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Chapitre 3. ÉTAPES DE LA PLANIFICATION DE L'UTILISATION DES TERRES


Etape 1. Détermination des objectifs et du champ d'application
Etape 2. Organisation du travail
Etape 3. Analyse des problèmes
Etape 4. Identification des possibilités de changement
Etape 5. Evaluation de l'aptitude des terres
Etape 6. Evaluation des options: analyses environnementales, économiques et sociales
Etape 7. Choix de la meilleure option
Etape 8. Préparation du plan d'utilisation des terres
Etape 9. Exécution du plan
Etape 10. Suivi et révision du plan

Cette section expose les tâches à mener à bien pour établir un plan d'utilisation des terres, en suivant les 10 étapes indiquées dans le chapitre 2. Pour chaque étape, l'on indiquera:

· les objectifs, c'est-à-dire les raisons pour lesquelles l'étape est nécessaire;
· les principales activités prévues;
· les informations à rassembler et leurs sources;
· les participants et la répartition des responsabilités.
Chaque étape est résumée au moyen d'une liste de contrôle.

L'on trouvera au chapitre 4 de plus amples détails sur les méthodes qui peuvent être suivies et sur les sources à consulter. Un aspect commun à toutes les étapes est celui de la gestion de l'information (voir le chapitre 4, p. 75, et le glossaire).

Comme on l'a déjà dit, ces étapes doivent être considérées comme des directives indicatives à adapter aux circonstances propres aux plans réalisés.

Etape 1. Détermination des objectifs et du champ d'application

Par quoi commencer

L'effort de planification commence par une discussion entre ceux qui veulent le plan (utilisateurs des terres et pouvoirs publics) et les planificateurs. Cette première étape, qui revêt une importance cruciale, doit consister en un échange à double sens d'idées et d'informations. Les décideurs et les représentants de la population de la zone à planifier doivent faire savoir au planificateur quels sont les problèmes qui se posent et ce qu'ils veulent obtenir. Le planificateur, pour sa part, doit indiquer clairement comment un plan d'utilisation des terres peut être utile. Une tournée de reconnaissance sur le terrain et des entretiens avec les représentants des populations intéressées sont particulièrement recommandés.

Le plan à établir

Les tâches ci-après peuvent être incluses dans cette première étape de la planification. Certaines d'entre elles seront répétées plus en détail aux étapes 3 et 4.

· Définition de la zone à planifier. Détermination de la zone et établissement d'une carte indiquant son emplacement, ses dimensions, ses limites, ses accès et les centres de peuplement.

· Prise de contact avec les populations intéressées. Avant qu'aucune décision ne soit prise, il convient de se mettre en rapport avec les représentants des agriculteurs et les autres utilisateurs des terres qui risquent d'être affectés par le plan et de s'enquérir de leurs vues. Il y a à cela une double raison. Premièrement, l'équipe de planification peut ainsi se faire une idée directe de la situation réelle et, deuxièmement, les utilisateurs savent que des changements sont envisagés et ne seront pas ensuite mis en présence d'un fait accompli et de changements imposés du sommet. Il conviendra de veiller à ce que tous les groupes soient contactés, y compris, par exemple, les associations féminines, les minorités ethniques et non seulement les agriculteurs, mais aussi les bergers. Il faudra s'attacher en particulier à déterminer comment les minorités dépendent des ressources de la terre, par exemple en collectant des produits mineurs de la forêt.

· Collecte d'informations de base concernant la zone. Il s'agit là d'une première opération de collecte d'informations, ces dernières devant être complétées lors des étapes suivantes. Ce qu'il faut, à ce stade, c'est déterminer ce que le plan devra permettre de réaliser. Les types d'informations nécessaires sont indiqués ci-après (voir Informations de base concernant la zone).

· Etablissement des objectifs. Les objectifs peuvent refléter des problèmes locaux (par exemple faible rendement des cultures, manque de fourrage) ou des politiques et des priorités de développement nationales (par exemple culture de produits d'exportation). A tous les niveaux, les objectifs peuvent avoir été dérivés d'un niveau plus élevé (du niveau national à celui des districts et des collectivités locales) ou des niveaux inférieurs (par regroupement des besoins locaux), c'est-à-dire une planification à partir du sommet et à partir de la base. Il conviendra d'énumérer les problèmes qui se posent dans le secteur et ce que l'on cherche à obtenir, de distinguer entre les objectifs à long terme et ceux qui peuvent être atteints pendant la période couverte par le plan et d'isoler les objectifs des plans de caractère plus général qui s'appliquent à la zone considérée de ceux qui ne sont pas pertinents.

· Identification des problèmes et des possibilités. Détermination de la situation actuelle en ce qui concerne l'utilisation des terres, et identification des problèmes que le plan est censé résoudre ainsi que des possibilités d'améliorations.

· Identification des contraintes risquant d'entraver l'exécution. Les contraintes risquant d'entraver l'exécution du plan proposé peuvent être de caractère juridique, économique, institutionnel, social ou environnemental. Les interventions doivent être conçues de façon à tenir compte expressément de la capacité des pouvoirs publics, des autres organisations et des utilisateurs des terres à les exécuter. Les ressources disponibles doivent être spécifiées.

· Etablissement des critères sur la base desquels les décisions touchant l'utilisation des terres seront prises. Par exemple, l'option retenue peut être celle qui promet le taux de rendement des investissements les plus élevés ou celle qui permettra de subvenir aux besoins de la population rurale la plus nombreuse. Lorsqu'il y a plusieurs critères, il conviendra de les classer par ordre d'importance.

· Définition du champ d'application du plan. Quelles sont les activités que le plan est censé englober? D'autres plans seront-ils exécutés? Par exemple, le plan envisage-t-il la construction de routes ou l'aménagement d'autres services de base?

· Détermination de la période de planification. Il s'agit de la période qui sera couverte par le plan et qui peut être de trois ou cinq ans, voire davantage, et être décomposée en plusieurs phases à des fins d'examen et de révision.

· Détermination, d'un commun accord, du contenu et de la présentation du plan. Quel sera le contenu du plan? Comment se présentera-t-il? Par exemple, portera-t-il sur de nouvelles cultures, sur une amélioration des techniques de gestion des terres, sur des services de vulgarisation, sur des améliorations de l'infrastructure ou sur la préparation de nouveaux textes législatifs? La présentation dépend des personnes qu'il faut informer et dont il faut assurer le concours; il conviendra d'identifier les différents groupes de personnes intéressés.

· Décision sur les questions opérationnelles. Ces questions concernent notamment le financement de l'opération de planification, les responsabilités et l'organisation de l'équipe, les installations nécessaires, la coopération avec d'autres organismes, les procédures en matière de comptabilité et de rapports, les principales personnes pouvant faciliter la réalisation du plan ou devant être informées, les délais d'établissement du plan.

Informations de base concernant la zone

Pour commencer, l'équipe de planification aura besoin de certaines informations de base concernant les terres, les populations et l'organisation de l'administration et des services. Ces informations seront obtenues de façon plus détaillée lors de l'analyse des problèmes, pendant l'étape 3. Pendant l'étape 1, le planificateur doit déterminer ce qui est disponible et où l'on peut se le procurer, et identifier les personnes qui peuvent servir de point de contact entre l'équipe de planification, les organismes spécialisés et la communauté locale. Le planificateur doit aussi déterminer quelles sont les données essentielles qui ne sont pas disponibles, de sorte que des études puissent être prévues et leur coût évalué. La gamme d'informations nécessaires et leur degré de détail varieront selon le niveau de la planification. Voici quelques exemples:

· Ressources en terres. Climat, hydrologie, géologie, formes de relief, pédologie, végétation (y compris forêts et pâturages), faune, ravageurs et maladies. Les sources d'informations sont notamment les cartes topographiques, les photographies aériennes et les photographies prises par satellite, les études existantes et les archives des départements. (Voir Etudes des ressources naturelles, p. 78.)

· Utilisation actuelle des terres. Etudes et archives des départements concernant l'utilisation des terres, les systèmes d'exploitation, la foresterie et les niveaux et les tendances de la production.

· Infrastructure actuelle. Transports, communications et services à l'agriculture, gestion de l'élevage et foresterie.

· Population. Effectifs, tendances démographiques, localisation des peuplements, rôle des femmes, groupes ethniques, structure par classe, notables.

· Régime foncier. Régime légal et traditionnel concernant la propriété et les droits d'utilisation des terres, des arbres et des pâturages; réserves forestières, parcs nationaux. (Voir Régime foncier, p. 81.)

· Structures sociales et pratiques traditionnelles. L'utilisation des terres est liée à l'histoire et à la culture des populations et a généralement évolué sur de longues périodes. Il est indispensable de bien comprendre la situation actuelle avant de pouvoir l'améliorer.

· Pouvoirs publics. Structures administratives et principales autorités; services fournis et situation à laquelle ces services doivent faire face. Il conviendra de demander aux représentants des différents organismes qui opèrent dans le secteur de renseigner l'équipe de planification.

· Législation. Lois et règlements affectant l'utilisation des terres; lois et coutumes traditionnelles; question de savoir si les lois sont appliquées. (Voir Législation concernant l'utilisation des terres, p. 82.)

· Organisations non gouvernementales. Déterminer s'il existe dans le secteur couvert par le plan des organisations non gouvernementales, par exemple des coopératives d'exploitation et de distribution, pouvant jouer un rôle dans la préparation ou l'exécution d'un plan d'utilisation des terres.

· Organisations commerciales. Se mettre en rapport, le cas échéant, avec les organisations commerciales, par exemple les entreprises minières ou les plantations, dont les intérêts peuvent être touchés.

Champ d'application du plan et budget

L'étape 1 est la base du plan d'utilisation des terres. Les malentendus qui surgissent à ce stade pourront être difficiles à dissiper plus tard. En particulier, il est essentiel de nouer d'étroits rapports de travail entre les utilisateurs des terres, les décideurs, l'équipe de planification et les autres participants au processus de planification.

L'une des principales tâches à accomplir, pendant cette étape, consiste à identifier les principaux éléments du projet de planification. Sur cette base, il faudra définir le champ d'application du plan en termes suffisamment généraux pour pouvoir faire preuve de souplesse dans la recherche des solutions aux problèmes d'utilisation des terres identifiés, tout en demeurant dans les limites imposées par le temps et les ressources disponibles.

Le résultat de cette étape sera un descriptif (ou un document semblable) indiquant le champ d'application de l'opération de planification. Ce document indiquera les buts et les objectifs spécifiques de l'opération, les délais à prévoir et le budget nécessaire.

LISTE DE CONTRÔLE

Etape 1

OBJECTIFS ET CHAMP D'APPLICATION

Responsabilité: décideurs et planificateurs, agissant ensemble

Définir le secteur couvert par le plan.

Se mettre en rapport avec les personnes intéressées.

Réunir des informations de base sur la zone:

- ressources en terres
- utilisation actuelle des terres
- infrastructure
- population
- régime foncier
- structures sociales
- pouvoirs publics
- organisations non gouvernementales
- organisations commerciales
Déterminer les objectifs.

Identifier, de façon préliminaire, les problèmes et les possibilités.

Identifier les contraintes qui risquent d'entraver l'exécution.

Etablir les critères sur la base desquels les décisions concernant l'utilisation des terres seront prises.

Définir le champ d'application du plan.

Déterminer la période couverte par le plan.

S'entendre sur le contenu et la présentation du plan.

Prendre une décision concernant les aspects opérationnels du projet de planification: personnel, organismes coopérants, calendrier, budget.


Etape 2. Organisation du travail

Objet du plan de travail

Planifier le travail n'est pas une tâche passionnante mais, si celle-ci n'est pas accomplie comme il faut, il peut en résulter un manque de coordination, des sentiments de frustration et des retards mutiles. Il est évident que des événements imprévisibles se produiront, mais une bonne organisation permet de prévenir nombre de problèmes et aide chacun à travailler en équipe en focalisant l'énergie de tous.

Cette démarche transforme la procédure de planification générale suivie pendant l'étape 1 en un programme de travail spécifique. Celui-ci dit ce qui doit être fait, décide des méthodes à suivre, identifie les personnes qui devront accomplir les différentes tâches, spécifie les responsabilités de chaque membre de l'équipe, organise le personnel et les activités et alloue les ressources à chacune des étapes suivantes du processus de planification.

Pourquoi faut-il organiser le travail?

Il importe de coordonner les activités extrêmement diverses que suppose l'établissement d'un plan d'utilisation des terres parce que:

· De nombreuses lâches exigent de longs délais de gestation. Par exemple, il faut commencer dès que possible à rassembler des informations, car certaines études prennent de nombreux mois.

· Les services d'appui doivent être organisés. Par exemple en ce qui concerne les transports, la main-d'œuvre, la cartographie, l'imprimerie, etc. Ces services doivent être programmés de manière à être disponibles lorsque le besoin s'en fait sentir, à utiliser le personnel au mieux et à éviter les dépenses inutiles.

· Les fournitures et matériaux nécessaires doivent être obtenus. Des autorisations peuvent être requises pour l'établissement de cartes ou la prise de photographies aériennes ou de photographies par satellite. Il faut aussi un certain temps pour se procurer des articles plus communs mais tout aussi essentiels comme papeterie et pièces de rechange pour moteurs.

· Les services dé formation, les voyages, les réunions d'examen et les services de consultants doivent être programmés des mois à l'avance.

FIGURE 5 Exemple d'échelonnement des travaux prévus dans le cadre du projet au moyen d'un graphique à bâtons

TABLEAU 1
Exemple de tableau de planification

Plan d'utilisation des terres dans le district de Sen Gong

Etape de la planification

Tâche

Ressources

Responsabilité

Date d'achèvement

1. Première réunion

Identification des participants

Directeur, décideur

J. Cruz

01/09/87

Compilation des documents disponibles

Bibliothèque de l'agence, plan quinquennal, base de données nationales

E.J. Evans

15/09/87

Organisation des locaux, du personnel d'appui, des transports

Service administratif, service auto

M. Wong

30/09/87

3. Analyse des problèmes et des possibilités

Etablissement des questionnaires

Statisticien régional, consultant sur la participation du public

S. Moe (avec J.E. Hoover)

01/02/88

3.1. Exposés des problèmes

Identifier et interviewer les principaux intéressés

Liste des personnes à contacter, formulaires d'entrevue, véhicule de l'équipe, assistant local

T.F. Guy

20/03/88

Préparer les énoncés des problèmes

Données recueillies lors des entrevues

T.F. Guy
S. Moe

01/04/88

3.2. Identifier les options concernant les changements possibles

Fixer les points repères

Recensement des ressources de la terre (1985), agronome de district, véhicule de l'équipe

S. Moe
(avec M. Wong

05/05/88 3)

Résumer les réglementations

Code des règles de l'agence, assistant juridique

F. Sims

30/05/88


La disponibilité de personnel qualifié est souvent la plus grave contrainte. Il faut, à ce stade, faire preuve de discernement pour identifier les besoins spécifiques du projet, décider de quoi l'on peut se passer et déterminer quelles sont les activités et les informations nécessaires.

Comment procéder

Premièrement, il convient d'énumérer les principales tâches et activités de planification à mener à bien. Pour chaque tâche, indiquer ce qu'il faut faire et le personnel qualifié et les autres ressources nécessaires.

Il faut ensuite identifier les personnes et les organisations qui seront chargées de chaque tâche et toutes celles qui y contribueront. L'une des priorités sera d'établir une liste de contrôle des tâches et des responsabilités. Chacun doit savoir ce que l'on attend de lui et de qui il relève.

Spécifier le temps nécessaire pour mener chaque tâche à bien, quelles tâches doivent être achevées avant que d'autres puissent être entreprises et les délais à respecter.

Allouer les ressources financières et l'équipement. Etablir des budgets pour chaque activité et énumérer les ressources (par exemple moyens de transport, équipement) qui seront nécessaires.

La présentation la plus simple, pour le plan de travail, est un tableau comme celui figurant page 22. Le tableau pourra être étoffé de façon à y indiquer la localisation des activités, les matériaux nécessaires, les délais, les crédits budgétaires et des détails sur les résultats comme rapports et cartes.

FIGURE 6 Exemple de graphique suivant la méthode du chemin critique

Note: La date indiquée en haut est celle avant laquelle une lâche ne peut pas être entreprise, et celle indiquée en bas est celle avant laquelle elle ne pourra pas être achevée.
Un graphique à bâtons permet de faire apparaître clairement le plan de travail (figure 5). En coloriant les bâtons à mesure que chacune des étapes du travail est achevée, l'on peut montrer si les travaux se déroulent conformément aux délais prévus.

Si le projet est vaste et complexe, l'on peut élaborer un graphique suivant la méthode du chemin critique (figure 6), qui indique chaque activité qui doit être achevée avant qu'une autre puisse être mise en route. Un tel graphique appelle l'attention sur les activités les plus importantes qui, si elles subissent des retards, risquent de ralentir l'exécution de l'ensemble du projet.

Toutefois, il faut que les projets de planification de l'utilisation des terres puissent évoluer. Il n'est pas possible de prévoir et de programmer à l'avance toutes les activités, sauf lorsque l'on a à faire à plusieurs organismes indépendants ayant des charges de travail différentes. Il n'y a pas lieu de procéder à une analyse par la méthode du chemin critique pour un projet de planification devant évoluer et s'étendre sur plusieurs années, mais il doit être utile d'établir un plan de travail de ce genre pour chaque étape du processus.

LISTE DE CONTRÔLE

Etape 2

ORGANISATION DU TRAVAIL

Responsabilité: chef de l'équipe de planification et administrateur

Enumérer les tâches et les activités à accomplir. Pour chaque tâche:

- identifier les personnes et les organismes responsables, ou devant y contribuer;
- indiquer les ressources nécessaires;
- estimer les délais à prévoir.
Décider quelles tâches doivent être achevées avant que d'autres puissent être commencées.

Elaborer un plan de travail pour l'ensemble du projet (tableau, graphique à bâtons ou analyse selon la méthode du chemin critique).

Elaborer des plans de travail personnels individuels.

Allouer les ressources financières et l'équipement.

Prendre les dispositions administratives et logistiques voulues, par exemple:

- Obtenir les autorisations nécessaires pour le personnel et l'équipement, par exemple pour l'achat et l'utilisation de cartes, de photographies aériennes et d'ordinateurs.

