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LE SECTEUR FORESTIER EN L'AN 2020

 

Etats des forêts et des plantations

Le caractère évolutif des forêts et des boisements.

Les formations forestières du Burundi, ont beaucoup évolué dans le temps. En effet, à l’époque coloniale, les mesures de protection avaient permis de ralentir la dégradation des formations forestières naturelles sous l’effet de la collecte du bois et de la recherche des terres pour l’agriculture. Dès décembre 1933, des mesures légales sont prises pour la protection des lambeaux de forêts existants.

Aussi, en vue de subvenir aux besoins de la population en bois et en même temps préserver les boisements communaux et les formations naturelles, le colonisateur imposa à la population la création des boisements dits économiques à proximité des centres administratifs et des centres miniers importants dès 1948.

Cependant, les formations forestières naturelles ont fortement régressé depuis la décolonisation jusqu’en 1980, car, l’indépendance a dans un premier temps donné lieu à un relâchement des mesures contraignantes de protection de cette ressource.

Ce n’est qu’à partir de 1978, que le gouvernement a manifesté de nouveaux efforts de conservation et de restauration des forêts et des espaces naturels, ainsi l’Institut National pour la Conservation de la Nature (I.N.C.N.) vit le jour en mars 1980 par un décret-loi portant également la création des parcs nationaux et des réserves naturelles : la forêt de la crête Congo-Nil, la savane arborée à Brachystegia de Rumonge, la forêt de Kigwena et de Bururi.

De même, les reboisements lancés sur un mode autoritaire avant l’indépendance furent par la suite ralentis pour reprendre entre 1970 et 1980.

En effet, selon l’inventaire forestier mené en 1976 par le Département des Forêts, la superficie totale des boisements artificiels était estimée à ± 25 000 hectares dont 20 000 à 22 000 hectares constitués d’Eucalyptus, le nombre total des boisements étant estimé à 4 822 parmi lesquels 611 boisements sont constitués d’Eucalyptus ayant plus de 10 hectares et occupant 60% de la superficie totale, alors qu’en 1967, la situation se présentait comme suit :

Forêts naturelles : 100 000 hectares

Boisements artificiels : 24 000 hectares

L’évolution de ces plantations prendra alors la vitesse de croisière vers les années 1980 car, le Gouvernement de la République du Burundi avec l’aide de certains pays amis tels que la Belgique, la France, l’Arabie Saoudite, le Koweit et certaines organisations internationales comme la Banque Mondiale, le Fonds Européen de Développement, le Fonds d’Aide et de Coopération, a lancé un vaste programme de reboisement aussi bien pour la production du bois que pour la protection de l’Environnement avec des essences à croissance rapide tels que les eucalyptus.

Le bilan global de la campagne 1978-1991 est la création de 56 430 hectares de boisements semi- industriels, de l’agroforesterie et de la foresterie paysanne (4 000 hectares). Ainsi, à partir des années 1980, les boisements artificiels dépassèrent en superficie les pertes de forêts naturelles, mettant fin à la longue régression historique de la ressource forestière.

Par-là, il faut comprendre que les formations naturelles ont été enrichies par des essences exotiques à croissance rapide, plus performantes que les autochtones; Il s’agit notamment de Podocarpus milanjianus, Podocarpus usumbarensis, Entandrophragma excelsum, Carpa grandiflora, Symphonia globulifera, Neoboutonia vernonia, Prunus africana, Terminalia superba, Faurea saligna,...

Selon GILBERT, 1956, J. BIELEN et LEWALLE, 1972, l’enrichissement des forêts naturelles avait pour objet la mise en valeur d’une superficie dégradée et envahie par des essences secondaires en vue d’obtenir le maximum d’homogénéité et permettre une exploitation ultérieure plus facile et moins dégradante.

Ce genre d’activités a été d’ailleurs repris dans le programme de reboisement tel que cela est indiqué par le document intitulé «Développement forestier du Burundi, 1969»; où il était prévu sur 30 ans, la reforestation répartie comme suit :

Forêts de Kibira : 30 000 à 50 000 hectares.

Bois de feu : 50 000 hectares

Bois d’œuvre : 10 000 hectares.

Cependant, ces boisements artificiels même s’ils sont plus productifs à l’hectare, ils ne remplacent pas les rôles qualitatifs et écologiques des forêts naturelles.

Situation actuelle des boisements

Superficies et taux de couverture forestiers

Boisements publics en plein

Les boisements artificiels publics en plein existants au Burundi diffèrent aussi bien en espèces qu’en âge. La première catégorie date de l’époque coloniale ; majoritairement constituée d’eucalyptus, cette catégorie a déjà dépassé le stade de révolution.

La productivité des boisements qui composent cette catégorie est faible. Pour cette catégorie, la reconversion n’est plus une nécessité, mais plutôt une obligation afin de limiter les spéculations relatives à sa disparition.

La deuxième catégorie qui comprend les blocs semi-industriels a été installée à partir de 1980. Les essences principales qui composent cette dernière sont le Callitris (24 000 hectares), l’Eucalyptus (16 000 hectares) et le Pinus (15 000 hectares).

Cette catégorie devrait connaître une exploitation finale de poteaux en 2007 au plus tard, et théoriquement, alors que l’exploitation finale devrait être entreprise depuis 2010.

La dernière catégorie couvre environ 15 000 hectares (rapport Département des Forêts). Elle est de création récente et est constituée majoritairement d’Eucalyptus. Les boisements de cette catégorie sont actuellement au stade de perches, et s'ils étaient bien entretenus, les plus anciens auront dépassé le stade de basse futaie (poteaux) en 2020 tandis que le bois d’œuvre sera à sa quatrième éclaircie. La superficie totale de ces boisements publics en plein couvre 78 280 hectares en l’an 2000, soit 2,8% de la superficie totale du pays.

Arbres hors forêts

Les arbres hors forêt au Burundi se présentent sous plusieurs formes :

Les arbres agroforestiers ;

Les arbres d’alignement le long des routes ;

les arbres éparpillés ici et là dans les pâturages ;

Les arbres en milieu urbain.

