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III. Impact économique des ravageurs et maladies transfrontières

TYPES D'IMPACT ÉCONOMIQUE

L'impact économique des ravageurs et des maladies transfrontières peut être complexe et aller au-delà de leur effet immédiat sur les producteurs agricoles directement affectés. Certains des effets possibles sont illustrés à la figure 36. Dans des cas particuliers, l'impact économique réel variera selon des éléments comme le type de ravageur ou de maladie transfrontières, mais du fait de la complexité de leurs effets, il est souvent très difficile de mesurer avec précision leur impact économique réel.

Production

L'impact économique le plus direct des maladies et ravageurs transfrontières est une réduction ou une perte de production - qu'il s'agisse de récoltes ou d'animaux - qui se traduit par une réduction des revenus agricoles. La gravité de l'effet économique dépendra des circonstances spécifiques. Si l'économie agricole est relativement diversifiée et s'il existe d'autres possibilités de gain, cet impact sera moindre. Inversement, si l'économie locale est lourdement tributaire d'un ou de plusieurs produits vulnérables, l'impact risque d'être grave et la sécurité alimentaire locale compromise.

L'impact d'une réduction de la productivité sur les cultures ou les animaux peut être de longue durée. Les infestations de ravageurs peuvent compromettre les taux de fécondation ou la germination, tandis que les applications de pesticides peuvent affecter la fertilité des sols et les eaux. Les maladies peuvent avoir des effets de longue durée sur la production des éleveurs de différentes façons «cachées» (des retards dans la reproduction qui se traduisent par une diminution du nombre de naissances et par conséquent du nombre de têtes) qui dépassent souvent les pertes clairement visibles causées par des maladies.

Les pertes causées à la production par les ravageurs et maladies transfrontières, bien qu'apparemment faciles à identifier, peuvent être difficilement mesurables en termes économiques précis. En effet, une telle évaluation économique ne devrait pas mesurer seulement la valeur de la perte de production en multipliant la perte matérielle estimative par son prix marchand, ce qui risque d'exagérer l'impact économique probable des dommages causés. L'impact économique effectif dépendra aussi de l'adaptation des exploitants et des ajustements éventuels sur les marchés. Les communautés agricoles peuvent réagir en replantant, en puisant dans leurs stocks ou en vendant des avoirs et en exerçant des activités rémunératrices non agricoles.

Pour ces raisons, la perte de bien-être peut être inférieure à la valeur de la production perdue11.Ce n'est que si les exploitants n'adaptent guère leurs moyens de subsistance ou si l'économie de la communauté est lourdement tributaire du produit affecté par le ravageur ou la maladie, que les pertes de bien-être risquent de dépasser la valeur de la production perdue. En outre, on n'a pas vraiment réussi à distinguer l'impact sur la production imputable aux ravageurs et à d'autres éléments, comme le climat. Souvent, les infestations de ravageurs et épizooties coïncident avec un changement des conditions climatiques, comme une sécheresse, des pluies précoces ou d'autres intempéries ayant pour effet de réduire la production. Comme dans les pays en développement, les agriculteurs ne tiennent pas de comptabilité, il est encore plus difficile de dire dans quelle mesure un changement déterminé de production est imputable à des ravageurs ou à des maladies, au climat, à la gestion des exploitations ou à d'autres variables.

Effets sur les prix et les marchés

Outre un impact sur la production, il peut y avoir des variations de prix qui sont déterminées par des effets sur l'offre et la demande de produits par un ravageur ou une maladie transfrontières. Les effets sur le marché peuvent à leur tour entraîner des variations des salaires payés aux ouvriers agricoles et aux employés des usines de traitement et se répercuter d'autres façons sur les activités aussi bien en amont qu'en aval. Selon la situation du marché des produits agricoles affectés, une infestation de ravageurs ou un foyer de maladie peut entraîner une hausse soudaine des prix (si la plupart de la production est consommée dans le pays même), ou au contraire par une baisse des prix (si la majeure partie de la production est exportée et si des mesures de quarantaine empêchent ces exportations mais non la consommation intérieure). Les effets relatifs de la baisse de production sur les producteurs et les consommateurs dépendent des élasticités relatives de la demande et de l'offre (la mesure dans laquelle la demande et l'offre réagissent aux fluctuations des prix). Il peut également y avoir des effets négatifs sur les prix lorsque des craintes concernant l'innocuité des produits entraînent une réduction de la demande.

Commerce

Les ravageurs et maladies importés (essentiellement maladies animales et ravageurs soumis à des régimes de quarantaine) peuvent avoir un impact majeur pour les exploitants et les pays qui produisent ou souhaitent produire pour l'exportation. Les pays dont les principaux ravageurs et maladies sont absents tendront à protéger leur agriculture en interdisant totalement l'importation de produits en provenance de régions affectées par des ravageurs ou des maladies ou en subordonnant les importations à une série de mesures de protection. Ces incidences concernant un ravageur ou une maladie transfrontières peuvent avoir un impact économique plus marqué que les pertes directement causées à la production. Inversement, éliminer totalement les ravageurs et maladies transfrontières peut avoir de très importants avantages. Le souhait d'avoir accès à des marchés d'exportation lucratifs est en fait la raison qui est à la base de nombre de campagnes d'élimination des ravageurs et des maladies.

Sécurité alimentaire et nutrition

Les maladies et ravageurs transfrontières peuvent souvent avoir un impact négatif marqué sur la sécurité alimentaire et la nutrition dans les pays en développement. L'augmentation du commerce international de produits agricoles amortit l'impact potentiel sur les disponibilités alimentaires, mais il peut néanmoins y avoir un impact majeur sur les communautés plus pauvres qui n'ont pas accès à des aliments de substitution. L'impact sur la sécurité alimentaire est souvent la principale préoccupation des pouvoirs publics dans les pays en développement et l'un des principaux arguments qui militent en faveur d'une assistance internationale aux programmes de prévention.

La santé humaine et l'environnement

La principale menace à la santé humaine provient des maladies zoonosiques. Ce type de transmission semble avoir augmenté ces dernières années, ce qui est peut-être dû au développement de l'élevage intensif dans des régions proches des établissements humains12. Les menaces que représentent pour l'environnement soit les ravageurs eux-mêmes, soit les mesures utilisées pour les combattre, suscitent des préoccupations croissantes, d'autant que les dangers que posent les pesticides et les stocks de pesticides inutilisés sont une question qui suscite de plus en plus d'inquiétude. On s'inquiète aussi pour ce qui est des espèces envahissantes, introduites par des produits importés ou des mouvements de populations, qui ébranlent l'écologie locale.

Coûts financiers

Les ravageurs et maladies transfrontières ont également des incidences financières étant donné qu'il faut généralement ouvrir des crédits au budget de l'État, notamment pour financer les mesures d'inspection, de surveillance, de prévention et d'intervention. En outre, les pouvoirs publics sont souvent appelés à accorder un soutien financier aux producteurs affectés. Les coûts de certaines de ces mesures sont proportionnels à l'étendue du secteur agricole à protéger tandis que, dans d'autres cas, le rapport est moins étroit. En ce qui concerne les avantages des mesures de prévention, les bénéfices des programmes de prévention et de préparation de plans d'intervention en cas d'urgence ne sont généralement pas apparents, car ils dépendent des hypothèses formulées concernant l'économie que peut représenter l'absence d'infestations d'insectes et de foyers de maladie.

