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5. CE QUI EST IMPORTANT DANS LE MONTAGE D'UNE PALANGRE

En ce qui concerne le choix du matériau pour la ligne-mère, on doit tenir compte de la manutention de celle-ci sur le bateau. Une longueur importante (plusieurs kilomètres) doit tenir lovée à bord sans former de coques et présenter un encombrement minimum. Ce matériau doit avoir également une bonne tenue pour défiler rapidement sur le trajet imposé pour la mise à l'eau.

La ligne-mère doit avoir également une souplesse suffisante pour ne pas amplifier une déformation induite par une mauvaise manoeuvre au filage (emmêlement) ou au virage (poisson se débattant). Un mauvais choix de la ligne-mère peut entraîner des résultats catastrophiques.

L'avantage du monofilament pour une ligne-mère est la transparence de la ligne, mais aussi sa finesse par rapport à un cordage tressé ou cordé. Cette finesse rend cependant la ligne relativement fragile; un soin particulier devra donc être apporté lors de son rangement et de son relevage. Un autre avantage est que ce matériau n'absorbe pas l'odeur de l'appât, ce qui peut en partie expliquer le rendement supérieur de la palangre en monofilament.

Quand la ligne-mère doit reposer sur le fond, il importe de tenir compte de sa résistance à l'usure. Dans le cas d'une ligne-mère cordée ou tressée, le textile est souvent bitumé ou goudronné afin d'augmenter sa solidité.

La jonction entre deux éléments de palangre est réalisée comme indiqué à la figure 13a; cela permet d'utiliser, si besoin est, l'oeil extérieur (al) pour amarrer un mouillage ou un flotteur secondaire.

Figure 13

Figure 13. Noeuds de liaison entre éléments de palangre (ligne-mère, bas deligne, orins, etc.).

Lorsqu'il est préférable de dégager les avançons du fond (l'appât pouvant être mangé par les crustacés ou invertébrés), la ligne-mère est réalisée en matériau flottant; la ligne peut aussi être teintée de couleur sombre afin d'être moins visible.

La longueur correcte d'un avançon est difficile à déterminer; tout dépend du poisson que l'on veut prendre et du système de manutention envisagé. Pour retenir des poissons vifs et forts, il sera nécessaire de mettre des avançons assez longs; cette longueur sera cependant déterminée en considérant la facilité d'embarquement de la capture.

Pour les palangres de fond, l'espace entre les avançons est à décider en fonction de la densité du poisson. Il est évident que si la concentration est importante, il y aura intérêt à disposer des hameçons assez rapprochés. Il faut cependant toujours éviter que cet intervalle soit inférieur à deux fois la longueur d'un avançon afin qu'ils ne se mêlent pas. On évitera également que le premier avançon soit trop près de l'orin d'ancrage (figure 14).

Figure 14

Figure 14. Un écartement insuffisant entre l'orin et le premier avançon peut amener un
emmêlement et faire couler les bouées de signalisation.


Il y a plusieurs façons de monter les avançons sur la ligne-mère, à savoir:

Pour une palangre de fond, les avançons ou la ligne-mère sont parfois garnis de petits flotteurs pour dégager la ligne du fond.

Un soin particulier sera apporté aux liaisons entre deux éléments, notamment les noeuds utilisés sur hameçons, émerillons, agrafes, etc. Il est très important que les noeuds soient solides, ne glissent pas et ne se défassent pas. La figure 17 montre deux exemples de noeuds pour hameçons à palette, et les figures 18 et 19 des noeuds pour hameçons à oeil. La figure 20 décrit deux noeuds pour émerillons et la figure 21 des noeuds de jonction pour fils en monofilament de même diamètre ou de diamètres différents.