Ces arbres contribuent beaucoup dans la satisfaction des besoins des populations en produits ligneux et non ligneux.

Beaucoup d’arbres hors forêts ont un intérêt historique et culturel dans notre pays. En effet, certains sites historiques identifiés au Burundi sont pour la plupart matérialisés par des arbres hors forêts. C’est pour cette raison que certaines espèces comme le Pericopsis angolensis, le Chlorophora excelsa, le Cordia africana, doivent faire l’objet d’un programme spécial pour leur réhabilitation.

En 2000, les arbres hors forêts se présentaient comme suit :

Micro boisements privés : 31 111 ha

Agroforesterie: 7 567 ha

Paddocks: 3 341 ha

Ces informations ont été obtenues grâce aux rapports d'activités des projets de reboisements (Banque mondiale, projet Bukirasazi, projet Mugamba Nord et projet Bututsi).

Donc, le total d’arbres hors forêts couvrirait 42 534 hectares si l’on ne tient pas compte des arbres autour des bâtiments publics, des arbres familiaux des quartiers résidentiels ; leur pérennité laisse à désirer car ces derniers sont souvent sujets à des mutilations ou d’enlèvement sous des prétextes divers, tels que le danger public, dégâts aux habitations.

Productivité.

A l’exception des arbres intégrés dans les exploitations agricoles, les boisements artificiels connaissent les mêmes dégâts dommageables que les forêts naturelles ; Une trentaine de milliers d’hectares a été emportée par la crise d’octobre 1993 alors qu’en principe le taux annuel de déboisement est estimé à 3,2% (1983-1998).

Pour remédier à cette situation, le Gouvernement du Burundi représenté par le Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement a entrepris des actions visant la réhabilitation de l’environnement depuis 1995.

Ainsi, en collaboration avec certains intervenants dans le secteur forestier et avec l’appui des organismes tant nationaux qu’étrangers tels que le PNUD, la FAO, le HCR et diverses ONGs. Le Ministère ayant en charge l’Environnement a entrepris des actions de réhabilitation de l’Environnement et une part importante des boisements détruits suite à la crise est déjà reconstituée, la campagne de sensibilisation de l’administration publique et de la population est déjà entreprise en vue de les exhorter à contribuer au rétablissement des boisements endommagés, étendre les superficies boisées, promouvoir l’agroforesterie, respecter et faire respecter les boisements et partant augmenter leurs rendements.

N’eut été donc les conditions climatiques défavorables ayant entraîné la sécheresse, la recrudescence des termites surtout dans les régions de l’Est, du Nord-Est et du Nord-Ouest, tous les boisements détruits ou endommagés suite à la crise auraient été déjà rétablis. Beaucoup d’efforts restent donc à fournir. Par ailleurs, à l’exception des arbres agroforestiers, micro boisements, les grands blocs boisés des chantiers et les jeunes boisements installés depuis 1995 dont les premiers devraient déjà connaître les premières coupes d’entretien, très peu de boisements sont en bon état. Suite à l’âge et/ou faute d’entretien ces boisements sont très peu productifs.

Volume d’arbres sur pied

Selon les rapports du Département des Forêts et de l’INECN, le stock d’arbres sur pieds était estimé par hectare à 100 m³ pour les Forêts naturelles, 145 m³ pour les boisements artificiels en plein et à 200 m³ pour l’agroforesterie et la foresterie rurale avec des accroissements annuels par hectare estimés respectivement à 2 m³, 9 m³ et 15 m³ en 1997.

Compte tenu de ces éléments, le volume d’arbres sur pieds seraient en l’an 2000 estimé à :

Forêts naturelles : 10 930 442 m³

Boisements publics en plein : 14 125 752 m3

Agroforesterie et foresterie rurale : 10 567 971 m³

Total : 35 624 165 m3

Formule générale : Vn = Vi x (1 + t )n

Vn = Volume à la nème année, Vi = Volume initial

t = taux d’actualisation, n = nombre d’années

 

Taux d'actualisation par type de peuplement :

Nature du peuplement

Taux d’actualisation (t ) en %

1

Forêt naturelle

2

2

Boisement artificiel en plein

6,2

3

Agroforesterie et foresterie rurale

7,5

Perspectives d’avenir.

Superficies et taux de couverture forestiers

Compte tenu de la situation décrite ci-avant, il est donc impérieux d’entreprendre le plus tôt possible des actions de plantation de grande envergure afin de prévenir la pénurie du bois au Burundi car, d’ici 2005, il y aura probablement une chute de production ; La majorité des boisements auront atteint ou dépassé leur dernière révolution. Selon le rapport du Département des Forêts, l’augmentation moyenne annuelle des plantations publiques réalisées entre 1950 et 1992 est estimée à 6 200 hectares par an. A ce rythme, le taux de couverture (20%) requis pour la satisfaction des besoins socio-économiques et écologiques sera atteint en l’an 2015 (annexe 5). En effet, les superficies boisées en plein couvrant 78 000 hectares en 2000 couvriraient 131 000 hectares, soit un taux de couverture national de 4,70%.

Or, compte tenu des moyens dont dispose le pays, le Gouvernement ne prévoit pas dépasser la mise en place de 4 000 hectares de boisements publics par an et 5 arbres par habitant et par an (foresterie rurale), un quota malheureusement faible eu égard aux besoins croissants en bois (annexe 6). Par ailleurs, compte tenu de la situation économique du pays, il n’est pas certain que ce programme sera entièrement réalisé. C’est pourquoi il faut poser deux scénarios :

Scénario 1

Le programme du Gouvernement est entièrement réalisé. Si on tient compte de la démographie, deux situations sont considérées :

L’accroissement de la population reste constant (3%)

L’accroissement de la population est légèrement en baisse (2,2%) et l’on obtient les résultats ci-après :

Tableau 10 : Récapitulatif des superficies boisées (en hectares) et les taux de

couverture forestière correspondants

Accroissement

de la population

Années

Etat< /TD>

Population

Total

Taux de couverture (%)