ÉTUDES EMPIRIQUES DE L'IMPACT ÉCONOMIQUE

Les ouvrages sur les aspects économiques des maladies animales transfrontières et de leur prévention sont relativement rares13. Il existe un certain nombre d'études non publiées, mais celles-ci portent surtout sur les produits qui revêtent une importance particulière pour tel ou tel pays. Les données concernant les pertes causées aux récoltes par les ravageurs ne sont pas très fiables dans les pays en développement et ont généralement été dérivées d'enquêtes localisées plutôt que de recherches systématiques et sous l'égide des pouvoirs publics14.

Les études existantes portent généralement sur des pays spécifiques, souvent un petit nombre de pays développés, mettent l'accent sur un produit particulièrement affecté et sont consacrées à une épidémie particulière. Ces études comportent plusieurs omissions graves. Les analyses dans les études de l'impact économique des ravageurs et maladies ne concernent souvent que l'impact sur la production, et ne disent pas grand-chose sur leur impact ultérieur sur les prix ou les échanges ou leurs effets secondaires et tertiaires sur les marchés. Elles ne fournissent pas non plus d'informations sur la façon dont les exploitants s'adaptent aux problèmes posés par les ravageurs ou maladies. Il est rare que ces études comprennent une analyse des coûts des mesures internationales de contrôle, des coûts d'externalité des épidémies ou des campagnes d'intervention ou des coûts d'infrastructure. En outre, aucune d'entre elles n'aborde la question de l'impact à plus long terme d'une maladie, de la réaction dynamique à une épidémie ou de l'adaptation des exploitants ou des communautés.

Encadré 6

TROIS ÉTAPES POUR ANALYSER L'IMPACT DES RAVAGEURS ET MALADIES

L'impact économique à craindre de l'introduction de maladies et de ravageurs constitue le point de départ pour décider des mesures à prendre pour les prévenir ou les combattre. Dans certains pays, la loi stipule que ce processus de décision doit comporter une analyse économique des coûts et des avantages. Depuis 1995, en vertu de l'Accord sur les mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS) conclu sous les auspices de l'OMC, les pays exportateurs et importateurs doivent fonder leurs SPS sur des normes internationales ou des évaluations des risques. Trois types d'analyses ont été utilisés pour éclairer le processus décisionnel concernant la gestion des ravageurs et maladies trans-frontières:

  • une analyse des risques, qui identifie et quantifie les risques et incertitudes pour faciliter la prise de décisions;
  • une analyse des coûts et des avantages, qui évalue les coûts et les avantages des différentes options envisa-geables;
  • une étude de l'acceptabilité des risques, qui évalue les préférences en matière de risque et qui peut soit guider l'analyse des coûts et des avantages, soit, dans des cas extrêmes, écarter toute analyse en bonne et due forme.

Analyse des risques

L'analyse des risques est effectuée pour identifier et évaluer les risques et incertitudes liés à une activité dangereuse et identifier les options de gestion qui peuvent être envisagées pour les atténuer. Elle comporte deux étapes: l'éva-luation des risques, qui est une opération positive ou descriptive, et la gestion des risques, qui est une opération normative et essentiellement subjective.

Lors de l'évaluation des risques, il faut déterminer deux facteurs majeurs: la probabilité qu'un événement se produira (comme l'introduction et l'établissement d'un ravageur) et les conséquences de cet événement. À l'étape de la gestion des risques, on peut examiner les résultats escomptés des différentes options de gestion au regard des objectifs recherchés.

L'analyse des risques permet de comparer les risques en présence d'efforts de prévention, tels les traitements et produits avant importation, les campagnes de vaccination, les inspections et les mesures de contrôle après importation. Dans chaque cas, les avantages d'une réduction des risques peuvent être comparés aux coûts de l'opération. Les résultats de l'analyse des risques doivent être pesés au regard d'une série d'objectifs identifiables. Cette étape est subjective et dépend de l'attitude du décideur. Tous les principaux pays importateurs de produits réalisent des analyses des risques posés par les ravageurs et les maladies qui peuvent leur causer le plus de dommages.

Analyse des coûts et des avantages

Une analyse des coûts et des avantages est un processus objectif tendant à faire apparaître les impacts économiques d'options de gestion spécifiques. Les coûts et avantages sont projetés sur l'ensemble de la période considérée et pour l'ensemble de la population affectée. Parmi les options de gestion examinées, il peut y avoir le degré d'exclusion, de dépistage ou d'intervention de telle ou telle espèce ou maladie risquant d'être introduite dans le pays. L'analyse des coûts et des avantages est importante pour évaluer le rendement économique des différentes options qui ont des impacts sur une période de temps déterminée ou qui affectent des populations différentes.

Une analyse des coûts et des avantages peut faire apparaître l'option de gestion qui offre l'avantage net le plus élevé, mais ne permet pas à elle seule, de déterminer le choix de gestion optimal. Il se peut que des critères non économiques soient imposés, car autrement l'analyse des risques limite la gamme de choix pouvant être envisagés. Par exemple, même une option ayant un rapport coûtsavantages inférieur à l'unité peut être souhaitable si elle réduit un risque même très faible de résultat inacceptable. L'assurance en est un exemple.

La période de temps sur laquelle porte une analyse des coûts et des avantages et le taux d'actualisation sont importants lorsque les coûts initiaux sont élevés (par exemple pour mettre en place un système de dépistage ou entreprendre une campagne d'élimination) et que les avantages tardent à apparaître. Plus la période est longue, plus grande est la possibilité de tirer des avantages qui compensent les coûts initiaux. Toutefois, une période de plus longue durée va de pair avec de plus grandes incertitudes quant au montant des pertes ou des avantages.

Les coûts et avantages intangibles sont les valeurs esthétiques, la disparition d'options, la survie des espèces et le concept de legs, autant d'éléments qui peuvent s'appliquer de différentes façons aux espèces allogènes. Les insectes défoliants réduisent la valeur esthétique des arbres, ce qui peut être important pour les propriétaires de jardins et les touristes, indépendamment de l'impact purement économique ressenti par les forestiers et les propriétaires de vergers. La présence d'un insecte destructeur non seulement réduit les rendements pour ceux qui cultivent la culture en question, mais diminue également l'option que pourrait être cette culture pour de nouveaux cultivateurs. La préservation de l'environnement naturel existant dans son état d'origine a pour beaucoup une valeur intrinsèque. Enfin, nombreux sont ceux qui souhaitent léguer cet environnement naturel aux générations futures.

Ces valeurs peuvent être significatives en comparaison des valeurs économiques directement identifiables pour nombre d'organismes allogènes, particulièrement ceux qui sont introduits dans des environnements naturels, et elles doivent souvent être prises en considération dans les analyses des coûts et des avantages. L'évaluation aléatoire, méthode qui consiste à demander aux groupes intéressés s'ils seraient disposés à payer pour empêcher cette perte de valeur, est une formule qui a été utilisée pour déterminer ces valeurs. Une autre méthode utilisée consiste à calculer les dépenses que tel ou tel groupe consent à engager pour obtenir des avantages ou éviter des pertes semblables.