- Etablir un budget pour les dépenses de personnel, de matériel et de transport.

- Prévoir.

· les moyens de transport (véhicules, pièces de rechange, carburant, entretien);
· l'équipement;
· les locaux à usage de bureaux.
- Prévoir et coordonner l'appui technique:
· apports d'autres organismes;
· assistance sur le terrain;
· laboratoire;
· cartographie;
· services de secrétariat.
- Tenir compte de la saison des pluies ou de la saison chaude, des jours fériés au plan national et local, des imprévus et de l'itération des étapes du processus de planification.

Etape 3. Analyse des problèmes

Les deux premières étapes portaient principalement sur les discussions initiales, la définition du champ d'application de l'opération de planification et la préparation de celle-ci, et l'étape 3 est la première qui touche aux aspects techniques détaillés de la planification de l'utilisation des terres. Cette étape est importante. Premièrement, il faut analyser la situation existante en ce qui concerne l'utilisation des terres et la comparer aux objectifs de développement; à cette fin, il faut identifier les unités de terres et les systèmes d'utilisation des terres. Il faut ensuite identifier les problèmes que posent les utilisations actuelles des terres et déterminer leur nature et leur gravité. Enfin, il faut analyser les causes de ces problèmes.

La situation existante

Lors de l'étape 1, l'on a rassemblé certains faits de base concernant la zone. Il faut maintenant collecter des informations beaucoup plus détaillées sur la situation existante, et ces informations constitueront la base factuelle de toutes les étapes ultérieures, jusqu'à celle de l'exécution. Une bonne part de ces informations devrait être reportée sur des cartes.

Comme les données concernant les structures administratives, le cadre juridique et les organisations intéressées sont censées avoir été rassemblées pendant l'étape 1, les informations maintenant nécessaires portent notamment sur les points suivants:

· Population. Analyser les effectifs, la structure par âge et par sexe, les tendances démographiques et la répartition de la population. Reporter ces données - villes, villages et peuplements ruraux dispersés - sur la carte de base.

· Ressources en terres. Obtenir, compiler ou, en cas de besoin, étudier les données concernant les terres en rapport avec l'opération de planification. Les données pourront porter, entre autres, sur les formes de relief, le climat, les régions agroclimatiques, la pédologie, la végétation, les pâturages, les forêts et la faune et la flore sauvages. (Voir Etudes des ressources naturelles, p. 78.)

· Emploi et revenu. Résumer les données disponibles par région, par âge et par groupes sociaux et ethniques.

· Utilisation actuelle des terres. Les informations existantes seront souvent dépassées ou peu fiables. Etablir une carte à jour de l'utilisation des terres. Cela sera essentiel pour identifier les changements à apporter.

· Production et tendances. Rassembler des données sur la production et présenter sous forme de graphique les tendances de la production et les projections économiques pour la période couverte par le plan. Dans toute la mesure possible, ces informations devront se présenter sous forme de données quantitatives.

· Infrastructure. Indiquer les routes, les marchés et les centres de service sur la carte de base.

La plupart de ces informations pourront être tirées de sources existantes, complétées par des tournées de reconnaissance sur le terrain pour vérifier dans quelle mesure ces informations sont à jour et fiables. Les lacunes les plus graves devront être comblées par des méthodes d'évaluation rurale rapide, de télédétection et d'études sur le terrain, ainsi qu'en parlant avec tous ceux qui connaissent bien le secteur, par exemple le personnel des services de vulgarisation agricole ou forestière.

Les unités de terres et les systèmes d'utilisation des terres. Pour analyser la situation actuelle, il faudra décomposer la zone en unités de terres, c'est-à-dire en superficie de terres qui sont relativement homogènes pour ce qui est du climat, des formes de relief, de la pédologie et de la végétation. Chaque unité de terres présente des problèmes et des possibilités semblables et réagira de la même façon à une gestion déterminée.

Les unités de terres appropriées au niveau national pourront être des régions agroclimatiques; au niveau des districts, des systèmes de terres; et, au niveau local, des éléments du système des terres, des séries pédologiques ou d'autres unités cartographiques des sols.

Il faut ensuite identifier les systèmes d'utilisation des terres les plus communs, les régions caractérisées par une utilisation des terres et une économie semblables. Il pourra s'agir de systèmes d'exploitation ou bien de systèmes basés sur la foresterie. Les systèmes d'utilisation des terres sont souvent définis en termes de cultures dominantes, par exemple un système maïs-tabac. D'autres critères communément appliqués pour différencier les systèmes d'utilisation des terres à l'intérieur d'une unité de terres sont les grandes et les petites exploitations, ou les exploitations avec et sans bétail.

Concrètement, une difficulté est que ni les unités de terres, ni les systèmes d'utilisation des terres ne correspondront aux unités administratives pour lesquelles des données économiques et démographiques sont généralement disponibles et sur la base desquelles sont prises nombre de décisions en matière de planification. Il n'y a pas de solution aisée à ce problème. Les planificateurs doivent travailler avec des unités de terres, des systèmes d'utilisation des terres et des unités administratives simultanément.

ILLUSTRATION 3 Une réunion de village. En rencontrant sur place les représentants des populations intéressées, le planificateur peut se représenter les problèmes du point de vue des populations locales. En outre, de telles réunions font savoir aux habitants de la localité que des changements sont envisagés. Il faut consulter les agriculteurs et les autres utilisateurs de la terre et s'enquérir de leurs vues dès les premières étapes de la préparation du plan et jusqu'à la fin de son exécution. S'ils ne l'acceptent pas volontiers et s'ils ne lui apportent pas leur concours, aucun plan ne peut réussir

TABLEAU 2
Problèmes d'utilisation des terres: symptômes et causes

SYMPTÔMES DES PROBLÈMES D'UTILISATION DES TERRES

Exode rural
Faiblesse des revenus ruraux
Manque de possibilités d'emploi
Carences sur les plans de la santé et de la nutrition
Insuffisance de la production de subsistance
Pénurie de combustible et de bois d'œuvre
Pénurie de pâturages
Faiblesse et variabilité des rendements
Abandon des terres agricoles
Empiétement sur les forêts et les réserves de faune et de flore sauvages
Conflits entre l'agriculture, l'élevage et les utilisations non agricoles
Dégradation visible des terres, par exemple érosion des terres arables, envasement des basses terres, dégradation des bois, salinisation due à l'irrigation, inondations

CAUSES PROFONDES DES PROBLÈMES D'UTILISATION DES TERRES

Problèmes sociaux
Pression démographique sur les ressources en terres
Répartition inégale des terres, du capital et des possibilités
Restrictions concernant la propriété et le régime foncier

Contraintes et risques naturels
Insuffisance de l'approvisionnement en eau et des systèmes de distribution
Relief irrégulier
Sols exposés à la sécheresse
Drainage insuffisant
Maladies

Manque de correspondance entre les utilisations et les aptitudes des terres
Maîtrise insuffisante des eaux
Abattage d'arbres sur des coteaux escarpés
Carence des pratiques de conservation des sols
Périodes de jachère insuffisantes

Problèmes d'aménagement rural connexes
Pénurie d'énergie
Manque d'engrais et de pesticides
Manque de marchés, structure peu satisfaisante des prix
Manque de financement
Insuffisance des moyens de transport
Manque d'appui technique


Problèmes posés par l'utilisation des terres

Pour définir un problème, il faut établir quelle est la situation actuelle, déterminer à quels égards elle n'est pas satisfaisante et voir comment elle pourrait être améliorée. Lors qu'il ne s'agit pas de planifier de nouveaux peuplements sur des terres vierges, cette étape du diagnostic des problèmes revêt la plus haute importance. Si les problèmes ne sont pas identifiés et si leurs causes ne sont pas analysées, l'on ne peut pas établir un plan en vue d'améliorer la situation. Trois méthodes étroitement interdépendantes, qui peuvent toutes être utilisées à ce stade, sont les analyses des systèmes d'exploitation, la méthode «diagnostic et remède» et la méthode de l'évaluation rurale rapide (voir Analyse des systèmes d'utilisation des terres).

Essentiellement, la méthode d'étude sur le terrain peut être résumée comme suit:

· parler aux gens;
· regarder la terre.
Par «gens», l'on entend les agriculteurs et les autres utilisateurs des terres, les notables locaux, les agents des services de vulgarisation et le personnel des organismes qui opèrent dans la région. Lorsque le temps le permet, il convient d'organiser une série d'entrevues avec des agriculteurs représentant chaque système d'utilisation des terres. Le tableau 2 donne quelques exemples des problèmes que peuvent poser les systèmes d'utilisation des terres. Il conviendra d'identifier ceux qui sont considérés comme les plus importants - par les agriculteurs, par les organismes locaux et par l'équipe de planification.

Il conviendra simultanément de diagnostiquer les causes des problèmes identifiés. Par exemple, un problème de pénurie de fourrage peut être causé par l'empiétement des cultures sur les pâturages, alors que ceux-ci ne sont pas utilisés en rotation et/ou que le nombre d'animaux par unité de pâturages n'est pas limité. Il peut aussi y avoir des effets indirects: une pénurie de main-d'œuvre au niveau des exploitations pendant une période critique peut être aggravée par le fait que les femmes doivent aller fort loin chercher du bois de feu ou de l'eau.

Les entrevues doivent être complétées par une observation sur le terrain. Il conviendra de demander à visiter les exploitations et de parcourir la zone. Cela fera apparaître des problèmes physiques comme l'érosion des sols, le surpacage et la dégradation des forêts.

En prenant l'utilisation actuelle des terres comme donnée, poser les questions suivantes:

· Comment la terre est-elle gérée à l'heure actuelle?
· Que se passera-t-il si la terre continue d'être gérée comme maintenant?
· Pourquoi les choses sont-elles ce qu'elles sont? Représentent-elles le meilleur système d'utilisation des terres possible ou sont-elles le reflet de traditions, d'un manque de main-d'œuvre ou de capital, de la nécessité de produire des denrées alimentaires de première nécessité, d'un manque de liquidités, de la nécessité de réserver du temps à des activités communautaires ou aux loisirs, d'un désir de conserver la propriété foncière, d'un manque de compétences ou de connaissances techniques ou d'une mauvaise planification?
ILLUSTRATION 4 La pénurie de bois de feu: exemple simplifié de l'énoncé d'un problème
Le problème. Une grave pénurie de bois de feu affecte les petites exploitations de cette unité de terres. Les femmes passent chaque jour de nombreuses heures à ramasser et à transporter du bois. Il ressort des études faites que le couvert arboré a diminué d'un tiers au cours des cinq dernières années.

Causes. La pénurie est due à une augmentation de la demande causée par une population croissante qui a entraîné un abattage prolongé de bois naturels. Il n'existe pas de programme de vulgarisation pour apprendre à la population comment planter des arbres.

Possibilités de changement. Il existe deux possibilités d'améliorer cette situation: i) organiser des plantations de bois de feu gérées par les communautés locales sur le bas des collines voisines; ii) planter des arbres sur les exploitations en utilisant des technologies agroforestières comme les plantations en lisière.

FIGURE 7 Modèle simple des rapports de cause à effet dans une situation déterminée d'utilisation des terres, avec identification des points ou une intervention peut être possible

Grouper les problèmes qui semblent liés. Essayer de distinguer entre les symptômes et les causes profondes. Par exemple, la cause directe d'une pénurie alimentaire peut être une baisse des rendements, laquelle est le résultat d'une culture sans jachère, situation qui est causée par une pénurie de terres jointe à une population de plus en plus nombreuse.

Parfois, les problèmes peuvent être présentés sous forme de modèles. Les modèles peuvent aller de couplages entre causes et effets (figure 7) à des simulations quantitatives ou à des modèles économiques. Les modèles aident à faire apparaître les couplages qui existent dans le système d'utilisation des terres et peuvent permettre d'identifier plus facilement des possibilités de changement (voir Analyses des systèmes, et Etablissement de modèles,).

Il faudra isoler les problèmes qui peuvent être résolus au moyen d'une planification de l'utilisation des terres au niveau local de ceux qui ne se prêtent pas à une telle solution. Par exemple, il n'y aurait aucun sens à encourager la production d'une culture d'exportation volumineuse s'il n'existe pas de route menant jusqu'à la côte.

Enoncés des problèmes

Cette étape peut être résumée par une série d'énoncés des problèmes indiquant, pour chacun d'eux:

· sa nature et sa gravité dans le contexte des unités de terres et des systèmes d'utilisation des terres;

· ses effets à court terme et à long terme;

· ses causes: physiques, économiques et sociales.

LISTE DE CONTRÔLE

Etape 3

ANALYSE DES PROBLÈMES

Responsabilité: équipe de planification

Rassembler des données sur la situation existante; dans toute la mesure possible, compiler des cartes:

- population;
- ressources en terres;
- emploi et revenu;
- utilisation actuelle des terres;
- production et tendances;
- infrastructure.
Sources: cartes, photographies prises par satellite, photographies aériennes, recensements, archives des départements. Vérifier sur place si les sources sont fiables et à jour.

Identifier et présenter sur des cartes:

- les unités de terres;
- les systèmes d'utilisation des terres.
Identifier les problèmes d'utilisation des terres:
- nature, gravité, unités de terres et systèmes d'utilisation de terres affectés;
- analyse des causes.
Méthodes: entrevues avec des utilisateurs des terres, les notables locaux, les agents des services de vulgarisation et le personnel des Organismes opérant dans le secteur; reconnaissance sur le terrain.

Préparer des énoncés des problèmes.


Etape 4. Identification des possibilités de changement

Maintenant que les problèmes auxquels il faut s'attaquer sont connus, l'étape suivante consistera à étudier ce que l'on peut faire pour les résoudre ou les atténuer. Il faut pour cela une interaction entre l'équipe de planification qui mettra au point et présentera les différentes possibilités de changement, les utilisateurs des terres qui commenteront ces possibilités et qui offriront peut-être leurs propres solutions, et les décideurs qui choisiront quelles sont les options qu'il convient d'analyser plus avant.

Il faudra tout d'abord rechercher différentes solutions puis sélectionner celles qui semblent les plus prometteuses. Toutes les solutions raisonnables doivent être prises en considération pendant l'étape 4 car, à mesure que l'opération de planification avance, il devient de plus en plus difficile d'explorer des orientations nouvelles. Il importe que les utilisateurs des terres, les planificateurs et les décideurs parviennent à un consensus sur les priorités, et il faut pour cela à la fois une participation du public et de larges discussions au niveau des pouvoirs publics.

Possibilités

Pour planifier, il faut rechercher et évaluer les possibilités d'éliminer l'écart entre la situation actuelle et les objectifs. Les possibilités se trouvent dans les ressources humaines et les ressources en terres inexploitées, les technologies nouvelles et les circonstances économiques ou politiques.

Les populations offrent des occasions sous forme de main-d'œuvre, de compétences et de culture, et elles offrent en particulier une aptitude à s'adapter au changement et à survivre à l'adversité. L'on pourra favoriser une coopération au niveau local en encourageant les différents groupes d'utilisateurs de la terre, ainsi que les groupements d'achat et de producteurs, à participer au processus de planification.

Encadré 7
Identification des options pour résoudre un problème

Situation existante*: Pénurie alimentaire chronique, accélération de la dégradation des pâturages.

Spécification pour une amélioration de l'utilisation des terres: accroître les revenus ruraux, arrêter la dégradation des terres.

Options

· Options autres qu'une planification de l'utilisation des terres: émigration ou, à long terme, limitation des naissances.

· Une politique de passivité signifie une accélération de la dégradation des terres et une dépendance accrue à l'égard de l'aide alimentaire. Cette option est donc rejetée.

· Une augmentation durable de la production pourrait être rendue possible:

- en limitant le nombre de têtes de bétail et en instituant un système de rotation des pâturages pour permettre aux herbages de se reconstituer;

- en combinant une gestion des pâturages et une amélioration de la production de fourrage grâce à une fumure en surface, à un réensemencement et à des mesures physiques de conservation des sols de nature à accroître l'infiltration des précipitations;

- en dispensant au bétail une alimentation supplémentaire pendant les périodes critiques, au moyen soit de fourrage importé, soit de fourrage conservé d'origine locale provenant de cultures irriguées.

· Ces mesures ne portent que sur le problème posé par l'alimentation des animaux. Il faudra trouver des solutions de nature à atténuer les pénuries de combustibles et de vivres. Il faudra par conséquent envisager:
- une diversification de l'utilisation des terres en combinant l'élevage, les cultures et éventuellement la production de bois de feu, par exemple dans le cadre de systèmes agroforestiers.
Pour que ces options puissent être appliquées, il faudra réformer le régime foncier et le système des droits de pacage d'une façon qui soit acceptable pour la communauté dans son ensemble.

* Situation d'utilisation des terres illustrée à la figure 7.


La terre peut faire partie de régions sous-développées ou comporter des ressources inexploitées comme énergie hydraulique, ressources minérales exploitables, paysage ou faune et flore sauvages. Par sa situation géographique, la zone visée par le plan peut comporter des avantages sur le plan commercial ou sur celui de la défense. Presque toujours, la terre, si l'on investit suffisamment dans son aménagement, permet d'obtenir une production accrue ou plus diversifiée.

De nouvelles cultures et de nouvelles utilisations des terres peuvent être possibles. Il se peut que les circonstances aient changé à tel point, par exemple par suite de l'accroissement démographique, qu'il n'est plus possible de résoudre les problèmes qui se posent en se bornant à améliorer les utilisations existantes des terres. Il se peut qu'une utilisation tout à fait nouvelle s'impose, par exemple un système d'irrigation.

Les technologies améliorées - par exemple les engrais, les pesticides, les pratiques améliorées de drainage ou d'irrigation, de nouvelles modalités de traitement ou d'entreposage des produits, des variétés et races améliorées - peuvent transformer le potentiel productif de la terre. Les services de recherche et de vulgarisation jouent des rôles clef s dans la mise au point, l'adaptation et l'introduction de technologies nouvelles.

Les possibilités économiques comprennent les nouvelles sources de capitaux, de nouveaux marchés ou des débouchés améliorés, une modification de la structure des prix, l'amélioration des services de transport et des communications. Souvent, les prix relatifs des intrants et des extrants font qu'il est difficile, voire impossible, d'appliquer des technologies améliorées à la terre.