Supréal

Agroforesterie

3%

2 005

16 000

89 201

105 201

3,7

2 010

36 000

217 435

253 435

9,1

2 015

56 000

368 950

424 950

15,2

2 020

76 000

548 991

624 991

22,4

TOTAL

184 000

1 224 577

1 408 577

50,4

2,20%

2 005

16 000

98 174

105 174

3,7

2 010

36 000

216 768

252 768

9

2 015

56 000

364 956

420 956

15,1

2 020

76 000

537 014

613 014

22

TOTAL

184 000

1 216 912

1 391 912

49,8

Scénario 2

Le Gouvernement ne dispose pas de moyens financiers. Dans ces conditions, seule l’agroforesterie réalisée par la population est pour elle-même est possible c’est à dire que, non seulement il n’y aura pas de boisements publics, mais encore, ceux préexistants ne bénéficieront plus d’entretien. Ces derniers sont donc menacés de disparition. Ainsi on obtient les résultats ci-après :

Tableau 11 : Récapitulatif des superficies boisées (en hectares) et les taux de

couverture forestière correspondants.

Accroissement

de la population

Années

Population

Taux de couverture (%)

Agroforesterie

3%

2 005

89 201

3,2

2 010

217 435

7,8

2 015

368 950

13,2

2 020

548 991

19,7

TOTAL

1 224 577

43,9

2,20%

2 005

89 174

3,2

2 010

216 768

7,7

2 015

364 956

13,1

2 020

537 014

19,3

Total

1 207 912

43,3

Volume d’arbres sur pieds probable

Scénario 1

Tableau 12 : Récapitulatif des volumes du bois sur pied en m3

Taux de croissance

de la population

Années

Etat

Population

Total

Agroforesterie

3%

2005

601 524

5 702 361

6 303 885

2010

373 498

3 779 866

4 153 364

2015

231 913

2 777 754

3 009 667

2020

158 400

2 050 532

2 208 932

TOTAL

1 365 335

14 310 513

15 675 848

2,20%

2005

601 524

6 158 137

6 759 661

2010

373 498

3 751 877

4 125 375

2015

231 913

2 704 890

2 936 803

2020

158 400

2 144 314

2 302 714

TOTAL

1 365 335

14 759 218

16 124 553

Scénario 2

 

 

Tableau 13 : Récapitulatif des volumes du bois sur pied en m3

Taux de croissance

de la population

Annees

Population

Agroforesterie

3%

2 005

4 747 048

2 010

9 675 335

2 015

13 730 273

2 020

17 086 233

Cumul

45 238 889

2,20%

2 005

4 745 760

2 010

9 650 650

2 015

13 618 886

2 020

16 828 288

Cumul

44 843 584

Si on compare les volumes d’arbres sur pied à la demande en bois, l’on constate que dans l’avenir la demande est supérieure à l’offre. Afin de faire face à cette situation, le Gouvernement devrait prendre d’autres mesures en vue de satisfaire les besoins de la population du pays en bois.

Il s’agirait dans un premier temps d’initier la population à l’utilisation des méthodes culinaires les plus économiques, à la réduction des gaspillages de la matière en réduisant notamment les ratios de consommation en valorisant les sous-produits ou en réduisant le nombre cuissons journalières et d’impliquer la population dans la mise en place, à l’entretien et à la sauvegarde des boisements publics dans un deuxième temps.

Les arbres hors forêts doivent occuper une place de choix dans les programmes nationaux de plantation d’arbres ; ceci parce que c’est la seule ressource forestière accessible à l’ensemble de la population.

Aussi, les arbres hors forêts sont moins exigeants au niveau des opérations sylvicoles parce que dans la plupart des cas ils sont associés avec les cultures et sont souvent proches des habitations.

En somme, les arbres hors forêts restent l’espoir pour la satisfaction des besoins de la population en bois de feu, de service et en bois de service.

 

Produits forestiers non ligneux

Situation actuelle

Outre la production ligneuse, les écosystèmes forestiers offrent d’autres produits végétaux non ligneux et/ou animaux qui sont utiles à la fois à l’homme et à l’animal qui vit dans ces écosystèmes. Ces produits relèvent du domaine peu exploré aussi bien sur le plan scientifique, économique que sur le plan nutritionnel, bien qu’ils puissent présenter beaucoup d’avantages. On sait en effet que les populations riveraines des forêts en tirent pas mal de profits. On citerait par exemple :

Végétaux comestibles

Ces végétaux que contiennent les forêts burundais interviennent dans l’alimentation quotidienne des populations humaines et/ou animales, les uns étant consommés sous forme de fruits, d’autres sous forme de feuilles et/ou de racines.

L’inventaire déjà réalisé par NZIGIDAHERA B., 1995 dans les forêts claires de l’Est et du Sud du pays fait état de 14 espèces végétales comestibles qui constituent une source de revenus (annexe 1).

Champignons

Les champignons rencontrés au Burundi outre qu’ils sont très utiles sur le plan nutritionnel, ils constituent une source de revenus surtout pour les riverains des formations naturelles. Les mieux connus se rencontrent dans les forêts claires de Rumonge, Makamba et Cankuzo : plus de 50 espèces ont été inventoriées par NZIGIDAHERA B. (1994-1999).

Les champignons du genre Cantharellus sont commercialisés sur tous les marchés locaux du sud. Par ailleurs, une exportation de 1 000 kg de chanterelles vers l’Allemagne en provenance de la forêt claire de Rumonge a été enregistrée en 1995 (rapport INECN).

Animaux comestibles

La chasse et la pêche sont restées depuis longtemps des voies de sources de protéines animales. Ces pratiques portent généralement sur des animaux comme les herbivores, les reptiles, les oiseaux et les poissons. Les herbivores tels que le Tragelaphus scriptus et Potamocerus porcus sont actuellement menacés d’extinction. les primates comme Papio anobus, Corobus et Cercopithecus sp. sont généralement attrapés dans la forêt de Kibira (crête Congo-Nil) et dans la région de l’Ouest et de l'Est du pays.

