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Chapitre 5 - Débardage


Définition
Principes directeurs
Objectifs
Conséquences possibles d'opérations de débardage mal conduites
Pratiques recommandées pour ce qui est du débardage par traînage
Pratiques recommandées pour le débardage au moyen de porteurs
Débardage par téléphérage
Pratiques recommandées en matière de débardage par téléphérage
Systèmes de débardage aérien
Pratiques recommandées pour le débardage par hélicoptère
Pratiques recommandées pour le débardage à l'aide d'animaux de trait
Autres systèmes de débardage


Définition

Le débardage est l'opération qui consiste à transporter les arbres abattus ou les billes du lieu de coupe jusqu'au premier dépôt transitoire ou en bordure de route, où les arbres seront coupés en billes ou regroupés en charges plus importantes en vue de leur transport jusqu'à l'usine de transformation ou toute autre destination finale. On distingue communément plusieurs systèmes de débardage: les systèmes de traînage; les systèmes de portage; les systèmes de téléphérage; les systèmes de débardage aérien; les systèmes de débardage à l'aide d'animaux de trait; les autres systèmes de débardage.

Dans le présent code modèle des pratiques d'exploitation forestière, on s'est en premier lieu intéressé au débardage par traînage, car il s'agit là du système le plus courant, mais aussi de celui qui cause généralement les plus grands dommages à l'environnement. Quant aux autres systèmes de débardage, les recommandations les concernant sont principalement axées sur les aspects qui diffèrent des pratiques recommandées dans le cas du traînage.

Principes directeurs

Quel que soit le système d'exploitation forestière retenu, le débardage est une opération difficile et souvent dangereuse qui peut causer des dommages considérables aux écosystèmes forestiers. Tant les superviseurs que les travailleurs devront donc acquérir une expérience considérable pour mener à bien des opérations de débardage qui soient à la fois efficaces, sûres et écologiquement rationnelles.

Les dommages causés aux écosystèmes forestiers lors du débardage sont généralement de trois sortes:

· le dérangement et le tassement du sol, qui peuvent augmenter les risques d'érosion, retarder la croissance des arbres résiduels et freiner l'implantation ou le développement du peuplement de régénération;

· les dommages causés aux cours d'eau, soit directement, lorsque les engins de débardage traversent des cours d'eau non protégés ou tirent des billes à travers ces cours d'eau, soit indirectement, par suite du déversement de sédiments ou de carburants et de lubrifiants répandus en provenance des pistes de débardage et des autres endroits où le sol a été déplacé;

· les dommages causés aux arbres restants et aux autres végétaux, qui peuvent ralentir la repousse de la forêt et restreindre le volume et la valeur du bois d'œuvre disponible pour la prochaine récolte.

Il est possible de remédier à l'ensemble de ces problèmes par une planification minutieuse de la récolte associée à un système de contrôle opérationnel permettant de s'assurer de l'application du plan et de sa modification éventuelle en cas d'évolution de la situation.

Objectifs

Des opérations de débardage bien organisées et convenablement supervisées devraient permettre d'atteindre les objectifs suivants:

· optimiser la productivité en matière de débardage;

· assurer la sécurité des équipes chargées du débardage et des autres employés travaillant à proximité;

· réduire au minimum le tassement et le dérangement du sol imputables aux opérations de débardage;

· limiter les dommages causés aux cours d'eau passant à l'intérieur ou à proximité de l'unité de coupe, et notamment à ceux qui coulent en permanence ou servent à alimenter des communautés en eau;

· endommager le moins possible les arbres résiduels et les jeunes plants, en particulier ceux qui devraient constituer la population du prochain peuplement;

· transporter jusqu'au premier dépôt transitoire ou en bordure de route l'ensemble des billes préparées par l'équipe chargée de la coupe, sans perte appréciable de volume ni dégradation de la qualité.

Débusqueur a roues regroupant des grumes en vue de leur débardage dans une plantation forestière tropicale. L'arche intégrée permet de soulever du sol l'avant de la charge pendant le débardage.

Tracteur à chenilles sans arche se préparant à débarder une grosse bille dans une forêt naturelle des tropiques. Pour effectuer ce travail, les bûcherons doivent porter des casques et le reste de l'équipement de sécurité standard

(Photo du haut: Torsten Frisk; photo du bas: Kari Leppänen)

Conséquences possibles d'opérations de débardage mal conduites

Des opérations de débardage mal conduites peuvent amener aux conséquences suivantes:

· mauvaises conditions de sécurité et, en conséquence, importants frais d'assurance et d'indemnisation;

· faibles taux de production et coûts de débardage élevés;

· inaptitude à transporter toutes les billes préparées pour le débardage jusqu'au premier dépôt transitoire;

· diminution du volume ou de la valeur des billes;

· importants dommages causés aux sols et aux cours d'eau;

· dégradation de la qualité de l'eau et atteinte à l'habitat de la faune aquatique;

· endommagement considérable des arbres restants et des jeunes plants.

Pratiques recommandées pour ce qui est du débardage par traînage

Dans le monde entier, une bonne partie de l'exploitation forestière est effectuée à l'aide d'engins de traînage, et notamment de tracteurs à chenilles (bouteurs), de débusqueurs à roues et à chenilles et de tracteurs agricoles. Pour l'utilisation de ce matériel on recommande d'adopter les pratiques suivantes:

· En règle générale, les débusqueurs sont préférables aux tracteurs à chenilles pour le débardage des billes. A l'inverse des tracteurs à chenilles, qui sont des machines bien adaptées aux travaux de construction et de creusement, les débusqueurs (ou débardeurs à câble) sont explicitement destinés au débardage des billes. Les pneus dont ils sont munis et leur grande maniabilité contribuent à réduire les dommages causés aux sols et aux arbres. Parce qu'ils sont moins larges et qu'ils ont de plus petites lames que les tracteurs à chenilles, ils passent plus facilement entre les arbres résiduels sans provoquer de dégâts. De plus, les lames plus petites déplacent moins de terre et jouent un moindre rôle dans le déclenchement des processus érosifs.

Débusqueur à roues

· En foresterie, les tracteurs à chenilles sont souvent utilisés pour la construction et l'entretien des chemins forestiers et pour le débardage.