L'action du gouvernement peut également créer des possibilités, par exemple s'il réforme le régime fiscal et les structures administratives ou s'il adopte les politiques appropriées en matière fiscale et en matière de prix, de subventions et d'investissement.

A ce stade, les possibilités envisagées n'ont pas à être définies très en détail mais doivent être larges de manière à englober toutes celles qui semblent réalistes.

Les options de changement

II y a habituellement plus d'une façon de s'attaquer à un problème. Il peut être nécessaire de mettre au point différentes solutions pour tenir dûment compte des intérêts de groupes concurrents et pour constituer une base de négociations. Le plan finalement accepté pourra comprendre des aspects de plus d'une option.

Les options identifiées à ce stade dépendront des objectifs, de la stratégie mise en œuvre pour atteindre ces objectifs, des possibilités et des problèmes que posent les populations et la terre et des ressources financières et autres disponibles. Par exemple, des problèmes de production alimentaire appelleront une action de caractère agricole ou économique; les possibilités touristiques dépendront des moyens qui existent d'attirer et de loger les touristes.

Les options peuvent être décrites en termes de moyens:

· Options autres qu'une planification de l'utilisation des terres. Dans l'exemple illustre à la figure 7, la politique démographique et l'aide alimentaire sortent du champ d'application d'une planification de l'utilisation des terres.

· Allocations des utilisations des terres. Les types d'utilisation des terres sont alloués à des secteurs de terres spécifiques, par exemple l'agriculture irriguée aux basses terres, la foresterie sur les coteaux escarpés et les rives de cours d'eau protégés. Cette option est souvent utilisée dans le cas de nouveaux plans de peuplement, mais est plus difficile à appliquer lorsque la terre est déjà occupée.

· Nouvelles utilisations des terres. L'on introduit un changement total sous forme de nouveaux types d'utilisation des terres qui n'existaient pas précédemment dans la région, par exemple l'irrigation.

· Amélioration des types d'utilisation des terres. L'on améliore les systèmes d'exploitation existants ou les autres types d'utilisation des terres afin de les rendre plus productifs ou plus durables. Les améliorations doivent être introduites par le biais des services de vulgarisation, souvent combinés à une amélioration de l'infrastructure et des services (par exemple des approvisionnements en intrants). Cette option découle directement de l'analyse des problèmes. Elle constitue l'un des principaux moyens d'introduire des changements dans des secteurs déjà peuplés.

· Nonnes. Les normes peuvent consister en directives ou en limites. Par exemple, les normes de conservation peuvent spécifier: «Pas de cultures à moins de 40 m des cours d'eau ou sur des pentes de plus de 12°», tandis que les limites imposées pour la protection de la vie humaine et des biens peuvent spécifier: «Pas de logements ou d'établissements industriels dans les zones désignées comme étant exposées aux inondations ou aux glissements de terrain». Les normes de ce genre, toutefois, sont difficiles à appliquer si les problèmes qui ont conduit à les violer ne sont pas d'abord éliminés. D'autres normes concernent l'aménagement des terres, par exemple la construction de terrasses, l'utilisation d'engrais ou le drainage. Les taux d'intérêt perçus sur les prêts à l'amélioration des exploitations agricoles peuvent être limités, par exemple, à 5 pour cent. Lors des évaluations ultérieures des terres, ces normes de gestion sont incorporées aux types d'utilisation des terres qui ont été définis.

Procédures

II n'existe pas de procédure prédéterminée pour la sélection des options de changement. Certaines démarches seront suggérées par les agriculteurs, d'autres par le personnel des services de vulgarisation ou par ceux qui s'intéressent à la région, tandis que les planificateurs, sur la base des informations recueillies lors de l'étape 3, pourront en proposer d'autres encore. L'essentiel est de tenir informées toutes les personnes intéressées et de s'enquérir de leurs vues. A cette fin, l'on pourra s'inspirer des directives suivantes:

· Centrer l'attention sur les questions qui peuvent faire l'objet d'une action dans le cadre du plan. Il se peut que certaines décisions aient déjà été prises à un niveau de planification plus élevé. Par exemple, il a peut-être été décidé au niveau national de construire une route à travers la zone visée par le plan. Le choix à faire au niveau local porte sur son tracé et sur la façon dont la route pourra desservir au mieux les peuplements existants ou prévus.

· Envisager différentes stratégies d'utilisation des terres. Généralement, aucune des stratégies ci-après ne sera mise en œuvre à l'exclusion des autres. Elles représentent des extrêmes et doivent être conçues comme une base d'analyse et de comparaison entre différentes démarches possibles.

- Pas de changement. Maintenir les systèmes actuels d'utilisation des terres. Comme des problèmes se posent, il est peu probable que cette option sera adoptée, mais il sera utile d'analyser ses conséquences pour déterminer si les améliorations suggérées sont réellement préférables.

- Production maximale. Cette option peut s'appliquer à tous les produits, à des produits sélectionnés (par exemple les cultures vivrières), viser à réaliser un bénéfice financier maximal ou à subvenir aux besoins d'une proportion aussi grande que possible des personnes qui vivent sur les terres.

- Investissement public minimal. Il s'agira d'introduire des améliorations qui profiteront aux populations en réduisant au minimum les investissements à prélever sur des ressources limitées.

- Conservation maximale. Une production maximale à court terme peut se traduire par une accélération de l'érosion ou de la pollution. L'autre alternative, à savoir une conservation maximale, peut être coûteuse ou impliquer une production moindre.

- Equité maximale. Dans ce cas, l'on essaie délibérément d'apporter des avantages accrus aux secteurs les plus pauvres de la communauté ou à des groupes minoritaires.

· Identifier une série de solutions possibles. Les options peuvent être regroupées autour de plusieurs thèmes. Le planificateur doit trouver le thème qui correspond le mieux aux objectifs fixés et à la zone visée par le plan. Encore une fois, il faudra arbitrer entre des extrêmes.
- Types de production. Quels types de production convient-il d'encourager: commercial, de subsistance, ou les deux à la fois? Comment les terres et les ressources doivent-elles être allouées entre les différents types de production?

- Production ou conservation? Il faut souvent, à court terme, faire un choix entre ces deux options. Les normes, et par conséquent l'allocation des terres aux différentes utilisations, peuvent être différentes dans les deux cas. Par exemple, la pente maximale admissible pour des terres cultivées peut être de 20° pour l'option «production» et de 8° pour l'option «conservation».

- Autosuffisance ou investissement extérieur? Une option mettant l'accent sur l'autosuffisance serait basée sur les récoltes traditionnelles, les technologies intermédiaires et les crédits locaux. Une option axée vers une assistance de l'extérieur pourrait introduire des technologies plus perfectionnées, peut-être de nouvelles cultures, et un financement extérieur.

Il conviendra d'identifier une large gamme de solutions possibles de nature à répondre à chacune des exigences qui existent dans la zone visée par le plan. Par exemple, si la pénurie de bois de feu constitue un problème, toutes les terres qui ne sont pas déjà cultivées devront être plantées d'arbres, même si elles servent pour une large part de pâturages et si ceux-ci ne sont déjà pas suffisants. A défaut, l'on pourrait importer du combustible, si cela est possible, sans prévoir un changement quelconque en ce qui concerne la production de bois de feu.

· Définir des options comprises entre les extrêmes. Il convient en effet d'identifier des options qui aient réalistement des chances d'être appliquées. Il faudra modérer la gamme maximale d'options en tenant compte des impératifs sociaux, des contraintes budgétaires et administratives, des exigences représentées par les utilisations concurrentes des terres et des aptitudes des terres, telles qu'elles auront été évaluées. Ainsi, pour résoudre les problèmes que posent le bois de feu et les pâturages, le planificateur pourra suggérer trois options: allouer 20 pour cent de la zone à des plantations d'arbres, conserver 30 pour cent de la zone sous forme de pâturages et importer du combustible pour couvrir le reste des besoins; couvrir la demande de bois de feu en allouant 30 pour cent de la zone à des plantations d'arbres en réduisant la superficie des pâturages; ou ajouter à la deuxième option, parallèlement, un effort de promotion de l'élevage intensif pour compenser la réduction de la superficie des pâturages. Des utilisations compatibles des terres peuvent être combinées pour satisfaire plusieurs types de demandes. Par exemple, l'on peut élaborer des méthodes de foresterie à usages multiples combinant des éléments de production de bois, de protection des bassins versants et de la faune et de la flore sauvages et de loisirs. Il existe en agroforesterie des techniques qui permettent de produire du bois de feu ou du fourrage et des cultures vivrières sur la même terre, ou qui combinent des objectifs de conservation des sols et de production.
A la fin de l'étape 4, l'on aura identifié les types d'utilisation des terres qui semblent les plus prometteurs et on les aura présentés sous une forme indiquant les résultats qu'ils doivent permettre d'obtenir, par exemple «une exploitation intégrée combinant cultures et élevage afin d'accroître la production de l'élevage et de stabiliser la perte de sols». A ce stade, cependant, les informations disponibles quant aux besoins et au potentiel de ces types d'utilisation des terres demeurent très incomplètes. Les résultats des étapes 5 et 6 montreront peut-être que des options qui semblaient prometteuses ne sont pas viables, ce qui conduira à reconsidérer les possibilités envisagées lors de l'étape 4.

Discussion avec le public et les pouvoirs publics des problèmes et des possibilités

Les décideurs doivent maintenant s'acquitter d'une nouvelle responsabilité: l'équipe de planification prépare les énoncés des problèmes (étape 3) et les possibilités de changement en les présentant d'une façon qui se prête à une discussion avec le public et les pouvoirs publics, c'est-à-dire sous forme de résumés clairs et concis mais comportant tous les éléments détaillés devant faire l'objet d'un examen. Les options sont exposées aux représentants des populations locales, aux autorités et aux autres organismes intéressés.

Essentiellement, la décision doit porter sur la question de savoir si, compte tenu des travaux réalisés jusqu'à présent, les objectifs initialement fixés continuent de paraître réalistes. Si tel est le cas, il faut maintenant faire deux choix: quels sont les problèmes auxquels il faut accorder la priorité; et quelles sont les possibilités les plus prometteuses qui méritent d'être étudiées plus avant. Enfin, le décideur peut appeler l'attention sur les mesures à prendre à d'autres niveaux de la planification de l'utilisation des terres (par exemple au niveau national, sur la base du plan élaboré au niveau du district) et sur les mesures qu'il conviendrait de prendre en dehors du champ d'application du plan d'utilisation des terres.

Une fois ces décisions prises, il faudra spécifier les objectifs vers lesquels devront tendre les travaux ultérieurs. Il pourra maintenant être nécessaire de répéter en partie l'étape 2 en programmant les travaux qui restent à accomplir avec plus de précision qu'auparavant. Si besoin est, il faudra établir un nouveau budget et un nouveau calendrier, ou réviser ceux qui ont déjà été établis.

LISTE DE CONTRÔLE

Etape 4

IDENTIFICATION DES POSSIBILITÉS DE CHANGEMENT

Responsabilité: équipe de planification

Sur la base des objectifs fixés pendant l'étape 1 et des énoncés des problèmes préparés pendant l'étape 3, isoler les problèmes pour lesquels il faudra chercher des solutions autres qu'une planification de l'utilisation des terres. Etablir, pour résoudre chaque problème, une série d'options en termes de:

- possibilités: populations, ressources en terres, technologies améliorées, mesures économiques, action des pouvoirs publics;

- stratégies d'utilisation des terres: changement, production maximale, investissement minimal, conservation maximale, équité maximale;

- types de production, rôle de la conservation, autosuffisance par opposition à investissement extérieur.

Elaborer des options réalistes répondant aussi étroitement que possible aux critères de production, de conservation et de durabilité et de nature à minimiser les conflits d'utilisations des terres.

Préparer pour chaque option un projet de budget et de calendrier.

Présenter les énoncés des problèmes (étape 3) et les possibilités de changement sous une forme qui se prête à une discussion avec le public et les pouvoirs publics.

Responsabilité: décideurs

Déterminer si les objectifs sont réalisables.

Sélectionner les problèmes prioritaires.

Choisir les possibilités les plus prometteuses en vue d'une étude de faisabilité; spécifier les objectifs.

Spécifier les mesures à prendre à d'autres niveaux de la planification.


Etape 5. Evaluation de l'aptitude des terres

Cette étape constitue l'élément central de la procédure d'évaluation des terres. Celle-ci a pour but de répondre aux questions suivantes:

· Quelles sont les terres qui se prêtent le mieux à tel ou tel type d'utilisation?
· A quel type d'utilisation telle ou telle terre se prête-t-elle le mieux?
Les procédures systématiques d'évaluation sont exposées dans le Cadre pour l'évaluation des terres (FAO, 1976), et des procédures plus détaillées sont indiquées dans les directives d'évaluation des terres pour l'agriculture pluviale, l'agriculture irriguée, la foresterie et le pâturage extensif (voir Evaluation des terres, p. 81). En quelques mots, l'opération consiste à:
· décrire les types d'utilisation des terres les plus prometteurs;

· pour chaque type d'utilisation des terres, déterminer les besoins, par exemple en eau et en éléments nutritifs, ou pour ce qui est d'éviter l'érosion;

· réaliser les études nécessaires pour établir une carte des unités de terres et décrire leurs propriétés physiques, par exemple climat, pentes, sols;

· comparer les besoins des types d'utilisation des terres et les propriétés des unités de terres pour parvenir à une classification de l'aptitude des terres.

Il n'est pas possible d'établir entre les terres un classement allant des «meilleures» aux «pires» sans tenir compte du type d'utilisation et de la gestion auxquels elles sont soumises, car chaque type d'utilisation a des tolérances ou des besoins spéciaux. Par exemple:

· Le riz a besoin de beaucoup d'eau et la plupart des variétés poussent le mieux les pieds dans l'eau; aucune autre céréale ne tolère la saturation pendant le cycle végétatif actif.

· Des moyens de transport efficaces jusqu'aux installations de traitement sont nécessaires pour le thé, la canne à sucre et l'huile de palme, mais ce n'est pas le cas de la plupart des cultures de subsistance.

· Lorsque l'exploitation est mécanisée, les pierres et les affleurements de roches constituent un facteur limitatif, mais une culture au moyen d'animaux de trait ou manuelle peut s'en accommoder.

Description des types d'utilisation des terres

Un type d'utilisation des terres est un type d'utilisation identifié par ses extrants et ses pratiques de gestion (tableau 3). Pour des études de reconnaissance au niveau national, des descriptions extrêmement générales peuvent suffire, par exemple «production de sorgho», «foresterie de conservation». Au niveau du district et au niveau local, toutefois, il faut spécifier l'utilisation plus en détail. Par exemple, la production de sorgho sera-t-elle mécanisée ou fera-t-elle appel à une traction animale? Des engrais seront-ils utilisés? Les forêts de conservation seront-elles gérées par le service national des eaux et forets ou par les communautés locales?

De telles descriptions ont une double utilité. Premièrement, elles servent de base à déterminer les besoins que suppose l'utilisation dont il s'agit. Deuxièmement, les spécifications concernant la gestion peuvent servir de base à l'organisation de services de vulgarisation et à la programmation des intrants nécessaires.

Les types d'utilisation des terres seront basés sur les améliorations prometteuses identifiées lors de l'étape 4. Elles pourront consister en modifications des utilisations existantes, par exemple s'il est proposé d'introduire une culture de fourrage, des plantations d'arbres ou des mesures de conservation des sols, ou en utilisations tout à fait nouvelles dans la région, par exemple s'il est suggéré d'introduire une nouvelle culture commerciale.

Sélection des qualités et des caractéristiques des terres

Les besoins des types d'utilisation des terres sont décrits par les qualités que la terre doit présenter en vue d'une production durable de ces utilisations. Une qualité de terre est un attribut complexe qui influe directement sur l'utilisation de la terre. Des exemples sont la disponibilité de l'eau ou d'éléments nutritifs, les conditions d'enracinement et les risques d'érosion (tableau 4). La plupart des qualités de la terre sont déterminées par l'interaction de plusieurs caractéristiques, qui sont des attributs mesurables de la terre. Par exemple, la qualité «disponibilité d'eau» dépend de l'équilibre entre la demande et l'approvisionnement. La demande est l'évaporation potentielle de la surface de la culture et du sol; l'approvisionnement dépend des précipitations, de l'infiltration, de l'eau retenue dans le sol et de la capacité de la culture d'extraire cette eau.

Dans le cas de la «disponibilité d'eau», l'on peut calculer des valeurs quantitatives fiables permettant de mesurer cette qualité de terre. Les besoins en eau d'une culture pérenne feuillue, comme la canne à sucre ou le caoutchouc, sont beaucoup plus grands que ceux d'une récolte dont la période végétative est courte, comme les haricots. Une capacité de rétention de l'eau dans le sol de 200 mm peut suffire dans une région humide, mais peut n'être pas suffisante lorsqu'il y a des sécheresses saisonnières. Il a été établi pour les principales cultures des modèles quantitatifs qui estiment les rendements des cultures en fonction de valeurs des qualités de la terre dans des intervalles définis.