Les oiseaux les plus recherchés sont généralement le Lagonostica senegala, le Numidia meleagris, les Phasianidae et les Francolenus étant les plus appréciés. Les reptiles les plus généralement consommés appartiennent à l’ordre des ophydiens, aux familles des crocodilidae et varamidae.

Comme petits animaux consommés, on citerait notamment les macrotermitidae et les opoïdes, très appréciés et consommés par les populations des plateaux centraux et de la dépression du Sud et du Sud-Est.

 

Plantes mellifères

Dans les écosystèmes forestiers de l’Est et du Sud du pays, on trouve de nombreuses sources de nectar, mais le miel le plus apprécié provient des plateaux centraux, en provinces de KARUZI et de MURAMVYA (commune Mbuye).

Les essences reconnues comme sources de miel de bonne qualité grâce au miellat de bonne qualité et la couleur du pollen de ces dernières, sont classées par ordre d’importance comme suit :

Parinari curatellifolia (Karuzi)

Cassia spectabilis (Karuzi)

Coffea div. sp.

Sorghum vulgare

Les rubiaceae

Brachystegia div. sp.

Laminea et Combretum

Plantes médicinales

La flore médicinale burundaise est très riche et très variée. Les informations recueillies auprès de 108 guérisseurs traditionnels ont permis de recenser environ 324 espèces de plantes médicinales, intervenant dans 975 recettes pour soigner 99 maladies déjà identifiées.

Les familles les plus riches en plantes médicinales sont :

Asteraceae

Cyperaceae

Euphorbiaceae

Fabaceae

Rubiaceae

Solanaceae

Bien que la médecine ait été déjà développée, une part non moins importante de la population burundaise n’a jamais perdu confiance en la médecine traditionnelle. Mais, c’est plus par les intérêts économico-scientifiques que par la tradition que les burundais s’intéressent à ces végétaux. Ainsi, les guérisseurs traditionnels ont entrepris des actions de protection et de sauvegarde de ces plantes afin de les prévenir contre la disparition suite aux dégâts que subissent leurs milieux écologiques d’origine.

Certaines plantes sont cultivées à proximité des habitations; il s’agit entre autres de :

Tetradenia riparia

Plectranthus barbatu

Chenopodium ugandae

Senecio hardiensis

Phytolaca dodecandra

Kalonae marmorata

Momodeca foetida

Tragia brevips

Zhneria scabra

Whitania somnifera

Solanum oculeastrum

Outre que ces plantes sont utilisées pour soigner les malades ou alléger certaines souffrances, elles constituent une source de revenus pour une part non négligeable de la population.

Selon NDIMURWANKO J.B. et MOHAMED F., 1999, la vente de 187 espèces (30 tonnes) au marché central de Gitega a été estimé à 244 506 francs burundais par an soit un revenu mensuel de 20 376 francs burundais.

Au niveau de la médecine, certains guérisseurs ont beaucoup évolué. Ils sont estimés aussi bien par la population non instruite que par les médecins. En effet, l’on constate qu’il y a concertation mutuelle entre les guérisseurs traditionnels et les médecins, des fois même, ils travaillent ensemble (centre de santé de JABE à Bujumbura). Ces derniers ont finalement découvert qu’il est indispensable que pour des maladies dont l’identification requiert des examens médicaux, le guérisseur doit renvoyer le malade chez le médecin, et qu’à son tour, le médecin doit recommander à son malade d’aller voir le guérisseur pour des maladies dont on ne dispose pas de médicaments en médecine moderne.

Enfin, vu les intérêts que présentent ces végétaux, une attention particulière devrait être apportée à ces derniers, notamment en matière de protection et de réhabilitation des milieux écologiques naturels qui hébergent ces plantes. Aussi, les guérisseurs comme la recherche dans ce domaine devraient être encouragés surtout que les prix des produits pharmaceutiques importés ont été plus rehaussés ces six dernières années. Ceci non seulement permet de réduire le montant des devises dépensées pour l’importation des médicaments, mais également d’atténuer la dépendance vis à vis de l’extérieur dans le domaine médical.

Les animaux utilisés en médecine traditionnelle sont vendus sur presque tous les marchés locaux sous forme de plumes ou de leurs trophées (NSHIMIRIMANA, 1994).

Perspectives d’avenir

La maîtrise de l’évolution des produits forestiers non ligneux requiert la connaissance de l’effectif ou de la quantité de ces produits ; de leur mode de multiplication ou de leur accroissement ainsi que la façon dont ces derniers sont gérés.

Or, comme il a été dit dans les pages précédentes du présent document les produits forestiers relèvent du domaine très peu exploré. C’est pourquoi on dispose de très de statistiques y relatives, mais d’une manière générale, l’on pense que ces produits évoluent avec les formations forestières. Or, comme les tendances actuelles indiquent que ces dernières évoluent vers l’agroforesterie, il y a lieu de croire que la pérennité et l’évolution des produits forestiers non ligneux risquent d’être compromises.

Selon le consultant S. BIGAWA dans «Synthèse et analyse diagnostique de l’état de la biodiversité au Burundi», beaucoup d’espèces tant animales que végétales sont menacées d’extinction suite au commerce des spécimens.

Certaines espèces comme Acinonyx jubatus, Panthera leo appartenant à la famille des Felidae, Lodonta africana de la famille des Elephantidae, Equus quagga de la famille des Equidae, certaines Bovidae sont déjà éteintes.

Nonobstant, avec le progrès scientifique, il est probable que certains produits reconnus importants seraient préservés, multipliés et développés ; Ici l’on pense aux plantes médicinales et mellifères qui pourraient être multipliées par ceux qui en connaissent plus que les autres leur utilité, les champignons qui pourraient être multipliés et développés dans des milieux appropriés en dehors de la forêt. De même, certains animaux pourraient être domptés et élevés en captivité permanente.