Du fait de cette polyvalence, ils présentent certains avantages économiques par rapport aux débusqueurs, qui eux ne remplissent qu'une seule fonction. Ces tracteurs, qui sont équipés de chenilles en acier et de puissantes lames de bouteurs, peuvent en effet être utilisés sur des pentes très raides. Aussi les exploitants forestiers ont-ils tendance à employer ces engins pour aménager des pistes de débardage par facilité plutôt que de les utiliser uniquement aux endroits où cela s'avère nécessaire pour des raisons de sécurité ou d'efficacité. L'utilisation de tracteurs à chenilles pour le débardage des billes s'accompagne cependant trop souvent d'un dérangement superflu du sol et d'un endommagement excessif des arbres restants et de la régénération préexistante. Malgré ces inconvénients, ces engins devraient rester les machines de débardage les plus couramment employées dans bon nombre de zones forestières, et notamment dans les régions accidentées où les arbres sont de grande dimension et les pluies, particulièrement abondantes. Pour réduire au minimum les problèmes que suscite l'utilisation des tracteurs à chenilles, il est indispensable de bien former et de superviser convenablement leurs opérateurs.

Tracteur à chenilles

· Les tracteurs agricoles sont une option raisonnable lorsque les arbres sont relativement petits et que le terrain n'est pas trop accidenté. Comme ces tracteurs ne sont pas spécifiquement destinés à l'exploitation forestière, leur usage à cette fin pose souvent un sérieux problème de sécurité, et il est presque toujours nécessaire de leur apporter des modifications pour les rendre plus solides et plus sûrs dans ces conditions d'utilisation. Une fois modifiés, les tracteurs agricoles peuvent constituer un excellent choix pour les petites exploitations forestières privées ou dans les pays en développement, où il est souvent plus facile de se procurer des machines agricoles que du matériel forestier spécialisé. Les tracteurs agricoles conviennent particulièrement bien pour les travaux en plantation forestière, et notamment pour récolter des troncs relativement petits comme lorsqu'on procède à des éclaircies.

Tracteur agricole

· Quel que soit le type de machine de débardage utilisé, il faut que sa taille et sa puissance correspondent à l'opération envisagée. La largeur de lame ne devrait pas excéder 3 m (2 m suffisent généralement), et la machine devrait être équipée d'un treuil puissant et d'une longueur de câble de 30 m au moins, ainsi que d'une arche ou tout autre support permettant de soulever du sol l'extrémité de la charge de sorte que les billes ne viennent pas butter dans le sol pendant leur transport.

· Lorsque les sols sont meubles, il faut envisager d'utiliser des débusqueurs exerçant une faible pression au sol afin de réduire le dérangement et le tassement de ces sols et de freiner la formation d'ornières. Il s'agit en fait de débusqueurs à chenilles pourvus de systèmes de suspension à torsion et conçus de sorte que le centre de gravité de la charge soit déplacé vers l'avant (sur la machine elle-même) pour une meilleure répartition du poids sur les pistes. Ces débusqueurs, qui coûtent plus cher que les débusqueurs à roues, exercent toutefois une pression moindre sur le sol et, grâce à leur système de suspension, se déplacent plus souplement sur la couverture végétale (sous-bois, débris d'abattage, etc.), qui reste ainsi dans une large mesure en place. A l'inverse, les débusqueurs à roues et les tracteurs à chenilles écrasent généralement cette couverture végétale et l'enfoncent dans le sol.

Débusquer à chenilles

· Lorsque le sol est détrempé ou très meuble, au lieu d'employer des débusqueurs à chenilles, on peut aussi monter des pneumatiques à «grande portance» ou des pneus jumelés sur des débusqueurs à roues. Ces deux possibilités ont l'avantage d'augmenter la largeur effective des pneus là où ils sont au contact du sol et donc, de répartir le poids de la machine et de sa charge sur une plus grande surface, ce qui réduit d'autant la pression exercée sur le sol.

· Les opérations de débardage par traînage devraient être suspendues en cas de temps exceptionnellement humide; en effet, procéder au débardage dans ces conditions aurait pour conséquence d'intensifier l'érosion et de provoquer d'autres dégâts, de faire chuter la rentabilité, d'augmenter les risques d'accident et, souvent, de doubler ou de tripler les coûts d'exploitation.

· Bien que les caractéristiques mécaniques de la plupart des machines de débardage modernes permettent de les utiliser sur des pentes très raides, leur emploi dans de telles conditions a l'inconvénient d'accroître considérablement le dérangement du sol, de diminuer la rentabilité des opérations et de provoquer une usure prématurée des machines. Il faut donc éviter de mener des opérations de traînage sur un terrain en forte pente. La pente limite varie d'une région à l'autre selon l'état du sol, la précipitation et d'autres facteurs. Beaucoup de pays interdisent le traînage sur des pentes de plus de 30 pour cent (17°), sauf sur de courtes distances. Si le terrain présente une déclivité supérieure sur de longues distances, le débardage doit s'effectuer par téléphérage ou par voie aérienne, ce qui a l'avantage d'éviter tout contact des billes avec le sol.

· En matière de traînage, ce sont les pistes de débardage qui ont l'effet le plus dommageable sur l'environnement. Dans bon nombre de régions du globe, une fois l'abattage terminé, les débusqueurs ont pour habitude de parcourir la forêt à la recherche des arbres abattus qu'ils transporteront ensuite jusqu'au premier dépôt transitoire. Lorsqu'il trouve une bille, l'opérateur l'attache à sa machine et rejoint le premier dépôt transitoire, parfois par le même chemin, mais le plus souvent par un chemin différent qu'il juge plus court. Dans les forêts tropicales à sous-bois souvent dense, il arrive même que l'opérateur maintienne la plupart du temps la lame de son engin abaissée, en particulier s'il s'agit d'un tracteur à chenilles, ce qui donne lieu à un profond dérangement du sol partout où la machine passe! Il peut en résulter un réseau incroyablement dense de pistes de débardage: alors que ces pistes couvrent habituellement 20 à 40 pour cent de la superficie exploitée, certaines études ont montré que cette proportion pouvait atteindre 60 pour cent et même 80 pour cent à la fin de certaines opérations de récolte sélective. Pour éviter ce genre de situation, il faut avoir recours à un réseau de «pistes assignées». Dans ce cas, le tracé des pistes de débardage est défini au moment de la planification de la récolte. Il faut ensuite clairement indiquer ce tracé sur le terrain avant que ne commence l'opération de coupe, en se servant à cet effet de la carte topographique établie aux fins de planification, d'une boussole et d'un clinomètre (instrument permettant de mesurer la pente d'un terrain). Cette délimitation sur le terrain permet non seulement aux équipes de bûcherons de réduire le coût du débardage en alignant les arbres abattus le long des pistes mais aussi d'atténuer les dommages causés au futur peuplement par l'abattage en faisant en sorte que les cimes des arbres abattus tombent, dans la mesure du possible, sur ou le long des pistes de débardage.

· Les machines de débardage par traînage ne devraient en aucun cas quitter les pistes assignées. Comme l'ont montré les études réalisées dans de nombreux pays, notamment tropicaux, il est à la fois inutile et peu rentable d'approcher le débusqueur de chaque grume à débarder; en restant sur la piste et en treuillant les grumes, on limite considérablement le dérangement et le tassement du sol ainsi que les dommages causés aux arbres résiduels et à la régénération préexistante.

