantation d’essences à croissance rapide. Jusqu’à une époque récente, elle était encore convertie au profit des cultures industrielles de thé ; les produits de celles-ci étant exportés. Une extension de thé, qui passe par un abattage de la forêt, ne paraît pas pour le moment tentante avec la création des aires et sites protégés.

Les bordures de forêts constituent encore des sites de défrichements illicites où se développent des cultures vivrières sur sols forestiers riches. Ces zones ont été parfois reboisées ensuite en essences exotiques par les services forestiers compétents. Il s’agit d’une conversion de la forêt en deux étapes. Ces reboisements en Cupressus lusitanica, Pinus sp, Acacia sp montrent un excellent développement.

A Bugarama, au lieu de remplacer cette forêt de montagne, on a laissé sur pied 10 à 20 arbres intéressants par hectare (Symphonia, Strombosia, Carapa, etc.), et introduit en sous-étage, lors de l’abattage des essences non désirables et des arbres arrivés à maturité, une plantation d’essences exotiques (Grevillea, Cupressus, Pinus) obtenant ainsi, en fin de révolution, des peuplements mixtes de haute valeur.

LEWALLE (1972) pense que les zones dégradées ou très secondarisées peuvent être colonisées de manière naturelle par mise en défens totale ou artificielle, par plantation des essences naturelles en sous-étage d’essences exotiques ; mais que le plus souvent, la destruction de la forêt naturelle est irréversible ; la constitution du milieu n’étant pas encore réalisée par l’homme. Il note que pour le cas du Burundi, jusqu’à présent, ni les enrichissements en layons ou en placettes, ni les actions visant la reconstitution ou la régénération naturelle n’ont donné des résultats intéressants. C’est pourquoi, la mise en protection totale de ces écosystèmes en voie de disparition s’est avérée nécessaire, en attendant de pouvoir se permettre de bien gérer ce patrimoine (ISABU, 1987).

Étant donné que plus de 90 % des emplois sont fournis par l’agriculture, qu’il n’y a plus de terres vacantes pour la foresterie classique et que la forêt naturelle est protégée par la loi, il est impératif que les agriculteurs recourent à l’intégration de l’agriculture, de l’élevage et de la foresterie sur la même exploitation qui s’amenuise au jour le jour en vue de diversifier leurs sources de revenus et d’assurer leur autosuffisance alimentaire. La plupart de spécialistes du secteur pensent que dans un avenir très proche, cette agroforesterie / foresterie paysanne doit fournir plus de 95% de produits ligneux ainsi qu’une gamme variée de produits non ligneux et des services.

 

Faits nouveaux dans le domaine des services et dans les autres secteurs et leurs effets potentiels

Dans le but de diversifier les sources de revenus, le gouvernement avait commencé à développer l’écotourisme dans la plupart des aires protégées. Des réseaux de pistes, des paillotes, des sites de camping et des maisons d’accueil furent aménagés pour faciliter l’accès aux sites et monuments touristiques. Malheureusement, la crise socio-politique de 1993 a eu des effets négatifs sur ce programme. Les statistiques montrent qu’au premier trimestre 1993, le nombre total des visiteurs a été de 4 253 touristes dont 1 674 à la Rusizi, 1 003 à la Kibira, 647 aux monuments et 352 à Kigwena. Les nationaux représentaient 8% de l’effectif total.

Actuellement, à cause de l’insécurité, on assiste au gèle de l’assistance technique étrangère, à la destruction des infrastructures, ce qui a pratiquement anéanti les activités écotouristiques. Certaines aires en défens sont devenues des champs de refuge et de bataille des belligérants.

Seul le delta de la Rusizi enregistre encore quelques visiteurs, en moyenne 100 par mois grâce à sa proximité à la capitale et sa situation sécuritaire relativement calme.

 

Changements dans la consommation de l’énergie et conséquences sur les forêts

La plus grande partie des ressources énergétiques dont dispose le Burundi sont des ressources renouvelables, essentiellement les produits de la biomasse (bois, déchets végétaux et animaux) et de l’hydroélectricité. Dans le bilan énergétique, le bois fournit environs 95% (ENERGIE ET MINES, 1990). A coté de ces ressources déjà largement exploitées, figurent celles dont la valorisation est encore limitée, mais dont le potentiel est également important. Il s’agit de l’énergie solaire, thermique et surtout photovoltaïque et du bio gaz.