Forêts naturelles a l'horizon 2020

Accroissement démographique

Si nous considérons que l'accroissement démographique qui est aujourd'hui de 3% reste constante pour une population de 6 400 0000 d'habitants en l'an 2000, cette population sera plus de 10 000 000 habitants en l'an 2020. Elle aura besoin du bois d'énergie et de service. Or, une bonne partie de cette population, spécialement celle riveraine des reliefs de formations forestières naturelles, s'approvisionnera prioritairement de ces dernières, même dans les cas où elle aurait des boisements ou d'autres arbres artificiels, puisque considérées comme peu chères pour des ménages à très faible pouvoir d'achat.

Cette même population aura besoin de l'espace où ériger des ménages et où installer des cultures, la population burundaise étant agricole à 95% avec un habitat dispersé. Toute cette espace ne pourra être disponible, légalement ou illicitement, qu'au détriment des formations forestières naturelles protégées ou celles en dehors des aires protégées. Si nous tenons compte des données disponibles, les défrichements faits au cours des 10 dernières années au niveau des formations forestières en défens ont été d'environ 4 450 ha ce qui correspond à une perte d'environ 0,5 m²/habitant/an. A cette allure et en fonction de l'accroissement de la population, les aires protégées auront perdu 11 784 ha en l'an 2020, ce qui ferait passer la superficie des aires protégées de 4,6% à 4,16% du territoire national.

Nous ne disposons pas des données sur les défrichements effectués en dehors des aires protégées alors que c'est là où ils sont plus importants. Ainsi il est difficile de prédire ce qui restera des formations forestières naturelles qui couvrent aujourd'hui ± 52 666 ha (tableau 14), en l'an 2020 avec toutes les pressions évoquées plus haut.

Pour limiter la vitesse de dégradation des formations forestières naturelles et de leur biodiversité

les solutions suivantes sont envisagées :

L'identification et la création, à très court terme, de nouvelles aires protégées à l'Est, au Sud-Est et au Nord du pays par les institutions habilitées.

La mise en oeuvre d'une politique de reboisement à grande échelle en réservant une place importante à la participation de la population afin de réduire le recours de cette dernière aux formations forestières naturelles pour leur bois d'énergie et de service.

L'utilisation des techniques de sciage et de carbonisation à grand rendement ainsi que l'utilisation et la vulgarisation des fours et foyers améliorés à grand rendement énergétique.

La poursuite et le renforcement des méthodes de planification familiale pour stabiliser, voire abaisser le taux d'accroissement de la population.

L'éducation environnementale qui devra avoir une place de choix dans la mise en œuvre de toutes les actions ci-dessus.

Volonté politique

Au niveau politique, le Gouvernement a inscrit sur programme l'élaboration d'un plan directeur d'aménagement du territoire pour venir à bout à l'occupation anarchique des terres. Cette élaboration tiendra compte de la politique de regroupement en villages et celle agricole de l'augmentation de la production par unité de surface.

Le Gouvernement du Burundi a ratifié un certain nombre de conventions régionales et internationales telles la Conférence sur les Ecosystèmes de Forêts Denses et Humides d'Afrique Centrale (CEFDHAC), la Convention (CITES) sur la Protection des Espèces Floristiques et Faunistiques menacées d'extinction, la Convention sur la Diversité Biologique (CDB), la Convention cadre sur les Changements Climatiques, la convention RAMSAR sur la protection des zones humides d'intérêt international, la convention sur la lutte contre la désertification.

La mise en œuvre de ces conventions et l'application des codes(code forestier, code foncier, code de l'Environnement) et lois nationales (SNEB, SNPA-DB...) touchant de près ou de loin le secteur forestier contribueront également à la limitation de la vitesse de dégradation des formations forestières naturelles et partant de la biodiversité. Aussi, le développement des activités non agricoles contribuera indirectement à cet effet.

En conclusion, en l'an 2020, l'étendue des formations forestières naturelles sera réduite et un bon nombre d'espèces faunistiques et floristiques auront disparu suite à la perte de leur habitat ou leur habitat étant réduit à un espace spécifiquement non viable, comme cela a été décrit plus haut. Cependant, les formations forestières naturelles et leur biodiversité qui auront échappé jusque là aux pressions diverses seront mieux protégées suite au degré qui auront atteint la sensibilisation et la mobilisation en faveur de leur protection pour la conservation.

 

Etat des industries forestières au Burundi d'ici l'an 2020

Situation actuelle des industries forestières

La part de l’industrie forestière dans le développement socio-économique du pays est encore modeste. Sa contribution au PIB est aujourd'hui de 2% et offre 6% d'emplois. A part dans les travaux de plantations, le bois n’occupe pas beaucoup de gens sauf quelques artisans.

Jusqu’aujourd’hui, le marché des produits forestiers n’est ni organisé, ni réglementé au niveau local. En outre, la technologie est quasi- inexistante. Le marché intérieur est très petit. Les potentialités en matière de ressources forestières sont également limitées et le resteront étant donné la pression démographique sur les terres.

Le pouvoir d’achat peu élevé de la plupart des opérateurs burundais et la faiblesse des potentialités en ressources forestières posent à la fois un problème complexe et ambivalent pour la promotion du secteur forestier burundais.

De toutes ces constatations, le secteur des industries forestières au Burundi reste rudimentaire pour ne pas dire inexistant. Seules quelques menuiseries fortement occupées dans la production de meubles sont concentrées surtout à Bujumbura et dans d’autres centres urbains de l’intérieur du pays. Ces dernières sont également de très faibles capacités. Cette situation est aggravée par un manque apparent de matériel de transformation du bois adapté.

Le manque de matériel adapté accompagné d’un personnel sans professionnalisme en matière de la transformation du bois entraîne le gaspillage de la ressource forestière du pays. Les maisons visitées au cours de cette étude sont en majorité des unités de fabrication du mobilier ou menuiseries. Elles produisent exclusivement des meubles pour le marché local.

La capacité d’exploitation est en général très limitée et la qualité du produit laisse à désirer car la plupart de ces maisons possèdent des équipements peu modernisés.

