NOTES SUR LA NUTRITION
Bien manger aide à combattre les infections |
Les malades devraient bien manger, même s'ils ne sont pas actifs. Ils ont besoin de nutriments pour rester en vie, combattre les infections et remplacer les nutriments perdus.
Il arrive souvent que l'infection diminue l'appétit. Elle augmente aussi le besoin de certains nutriments si:
Les infections peuvent être à l'origine de la malnutrition qui, à son tour, aggrave les infections |
Si les malades ne mangent pas assez, ils utilisent la graisse et les muscles de leur propre organisme pour avoir des calories et des nutriments. Ils maigrissent et deviennent dénutris. Leur système immunitaire risque de devenir moins efficace, et leur capacité de combattre les infections diminue.
Les malades perdent souvent plus d'eau que d'ordinaire, ou ils en utilisent davantage (par exemple, en cas de diarrhée ou de fièvre). Il leur faut donc beaucoup de boissons propres et saines.
Alimentez fréquemment les malades et donnez-leur beaucoup à boire |
Donnez aux familles les conseils suivants:
donner fréquemment de petites quantités de nourriture, surtout si la personne n'a pas faim; les malades préfèrent souvent les aliments tendres (gruau, bananes écrasées ou potage, par exemple) ou les aliments sucrés; pendant quelques jours, peu importe ce que la personne mange, pourvu qu'elle mange souvent;
donner beaucoup à boire, toutes les heures ou toutes les deux heures, par exemple de l'eau bouillie, du jus de fruit, du lait de coco, du soda, du potage, ou de la bouillie liquide; ou bien donner du lait bouilli ou fermenté, ou du thé au lait, sauf si la personne a la diarrhée;
préparer les aliments et les boissons avec propreté et hygiène (voir le thème 4), afin de prévenir les infections d'origine alimentaire.
Si les personnes sont malades pendant plusieurs jours, il leur faut beaucoup d'aliments variés pour aider leur système immunitaire à se rétablir et pour empêcher la perte de poids (voir l'encadré 16). Les familles devront donc leur donner fréquemment de petits repas composés d'une association d'aliments (voir le thème 3). En ajoutant une petite quantité d'aliment lipidique ou de sucre au repas, on augmente facilement son contenu énergétique sans rendre le repas trop lourd ou trop volumineux, et les fruits et légumes en bonne quantité fournissent des micronutriments.
Quand un jeune enfant nourri au sein est malade, sa mère devra l'allaiter plus souvent. Le lait maternel est parfois le seul aliment et boisson que l'enfant désire. Conseillez à la mère de tirer son lait et de le faire boire à la tasse ou à la cuillère si l'enfant est trop malade pour téter.
Dans les régions où l'avitaminose A pose un problème, les enfants qui ont la rougeole, la diarrhée ou des infections respiratoires, ou qui souffrent de malnutrition, reçoivent souvent des suppléments de vitamine A. Cependant, les agents de santé qui leur en donnent devraient insister sur la nécessité de consommer aussi des aliments riches en vitamine A.
Les personnes avec la diarrhée ont besoin de boissons supplémentaires |
Les enfants et les adultes qui ont la diarrhée et/ou des vomissements perdent beaucoup d'eau et doivent donc boire souvent pour ne pas se déshydrater. Les boissons qui conviennent sont les solutions de réhydratation orale préparées avec des sels de réhydratation (disponibles dans les centres médicaux ou en pharmacie), ou des boissons ordinaires faites à la maison et qui contiennent une quantité normale de sel, par exemple le potage ou l'eau de riz.
Les personnes qui ont la diarrhée doivent aussi manger parce que la nourriture aide l'intestin à se rétablir et à absorber l'eau. Les enfants nourris au sein et qui ont la diarrhée devraient être allaités fréquemment.