TABLEAU 3
Exemple de description d'un type d'utilisation des terres

TITRE

Riziculture par de petits exploitants

PRODUCTION
Systèmes de commercialisation, rendements

Culture de subsistance, excédent vendu sur les marchés locaux. La paille sert à l'alimentation des animaux de trait. Rendement moyen: 2,6 t/ha. Lorsque l'eau n'est pas limitée, le rendement pendant la saison des pluies peut être de 4 t/ha et pendant la saison sèche de 5 t/ha

UNITÉS DE GESTION
Dimension, configuration, propriété

Lopins familiaux de 0,2 à 2 ha, généralement associés à des terres dans les collines d'une superficie pouvant atteindre jusqu'à 4 ha et se trouvant à 2 ou 3 km de distance

PRATIQUES DE CULTURE ET INTRANTS
Main-d'œuvre, compétence, énergie, variétés, semences, produits agrochimiques

Les besoins de main-d'œuvre varient entre 200 jours-homme/ha sans mécanisation et 150 jours-homme/ha avec l'usage d'un buffle ou d'un tracteur. Les champs en terrasses exigent une main-d'œuvre supplémentaire pour l'entretien des digues et des canaux

Besoins en énergie. Le labourage, le hersage et l'abattage peuvent se faire au moyen de tracteurs à deux roues; sinon, un buffle peut être utilisé pour la préparation de la terre, ou tout le travail peut être fait manuellement. L'usage d'un tracteur peut réduire le temps nécessaire au labour de 60 pour cent et l'intervalle total entre les récoltes de 30 pour cent

La préparation de la terre a pour but de lutter contre les mauvaises herbes, de créer un milieu physique propice à la germination et de réduire les pertes d'eau par infiltration. A cette fin, les champs sont labourés ou sarclés deux fois, puis hersés après inondation

Variétés recommandées. Les variétés sont sélectionnées localement en fonction des sites et des saisons. La période végétative doit être suffisamment longue pour couvrir la période d'inondation et pour permettre une culture et une récolte dans des conditions favorables

Les taux de plantation sont de 20 à 40 kg/ha, et les plants espacés de 20 x 20 à 25 x 25 cm, selon la capacité de tallage et la longueur des tiges

Les engrais nécessaires pour remplacer les éléments nutritifs absorbés par une culture de 4 t/ha sont de 60 kg de N et de 30 kg de P2O5

On lutte contre les mauvaises herbes en maintenant une profondeur d'eau suffisante et en désherbant à la main jusqu'à ce que le couvert de la culture soit total

Ravageurs et maladies. Des produits chimiques sont utilisés pour lutter contre la lèpre du riz et les térébrants. De bonnes pratiques de culture et des variétés résistantes sont utilisées pour lutter contre les autres maladies fongiques

CARACTÉRISTIQUES DES CULTURES

Le riz est cultivé sous forme de monoculture, à raison d'une ou deux récoltes par an. Les terres en jachère servent de pâturages aux buffles de trait et aux animaux domestiques

EAU

La plupart des cultures sont pluviales, l'eau étant conservée dans des champs plats entourés de diguettes. L'irrigation, au moyen de citernes ou d'un détournement de cours d'eau, permet une seconde récolte pendant la saison sèche


TABLEAU 4
Qualités des terres pour l'agriculture pluviale

Qualités des terres

Caractéristiques des terres qui mesurent la qualité

Disponibilité d'énergie

Durée de l'ensoleillement pendant la saison végétative, régime thermique

Disponibilité d'eau

Evaporation par opposition aux précipitations, à la teneur des sols en eau et aux conditions d'enracinement

Conditions de maturation

Période de journées successives sans précipitations avec un ensoleillement et une température spécifiés

Aléas climatiques

Fréquence des gelées, de la grêle ou des vents pouvant endommager les cultures pendant la période végétative

Oxygène disponible pour les racines

Capacité de drainage des sols, profondeur de la nappe d'eau souterraine

Disponibilité en éléments nutritifs

Taux d'éléments nutritifs, pH, teneur en matières organiques

Risque d'érosion

Risque d'érosion hydraulique et éolienne en fonction du couvert des sols, du degré et de la longueur de la pente et de la perméabilité des sols

Toxicité

Taux de Al, Fe solubles; pH


Lorsqu'il s'agit de mettre en œuvre un projet spécifique, il suffira de ne sélectionner qu'un nombre limité de qualités de la terre aux fins d'une évaluation. Les critères de sélection sont les suivants:

· La qualité doit avoir un effet substantiel soit sur les résultats, soit sur les coûts de la production. Certaines qualités affectent la plupart des types d'utilisation des sols: par exemple la «disponibilité d'eau»; d'autres sont plus spécifiques: par exemple les «conditions de maturation» affectent les récoltes céréalières mais pas le caoutchouc.

· II faut que la qualité présente des valeurs critiques dans la zone couverte par le plan. Si telle ou telle qualité est suffisante partout, il n'est pas nécessaire d'en tenir compte. Par exemple, la plupart des cultures tropicales sont sensibles à la gelée mais, dans la plupart des basses terres tropicales, il n'est pas nécessaire de tenir compte de la qualité «risque de gelée».

Après avoir sélectionné les qualités des terres pertinentes, il faut décider quelles sont les caractéristiques qui serviront à mesurer chacune d'elles. Par exemple, la qualité «risque d'érosion» exige de recueillir des informations sur l'intensité des précipitations, le degré de pente et les propriétés du sol. Il faut établir un compromis entre les caractéristiques qui définissent la qualité des terres avec le plus de précision et celles qui sont moins précises mais à propos desquelles les informations sont plus facilement disponibles. Nécessairement, le choix sera limité aux caractéristiques pour lesquelles des informations sont déjà disponibles ou pourront être rassemblées rapidement. Si l'on ne dispose pas d'informations au sujet d'une qualité de la terre critique, il faudra entreprendre des études ou des recherches.

Les évaluations des terres sont parfois faites directement en fonction des caractéristiques, c'est-à-dire en se basant sur les précipitations plutôt que sur la disponibilité d'eau ou sur le degré de pente plutôt que sur le risque d'érosion. Cette façon de procéder repose indirectement aussi sur les qualités de la terre, étant donné qu'en réalité les plantes n'ont pas besoin de précipitations mais d'eau (qui peut provenir, par exemple, d'une nappe phréatique peu profonde dans une zone aride).

Dans la pratique, des évaluations réalisées soigneusement sur la base des qualités ou des caractéristiques donnent des résultats très semblables.

Etablissement de cartes des unités de terres et de leurs caractéristiques

Lors de l'étape 3, l'on a identifié des unités de terres pour pouvoir diagnostiquer les problèmes. Il pourra maintenant être nécessaire d'établir une carte plus détaillée de ces unités, c'est-à-dire de diviser les systèmes de terres en éléments ou des unités cartographiques complexes des sols en séries pédologiques. Le critère applicable au choix des unités de terres est qu'elles doivent réagir à une gestion déterminée d'une façon relativement semblable au niveau auquel se situe l'étude.

TABLEAU 5
Structure de la classification d'aptitude des terres de la FAO

S

APTES

Terres sur lesquelles l'utilisation envisagée peut être continue et assure des avantages justifiant les intrants

S1

Aptitude élevée

Terres n'ayant pas de limitation sérieuse. Cette catégorie groupe les 20 à 30 pour cent des meilleures terres aptes dans la classe S1. Ces terres ne sont pas parfaites mais sont les meilleures que l'on puisse espérer

S2

Aptitude moyenne

Terres manifestement aptes mais présentant des limitations qui soit réduisent la productivité, soit augmenteraient les intrants nécessaires pour soutenir la productivité par rapport à ceux qu'exigeraient les terres de la classe S1

S3

Aptitude marginale

Terres présentant un ensemble de limitations si sérieuses que les avantages se trouveraient réduits et/ou les intrants nécessaires à soutenir la production se trouveraient augmentés dans des proportions telles que la dépense ne se justifierait plus que marginalement

N

INAPTES

Terres dont les qualités semblent interdire le type d'utilisation continue envisagé ou sur lesquelles les avantages ne justifieraient pas les intrants nécessaires

N1

Inaptitude actuelle

Terres ayant des limitations interdisant une utilisation continue qui ne peuvent pas être corrigées dans l'état actuel des connaissances à un prix acceptable

N2

Inaptitude permanente

Terres présentant des limitations interdisant une utilisation continue qui ne peuvent pas être corrigées

Exemples de classes de la troisième catégorie

S2e

Terres classées S2 par suite du risque d'érosion

S2w

Terres classées S2 par suite d'un manque d'eau

N2e

Terres classées N2 par suite du risque d'érosion

Note: II n'existe pas de système standard concernant la désignation des limitations par des lettres; dans toute la mesure possible, il conviendra d'utiliser une initiale en guise de rappel.
La question de savoir s'il faut maintenant, dans le cadre du plan d'utilisation des terres, entreprendre des études nouvelles dépendra des exigences du plan ainsi que du degré de détail et de la fiabilité des informations disponibles. Les études pédologiques, les études agroclimatiques, les recensements des forêts et les recensements des ressources en pâturages seront les principales sources d'information. Pour la planification au niveau national, des études de reconnaissance, à une échelle d'environ 1/250000, pourront suffire, tandis qu'au niveau des districts il faudra faire des études au moins semi-détaillées à une échelle d'environ 1/50000.

Les études des ressources naturelles prennent fort longtemps et retarderont le processus de planification. Toutefois, l'expérience passée a montré qu'à vouloir mettre en route des projets d'aménagement des terres sans disposer de données suffisantes sur les ressources, l'on court au désastre des points de vue aussi bien de la production que de la conservation. Dans la pratique, des études des ressources et des études des types d'utilisation des terres peuvent avancer de front, avec des échanges fréquents d'informations.

Détermination de valeurs limites pour les exigences des utilisations des terres

Les valeurs limites sont les valeurs d'une qualité ou d'une caractéristique de la terre qui déterminent les limites de classe d'aptitude des terres eu égard à l'utilisation envisagée. La classification standard de l'aptitude des terres appliquée par la FAO est indiquée au tableau 5.

La première décision, et la plus importante, devra consister à séparer les terres qui sont aptes de celles qui ne le sont pas. Les principaux critères appliqués pour décider si une terre est apte à une utilisation spécifiée sont la possibilité de l'utiliser ainsi de façon continue et le ratio entre les avantages et les coûts.

· La terre doit pouvoir servir à l'utilisation envisagée sur une base continue. Cela signifie que l'utilisation envisagée ne doit pas progressivement dégrader la terre. Il arrive très souvent qu'un changement d'utilisation des terres se traduise dans un premier temps par une perte de ressources en terres: par exemple, lorsqu'une forêt est défrichée pour aménager des plantations de thé ou des cultures, il y a toujours une perte d'habitat forestier, de faune et de flore sauvages, de sols et d'éléments nutritifs accumulés. A partir de ce moment-là, le nouveau système de gestion doit maintenir un niveau de productivité satisfaisant. Par exemple, si l'érosion des sols n'est pas maîtrisée, le nouveau type d'utilisation des terres ne pourra pas être poursuivi sur une base continue. La limite supérieure de la qualité «risque d'érosion» peut être déterminée en termes de degré de pente, selon le type d'utilisation des terres, comme suit:
- plantation de thé, gestion de haut niveau: 20°
- petites exploitations de thé, gestion de niveau moyen: 15°
- cultures pluviales avec application de pratiques simples de conservation des sols: 8°
· L'utilisation envisagée doit assurer des avantages justifiant les intrants. L'utilisateur doit pouvoir tirer des ressources raisonnables de la terre. Habituellement, le meilleur guide sera l'expérience locale. L'on pourra aussi entreprendre une analyse financière.
TABLEAU 6
Exemple des exigences d'une utilisation des terres spécifique (culture en rizière)

Qualités des terres

Caractéristiques des terres

Valeurs limites pour les caractéristiques des terres

S1

S2

S3

N

Disponibilité d'énergie

Température annuelle moyenne (°C) ou

>24

21-24

18-21

<18


Altitude (m)*

0-600

600-1 200

1 200-1 800

>1800

Disponibilité d'eau

75% de probabilité de précipitations (mm)

>1300

900-1 300

500-900

<500


Classe de drainage des sols

Mal drainé

Imparfaitement drainé

Modérément drainé

Excessivement drainé

Texture des sols

C, ZC, ZCL, L

SC, SCL, ZL, Z

SL

S, LS

Profondeur du sol (cm)

>80

60-80

40-60

<40

Disponibilité d'éléments nutritifs

pH du sol inondé

6-7

5-6
7-8

4,5-5
8-8,5

<4,5
>8,5

Risque de salinité

ECe (mS cm-1)

<3

3-5

5-7

>7

Facilité de maîtrise des eaux

Pente (degrés)

<1

1-2

2-6

>6

Facilité de culture

Pierres et affleurements rocheux (%)

Néant

1-5

5-10

>10

* L'on utilise l'altitude pour mesurer la disponibilité en énergie lorsque l'on ne dispose pas de données sur le régime thermique; ces valeurs s'appliquent à Sri Lanka. Source: Dent et Ridgway, 1986.
L'on peut alors distinguer jusqu'à trois classes d'aptitude, mais cela n'est pas toujours nécessaire. Les terres classées dans la catégorie «aptitude élevée» sont les meilleures pour l'utilisation envisagée; les terres présentant une aptitude moyenne peuvent manifestement être utilisées comme prévu, mais elles présentent des limitations; enfin, les terres n'ayant aucune aptitude marginale sont proches de la limite d'aptitude, tout en restant au-dessus de cette limite. Les terres considérées comme inaptes peuvent être subdivisées en terres présentant une inaptitude permanente, qui sont les terres ayant des limitations interdisant une utilisation continue qui ne peuvent manifestement pas être corrigées, et celles présentant une inaptitude actuelle, c'est-à-dire les terres ayant des limitations qui pourraient être corrigées, mais pas, en l'état actuel des connaissances, à un prix acceptable.

L'établissement d'un tableau de valeurs limites pour chaque classe d'aptitude des terres, comme illustré au tableau 6, est l'une des principales étapes de l'évaluation des terres. Pour ce faire, il faut rassembler des informations sur les résultats donnés par tel ou tel type d'utilisation des terres en des endroits différents, soit au moyen d'expérimentations, soit en analysant l'expérience acquise par les utilisateurs des terres.

FIGURE 8 Illustration du processus de classification qualitative de l'aptitude des terres

Les exigences de différentes cultures peuvent être combinées pour évaluer les exigences d'un type d'utilisation des terres envisageant plusieurs cultures pratiquées ensemble ou en rotation.

Compatibilité des exigences des utilisations des terres avec les qualités des terres

La première étape de la confrontation des utilisations des terres avec les qualités des terres consiste à comparer les exigences de chaque type d'utilisation des terres avec les qualités de chaque unité de terres. La procédure la plus simple consiste à:

· vérifier les valeurs mesurées de chaque qualité ou de chaque caractéristique des terres en fonction des limites de classe;

· placer chaque unité de terres dans sa classe d'aptitude, en se basant sur la limitation la plus sérieuse (figure 8).

Lorsqu'une limitation au moins suffit à rendre la terre inapte à l'utilisation envisagée, la méthode consistant à se baser sur la limitation la plus sérieuse est valable. Par exemple, si l'on envisage de cultiver du mais, il ne sert à rien d'avoir un terrain plat et des précipitations suffisantes si le sol est extrêmement salin. Lorsque les limitations sont moins sérieuses, l'on peut utiliser d'autres méthodes pour combiner les valeurs assignées aux différentes qualités des terres.

Cependant, pour vérifier la compatibilité entre une terre et l'utilisation envisagée, il peut être nécessaire d'aller plus loin qu'une simple comparaison des exigences et des qualités. Dès lors que cette première comparaison montre que certaines unités de terres ne sont pas aptes à une utilisation donnée, l'on peut examiner la spécification du type d'utilisation des terres pour voir si, en la modifiant, l'on pourrait accroître l'aptitude de ces unités de terres. Ainsi, si le degré d'aptitude d'une terre a été réduit par suite du risque d'érosion, l'on pourrait mettre au point un nouveau type d'utilisation de la terre en prévoyant la culture de haies le long des courbes de niveau ou d'autres mesures de conservation des sols. L'utilisation de variétés de cultures à maturation rapide dans les régions où la période végétative est courte est un autre exemple. En s'efforçant ainsi d'adapter les types d'utilisation des terres aux limitations qui existent dans la localité, l'on peut obtenir des degrés d'aptitude plus élevés.

FIGURE 9 Exemple de carte de l'aptitude des terres: zones aptes à la foresterie, Sandakan Residence, Sabah (Malaisie)

Une autre possibilité consiste à introduire des améliorations des terres, c'est-à-dire des intrants qui se traduisent par des améliorations relativement permanentes des caractéristiques des terres. Des exemples sont le drainage de terres trop humides ou la construction de terrasses sur des terres escarpées. Ainsi, les terres se trouvent adaptées aux besoins liés à l'utilisation envisagée. Les améliorations des terres exigent invariablement non seulement un investissement initial, mais encore des dépenses d'entretien.

Evaluation qualitative et quantitative des terres

Pour certaines décisions, une évaluation qualitative seulement des terres suffit, par exemple lorsqu'il s'agit d'identifier l'importance critique que revêtent certaines zones pour certaines utilisations importantes des terres, par exemple pour la culture d'une denrée d'exportation. Toutefois, les évaluations économiques quantitatives exigent des estimations des rendements des cultures, du taux de croissance des arbres ou d'autres mesures des résultats. Il n'est pas réaliste de prédire les résultats que donneront les terres présentant telle ou telle aptitude si l'on ne dispose pas des données sur la croissance des plantes (ou d'autres mesures des résultats) et sur les intrants utilisés, et si l'on ne connaît pas tout aussi bien les caractéristiques physiques des unités cartographiques de terres. Des modèles quantitatifs ont été établis pour plusieurs des principales cultures, mais il faut pour cela disposer de données solides. Même lorsque les prédictions sont basées sur des expérimentations soigneusement contrôlées, elles peuvent être démenties dans la pratique par des variations dans la gestion. Il faut par conséquent essayer de faire des estimations d'une gamme de résultats en fonction des types de gestion probables.

Classification de l'aptitude des terres

Les résultats de la comparaison des exigences des types d'utilisation des terres et des propriétés des unités de terres sont rassemblés dans une classification de l'aptitude des terres. L'aptitude est présentée séparément pour chaque type d'utilisation, avec une indication de l'aptitude ou du manque d'aptitude des terres et, lorsqu'il y a lieu, des degrés d'aptitude (tableau 5). Il faudra indiquer aussi les principales raisons qui ont conduit à abaisser le niveau de classement, c'est-à-dire les limitations que présentent les terres, par exemple par suite du risque d'érosion dans une région ou de l'affleurement de la nappe phréatique dans une autre.

Dans le cas d'études vastes ou complexes portant sur un grand nombre d'unités cartographiques, l'évaluation des terres peut être facilitée par le recours à des systèmes d'information géographique .L'un des principaux avantages de ces systèmes est que si l'on y entre les données concernant l'aptitude des terres, l'on peut, si l'on modifie une ou plusieurs des valeurs limites, obtenir rapidement de nouvelles cartes de l'aptitude des terres.

Les résultats de l'étape 5 sont:

· des cartes de l'aptitude des terres illustrant la mesure dans laquelle chaque unité de terres est apte à chaque type d'utilisation (figure 9);

· des descriptions de ces types d'utilisation des terres.