Tableau 06 : Ressources, production et besoins énergétiques en 1997 et 2003

 

Ressources totales

production annuelle disponible

Production 1997

Production 2003

Bois (millions de tonnes)

27,8

1,7

5,9

6,7

Tourbe (millions de tonnes)

57,4

0,05

0,01

 

Produits pétroliers (millions de tonnes ’)

     

70-90

Hydroélectricité (GWh)

1 500

193

128

160-186

Source : ENERGIE ET MINES, 1998.

Electricité

La consommation de l’électricité a enregistré un maximum de 123,4 GWh en 1994. Les valeurs les plus récentes sont de 92,7 en 1996 et de 107,6 en 1997. Le nombre total d’abonnés était de l’ordre de 25 100 à la fin de 1997 pour une population de 6,02 millions d’habitants et environs 1,2 millions de ménages soit un taux de raccordement de 2%. De 1985 à 1994, le taux de croissance annuel moyen de la consommation a été de 4,9%, mais la croissance a fléchi depuis cette dernière année sous l’effet combiné de l’embargo et de la crise socio-politique.

En 1993, dernière année où la ventilation sectorielle détaillée est disponible, l’industrie comptait pour 28% de la consommation totale, les services publics pour 22%, les services privés (commerces, hôtels, etc.) pour 19% et les foyers domestiques pour 31%. Sur les quatre années 1990 - 1993, le taux moyen des pertes techniques a été de 12 % et celui des pertes non techniques de 8,3% (ENERGIE ET MINES, 1998). Tout programme tendant à stimuler l’usage du courant électrique dans les foyers domestiques conduira à la diminution de la consommation du charbon dans les villes, diminuant ainsi la poussée sur la forêt.

Les programmes d’électrification rurale rencontrent de multiples contraintes, au premier rang desquels figurent les coûts de raccordement pour les futurs abonnés et les besoins de financement pour la construction des lignes. La promotion de ces programmes aura un impact sûr sur les forêts.

Un ensemble de possibilités de réduction des coûts d’investissement et de gestion de l’électrification rurale pourrait donc être testée dans le cadre d'un projet pilote d’électrification communautaire à coût réduit, c’est à dire impliquant de la part des membres de la communauté, leur participation financière ou en nature à la construction, à la gestion et à l’utilisation de l’électricité’ et utilisant des systèmes de raccordement moins coûteux.

Combustibles ligneux

Le bois de feux est l’énergie la plus consommée par les ménages burundais, essentiellement pour les usages de cuisson : plus de 4 millions de tonnes en 1997, auxquels s’ajoutent environs 190 000 tonnes de charbon de bois et 370 000 tonnes de résidus végétaux (ENERGIE ET MINES, 1998)

Selon toujours le même auteur, la prévision de la demande finale à l’horizon 2003, établi sur la base des consommations unitaires enregistrées dans le passéet de l’évolution démographique montrent qu’elle se situerait à plus de 4,5 millions de tonnes de bois et 215 000 tonnes de charbon de bois.

Le bois devrait donc continuer à être l’élément central de toute stratégie des énergies domestiques.

Le bilan actuel et futur de la production et de la consommation du bois énergie

En se référant aux données précédentes on constate un déficit de 4,2 millions tonnes en 1997 entre la consommation primaire (5,9 millions de tonnes) et la production annuelle des divers types de boisements (1,7 millions de tonnes). Celui-ci devrait se creuser davantage dans les années futures si le rythme d’accroissement des superficies forestières reste inférieur à celui de la population.

Toutefois, l’existence à terme d’un risque de pénurie et la diminution de superficies forestières dans les années passées impose dès maintenant de poursuivre et surtout d’étendre les projets de reboisements sans toutefois oublier d’améliorer la gestion du patrimoine forestier existant. Il s’agira en outre d’une mesure à plusieurs dividendes : augmentation des ressources en bois, arrêt des hausses de prix qu’entraînerait une pénurie, stabilisation des sols dans les zones érodées les deux autres directions complémentaires sont les mesures de conservation de la ressource ligneuse et la politique de substitution par d’autres énergies.

Consommations finales d’énergie des ménages et prévisions en 2002 et 2010.