Ces maisons utilisent en moyenne un personnel artisanal pour la plupart et variant entre 40 et 150 personnes. La deuxième transformation emploie de façon contractuelle environ 220 personnes. Les statistiques concernant le secteur informel sont contradictoires et incomplètes. D’après les données du Ministère du Travail, le secteur bois occupait, en 1987, de l’ordre de

10 000 menuisiers, 3 600 charbonniers et 5 200 charpentiers, sur un total de 145 000 artisans.

Etant donné qu’elles ne disposent pas de leurs propres boisements, l’approvisionnement en matières premières se fait par le biais des fournisseurs locaux ou alors par des importateurs locaux. Les prix sont évalués suivant les essences utilisées ; le bois de forêt coûtant plus cher que le bois des plantations. Ils sont également fonction de la qualité des meubles à fabriquer.

Comme problème, la plupart des maisons visitées ont évoqué le problème d’approvisionnement irrégulier, le coût élevé du bois importé, la modernisation des équipements, la rareté des matières premières dans le pays.

Les annexes 3 et 4 font état des données collectées auprès de la Banque Centrale et des services de douane de 1993 à 1999 en ce qui concerne les importations des produits forestiers. Toutefois, la crise socio-économique que connaît le Burundi depuis 1993 a eu des impacts non moins importants sur l’économie du pays. L’embargo socio-économique imposé par nos pays voisins a porté préjudice à la capacité d’importer des biens et services à l’extérieur du pays. Les annexes 1 et 2 montrent bien les décalages des importations effectuées durant la période d’avant la guerre et après.

Avec la maturité des boisements domaniaux, une lueur d'espoir du développement de l'industrie forestière burundaise commencera à se manifester vers l'an 2020.

Exportation des produits forestiers

Au Burundi, très peu de produits forestiers sont exportés sur les marchés étrangers. Selon les données de la Banque de la République du Burundi, 10 tonnes de bois et ouvrages en bois et 51 tonnes d’écorce de quinquina ont été exportées à l’étranger en 1997.

Importation de produits forestiers

Selon les données de la Banque Centrale du Burundi, il importe de distinguer deux catégories importatrices des produits forestiers :

Les grosses entreprises importatrices de produits forestiers dont le gros du volume est dominé par le groupe de papier et cartons suivis de celui des panneaux ;

De petites sociétés dont leurs importations sont peu importantes, voire irrégulières.

Les sources d’importations sont principalement dominées par les marchés européen et asiatique>

Pour le papier et le carton : le marché est exclusivement européen avec en tête, les pays comme la Belgique, la France, le Portugal ;

Pour les panneaux et placages : c’est surtout Singapour et l’Indonésie ;

Pour les sciages, c’est surtout la Tanzanie et la République Démocratique du Congo ;

Le bois pour les allumettes provient de la Zambie, de la Tanzanie et du Kenya.

Les produits sont généralement loués à 10% de leur valeur FOB mais certains articles vont jusqu’à 40%.

 

Position de l’offre et de la demande des produits forestiers à usage industriel d'ici l'an 2020

Au Burundi, 96% de la population est rurale et vit de l’agriculture et de l’élevage. Le bois reste le matériau le plus sollicité comme source d’énergie, ensuite comme bois de service. La demande reste importante et s’accroît au rythme de la population tandis que l’offre ne suit pas le rythme de besoins de la population.

Bois de feu

La part du bois dans le bilan énergétique n’est pas connue avec exactitude faute d’enquêtes fiables dans ce domaine. Néanmoins toutes les études menées dans le cadre de la filière bois précisent que le bois et les résidus agricoles occupent plus de 95% dans le bilan énergétique.

Dans les prévisions, le schéma directeur de développement du secteur forestier a estimé, en 1984, à 7 768 000 stères des besoins en bois de feu pour tout le pays. Convertis au coefficient de 1 m3 = 1,54 stères, l’estimation atteint 612 000 m3 pour une population de 4 521 000 au 1er janvier 1984.

Au cours de l’année 2000, le bois-énergie représenterait 96% du bilan global du secteur énergétique soit 8 424 000 m3, y compris le bois consommé par l’artisanat (briqueterie, tuilerie).

La consommation de bois par les briqueteries artisanales est de l’ordre de 1 stère pour 200 briques cuites.

Les 121 fours du Ministère du Développement Communal et de l’Artisanat consomment actuellement 81 312 stères de bois par an soit 67 918 m3.

La demande reste très levée alors que l'offre est très limitée. En 2020, si un programme de reboisement approprié ne suit pas l'évolution démographique, le Burundi fera face à un déficit en bois -énergie difficile à combler. Il faut que la politique de plantation de 300 arbres par ménages et par l'an soit relancée.

Le tableau 15 montre l’évolution des besoins en bois de feu au Burundi jusqu'à l'an 2020.

 

 

Tableau 15 : Evolution des besoins en bois de feu au Burundi

Année

Population en milliers

Bois de ménages (1 000 m3)

Bois d’artisanat (1 000 m3)

Total

1985

1990

1995

2000

2005

2010

2015

2020

4 649

5 347

6 223

6 400

7 702

9 061

10 751

12 790

5 672

6 523

7 592

7 808

9 396

11 054

13 116

14 708

186

215

249

256

308

362

391

512

5 858

6 738

7 841

8 064

9 704

11 416

13 507

15 220

Les coefficients utilisés pour :

Le bois de ménage  : 1.22 m3 par habitant par an

Le bois d’artisanat  : 0,04 m3 par an et par habitant.

UPP (Unité de planification de la Population), 2000 pour l'évolution de la population

Source : Hypothèse de l’auteur sur base des publications les plus récentes, 2000.

Comme nous venons de le voir ci- haut, le déficit est comblé par des déchets végétaux et autres résidus organiques de l’agriculture et de l’élevage qui sont brûlés à des fins énergétiques alors qu’ils devraient servir de fumure organique.

En outre, la ressource est sous estimée car 40% des produits ligneux utilisés ne sont jamais pris en compte lors des inventaires et des calculs de productivité.

Les volumes utilisés sont différents, en particulier pour le bois de feu et de service. Les forestiers annoncent les volumes des arbres jusqu’à un diamètre de 7 cm en général et sur écorce.

