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4. COUTS DE PRODUCTION


4.1 Flux de trésorerie et coûts de production
4.2 Coûts variables ou directs
4.3 Coûts fixes
4.4 Etude de cas de coûts de production
4.5 Modèle pour l'estimation des coûts de production dans des unités de transformation des produits de la pêche


Les coûts de production (également appelés coûts opératoires) sont les coûts nécessaires pour maintenir en production une usine, une ligne de production ou un équipement donné. Dans une entreprise en bonne santé, la différence entre les revenus (produit des ventes ou d'autres sources) et les coûts de production représente la marge brute.

Cela veut dire que le devenir économique d'une entreprise est relié: aux revenus (par exemple produits vendus sur le marché et prix de vente obtenus) et aux coûts de production des produits vendus. Alors que les revenus, en particulier les produits des ventes, sont reliés au secteur commercial de l'entreprise, les coûts de production sont étroitement associés au secteur technique. Il est par conséquent important que le technicien des pêches ait connaissance des coûts de production.

Les coûts de production ont deux caractéristiques opposées qui ne sont pas toujours bien comprises dans les pays en développement. La première est que pour produire il faut dépenser; cela veut dire produire à un certain coût. La seconde est qu'il faut maintenir les coûts à un niveau aussi bas que possible et les éliminer lorsqu'ils ne sont pas nécessaires. Cela ne veut pas dire qu'il faut réduire ou supprimer des coûts sans discernement.

Par exemple, il serait insensé de ne pas avoir un programme de maintenance approprié simplement pour éviter les coûts de maintenance. Il est plus conseillé d'adopter un plan de maintenance acceptable qui pourrait peut-être écarter 80-90% des risques de panne. De même, il n'est guère recommandé d'acheter du poisson de qualité incertaine pour réduire les coûts de matière première. La bonne approche est d'avoir un programme d'achat approprié en accord avec les spécifications du marché et les coûts. En général ni une basse qualité ni la meilleure qualité ne correspondent avec au profit maximal de l'entreprise; cet aspect sera passé en revue ultérieurement.

Plusieurs autres domaines sont considérés comme des "coûts" à éliminer (par exemple sécurité dans l'entreprise, formation du personnel, recherche et développement) et souvent n'existent pas dans les industries de transformation des produits de la pêche de beaucoup de pays en développement. De la même façon, les coûts reliés à l'environnement (par exemple le traitement des effluents) sont malheureusement souvent ignorés et, par conséquent, transférés sur l'ensemble de la communauté ou aux générations futures.

Il faut souligner un autre élément lorsqu'on analyse l'importance des coûts de production dans les pays en développement: pour un coût de structure donné, une variation du prix de vente a une répercussion immédiate sur la marge brute puisque la marge brute est la différence entre les revenus (principalement des ventes) et les coûts de production. De ce fait, les augmentations ou les variations des prix de vente sont souvent perçus comme la variable la plus importante (en même temps que le coût de la matière première), en particulier lorsqu'il se produit de fortes fluctuations de prix.

La Figure 4.1 présente un exemple d'un tel type de fluctuation des prix de vente. Il porte sur le prix de vente du thon en boîtes au naturel (48 × 6 ½ oz) importé de Thaïlande aux USA et en Europe au cours de l'année 1993 et montre des variations allant jusqu'à 25,75 et 28,58 % respectivement.

Dans la situation décrite à la Figure 4.1, le directeur ou le propriétaire de l'entreprise pourrait être tenté d'écarter l'analyse globale des coûts de production en tant que moyen pour améliorer les profits (à l'exception peut-être de la matière première comme nous le verrons plus loin). Le directeur aura tendance à penser que les fluctuations de prix sont d'une ampleur telle qu'elles éclipsent une amélioration quelconque, aussi minime soit-elle, dans la structure de coût (par exemple une amélioration dans les rendements énergétiques ou dans les rendements de matière). Les efforts des entreprises se concentrent en général sur l'amélioration de leur position au niveau du marché (pour acheter ou pour vendre) et éventuellement pour obtenir sur le plan politique des réductions de coûts globales (par exemple réduction ou exemption d'impôts ou taxes, abattements de prix sur l'électricité ou les carburants, prêts à taux réduits).

