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Première partie: Considerations generales


Régions naturelles africaines
Climax et formations secondaires
Effets et ancienneté du feu
Le feu et la société africaine
Combustibilité et propagation du feu


Régions naturelles africaines

Entre les domaines du Sahara et des déserts méridionaux des Kalahari, Karroo et Namibie, l'Afrique comporte la région guinéo-congolaise ou équatoriale entourée des zones tropicales de la région soudano-zambézienne et, plus loin, du domaine sahélo-éthiopien et des régions montagnarde et malgache (voir figure 1).

Ces régions naturelles définies principalement par leur végétation, correspondent à des zones climatiques marquées par une pluviosité de plus en plus faible et un allongement de la saison sèche au fur et à mesure que l'on s'éloigne de l'équateur.

En domaine guinéo-congolais, la forêt dense ombrophile est à l'abri du feu qui, n'étant allumé qu'occasionellement, pour faciliter le défrichement culturel pose peu de problèmes.

Les autres régions citées sont beaucoup plus sujettes à incendie. Une saison sèche de 2 à 3 mois suffit pour que la strate herbeuse de la forêt claire ou de la savane se dessèche et puisse être la proie des flammes. C'est donc que le problème de la lutte contre les feux de brousse se pose et doit être résolu.


Climax et formations secondaires

Pour situer et comprende l'écologie des formations végétales ouvertes il faut remonter aux temps relativement proches des derniers grands changements climatiques.

Durant la phase pluvieuse du Makalien, il y a 11 000 ans environ, la forêt équatoriale aurait connu une large extension, bien au-delà de ses limites actuelles. Depuis 5 000 ans, la période interpluviale que nous vivons, nous vaut un climat plus sec. Le couvert végétal s'y adapte par évolution génétique ou par substitution de formations par d'autres mieux acclimatées.

A chaque milieu soumis aux seules conditions naturelles, correspond un groupement végétal climacique qui peut se maintenir en l'état indéfiniment si les variations climatiques sont de faible amplitude. Il est important de déterminer le type

Figure I - Divisions phytogéographiques de l'Afrique (TROUPIN, 1966)

de climax correspondant à chaque région et essentiel de différencier son comportement vis-à-vis de l'action des seules conditions naturelles, par opposition aux interventions d'ordre anthropique.

Il semble qu'en Afrique intertropicale, du Sahel au sud du domaine zambézien, le climax soit constitué par une forêt fermée. C'est la forêt dense sèche, dans les zones les moins arides qui passe progressivement au fourré xérique, plus ou moins buissonnant et lianeux, des régions plus sèches. Ces formations ont en commun de comporter une strate herbacée très peu fournie qui les protège du feu courant même en fin d'une très longue saison sèche.

Dans le domaine soudano-zambézien, relativement proche de l'actuelle forêt équatoriale, les composantes de la forêt dense sèche sont identiques ou étroitement apparentées à la flore guinéo-congolaise. Par contre, les espèces qui composent la forêt claire et la savane qui lui succède aujourd'hui, sont totalement différentes, puisque issues de l'ancienne randflora savanicole.

Du fait de l'aspect guinéo-congolais de sa flore, ainsi que de sa faible représentation actuelle, le caractère climacique de la forêt dense sèche en Afrique tropicale relativement aride, a été mis en doute d'autant que la généralisation des défrichements et incendies dans certaines régions, en a fait disparaître les derniers vestiges. Cependant, là où elle subsiste, même à l'état de relictes, la forêt dense sèche met en évidence son caractère climacique. En effet, protégée contre les feux de lisière, elle s'étend vite par envahissement, domination, puis étouffement des formations ouvertes (forêts claires et savanes). Moins influencés par les facteurs édaphiques que les formations ouvertes qui leur succèdent, ses constituants se régénèrent même en peuplement ouvert. Ils démontrent à cet égard un grand dynamisme, ainsi qu'une excellente adaptation vis-à-vis du climat. Seul le feu leur est funeste.

Dajoz (1975) affirme également que les zones protégées des incendies sont recolonisées par des espèces ligneuses et que le climax semble, d'une façon générale, correspondre à des formations forestières dans les zones intertropicales.