 

Tableau 07 : Consommation moyenne de l’énergie-bois (1997)

 

Bois

Charbon

Résidus agricoles

 

Kg/pers/j

Kg/pers/j

Kg/pers/j

Zones urbaines

0,19

0,52

0,00

Zones rurales

1,92

0,06

0,18

Ensemble

1,84

0,08

0,17

source : ENERGIE ET MINES, 1998

Le tableau suivant présente les consommations en biomasse des ménages en 1997, avec une projection en 2010 déduite des taux de croissance de la population urbaine (3,43%) et rurale (2,05%). Cet exercice permet de se rendre compte de la place du bois de feu et de son importance si le statu quo est conservé sur le mode de consommation.

Tableau 08 : Consommation et prévisions (milliers de tonnes)

 

1997

2002

2010

bois

Charbon de bois

Résidus

4 022

189

370

4 454

213

409

5 259

260

482

Les ménages ruraux sont responsables de 77% de la quantité totale de bois primaire prélevé. La part des ménages urbains est marginale en ce qui concerne le bois de feu, mais ceux-ci consomment plus de 71% du charbon produit. Les résidus sont utilisés presque entièrement en zones rurales. Le bois énergie et le charbon de bois constituent aussi les énergies principales de nombreuses activités artisanales et industrielles.

Les ménages consomment 99% de la demande totale de bois de feu et 97% de la demande de bois. Il ne semble pas avoir eu depuis de changements significatifs dans la structure des activités qui auraient pu induire une modification de cette opération. On peut considérer que la croissance démographique est le principal déterminant des niveaux de consommation de bois et de charbon de bois.

Les prévisions de la demande finale en combustibles ligneux à l’horizon 2002, établie sur la base des consommations unitaires précédentes et de l’évolution démographique, montre que celle-ci se situait au niveau de 1,75 millions de tonnes équivalents pétroles. Il est peu probable que l’évolution attendue s’écarte sensiblement de la tendance antérieure. En effet, même une augmentation substantielle des revenus ne parviendrait pas à modifier le comportement des ménages dans le court et le moyen terme. Le bois devrait donc continuer à être l’élément central de toute stratégie des énergies domestiques et le prélèvement sur le couvert forestier se chiffrerait alors à 6,6 millions de tonnes de bois.

 

Consommation sectorielle de bois et de charbon de bois en 1999 

Tableau 09 : Consommation en 1999

 

Bois de chauffage

Charbon de bois

Tonnes %

Tonnes %

Industrie

Secteur public

Ménages

Commerce résidentiel

Artisanat

8 970

18 000

4 470 600

11 200

1 930

0,2

0,4

99,1

0,2

0,1

80

36 230

1 150

 

0,2

96,7

3,1

Total

4 510 700

100,0

37 460

100,0

Source : ISTEEBU, 1990.

Il faut cependant noter la précision très limitée des estimations de consommations des combustibles ligneux figurant dans le tableau précédent et, par conséquent, de leur prévision à l’horizon de quelques années. Des biais importants sont introduits lors des déclarations des consommateurs sur les quantités de combustible consommée journellement, biais amplifiés du fait que la mesure est ensuite extrapolée sur une période d’une année ou plus.

Les mesures de conservation des ressources ligneuses

Les mesures de conservation des ressources ligneuses ont jusque-là porté sur les foyers améliorés au bois et au charbon de bois, ainsi que sur l’accroissement des rendements des charbonnières. L’objectif visé était de réduire le volume de l’énergie nécessaire pour satisfaire un même niveau de besoin. Les programmes correspondants, soutenus par diverses initiatives et réalisées dans le cadre de différents projets, ont porté sur la fabrication, la promotion et la diffusion des foyers améliorés, et sur la formation de charbonniers.

Les résultats en ce domaine ont conduit à la conception du foyer DUB 10, d’un rendement de 20% et d’un prix d’environs 600 FBu (1998). Suivant les rapports d’évaluation de SEDES (1994), 80 artisans ont été formés dans la première phase des projets mais la tentative de les organiser en coopératives n’a cependant pas été un succès. La commercialisation des foyers, basée sur des subventions afin de les rendre concurrentiels, a permis de diffuser 9 000 foyers sur la période de 1985-1986. Toutefois, l’arrêt de ces subventions a entraîné le désengagement de quelques artisans. On peut adopter que 20% des ménages des deux grandes villes du pays à savoir Bujumbura et Gitega ont adopté l’usage de foyers améliorés.