Les descriptions des types d'utilisation des terres sont indiquées avec un degré de détail correspondant au niveau de la planification. Au niveau national, il pourra suffire de donner des descriptions générales des principaux types d'utilisation des terres. Au niveau des districts et au niveau local, les descriptions devront spécifier la gestion, les intrants (par exemple semences, engrais, combustibles) et des estimations de la production (voir tableau 3). Ces informations seront nécessaires plus tard pour prévoir les approvisionnements en intrants ainsi que les dispositions à prendre en matière d'entreposage, de distribution et de commercialisation (étape 9).

Planification de la recherche

Les activités d'évaluation réalisées à ce stade auront presque invariablement fait apparaître des lacunes dans l'information. Les tolérances des plantes (ou de cultivars de cultures ou d'arbres de provenances différentes) à des limitations spécifiques des terres sont rarement connues avec précision. Lorsque l'on envisage d'introduire dans la région de nouveaux types d'utilisation des terres, il faudra faire des expérimentations (en laboratoire et dans la pratique) pour s'assurer, avant de recommander leur adoption, que ces utilisations sont valables. Il se peut que l'on ait découvert aussi des lacunes dans la connaissance que l'on a des ressources en terres et qu'il faille par conséquent entreprendre des études supplémentaires.

Il n'est pas possible de remettre l'élaboration du plan d'utilisation des terres jusqu'à ce que toutes ces recherches aient été achevées, mais il n'est pas judicieux non plus d'aller de l'avant si les informations sont sérieusement déficientes. Deux démarches sont possibles:

· Hors du cadre du plan d'utilisation des terres. Appeler l'attention des organismes de recherche (organisations internationales, organismes nationaux, universités) et des donateurs sur la nécessité d'entreprendre des recherches sur des aspects spécifiés si l'on veut pouvoir aménager les terres dans la région sur la base de connaissances suffisantes.

· Dans le cadre du plan d'utilisation des terres. Faire appel aux institutions locales existantes (en les renforçant si besoin est) pour organiser des expérimentations ou d'autres activités de recherche dans le cadre du plan d'utilisation des terres lui-même.

D'une façon ou d'une autre, l'on aura ménagé un cycle de recherche qui permettra d'obtenir une information en retour et de l'intégrer à des évaluations plus fiables et à des utilisations plus productives et plus durables des terres à l'avenir. Il ne faut pas être découragé par la longueur apparente - de trois à cinq ans au minimum - de la plupart des types de recherche. En devançant les problèmes éventuels, l'on a de meilleures chances de disposer des résultats lorsque l'on en aura besoin.

LISTE DE CONTRÔLE

Etape 5

ÉVALUATION DE L'APTITUDE DES TERRES

Responsabilité: équipe de planification

Décrire les types d'utilisation des terres de façon assez détaillée pour les analyses ultérieures.

Sélectionner les qualités et les caractéristiques des terres à utiliser pour comparer les exigences de chaque utilisation et les terres.

Etablir une carte des unités de terres et déterminer les caractéristiques et qualités pertinentes des terres.

Déterminer des valeurs limites pour les exigences des utilisations des terres afin de déterminer les limites des classes d'aptitude des terres. Il conviendra de tenir compte des possibilités d'utilisation continue et du ratio entre les avantages et les intrants.

Evaluation de la compatibilité entre les qualités des terres et les exigences des utilisations envisagées:

- comparer les exigences des utilisations des terres et les qualités ou caractéristiques de ces dernières pour déterminer les classes provisoires d'aptitude des terres;

- envisager de modifier les types d'utilisation pour mieux les adapter aux terres;

- envisager des améliorations des terres qui pourraient les rendre plus aptes à l'utilisation envisagée.

Etablir une carte de l'aptitude des terres pour chaque type d'utilisation.

Planifier les recherches nécessaires: études supplémentaires; recherches d'organismes de l'extérieur ou études dans le cadre du plan d'utilisation des terres.


Etape 6. Evaluation des options: analyses environnementales, économiques et sociales

L'évaluation réalisée jusqu'à présent a porté essentiellement sur l'aptitude physique des terres. L'on a déterminé si les terres se prêtent à différents types d'utilisation de façon durable. Pendant l'étape 6, l'on évaluera les effets de chaque utilisation envisagée du point de vue de l'environnement et du point de vue économique et social.

Manifestement, ces aspects n'ont pas été ignorés jusqu'à présent. D'une façon générale, ils ont guidé l'identification des options les plus prometteuses lors de l'étape 4. Maintenant, les options qui ont satisfait à ce premier critère seront évaluées de façon formelle au regard des critères sélectionnés. A ce stade, il sera essentiel d'analyser les utilisations qu'il est proposé de faire des terres du point de vue des capacités et des incitations des différents utilisateurs.

Pour cela, l'on peut établir un modèle des résultats de différentes options et de leurs effets sur des utilisateurs représentatifs des terres. Une mise en garde s'impose néanmoins. Des données quantitatives ne sont pas nécessairement meilleures, plus fiables ou plus exactes que des données qualitatives. Des modèles perfectionnés exigent une grande quantité de données et reposent sur des hypothèses qui doivent être bien comprises avant que les modèles soient appliqués à des problèmes spécifiques. Dans bien des cas, un jugement qualitatif sera mieux approprié.

Encadré 8
Mesures de valeur d'un système d'utilisation des terres

· Marge brute. Valeur marchande des extrants, moins coûts variables directement imputables à la production (dans le cadre d'une récolte agricole: semences, engrais, combustibles, eau, main-d'œuvre, équipements loués).

· Marge nette. Marge brute moins coûts fixes de production (par exemple dépréciation du matériel agricole, immobilisations, distribution d'eau, ouvrages de conservation des sols).

· Les résultats de l'analyse de la marge brute et de la marge nette peuvent être interprétés de différentes façons:

- Quelles sont les meilleures terres pour chaque culture ou chaque type d'utilisation?
- Quelle est la meilleure utilisation pour chaque unité dé terres?
- Le changement envisagé sera-t-il rentable?
· L'établissement d'un budget agricole partiel, calculant seulement les effets des changements qu'il est proposé d'apporter à l'utilisation des terres, est une méthode simple de projeter les effets de ces changements sur l'exploitation de cultivateurs représentatifs. La différence entre le revenu net produit par l'utilisation actuelle et une autre utilisation des terres est habituellement appelée le «rendement». Les investissements, les frais d'entretien et les autres coûts à prévoir pour apporter les changements souhaités à l'utilisation des terres sont qualifiés de «coûts».

· Lorsqu'il faut procéder à un investissement en capital, par exemple pour améliorer les terres, qui produira des avantages sur une longue période, l'on peut avoir recours à une analyse du cash flow actualisé pour pouvoir évaluer les coûts et les avantages sur une base comparable, à savoir leur valeur actuelle. L'argent produit des intérêts, de sorte que sa valeur augmente avec le temps. De même, un revenu futur vaut moins que le même revenu perçu actuellement, et sa valeur actuelle peut être calculée par application d'un taux qui est l'inverse du taux d'intérêt, appelé «taux d'actualisation».

· Une analyse du cash flow actualisé, sur la base de la valeur actuelle de tous les avantages et de tous les coûts, aboutit à trois mesures de la valeur des revenus escomptés qui peuvent être utilisés pour comparer des projets d'aménagement des terres et d'autres possibilités d'investissement:

· Valeur actuelle nette. Valeur actuelle des avantages moins valeur actuelle des coûts.

· Ratio avantages: coûts. Valeur actuelle des avantages divisée par la valeur actuelle des coûts.

· Taux de rendement interne. Taux d'actualisation auquel la valeur actuelle des avantages devient égale à la valeur actuelle des coûts.


ILLUSTRATION 5 Le barrage sur la Volta, Ghana. Problèmes écologiques causés par des ouvrages d'équipement; de grands projets d'aménagement transforment du tout au tout l'environnement local mais peuvent aussi avoir des effets indirects de très vaste portée. Du fait de la réduction des sédiments transportés par la Volta, la configuration de l'érosion et de la sédimentation côtières a changé à plus de 100 km de distance

Impact sur l'environnement

L'opération d'évaluation a déjà classé «inapte» toute terre qui serait continuellement dégradée par l'utilisation envisagée. L'analyse de l'impact d'une utilisation sur l'environnement va plus loin. Elle compare les résultats que donnera chaque système d'aménagement du point de vue de la qualité de la vie de la communauté tout entière, et tient compte des effets que chaque système aura aussi bien dans la zone couverte par le plan qu'ailleurs (effets indirects).

Une connaissance approfondie des processus physiques, chimiques et biologiques et de leur interaction avec la société est nécessaire pour prévoir les impacts probables sur l'environnement d'un système spécifique d'utilisation des terres. Souvent, telle ou telle activité peut avoir un impact à long terme ou éloigné de la cause principale du problème. A Sri Lanka, par exemple, l'exploitation, pour produire de la chaux, des barrières de corail souterraines qui jouaient un rôle de protection a causé une érosion et des inondations côtières. En Afrique de l'Ouest, l'érosion actuelle des côtes a été imputée aux grands barrages qui ont été construits sur les principaux cours d'eau au cours des 20 dernières années et qui ont intercepté les apports de sédiments à la zone du littoral (illustration 5).

L'on trouvera ci-après quelques exemples des effets sur l'environnement dont il faut tenir compte:

· Ressources pédologiques et hydrauliques. Risques d'érosion des sols, de glissements de terrain et de sédimentation; sécurité de l'approvisionnement en eau et qualité des eaux dans la zone couverte par le plan et ailleurs.

· Ressources en pâturages et en forêts. Dégradation des parcours, abattage ou dégradation des forêts.

· Qualité de l'habitat sauvage. Structure et composition des forêts, des savanes et des zones de marécages; zones critiques nécessaires à la survie des espèces végétales et animales sauvages, y compris conservation du germoplasme; effets indirects de l'aménagement des terres sur les écosystèmes des marécages.

· Attrait des paysages et utilisation à des fins de loisirs pour le tourisme. Tolérance des perturbations causées par l'industrie des loisirs, et compatibilité avec d'autres utilisations des terres.

Analyse financière et économique

A l'étape 5, l'aptitude des terres est exprimée soit en termes qualitatifs (aptitude élevée, aptitude moyenne ou aptitude marginale, ou inaptitude) soit en termes physiques quantitatifs (par exemple rendement des cultures ou des plantations d'arbres). En comparant la production et les autres avantages et les intrants en termes monétaires, l'on aboutit à une autre mesure quantitative de l'aptitude des terres (voir Analyse financière et économique).

L'une des hypothèses qui sous-tend l'analyse financière et économique est que les prix du marché, tels qu'ils se forment sur des marchés compétitifs, reflètent les valeurs sociales. Lorsqu'il n'existe pas de marché compétitif pour une ressource, ce qui est souvent le cas des ressources foncières renouvelables et du travail familial, il faut trou ver une autre mesure de la valeur.

L'analyse financière envisage la rentabilité du point de vue d'un agriculteur ou d'un autre investisseur privé, en comparant les recettes perçues par les producteurs et leurs coûts. Un agriculteur ne travaillera pas une terre si, de son point de vue, cela ne paie pas. Une analyse financière permet de répondre à un certain nombre de questions immédiates et concrètes:

· Cette culture ou cette utilisation de la terre est-elle l'option la plus rentable?
· Où cette culture ou cette utilisation de la terre peut-elle être pratiquée de la façon la plus rentable?
L'analyse économique estime la valeur d'un système d'utilisation des terres pour la communauté dans son ensemble. Par exemple, si les prix touchés par le producteur sont réduits par les impôts ou sont maintenus à un niveau artificiellement élevé par des subventions, il faut éliminer ces subventions ou ces impôts pour parvenir au prix de référence de la production. Les coûts doivent être traités de la même façon.

Lorsque tel ou tel effet sur l'environnement a visiblement des conséquences économiques, par exemple une réduction des sédiments transportés par les cours d'eau, la valeur monétaire de cet effet pour la communauté peut être estimée et incluse dans l'analyse économique.

Une comparaison entre l'analyse financière et l'analyse économique peut mettre en relief la nécessité d'un changement de politique. Une utilisation spécifique des terres, par exemple un pâturage intensif sur des terres communales (opération gratuite pour le producteur), peut dégrader les pâturages et les sols et ainsi détruire les ressources en terres. Si l'analyse financière montre que cette utilisation est avantageuse du point de vue du producteur, il est probable qu'elle se poursuivra même si elle est néfaste du point de vue de l'environnement ou, à plus long terme, du point de vue social. L'analyse économique doit tenir compte des dommages causes aux ressources en terres et de la réduction concomitante de leur productivité. Les politiques devront être modifiées de manière à rendre un type d'utilisation des terres socialement souhaitable également avantageux pour le producteur. De même, l'analyse financière peut démontrer que les cultivateurs ne sont pas encouragés à produire un excédent qu'ils puissent vendre. Si le gouvernement a pour politique d'accroître la production, une modification de la politique des prix pourra être un moyen efficace de fournir les incitations nécessaires à l'obtention du changement souhaité.

Limites de l'analyse économique

L'analyse économique est plus facile lorsqu'il existe un accord général sur les valeurs sociales et sur les objectifs de développement et lorsqu'il y a des marchés compétitifs libres. Elle est compliquée, cependant, lorsque le marché est faussé ou lorsque le développement à des effets indirects involontaires, comme pollution ou perte de ressources communales, ou bien accès aux pâturages ou au bois de feu. Il incombe au planificateur d'identifier ces effets indirects et d'évaluer leurs coûts économiques.

Une sérieuse limitation de l'analyse économique est qu'elle est faussée en faveur d'investissements à rendement rapide. La technique de l'analyse du cash flow actualisé, qui est utilisée pour convertir en valeurs actuelles des coûts et des avantages futurs, aboutit à priver virtuellement de toute valeur actuelle des avantages à plus de 25 ans d'échéance environ dès lors que le taux d'actualisation dépasse 10 pour cent (figures 10 et 11 ). En pareilles circonstances, les investissements à long terme se justifient difficilement, spécialement dans la foresterie. Le choix du taux d'actualisation a un effet plus direct sur la valeur d'un projet de développement agricole ou forestier à long terme que les rendements prévisibles des cultures agricoles ou des plantations forestières.

Enfin, les prix et les coûts peuvent changer en quelques années seulement, et il est risqué de prédire leur évolution future. Par exemple, il se peut que le palmier à huile soit une culture plus rentable que le caoutchoutier sur la base des coûts et des prix actuels et que la situation se soit inversée lorsque ces plantations produiront. Il n'y a pas de solution facile à ce problème. Dans le cas des cultures pérennes ou de la foresterie, il peut être préférable d'adopter des utilisations des terres qui donnent les meilleurs résultats matériels plutôt que de chercher à obtenir des avantages de prix à court terme. Les calculs économiques doivent être mis à jour périodiquement pendant la période de planification.

Planification stratégique

La planification stratégique doit adopter une optique à moyen et à long terme pour éviter de fermer la porte à des options futures. La politique établie en matière d'utilisation des terres doit tenir compte de l'aptitude des terres, de la conjoncture économique actuelle, de la production et des services qui peuvent être obtenus eu égard aux besoins futurs escomptés et de la possibilité de satisfaire la demande par d'autres moyens.

Les terres caractérisées par de sérieuses limitations physiques n'offrent généralement que peu d'options viables. La planification est plus difficile dans le cas des terres qui sont aptes à un grand nombre d'utilisations différentes. Indépendamment de l'aptitude physique et économique, il faut connaître l'importance critique que revêtent les terres pour des utilisations spécifiées. Cela signifie qu'il faut estimer non seulement si telle ou telle région est physiquement apte, mais aussi s'il importe que telle ou telle terre soit utilisée de telle ou telle façon. L'on peut en citer comme exemples les sites protégés pour la préservation de plantes rares ou les mesures prises pour empêcher que l'urbanisation empiète sur des terres agricoles de première qualité.

Ce problème peut être résolu en commençant par mettre au point des scénarios réalistes des besoins futurs et en comparant ensuite les estimations de la production potentielle et la production recherchée. Si un objectif peut aisément être atteint, il est probable qu'aucune unité de terres spécifique sera indispensable à cette utilisation, et les utilisations des terres présenteront par conséquent une flexibilité élevée. En revanche, si la majeure partie des terres matériellement aptes seront nécessaires si l'on veut que l'objectif fixé soit atteint, toutes ces terres revêtent une importance critique et la flexibilité de l'utilisation des terres est faible.

Impact social

L'utilisation la plus rentable pour chaque parcelle de terre peut être calculée en termes financiers et économiques, mais cette valeur ne reflète pas pleinement ses effets sur la communauté. Les analyses de l'impact social étudient les effets des changements proposés sur différents groupes de population. Une attention particulière doit être accordée aux effets produits sur les femmes, les minorités ethniques et les secteurs les plus pauvres de la communauté.

FIGURE 10 Valeur actuelle de 1000 dollars reçus de futures années sur la base de différents taux d'actualisation

FIGURE 11 Valeur actuelle d'un avantage équivalant à 1 000 dollars reçus dans 10 ou 20 ans sur la base de différents taux d'actualisation, en comparaison des coûts actuels

II n'existe aucune procédure préétablie pour l'évaluation de l'impact social des changements qu'il est envisagé d'apporter à l'utilisation des terres. Le but social du plan d'utilisation des terres doit être énoncé clairement d'emblée, et l'impact de chaque système de l'utilisation des terres peut alors être évalué en se référant à ce but. Les exemples de facteurs sociaux à prendre en considération sont notamment les suivants:

· Population: effectifs projetés, répartition et structure par âge; opportunité ou non d'une migration.

· Besoins essentiels: sécurité alimentaire, amoindrissement du risque (par exemple en planifiant une production de subsistance par opposition à des cultures commerciales).

· Possibilités d'emploi et de gain: par exemple, une mécanisation pourrait réduire les coûts de production mais se traduire par du chômage.

· Régime foncier et droits coutumiers, comme droits de pâturage et droits d'eau.

· Structures administratives et cadre législatif à l'intérieur duquel la planification doit opérer.

· Stabilité de la communauté.