· Pour faciliter l'adoption du système de pistes assignées, des travailleurs seront formés aux techniques consistant à installer à l'avance les colliers étrangleurs, à repérer le meilleur trajet possible des grumes et à tirer le câble du treuil jusqu'à elles sans que l'engin ne quitte la piste de débardage. Les techniques classiques consistent le plus souvent à enrouler le câble du treuil directement autour de la grume à débarder plutôt que d'utiliser une chaîne ou un collier étrangleur distinct. Cela a l'inconvénient de prendre un certain temps pendant lequel le débusqueur ne bouge pas, son moteur tournant au ralenti. L'installation à l'avance des colliers étrangleurs non seulement supprime ce délai, mais permet en outre d'attacher sans difficulté plusieurs grumes qui pourront être débardées simultanément.

· Il faut éviter le plus possible de dégager les pistes de débardage à l'aide de la lame des débusqueurs ou des tracteurs à chenilles. Cette technique a été interdite dans plusieurs pays dont certains en zone tropicale, hormis les cas où elle s'impose pour des raisons de sécurité. Les directives élaborées par le CIRAD-Forêt et mises à l'épreuve en Afrique occidentale, en Amérique du Sud et en Asie du Sud-Est stipulent que les travaux d'aménagement des pistes de débardage devraient se limiter à la coupe manuelle des broussailles et à l'arasement des souches au niveau du sol. On peut d'ailleurs disposer les résidus de coupe sur les pistes, de façon à former une couche de protection sur laquelle les débusqueurs circuleront. Outre qu'ils contribuent à protéger les sols, ces procédés diminuent les coûts en supprimant l'opération consistant à ouvrir les pistes de débardage à l'aide de bouteurs.

· Les pistes de débardage devraient être aussi rectilignes que possible et ne s'incurver que pour atteindre les arbres à abattre ou éviter les sols détrempés ou trop meubles et les terrains trop accidentés. Sur des terrains dont la pente excède 30 pour cent, environ 17°, il est préférable d'aménager les pistes en oblique par rapport à la pente plutôt que directement dans le sens de cette dernière. La largeur des pistes de débardage ne devrait pas dépasser le minimum admissible; on recommande de s'en tenir à une largeur maximale de 4,5 m lorsque doivent y circuler de gros engins. Il faut éviter les virages serrés pour ne pas endommager les arbres et autres végétaux poussant en bordure des pistes.

· Dans la mesure du possible, il vaut mieux opter pour le traînage en montée que pour le traînage en descente; l'un a pour effet de répandre l'eau de ruissellement sur la végétation avoisinante alors que l'autre la concentre sur le premier dépôt transitoire. Il est en outre, plus aisé de maîtriser la charge de grumes en montée, et l'opérateur est moins tenté de s'engager sur des pentes trop raides pour permettre un débardage parfaitement sûr. Par contre, le traînage en montée nécessite plus de puissance et les engins peuvent défoncer le sol. Les opérateurs ont aussi tendance à utiliser la lame plus fréquemment pour enlever le sol superficiel et améliorer la traction. Pour choisir entre traînage en montée et traînage en descente, il faut donc évaluer les avantages et les inconvénients des deux techniques et prendre une décision qui s'apparentera d'ordinaire à un compromis.

· Les pistes et les machines de débardage ne devraient jamais pénétrer dans les zones tampons bordant les cours d'eau; lorsque l'abattage y est autorisé, il faut toujours diriger les arbres abattus à l'opposé du cours d'eau et les extraire par treuillage.

· A moins que ce ne soit absolument inévitable, les pistes de débardage ne devraient jamais traverser des cours d'eau ou des ravines. Si cela s'avère indispensable, le franchissement doit, si possible, s'effectuer en un endroit où se trouve un fond rocheux. Il convient de protéger le lit du cours d'eau avec des billes ou un ponceau temporaire.

· Dans la mesure du possible, il faut encourager les opérateurs à utiliser des huiles lubrifiantes sans danger pour l'environnement (des huiles végétales).

· Une fois la récolte achevée, l'aménagement d'ouvrages adéquats devrait assurer le drainage des pistes de débardage et des autres zones où les sols ont été déplacés. Il importe de laisser ces zones dans un état qui facilitera leur remise en végétation rapide. On peut, au besoin, les scarifier et y semer de l'herbe ou d'autres végétaux à croissance rapide.

Tracteur agricole servant a débarder des billes. Noter le cadre de protection destiné a assurer la sécurité du conducteur et le dispositif de levage de l'avant des billes (Photo: Kari Leppänen)

Débusqueur a roues équipé de pneus a grande portance (de 1 m de large) en vue de réduire la pression exercée par les pneus sur sol humide (Photo: Bryce Stokes)

Réseau de pistes de débardage excessivement dense dans une forêt naturelle en zone tropicale. De telles pratiques occasionnent souvent une intense érosion des sols et une forte sédimentation dans les cours d'eau. On peut résoudre en partie ces problèmes en utilisant un réseau de «pistes assignées» et en exigeant des opérateurs de débusqueurs qu'ils ne quittent jamais ces pistes (Photo: Dennis Dykstra)

Pratiques recommandées pour le débardage au moyen de porteurs

Les porteurs sont des machines de débardage qui transportent des billes après les avoir soulevées du sol et placées sur leur propre châssis ou sur une remorque et qui endommagent par conséquent beaucoup moins les sols que les engins de débardage par traînage. D'ordinaire, les porteurs sont munis d'un dispositif (grue hydraulique ou mécanique) leur permettant de procéder eux-mêmes au chargement et au déchargement des billes.

Porteur

La plupart des porteurs ont été explicitement conçus dans l'optique de tirer le meilleur parti possible des derniers développements en matière d'ergonomie et d'assurer le maximum de sécurité. On les utilise fréquemment en association avec des abatteuses-ébrancheuses, bien que cela ne soit pas indispensable. Pour le débardage à l'aide de porteurs, les pratiques recommandées sont les suivantes:

· Les porteurs s'accommodent mieux de billes de dimensions à peu près égales.

· En comparaison du débardage par traînage, la productivité des porteurs dépend beaucoup moins de la distance de débardage; cela explique que la distance de débardage type qui leur correspond soit deux à quatre fois supérieure à celle des débusqueurs. L'emploi de porteurs à la place de débusqueurs permet donc de réduire la densité du réseau de pistes de débardage qu'il faut aménager dans les forêts.

