Le matériel nécessaire à la confection d'une palangre dépend du type de pêche que vous désirez pratiquer. Il est bien entendu que les éléments constitutifs ne seront pas les mêmes si vous voulez pêcher des poissons de fond comme le mérou, ou des poissons de pleine eau comme le thon, mais les divers éléments de la ligne resteront les suivants: ligne-mère (ou maîtresse), avançons, bouées et orins (figure 4).
Le choix du matériau pour la ligne-mère sera fonction du poisson recherché, de la pêche pratiquée (sur le fond ou en pleine eau) ainsi que des conditions d'utilisation (manuelle ou mécanique).
Pour choisir le diamètre, et donc la solidité de la ligne, vous devez tenir compte de la taille des captures attendues, mais aussi du déplacement et de l'inertie du bateau utilisé (tableaux 1 et 2).
Un calcul empirique peut donner une référence pour le choix de la ligne-mère dont la résistance à la rupture en kilos (fil sec) doit être à la fois supérieure à environ dix fois le tonnage du palangrier et au carré de sa longueur, et au moins égale à dix fois le poids maximal du poisson visé.
Elle pourra être soit en monofilament, soit cordée ou tressée en polyamide (PA), en polyéthylène (PE) ou en polyester (PES). En outre, son coefficient d'allongement ne devra pas être trop élevé.
Figure 4. Représentation des divers éléments constituant une palangre.
Diamètre (mm) | (m/kg) | (g/1 000m) | A (kgf) | B (kgf) |
---|---|---|---|---|
0,1 | 90 900 | 11 | 0,65 | 0,4 |
0,2 | 22 700 | 44 | 2,3 | 1,4 |
0,3 | 11 100 | 90 | 4,7 | 2,7 |
0,5 | 4 170 | 240 | 12 | 6,5 |
0,7 | 2 080 | 480 | 24 | 12,5 |
1 | 1 090 | 920 | 42 | 22 |
1,3 | 650 | 1 540 | 65 | 35 |
1,6 | 430 | 2 330 | 98 | 52 |
1,9 | 300 | 3 290 | 132 | 72 |
Note: A, B = résistances à la rupture (directement comparables).
A = fil sec, non noué;
B = fil mouillé, noué.
Vous devez toutefois vous rappeler que la ligne-mère perd de sa résistance après quelque temps d'utilisation. L'acquisition de la corde pour la ligne-mère sera l'élément le plus coûteux de la palangre.
La longueur des avançons ou bas de ligne doit être inférieure à la moitié de la distance séparant, sur la ligne-mère, deux amarrages consécutifs d'avançons, cela pour éviter que deux avançons voisins ne se mêlent. Leur résistance à la rupture sera inférieure à celle de la ligne-mère et au moins égale à deux fois le poids de la prise attendue (fil noué, mouillé).
Dans le cas de la palangre de fond, l'avançon est souvent en monofilament ou, pour plus de souplesse (ce qui permet à l'appât de bouger sur la ligne), en tresse de multimonofilament; ces fils ont l'avantage d'être peu visibles dans l'eau, de s'allonger un peu avant rupture et d'avoir une certaine durabilité (tableau 1).
Pour la palangre pélagique, l'avançon proprement dit est souvent monté au bout d'une ligne secondaire, cordée ou tressée, de plus fort diamètre; l'avançon lui-même est en monofilament, en acier ou en chaîne selon l'espèce recherchée (figures 5 et 6).
Diamètre (mm) | Polyamide (kg/100m) | (PA) (A kgf) | Polyéthylène (kg/100m) | (PE) ( A kgf) | Polyester (kg/100m) | (PES) (A kgf) | Polypropylène (kg/100m) | (PP) (A kgf) |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
4 | 1,1 | 320 | 1,4 | 295 | ||||
6 | 2,4 | 750 | 1,7 | 400 | 3 | 565 | 1,7 | 550 |
8 | 4,2 | 1 350 | 3 | 685 | 5,1 | 1 020 | 3 | 960 |
10 | 6,5 | 2 080 | 4,7 | 1 010 | 8,1 | 1 590 | 4,5 | 1 425 |
12 | 9,4 | 3 000 | 6,7 | 1 450 | 11,6 | 2 270 | 6,5 | 2 030 |
14 | 12,8 | 4 100 | 9,1 | 1 950 | 15,7 | 3 180 | 9 | 2 790 |
16 | 16,6 | 5 300 | 12 | 2 520 | 20,5 | 4 060 | 11,5 | 3 500 |
18 | 21 | 6 700 | 15 | 3 020 | 26 | 5 080 | 14,8 | 4 450 |
20 | 26 | 8 300 | 18,6 | 3 720 | 32 | 6 350 | 18 | 5 370 |
22 | 31,5 | 10 000 | 22,5 | 4 500 | 38,4 | 7 620 | 22 | 6 500 |
24 | 37,5 | 12 000 | 27 | 5 250 | 46 | 9 140 | 26 | 7 600 |
Note: A = résistance à la rupture, fil sec.
Figure 5. Exemples d'avançons (bas de ligne) utilisés pour le gros poisson pélagique.
Figure 6. Avançon avec fixation à mousqueton.
Les hameçons seront choisis en fonction de la taille du poisson que l'on souhaite capturer et de son comportement; le poisson ne devra pas se décrocher tout en restant si possible vivant.