La photographie aérienne (figure 4) qui représente une zone du sud-Shaba cultivée quelques 25 ans auparavant, puis abandonnée depuis, illustre bien le dynamisme de la forêt dense sèche qui, à l'abri désormais du feu, se reconstitue de manière vigoureuse.

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Effets et ancienneté du feu


Origine anthropique du feu
Ancienneté du feu

Origine anthropique du feu

Le feu étant à l'origine du recul considérable des formations climaciques que sont les forêts sèches, il est important de chercher à en déterminer l'origine. Bien que certains auteurs" aient signalé des incendies déclenchés par la foudre, ces derniers demeurent en fait assez exceptionnels. Sillans (1958) pour sa part, fut témoin d'un incendie spontané naissant dans un amas d'herbes sèches entrées en fermentation après les premières pluies. Au Sénégal, les populations rurales affirment que beaucoup de feux de brousse de fin de saison sèche, sont provoqués par la chute des fruits de baobab (Adansonia digitata). Mais ces faits exceptionnels ne peuvent expliquer seuls le recul des forêts climaciques. C'est en réalité l'homme qui en allumant de manière régulière et répétitive les feux de brousse, empêche la forêt dense sèche de reconcquérir sa place de formation climacique.

Ancienneté du feu

Avec l'Asie, l'Afrique tropicale est le berceau de l'humanité. Toutefois cette dernière a dû atteindre un certain degré de civilisation pour faire un usage régulier du feu.

C'est principalement au Nakurien, peu avant l'ère chrétienne, que les populations du sud du Zaïre jusqu'à l'Afrique de Sud se sédentarisent, cuisent poteries et céramiques et s'adonnent à l'agriculture. En Zambie cependant des restes de terres cuites datent déjà du Wilton supérieur et du Magosien, soit donc de plus de 10 000 ans. Dans les mêmes régions, débuteront bientôt l'exploitation minière et le travail du cuivre et du fer. L'extraction et la réduction de la malachite qui exigeait de brûler de grandes quantités de bois étaient déjà pratiqués voilà 600 ans au Shaba et même plus tôt au Zimbabwe.

Au nord de l'équateur, bien que le métal fût moins répandu qu'au sud, l'usage du feu y était déjà probablement très répandu, du fait que l'élevage qui a recours à ce procédé était très largement pratiqué comme l'attestent les peintures rupestres du Sahara.

Nul doute que le recours au feu comme outil et son corollaire, le risque d'incendie incontrôlé, soient très anciens. Allumé pour la chasse il y a déjà 100 000 ans (Ramade, 1978), puis ultérieurement pour l'extension des aires d'élevage, les feux de brousse africains remontent comme l'admet Schnell (1952), au moins au début du néolithique, il y a quelque 6 000 ans. Le feu a également été couramment utilisé au cours des guerres et permettait d'appliquer la politique de la terre brûlée, de retarder l'avance de l'ennemi ou protéger le repli des combattants ou la fuite des vaincus. Il y a plus de 600 ans les chroniqueurs arabes qui ont visité l'Afrique et les carthaginois qui longeaient ses côtes étaient impressionnés la nuit par les lueurs d'innombrables feux de brousse.

Cependant, les formations ouvertes connurent plusieurs progressions anciennes qui ne sont pas toutes dues aux feux de brousse, mais aussi à des périodes interpluviales.

Plusieurs auteurs" partagent cet avis et certains pensent que les sécheresses provoquées par le cataclysme glaciaire il y a moins de 20 000 ans sont également responsables de l'extension des savanes guinéennes (Aubréville, 1962), dont seraient issues les savanes actuelles qui auraient perdu durant le processus, les espèces sensibles au feu (Schnell, 1971). En ce sens, la similitude est grande entre les processus d'adaptation des formations végétales au feu et à la sécheresse.