L’amélioration des rendements de carbonisation est un autre objectif des programmes. Les progrès sont ici difficiles à atteindre puisque la profession de charbonnier est très peu organisée et que la production de charbon de bois est souvent une activité secondaire des agriculteurs. Le bilan des actions possibles en ce domaine devrait être soigneusement établi avant de relancer des programmes tels que ceux prévus par PRSE en 1991, mais suspendus en 1995.

Malgré ces efforts et les progrès accomplis, ces divers programmes n’ont en général pas obtenu tous les résultats escomptés. Déjà le plan quinquennal 1985-1989 établissait un constant identique et soulignait le faible impact des actions entreprises. Il s’agit certes là de projets de longue haleine où le poids des habitudes, culinaires en particulier, est difficile à vaincre et où les gains ne sont pas toujours équilibrés dans l’appréciation des utilisateurs par les surcoûts à l’achat de nouveaux équipements. En outre depuis quelques années, les soutiens gouvernementaux ont été réduits.

Sans dénier l’intérêt de ces programmes à moyen et long terme, leur encadrement et leurs conditions de fonctionnement mériteraient d’être examinés attentivement, en particulier, en suscitant autant que possible les initiatives locales, associatives (groupements d’intérêt, ONGs) ou privées, plutôt qu’en comptant sur l’appui des pouvoirs publics. Les interventions de ceux-ci pourraient se limiter à préserver les acquis existants (stabilisation des ménages équipés de foyers améliorés) au moyen de campagnes d’information et de l’attribution d’un label de qualité aux foyers améliorés, le relais pour des actions renforcées étant pris par d’autres acteurs ou grâce à la demande spontanée de nouveaux utilisateurs.

 

Politiques de substitution de combustibles ligneux par d’autres combustibles : La tourbe, le gaz butane et le kérosène

En ce domaine, les perspectives immédiates paraissent trop limitées. L’utilisation de la tourbe n’a pas rencontré de succès auprès des ménages et des projets de sa carbonisation sont improbables. Celle du kérosène ne semble pas correspondre aux habitudes culinaires. Quant au gaz butane, il se heurte à une double contrainte de coût pour la très grande majorité de ménages et d’approvisionnement après l’arrêt des importations en vrac et en détail.

A terme cependant, et à l’exemple d’un grand nombre de pays africains, la réduction des consommations urbaines de bois et de charbon ne deviendra significative que grâce à l’accroissement des utilisations de Gaz Pétroliers Liquéfiés (GPL). Sous l’effet d’une augmentation des revenus de la population et grâce souvent à des subventions à l’équipement ou à l’énergie, parfois aux deux, la double transition du bois vers le charbon de bois, puis de celui-ci vers le GPL, est un phénomène observé dans la plupart de pays en développement. Cette perspective est peut être plus lointaine pour le Burundi compte de tenu de l’enclavement, mais elle ne devrait pas néanmoins être écartée. Compte tenu de l’inexistence de données sur la consommation de butane, il est recommandé de mener une étude de marché potentiel de ce produit. Celle-ci s’inscrirait dans le programme d’activités de l’unité chargée de l’ensemble de la filière pétrolière dont la création à l’intérieur de la Direction de l’énergie est également recommandée.

 

Energie solaire

Les conditions climatiques du Burundi permettent un ensoleillement pendant 4 à 7 heures par jour, suivant les saisons et les régions. Elles sont propices à l’utilisation de l’énergie solaire pour de multiples usages, dont l’éclairage, la réfrigération, la téléphonie rurale, la télévision, le balisage, le pompage de l’eau, et cela sur toute l’étendue du territoire.

On a dénombré en 1991, 331 installations photovoltaïques totalisant 1 312 modules et 47 048 Wc de puissance. Les 2/3 des installations sont destinés à l’éclairage, mais ne représentent que le 1/3 de la puissance installée. Les usages de pompage sont plus intensifs puisque 1 % des installations absorbe plus du 1/3 de la puissance totale. Le diagnostic établi lors du recensement de ce parc indiquait que 56% des systèmes étaient en bon état de fonctionnement. Pour la plupart, ils ont été fournis et installés par le CBEA, la DGHER et l’ONG Caritas.

L’utilisation de l’énergie solaire pour des usages thermiques (chauffage de l’eau, séchage des denrées, distillation) a connu un développement plus modeste en terme de nombre d’unités installées. On doit souligner que l’utilisation des séchoirs solaires apportait des avantages importants par rapport aux méthodes traditionnelles.