Acceptabilité des risques

Bien souvent, la décision d'exclure des organismes indésirables est fondée sur l'avis selon lequel presque aucun risque n'est acceptable. Cette «approche de précaution» est parfois suivie lorsqu'il est peu probable que l'on pourra par la suite éliminer un ravageur ou une maladie, étant donné que son introduction serait irréversible. L'utilisation de listes «propres» en est un exemple: seuls les organismes considérés comme ayant un impact économiquement acceptable peuvent être introduits dans le pays; tous les autres sont exclus. Ce genre d'approche peut être adoptée lorsque le coût d'une analyse des risques s'annonce élevé par rapport aux coûts marginaux de l'exclusion. Inversement, l'introduction de certaines espèces peut être considérée comme inévitable et comme ne valant pas la peine d'être retardée, ou bien comme étant acceptable pour quelque autre raison.

Les résultats des études existantes démontrent presque toujours qu'un régime de prévention des maladies et ravageurs transfrontières a un avantage net mais, pour différentes raisons, cette conclusion est peutêtre prématurée. Premièrement, les études des ravageurs et maladies transfrontières envisagent habituellement un choix entre intervention et absence d'intervention. Or, cela n'est pas nécessairement la méthode d'analyse la plus appropriée car elle ne dit rien quant à la décision marginale que doivent prendre les décideurs: savoir s'il y a lieu de pousser les mesures de précaution à un degré supérieur ou de les ramener à un degré inférieur. Ces études ne permettent donc pas de déterminer quel est le degré de contrôle le plus approprié.

Tableau 45

RÉSULTATS D'ÉTUDES CHOISIES SUR L'IMPACT DES RAVAGEURS ET MALADIES TRANSFRONTIÈRES

Ravageur/Maladie

Période

Pays/région

Estimation des pertes
dues aux épidémies ou
bénéfices obtenus
grâce à la prévention

Type
d'impact
analysé

Source
de
l'étude

MIGRATEURS NUISIBLES

Gardama africana

-

Kenya, Éthiopie et
Rép.-Unie de
Tanzanie

Coût de la prévention:
10$EU-16$EU/ha
Dommage potentiel:
11$EU-15$EU/ha

Financier et
production

1

Chenille processionnaire

Période d'infestation

Afrique subsaharienne
et sud-ouest
de l'Arabie

Pertes: 20-60% de la production

Production

1

Sauterelle

1986

Pays du Sahel

Pertes: 15% de la production
dans l'année d'infestation
(avec efforts de prévention)

Production

2

Quéléa

-

Pays du Sahel

Pertes: 5% de la production
nationale (mais jusqu'à 100% de
la production nationale locale)

Production

3

Quéléa

-

Région de savanes en Afrique

Pertes: 1% de la production

Production

4

Criquet d'Australie

1984

Australie

Avantage net de la prévention: 97 millions de $EU

Financier et production

5

RAVAGEURS DES PLANTES DE QUARANTAINE

Mouche
méditerranéenne
des fruits

-

États-Unis

Perte potentielle: 800 millions
de $EU/an
(si elle s'est établie)

Production et commerce

6

Mouches des fruits

-

Égypte

Pertes: 100 millions $EU/par an

Production et commerce

7

Mouches des fruits

-

Pakistan

Pertes: 200 millions $EU/par an

Production et commerce

8

Mouche de la carambole

-

Amérique latine et Caraïbes

Avantage potentiel net
de la prévention: 709-938
millions $EU sur 12 ans
(L'avantage potentiel de
l'éradication constitue la
moitié de ce montant)

Avantages et coûts

9

Plantes allogènes

-

États-Unis

Pertes: 35 milliards de $EU/an

Coût économique total

10

Insectes allogènes

-

États-Unis

Pertes: 20 milliards de $EU/an

Coût économique total

10

MALADIES ANIMALES

Peste bovine

Différentes périodes

Éthiopie, Kenya,
Ouganda et
Rép.-Unie de Tanzanie

Ratio coût-avantages de la
campagne de prévention:
1.35:1-2.55:1

Avantage net

11

Peste porcine classique

-

Haïti

Pertes: 2,7 millions de $EU/an
(10% de réduction sur un
accroissement potentiel
de la production)

Production

12

Fièvre aphteuse

Début des années 80

Kenya

Pertes: 230 millions de KSh/an (valeur de 1980)

Production

13

Fièvre aphteuse

1996

Uruguay

Bénéfices à l'exportation suite
à l'éradication: montant réel
de 20 millions de $EU et montant
potentiel de 90 millions de $EU

Commerce

14

Encéphalopathie spongiforme bovine

2000

Royaume-Uni

Pertes: 5 milliards d'euros (e)
(abattage et marchés
perdus)

Commerce,
production et
finance

15

Sources:
1 D. Rose, C. Dewurst et W. Page. 1997. The African armyworm handbook. Desert Locus Control Organization, Nairobi.
2 FAO. 1992. Grasshopper and locust campaigns 1986-89 and FAO's Role. Par P. Gruys. Rome.
3
E. Dorow. 1991. Lutte antiaviaire. Expériences menées dans la République du Niger. GTZ. Niamey.
4 R. L. Bruggers et C.C.H. Elliott. 1989. Quelea quelea, Africa's bird pest. Oxford University Press, Oxford, Royaume-Uni.
5 D.E. Wright. 1986. Economic assessment of actual and potential damage to crops caused by the 1984 locust plague in Southeastern Australia. Journal of Environmental Management, 23: 293-308.
6 C.E. Miller, L. Chang, V. Beal, R. McDowell, K. Ortman et T. LaCovey. 1992. Risk assessment of Mediterranean fruit fly. APHIS, USDA, Washington.
7 A. Joomaye, J. Knight et W. Routhier. 1999. Evaluation of the peach fruit fly problem in Egypt, with recommendatons for its control and eradication, including a limited cost-benefit analysis. Rapport d'une mission en Égypte, 11-24 juin 1999. Code opération: C3-INT/0/069 13 01. AIEA, Vienne.
8 J.M. Stonehouse, J.D. Mumford et G. Mustafa. 1998. Economic loss to tephritid flies (Diptera: Tephritidae) in Pakistan. Crop Protection, 17(2): 159-164.
9 USDA. 1995. Economic feasibility of eradicating carambola fruit fly (Bactrocera carambolae) from South America. Washington.
10 D. Pimentel, L. Lach, R. Zúñiga et D. Morrison. 1999. Environmental and economic costs associated with non-indigenous species in the United States. Université de Cornell, Ithaca, New York, États-Unis.
11 E.N. Tambi, O.W. Maina, A.W. Mukhebi et T.F. Randolph. 1999. Economic impact assessment of rinderpest control in Africa. Revue scientifique et technique, Off. int. épiz., 18(2): 458-477.
12 FAO. 1997. Consultancy report on cost-benefit of different vaccination strategies for the control of classical swine fever. Par M.J. Otte. Rome.
13 P.R. Ellis et S.N. Putt. 1981. The epidemiological and economic implications of foot-and mouth disease vaccination programme in Kenya. Consultancy report to the Governement of Kenya.
14 J. Leslie, J. Barozzi et M.J. Otte. 1997. The economic implications of a change in FMD policy: a case study in Uruguay. Proceedings of the 8th International Symposium on Epidemiology and Economics, Paris, 8-11 July 1997. Publié dans un numéreo spécial de Épidémiologie et Santé animale, 31-32, p. 10.21.1-3.
15 Food Safety Agency. 2000. Review of BSE Control. Final Report (décembre 2000) Royaume-Uni.
16 B. Hardeweg. 2000. A guide to economic evaluation of desert locust management projects. Université de Hanovre, Allemagne. (manuscrit)
17 S. A. Kogo et S. Krall. 1997. Dans S. Krall, R. Poveling et D. Ba Diallo, éds. New strategies in locust control, p. 415-423. Birkhäuser, Gaxel, Allemagne.