La rentabilité d'une palangre est évidemment en relation avec le nombre d'hameçons alignés, mais la réussite du pêcheur dépend aussi en grande partie de son choix concernant le type et la taille de l'hameçon utilisé. Chaque hameçon convient particulièrement à certaines espèces et à certaines tailles de poissons, mais cela ne se détermine que par expérience. De plus, sur une palangre de fond, il est reconnu que, pour certaines espèces, les hameçons placés les premiers (près des mouillages) ont un meilleur rendement.

Figure 15

Figure 15. Amarrage direct de l'avançon sur la ligne-mère.


Figure 16

Figure 16. Amarrage sur une boucle intégrée à la ligne-mère.


Figure 17

Figure 17. Deux noeuds pour hameçons à palette.


Figure 18

Figure 18. Trois noeuds pour hameçons à oeil.


Figure 19

Figure 19. Deux noeuds pour hameçons à oeil, émerillons ou agrafes.


Figure 20

Figure 20. Montage d'un émerillon: (a) sur une boucle déjà réalisée; (b) sur un fil en monofilament.

Le type et la fixation de l'appât sont également essentiels (figure 22). Le calmar, la seiche et les petits poissons pélagiques sont généralement de bons appâts.

Comme nous l'avons vu précédemment, l'émerillon est souvent bien utile pour empêcher le vrillage de l'avançon. Il peut être placé sur la ligne-mère, entre deux butées (figure 10), mais aussi sur l'avançon, juste après l'agrafe ou près de l'hameçon. Il peut être également intégré à certains modèles d'hameçons. Si l'avancon est prolongé par une ligne secondaire, l'émerillon peut être intercalé entre les deux éléments (figures 5 et 6). On rappelle que l'émerillon réduit les risques d'emmêlement de lignes et peut, dans une certaine mesure, améliorer le taux de capture en évitant la perte du poisson trop remuant pendant la remontée de la palangre.

Pour une palangre de fond, l'orin va de la surface, où il est amarré à une bouée de signalisation, au fond, où il rejoint le mouillage qui peut être une ancre, un grappin ou tout simplement un poids, une pierre ou autre. La ligne-mère est amarrée à l'orin à quelque distance au-dessus de l'ancre (ou autre dispositif de mouillage) ou éventuellement fixée directement sur le mouillage.

Le noeud le plus utilisé pour les orins est celui représenté à la figure 23, résistant et facile à défaire. Si l'on utilise une ancre ou un grappin sur des fonds accidentés ou peu sûrs, il peut être judicieux de fixer l'orin non pas à l'organeau (figure 24a), mais plutôt sur l'extrémité, juste au niveau des pattes, puis à l'organeau par une bosse cassante. En cas d'accrochage, on tirera sur l'orin jusqu'à casser la bosse de l'organeau, ce qui permettra de reporter l'effort directement sur les pattes de l'ancre ou du grappin (figure 24b). Un ou plusieurs flotteurs sont parfois disposés sur l'orin, principalement dans sa partie basse (surtout si cet orin est fait de textile non flottant), afin de le dégager du mouillage, mais aussi pour éviter qu'il ne se prenne dans les hameçons.

Figure 21

Figure 21. noeuds de jonction pour fils en monofilament: (a) fils de même diamètre; (b) fils de diamètres différents.


Figure 22

Figure 22. Différentes dispositions de l'appât sur l'hameçon.

Figure 23

Figure 23. Réalisation d'un noeud d'agui, très utile pour les orins.

La palangre pélagique doit être en textile non flottant. Des orins intermédiaires garnis de flotteurs (ne pas confondre avec les bouées d'extrémité) sont répartis, de place en place, sur la ligne-mère. Pour une palangre pélagique dérivante, la flottabilité résultante des bouées et flotteurs doit être au moins égale au double du poids total de la ligne montée.

Sur une palangre, on peut alterner, à intervalles réguliers, flotteurs et lests; certaines parties de la ligne pêcheront ainsi très près du fond et d'autres bien au-dessus, jusqu'en pleine eau (figure 2c).

Figure 24

Figure 24. Deux façons d'amarrer un grappin sur un orin.


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