Dans les années passées, le prix des systèmes voltaïques commercialisés à Bujumbura par les fournisseurs privés s’élevait à 300 000 FBu pour un Kit comprenant un module photovoltaïque, une batterie, un régulateur, trois réglettes de 13 W et les accessoires. Le prix constaté en 1998 pour le même type d’équipement était de 273 000 FBu. Le montant total des taxes constitue aussi une barrière à l’acquisition ces équipements. Une révision de la taxation devrait placer le matériel photovoltaïque dans une catégorie des produits d’imposition inférieure.

Le CEBEA a inscrit à son programme de développement l’équipement de 20 collèges communaux, de 160 centres de santé, et de 4 400 ménages ruraux en systèmes solaires photovoltaïques, pour un montant estimé à 600 millions de FBu, auxquels il faut ajouter 150 millions de FBu pour la promotion du solaire thermique, soit au total l’équivalent de 1,5 millions $ EU.

 

Bio gaz

La technologie de bio gaz a été introduite au début des années 80 grâce à plusieurs projets financés par la coopération internationale (FED, Belgique, Allemagne, Chine). On compte aujourd’hui plus de 300 installations. Chacun des projets a apporté quelque chose de spécifique au processus de promotion du bio gaz, tant en matière de vulgarisation des techniques, de réalisation de projets pilotes que de formation de techniciens et des utilisateurs. Près de 40% des installations sont destinées à l’assainissement en remplacement des fosses septiques.

Tous ces projets ont permis la constitution d’une importante capacité technologique et ont suscité l’intérêt des utilisateurs pour le bio gaz. Seulement après le retrait de la coopération, les actions ont connu d’abord un ralentissement, puis actuellement sont pratiquement à l’arrêt. Depuis 1993,on a eu très peu d’informations sur l’état des installations, compte tenu du contexte qui a prévalu (insécurité, déplacement de personnes, etc.). Avec la crise, le prix du ciment a pesé lourdement sur les frais de construction. Le coût d’une installation de bio gaz de 20 m3 était évalué par le CEBEA à 550 000 FBu en 1998. Cela met cet équipement hors de portée de beaucoup de ménages ruraux, même si on utilise le mécanisme de financement des Coopératives d’Épargne et de Crédit (COOPEC).

Contrairement à la diffusion d’équipements photovoltaïques qui a été subventionnée pratiquement à 100%, les bénéficiaires ont généralement apporté une contribution à la réalisation de leur installation. Les appuis ont été essentiellement fournis sous forme d’assistance technique pour la construction et la maintenance. Dans le prolongement de ses activités de promotion du bio gaz, le CEBEA a évalué ses futurs besoins de financement à 200 000 $ EU.

 

Faits nouveaux dans les infrastructures et les communications

Le réseau routier est classé parmi les plus denses d’Afrique et praticable en toute saison.

Administrativement, les routes sont classées en trois catégories à savoir :

Les routes nationales (RN) qui mettent en relation Bujumbura avec les zones frontalières à l’exception de la RN2 et constituent 1/10e de l’ensemble du réseau. Elles sont toutes asphaltées ;

Les routes d’intérêt général (RIG) qui relient les provinces entre elles ;

Les routes provinciales ( RP) qui assurent la liaison à l’intérieur des provinces.

Ces trois catégories de route représentent, en pourcentage, la moitié du réseau. L’autre moitié étant constituée de pistes et autres voies non classées.

C’est dans cette dernière catégorie de pistes et voies non classées que rentrent les pistes forestières qu’on trouve partout dans les grands projets de reboisement ainsi que dans les aires protégées.

Le transport lacustre est rendu possible par les installations portuaires sur lac Tanganyiika. Lors de son aménagement, le port de Bujumbura était destiné à desservir une vaste région qui comprenait outre le Burundi, le Rwanda et le Kivu en République Démocratique de Congo.

Les voies routière et lacustre sont utilisées pour l’importation du bois d’œuvre en provenance pour la plupart de fois de la Tanzanie et de la RDC.

Le transport aérien est rendu possible par l’unique aéroport international de Bujumbura ainsi que par quelques aérodromes répartis sur l’ensemble du territoire.

 

Tendances de l’investissement dans le secteur

A partir de 1976, le projet Rugazi commence à établir des plantations de bois d’œuvre sur les contreforts Ouest de la Crête Congo-Nil : 3 200 hectares principalement en pins furent plantés sur financement du FED.