ENCADRÉ 16 · COMMENT AIDER LES MALADES À MANGER DAVANTAGE |
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Donnez davantage de nourriture pendant la convalescence |
Pendant leur convalescence, la plupart des gens ont plus faim que d'habitude. Ils peuvent manger davantage et reprendre rapidement le poids qu'ils ont perdu. Les enfants peuvent grandir plus vite que normalement et rattraper le retard de croissance. Les malades ont parfois épuisé leurs réserves de vitamine A, de fer et d'autres micronutriments; ils ont alors besoin d'aliments variés et riches en nutriments pour reconstituer ces réserves. Les gens sont en mesure de manger davantage au cours de leur convalescence s'ils consomment plus de nourriture à chaque repas et/ou s'ils prennent davantage de repas ou de collations chaque jour. Les enfants convalescents nourris au sein doivent être allaités plus souvent.
Un régime alimentaire sain et équilibré aide les séropositifs à rester en forme plus longtemps |
Il est particulièrement important que le régime alimentaire des personnes qui vivent avec le VIH/SIDA soit sain et équilibré. Une bonne alimentation empêche de perdre du poids et aide les gens à rester en forme plus longtemps.
Les personnes qui vivent avec le VIH/SIDA commencent souvent à souffrir de dénutrition, ou leur dénutrition s'aggrave, pour les raisons suivantes:
l'infection par le VIH, d'autres infections ou les médicaments peuvent diminuer leur appétit, modifier le goût des aliments et/ou empêcher leur organisme d'absorber les nutriments;
elles mangent parfois moins, si elles ont des douleurs dans la bouche, la nausée ou des vomissements;
leurs besoins énergétiques sont accrus, car leur système immunitaire est plus actif que normalement (voir l'encadré 17);
il arrive qu'elles soient fatiguées ou déprimées, et préparer la nourriture ou manger leur demande un effort;
elles manquent parfois d'argent pour acheter de la nourriture.
ENCADRÉ 17 · BESOINS NUTRITIONNELS DES PERSONNES QUI VIVENT AVEC LE VIH/SIDA |
Une consultation d'experts de l'OMS, tenue en 2003, est parvenue aux conclusions ci-après en ce qui concerne les besoins nutritionnels. Besoins en calories
Besoins en protéines et en lipides
Besoins en micronutriments
Ces recommandations pourraient éventuellement changer quand davantage de recherches seront menées. Il convient donc de se renseigner sur les derniers résultats auprès d'une source fiable. |
Source: OMS, 2003.
Comme tous les autres malades, les personnes qui vivent avec le VIH/SIDA, et qui ne consomment pas ou n'absorbent pas assez de nutriments, utilisent leurs propres tissus corporels pour avoir les calories et les nutriments essentiels à la vie. Elles perdent du poids et deviennent dénutries. En outre:
elles sont moins résistantes à d'autres infections parce que leur système immunitaire est endommagé, ce qui accélère la spirale d'autres infections conduisant à une aggravation de la malnutrition qui, à son tour, entraîne d'autres infections;
elles absorbent parfois de plus faibles quantités de nutriments et de médicaments, par exemple des médicaments pour la tuberculose, des antibiotiques, des médicaments antirétroviraux;
leurs plaies se cicatrisent plus lentement;
elles se sentent faibles et sont moins aptes à travailler et à mener une vie normale.
Figure 13. Les personnes qui vivent avec le VIH/SIDA ont besoin de manger fréquemment
Il est plus facile d'empêcher la perte de poids pendant les premiers stades de l'infection par le VIH. Assurez-vous que les personnes qui vivent avec le VIH/SIDA (et leur famille) savent qu'elles devraient:
avoir un régime alimentaire sain et équilibré (voir le thème 3); elles n'ont pas besoin de régime spécial, mais devraient avoir trois bons repas par jour, contenant de nombreux aliments riches en calories et en nutriments (entre autres beaucoup de légumes et de fruits), et prendre tous les jours plusieurs collations énergétiques et nutritives; les personnes déjà dénutries lorsque débute leur infection par le VIH ont des besoins énergétiques et nutritionnels particulièrement élevés, et il est essentiel qu'elles aient suffisamment de nourriture (notamment des aliments riches en calories) et une alimentation variée;
faire particulièrement attention à l'hygiène, car leur système immunitaire est mis à rude épreuve, et il est donc important d'éviter les infections d'origine alimentaire (voir le thème 4);
avoir une activité physique régulière, pour améliorer l'appétit et refaire les muscles;
demander dès le début un traitement pour les infections;
manger aussi bien que possible quand elles sont malades et davantage quand elles se sentent mieux, afin de reprendre du poids;
ajuster leur apport alimentaire en cas de diarrhée, de douleurs dans la bouche, de faible appétit ou de mauvaise absorption des nutriments, pour être sûres de manger suffisamment et de choisir les aliments qui favorisent la guérison.