Il existe une grande variété d'hameçons. Ils sont réalisés en laiton, en acier simple, en acier galvanisé ou en acier inox, et sont parfois étamés pour éviter la corrosion. Ils sont de forme droite ou renversée, à large ouverture, à anneau, à palette ou à émerillon (figure 7 et tableau 3).
De leurs caractéristiques respectives, il est possible de retenir les éléments suivants:
l'hameçon long est facile à manipuler et à appâter, mais n'est pas nécessairement le plus efficace;
l'hameçon court ou à large ouverture est plus difficile à manipuler, mais son rendement s'avère supérieur sur certaines èspèces et, en général, il tient le poisson vivant plus longtemps.
Dans la plupart des cas, les hameçons plus petits coûtent moins cher, nécessitent moins d'appât et ont un meilleur rendement.
Si vous ne savez pas quel type d'hameçon peut vous convenir, vous pouvez demander quelques conseils à d'autres pêcheurs expérimentés ou, dans le cas d'une nouveauté, vous vous risquerez à faire quelques essais qui serviront à déterminer vos besoins.
Les dimensions générales de l'hameçon et le diamètre du métal sont considérés comme les éléments les plus importants pour sa résistance à la rupture (tableau 3).
Figure 7. Types d'hameçons utilisés pour la palangre (grandeur nature).
Les bouées permettent au bateau de localiser la ligne et signalent la présence de la palangre aux autres unités de pêche.
Elles sont fixées aux deux extrémités de la ligne et portent un pavillon et, éventuellement, un feu et un réflecteur radar. Un ou deux flotteurs auxiliaires peuvent être amarrés à la bouée principale pour montrer la direction du courant et faciliter la récupération de la bouée à l'aide d'une gaffe. En outre, des flotteurs intermédiaires peuventetre disposés à intervalles réguliers dans le cas de lignes longues (figure 8 et tableau 4).
Cette signalisation n'est pas nécessaire dans les eaux côtières, mais conseillée pour la pêche hauturière.
Les matériaux les plus divers sont utilisés pour la fabrication des bouées, notamment: verre, bois, liège, polystyrène, etc. On pourra aussi utiliser des bouées gonflables de grande flottabilité.
Les orins servent de liaison entre les bouées et les extrémités de la ligne-mère ou, dans le cas des lignes calées, entre les bouées et les ancres ou autres mouillages.
Ils peuvent être de matériau flottant ou non, plus résistant que la ligne-mère, et sont, en général, cordés à trois torons. Leur longueur varie suivant le type de palangre; dans le cas des palangres de fond, 1,2 à 1,5 fois la profondeur est un rapport pouvant convenir.
Outre les éléments de base de la palangre décrits ci-dessus, on peut y ajouter les mouillages, émerillons et agrafes.
P | Ø | ø | H | Flottabilité |
---|---|---|---|---|
(mm) | (mm) | (mm) | (mm) | (kgf) |
760 | 240 | 38 | 340 | 7,5 |
1 015 | 320 | 38 | 400 | 17 |
1 270 | 405 | 51 | 520 | 33,5 |
1 525 | 480 | 51 | 570 | 59 |
Figure 8. Types de bouées de signalisation.
Le rôle des mouillages est d'éviter la dérive d'une ligne posée sur le fond. L'usage d'ancres secondaires ou de grappins disposés en différents endroits de la ligne-mère permet de stabiliser celle-ci sur le fond (figure 9a à d).
Lorsque vous travaillez sur des fonds très accidentés (coraux, roches, épaves) et que vous devez fixer votre palangre, il est recommandé d'utiliser des «mouillages perdus», tels que cailloux, morceaux de chaîne, blocs de ciment, morceaux de rail, etc., avec une bosse cassante qui se rompra si les mouillages s'accrochent au moment du virage (figure 9e et f).
Il vaut mieux éviter de poser les ancres coûteuses sur des fonds difficiles et les réserver pour les fonds plus meubles. Dans des zones à fort courant, il faut éviter d'employer des lests de forme cylindrique ou sphérique qui peuvent déraper sur le fond.
L'avançon est parfois relié à la ligne-mère par un émerillon, en particulier pour la palangre en monofilament; l'efficacité de la palangre est ainsi augmentée. L'émerillon est bloqué sur la ligne-mère par des perles de laiton ou de plastique enfilées et fixées dans un ordre bien précis, ou simplement par de bonnes surliures. Dans les deux cas, l'espace entre elles doit être suffisant pour permettre à l'émerillon de tourner librement et empêcher l'avançon de s'enrouler sur lui-même (figure 10).
Il existe divers modèles et types d'émerillons (figure 11). Ils se placent à l'une des extrémités de l'avançon, mais peuvent également être intégrés à l'hameçon.
Figure 9. Différents types de mouillages.
Figure 10. Montage d'émerillon sur une ligne-mère en monofilament.
Figure 11. Différents types d'émerillons (a) et d'agrafes avec émerillon (b).
Insérées entre l'avançon et la ligne-mère, les agrafes facilitent l'utilisation et le stockage de la palangre tout en donnant une relative sécurité au moment des manoeuvres (figures 5a et 12a).
Le mousqueton rattaché à la ligne-mère peut ètre considéré comme un système de fixation pratique (figures 6 et 12b).
Figure 12. Agrafe (a) et mousqueton (b).