Il est essentiel de comprendre comment sont actuellement prises les décisions touchant l'utilisation des terres si l'on veut saisir pleinement toutes les incidences économiques et sociales d'un changement envisagé. Une analyse des systèmes d'exploitation peut donner une idée globale de la situation en prenant l'exploitation familiale comme unité de prise de décisions. Il arrivera souvent que ce qui semble être l'utilisation optimale des terres du point de vue du district n'est pas réaliste au niveau des systèmes d'exploitation. En effet, les familles doivent couvrir leurs besoins au moyen de leur propre exploitation, laquelle n'englobera pas tous les types de terres, ou pas dans les mêmes proportions, qu'au niveau du district ou du bassin versant dans son ensemble.

Interface entre la planification de l'utilisation des terres et la planification du développement rural

Souvent, un changement d'utilisation des terres exigera des investissements dans l'infrastructure physique (routes, systèmes d'entreposage et de traitement, etc.) et dans les services (commercialisation, crédit, services vétérinaires, etc.). Des peuplements nouveaux ou plus grands ont aussi besoin d'une infrastructure et de services sociaux comme approvisionnement en eau, services de santé et éducation. Les avantages sociaux que peut apporter un plan de développement rural peuvent compenser des avantages auxquels il peut être nécessaire de renoncer, par exemple lorsque les pâturages communautaires sont réduits. A cet égard, la planification de l'utilisation des terres se fond avec celle du développement rural, et les changements de l'utilisation des terres peuvent entraîner une amélioration des aménagements collectifs.

LISTE DE CONTRÔLE

Etape 6

ÉVALUATION DES OPTIONS: ANALYSES ENVIRONNEMENTALES, ÉCONOMIQUES ET SOCIALES

Responsabilité: équipe de planification

Les études ci-après portent essentiellement sur des combinaisons spécifiques d'utilisations et d'unités de terres qui ont été classées aptes en termes physiques, et en second lieu sur les différentes combinaisons envisagées dans le plan.

- Evaluation de l'impact sur l'environnement: ressources pédologiques et hydrauliques, ressources en pâturages et en forêts, conservation de la faune et de la flore sauvages, tourisme et loisirs, et effets en dehors de la zone couverte par le plan.

- Analyse financière: les types d'utilisation des terres proposés sont-ils rentables pour l'agriculteur ou pour les autres utilisateurs des terres?

- Analyse économique: quelle est la valeur des changements proposés pour la communauté, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la zone couverte par le plan? Y a-t-il des terres qui revêtent une importance critique (du point de vue de la production ou de la conservation) aux fins de certaines utilisations?

- Impact social: quels seront les effets des changements proposés sur les différents secteurs de la communauté, en particulier les femmes, les groupes minoritaires et les pauvres?

- Planification stratégique: comment les changements qu'il est proposé d'apporter à l'utilisation des terres affecteront-ils, d'une façon plus générale, les différents aspects de la planification du développement rural, y compris la réalisation des objectifs nationaux?



Etape 7. Choix de la meilleure option

La planification en tant que support de la prise de décision

Au stade de la décision, les rôles du planificateur et du décideur doivent se conjuguer. Le planificateur doit rassembler et résumer les faits nécessaires pour prendre une décision en connaissance de cause, à savoir les résultats obtenus lors des étapes précédentes.

Le décideur, pour sa part, doit choisir l'option d'utilisation des terres la plus propre à favoriser la réalisation des objectifs fixés.

La figure 12 représente le processus de prise de décision comme un choix entre une série d'options, les étapes précédentes de la planification de l'utilisation des terres apparaissant comme le support de la prise de décision. La meilleure option peut apparaître immédiatement, mais il se peut aussi que le choix exige de peser soigneusement tous les éléments en présence. Dans les situations simples, une décision valable peut être adoptée en pesant intuitivement les éléments réunis lors des étapes précédentes de la planification.

Allocation des utilisations des terres, recommandations et assistance

Dans la situation la plus simple, qui est celle d'un nouveau peuple dans des terres, les unités de terres peuvent être allouées à des utilisations spécifiques. On procède ensuite à l'installation des populations qui, tout au moins dans un premier temps, sont tenues de pratiquer ces utilisations.

Une situation beaucoup plus commune de nos jours est cependant celle d'une terre déjà peuplée où les habitants pratiquent l'agriculture, l'élevage, etc., l'objet du plan étant d'aider à résoudre les problèmes que posent les systèmes existants d'utilisation des terres. En pareilles circonstances, les utilisations des terres ne peuvent pas être simplement «allouées». De nouveaux types d'utilisation peuvent être recommandés pour des secteurs spécifiques par l'entremise des services de vulgarisation ainsi que grâce à la fourniture d'intrants et de services divers.

Les décisions concernant l'allocation des terres entre utilisations concurrentes ou les recommandations touchant ces utilisations commencent par:

· une série de directives générales, par exemple un seuil minimal de production de denrées alimentaires de première nécessité et de bois de feu, une localisation recommandée à la portée des services existants, un montant limité de capitaux d'investissement;

· des unités de terres, définies par une étude des ressources naturelles;

· des types d'utilisation des terres, conçus de manière à être pratiqués de façon continue et économiquement viables dans les limites de la zone couverte par le plan.

FIGURE 12 Représentation schématique de la prise de décision

TABLEAU 7
Exemple de matrice de réalisation des objectifs: district de Dedza, Malawi

1. Données réunies lors de l'étape 6

Type d'utilisation des terres

Revenu net par ha

Revenu net par habitant

Capacité de charge (habitants/km2)

Impact sur l'environnement

Cultures annuelles avec élevage, gestion améliorée, exploitations de 1,6 ha

113

36

312

Modéré

Cultures annuelles sans élevage, gestion améliorée, exploitations de 3 ha

50

30

167

Modéré

Café, gestion améliorée exploitations de 1,6 ha

-10

-16

156

Faible

Ranching

-2

75

3

Faible

Foresterie

63

51

63

Faible

2. Objectifs réalisés en pourcentage de la meilleure option pour chaque critère

Typé d'utilisation des terres

Rendement par ha

Rendement par employé

Capacité de charge (habitants/km2)

Impact sur l'environnement

Cultures annuelles avec élevage

100

48

100

70

Cultures annuelles seulement

44

40

54

60

Ranching

2

100

1

90

Foresterie

56

68

40

100

3. Objectifs réalisés, pondérés en fonction de l'évaluation faite par le décideur de l'importance de chaque critère

Type d'utilisation des terres

Rendement par ha

Rendement par habitant

Capacité de charge (habitants/km2)

Impact sur l'environnement

Total des objectifs réalisés

Pondération

0,3

0,2

0,3

0,2

1,0

Cultures annuelles avec élevage

30

10

30

14

84

Cultures annuelles seulement

13

8

16

12

49

Ranching

1

20

1

18

39

Foresterie

17

14

12

20

63

Source: Dent et Young, 1981.
TABLEAU 8
Exemple de tableau sommaire des utilisations des terres: Walapane Aga, Sri Lanka

Utilisation des terres par culture

Superficie potentielle

Superficie effectivement utilisée

Zones dans lesquelles des changements sont prévus cette année

Production estimée cette année

(hectares)

(tonnes)

Terres irrigables





Deux récoltes de riz

1 840

650

+140

1500

Une récolte de riz

-

450

-32

800

Cultures pluviales





Culture de riz en rizière

2 250

1 610

-108

1750

Tabac

-

1 900

-300

...

Cultures de subsistance

<4 000

2 000

-200

...

Autres terres

-

2 320

-100

...

Exploitations mixtes améliorées
(culture + élevage)

-

48

+200

140 têtes

Thé





Plantations: semis

-

6 500

-120

3900

Plantations: clones

5 250

370

+120

250

Petites exploitations

-

120

Pas de changement

48

Forêt





Dense

29 980

1 630

Pas de changement

Réserve

Ouverte

-

3 110

Pas de changement


Brousse

-

1 190

-280


Plantation

-

4 780

+400

4 000 m3

Prairies

Non estimée

1 070

Pas de changement

400 têtes

Utilisations urbaines

Non estimée

10

Pas de changement

-

Eau

490

490

Pas de changement

-

Terres inutilisables

130

130

Pas de changement

-

Note: ... données non disponibles.
Parfois, il est bon de présenter les options sous forme d'une matrice de réalisation des objectifs et de les classer en fonction des critères retenus. L'on en trouvera un exemple au tableau 7. Premièrement, les résultats prédits pour plusieurs types d'utilisation des terres semblant prometteurs sont indiqués en fonction de quatre critères. Ensuite, les options sont classées d'après la mesure dans laquelle elles répondent à chaque critère. Enfin, des pondérations sont allouées à chaque critère, selon l'appréciation du décideur quant à la mesure dans laquelle celui-ci devrait influer sur l'utilisation des terres.

Nul ne prend généralement de décision exclusivement sur la base du «pourcentage de réalisation des objectifs», mais cette procédure appelle l'attention sur les pondérations subjectives qui sont utilisées ainsi que sur les conséquences moins bénéfiques - et pas seulement sur les effets favorables - d'une décision déterminée.

Le travail de stockage, de recherche et d'interprétation de la masse considérable et hétérogène d'informations peut être facilité par des ordinateurs, qui peuvent exécuter la tâche répétitive consistant à comparer les résultats prédits pour les différentes unités de terres et des critères multiples et présenter à l'usager les conséquences de différentes décisions en termes de configuration optimale d'utilisation des terres et de réalisation des objectifs.

Pour les tâches de plus en plus complexes consistant à sélectionner les sites des projets de développement, à décider de l'allocation des terres entre plusieurs utilisations et à formuler les politiques concernant l'utilisation des terres et l'allocation des ressources, il arrive qu'il faille examiner des centaines d'unités de terres et un grand nombre d'utilisations différentes des terres.

Le décideur doit tenir compte de toute une série de considérations pratiques, et notamment:

· des préférences exprimées par les populations locales;
· des intérêts des groupes minoritaires;
· des politiques nationales;
· des contraintes, par exemple du régime foncier ou de la disponibilité d'intrants;
· de l'application de normes de protection de l'environnement;
· de faisabilité: il faudra s'enquérir des vues des organes qui pourront être chargés de l'exécution;
· des coûts et de la disponibilité d'un financement.
TABLEAU 9
Exemple de plan présenté sous forme de tableau 1

Unités de terres

Montagnes

Bassins

Pente de 12-28°

Terrasse

Fond de vallée

Buttes escarpées

Pente de 8-20°

Utilisation actuelle
des terres

Forêt subtropicale mixte d'espèces feuillues, dégradée à 30%

Exploitations bien gérées de paddy, de tabac et de légumes

Exploitations de thé mal gérées ou terre en friche

Problèmes

Accessibilité, glissements de terrain, érosion des sols sur les sites récemment défrichés

Pénuries d'eau pendant la saison sèche, faibles revenus, rendement modeste des cultures de riz sur les sols à texture grossière. Inondations au fond des vallées. Pollution des eaux causée par les effluents d'une papeterie

Grave érosion des sols, faibles rendements

Changements prévus

Reboisement des terres dégradées. Plantations de bambous et de sapins sur le bas des pentes peu escarpées; plantations de pins sur les terres de moins bonne qualité

Utilisation accrue d'engrais et de variétés de riz à haut rendement sur les meilleures terres de paddy afin de dégager davantage de sols perméables pour la culture irriguée d'arbres fruitiers

Projet d'aménagement de viviers d'élevage de poissons

Amélioration des exploitations de thé. Aménagement, pour le reste, de plantations d'espèces à croissance rapide

Normes

Contrôle rigoureux de l'exploitation dans les limites de la régénération des forêts. Aménagement de routes d'extraction pour éviter les risques de glissement de terrain

Amélioration des services de vulgarisation. Diffusion de conseils sur les pratiques agrochimiques afin d'éviter la pollution. Aménagement d'écluses pour régulariser l'apport d'eau. Ne pas utiliser le ruissellement des champs pour l'alimentation des viviers à poissons. Détourner les effluents de la papeterie

Pour le thé, paillage pendant le replantage et la taille: aménagement de terrasses et de cours d'eau protégés

1 Ce tableau est essentiellement une légende pour la carte du plan indiquant les unités de terres et la localisation de projets spéciaux comme ceux concernant l'aménagement de viviers d'élevage de poissons et d'aménagement de plantations forestières sur les exploitations.
Le décideur peut maintenant évaluer la situation d'ensemble et, s'il n'est pas satisfait de la correspondance entre le plan et telle ou telle directive générale, il peut ajuster la pondération assignée à chaque critère ou en introduire de nouveaux. A l'aide de l'ordinateur, l'on peut produire rapidement un nouvel ensemble d'utilisation des terres et évaluer leur aptitude et parvenir à une solution optimale, peut-être au moyen de plusieurs itérations entre le décideur et le support des processus de prise de décision.

Des décisions judicieuses concernant l'utilisation des terres peuvent être prises sans l'aide d'un support informatisé. La procédure à suivre est la même que l'on se serve ou non d'un ordinateur, mais l'informatique permet au décideur de tenir compte de beaucoup plus d'informations et de tirer les enseignements qui s'imposent des conséquences prédites pour les différentes décisions.

Deuxième consultation majeure

Le projet de plan devra maintenant être soumis au public: cela constituera la dernière occasion de solliciter des vues de l'extérieur au sujet du plan et, pour la plupart des intéressés, cette consultation constituera la première occasion de déterminer exactement ce que le plan est censé réaliser et comment le plan les affectera.

En dernière analyse, la plupart des décisions touchant l'utilisation des terres seront adoptées par les milliers d'utilisateurs individuels, décidant chacun de son propre point de vue. Il faudra avoir recours à tous les moyens disponibles pour susciter une participation du public: réunions, affiches, journaux, programmes radiodiffusés et télévisés et collaboration avec des organismes gouvernementaux. Dans bien des pays, il n'existe aucune tradition ni aucun mécanisme établi de consultation du public. Les consultations pourront être organisées en ayant recours à l'appareil gouvernemental ou aux partis politiques ou aux systèmes traditionnels.

Il conviendra de ménager des délais suffisants pour l'examen et le commentaire du plan, selon ce que détermineront le décideur ou les règlements applicables à la planification, ainsi que de fixer une date limite pour la réception des commentaires.

Examen des commentaires et règlement des conflits

Comme les commentaires pourront être nombreux, il faudra mettre au point un processus systématique pour les examiner. Les planificateurs peuvent:

· regrouper les commentaires en fonction de l'utilisation des terres, des utilisateurs ou des extrants;

· confier les commentaires concernant tel ou tel aspect du plan à un membre de l'équipe de planification pour qu'il les analyse;

· énumérer les changements proposés dans le projet de plan;

· soumettre les commentaires, les réponses et les changements proposés au décideur.

Les décideurs doivent déterminer:
· si les réponses aux commentaires sont adéquates;
· les changements qu'il y a éventuellement lieu d'apporter au projet de plan.
Le plan ne satisfera pas tout le monde. Quels que soient les compromis ou les ajustements convenus, il y aura encore des gens qui ne seront pas d'accord. Cela ne devra pas empêcher la majorité de la communauté de bénéficier du plan. Il faudra trouver un moyen de résoudre les conflits. Essentiellement, ce règlement devra être négocié, tous les intéressés ayant l'occasion de préparer et d'exposer leur dossier. Les conséquences des décisions aux différents niveaux de planification, au-dessus et au-dessous de celui du plan, devront être prises en considération, avec des échanges d'informations dans les deux sens (figure 1 ).

Le point critique de l'étape 7 est atteint lorsque l'on doit sélectionner l'option jugée la meilleure. Cela constituera en effet la base des opérations suivantes de préparation du plan. Les données concernant les autres options et leur évaluation ne sont pas laissées de côté mais consignées dans le rapport, vu qu'elles pourront être nécessaires si le plan doit ultérieurement être révisé.

Enfin, le décideur doit autoriser la mise en route des étapes suivantes, c'est-à-dire la préparation du plan retenu. Au plan local, il pourra suffire d'une décision administrative, les opérations de préparation et d'exécution étant entreprises directement. Au niveau du district, il pourra être nécessaire de présenter l'exécution du plan sous forme d'un nouveau projet auquel il faudra affecter un financement et un personnel supplémentaire, auquel cas il y a aura un certain délai entre les étapes 7 et 8. Au plan national, il faudra le plus souvent, à ce stade, soumettre le «plan-cadre d'utilisation des terres au niveau national» (ou un plan portant un titre semblable) à l'approbation des échelons supérieurs du gouvernement, après quoi le plan constituera la base des décisions prises.

LISTE DE CONTRÔLE

Etape 7

CHOIX DE LA MEILLEURE OPTION

Responsabilité: équipe de planification

Enumérer une série d'options concernant l'allocation des utilisations à différentes unités de terres ou des utilisations à recommander pour différentes unités; évaluation de ces options pour ce qui est de l'aptitude des terres, et analyses environnementales, économiques et sociales.

Enoncer les conséquences de ces options du point de vue des buts et des objectifs de la planification.

Présenter les options et leurs conséquences d'une façon propre à faciliter leur examen.

Responsabilité: équipe de planification et décideurs

Prendre les dispositions nécessaires pour organiser une consultation des communautés affectées et des organes d'exécution; obtenir des commentaires sur la faisabilité et l'acceptabilité du plan.

Rassembler et examiner les commentaires reçus. A la lumière de ces commentaires, apporter les changements nécessaires aux options présentées.

Responsabilité: décideurs

Déterminer si la réponse aux commentaires formulés est adéquate.

Examiner les options du point de vue des buts et des critères généraux.

Choisir la meilleure option.

Autoriser la préparation du plan.


Etape 8. Préparation du plan d'utilisation des terres

A ce stade, il est rédigé un rapport qui a essentiellement une double utilité:

· présenter le plan qui est maintenant recommandé, avec une indication des raisons des décisions adoptées, c'est-à-dire résumer les résultats des étapes 1 à 7;

· préparer l'exécution du plan.

L'option de changement qui a été retenue doit être présentée sous une forme qui soit de nature à faciliter son examen et, après approbation, son exécution. Le principal moyen d'y parvenir est de préparer un plan spécifique d'utilisation des terres qui sera exécuté comme un projet de développement. Toutefois, selon le niveau et les buts de l'étude faite en vue de la planification, les résultats pourront également être appliqués en servant à établir un ordre de priorité ou en étant intégrés à des textes législatifs, à des budgets de développement, aux programmes de différents organismes, à des normes de gestion et à des programmes de vulgarisation.