En outre, les études mesurent généralement les pertes causées aux récoltes plutôt que la réduction des revenus agricoles. Les pertes sont définies en termes de rendements ou de production finale, tandis que l'impact sur le bienêtre des exploitants est mesuré en termes de pertes de revenus, lesquelles dépendent des décisions prises touchant la gestion d'une exploitation, de la possibilité de toucher une indemnisation et d'autres facteurs socioéconomiques. À titre d'exemple, aux États-Unis, lorsque le mauvais temps ou des ravageurs affectent la production, les revenus agricoles peuvent augmenter sous l'effet combiné d'une hausse des prix et d'une indemnisation par les pouvoirs publics.

Les études contenant une analyse coûts-avantages des régimes de prévention des ravageurs et maladies transfrontières ne traitent généralement que des avantages et des coûts directs. Les coûts ou avantages externes que supportent des parties qui ne sont pas directement intéressées (exploitants voisins, consommateurs) ainsi que les considérations sur l'environnement font généralement défaut.

Les sections ci-après donnent un aperçu des différents types d'impacts économiques causés par la présence ou la menace de migrateurs nuisibles, de ravageurs soumis à des régimes de quarantaine, et, enfin, par les maladies animales. Il existe deux types d'études: le premier mesure la proportion de production potentielle perdue à cause des infestations et foyers de ravageurs et de maladies, parfois avec une estimation des valeurs pécuniaires; le deuxième type d'étude fournit une estimation pécuniaire coûts-avantages des mesures de prévention. Les résultats de certaines de ces études sont résumés au tableau 45.

Impact économique des migrateurs nuisibles transfrontières

Impact sur la production, les prix et le commerce international. Deux types d'études sur l'impact des migrateurs nuisibles ont été réalisés: des estimations des dommages potentiels, et des analyses des coûts et des avantages des mesures de précaution. Les estimations des dommages que les migrateurs nuisibles risquent de causer aux récoltes en l'absence de mesures de prévention ont été faites en évaluant les dommages en proportion du total de la production possible. Les estimations des dommages occasionnés durant les épidémies et les infestations vont de 100 pour cent des plantations à des chiffres insignifiants, selon l'année, le pays et l'espèce de ravageur (voir sources 2, 16 et 17 du tableau 45). Selon les estimations, les pertes causées aux céréales par des infestations de chenilles processionnaires dans différentes localités d'Afrique ont été estimées comme pouvant atteindre jusqu'à 60 pour cent (5). Les pertes causées aux pays du Sahel pendant les infestations de sauterelles de 1986 ont été de 15 pour cent en dépit des opérations de contrôle (16), contre 2 pour cent entre 1992 et 1994 (6), période durant laquelle il n'y a pas eu d'infestation. Les dommages causés par le quéléa aux cultures céréalières dans différentes localités pourraient atteindre jusqu'à 100 pour cent mais ont été estimés à environ 5 pour cent dans les pays du Sahel (9) et à quelque 1 pour cent pour toutes les régions de savane d'Afrique (17).

Ces estimations signifient que les migrateurs nuisibles peuvent effectivement causer localement des dommages substantiels aux récoltes mais, le plus souvent, les pertes paraissent relativement modestes à l'échelle nationale. Il se peut que certaines études aient surestimé les dégâts que les migrateurs nuisibles peuvent causer aux récoltes, dans la mesure où elles tiennent rarement compte de la réaction des agriculteurs, qui atténuent l'impact des ravageurs, et où elles sont souvent fondées sur des calculs supposant des conditions de précaution optimales. Elles risquent par conséquent, de ces deux façons, d'exagérer les pertes causées. En outre, elles sont fondées sur des estimations de la production en l'absence de ravageurs.

Les analyses des coûts et des avantages tiennent compte à la fois des pertes estimatives imputables aux migrateurs nuisibles et du coût des efforts de prévention des pertes. Toutefois, il est difficile de calculer les risques de dommages causés par ces ravageurs dans ces études. Des mesures de prévention constituent la formule privilégiée par les organisations internationales compétentes (y compris la FAO) contre les migrateurs nuisibles15 et, dans la plupart des pays, des campagnes de grande envergure sont organisées dès qu'apparaissent des foyers de maladie ou des infestations de ravageurs. Les dommages effectivement causés aux récoltes ces dernières années ne reflètent donc pas ce qu'aurait été la situation s'il n'avait été pris aucune précaution.

Un autre élément qui complique la situation tient au fait qu'il est difficile d'évaluer l'impact d'une campagne sur les générations ultérieures de ravageurs. Par exemple, une campagne menée au moment opportun peut empêcher le criquet d'essaimer vers d'autres régions où des interventions de grande envergure auraient dû être menées pendant plusieurs années. Les dommages qui auraient été subis pendant des périodes de si longue durée en l'absence d'intervention ne sont pas directement mesurables.

Des analyses récentes ont combiné des données effectives mais limitées à des modèles théoriques pour évaluer l'impact du criquet pèlerin. Dans FAO (1998), Joffe16 a utilisé un modèle de simulation pour estimer aussi bien les coûts que les avantages de la lutte contre le criquet pèlerin. Ceux-ci ont été analysés sur la base d'une estimation des pertes qui auraient été subies en présence et en l'absence d'intervention (en simulant ce qu'auraient été les pertes si rien n'avait été fait) et en comparant ces avantages aux coûts effectifs des mesures de contrôle (moyenne des coûts fixes et variables sur une période de plusieurs années). Joffe est parvenu à la conclusion que les méthodes de lutte contre le criquet pèlerin généralement acceptées étaient efficaces du point de vue technique, mais n'étaient pas économiquement rentables en raison de l'insuffisance de l'information, d'une gestion déficiente et de dépenses excessives.

Belhaj17 a étudié l'impact du criquet pèlerin sur l'agriculture au Maroc et au Soudan pendant les infestations et invasions des années 80 et 90. Pendant ces périodes, des campagnes de grande envergure ont été réalisées aussi bien au Soudan que dans les pays voisins. Belhaj a constaté qu'apparemment, les invasions de criquets pèlerins n'avaient pas réduit les rendements agricoles. En fait, les invasions enregistrées au Soudan avaient coïncidé avec des années pendant lesquelles la production céréalière avait été élevée. Ce résultat surprenant est dû en partie au fait que les invasions de criquets ont coïncidé avec des années pendant lesquelles les pluies ont été bonnes, ce qui a à la fois accru les rendements et les superficies cultivées.