Or, les volumes à prendre en compte sont ceux qui sont réellement utilisés par les consommateurs. Il s’agit notamment des branches, les brindilles, parfois même les feuilles et des racines.

Une étude menée dans la province de Gitega (1990), a prouvé que les volumes annoncés par les forestiers sous-estiment de 1/3 les volumes produits qui sont utilisés.

Toutefois, même si les données relatives à l'offre ne sont pas connues avec exactitude, il subsiste une tendance vers l'inadéquation entre l'offre et la demande en bois de feu. Cela est dû aux critères suivants :

Une forte dépendance d'une grande partie de la population à cette ressource ;

L'augmentation annuelle de la couverture forestière du pays ne suit pas le rythme de l'accroissement démographique annuel ;

L'atomisation du territoire national qui limite l'extension des peuplements forestiers.

Néanmoins, il subsiste une certaine harmonie entre les chiffres avancés en annexe 6.

Bois de service

Pour le bois de service, la demande reste également forte. L’offre très dispersée est assurée par les boisements privés. Les besoins en bois de service représentent la consommation en poteaux, perches, pieux, et piquets utilisés sous forme de bois ronds dans la construction ( traditionnelle ou moderne), pour les clôtures et pour certaines industries comme OCIBU ou REGIDESO par exemple. Les ratios retenus dans le schéma directeur sont de 0,075 m3 par habitant et par an, soit 26 perches par habitant par an avec un taux d’accroissement démographique de 3%, toutes les autres conditions étant supposées égales par ailleurs. Le tableau 16 montre l’évolution des besoins en bois de construction.

Tableau 16 : Besoins de service

Année

Population (en milliers d´habitants)

Bois de service on (en 1 000 m3)

1985

1990

1995

2000

2005

2010

2015

2020

4 649

5 347

6 223

6 400

7 702

9 061

10 751

12 790

348

401

466

480

577

679

806

959

Source : Projections faites par l’auteur en se basant sur les rations du schéma directeur et l’évolution de la population.

A l'horizon 2020, la demande en bois sera très élevée et ne sera pas satisfaite dans toutes les régions du pays car les productions des boisements publics attendus ne sont pas bien réparties sur tout le territoire.

Bois d’œuvre

Pour le bois d’œuvre, les récents boisements publics devraient être en phase d’exploitation à l’heure actuelle. Cependant, faute de moyens, le Département des Forêts n’a pas encore fixé les modalités d’exploitation ni d’accès au grand public.

En outre, la situation géographique de ces boisements domaniaux (situés sur des terrains accidentés, loin des infrastructures routières) constitue un facteur limitant en matière d’accessibilité aux ressources.

Toutefois des petites industries adaptées aux conditions du Burundi sont envisageables.

Le tableau 17 et le graphique 1 montre l'évolution des productions attendues à l'horizon 2020.

Tableau 17 : Séquences de production des forêts domaniales (en milliers de m3/an)

Année

Bois d’œuvre

Bois de feu et service

Total

1992

1995

1998

2001

2004

2007

2010

2013

2016

2019

2022

23

36

57

49

54

173

360

424

223

116

23

99

171

205

228

137

210

249

338

208

208

150

122

207

262

277

191

383

609

762

431

324

173

Graphique 1 : Séquences de production des forêts domaniales en milliers de m3.

De 1992 à 2031

 

A partir de 2007, le pays fera face à un volume important de bois d’œuvre. Cette situation va bouleverser le déséquilibre entre l'offre et la demande du bois d’œuvre.

En outre, pour optimiser la production attendue, le pays devra investir dans la technologie pour limiter le gaspillage de la matière première et viser des produits de qualité.

En outre, une approche participative de la population riveraine des boisements dans l'exploitation et la transformation du bois devra être encouragée.

Ainsi, au cours de cette étude, nous proposons la formation des groupements des scieurs de long et charbonniers et impliquer davantage ces mêmes groupements dans toute la filière depuis l'exploitation à la commercialisation tout en participant également au renouvellement de la ressource. Cette stratégie permettra d'asseoir un partage équitable de la ressource. En outre, la SUPOBU fabriquait des Lamellés-collés pour la fabrication des bateaux. De telles initiatives seront encouragées pour limiter la dépendance de l'extérieur.

 

Perspectives du développement de l'industrie forestière en 2020 et ses implications socio-économiques au Burundi

Perspectives de développement de l'industrie forestière au Burundi

A partir de 2000, le Burundi attend une production importante du bois d’œuvre.

Cependant, il serait utopique de préconiser des industries lourdes telles que les industries de déroulage ou de papeterie à cause de la faible quantité de la ressource par rapport aux coûts d’investissement de ces industries. Toutefois, des industries légères répondant aux besoins socio-économiques du pays sont faisables.

Sur ce, les industries forestières au Burundi en 2020 vont axer ces actions sur l'exploitation et la transformation du bois sur place tout en respectant la multifonctionnalité des forêts pour répondre aux attentes économiques, écologiques et sociales présentes et futures.

Il s’agit notamment :

L’optimisation de la transformation du bois par la mise en place des scieries fixes et semi-fixes, l’introduction des techniques de carbonisation améliorées.

L’encouragement des activités ayant trait au travail du bois tant milieux ruraux qu’urbain.

L’introduction du matériel adapté à la seconde transformation du bois.

Partant de la situation actuelle des boisements publics, il y a lieu d’espérer qu’en 2020 le pays fera face une production importante de la ressource ligneuse. Le tableau 18 montre l’étant de production des boisements en 1998.

Tableau 18 : Production des boisements en 1998

Type de boisement

Bois d’œuvre (m 3)

Bois d’industrie (m3)

Boisements publics

175 000

460 000

Boisements privés

64 000

600 000

Arbres hors-forêts

52 000

520 000

Total

291 000

1 580 000

Source : Bararwandika A., FAO, 1999

Pour évaluer les productions attendues en 2020 nous nous sommes basés sur les critères suivants :

L’accroissement annuel pour les boisements publics et privés attendus  sont respectivement 6,2 % 7,5% (toutes les essences confondues), 5% pour les arbres hors forêts.