L'on examinera essentiellement ci-après la situation de résultats intégrés à un plan spécifique d'utilisation des terres qui sera exécuté sous forme de projet de développement.

Trois des éléments du plan maintenant préparé sont les suivants:

· ce qu'il faut faire: les changements qu'il a été décidé d'apporter à l'utilisation des terres et où ces changements devront être introduits ou recommandés;

· comment la tâche devrait être accomplie: logistique, coûts et calendrier;

· les raisons des décisions prises.

Préparation de cartes

La planification de l'utilisation des terres consiste essentiellement à déterminer ce qui doit être fait et où. Jusqu'à présent, la procédure de planification a été basée sur le fait que les caractéristiques des terres sont extrêmement variables et que des types d'utilisation qui peuvent être durables et économiquement viables dans le cas d'une unité de terres échoueront, de l'un de ces points de vue ou des deux, sur des terres différentes. L'établissement de cartes constitue par conséquent un élément clef de la présentation des résultats.

Plusieurs séries de cartes ont été établies dans le cadre de la procédure de planification: des cartes de base, des résumés des données disponibles et, éventuellement, des cartes basées sur des études originales (étapes 3 et 5); des cartes de l'aptitude des terres (étape 5); et des cartes de l'allocation des utilisations à telle ou telle unité de terres ou des utilisations recommandées (étape 7). Ces cartes devront maintenant être parachevées et imprimées de façon à pouvoir être utilisées lors de l'exécution du plan et de sa révision éventuelle.

Ces cartes seront utilisées, sur le terrain comme au bureau, par différentes personnes: cadres, techniciens et administrateurs. Pour être utiles, ces cartes devront présenter les caractéristiques suivantes:

· Les indications essentielles figurant sur la carte de base (routes, pistes, peuplements, limites administratives) devront être claires; les usagers auront constamment besoin de déterminer où ils se trouvent et ce qui doit être fait et où.

· Simultanément, les indications figurant sur la carte (par exemple types d'utilisation des terres, sols, ressources en eau) devront apparaître facilement; il est essentiel de pratiquer une cartographie de bonne qualité et, normalement, d'utiliser des couleurs.

· La légende fait partie intégrante d'une carte.

· Les cartes devront être imprimées en quantités suffisantes pour que tous les organes d'exécution en aient des exemplaires pendant plusieurs années.

Les cartes ne constituent aucunement un rajout au rapport. Au contraire, il est probablement plus exact de dire que le texte complète les cartes, bien qu'en fait l'un et les autres se complètent mutuellement. La carte illustrant la façon dont les utilisations des terres ont été allouées et les recommandations formulées à cet égard constituent l'élément central du plan d'utilisation des terres.

Rédaction du plan

II faut commencer par indiquer, d'abord sous forme sommaire puis de façon plus détaillée, la façon dont les utilisations des terres ont été allouées ou les recommandations sélectionnées à l'étape 7. Lors de cet exposé initial, il conviendra, sous une rubrique comme «Recommandations concernant l'utilisation des terres», d'exposer l'option sélectionnée, sans semer la confusion dans l'esprit du lecteur en se référant aux options qui n'ont pas été retenues. Cette partie du texte sera lue par ceux qui ont besoin de sa voir ce qu'il faudra faire ensuite. Un élément important sera une description des types sélectionnés d'utilisation des terres, avec une indication des spécifications de gestion, ainsi que des unités de terres pour lesquelles ces utilisations sont recommandées.

FIGURE 13 Etablissement d'une carte des possibilités de développement (plaine de Kaduna, Nigéria)

Type d'aménagement

Définition sommaire de l'aménagement

1. Agriculture intégrée

a) Dans des régions à culture intensive

Organisation de projets de développement agricole intégré visant à accroître la production agricole existante par hectare en améliorant l'infrastructure (communications, approvisionnements en intrants agricoles, commercialisation de la production, facilités de crédit et couverture des services de vulgarisation). Les projets seront gérés par un organisme semi-autonome en ayant recours, dans toute la mesure possible, à l'auto-assistance. Les projets seront associés à une amélioration générale des services sociaux.

b) Dans des régions à culture extensive

Comme ci-dessus, mais l'on s'efforcera aussi d'accroître la production en augmentant les superficies cultivées et/ou en introduisant un système d'exploitation mixte.

2. Exploitation mécanisée

Organisation de grandes exploitations mécanisées (de plus de 1 000 hectares) exigeant des compétences de gestion élevées et une mécanisation de toutes les opérations de production, de la préparation de la terre à la récolte. Une bonne planification et des mesures de conservation adéquates seront essentielles. Ce type d'aménagement sera limité aux superficies peu cultivées.

3. Pacage traditionnel

Amélioration des pâturages traditionnels, et notamment limitation du nombre de têtes de bétail, élimination du brûlis non réglementé et introduction d'espèces de fourrage dans les prairies naturelles. Ces mesures, conjuguées à l'aménagement de réserves de pacage et à l'allocation de droits de pacage, constituent des éléments d'un programme suggéré qui devra être organisé entre plusieurs Etats. Ce type d'aménagement sera limité aux zones peu cultivées.

4. Réserves de pacage

Aménagement de réserves dans les principales zones traditionnelles de pacage pendant la saison des pluies et pendant la saison sèche et le long des routes de migration, et aménagement d'autres réserves dans les secteurs devenus exploitables grâce au programme d'élimination de la mouche tsé-tsé. Organisation d'un approvisionnement suffisant en eau, de services vétérinaires et de prairies naturelles améliorées, et contrôle rigoureux du nombre de têtes de bétail. Type d'aménagement limité aux zones peu cultivées.

5. Ranchs de bétail et exploitations laitières

Organisation d'élevages pour l'engraissement du bétail provenant des troupeaux Fulani. Les effectifs seront limités à 2 000 têtes jusqu'à ce que la viabilité de l'exploitation soit établie. Il sera réservé au moins 2 000 ha pour 1 000 têtes de bétail, avec 1 200 ha pour le pacage pendant la saison des pluies et le début de la saison sèche et 800 ha pour la production de fourrage en vue de compléter l'alimentation pendant la saison sèche. Cette alimentation complémentaire consistera en graines de coton et tourteaux de graines de coton, tourteaux d'arachides, céréales de brasseries ou molasses, selon ce qui sera disponible. Ce type d'aménagement sera limité aux zones peu cultivées.

Organisation de troupeaux de vaches laitières de 100 têtes au maximum. La superficie totale ne devra pas être inférieure à 250 ha, avec 130 ha de pâturages améliorés pour le pacage pendant la saison des pluies et le début de la saison sèche et 50 ha pour la production de fourrage qui servira d'alimentation supplémentaire pendant la saison sèche, alimentation qui sera complétée aussi par des concentrés et résidus de récolte disponibles localement.

6/7. Foresterie de production

6. Aménagement pour la production de bois d'oeuvre

Aménagement financé et administré par le gouvernement, portant sur un certain nombre de sites de quelques hectares à une centaine d'hectares, habituellement pour la production de bois de scierie à usage local, ou bien exploitation par une société commerciale sur la base d'un taux minimal annuel de plantation de 400 ha pour une production de bois d'oeuvre ou pour la fabrication de pâte à papier. Type d'aménagement limité aux réserves forestières.

7. Aménagement pour la production de bois de feu et de poteaux

a) Production par les départements de l'Etat et du gouvernement fédéral dans des réserves forestières.

b) Production par des exploitants, appuyée par le service de vulgarisation, sur de petits lopins boisés.

c) Extraction de secteurs de végétation naturelle dans des réserves forestières.

8. Foresterie de production: mise en réserve pour ménager une protection contre l'érosion ou application de mesures rigoureuses de conservation

Protection des forêts existantes et aménagement de nouvelles réserves forestières dans les régions où les pentes dépassent 10 pour cent (6°) lorsque des mesures de conservation s'imposent.

Des mesures de protection ne sont requises que dans certains secteurs de la région.


Il faudra ensuite exposer les raisons des décisions prises et des choix faits, à la fois, dans ce cas également, en termes généraux et de façon plus détaillée. Ces indications serviront aux organismes de financement qui voudront analyser la viabilité des propositions d'un point de vue technique, économique ou autre. Les données de base constitueront également une référence pour le suivi futur et la révision du plan. Plus l'on aura d'informations de base, plus il sera facile de réviser le plan à l'avenir (étape 10).

Planification logistique

Le planificateur doit examiner ensuite les aspects concrets de l'exécution du plan, c'est-à-dire décider des moyens à mettre en œuvre, répartir les responsabilités des tâches à accomplir et établir un calendrier d'exécution. Il conviendra de fixer des objectifs qui soient réalistes et non inspirés d'un optimisme excessif. L'on pourra avoir recours à l'expérience acquise dans le cadre de programmes de développement précédents pour déterminer le taux de changement qui peut être atteint dans la pratique. En tout état de cause, le plan devra être conforme à ce que les populations intéressées sont disposées à faire.

La planification logistique est un processus extrêmement large qui repose sur l'expérience acquise dans le cadre de projets semblables. L'on trouvera ci-après quelques indications sur les tâches à accomplir:

· Elaborer une carte de base indiquant les secteurs à aménager, année par année. Présenter ces secteurs sous forme de tableaux.

· Sur la base de ce qui précède, énumérer les besoins en ce qui concerne:

- les améliorations des terres;
- les services d'appui;
- l'infrastructure physique;
- les mécanismes de crédit et les autres services financiers internes.
· Sur la même base, en même temps que les spécifications de gestion applicables aux différents types d'utilisation des terres, calculer les intrants nécessaires, par exemple:
- semences/germoplasmes (cultivars de cultures, espèces d'arbres);
- engrais, par type;
- pesticides;
- matériel d'irrigation.
· Programmer les améliorations prioritaires des terres, par exemple dans des domaines comme le stockage et l'adduction d'eau, les routes, le drainage et d'autres types de travaux publics.

· Programmer les campagnes de vulgarisation et les incitations.

· Identifier qui sera responsable de chaque activité. En particulier, les agents de rang subalterne devront savoir ce que l'on attend d'eux et devront recevoir les encouragements appropriés.

· Veiller à ce que les dispositions voulues soient prises en ce qui concerne le financement des dépenses de personnel, les intrants et le crédit.

· Accorder une attention particulière aux dispositions concernant l'entretien de tous les travaux d'équipement.

· Discuter des détails des dispositions à prendre avec le décideur et les agents intéressés des organes d'exécution en ce qui concerne les points suivants:

- faisabilité et acceptabilité du plan;
- disponibilité de personnel consultatif;
- disponibilité d'appui logistique;
- disponibilité de services d'encadrement.
· Identifier les besoins en formation du personnel.

· Prendre les dispositions nécessaires en matière de recherche, dans le cadre du plan ou en ayant recours à des organismes de l'extérieur.

· Etablir une procédure d'examen de l'avancement du plan (étape 10).

Dotation en personnel, calendrier et coûts

II conviendra maintenant d'indiquer ensemble les ressources à réunir aux fins de l'exécution - et cela constituera en quelque sorte un résumé de la planification logistique - en termes de:

· personnel: spécialistes, techniciens, main-d'œuvre;

· calendrier: programmation prévue des changements, présentée sous forme de tableaux;

· coûts: ressources financières nécessaires à l'exécution du plan, échelonnement des dépenses année après année et sources de financement proposées;

· contrôle financier, y compris audit indépendant.

Présentation du plan

L'une des principales difficultés que pose la rédaction d'un plan d'utilisation des sols tient au public extrêmement divers qui doit être informé: ministres qui ont à peine le temps de lire un exposé sommaire de ce qui doit être fait, techniciens responsables de l'exécution ou agents de vulgarisation sur le terrain qui doivent appliquer le plan au niveau local.

Pour tenir compte des besoins de ces différents types d'utilisateurs, l'on a souvent constaté qu'il était utile de présenter le plan en plusieurs parties, comme suit:

· Résumé. Rédigé à l'intention de décideurs qui sont des profanes, ce résumé expose en bref la situation en ce qui concerne l'utilisation des terres, les problèmes qui se posent, les possibilités qui existent et, au centre, les mesures recommandées. Les raisons des décisions prises sont indiquées, mais brièvement seulement. Il importe au plus haut point de rédiger cette partie du plan en termes clairs et concis. Elle devra comprendre au moins une carte d'importance cruciale, celle du plan (cadre) d'utilisation des terres, et peut-être aussi d'autres cartes, à des échelles plus réduites. Cette partie du plan devra comprendre habituellement une vingtaine de pages, et tout au plus une cinquantaine.

· Corps même du rapport. Dans cette partie, l'on expliquera les méthodes suivies, les constatations retirées et les bases factuelles du plan. Cette partie s'adresse aux techniciens et aux agents de planification, qui veulent avoir des détails, y compris les raisons des décisions prises. Cette partie est souvent de cinq à dix fois plus longue que le résumé.

· Volume de cartes. Ce volume, faisant partie intégrante du corps même du rapport, est présenté séparément pour des raisons de commodité pratique.

· Appendices. L'on trouvera ici les données techniques qui étayent le corps même du rapport. Ces appendices, qui pourront représenter plusieurs volumes, comprendront les résultats des études originales réalisées dans le cadre du plan, par exemple études pédologiques, répertoires des forêts, études des débits des cours d'eau.

Encadré 9
Exemple de rubriques d'un plan d'utilisation des terres

TITRE

Plan d'utilisation des terres pour...

· Noter que, tant que le plan n'a pas été approuvé par le décideur, il s'agit d'un «projet de plan d'utilisation des terres».
RÉSUMÉ
· Aperçu succinct des principaux problèmes, recommandations et raisons de ces recommandations.
INTRODUCTION
· Objectifs à long terme pour le secteur visé par le plan et objet de ce dernier.

· Relation avec d'autres documents. Décrire brièvement les textes législatifs et les plans de niveau supérieur et les plans locaux en rapport avec le présent plan.

· Décrire le secteur couvert par le plan. Donner un bref aperçu de l'emplacement, de la superficie, de la population, des ressources en terres, de l'utilisation actuelle des terres et de la production.

PROBLÈMES DE GESTION ET POSSIBILITÉS
· Exposé des problèmes que posent les utilisations des terres et des possibilités.

· Justification de l'option retenue.

· Résumé des changements prévus par le plan, par thème ou par secteur géographique.

DIRECTION
· Enumérer les types d'utilisation des terres et les normes qui s'appliquent à l'ensemble du secteur visé par le plan et aux différentes unités de planification.

· Identifier les projets, et les illustrer au moyen de cartes et de diagrammes.

· Présenter un calendrier des activités.

SUIVI ET RÉVISION
· Décrire la procédure prévue pour l'examen de l'avancement des activités et la révision du plan.
PLAN DES TRAVAUX À EXÉCUTER
· Enumérer les différents projets en indiquant en détail leur emplacement, le moment auquel ils seront réalisés, les ressources nécessaires et la responsabilité de leur exécution.
APPENDICES
· Informations complémentaires:

- environnement physique, unités de planification, données agroclimatologiques et pédologiques;

- population, peuplements, infrastructure, régime foncier;

- utilisations actuelles des terres;

- types d'utilisation des terres et besoins en terres;

- aptitude des terres;

- projections économiques.


Documents destinés aux relations publiques

Relativement peu de gens liront l'intégralité du plan, plus liront le résumé, mais nombreux sont ceux qui devront être informés du plan. Chaque organe d'exécution devra recevoir des instructions claires, replacées dans le contexte du plan dans son ensemble.

Il faudra aussi - et c'est tout aussi important - élaborer toute une série de documents destinés à l'information du public, d'affiches et de communiqués de presse qui serviront à informer les populations du plan, de sa pertinence, des avantages qu'il apportera à la communauté dans son ensemble et du concours que devront lui apporter les différents secteurs de la communauté. Ces autres documents seront inspirés du corps même du rapport mais devront être rédigés spécialement et bien illustrés de façon à encourager une participation aussi efficace que possible de la part de tous.

LISTE DE CONTRÔLE

Etape 8

PRÉPARATION DU PLAN

Responsabilité: équipe de planification

Préparer des cartes, la carte de base étant le plan directeur de l'utilisation des terres, ainsi que des cartes à l'appui.

Indiquer la façon dont les utilisations des terres ont été allouées et les recommandations qui ont été formulées sur la base de l'option qui a été sélectionnée lors de l'étape 7. Décrire les types d'utilisation des terres, ainsi que les recommandations faites concernant la gestion de chaque type de terres.

Fixer des objectifs de résultat, par type d'utilisation des terres, par secteur et par organisme. Spécifier comment ces objectifs seront atteints. Vérifier qu'ils sont à la portée des organismes intéressés et ne dépassent pas les possibilités de l'infrastructure existante.

Préparer un plan logistique, spécifier les travaux d'équipement à entreprendre, les intrants renouvelables à fournir et les responsabilités des différentes tâches.

Mettre en place des mécanismes de suivi de l'avancement des activités et de révision du plan (étape 10).

Organiser les recherches nécessaires à la bonne marche du plan.

Déterminer les ressources financières qu'exigera chaque opération et identifier les sources de fonds.

Rédiger le rapport: résumé, corps même du rapport, cartes et appendices.

Mettre en place des mécanismes de communication avec toutes les institutions intéressées et des procédures visant à garantir leur concours.

Préparer les documents destinés aux relations publiques.


Etape 9. Exécution du plan

Jusqu'à présent, toute l'opération de planification de l'utilisation des terres a tendu à identifier et à introduire des changements bénéfiques de ces utilisations. L'exécution du plan est donc présentée comme une «étape» du processus de planification, même s'il s'agit d'une étape de nature différente.

Au niveau national, le plan sera souvent exécuté sous forme de directives générales et, en particulier, servira de cadre pour la sélection de projets pouvant être exécutés au niveau des districts. L'équipe de planification, en ce sens, continue de faire partie de l'exécution en fournissant des informations aux pouvoirs publics pour leur donner une base de décisions.

Au plan local, l'exécution se poursuit parfois presque parallèlement à la planification. L'équipe de planification peut se déplacer d'une localité à une autre et élaborer des plans d'exécution détaillés (à l'intérieur d'un cadre établi au niveau des districts) en laissant les agents locaux des services de vulgarisation, les commissions agricoles de village ou les autres organismes locaux le soin de mettre le plan en pratique.