Néanmoins, les dommages localisés soudains et spectaculaires que peuvent causer les migrateurs nuisibles demeurent la raison des efforts qui sont faits pour les combattre dès qu'ils apparaissent. La crainte d'infestations de criquets pèlerins demeure vive parmi les agriculteurs dans les pays affectés. Selon une enquête réalisée auprès des agriculteurs nigériens, 57 pour cent d'entre eux ont considéré le criquet pèlerin comme la plus grave menace à leur production de mil, mais ils ont également mentionné d'autres ravageurs comme ayant constitué le problème le plus grave pour toute saison de végétation18. Comme ces résultats sont aujourd'hui largement connus, il a été recommandé que les campagnes de prévention soient davantage axées sur une approche stratégique dans les principales régions de reproduction plutôt que sur l'épandage systématique des pesticides dans les régions affectées. Les agriculteurs marocains et soudanais se sont dits disposés à payer pour que des stratégies différentes soient mises en oeuvre.

Étant donné qu'elles ne sont généralement pas rentables, pourquoi les décideurs continuent-ils de suivre les mêmes politiques? D'aucuns font observer que l'aversion des risques qui caractérise les pouvoirs publics est la principale raison du statu quo, tandis que les avantages nets tendent à être surestimés du fait que certains facteurs importants, comme l'adaptation des agriculteurs, sont omis et que certains coûts sont exclus19. Des études traitant d'autres migrateurs nuisibles ont été réalisées; celles-ci mettent en exergue les dommages à prévoir en l'absence de mesures de contrôle en les comparant aux coûts directs d'une intervention de contrôle. Ces études présentent par conséquent les mêmes inconvénients. Selon toute probabilité, elles ne brossent pas un tableau complet des avantages nets réels des campagnes de lutte contre les ravageurs.

En l'absence d'intervention, l'infestation de criquets qui a sévi en 1984 en Australie aurait sans doute causé une perte de production de 103 millions de dollars australiens ($A). L'intervention de contrôle a coûté 3,4 millions de dollars australiens, et les dommages effectivement subis se sont montés à 3,6 millions de dollars australiens. Les coûts de l'intervention ont par conséquent été bien moindres que les dommages potentiels20.

Les coûts de la lutte contre la chenille processionnaire en Éthiopie, au Kenya et en République-Unie de Tanzanie ont été comparés aux estimations des dommages qu'elle aurait pu causer en l'absence d'intervention. La valeur de la production sauvée a varié entre 11 dollars EU à l'hectare (moyenne entre janvier et juin) et 15 dollars (moyenne entre octobre et décembre), tandis que les interventions sur le terrain ont habituellement coûté moins de 10 dollars à l'hectare et les coûts des opérations d'épandage par avion ont été en moyenne de 16 dollars à l'hectare. Les coûts de l'intervention ont par conséquent été proches de la valeur des récoltes sauvées21.

Impacts sur la sécurité alimentaire . L'impact des dommages causés par les migrateurs nuisibles sur la sécurité alimentaire n'a généralement pas été analysé au niveau d'un pays tout entier, mais les études qui ont été faites sont généralement parvenues à la conclusion que, par suite de l'amélioration des précipitations, la production est plus élevée les années d'infestation que les années où il n'y a pas de criquets22. Aussi est-il peu probable que des ravageurs aient un impact généralisé sur la sécurité alimentaire, outre que cette situation tend à atténuer l'impact sur les prix. Joffe a constaté qu'au Mali, la production de céréales secondaires avait augmenté de 44 pour cent par rapport à l'année précédente en 1985/86, période pendant laquelle avaient été enregistrées des infestations de criquets pèlerins et de sauterelles, tandis que les prix des céréales dans les régions rurales avaient été sérieusement déprimés. De même, d'aussi bonnes récoltes étaient escomptées dans les pays affectés en 1993 et 1994, pendant les infestations de criquets pèlerins. Au niveau local, toutefois, la sécurité alimentaire peut être temporairement menacée s'il s'agit d'une région rurale mal reliée à des marchés éloignés, si les stocks sont faibles ou inexistants ou si les possibilités de gains non agricoles sont réduites. Un exemple est la situation de plusieurs districts du Soudan qui, en 1988, ont vu leur production chuter de 50 pour cent, tandis qu'au plan national, la production n'avait diminué que de 7 pour cent.

Impact économique des ravageurs des plantes soumis à des mesures de quarantaine

Impact sur la production, les prix et le commerce international. Les dommages économiques causés par les mouches des fruits ont suscité plus d'études que tout autre ravageur soumis à des mesures de quarantaine en raison de la menace qu'elles représentent pour les capacités d'exportation d'un pays et de la nécessité d'améliorer l'efficacité des mesures de dépistage. Les études ont porté principalement sur les pertes causées à la production ainsi que sur les estimations des pertes de débouchés en cas d'infestation. En revanche, il n'a pas été entrepris de recherches sur l'impact produit sur les prix, les coûts de main-d'œuvre et la sécurité alimentaire.

Sur la base du volume actuel du commerce extérieur et des restrictions phytosanitaires existantes, la mouche méditerranéenne des fruits (voir carte 11)causerait plus de 800 millions de dollars de pertes par an, sur les plans aussi bien de la production que des exportations, si elle s'établissait aux États-Unis23. De même, l'impact économique en Égypte, sur la production comme sur les exportations, des mouches des fruits (tant de la mouche méditerranéenne qui est endémique
que de la mouche de la pêche qui vient de s'introduire dans le pays) devrait atteindre 100 millions de dollars EU24. Selon une étude économique semblable réalisée au Pakistan, les pertes économiques causées par les mouches des fruits des espèces Bactrocera dorsalis et B. zonata atteignent quelque 200 millions de dollars EU par an, et touchent surtout les petits exploitants25.

Une étude de la rentabilité d'une campagne d'élimination de la mouche de la carambole est parvenue à la conclusion que les avantages nets seraient compris entre 709 et 938 millions de dollars EU (valeur de 1995) sur une période de 12 ans, tandis que les avantages nets de l'opération n'atteindraient même pas la moitié de ce chiffre26. L'étude a examiné l'impact qu'aurait l'élimination de la mouche des fruits dans toute la région où elle peut sévir (12 pays de la région ou proches de la région des Caraïbes). Les avantages ont été calculés en tenant compte de la valeur de la production sauvée et de celle de la production qui pourrait continuer d'être exportée. Les coûts ont été calculés sur la base des dépenses afférentes aux efforts de prévention et d'élimination.

Dans de nombreux pays en développement, la propagation d'espèces de mauvaises herbes allogènes entrave sérieusement la production dans la mesure où elle exige un travail considérable de désherbage manuel, généralement par les femmes, pour des cultures de base comme le maïs et le riz. La nécessité de désherber à la main est souvent le facteur qui limite le plus la superficie des terres que les agriculteurs de subsistance peuvent ensemencer de riz, de maïs et d'autres importantes cultures vivrières. Ce surcroît de travail réduit la superficie des terres qui peuvent être travaillées ainsi que la productivité des activités agricoles. Les infestations de mauvaises herbes causent parfois des pertes de 44 pour cent de la production potentielle en Asie, mais 4 pour cent seulement en Afrique27. Un problème différent se pose lorsque les ravageurs figurent sur la liste de ceux qui sont soumis à un régime de quarantaine mais ne causent pas en fait de réels dommages. Cette situation est due à une crainte excessive des ravageurs ou des maladies, ou bien aux pressions exercées par l'industrie pour que des mesures de protection soient prises. Les coûts d'une telle situation tiennent notamment à la perte de débouchés commerciaux ainsi qu'aux dépenses directes liées aux mesures de quarantaine.