· Il vaut mieux faire circuler les porteurs sur des pistes en meilleur état que celles dont s'accommodent les débusqueurs, car tout déplacement latéral exagéré de leur chargement pourrait les faire basculer. En terrain vallonné, les pistes de portage doivent suivre directement la pente du terrain. Il faut couper au ras du sol les souches et le sous-bois qui se trouvent sur le tracé des pistes; quant aux broussailles coupées, on peut les étaler sur les pistes afin de protéger le sol. Pour permettre l'éventuelle circulation des porteurs à flanc de colline, il est parfois nécessaire d'ouvrir à la lame le tracé de certaines pistes. Il est généralement déconseillé de faire passer des porteurs sur des pistes dont la déclivité excède 30 à 40 pour cent (17 à 22°).

· Lorsque le terrain est humide ou particulièrement meuble, l'emploi de pneus à grande portance devrait contribuer à atténuer le compactage des sols.

· L'un des arguments en faveur des porteurs est qu'ils rendent souvent superflu l'aménagement de premiers dépôts transitoires. Le porteur peut décharger son chargement de billes directement sur un camion, ou encore le long d'un chemin forestier où le camionneur viendra les prendre ultérieurement.

· Tout comme les pistes de débardage, les pistes de portage doivent être fermées et protégées contre l'érosion des sols lorsque la récolte est terminée. Il faut construire des fossés de drainage et des drains transversaux pour dévier l'eau des pistes et remettre en végétation les parties exposées du sol.

Débardage par téléphérage

Les systèmes de débardage par téléphérage diffèrent des autres systèmes de débardage: un ou plusieurs câbles suspendus servent à acheminer les billes du lieu d'abattage au premier dépôt transitoire. Les câbles sont mus par une machine de treuillage (ou treuil de téléphérage), qui est installée au niveau du premier dépôt transitoire ou à l'extrémité opposée du système de téléphérage, souvent sur une crête. En cas de coupe partielle, on défriche un étroit couloir permettant le passage des câbles, qui sont alors suspendus à partir d'un «arbre-pylône» situé à proximité de la machine de treuillage. L'arbre qui fait office de pylône est, soit un arbre véritable, soit une tour métallique. Pour augmenter la hauteur libre au-dessus du sol, on peut suspendre les câbles à un «arbre de queue» situé à l'extrémité opposée de la voie de téléphérage. On peut aussi soutenir davantage les câbles en les fixant à des arbres supplémentaires régulièrement espacés.

Depuis l'apparition des premiers systèmes de ce genre, il y a un siècle ou presque, de très nombreux systèmes de débardage par téléphérage ont été mis au point. Ils se distinguent notamment par les différentes solutions techniques adoptées pour ce qui est de l'agencement des câbles, du transport des billes jusqu'au premier dépôt transitoire et de la remontée à vide des colliers étrangleurs jusqu'au lieu d'abattage.

Type de système de téléphérage par câble aérien servant au débardage des billes en terrain accidenté. Le présent système est destiné à transporter les billes jusqu'à un premier dépôt transitoire situé à proximité de l'arbre de queue, en bas de la figure

Chariot sur câble aérien avec charge de billes entièrement suspendue (Photo: Dennis Dykstra)

Deux couloirs de téléphérage aménagés en terrain accidenté. Il s'agit d'une forêt naturelle en zone tropicale où l'on a effectué une récolte sélective et où les billes ont été débardées par téléphérage sans aucun contact avec le sol (Photos: Ralf Ludwig)

Pistes de débardage dans une autre partie de la même forêt, où l'on a récolté un volume similaire de bois par hectare, mais au moyen de tracteurs à chenilles. On notera l'ampleur du dérangement du sol et des trouées dans le couvert (Photos: Ralf Ludwig)

Du point de vue de la protection de l'environnement, les systèmes de téléphérage les moins dommageables relèvent d'ordinaire de la catégorie des systèmes à câble aérien, aussi appelés systèmes à câble-grue. Ces systèmes comportent un câble aérien fixe permettant de suspendre la charge de billes au-dessus du sol. Ce câble est fixé d'un côté à l'arbre-pylône et de l'autre à un point d'ancrage. Un mécanisme porteur à roues (le chariot) en se déplaçant le long du câble aérien permet de transporter la charge jusqu'au premier dépôt transitoire et de remonter les colliers étrangleurs à vide jusqu'au lieu d'abattage. La charge est attachée au chariot par un autre câble, appelé câble de traînage, dont on peut d'ordinaire modifier la longueur au moyen d'un mécanisme prévu à cet effet; cela permet de le tirer latéralement par rapport au câble aérien fixe et d'atteindre ainsi les billes à débarder. On ramène alors la charge vers le couloir de téléphérage en réduisant la longueur du câble de traînage (généralement en l'enroulant sur un tambour). Une fois que la charge se trouve dans le couloir, on fait avancer le chariot jusqu'au premier dépôt transitoire. Si ce dépôt est placé plus haut que le lieu d'abattage, on haie le chariot au moyen du câble mobile actionné par la machine de treuillage. S'il se trouve par contre en contrebas du lieu d'abattage, on laisse le câble mobile se dérouler, pour que la charge puisse atteindre le premier dépôt transitoire sous le seul effet de la pesanteur.

Bien qu'il existe des différences appréciables entre les divers systèmes de débardage par téléphérage, ceux qui rentrent dans la catégorie des systèmes à câble aérien ou à câble-grue ont généralement les caractéristiques suivantes:

· la charge de billes est suspendue à un câble aérien fixe;

· un chariot se déplaçant le long du câble aérien permet de transporter la charge de billes jusqu'au premier dépôt transitoire et de remonter les colliers étrangleurs à vide jusqu'au lieu d'abattage;

· un mécanisme permet de déplacer latéralement le câble de traînage de manière à atteindre les billes à débarder et à les amener dans le couloir où passe le câble aérien;

· pendant le téléphérage proprement dit le long du couloir où passe le câble aérien, la charge de billes reste entièrement ou partiellement suspendue en l'air, ce qui réduit au minimum le dérangement du sol;

· contrairement aux systèmes de débardage par traînage, les systèmes de débardage par téléphérage ont le grand avantage d'utiliser une source d'énergie motrice qui ne se déplace pas sur le sol. Cela leur permet de fonctionner dans des conditions plus difficiles, par exemple en terrain accidenté ou dans des zones au sol constamment détrempé, où l'utilisation de systèmes de débardage par traînage serait économiquement infondée ou écologiquement inacceptable.