Au niveau des districts, le plan sera fréquemment exécuté sous forme d'un projet de développement. Il pourra y avoir un intervalle entre la planification et l'exécution pour différentes raisons de caractère financier, administratif ou politique. La responsabilité de la mise en œuvre du plan incombe aux décideurs, aux organismes d'exécution et aux populations locales.

Les décideurs doivent dégager les crédits, donner des instructions aux organismes sectoriels et faciliter le travail des collaborateurs du secteur privé. Les pouvoirs publics peuvent avoir recours à des incitations comme des dons et des subventions, et peuvent introduire des réglementations. Des organismes sectoriels, comme le service des eaux et forêts ou les départements de l'agriculture et de l'irrigation, peuvent participer directement à l'exécution lorsqu'ils disposent du personnel et de l'expérience nécessaires, ou bien opérer indirectement au moyen de services de formation, de services de vulgarisation, de démonstrations sur le terrain et d'ateliers.

Le rôle de l'équipe de planification

L'équipe de planification a plusieurs contributions importantes à apporter à l'exécution du plan. La première consiste simplement à veiller à ce que les mesures recommandées dans le plan soient comprises correctement par les organismes d'exécution et mises en pratique. Les représentants de l'équipe de planification constituent un maillon essentiel entre la planification et l'exécution.

Dans le même ordre d'idée, l'équipe de planification peut assumer la direction de la coordination des activités des organes d'exécution et, d'une façon générale, maintenir les communications entre toutes les entités qui prennent part à l'application du plan. Elle peut aider à renforcer les institutions existantes ou, en cas de besoin, à en créer de nouvelles. Dans ce contexte, elle peut participer à l'éducation et à la formation du personnel.

Elle peut aussi jouer un rôle en matière de relations publiques, et notamment expliquer dans les médias, dans les écoles et lors de réunions publiques quelle est la situation en ce qui concerne l'utilisation des terres et quel est le contenu du plan. L'équipe de planification est particulièrement bien placée pour organiser des recherches concernant le plan étant donné qu'elle sait quels sont les problèmes qui risquent d'être rencontrés. Enfin, l'équipe devra suivre et évaluer les résultats donnés par le plan (étape 10).

Il faudra parfois investir un temps considérable pour veiller à ce que les populations de la région, les autorités locales et le gouvernement national comprennent bien le plan, y participent et en soient satisfaits. Tel est particulièrement le cas d'activités à vocation essentiellement sociale comme la mise en place de comités de gestion des pâturages, de coopératives et d'institutions de crédit aux petits agriculteurs, mais cela vaut à tous les niveaux. Les relations publiques ne doivent pas être un processus à sens unique consistant pour les pouvoirs publics à «expliquer» leurs décisions aux populations, mais plutôt un échange d'idées à double sens. Si les membres de la communauté locale disent, par exemple, qu'il ne serait pas indiqué de faire paître les troupeaux dans un endroit déterminé pendant la saison sèche, ils ont probablement d'excellentes raisons de le penser, et l'équipe chargée de l'exécution du plan devra les écouter.

Souvent, l'exécution se ramènera à une gestion efficace des projets. Le temps et les ressources financières et autres consacrés à l'exécution dépasseront fréquemment de beaucoup ceux utilisés jusqu'à présent pendant tout le processus de planification. L'exécution fait intervenir de nombreux aspects qui sortent du cadre des présentes directives, d'où la brièveté de la présente section.

ILLUSTRATION 6 La discussion et la coordination sont essentielles à bien des niveaux

Il conviendra cependant de relever deux aspects qui sont au cœur de l'interface entre la planification et l'exécution, à savoir le renforcement des institutions et la participation.

Renforcement des institutions

II n'a jamais été établi qu'une utilisation efficace de la terre exige une planification à long terme. Pour commencer, les moyens qui ont été mis en œuvre jusqu'à présent pour exécuter des plans à long terme ne se sont pas avérés très efficaces. En fait, nombre des tentatives faites par les gouvernements pour conduire les agriculteurs à se conformer à des plans (mal inspirés) d'utilisation des terres apparaissent maintenant comme étant allées à l'encontre du but recherché.

Selon les tenants de l'avis opposé, il est préférable de laisser les utilisations des terres aux forces du marché, c'est-à-dire à un grand nombre de décisions prises par des individus à leurs propres fins privées. En s'en tenant à des décisions de faible envergure, l'on a le temps de tirer les enseignements qui s'imposent, aussi bien des réussites que des échecs, et les forces économiques encourageront les utilisateurs de la terre à utiliser au mieux les ressources disponibles.

Cet argument vaut lorsque les décisions sont prises sur la base d'informations complètes mais, en fait, les utilisateurs de la terre ne sont pas toujours parfaitement conscients des conséquences de leurs actes. Sans un appui des pouvoirs publics, nombre des options leur demeurent fermées. Les pressions économiques peuvent forcer les utilisateurs de la terre à agir de manière à satisfaire leurs besoins à court terme même si un tel comportement a des conséquences néfastes pour l'avenir.

Quel que soit le degré souhaité d'intervention des pouvoirs publics, une équipe de spécialistes est nécessaire pour créer une opinion publique informée des questions de gestion de la terre et pour conseiller les décideurs quant aux options qui s'offrent et quant aux conséquences des différentes décisions qui peuvent être prises. L'équipe devra jouir de l'appui aussi bien des populations locales que de l'autorité et des ressources de l'Etat.

Les organismes gouvernementaux et les budgets publics sont généralement organisés sur une base sectorielle (agriculture, élevage, foresterie, irrigation, etc.). La planification de l'utilisation des terres doit transcender ces hiérarchies administratives, sans toutefois sembler remettre en question l'influence et le budget des institutions établies.

Les tentatives de planification intégrées sont souvent frustrées par:

· une définition insuffisante des responsabilités de coordination des activités sectorielles et des administrations régionales;

· un manque de coopération avec les autorités nationales et régionales et avec les organismes spécialisés, ce qui se traduit par une utilisation peu efficace des données et des compétences disponibles;

· le manque de personnel expérimenté et l'absence de structures de carrière.

Les conflits bureaucratiques peuvent être évités en recrutant des consultants pour préparer un plan, mais l'expérience montre que les plans préparés par des consultants ne sont guère utilisés, à moins qu'un financement extérieur ait été prévu dès le départ. Habituellement, il n'y a guère de participation locale et ni l'exécutif ni les organismes sectoriels ne font preuve de la volonté voulue pour exécuter les plans. Il y a deux autres stratégies qui ont fait leurs preuves:
· Organiser une zone de planification spéciale dotée de son budget et de son administration propre (comme la Tennessee Valley Authority), ce qui évite les conflits entre institutions en remplaçant les institutions existantes, mais c'est une solution coûteuse et qui prend du temps.

· Créer un service indépendant de planification de l'utilisation des terres (figure 14). Il faudra qu'un tel service soit doté des compétences nécessaires, puisse avoir accès aux autorités habilitées à décider et puisse prendre des décisions rapidement. S'il ne doit constituer qu'un autre organisme sectoriel, il fera simplement concurrence aux autres organismes et ne sera pas bien placé ni pour influencer leurs programmes, ni pour mettre en œuvre des plans qui lui soient propres.

La structure probablement la plus efficace consiste à faire du service de planification de l'utilisation des terres un service qui relève directement de l'exécutif. A l'échelon le plus élevé, la planification de l'utilisation des terres pourra être confiée à un comité restreint de membres permanents représentant les ministères ou organismes compétents, assisté par un secrétaire technique (plutôt qu'administratif). Le comité de planification de l'utilisation des terres devrait formuler des recommandations sur les priorités, l'allocation des ressources et la préparation, l'approbation et la coordination de programmes d'aménagement des terres. Pardessus tout, la hiérarchie des responsabilités devra être claire.

Au niveau national, le comité aura besoin de l'appui spécialisé d'un service de planification de l'utilisation des terres responsable des aspects techniques de la planification, d'une base de données nationales sur les ressources en terres, de services de formation et de services d'appui pour les planificateurs au niveau du district. A ce dernier niveau, les besoins en personnel seront plus modestes et il suffira peut-être d'avoir un planificateur qui coordonnera les activités des différents organismes sectoriels au niveau du district. Encore une fois, le planificateur devra relever directement du directeur général et non d'un département spécifique.

FIGURE 14 Structures institutionnelles possibles pour la planification de l'utilisation des terres

Participation

Compte tenu de ce qui précède, il doit être clair maintenant que la planification de l'utilisation des terres doit bénéficier de la participation de la communauté locale, des organismes techniques et des décideurs à tous les niveaux. Leur participation doit être intégrée au processus de planification, et ce pour plusieurs raisons:

· Pour veiller à ce que l'on s'attaque aux questions appropriées. Des groupes différents peuvent avoir des idées très différentes des problèmes que posent les utilisations des sols et des possibilités qui s'offrent, et les spécialistes ne sont pas toujours les mieux placés pour savoir.

· Pour tirer profit de la masse de connaissances locales concernant les terres et les aspects économiques de leurs utilisations.

· Pour bénéficier de la créativité des populations locales, des techniciens et des administrateurs. Des solutions d'origine locale seront acceptées et exécutées plus facilement que des technologies importées de l'extérieur.

· Comme le temps et les compétences disponibles aux fins de la planification sont limités, il n'est pas réaliste de vouloir programmer le détail le plus infime. Si les utilisateurs de la terre acceptent le plan dans ses grandes lignes, ce sont eux, en tout état de cause, qui s'occuperont des détails.

Les planificateurs doivent s'employer à obtenir que toutes les parties s'engagent à donner effet au consensus qui se sera dégagé au sujet du plan d'utilisation des terres. Le meilleur moyen d'y parvenir est de tenir toutes les parties informées à toutes les étapes du processus et à exploiter les compétences et les connaissances qu'elles peuvent avoir à offrir. S'il n'existe pas déjà des procédures de consultation, il faudra en élaborer et les appliquer.

La participation revêt la plus haute importance dans le cas de la planification progressive, qui exige de rassembler et de documenter les connaissances touchant la situation en ce qui concerne l'utilisation des terres et d'identifier les principales lacunes de ces connaissances. Il faut, d'une part, mettre les communautés locales et les décideurs mieux à même d'utiliser les informations réunies par les planificateurs et, de l'autre, aider les décideurs à centrer leur attention sur les objectifs des utilisations des terres, les causes profondes des problèmes qui se posent et les différentes options qui s'offrent à eux.

LISTE DE CONTRÔLE

Etape 9

EXÉCUTION DU PLAN

Responsabilité: organismes d'exécution, en collaboration avec l'équipe de planification

L'exécution fait intervenir une large gamme d'activités concrètes qui, souvent, sortent du cadre des présentes directives. Les indications ci-après portent spécifiquement sur les rôles que peut jouer l'équipe de planification.

Veiller à ce que les changements recommandés dans le plan soient appliqués correctement; être disponible pour des consultations techniques; discuter avec les organes d'exécution toute modification suggérée.

Aider à maintenir les communications entre toutes les personnes et toutes les institutions participant au plan ou affectées par celui-ci: utilisateurs des terres, organismes sectoriels, pouvoirs publics, organisations non gouvernementales, organisations commerciales.

Aider à coordonner les activités des organes d'exécution.

Aider à renforcer les institutions en resserrant les liens entre les institutions existantes et en créant de nouvelles en cas de besoin, et en renforçant la coopération.

Mettre l'accent sur la participation des utilisateurs des terres; mettre en place des incitations adéquates.

Organiser les recherches liées au plan; veiller à ce que les résultats des recherches soient diffusés et, lorsqu'il y a lieu, incorporés au plan.

Organiser les services d'éducation et de formation: personnel des projets, utilisateurs des terres.


Etape 10. Suivi et révision du plan

Le processus de planification a maintenant accompli un cercle complet. Des informations sont nécessaires sur la façon dont le plan est exécuté et sur ses résultats, de sorte que les organes d'exécution puissent améliorer la façon dont le plan est appliqué et que l'équipe de planification puisse tirer les leçons de l'expérience acquise et s'adapter aux changements de circonstances. Il faut pouvoir répondre aux questions suivantes:

· Les activités d'utilisation des terres sont-elles menées comme prévu?
· Les effets correspondent-ils aux effets prévus?
· Les coûts correspondent-ils aux coûts prévus?
· Les hypothèses sur lesquelles le plan a été fondé se sont-elles avérées correctes?
· Les objectifs demeurent-ils valables?
· Dans quelle mesure les objectifs sont-ils atteints?
Suivi

Des données sont nécessaires pour répondre à toutes ces questions, mais il ne faut pas permettre que la collecte de données devienne une fin en soi: plus l'on passe de temps à rassembler des informations, et moins il en reste pour l'analyse et pour l'action. Il conviendra de mettre l'accent sur des extrants faciles à mesurer ou sur des conditions de terres en rapport avec les objectifs de la planification, et d'utiliser des méthodes établies de rassemblement de données comme la comptabilité de la vente de la production. Il faudra classer par ordre d'importance les éléments à mesurer, de sorte que les contraintes de temps et de budget n'empêchent pas de rassembler des données importantes. Des indicateurs évidents sont le rendement des récoltes, le taux de croissance des arbres et la production de l'élevage. D'autres séries de données critiques dépendront de la nature du plan: il faudra, par exemple, suivre la disponibilité d'eau dans le cas de projets d'irrigation ou les sédiments transportés par les cours d'eau dans le cas des projets visant à lutter contre l'érosion.

Le suivi pourra exiger des observations dans des localités clefs, des visites périodiques des agents des services de vulgarisation et des discussions avec les autorités et les utilisateurs des terres. Une liste de contrôle et des réunions périodiques dans la zone couverte par le plan pourront être utiles à cet égard. Les responsables de l'exécution du plan devront énumérer les tâches à accomplir pour corriger les problèmes rencontrés à mesure qu'ils se posent.

Examen et révision

En analysant les données rassemblées, l'examen consiste à comparer les résultats obtenus et les résultats escomptés, à identifier les problèmes rencontrés dans l'exécution du plan, ou en ce qui concerne la collecte des données ou les hypothèses sur lesquelles le plan est fondé.

Il y a d'innombrables raisons à un échec. La première est que le plan peut avoir été basé sur des hypothèses incorrectes: par exemple, l'hypothèse que la faiblesse des rendements des récoltes est causée par un manque d'engrais alors qu'en réalité la principale contrainte tient à l'eau. Les circonstances économiques ont pu changer, par exemple lorsque les cours mondiaux d'une denrée commerciale s'effondrent. Souvent, l'échec est imputable aux aspects logistiques de l'exécution. Si l'on constate, lors du suivi, que les engrais ne parviennent pas aux agriculteurs, cela est-il dû à un manque d'efficacité du système de distribution? Enfin, il peut y avoir des problèmes de communication et de participation, par exemple des agriculteurs qui, en fait, ne plantent pas les espèces d'arbres polyvalents qui ont été recommandées. Lorsque de tels problèmes sont rencontrés, il convient tout d'abord d'en déterminer les raisons en parlant aux agriculteurs.

Il faut essayer de trouver des solutions aux problèmes et les discuter avec ceux qui doivent prendre des mesures correctives. Dans le cas de changements mineurs, l'on peut en discuter avec les organes d'exécution, par exemple pour les amener à réviser les conseils donnés par les services de vulgarisation. Des changements plus substantiels représentant une révision du plan doivent être soumis aux décideurs. Dans toute la mesure possible, des révisions mineures et continues sont à préférer, étant donné qu'en voulant introduire des changements plus substantiels l'on risque des retards. Cependant, il est inutile de vouloir persister à appliquer des méthodes qui, manifestement, ne parviennent pas à atteindre les objectifs fixés.

C'est à ce stade que les recherches entreprises dans le cadre du plan ou en association avec celui-ci peuvent être utiles: si certains des problèmes rencontrés ont été prévus, il se peut que les résultats des recherches soient disponibles. Cela vaut aussi bien pour les problèmes techniques, par exemple ceux concernant la nutrition des plantes ou la qualité de l'eau, que pour des difficultés de caractère social. Lorsqu'il se pose des problèmes nouveaux, il faudra entreprendre des recherches supplémentaires.

Il y a généralement un changement d'emphase pendant l'exécution d'un plan de développement. Au début, il y aura une phase à forte intensité d'investissement, pendant laquelle les résultats apparaissent sous forme de routes, de systèmes d'adduction d'eau, de possibilités d'emplois, de crédits et d'intrants matériels. La deuxième phase, qui consiste en services de vulgarisation et en activités de fonctionnement et d'entretien des travaux d'équipement, est plus difficile à suivre. La gestion au jour le jour est entre les mains des exploitants; il faut administrer les remboursements des crédits, assurer la continuité des approvisionnements en intrants et suivre le fonctionnement des systèmes de commercialisation. Le passage entre la phase d'investissement, politiquement populaire, et celle des travaux d'entretien et d'amélioration de longue haleine est difficile. Ces dernières activités exigent une coopération plus efficace et plus spontanée entre organismes d'exécution et utilisateurs des terres.

LISTE DE CONTRÔLE

Etape 10

SUIVI ET REVISION DU PLAN

Responsabilité: équipe de planification

Enumérer les objectifs et les critères de réalisation convenus lors de l'étape 1; ajouter, le cas échéant, les objectifs et critères qui sont apparus à une étape ultérieure de la période de planification.

Rassembler les données se rapportant à chaque critère de réalisation: physique, économique et social.

Comparer les résultats obtenus et les résultats prévus; identifier les points qui constituent une réussite et ceux qui représentent un échec.

Rechercher les explications des échecs. Ont-ils été causés par:

- Le fait que les hypothèses sur lesquelles reposait le plan se sont avérées incorrectes?
- Le fait que les circonstances économiques ou politiques ont changé?
- Des problèmes logistiques d'exécution?
- Des problèmes de communication et de participation?
Passer en revue les objectifs: sont-ils encore valables?

Entreprendre une modification ou une révision du plan:

- s'il s'agit de modifications mineures, en demandant aux organes d'exécution de prendre les mesures voulues;

- s'il s'agit de révisions plus importantes, en préparant des propositions et en soumettant celles-ci aux décideurs.



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