Impact sur l'environnement. L'impact des ravageurs des plantes sur la biodiversité et d'autres aspects de l'environnement a conduit les écologistes à s'intéresser de plus en plus près aux questions sanitaires et phytosanitaires. Le plus souvent, l'impact sur l'environnement d'espèces nouvellement introduites n'a pas été quantifié, si tant est qu'il ait été identifié. Toutefois, on a connaissance de plusieurs cas d'introduction aussi bien intentionnelle qu'involontaire qui ont causé de vastes dommages à l'environnement autochtone.

Selon une étude de 79 espèces allogènes introduites aux États-Unis depuis 1900, le coût pour les espèces autochtones a été de 96 milliards de dollars EU28. Selon une autre étude, les coûts annuels imputables à des espèces allogènes seraient de 123 milliards de dollars EU, dont 35 milliards pour les mauvaises herbes et 20 milliards pour les insectes29. Il est difficile de dire si ces chiffres sont exacts, mais ils n'en portent pas moins à penser qu'il importe d'analyser plus systématiquement la propagation d'espèces envahissantes dans les différentes régions du monde. Leur coût pour le secteur agricole ainsi que pour l'environnement autochtone pourrait constituer un sérieux boulet pour les échanges dans un environnement mondialisé30.

Impact économique des maladies animales

Impact sur la production et sur les prix. Toutes les maladies animales transfrontières peuvent être mortelles pour les animaux affectés, mais la gravité de la maladie varie selon différents facteurs comme l'espèce et la race de l'animal, son âge, sa nutrition et l'agent pathogène. Nombre de maladies animales transfrontières se traduisent par des taux de mortalité de 50 à 90 pour cent parmi les animaux exposés. Normalement, la fièvre de la Vallée du Rift n'entraîne qu'une légère infection parmi les espèces africaines locales de bovins, d'ovins et de caprins, tandis que les taux d'avortements peuvent être considérables parmi les races exotiques. Dans des conditions expérimentales, certaines variantes «modérées» du virus de la fièvre porcine classique tuent moins de la moitié des porcs infectés, tandis que d'autres variantes «virulentes» peuvent entraîner des taux de mortalité atteignant 100 pour cent. La première épidémie de peste bovine en Afrique de l'Est en 1887 a tué 90 pour cent environ du bétail éthiopien et plus de 10 millions de têtes sur l'ensemble du continent, ce qui a causé une famine généralisée.

Habituellement, les programmes de maîtrise des maladies animales ont pour but de réduire la mortalité et d'améliorer la productivité de l'élevage, sans parler de l'accès aux marchés d'exportation. La plus grande efficacité des interventions lorsqu'apparaissent des foyers de maladie et un plus large accès aux vaccins ont réduit le risque d'apparition de nombreux types d'épizooties, mais celui-ci a été accru, en revanche, par l'augmentation du commerce international et du transport clandestin d'animaux et par la susceptibilité des volailles et des petits ruminants élevés dans des conditions intensives31.

La seule analyse internationale des coûts-avantages des mesures de lutte contre les maladies animales est une étude réalisée en Éthiopie, au Kenya, en Ouganda et en République-Unie de Tanzanie sous l'égide de la Campagne panafricaine de lutte contre la peste bovine32. Les auteurs de l'étude ont estimé les pertes de production imputables à la peste bovine avec et sans campagne de prévention et ont constaté que, dans chaque pays, l'avantage de celle-ci dépassait ses coûts. Le ratio coûts-avantages variait de 1.35:1 à 2.55:1. Comme indiqué dans le contexte des études des coûts et des avantages des campagnes d'élimination du criquet pèlerin, une simple évaluation des coûts et des pertes laisse de côté nombre de variables, ce qui risque de sous-estimer les coûts et/ou de surestimer les avantages d'une campagne de prévention.

La plupart des analyses de l'impact des maladies animales ne tiennent pas compte du coût du traitement, peut-être parce qu'il est considéré comme mineur. Comme dans le cas de l'évaluation des coûts-avantages des campagnes de lutte contre le criquet pèlerin, les pertes sont évaluées sur la base de ce qu'auraient pu être les dégâts en l'absence d'intervention.

La mortalité animale continue de causer des pertes économiques car la productivité de l'élevage se trouve amoindrie jusqu'à ce que les effectifs originels des troupeaux aient été rétablis33. Par exemple, la persistance de la peste porcine classique en Haïti, et les foyers de maladie qui y ont éclaté périodiquement ont, selon les estimations, réduit de 10 pour cent environ, soit de 38 000 porcs par an, le nombre d'animaux pouvant être abattus pour la consommation. À un prix moyen de 70 dollars EU par porc abattu, cela représente une perte de revenu de 2,7 millions de dollars par an pour les petits éleveurs locaux34.

La productivité peut demeurer affectée même parmi les animaux qui survivent à la maladie. Les avortements entraînés par la fièvre de la Vallée du Rift se traduisent par une diminution du nombre de naissances vivantes et par la perte d'une lactation et, ainsi, par une réduction de la production de lait disponible pour la consommation humaine l'année qui suit l'infection. La fièvre aphteuse entraîne une considérable diminution de lait parmi les vaches laitières. Au Kenya, les pertes causées par la fièvre aphteuse au début des années 80 ont atteint 230 millions de shillings kényens (de 1980) par an, dont 30 pour cent environ par suite de la réduction de la production de lait35.

Les effets transitoires des épizooties sur les prix du bétail et des produits dérivés peuvent être illustrés par les récentes épizooties de fièvre porcine classique, de péripneumonie bovine, de fièvre de la Vallée du Rift et de fièvre aphteuse qui se sont produites en Haïti, au Botswana, dans la corne de l'Afrique et à Taïwan Province de Chine, respectivement. Dans chaque cas, la maladie s'est traduite par une hausse ou une baisse marquée des prix intérieurs, selon ses effets sur les approvisionnements sur les marchés locaux: lorsque les animaux destinés à la consommation intérieure ont dû être abattus, les prix ont augmenté mais, lorsque les animaux destinés à l'exportation ont été vendus sur les marchés locaux, les prix ont baissé. Dans certains cas, les craintes éprouvées par les consommateurs quant à l'innocuité des produits ont également réduit la demande et les prix. Cependant, la durée de l'impact des épidémies sur les prix demeure inconnue.

Effets sur le commerce extérieur. Les foyers de fièvre de la Vallée du Rift qui sont apparus dans l'est de l'Afrique en 1997/98 ont sévèrement affecté l'économie pastorale de la région somalienne bien que, dans l'ensemble de la région, l'incidence de la maladie ait seulement été minime. L'impact économique sur la région tient à l'interdiction que l'Arabie saoudite a imposée à tous les animaux en provenance de la corne de l'Afrique. Jusqu'en 1997, quelque 3 millions d'animaux, principalement des petits ruminants, étaient exportés chaque année par les ports somaliens de Berbera et de Bossasso, ces exportations représentant plus de 90 pour cent du total des recettes en devises de la terre des Somaliens. Après l'imposition de cette interdiction, les exportations d'animaux par ces ports ont diminué de plus de 75 pour cent. L'économie de la région s'est trouvée virtuellement paralysée, faute de devises pour pouvoir acheter des produits importés tels que céréales, sucre, médicaments, combustible, etc. Dans les centres urbains, une grande proportion de magasins ont dû fermer leurs portes et les prix de produits comme les céréales et le sucre ont augmenté en flèche, tandis que le pouvoir d'achat de l'ensemble de la population diminuait dans des proportions spectaculaires.