Depuis, les projets de reboisement se succèdent ; parmi ceux-ci, la coopération belge avec l’établissement de 12 000 hectares de plantation de protection sur les crêtes à travers le projet Mugamba-Bututsi, la Banque Mondiale à Vyanda, Gakara, etc., la coopération française avec le projet PRPE / ISABU, la coopération allemande pour ne citer que ceux-là.

Tous ces projets ont suspendu leurs travaux. Avec la crise socio-politique de 1993 et l’embargo qui s’en est suivi, le gouvernement se retrouve incapable d’installer de nouvelles plantations et de poursuivre la gestion et l’aménagement des ressources forestières après que l’aide bilatérale en général et dans le secteur forestier en particulier a sensiblement diminuée. Cette dernière est passée de 194 720 000 $ EU en 1994 à 32 200 000 $ EU en 1998 (PNUD, 2000). Dans le secteur forestier, les investissements consentis entre 1976 et 1995 approchent 53 000 000 $ EU constitués de prêts, dons et contributions nationales.

Toutefois, certaines actions de reforestation ont quand même continué. C’est le cas notamment des actions financées par le HCR dans les provinces du Nord, le PNUD/FAO à travers le Projet Appui à la Restauration de l’Environnement, les ONGs, le Département des Forêts dans la production et distribution de plants. Durant la campagne sylvicole 1999-2000, le Département des Forêts, en collaboration avec la population, l'administration territoriale et les autres partenaires a produit 30 000 000 de plants forestiers, agroforestiers et fruitiers et l'on compte produire la même quantité en 2000-2001.

 

Changement des politiques forestières

La politique forestière burundaise a été caractérisée par trois époques importantes : 

L’époque coloniale marquée par une certaine prise de conscience pour la protection par mise en défens des forêts naturelles, le développement du patrimoine forestier par le reboisement par des mesures contraignantes du colonisateur ;

Après l’indépendance, il n’y a plus de mesures contraignantes, par contre les efforts de reboisement tentent de diminuer. Le gouvernement met en place une réglementation pour la protection des forêts naturelles. Sur constat de la pénurie de bois, l’on entreprit des actions visant la définition claire de la politique forestière. En 1969, un document de développement du secteur forestier est élaboré ;

La troisième époque est celle des années 1980, elle est marquée par de nouveaux efforts de conservation et de restauration des forêts et des espaces naturels par les services étatiques. Les pouvoirs publics se préoccupent de la gestion rationnelle des ressources naturelles (NDIMIRA et al., 1993).

En matière de restauration et conservation des forêts, des aires protégées sont crées à partir de 1982. Elle s couvrent actuellement 127 600 hectares.

Après la crise de 1993 il a fallu adapter la politique forestière aux circonstances du moment. En effet, quatre axes principaux ont été visés :

La réconstitution du couvert forestier détruit par la crise et le développement du patrimoine forestier ;

Le renforcement du système d’aménagement et de gestion concertée de la ressource forestière existante en tenant compte des réalités locales ;

L’amélioration des technologies de valorisation du bois ;

La mise en place d’un programme de recherche d’accompagnement.

Pour réussir la reconstitution du couvert forestier détruit par les effets de la guerre, certaines stratégies s’imposent :

Les populations doivent être sensibilisées afin qu’elles participent au développement de la ressource forestière et à sa protection surtout contre les feux de brousse ;

La promotion de l’agroforesterie, le reboisement privé et la protection des crêtes dénudées grâce à la reforestation ;

Le programme sylvicole devra s’appuyer sur les besoins réels du pays (et des populations) et visera la couverture végétale de 20% du territoire national

Le renforcement du système de gestion du patrimoine forestier requiert certaines stratégies telles que la vulgarisation des textes législatifs actualisés : code forestier, code de l’environnement, accompagnées de la participation effective des populations dans la gestion des boisements domaniaux en leur garantissant un partage équilibré des produits de leurs efforts.

Progrès technologiques dans le secteur et les secteurs connexes

La technologie dans le secteur forestier est quasi inexistante du fait qu’on ne rencontre presque pas d’industries forestières.

Quelques menuiseries spécialisées dans la production de meubles sont concentrées surtout à Bujumbura.

Elles sont de faibles capacités, avec un matériel rudimentaire et manquent de personnel qualifié (un personnel artisanal composé essentiellement de menuisiers, de charbonniers et de charpentiers).

Quant à l’industrie du bâtiment, elle utilise environs 6 000 m3 de sciage à Bujumbura.

 

 

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