Autre intervention anthropique, la culture itinérante n'est pas sans effets lorsqu'elle est pratiquée dans des formations climaciques fermées, alors que mis en oeuvre dans les formations ouvertes et savanes, ce mode de culture ne modifie guère le milieu, pourvu que les souches ligneuses soient préservées. La perturbation ne devient profonde, que lorsque les branches sont incinérées au pied des souches, ou que, du fait d'une démographie croissante, il y a raccourcissement de la périodicité des jachères et donc rapprochement des brûlis, qui nuit à la reconstitution des formations claires sèches. Aussi peut-on affirmer que c'est surtout durant les derniers siècles que, à la faveur d'un assèchement progressif du climat, couplé à une intensification de la pratique des brûlis de culture itinérante, que l'évolution régressive des formations végétales a été la plus importante. Ceci peut être mis en évidence par l'étude des documents cartographiques. Ainsi, à titre d'exemple, peut-on citer le cas de l'association Marquesia macroura et Brachystesia taxifolia aux environs de Lubumbashi, qui succède à la forêt climax détruite et qui, selon que le feu continue à sévir, ou s'atténue, voit les deux groupements évoluer vers un type de forêt claire définitive ou au contraire vers un retour au climax.

Dans l'Ouest africain, les rapports de tournées des premiers botanistes et forestiers comportent des listes d'espèces et de massifs de forêts climaciques qui, aujourd'hui, se font rares ou ont disparu. La pression humaine y est très forte, l'élevage plus développé et le climat plus aride, ce qui explique peut-être la modification plus profonde du couvert végétal. Beaucoup plus pauvre en espèces que la région zambézienne, il est normal que la forêt claire soudano-sahélienne ait moins bien résisté et que la savane se soit davantage substituée à elle. Souvent aussi le surpâturage a éliminé les essences les plus appétées et ne disposant pas de défense naturelle suffisante: épines, etc.


Le feu et la société africaine


Causes diverses des incendies de brousse
Effet des réglementations


C'est donc parmi les coutumes de la société africaine qu'il convient de rechercher les causes principales des incendies de brousse. Actuellement le feu est très largement utilisé, en Afrique tropicale, pour bien des usages domestiques et autres.

Causes diverses des incendies de brousse

Les causes habituelles des incendies dus à l'homme peuvent être regroupées en trois catégories principales:

* les feux totalement accidentels comme jets de cendres et de cigarettes mal éteintes, jeux d'enfants, etc.;
* les feux voulus mais s'échappant accidentellement dont le type est celui occasionné lors de la préparation des champs, le nettoyage des pare-feu, etc.;
* les incendies volontairement allumés principalement pour la régénération des pâturages et la pratique de la chasse collective par feu encerclant.

Une communication portant sur les aspects sociologiques de feux de brousse, déterminés sur la base de procès-verbaux dressés au cours de 3 années par les agents des directions provinciales de l'environnement et du tourisme en République de Haute-Volta (février 1984) donnait les conclusions suivantes:

En Afrique le feu demeure un outil important pour les paysans, les pasteurs et tous les "coureurs" de brousse.

En plus des motivations économiques celles à aspect religieux justifient d'autres catégories de feux aux yeux de certaines populations.

Au Burkina Faso un séminaire national sur les feux de brousse tenu à Ouagadougou dans le cadre de la lutte contre la désertification du 22 au 24 février 1984, a recensé les causes les plus fréquentes du feu, indépendamment de celles mentionnées plus haut:

* feux pour favoriser certaines récoltes ou productions: récoltes de la potasse des cendres; feux mis par les femmes pour faciliter le ramassage des fruits de karité et du bois de feu, enfumage des abeilles et prélèvement plus facile du miel;
* feu à aspect religieux ou coutumier: feux de cérémonies (mariage ou funérailles); feux après les récoltes devant favoriser d'abondantes pluies l'hivernage suivant; feux montrant la valeur du pouvoir d'après certains rites coutumiers;

D'autres feux résultant de certaines croyances peuvent entrer dans cette catégorie.

* feux pour disposer de cendres nécessaires à la pratique de certaines cérémonies rituelles;
* feux favorisant la floraison des principaux arbres fruitiers forestiers (néré, karité, etc.) afin de disposer de nourriture et de traverser la période de soudure (entre deux récoltes);
* feux rituels pour prévenir les mauvaises récoltes;
* au Mali le feu rituel dénommé "tatou koudé": l'enfant né sous le signe du feu doit le premier incendier la brousse, avant tous les autres, au début de chaque saison sèche, ne devant pas voir la fumée des incendies mis avant le sien, sous peine de mourir en cours d'année, d'être victime de mauvais sorts;
* les feux d'assainissement: destruction des animaux et parasites indésirables (scorpions, tiques, serpents, etc.) et éradication des trypanosomiases, dégagement des pistes à la fin de la saison des pluies;
* les feux volontaires et malveillants: servent à réparer un affront en détruisant les biens de l'ennemi ou ceux du voisin par jalousie.

