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13 REPRODUCTION DU MODÈLE PPP

La décision de reproduire ou non un projet participatif sera fonction de plusieurs facteurs. Il s'agira notamment de déterminer dans quelle mesure les groupes organisés dans le cadre du projet pilote ont atteint un degré satisfaisant d'autonomie, si l'on dispose d'un cadre bien formé de promoteurs de groupes et de personnel de projet et si l'on pourra compter sur l'appui gouvernemental et sur celui des donateurs. La multiplication du modèle peut être recherchée de trois manières:

Les stratégies de réutilisation du modèle doivent être soigneusement conçues, en tenant compte de tous les facteurs évoqués ci-dessus, ainsi qu'en fonction de considérations d'ordre géographique, économique et social en ce qui concerne la zone de projet envisagée, le type d'intervention de projet souhaité, l'expérience acquise dans les efforts de développement participatif en cours, et de la rentabilité escomptable de l'intervention envisagée.

Elargissement ou multiplication du projet

Le projet participatif doit être envisagé comme la première phase d'un processus de développement plus long. Il est par conséquent nécessaire, d'ordinaire, d'établir — dès que possible, avant que le projet ne s'achève — un plan souple pour une deuxième phase. Les données nécessaires à ce travail devraient provenir, pour partie, d'une évaluation indépendante, mais aussi, pour l'essentiel, du système de suivi et d'évaluation propre au projet.

Lors de l'élaboration d'un élargissement ou de la multiplication de projets participatifs, les planificateurs devront tenir compte de plusieurs facteurs fondamentaux. Premièrement, l'élargissement comporte le risque de diluer les caractéristiques des projets participatifs en cours. Les planificateurs doivent donc s'efforcer de bien asseoir d'abord les progrès effectués en constituant des fédérations de groupes et des fédérations intergroupes, et en redéfinissant les services des organes coopérants. Sans cette restructuration, la phase d'expansion du projet risque de provoquer un déclin des activités de groupe.

Les nouvelles zones que couvrira le projet lors de la phase d'élargissement ou de multiplication devront être adjacentes à la zone originale de projet. Cela facilitera la direction et la supervision des activités, ainsi que la coopération entre participants, existants et potentiels, et les organes de services. L'élargissement et la multiplication supposent aussi davantage d'agents de terrain, notamment de promoteurs de groupes. Les PG doivent être soigneusement choisis et formés, de préférence parmi les promoteurs de groupes expérimentés qui ont fait du bon travail dans la première phase du projet. Les associations intergroupes peuvent avoir un rôle important dans l'élargissement du projet, en apportant un concours au recrutement de cadres internes, en apportant une formation aux nouveaux groupes et fédérations, et en diffusant des techniques améliorées.

Pour établir des liaisons fructueuses lors de la phase d'élargissement, il est indispensable d'obtenir des renseignements sur les groupes existants, les organisations populaires et les organismes de développement, publics ou ayant statut d'ONG, présents dans les nouvelles zones de projet, ainsi que sur les projets et programmes en cours avec lesquels le projet élargi pourrait coopérer.

Enfin, lors de la planification de l'élargissement et de la multiplication, diverses opérations qui s'inséraient dans le processus d'identification et d'élaboration du projet original peuvent être rationalisées , grâce à l'expérience acquise. Par exemple la collecte de données pourra se faire plus sélective, une quantité considérable d'informations étant désormais disponible.

Incorporation d'éléments participatifs dans les programmes de développement de grande ampleur

Les projets PPP ne sont pas menés comme autant de fins en soi, mais bien plutôt pour démontrer aux donateurs, aux gouvernements, aux ONG et à leurs décideurs la bonne rentabilité des approches participatives fondées sur les groupes. Or ce sont les résultats concrets obtenus sur le terrain qui seront les plus convaincants. Il est donc nécessaire de communiquer ces résultats efficacement aux responsables concernés.

Les comités de coordination à l'échelon local et national décrits au chapitre 6 exercent un rôle majeur en tant que tribunes où sont discutés et échangés les points de vue. Il pourra toutefois être aussi nécessaire de mettre en œuvre d'autres stratégies, notamment:

Les groupes PPP vont de l'avant

Comme l'appui de la FAO aux projets PPP est proche de son terme dans plusieurs pays, les services gouvernementaux et les ONG intègrent les groupes PPP dans d'autres actions de développement.

Au Kenya, l'organe d'exécution a l'intention d'intégrer le projet PPP dans un programme de développement des entreprises de plus grande envergure financés par l'USAID. Au Lesotho, les membres des groupes seront formés aux méthodes coopératives pour les encourager à constituer des sociétés de crédit et à élargir leurs activités.

Les services provinciaux d'agriculture du Sri Lanka se sont déclarés intéressés à poursuivre les activités PPP, le cas échéant en utilisant les fédérations de groupes comme organes d'exécution. En Zambie, plusieurs groupes PPP (ci-dessous) se sont récemment affiliés à la Fédération des coopératives zambiennes (ZCF). Il leur est désormais plus facile d'accéder aux intrants et au crédit agricoles, et ils ont une fonction de point focal, en ce qu'ils représentent les intérêts des pauvres.


Reproduction du projet en Thaïlande

Le Département de la vulgarisation agricole de la Thaïlande met en œuvre un programme national de développement rural fondé sur les concepts participatifs dont le PPP a été le pionnier.

Le Projet de développement de la planification et de la participation des agriculteurs vise à réduire au minimum les disparités de revenus au sein de la population rurale du pays, et à contribuer au succès des plans nationaux de développement rural. Il a pour stratégie de parvenir à une répartition équitable des services de vulgarisation agricole en restructurant son système de prestations de services en fonction des problèmes et des besoins des agriculteurs de 74 provinces.

Dans la phase initiale, 5 600 agents de vulgarisation et 1 600 experts agricoles seront formés pour apporter leur concours aux agriculteurs de 2 500 villages, afin qu'ils constituent des groupes participatifs. Environ 11 000 représentants d'agriculteurs seront choisis pour recevoir une formation intensive.

On comptait que le programme serait opérationnel en 1991 dans 5 600 villages, au bénéfice d'environ 10 millions d'agriculteurs.

Reconnaître le droit de s'organiser

L'un des préalables à la promotion de la participation populaire rurale est de supprimer les obstacles à l'association des ruraux en organisations de leur choix. Il faut pour cela que les gouvernements ratifient et appliquent les conventions et recommandations établies dans le cadre de l'Organisation internationale du travail (OIT) en ce qui concerne le rôle des organisations de travailleurs ruraux dans le développement social et économique. La Convention no141 de l'OIT appelle les gouvernements à ne ménager aucun encouragement aux travailleurs ruraux pour qu'ils constituent, à titre volontaire, des organisations libres et viables.

La recommandation no127 de l'Organisation définit une coopérative comme une organisation volontaire, démocratiquement gérée et indépendante, dont on escompte qu'elle devienne l'instrument par lequel ses membres parviendront à prendre part aux décisions des échelons supérieurs. La recommandation no149 appelle à «encourager activement» les organisations de travailleurs ruraux et stipule notamment que celles-ci soient de «caractère indépendant et volontaire», et «libres de toute forme d'interférence, de coercition ou de répression».

En 1987, 25 pays seulement avaient signé la Convention no141.


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