Pratiques recommandées en matière de débardage par téléphérage

· Le débardage par téléphérage nécessite un personnel qualifié, tant en ce qui concerne la planification et l'installation des systèmes de téléphérage que pour ce qui est de la supervision et de l'exécution des opérations de débardage proprement dites. La planification détaillée de ce type de débardage peut être effectuée pour l'essentiel au moment de la planification tactique de la récolte, dans la mesure où l'on dispose de cartes topographiques à grande échelle suffisamment précises. Lorsque l'on prévoit de recourir au téléphérage, il est indispensable de disposer d'un temps suffisant pour mener à bien la planification préalable nécessaire, de sorte que l'opération puisse atteindre ses objectifs en matière de préservation de l'environnement sans pour autant coûter trop cher. Les responsables devraient aussi considérer que, si la planification est bien faite, certaines parties de la forêt ne seront vraisemblablement pas récoltées, même si elles ont été classées zones de production. Lorsque la forêt est moins dense, que les essences sont moins avantageuses ou que le relief est trop accidenté, le choix le plus judicieux peut consister à ne pas récolter.

· Dans la plupart des cas seuls les systèmes de téléphérage par câble aérien sont recommandés. D'autres systèmes de téléphérage tels que le système de téléphérage relevé, qui est d'un emploi courant dans certaines parties du globe, ne permettent pas de suspendre convenablement les billes au-dessus du sol et, de ce fait, ne sont généralement pas à même d'atteindre des billes distantes de plus de quelques centaines de mètres du premier dépôt transitoire. En comparaison, les systèmes de téléphérage par câble aérien permettent de débarder du bois éloigné de 1 000 m ou même parfois plus du dépôt. Cela a l'avantage de réduire considérablement la densité du réseau de voies d'exploitation requis dans un secteur forestier donné.

· Les systèmes de téléphérage par câble aérien, pourvus ou non de pylônes intermédiaires, sont les seuls systèmes de téléphérage dont on recommande généralement l'usage à des fins de récolte sélective. En Asie du Sud-Est, on a eu par le passé largement recours aux systèmes de téléphérage relevé pour effectuer des récoltes sélectives dans des forêts tropicales en terrain accidenté. Lorsque les bûcherons étaient hautement qualifiés et étroitement supervisés, il est arrivé que les résultats aient été tout à fait satisfaisants. Toutefois, dans la plupart des cas, les dommages causés au peuplement résiduel ont été si grands que le téléphérage relevé a été jugé totalement inadapté à la récolte sélective dans les forêts tropicales. Certains pays sont même allés jusqu'à interdire tout débardage par téléphérage. Rétrospectivement, il est clair qu'il s'agissait là d'une erreur; d'ordinaire, les engins de débardage par traînage manœuvrant en terrain accidenté causent en effet beaucoup plus de dommages que les systèmes de téléphérage, y compris de téléphérage relevé. Quant aux systèmes de téléphérage par câble aérien, dans des conditions de planification, de formation et de maîtrise opérationnelle adéquates, ils comptent parmi les systèmes de débardage qui endommagent le moins les sols et le peuplement résiduel, à l'exception peut-être de l'hélidébardage.

· Il convient de choisir des machines de treuillage dont la puissance soit appropriée à la nature du terrain et à la dimension des billes à débarder.

· Les systèmes de débardage par téléphérage sont utilisés non seulement en terrain accidenté, mais aussi dans les zones comme les forêts marécageuses, où des engins de traînage causeraient des dommages à l'environnement. En ce cas, le treuil de téléphérage est généralement installé sur une barge flottante. Dans ces zones, il faut mener les opérations de récolte avec une extrême précaution, compte tenu de la grande fragilité des écosystèmes.

· Une fois la récolte terminée, des drainages transversaux devraient être aménagés à intervalles réguliers dans les couloirs ou les pistes latérales de téléphérage où le sol a été mis à nu.

Systèmes de débardage aérien


Systèmes de débardage par ballon
Systèmes de débardage par hélicoptère


On peut considérer que les systèmes de débardage aérien sont des systèmes où les billes restent entièrement suspendues en l'air pendant tout le processus de débardage. En général, les systèmes de téléphérage par câble aérien ne satisfont pas à ce critère, puisque les billes ne sont normalement pas suspendues pendant la phase latérale de débusquage et qu'il leur arrive parfois, même si cela n'est pas prévu, de traîner sur le sol pendant le téléphérage proprement dit lorsqu'elles sont trop longues ou que la distance entre le câble aérien et le sol est insuffisante.

Actuellement, deux types de systèmes de débardage aérien sont utilisés: les systèmes de débardage par ballon et les systèmes de débardage par hélicoptère. Plusieurs autres systèmes ont été proposés, mais aucun n'a jusqu'ici dépassé le stade de l'expérimentation.

Agencement type d'un système de débardage par ballon

Hélicoptère gros porteur avec un chargement de grumes (Photo: Dennis Dykstra)

Systèmes de débardage par ballon

Ce sont des systèmes de débardage par câble, où des ballons remplis d'un gaz plus léger que l'air (d'ordinaire de l'hélium) fournissent la force portante permettant de soulever totalement du sol la charge de billes pendant le débardage. Des câbles, enroulés sur des tambours montés sur un treuil motorisé, servent à amener le ballon et son chargement jusqu'au premier dépôt transitoire et à le ramener à vide jusqu'au lieu d'abattage. L'expérience acquise dans ce domaine semble indiquer que le débardage par ballon ne convient qu'aux opérations de coupe rase, bien que de récentes innovations, actuellement à l'essai, puissent faire évoluer la situation à l'avenir. Le débardage par ballon nécessite des unités de coupe assez vastes pour justifier l'importance des investissements consentis en vue de l'installation d'un tel système sur un premier dépôt transitoire. Lorsque ces conditions sont réunies, les systèmes de débardage par ballon causent très peu de dommages aux sols et peuvent réduire de beaucoup les chemins forestiers, ils permettent d'atteindre des lieux très éloignés du premier dépôt transitoire. Compte tenu de l'importance de l'investissement initial et de la nécessité de disposer d'un matériel très particulier et d'une équipe extrêmement compétente, très peu de systèmes de débardage par ballon sont actuellement en exploitation.

Systèmes de débardage par hélicoptère

Ils sont, sur le plan de la conception, tout à fait semblables aux systèmes de débardage par traînage, à ceci près, que les engins de transport étant en ce cas des hélicoptères, les billes sont acheminées par voie aérienne du lieu d'abattage au premier dépôt transitoire plutôt que traînées à la surface du sol. Les hélicoptères servant au débardage peuvent être classés en trois catégories: ceux dont la force de levage nominale s'établit à 2,7 tonnes ou moins de charge extérieure sont considérés comme des hélicoptères «petits porteurs»; ceux qui peuvent soulever de 2,7 à 5,4 tonnes, comme des «moyens porteurs»; et ceux qui peuvent soulever plus de 5,4 tonnes (actuellement jusqu'à 11,3 tonnes pour ce qui est des hélicoptères civils à vocation commerciale), comme des engins «gros porteurs».