Les coupes immédiatement remplacées.

Une politique musclée en matière du développement de l’agroforesterie et foresterie privée (300 arbres par ménages et par an).

Le stock de bois attendu en 2020 est le suivant :

Bois d’œuvre

Boisements publics : 175 000 (1+0,062)10 319 361m3

Boisements privés : 64 000 (1,075) 10 131 906m3

Arbres hors forêts : 52 000 (1, 05) 10 84 702m3

Total 535 969m3

En terme de chiffre d’affaires ce volume vaut : 13,6 Md de FBu/ an, soit 13% du budget national de 2000.

Les besoins en bois d’œuvre vers les années 2020 sont estimés à 511 593 m3 alors que l'offre sera de l'ordre 535 969 m3.

Devant cette situation, une quantité importante de bois d’œuvre local va inonder le marché. Par ailleurs, des possibilités d’exportation de sciages d’eucalyptus en particulier, seront envisagées.

 

Implications socio-économiques de l'industrie forestière en 2020

Exploitation et la transformation du bois d'œuvre.

Dans le souci d’optimiser l’exploitation et la transformation du bois, le Burundi devra absolument investir dans l’acquisition du matériel adapté.

Il s’agit notamment :

Des tronçonneuses pour l’abattage ;

De treuils mécanisés pour le débardage ;

Des scieries fixes autour de grands chantiers de boisements au nombre de six.

Elles seront basées à Rugazi, Buragane, Gakara, Vyanda, Rutana et Kayanza.

La production escomptée au niveau de chaque unité de scierie est de 100 000 m3 / an soit 600 000 m3/ an ;

240 000 m3 restant, seront produits par des groupements de scieurs de long ;

40 unités d’ateliers de menuiserie de 100 personnes seront installées au niveau de chaque province en vue d’alléger la pression sur la ressource-terre et de limiter l’exode rural et ainsi créer 64 000 emplois supplémentaires en milieu rural ;

Dans les grands centres urbains, la commercialisation et le travail du bois seront structurés, quitte à générer 64 000 emplois.

Au niveau de l’exploitation, 40% de sciages produits sur place, seront écoulés sur les marchés extérieurs, générant ainsi de devises pour pays.

En partant de l'état des importations des produits forestiers entre 1993-1999, les importations de ces derniers auront diminué de 17% représentant le bois scié.

La transformation du bois énergie et de service

Alors qu'à l’horizon 2020, les besoins en bois d’œuvre seront entièrement satisfaits par les productions nationales ; ceux de l'énergie et de service connaîtrons une situation critique.

La demande en bois d'énergie et de service tournera autour de 15 463 000 m3 alors que l’offre sera de l’ordre de 3 539 200 m3. Le déficit sera estimé à 11 923 800 m3. Pour faire face à cette situation, la population burundaise devra changer de comportement en matière de consommation de l'énergie bois.

A cet effet, des mesures suivantes doivent être prises en compte :

Créer des activités alternatives pour alléger la pression sur la ressource – bois ;

Diffuser des techniques de transformation amélior&e acute;es ;

Encourager l'utilisation d'autres formes d'énergies nouvelles et renouvelables.

La maîtrise de la filière charbon de bois

En vue d'optimiser la valorisation de l'énergie - bois, des groupements de charbonniers constitués et formés aux différentes techniques de carbonisation améliorées. Ces équipes seront concentrées autour des grands chantiers de reboisements publics en vue d'alléger la pression sur les forêts privées.

Ainsi, sur chaque bloc de production, 50 à 100 groupements des charbonniers de 10 personnes par groupement seront mis en place. Comme le nombre de blocs industriels de production sont au nombre de dix (Cibitoke, Mageyo, Gakara, PSTP -Muramvya, Kayanza, Bururi, Mabanda, Gitega, Bukirasazi, ....), soit 1 000 groupements de charbonniers de 10 000 personnes.

Au niveau de la production du charbon de bois, les critères suivantes ont été utilisés pour l'estimation de la quantité de charbon produit :

Une batterie constituée de 6 fours de 6 stères chacun;

La consommation en bois : 36 stères /mois ( 6 fournées/mois);

Production moyenne par batterie : 2,1 sacs /stère : 75 sacs de 40 kg chacun. Ce travail est fait par 4 personnes par mois.

Avec 10 000 personnes, la production mensuelle est de l'ordre de 187 500 sacs soit 7 500 tonnes. La production annuelle sera 90 000 tonnes. Tenant compte de la consommation moyenne par personne et par jour de 2,93 kg et consommation du charbon de bois se déroule dans les centres urbains, principalement la ville de Bujumbura, la demande en charbon de bois sera entièrement couverte par cette production.

Au niveau de la consommation du bois de feu en milieu rural, c'est à ce niveau que subsistent des inquiétudes pour satisfaire la demande.

Même avec un programme de plantation de 300 arbres par ménages et par an. Ce programme est limité dans le temps et dans l'espace.

Il est limité dans l'espace car l'étendue du territoire ne le permettra pas dans toutes les régions du pays à cause de l'accroissement démographique élevé.

Attentes sociales de l'Industrie forestière en 2020 et en chiffres

Avec la filière bois, il y aura une amélioration de la sécurité alimentaire de la population, l'augmentation du revenu des ménages, la lutte contre la pauvreté, l'atténuation de la pression démographique, l'augmentation de la caisse de l'Etat et des communes. Ainsi, à l'horizon de 2020, ce secteur offrira en moyenne :

Plus de 64 000 emplois en milieu rural pour la transformation du bois d’œuvre ;

64 000 pour le travail de bois en milieu rural (artisanat) ;

20 000 emplois supplémentaires en milieu urbain pour le travail du bois ;

10 000 emplois pour la carbonisation de bois ;

60 000 dans la filière commercialisation ;

Au total : 218 000 emplois seront offerts par l'industrie forestière pour l'année 2020.

.

Avec un nombre moyen de personnes par ménage de 5 à 6 personnes, ce secteur fera vivre

1 248 000 personnes, soit 18% de la population burundaise.

 

 

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