Figure 4.1 Prix mensuel du thon en boîtes au naturel (48 × 6 ½ oz) importé de Thaïlande vers les USA et l'Europe au cours de l'année 1993 (d'après la banque de données FAO GLOBEFISH)

Les responsables d'entreprises peuvent facilement ne pas comprendre que toute amélioration dans les coûts de production, et pas seulement dans celle du prix de vente ou de la matière première, entraîne une augmentation de la marge brute, quelle que soit la situation du marché et que cette amélioration est permanente dans le temps. En outre, ne pas faire attention à ces améliorations peut les détourner des développements techniques possibles, ce qui peut éventuellement les mettre, d'abord dans une situation de non-compétitivité, puis dans une situation d'obsolescence à moyen ou long terme.

L'attention dont la gestion rationnelle de tous les coûts de production fait l'objet est une indication du développement et de la maturité d'une industrie des produits de la pêche dans un marché international compétitif.

L'absence de compréhension de l'importance des coûts de production, et en particulier l'amortissement, les assurances et les provisions, rendent les affaires de pêche très instables dans les pays en développement, et souvent empêchent les développements et la durabilité, malgré les ouvertures existantes aussi bien sur les marchés intérieurs qu'à l'exportation.

4.1 Flux de trésorerie et coûts de production

Le flux de trésorerie est la clé pour toute analyse de coût et de profitabilité. L'analyse du flux de trésorerie est utile pour comprendre les mouvements et les échelonnements financiers non seulement au niveau global d'une entreprise mais également au niveau partiel de lignes de production.

La Figure 4.2 montre le schéma général des flux de trésorerie pour les coûts opératoires (usine, ligne de production, équipement) et leur financement. Les coûts de production peuvent être divisés en deux grandes catégories: les COUTS VARIABLES ou COUTS DIRECTS, qui sont proportionnels à la production, et les COUTS FIXES, qui sont indépendants de la production. Le Tableau 4.1 présente un classement des coûts de production qui peut être utilisé comme un guide pour les calculs.

Figure 4.2 Schéma des flux de trésorerie pour une unité de traitement de poisson/ligne de production/équipement

La Figure 4.2 présente deux flux: le premier représente les revenus des ventes, services et toute autre source de revenu de l'entreprise; le second comprend les dépenses et tous les coûts fixes et variables. La marge brute est la différence entre les revenus et les dépenses. L'importance relative des flux dépend du type d'opération concernée.

Par exemple, les coûts de capture dans les pêcheries artisanales sont bas, étant donné que les coûts fixes sont bas du fait d'investissements faibles, et les coûts variables peuvent être réduits par l'utilisation d'une combinaison appropriée d'embarcation et d'engins de pêche. Les coûts de production pour ce type de combinaison sont en relation avec la durée du temps passé à pêcher en mer, la distance du lieu de pêche, etc. (Stevenson, 1982).

La transformation industrielle des produits de la pêche comporte en général une part importante de coûts variables tels que matière première, main-d'oeuvre et emballages. Ces trois composantes peuvent représenter jusqu'à 80% des coûts totaux de production. Par exemple la Figure 4.3 montre la répartition des coûts de production d'une conserverie de poisson en Argentine (Parin et Zagurramurdi, 1987).

Tableau 4.1 Classement des coûts de production

1. COUTS VARIABLES (directs)

1.1 Matière première
1.2 Main-d'oeuvre directe
1.3 Maîtrise
1.4 Maintenance
1.5 Services
1.6 Fournitures
1.7 Royalties et brevets
1.8 Emballages

2. COUTS FIXES

2.1 Coûts indirects
2.1.1 Investissements
2.1.1.1 Amortissement
2.1.1.2 Impôts fonciers
2.1.1.3 Assurances
2.1.1.4 Intérêts
2.1.1.5 Autres coûts
2.1.2 Frais généraux
2.1.2.1 Recherche et développement
2.1.2.2 Relations publiques
2.1.2.3 Comptabilité et audit
2.1.2.4 Assistance juridique et brevets
2.2 Administration et direction
2.3 Coûts commerciaux et logistiques

Figure 4.3 Distribution radiale des coûts de production d'une conserverie de poisson (Argentine)

Le Tableau 4.2 liste quelques coûts de production pour 1 kg de produits finis pour des types de produits variés. Les données de ce Tableau sont seulement indicatives et se réfèrent à l'endroit et à l'année où elles ont été collectées. Il faut tenir compte de ce que les coûts par unité de production dépendent de la capacité et du niveau de production (voir Chapitre 3).