On procède au débardage par hélicoptère en suspendant à l'aéronef un «câble d'arrimage» (ou câble de retenue) auquel peuvent être fixés des colliers étrangleurs. Dans certains cas, on remplace ces colliers par un grappin. Le câble d'arrimage a généralement une longueur qui varie de 30 à 100 m selon le relief, la hauteur des arbres que l'hélicoptère doit survoler et d'autres facteurs. On utilise de longs colliers étrangleurs qui sont mis en place à l'avance et dont les extrémités sont réunies de façon à constituer des chargements légèrement inférieurs à la charge nominale que peut soulever l'hélicoptère. Lorsqu'un chargement est prêt, l'hélicoptère vole jusqu'au point d'accrochage, laisse filer le câble d'arrimage jusqu'au sol et se met en vol stationnaire le temps qu'on accroche le chargement au câble d'arrimage. Après réception du signal donné par l'arrimeur, l'hélicoptère soulève la charge au-dessus des arbres restants et la transporte jusqu'au premier dépôt transitoire. Les billes sont alors déposées et les colliers étrangleurs sont libérés à distance depuis l'aéronef. L'hélicoptère retourne alors jusqu'au lieu d'abattage pour y prendre le prochain chargement de grumes. Généralement, un aller et retour de ce genre dure de deux à cinq minutes.

Il est généralement admis que le débardage par hélicoptère entraîne des coûts directs d'exploitation beaucoup plus élevés que les autres techniques de débardage. Les dépenses de carburant sont à elles seules énormes; les plus gros hélicoptères consomment en effet près de 2 000 litres de carburant à haut degré d'octane par heure! De surcroît, le coût horaire de l'aéronef lui-même, le coût des pièces de rechange, les frais d'entretien et d'assurance et les coûts salariaux sont tels que les dépenses horaires occasionnées par l'utilisation d'un seul hélicoptère gros porteur peuvent être supérieures à celles qui sont liées à l'exploitation d'une scierie de moyenne importance. Par ailleurs, le grand rayon d'action de l'hélicoptère, qui peut intervenir dans un rayon de plusieurs kilomètres autour du premier dépôt provisoire, élimine une bonne partie des travaux de construction de routes et contribue donc à réduire à la fois les coûts et une cause importante de dégradation de l'environnement. De plus, le débardage par hélicoptère ne cause pour ainsi dire aucun dérangement du sol ni aucun dommage aux arbres résiduels, excepté les dommages résultant de l'abattage, de l'aménagement des premiers dépôts transitoires ou des opérations de transport. Dans certains cas, et notamment lorsqu'il s'agit de récolter du bois de grande valeur, le coût élevé de l'hélidébardage peut donc se trouver justifié par les économies réalisées en matière de construction de routes et par la valeur intrinsèque de la préservation presque totale de l'environnement. S'il est vrai que le débardage par hélicoptère n'est envisageable que dans des conditions particulières, il peut constituer une solution fort intéressante lorsque ces conditions sont réunies.

Configuration type d'un système de débardage par hélicoptère

Pratiques recommandées pour le débardage par hélicoptère

· Les hélicoptères, en particulier s'il s'agit de gros porteurs, autorisent des taux de production qui dépassent de beaucoup ceux auxquels peuvent prétendre la plupart des autres systèmes de débardage. Un aéronef susceptible de transporter 5 m3 de billes jusqu'au premier dépôt transitoire toutes les quatre minutes peut débarder 400 m3 de bois en huit heures, même si l'on consacre 20 minutes par heure à son entretien et à son ravitaillement en carburant. Par beau temps et dans des conditions de vol et de travail optimales, le volume de bois débardé par hélicoptère a déjà atteint 2 000 m3 par jour. De tels taux de production font peser de lourdes contraintes sur les voies d'exploitation, les équipes de bûcherons, les véhicules de transport et les moyens et installations d'appui. Les opérations incluant un débardage par hélicoptère doivent donc être planifiées avec soin dès le départ, et les plans doivent être suffisamment souples pour qu'il soit possible de les adapter à un changement rapide des conditions.

· Compte tenu de leurs taux de production élevés, les opérations de débardage par hélicoptère nécessitent une main-d'œuvre beaucoup plus importante que la plupart des autres systèmes de débardage. C'est ainsi qu'un grand nombre de travailleurs peuvent participer aux opérations de coupe qui sont engagées simultanément sur une vaste étendue. Une bonne coordination et une supervision permanente sont par conséquent indispensables pour réduire les risques tout en maintenant la productivité à un niveau qui permette d'éviter les retards coûteux.

· Les opérations doivent être planifiées de sorte qu'aucun hélicoptère portant une charge suspendue ne survole des travailleurs évoluant au sol, ni ne suive un itinéraire où la chute ou le largage de la charge pourrait mettre en danger des travailleurs. Les équipages des hélicoptères ne doivent pas oublier que les travailleurs utilisant du matériel motorisé souvent n'entendent pas arriver les aéronefs.

· Les équipes au sol, chargées de couper les arbres et de placer à l'avance les colliers étrangleurs, ne sont pas toujours visibles d'en haut, notamment en cas de coupe partielle. Lorsqu'il arrive que ces équipes se trouvent à proximité de la trajectoire de vol de l'hélicoptère, il faut faire en sorte qu'elles signalent leur présence à l'équipage à intervalles réguliers ou quand cela est nécessaire. A cet effet, on fournit habituellement des radios bidirectionnelles à toutes les équipes et on leur apprend le protocole requis pour communiquer par ce moyen. Cela permet en outre d'établir une communication rapide en cas d'urgence. Le port de vêtements aux couleurs vives peut aussi faciliter le repérage par l'équipage des travailleurs au sol.

· Bien que les statistiques de sécurité relatives aux opérations de débardage par hélicoptère soient en moyenne meilleures que celles concernant les opérations de débardage par tramage, cette méthode a néanmoins donné lieu à de graves accidents, parfois même mortels. De plus, les taux de production élevés obligent à travailler rapidement, ce qui peut augmenter la fréquence des accidents sur les lieux d'abattage et les premiers dépôts transitoires. Il convient donc d'insister en permanence sur la sécurité et l'emploi de techniques de travail adéquates.

· Les opérations de débardage par hélicoptère attirent inévitablement l'attention du public, c'est pourquoi il faut aussi se préoccuper de la sécurité des éventuels spectateurs et visiteurs. Il serait judicieux d'aménager, à quelque distance du premier dépôt transitoire, une zone d'observation où les visiteurs pourront sans risque suivre le déroulement des opérations.

· Les hélicoptères ne doivent jamais survoler des zones d'habitation lorsqu'ils transportent des billes de bois ou toute autre charge suspendue.

