18 décembre 2003, Rome -- Après un
été pluvieux et de récentes précipitations, les populations de
criquet pélerin continuent d'augmenter et pourraient
menacer les cultures d'hiver dans la partie nord-ouest de
l'Afrique et le long de la mer Rouge, met en garde la FAO.
Des essaims commencent à se former en
Mauritanie où les reproductions se poursuivent dans plusieurs
zones. Au cours des dix premiers jours de ce mois, une douzaine
d'essaims d'ailés immatures ont été aperçus à
l'est de Nouakchott. Trois autres essaims ont survolé la
capitale les 4, 5 et 6 décembre 2003, indique le rapport que
vient de publier le groupe antiacridien de la FAO.
Toujours à l'est de Nouakchott et dans le nord du
pays, près de la ville minière de Zouerate, des pontes et des
éclosions se produisent. Des bandes larvaires s'y forment
ainsi que dans d'autres parties du nord-ouest de la
Mauritanie, selon le rapport.
Dans le
sahara occidental, des groupes d'adultes matures sont
présents dans un territoire allant de la frontière mauritanienne
jusqu'à Bir Anzarane. Dans cette région, ainsi que dans le
nord de la Mauritanie, les températures assez basses devraient
retarder la maturation des criquets durant l'hiver.
Jusqu'ici, près de 20 000 hectares ont
été traités aux pesticides durant les opérations de lutte
antiacridienne au sol en Mauritanie et 2 400 hectares ont été
traités dans le sahara occidental, selon les informations les
plus récentes.
Bien que le nombre de
criquets pèlerins soit en baisse au Mali et au Niger, des
groupes de larves et de jeunes ailés persistent dans les régions
traditionnelles de reproduction du Tamesna et de l'Adrar
des Iforas (Mali) ainsi que dans les régions montagneuses de
l'Aïr (sud-est du Niger).
"Des bandes se forment au Mali où un essaim a
été signalé jusqu'ici", précise le rapport.
D'autres essaims pourraient se former et se déplacer vers
le nord, menaçant les pays du nord-ouest de l'Afrique.
Le Moyen-Orient, région à
risque
Une autre situation
dangereuse est signalée au Soudan où un essaim mature se trouve
sur les bords de la mer Rouge. Il provient de zones infestées
proches du fleuve Atbara, à l'intérieur du Soudan du
nord-est.
D'autres groupes
d'adultes et quelques essaims sont attendus dans les
plaines côtières de la mer Rouge. Ils devraient déposer des
oeufs dont l'éclosion interviendrait au cours des
prochaines semaines.
Des groupes
d'adultes et des essaims pourraient traverser la mer Rouge
en direction de l'Arabie saoudite. Déjà dans ce dernier
pays, des groupes d'ailés ont été aperçus pondant des oeufs
dans les plaines côtières entre Jeddah et Yenbo.
Toujours en Arabie saoudite, quelques groupes se sont
déplacés vers l'hinterland et déposé des oeufs dans des
régions proches des villes de Médina et Taef. "Cela est
très rare en cette période de l'année", indique le
rapport de la FAO. Des éclosions ont commencé dans certaines
régions et des larves sont en train de former des bandes.
En Arabie saoudite, quelque 3 600 hectares
ont été traités durant la première semaine de décembre et les
opérations de lutte antiacridienne se poursuivent dans ce pays
ainsi qu'au Soudan.
Les experts de la
FAO redoutent que la menace que constitue le criquet pèlerin ne
s'étende dans la région du Moyen-Orient si de bonnes pluies
devaient se produire cet hiver le long des côtes de la mer
Rouge.
Le criquet pèlerin: un
fléau
Le criquet pèlerin
(Schistocerca gregaria) appartient à la
catégorie des acridiens de type locuste présentant un phénomène
de polymorphisme phasaire, c'est-à-dire la possibilité de
développer des aspects variés et réversibles, selon la densité
des populations, elle-même fonction des conditions écologiques
et météorologiques.
Depuis
l'antiquité, il est considéré comme l'un des
principaux fléaux de l'humanité. Il est redoutable car il
consomme chaque jour son propre poids de nourriture fraîche.
Schématiquement, on parle de phase
solitaire pour les populations de faible densité et de phase
grégaire pour les populations de forte densité.
Normalement, on trouve le criquet pèlerin en phase
solitaire dans une aire vaste mais limitée aux régions les plus
désertiques d'un territoire (incluant une vingtaine de
pays) allant de la Mauritanie à l'Inde.
Après de bonnes pluies, les conditions sont favorables
à sa reproduction. Le criquet pèlerin se multiplie alors
rapidement, se concentre et, si la densité critique est
atteinte, il passe à la phase de grégarisation.
La grégarisation signifie que les criquets pèlerins
agissent collectivement en bandes larvaires ou en essaims
d'adultes.
Les essaims sont très
mobiles et peuvent parcourir des centaines ou des milliers de
kilomètres entre les zones de reproduction d'été,
d'hiver et de printemps.
Le fléau
acridien se produit lorsque les conditions idéales sont remplies
lors d'une séquence de reproductions saisonnières. Cela
entraîne la formation d'essaims gigantesques qui
envahissent des pays non situés dans la zone de reproduction
traditionnelle du nuisible.
Les effets
sont dévastateurs pour les cultures. On parle de rémission pour
définir la période qui sépare deux invasions.
Le Groupe d'experts en lutte antiacridienne de la
FAO dresse des analyses et des prévisions sur la situation
acridienne qui sont diffusées aux pays concernés et à la
communauté des donateurs.
Le Groupe
centralise les informations et les données provenant des
services nationaux de lutte antiacridienne et des enquêtes
effectuées sur le terrain. Il les affine en les combinant à
d'autres données issues d'archives, de la météorologie
et de la télédétection.
La FAO lance aussi
des alertes spéciales lorsque la situation le rend nécessaire.
En période d'urgence, le Groupe
antiacridien coordonne les opérations de lutte et l'aide
extérieure.
Pour des informations
supplémentaires, consulter:
http://www.fao.org/news/global/locusts/locuhome.htm
Contact:
Pierre Antonios
Relations médias, FAO
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