Les coûts de production réels sont très difficiles à trouver dans les publications car ce sont des indicateurs directs du potentiel commercial. Par exemple, il est clair d'après le Tableau 4.2 que les conserves de sardines d'Argentine n'étaient pas compétitives sur le marché régional et international, en raison de leurs coûts de production, alors qu'éventuellement des conserves de thon ou de bonite importées pourraient être compétitives sur le marché national (ce qui s'est produit en fait lorsque le marché était ouvert). Par ailleurs, à peu près au même moment les coûts de production en Argentine et en Uruguay de filets de merlu congelés en blocs permettaient à ces produits d'être compétitifs sur le marché international. En ce qui concerne les coûts de capture, les valeurs présentent de grandes variations suivant le pays et le type de navire; des exemples sont présentés au Tableau 4.2.

Tableau 4.2 Coûts de production dans des unités de traitement des produits de la pêche

Type de produit

$EU/kg produits finis

Pays

Références

Conserves


Thon 452 g

1,14

Indonésie

(Bromiley et al., 1973)


Crevettes, 135 g

2,70

Indonésie

(Bromiley et al., 1973)


Sardines, 125 g

1,30

Norvège

(Myrseth, 1985)


Sardines, 125 g

1,27

Pays tropicaux

(Edwards et al., 1981)


Sardines, 170 g

2,94

Argentine

(Parin et Zugarramurdi, 1987)


Maquereau, 380 g

1,92

Argentine

(Parin et Zugarramurdi, 1987)


Merlu, 380 g

1,31

Argentine

(Parin et Zugarramurdi, 1987)


Sardines en sauce, 452 g

0,67

Chili

(1989)


Thon morceaux, 185 g

1,82

Thaïlande

(1989)


Bonite au naturel, 185 g

1,64

Thaïlande

(1989)

Congelés


Filets de merlu en blocs

1,20

Argentine

(1989)


Filets de merlu en blocs

1,17

Uruguay

(Kelsen et al., 1981)


Tambour E&E

0,90

Uruguay

(Kelsen et al., 1981)


Acoupa rayé, IQF

1,17

Uruguay

(Kelsen et al., 1981)


Crevettes

2,80

UK

(Graham, 1984)


Crevettes

2,39

USA

(Bartholomai, 1987)


Cabillaud, filets en blocs

2,88

Canada

(1989)


Morue du Pacifique, filets

1,52

Japon

(1989)


Krill, queues, en blocs

3,55

Pologne

(Budzinski, 1985)

Produits frais


Soles

4,18

USA

(Georgianna et Hogan, 1986)

Produits sèches


Naturellement

0,28

Pays africains

(Waterman, 1977)


Mécaniquement

0,41

Pays africains

(Waterman, 1977)

Farine de poisson




0,12

Argentine

(Cabrejos et Malaret, 1969)

0,14

USA

(Almenas, 1972)

0,15

Pérou

(1989)

0,20-0,33

Pays européens

(Atlas, 1975)

0,28

Pays africains

(Mlay et Mkwizu,1982)

Concentré de Protéines de Poissons

0,33

USA

(Almenas, 1972)

Captures


Senneurs

0,241

Thaïlande

(Haywood et Curr, 1987)


Senneurs

0,021

Maroc

(Haywood et Curr, 1987)


Bateaux

0,038

Bangladesh

(Eddie et Natham, 1980)


Bateaux

0,435

Seychelles

(Parker, 1989)


Artisanaux

0,035

Inde

(Kurien et Willmann, 1982)


Chalutiers

0,331

Inde

(Kurien et Willmann, 1982)


Filets maillants

0,200

Inde

(Kurien et Willmann, 1982)


Senneurs

0,500

Argentine

(1990)


Chalutiers

0,300

Argentine

(1990)

Il faut souligner la différence entre les coûts résultant d'une comptabilité et les estimations faites pour la préparation d'un projet à réaliser. Dans le premier cas on analyse des faits historiques, qui peuvent être classés et organisés suivant les méthodes comptables préétablies de l'entreprise, et qui ont été utilisées pour calculer les coûts de production antérieurs. Dans le second cas, les estimations sont faites en essayant de calculer les coûts futurs d'un produit, dont la production effective aura lieu peu de temps ou un ou deux ans après qu'il ait été conçu.