Bien connues des forestiers de terrain. ces diverses causes appellent des attitudes spécifiques et des remèdes appropriés.

Réactions de la population rurale aux feux de brousse:

Dans une communication présentée à la session spéciale du Comité de la recherche forestière sur les feux de brousse tenue a Ouagadougou (22-24 février 1984), M. P. B. Terrible, résume les réactions perçues dans les villages de la région Ouest de l'ex-Haute-Volta comme suit:

1. Les réactions des ruraux devant les feux de brousse sont dictées par les comportements de ceux-ci devant la brousse. Cela se traduit par une attitude quasi générale de crainte plus ou moins consciente devant le fait que la brousse est considérée comme étant habitée par des forces spirituelles. Cette crainte engendre des erreurs de perception ainsi que des réactions de défense ou de domination qui sont le plus souvent déprédatrices. La brousse n'étant pas le domaine des hommes, ces derniers ne sauraient porter la responsabilité pour ce qui l'affecte. D'autre part, la brousse est considérée comme ayant des potentialités de régénération infinies. Propriété indivise de la communauté villageoise, la brousse est "mère" du village donc "sacrée".

2. Les attitudes pratiques devant les feux de brousse se traduisent par:

Ces quelques réactions montrent l'importance de la formation et de l'information qui seront plus efficaces à long terme que les mesures coercitives.

Effet des réglementations

Les réglements forestiers rédigés au début de la colonisation des pays africains, n'ont été qu'une transposition des idées qui prévalaient pour les forêts européennes, notamment en matière de protection. L'interdiction stricte du feu, justifiée par le souci de protection de la forêt dense essentiellement, a été élargie aveuglément, et par ignorance de l'écologie des forêts claires et des savanes, à toutes les formations boisées.

La méconnaissance du fonctionnement des sociétés africaines dans un contexte écologique particulier, a fait que ces interdits ont aboutit à la réduction des feux précoces traditionnels du fait de la crainte inspirée, mais que par contre du fait de l'impérieuse nécessité d'allumer des feux pour les besoins de l'agriculture, de l'élevage ou de la chasse, l'on a assisté à l'accroissement de la fréquence des feux tardifs violents et destructeurs, tandis que les feux accidentels se maintenaient à leur niveau habituel. D'autre part, l'absence de morcellement du territoire par des feux précoces contrôlés, s'est souvent traduit par de vastes incendies embrasants des territoires gigantesques qui n'épargnaient pas les forêts denses censées bénéficier d'une protection absolue contre le feu.

Ce sont encore ces feux tardifs qui incitent de nos jours, les forestiers à interdire les brûlis avec une sévérité accrue, et il semblerait qu'une tradition du brûlage tardif se soit introduite dans les coutumes de certaines sociétés de l'Afrique tropicale.

Ce n'est que bien plus tard que les forestiers européens faisant carrière en Afrique, comprirent, à la suite d'expérimentations et d'observations de terrain, le caractère secondaire des forêts tropophiles et des savanes, ainsi que le rôle primordial du feu dans leur installation et leur maintien.

Au moment de l'accession de nombreux pays africains à l'indépendance, les lois nouvellement élaborées, reconnaissaient dans leur majorité l'intérêt des feux précoces organisés, qui furent le plus souvent autorisés par les législations. Certains interdits subsistent encore cependant que ce soit au niveau de certains Etats ou au niveau local, qui sont le plus souvent justifiés par un souci de sécurité, certains incendies devenus incontrôlables ayant parfois causé des victimes en grand nombre.

D'une manière générale, les feux restent interdits et sévèrement réprimés, sauf, lorsqu'il s'agit de feux précoces allumés sous le contrôle des autorités compétentes, au début de la saison sèche.

Les enquêtes menées dans plusieurs pays sahéliens indiquent que ce sont les chasseurs et les éleveurs qui restent les plus farouches adversaires de l'interdiction de brûler les savanes. Les premiers sont surtout adversaires des feux hâtifs qui morcellent les vastes étendues et offrent un refuge pour le gibier. La loi interdisant ce mode le chasse, la pratique du feu hâtif ne fera qu'en faciliter le respect.