Si des personnes qui vivent avec le VIH/SIDA maigrissent, donnez-leur des conseils sur la façon de reprendre du poids. Expliquez-leur comment consommer davantage de bons aliments et encouragez-les à avoir une activité physique pour refaire leurs muscles (voir à l'encadré 16 de la page 91 comment aider les malades à manger davantage).
Il existe diverses interactions entre différents médicaments antirétroviraux et différents aliments. Par exemple, un médicament peut avoir des effets sur l'absorption d'un aliment, ou un aliment peut avoir des effets sur l'absorption d'un médicament. Les agents de santé devront peut-être consulter leurs superviseurs pour savoir quels conseils d'alimentation donner aux personnes qui prennent des médicaments antirétroviraux (voir FANTA/AED, 2003).
Pour de plus amples informations sur l'alimentation des personnes qui vivent avec le VIH/SIDA, y compris sur l'alimentation en cas de complications (par exemple de diarrhée), voir FAO/OMS, 2003.
METTRE EN COMMUN CES INFORMATIONS
Avant d'échanger ces informations avec les familles, il vous faudra peut-être:
1 Chercher à savoir: quels aliments et boissons sont donnés aux enfants et adultes malades (y compris ceux qui vivent avec le VIH/SIDA); quelles sont les convictions des gens de la région sur l'alimentation des malades et des personnes qui vivent avec le VIH/SIDA; qui choisit et prépare la nourriture des malades; qui nourrit les malades; si les enfants et les adultes en convalescence reçoivent davantage de nourriture; quels sont les obstacles à une meilleure alimentation des malades et des convalescents (par exemple le manque de temps des personnes qui s'occupent d'eux).
2 Etablir des priorités: décider quelles sont les informations les plus importantes à échanger avec les groupes ou les familles individuelles.
3 Décider qui atteindre: par exemple, les personnes qui s'occupent d'adultes ou d'enfants malades; les malades atteints de longues maladies, telles que le VIH/SIDA.
4 Choisir les méthodes de communication: par exemple, discussions avec les associations locales et les groupements d'initiative personnelle, ainsi que dans les centres médicaux et lors des visites à domicile; démonstrations sur la préparation de bons repas et collations destinés aux malades et aux personnes qui vivent avec le VIH/SIDA et leurs familles.
Exemples de questions pour entamer une discussion
(Choisissez seulement quelques questions qui traitent des informations dont les familles ont le plus besoin)
Pourquoi les malades ont-ils besoin de bien manger?
Comment pouvons-nous encourager les malades à manger?
Pourquoi les enfants convalescents ont-ils besoin d'un supplément de nourriture? Comment pouvons-nous leur donner ce supplément?
Ne traitez la question de l'alimentation des personnes qui vivent avec le VIH/SIDA que si le groupe le souhaite. Si c'est le cas, faites-le avec tact. Il est en général préférable de s'entretenir individuellement, et si possible à domicile, avec les personnes qui vivent avec le VIH/SIDA et leurs familles.
Pourquoi est-il important que les personnes qui vivent avec le VIH/SIDA mangent bien?
Comment se fait-il que certaines personnes qui vivent avec le VIH/SIDA ne veuillent pas manger?
Pourquoi est-il dangereux que les personnes qui vivent avec le VIH/SIDA maigrissent?