L'Uruguay est un exemple de pays qui a pu avoir accès à des marchés de haute valeur après avoir éliminé la fièvre aphteuse. L'Uruguay a officiellement été déclaré pays exempt de fièvre aphteuse sans vaccination en 1996, et a ainsi pu tirer parti de son contingent d'exportation de 20 000 tonnes de bœuf aux États-Unis. Les exportations, en termes de poids, ont plus que doublé et, en termes de valeur, ont augmenté de 52 pour cent après que le pays ait été déclaré exempt de fièvre aphteuse. On a estimé qu'en outre, le fait que l'Uruguay peut vendre son bœuf aux États-Unis plus cher que sur les marchés intérieurs - plus du double dans le cas de la viande réfrigérée - a apporté au pays un surcroît de recettes de l'ordre de 20 millions de dollars EU par an. À moyen terme, on a estimé que l'accès aux marchés des pays du bassin du Pacifique offre à l'Uruguay la possibilité de générer plus de 90 millions de dollars de recettes additionnelles par an. Avant l'élimination de la maladie, l'Uruguay dépensait de 8 millions à 9 millions de dollars par an en vaccinations contre la fièvre aphteuse36. Le coût des mesures de prévention est donc actuellement de l'ordre de 50 pour cent environ des recettes, mais il pourra, à terme, tomber à 10 pour cent des recettes provenant des exportations seulement.

Il ressort des études réalisées en Bolivie et en Thaïlande qu'une campagne de prévention de la fièvre aphteuse ne serait financièrement viable que si elle permettait à ces pays de vendre leur production sur les marchés d'exportation, ce qui aurait pour effet d'accroître les prix à l'exportation37. Les mesures à adopter pour pouvoir pénétrer sur les marchés d'exportation et entretenir une industrie d'exportation naissante peuvent être coûteuses. Les pays doivent imposer des mesures sanitaires et phytosanitaires. Toutefois, une fois qu'un pays est reconnu comme exempt de maladie, il a intérêt à aller très loin pour se protéger. Sur la base d'une stratégie de réduction des risques, l'intervention qui a été privilégiée lorsqu'un foyer de péripneumonie bovine contagieuse s'est déclaré au Botswana a consisté à abattre les animaux et à indemniser les éleveurs plutôt que d'entreprendre une campagne de vaccination, de surveillance et de réglementation des mouvements d'animaux, alors même que le coût de cette dernière stratégie n'atteignait que 78 pour cent de celui de la première38. L'abattage des animaux permettrait au pays d'être déclaré plus rapidement exempt de maladie, ce qui faciliterait les perspectives d'exportation.

Effets sur le développement communautaire. Dans certains cas, le secteur agricole d'une communauté est très peu diversifié, de sorte que la menace ou l'apparition d'un ravageur ou d'une maladie peut ébranler l'économie tout entière. On peut en citer en exemple le lien étroit qui existe entre l'élevage et la situation macroéconomique en général au Botswana. L'apparition de la péripneumonie bovine contagieuse a conduit à abattre plus de 300 000 têtes de bétail dans la province du Ngamiland, la plus affectée, ce qui a immédiatement eu pour résultat la fermeture de l'usine de traitement de la viande pour l'exportation, qui employait plus de 200 ouvriers avant l'abattage des bêtes. Les exportations ont soudainement été interrompues. Dans la province du Ngamiland, le secteur de l'élevage jouait un important rôle de catalyseur pour l'économie, et il ressort d'une enquête menée parmi les milieux d'affaires après la campagne de lutte contre cette maladie que le chiffre d'affaires de l'ensemble des entreprises avait baissé de 15 pour cent, diminution imputable à la réduction du revenu disponible provenant de l'élevage. En outre, on a estimé que les effets indirects de la maladie étaient sept fois plus importants que ses effets directs39.

Effets sur la sécurité alimentaire et la nutrition. Malheureusement, les ouvrages publiés ne contiennent pas de données quantitatives concernant l'impact des maladies animales transfrontières sur la sécurité alimentaire et la nutrition. Comme indiqué ci-dessus, leur impact sur la sécurité alimentaire est généralement mineur et de courte durée, tant qu'il existe des approvisionnements alimentaires de substitution et que la communauté soit dispose d'un pouvoir d'achat suffisant, soit reçoit des secours d'urgence. Pour les pays qui ont les moyens de s'approvisionner auprès de sources multiples, la mondialisation des marchés réduit l'impact des chocs localisés que peut avoir une maladie.

Dans des pays et des communautés pauvres, en revanche, les maladies animales peuvent provoquer d'autres menaces à la sécurité alimentaire et à la nutrition. L'élevage, en particulier, contribue indirectement à la sécurité alimentaire et à la nutrition en tant que source de protéines et de micronutriments, ainsi qu'en fournissant une traction animale et en constituant un capital pouvant être vendu. Cependant, McLeod et Leslie40 avertissent qu'il ne faut pas nécessairement conclure que des campagnes de lutte contre les maladies du bétail profitent toujours aux pauvres. Il faut étudier le système de production, ainsi que les coûts et la nature des mesures de précaution, avant de pouvoir évaluer leur impact, du point de vue de la distribution, sur les différents groupes d'un pays41. Leur conclusion est qu'un programme de lutte contre les maladies tendant à protéger les exportations ne bénéficiera aux pauvres que si le secteur de l'élevage est déjà orienté vers l'exportation ou s'il est spécifiquement prévu des politiques tendant à étendre les avantages des mesures de protection aux exploitants pauvres.

Effets sur la santé humaine et l'environnement. Quelques ravageurs et maladies animales peuvent affecter directement l'être humain, et beaucoup d'entre eux utilisent les animaux comme vecteurs, ce qui facilite la contagion. C'est surtout dans les régions de conflits ou dans celles où les précautions sanitaires sont médiocres que l'être humain risque d'être infecté par des maladies animales. Les foyers de maladie ont également un impact plus marqué lorsque les unités de production sont vastes et les contacts avec les animaux plus fréquents.

Il peut y avoir une infection des êtres humains par des maladies animales (zoonoses) même dans les pays hautement développés où les systèmes de santé sont excellents, comme l'ont démontré les craintes croissantes suscitées par l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) et la nouvelle variante de la maladie de Creutzfeld-Jakob en Europe (voir encadré 9).

La plupart des maladies animales transfrontières n'affectent pas l'être humain, même si celui-ci peut parfois être infecté. Les virus causant la peste bovine, la peste des petits ruminants, la peste porcine classique et la grippe porcine asiatique, et les agents à l'origine de la péripneumonie bovine, n'affectent pas l'homme.

Contrôle des stocks de pesticides entreposés
Les invasions de ravageurs sont irrégulières et difficiles à prévoir, d'ou le risque de commander plus de pesticides que nécessaire ou que les ravageurs migrent dans un autre pays avant l'arrivée des pesticides

- FAO/20093/A. WODAGENEH

Le virus qui cause la fièvre de la Vallée du Rift peut infecter l'être humain, chez qui il cause une maladie fébrile, parfois compliquée par des hémorragies, une encéphalite ou la cécité. Le virus se transmet entre animaux ainsi que des animaux aux êtres humains par le biais de certaines espèces de moustiques, de sorte qu'il existe une corrélation élevée entre les épidémies de fièvre de la Vallée du Rift et les périodes de fortes précipitations. En outre, l'être humain semble contracter l'infection par contact direct avec les tissus et fluides infectés d'animaux lors de l'abattage. En 1977/78, une sérieuse épidémie de fièvre de la Vallée du Rift s'est produite en Égypte, où elle a affecté, selon les estimations, 200 000 personnes et fait quelque 600 morts. Apparemment, cette maladie a affecté jusqu'à 500 000 personnes pendant l'épidémie qui a éclaté en 1997/98 en Afrique de l'Est, et quelque 500 malades sont sans doute morts d'hémorragie.