Combustibilité et propagation du feu

Initialement déclenchés au niveau des matériaux herbacés, les feux de brousse n'épargnent pas les ligneux qui composent la végétation forestière. Les formations végétales peuvent être parcourues par le feu à deux conditions. Elles doivent comporter une strate herbacée continue et assez dense et celle-ci doit atteindre un degré de siccité suffisant afin qu'au contact d'une source de chaleur adéquate une flamme puisse jaillir qui entretient l'incendie. Dans la région soudano-zambézienne cet état de siccité est atteint après 6 à 10 semaines de sécheresse tandis qu'en région saharo-sahélienne cette période se trouve réduite à 2-3 semaines.

Le développement d'un tapis herbacé important et continu caractérise la forêt claire et la savane. Les forêts équatoriales denses et sèches ainsi que les fourrés climaciques en sont le plus souvent privés. Quant à la steppe, elle se distingue de la savane par la petite taille et la discontinuité de son couvert herbeux. Celui-ci est d'ailleurs riche en espèces annuelles qui se dessèchent dès le début de la saison sèche. Le feu y est donc à craindre.

En général, en saison sèche, suivant leur activité physiologique et le stade phénologique des végétaux qui les composent, les formations forestières sont plus ou moins inflammables. Il n'est pas facile de préciser le degré d'inflammabilité d'un sous-bois ou d'une savane. Une même plante présente divers états de dessication selon ses parties. Communes dans les anciennes cultures et sur les talus bordant les routes, les hautes graminées du type Hyparrhenia, Pennisetum, Loudetia, Panicum, voient se dessécher d'abord les feuilles de la base puis celles du haut avec les inflorescences et fines ramifications et, enfin, le chaume principal. Dans une même espèce, les touffes ombragées flétrissent moins vite que celles qui, au soleil, sont exposées au vent. Et au sein d'une fonnation végétale pourtant homogène, les diverses espèces perdent plus ou moins vite leur humidité.

Ainsi le degré de combustibilité d'une strate herbacée dépend de la situation (ombrage, microrelief), de sa composition floristique locale et du pourcentage de sa biomasse desséchée. L'état moyen de siccité de la végétation basse s'accroit durant tout le début de la saison sèche mais évolue également au cours de la journée. Les épis, épillets et feuilles qui sont inflammables en premier, sont aussi les éléments les plus hygroscopiques surtout s'ils portent une certaine pilosité. L'humidité captée pendant la nuit se perd au cours de la journée, au fur et à mesure que l'air s'échauffe et s'assèche. En fin d'après-midi, la plante s'humidifie à nouveau.

Indépendamment de l'activité physiologique du végétal, de son stade phénologique et de son évolution journalière, d'autres facteurs peuvent activer considérablement l'incendie, le plus important étant le vent. Fort et soutenu, il provoquera un violent incendie là où, sans lui, il serait peut-être difficile de l'allumer. Les sautes de vent ont relativement peu d'effet mais sont mises à profit lorsqu'il s'agit d'éteindre le feu. Enfin, un vent très violent en début de saison, poussera un feu léger qui effleurera seulement la strate herbacée. La pente du terrain est également favorable à la progression de l'incendie mais peut être compensée, lorsqu'elle est forte, par le fait que le sol est rocailleux et porte une végétation moins fournie.

Cet ensemble de circonstances relevant du couvert végétal et des conditions topographiques et climatiques permet de distinguer trois grands types de feux de brousse:

* le brûlage tardif, violent, souvent renforcé par un vent soutenu, qui consume la quasi-totalité de la strate herbacée et atteint les ligneux plus ou moins gravement; il a lieu en fin de saison sèche;
* le brûlage hâtif ou précoce, généralement allumé volontairement et dirigé en vue de l'aménagement des peuplements et pâturages et de la protection des habitations et cultures; il a lieu en début de saison sèche;
* le brûlage de contre-saison allumé immédiatement après les premières averses ou plus tard en saison des pluies, après une courte période sèche généralement pour protéger les plantations forestières sensibles;
* la protection absolue.

Il est donc imprécis et souvent erroné, voire dangereux de parler des feux de brousse sans plus. Or aujourd'hui encore, bien des écologistes citent le terme sans le préciser, certains accusant le feu de brousse de tous les maux, d'autres le considérant comme sans danger sinon utile.


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