· Lorsque la trajectoire de vol de l'hélicoptère passe au-dessus ou à proximité d'une voie de circulation, des hommes munis de drapeaux doivent être postés au bord de la route en des endroits qui leur permettent d'arrêter la circulation jusqu'à ce que l'hélicoptère soit passé. Il convient de procéder de manière à réduire au minimum les retards et les désagréments que ces interventions peuvent provoquer.

· Les premiers dépôts transitoires où les hélicoptères déposent leurs charges de billes doivent être suffisamment vastes pour qu'il soit possible d'y mettre un grand nombre de billes, mais aussi pour que les camions, les chargeuses et les travailleurs présents sur les lieux puissent se tenir suffisamment à l'écart de la zone de largage lorsque l'hélicoptère opère.

· Par temps sec, la poussière peut poser un gros problème sur les premiers dépôts transitoires en empêchant les hélicoptères de travailler en toute sécurité. Il est parfois nécessaire d'utiliser une arroseuse pour humidifier périodiquement le dépôt, et notamment la zone de largage et ses environs.

· Outre le premier dépôt transitoire, il faut aussi aménager un ou plusieurs espaces nivelés sur lesquels l'hélicoptère pourra se poser afin que l'on puisse procéder à son ravitaillement en carburant et à son entretien périodiques. Ces zones doivent être entièrement défrichées, de façon à garantir un dégagement adéquat des pales du rotor au moment de l'atterrissage et du décollage. Il faut également les débarrasser de la poussière et des objets qui pourraient venir heurter les pales sous l'effet du courant descendant ou ascendant. L'aire de ravitaillement en carburant doit en particulier se trouver à une distance suffisante du premier dépôt transitoire pour ne pas représenter un danger pour le personnel qui s'y trouve. Il faut entreposer le carburant de manière à réduire au minimum les risques d'explosion et d'incendie et édifier des levées de terre autour des citernes afin d'empêcher que le carburant répandu ne contamine les cours d'eau ou la nappe phréatique. Dans la mesure du possible, il convient de placer l'aire d'entretien en contrebas du premier dépôt transitoire, et de choisir son emplacement en fonction des vents dominants de façon à faciliter un éventuel atterrissage d'urgence de l'hélicoptère. La trajectoire de vol à proximité des aires de ravitaillement en carburant et d'entretien ne doit pas passer au-dessus de voies de circulation ou autres zones publiques, ni au-dessus de zones d'habitation.

· En raison du grand nombre de camions forestiers, de camions-citernes et autres véhicules circulant dans les zones de débardage par hélicoptère, il importe de mettre en place une signalisation près des embranchements où le réseau forestier rejoint le réseau routier public afin d'avertir le public de la circulation possible de poids lourds.

Joug pour bœufs employés à des tâches de débardage

Exploitation forestière à l'aide d'éléphants: mise en place des colliers étrangleurs autour des grumes (Photo: Dennis Dykstra)

Exploitation forestière à l'aide d'éléphants: traînage de la charge jusqu'au premier dépôt transitoire (Photo: Dennis Dykstra)

Pratiques recommandées pour le débardage à l'aide d'animaux de trait

Le débardage à l'aide d'animaux de trait constitue, au plan économique, une solution intéressante dans de nombreuses régions, et même parfois dans les pays industrialisés. Contrairement au débardage par traînage, l'utilisation d'animaux de trait, tels que des éléphants, des kérabaus (variété de buffles), des bœufs, des chevaux ou des mulets, permet de limiter considérablement le dérangement et le compactage du sol ainsi que les dommages causés aux arbres restants. L'impact direct sur l'environnement se limite aux pistes de débardage très étroites suivies par les animaux. Le débardage à l'aide d'animaux est particulièrement bien adapté aux éclaircies et à la récolte de bois de pâte, quand il s'agit de débarder des billes relativement petites ou de transporter des produits de sciage de long ou de tout autre procédé de façonnage sur place.

· En cas de débardage à l'aide d'animaux, il faut prévoir de courtes distances de débardage (200 m ou moins habituellement) et des pentes relativement douces; selon le type d'animal utilisé, on suggère souvent de limiter la pente de 20 à 30 pour cent (de 14 à 17°) en cas de débardage en descente et de 10 à 15 pour cent (de 6 à 9°) en cas de débardage en montée.

· Il est indispensable d'utiliser des harnais appropriés pour empêcher que les animaux se blessent ou éprouvent une gêne grandissante sur de longues périodes de travail. On recommande d'équiper les bœufs de jougs, car ce dispositif élimine toute irritation de la peau et permet d'exploiter pleinement la force de traction de l'animal.

· Des dispositifs tels que sabots de traînage, traîneaux ou triqueballes, en diminuant la résistance au traînage et en permettant donc le débardage de plus lourdes charges, améliorent considérablement la productivité du débardage à l'aide d'animaux.

· Lorsque les opérations se déroulent dans des forêts naturelles, il est généralement nécessaire de défricher les pistes qu'emprunteront les animaux. Il faut couper à la main le sous-bois près du sol, puis jeter les broussailles à l'écart de la piste. Il faut aussi enlever les obstacles qui pourraient représenter un danger pour les animaux et araser toutes les souches au niveau du sol.

· Il faut normalement coordonner la coupe et le débardage; les deux opérations doivent en outre débuter à l'extrémité la plus éloignée de l'unité de coupe (le plus loin possible du premier dépôt transitoire) et progresser en direction de ce dépôt. Ainsi, les animaux n'ont pas à se frayer un chemin au milieu des résidus d'exploitation laissés par l'équipe d'abattage.

· Les animaux doivent être nourris, abreuvés et mis au repos à intervalles réguliers si l'on désire les voir poursuivre leur tâche. Certains animaux tels que les éléphants et les kérabaus doivent se baigner fréquemment par temps chaud pour dissiper la chaleur corporelle engendrée par l'intense activité physique.

· Les conditions climatiques, la nature du terrain et d'autres facteurs font que les animaux ne sont pas toujours capables de travailler tous les jours, ni de travailler durant de longues périodes chaque jour. Il est souvent recommandé de prévoir une réserve de 20 à 25 pour cent d'animaux afin de toujours disposer d'un effectif suffisant.

· Bien que les chevaux soient des animaux de trait parfaitement adaptés au débardage des grumes dans les régions tempérées, ils se prêtent généralement mal à cette tâche sous les climats chauds et humides que l'on rencontre dans les forêts tropicales.

· Il est impératif de dispenser des soins vétérinaires réguliers aux animaux de trait utilisés pour des travaux forestiers et de les nourrir afin de satisfaire pleinement leurs besoins alimentaires.

· Une fois le débardage achevé, il faut examiner les pistes et, au besoin, aménager des drainages transversaux afin de canaliser l'eau vers la végétation environnante.