Les maladies animales affectent directement les effectifs et la composition des troupeaux et ont donc indirectement des répercussions sur l'environnement. Conjuguées à d'autres facteurs environnementaux, les principales maladies du bétail déterminent quels sont les systèmes de production, espèces et races d'animaux qu'adopteront les éleveurs. En Afrique, plusieurs milliers d'hectares de terres fertiles demeurent sous-utilisés par suite de la trypanosomiase animale.

Impact des méthodes de lutte

Les campagnes de lutte contre les espèces envahissantes de ravageurs sont menées sur de vastes régions et affectent donc des superficies considérables et des populations nombreuses. L'utilisation de pesticides pour lutter contre les ravageurs, indigènes et allogènes, peut avoir de sérieux effets sur la santé dans les pays développés comme dans les pays en développement. La lutte contre les maladies animales présente bien moins de risques pour les populations et l'environnement.

Il est généralement admis que l'utilisation de pesticides peut être dangereuse pour les exploitants, les populations exposées à proximité des zones d'épandage et l'environnement. Dans les pays en développement, il y a chaque année près de 5 millions de cas d'empoisonnement par les pesticides42. L'OMS a estimé qu'il y a chaque année dans le monde 3 millions de graves empoisonnements par les pesticides, avec quelque 220 000 décès. Les pays développés, bien qu'utilisant 80 pour cent des quantités totales de pesticides employés dans le monde, n'enregistrent que moins de la moitié de ces décès. On ne sait pas combien de ces empoisonnements sont imputables aux mesures de lutte contre les ravageurs des plantes transfrontières. Cependant, si l'on parvient à éliminer les ravageurs ou à empêcher qu'ils ne se propagent, les pesticides peuvent être employés pour des périodes de plus courte durée et sur des superficies plus réduites. Aussi importe-t-il de peser le risque que représente l'utilisation de pesticides pour combattre les infestations de ravageurs à leurs différentes étapes au regard de l'impact négatif qu'elle peut avoir. Rares sont les experts qui pensent que les pesticides sont aujourd'hui utilisés de manière optimale.

Les risques que court la santé des travailleurs exposés aux pesticides, les résidus que contiennent les aliments et les dommages que les pesticides peuvent causer aux animaux domestiques et aux animaux sauvages non visés demeurent préoccupants. Les poissons et les invertébrés sont souvent vulnérables, spécialement les arthropodes aquatiques (voir sources 8 et 10 du tableau 45). Dans certaines régions, les opérations de lutte contre le criquet ont également eu un impact négatif sur l'apiculture (16). Les stocks de pesticides périmés sont également devenus dans de nombreux pays d'Afrique et du Proche-Orient un sérieux problème pour la santé et pour l'environnement. Comme les infestations de ravageurs sont occasionnelles et difficiles à prédire, il existe le risque que les pays commandent des quantités de pesticides supérieures à celles dont ils auront finalement besoin ou que les ravageurs quittent le pays avant l'arrivée des pesticides. Comme les pays doivent être prêts à entreprendre une intervention à bref délai, nombre des pays affectés par les ravageurs migratoires ont des stocks de pesticides, souvent conservés dans de mauvaises conditions, ce qui se traduit par une corrosion des conteneurs, la perte d'étiquettes et des fuites de produits chimiques dans l'environnement.

Les pays affectés considèrent les stocks de pesticides comme un problème grave qui doit d'urgence retenir l'attention, surtout lorsqu'ils se trouvent près d'agglomérations où ils risquent de contaminer l'eau potable, les aliments ou l'atmosphère. En général, ces pays ne disposent pas des ressources ou des techniques nécessaires pour organiser des campagnes d'élimination appropriées. Ces dernières années, quelques progrès ont été accomplis: une assistance a été fournie aux pays intéressés pour les aider à organiser des campagnes de nettoyage, ainsi qu'à améliorer les conditions d'entreposage, à mieux planifier leurs besoins et à faire don des stocks excédentaires à d'autres pays.

Conclusions des études de l'impact économique

Comme on l'a vu ci-dessus, les études qui ont été publiées au sujet de l'impact économique des ravageurs et maladies transfrontières et sur le coût des opérations d'intervention sont relativement peu nombreuses et ont généralement une portée limitée. On a également mentionné les carences qu'elles présentent du point de vue méthodologique: l'analyse d'impact est souvent limitée à l'effet immédiat sur la production, et il n'est pas tenu compte d'effets plus indirects sur les marchés, de la dynamique et de l'adaptation des exploitants aux infestations de ravageurs et de maladies transfrontières ni de l'impact à plus long terme. Il n'existe aucune approche uniforme ou généralement utilisée d'évaluation de l'impact économique des ravageurs et maladies transfrontières. Les études qui ont été faites au sujet des migrateurs nuisibles tendent à mettre l'accent sur leur impact immédiat sur la production. Elles montrent que cet impact peut être fort significatif, mais que les effets sont souvent très localisés, tandis que l'impact au plan national est relativement modéré. La sécurité alimentaire peut cependant être temporairement menacée localement.

Les études consacrées aux ravageurs des plantes soumis à un régime de quarantaine ont porté surtout sur les pertes de production et le manque à gagner causé par la disparition des marchés d'exportation, qui peuvent, dans l'un et l'autre des cas, être très importants.

Les études des maladies animales ont, elles aussi, été axées surtout sur leur impact sur la production et le commerce. Dans l'un et l'autre cas, les pertes peuvent être très sérieuses. Parfois, les marchés d'exportation se sont fermés, ce qui a eu de sérieuses conséquences sur le bilan de l'activité économique en général dans les pays en développement. Les études qui ont été faites sur les campagnes de prévention et les programmes d'élimination ont montré par ailleurs que ceux-ci peuvent être extrêmement rentables pour ce qui est d'élargir les débouchés commerciaux. Bien que la plupart des maladies animales ne causent pas d'épidémies chez les humains, les préoccupations que suscite leur impact potentiel sur la santé humaine peuvent, dans certains cas, aggraver les dommages causés par les ravageurs et les maladies animales transfrontières. Un exemple en est la propagation de l'ESB en Europe.

Les résultats des études existantes montrent que les programmes de lutte contre les ravageurs et maladies animales transfrontières se soldent par des avantages nets. Mais, par suite des problèmes généraux de méthode affectant nombre d'études, il est prématuré de conclure que tel sera toujours le cas. Les informations empiriques disponibles pourraient donc être analysées plus avant étant donné que les données disponibles sont insuffisantes, que les pertes économiques effectives sont sans doute surestimées et que les effets secondaires et les externalités liés aux campagnes de prévention ont été négligés. En fait, différentes études ont révélé que les programmes d'éradication et de prévention comportaient certains coûts d'externalité.


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