Débardage manuel de billes dans le cadre d'une opération d'éclaircie; l'utilisation d'un fardier à bras facilite la tâche des bûcherons et augmente la productivité (Photo: Torsten Frisk)

Glissière en polyéthylène servant au débardage de petites billes obtenues après une éclaircie (Photo: Kari Leppänen)

Autres systèmes de débardage


Débardage manuel
Sciage de long
Débardage par glissière
Débardage au moyen de camions équipés d'un treuil
Débardage par voie d'eau


Des systèmes de débardage très divers ont été mis au point pour la récolte de bois d'œuvre. Bon nombre d'entre eux ont un très faible impact sur l'environnement, ne serait-ce que parce qu'ils sont d'ordinaire utilisés sur une petite échelle. Quelques-uns de ces systèmes les plus courants sont décrits dans les paragraphes qui suivent.

Débardage manuel

Le débardage manuel a tendance à disparaître, sauf dans les exploitations agricoles où il persiste même dans les pays industrialisés. D'ordinaire, on le pratique uniquement lorsque la main-d'œuvre est bon marché, que les distances de débardage ne sont pas trop longues et que les billes ou les autres pièces de bois à débarder sont suffisamment légères pour qu'on puisse facilement les manipuler. Les opérations de débardage manuel concernent généralement la récolte de bois de feu, certains types d'éclaircies dans les plantations forestières, des opérations agroforestières, ou encore s'effectuent dans des forêts où les arbres atteignent rarement de grandes dimensions, comme la plupart des mangroves. L'utilisation de crochets de levage, de leviers et d'autres outils manuels ainsi que de fardiers à bras pour déplacer les billes peut contribuer à améliorer l'efficacité et la sécurité.

Dans certaines mangroves, on utilise des brouettes que l'on pousse sur d'étroites voies en planches, édifiées à la main dans les zones de débardage.

Sciage de long

Bien que, techniquement, on ne puisse le considérer comme une technique de débardage, le sciage de long est une méthode manuelle permettant de transformer sur place les grumes en bois de sciage. Les planches ainsi obtenues sont alors transportées à la main ou à l'aide d'animaux. L'impact du sciage de long sur l'environnement est très limité, bien que le creusement de fosses mette le sol à nu et puisse favoriser l'érosion. Cet impact est généralement très localisé, et on peut encore le restreindre en ne creusant pas de fosses à proximité des cours d'eau. Le sciage de long pose, toutefois, un problème plus sérieux parce qu'il est difficile de s'assurer que les scieurs de long ne surexploitent pas les ressources en coupant tous les arbres de grande valeur. Comme ils ne débitent qu'un arbre à la fois, il n'est pas facile de les repérer en forêt et d'exercer une surveillance constante pour s'assurer qu'ils coupent uniquement les arbres désignés. Il importe d'assurer la protection et la sécurité des scieurs de long pendant qu'ils préparent et qu'ils scient les billes.

Débardage par glissière

En terrain accidenté, on peut tirer parti de la pesanteur pour faire rouler ou glisser les billes du lieu d'abattage jusqu'au chemin forestier. Pour limiter les dommages causés aux arbres restants et regrouper les billes à intervalles réguliers le long du chemin forestier, il est possible d'utiliser des glissières destinées à guider la trajectoire des billes. Ces glissières sont habituellement en bois ou encore fabriquées avec des sections de tube en polyéthylène vendu dans le commerce que l'on coupe en deux dans le sens de la longueur et qu'on attache de façon à former une longue goulotte. L'utilisation de glissières pose des problèmes en matière de sécurité.

Il faut placer une signalisation ou poster des porteurs de drapeaux en bas des glissières, afin d'avertir ceux qui circulent du danger possible.

Débardage au moyen de camions équipés d'un treuil

Dans certaines régions tropicales, on effectue souvent le débardage à l'aide de petits camions munis d'un treuil que l'on actionne directement sur le lieu d'abattage afin de charger les billes en vue de leur transport. On défriche d'ordinaire à la main un chemin forestier de faible déclivité qui permettra au camion de parvenir jusqu'à l'arbre. Les billes sont chargées sur le camion à l'aide du treuil, puis le camion se dirige vers le lieu d'abattage suivant.

L'opération se poursuit jusqu'à ce qu'on obtienne un chargement complet. Le camion se rend alors directement à son lieu de destination final ou au premier dépôt transitoire, où les billes peuvent être regroupées en vue de leur transport par poids lourd. Lorsque la nature du sol et du terrain s'y prête, cette méthode a relativement peu d'impact sur l'environnement. Généralement, elle dérange peu le sol et cause moins de dommages aux arbres résiduels que les tracteurs à chenilles, par exemple. Elle est toutefois inadaptée aux terrains marécageux ou accidentés.

Débardage par voie d'eau

Dans les zones où les forêts sont périodiquement inondées, comme dans certaines parties du bassin de l'Amazone, ou dans le cas des forêts intertidales ou des mangroves, on peut profiter de la présence d'eau pour transporter les troncs hors du lieu d'abattage. La coupe a normalement lieu pendant la saison sèche ou à marée basse, et l'on fait flotter le bois lorsque l'eau monte. Ce système pouvant occasionner de fortes pertes, il est nécessaire d'exercer un contrôle strict pour éviter de gaspiller une part importante des ressources en bois. S'il s'agit de bois dense, l'abattage doit avoir lieu suffisamment à l'avance pour permettre aux billes de sécher et, donc, de mieux flotter. Dans les zones de marée, il faut parfois faire mourir les arbres à l'avance, généralement par incision annulaire, et les laisser sécher pendant un certain temps avant de les abattre et de les débarder. Lorsque des billes sont particulièrement denses, il est parfois nécessaire de les lier solidement à des billes moins denses de façon à former des trains de flottage et à les empêcher ainsi de couler. Au nombre des répercussions du débardage par flottage sur l'environnement figurent les dommages directement causés par l'abattage ainsi que l'accumulation possible d'écorce et de résidus sur les berges des cours d'eau ou de débris ligneux dans les voies navigables. Lorsque la marée engendre un courant ou que les cours d'eau sont suffisamment rapides, cette accumulation ne pose généralement aucun problème. Toutefois, le pourrissement de l'écorce et des débris ligneux élimine l'oxygène libre présent dans l'eau et peut donc avoir un effet préjudiciable sur la faune et la flore aquatiques, notamment dans les cours d'eau à faible débit. Un autre problème, peut-être plus sérieux, résulte de l'abattage intensif d'arbres d'essences non commerciales utilisés comme flotteurs dans les trains de billes. On estime que pour chaque arbre commercial débardé, on abat un autre arbre dépourvu de valeur commerciale. Par ailleurs, le sol des berges des cours d'eau est souvent endommagé lorsqu'on y fait glisser ou rouler les billes.


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