On peut faire une estimation des coûts de production pour plusieurs raisons. D'abord, l'estimation permet de sélectionner une opération parmi plusieurs alternatives, gagnant ainsi du temps, des efforts et de l'argent en écartant les projets non rentables. Ensuite, l'estimation doit permettre d'identifier les coûts les plus importants en regard du profit, de sorte que ces composantes soient spécifiquement sélectionnées pour les calculs futurs, en laissant les autres composantes pour des estimations plus rapides. Des estimations sur les futurs coûts de production probables sont nécessaires pour les études économiques et financières, et permettent de prendre des décisions sur:

- les changements probables des prix de vente
- les évolutions de position sur le marché et les modifications de composition des approvisionnements

4.2 Coûts variables ou directs


4.2.1 Matières premières
4.2.2 Main-d'oeuvre directe
4.2.3 Maîtrise
4.2.4 Fournitures en fluides (électricité, vapeur, eau, gaz et fuel)
4.2.5 Maintenance
4.2.6 Fournitures
4.2.7 Royalties et brevets
4.2.8 Emballages


4.2.1 Matières premières

Ce poste comprend les matières premières directes et indirectes intervenant dans le procédé de transformation (poisson, huile, sel, ingrédients, etc.), étant donné que la caractéristique principale de cette activité est la fabrication. On peut l'estimer par la connaissance de:

- La quantité de matière première nécessaire pour produire une unité du produit
- Le prix par unité de matière première

L'industrie des pêches pratique normalement trois voies d'approvisionnement en matière première:

- A - L'achat direct sur le site de débarquement ou à la criée
- B - La capture par des navires appartenant à l'entreprise
- C - L'importation

Suivant le cas A, le coût de la matière première peut être calculé en fonction du prix fixe conclu pour les espèces faisant l'objet d'une campagne saisonnière, ou de la moyenne des prix effectivement payés pour les espèces particulières. Dans le cas B, le coût de la matière première serait le coût annuel d'opération des navires. Par exemple, la Figure 4.4 montre le coût de capture d'anchois par des bateaux côtiers de Mar del Plata (Argentine) en fonction de l'utilisation de la cale (Parin et al., 1978b). Dans le cas C concernant l'importation de matière première, les coûts comprennent la livraison à l'usine et d'autres frais tels que détaillés dans le Tableau 4.3.

Figure 4.4 Coûts moyens de capture d'anchois en fonction du pourcentage d'activité de la flotte de pêche

Tableau 4.3 Eléments constitutifs du prix des matières premières importées

(a) Prix au port d'embarquement (FOB)

.....

(b) Frais de transport jusqu'au port de destination

.....

(c) Assurance transport maritime

.....


Coût port de destination CAF


(d) Droits de douanes

.....

(e) Autres frais (frais administratifs, transport local, réception

.....


Prix rendu usine

.....

Dans l'industrie chimique, la composante des matières premières peut varier de 10% à 50% des coûts de production totaux. Les valeurs présentées dans le Tableau 4.4 peuvent servir de guide pour les industries de transformation des produits de la pêche.

Le Tableau 4.4 montre qu'il y a des différences substantielles entre les unités de transformation suivant les pays où elles se trouvent. On constate un écart considérable entre les unités de séchage de poisson d'Afrique et celles du Brésil. On peut penser que cette situation résulte des différences dans les salaires des ouvriers. Le rapport entre le coût de la main-d'oeuvre et celui de la matière première est de 1,5 au Brésil, alors que ce rapport est de 0,007 en Afrique, malgré le fait que le prix de la matière première soit plus élevé au Brésil de 33%. L'Annexe C2 contient des coûts indicatifs supplémentaires pour diverses espèces de poissons et crustacés. Les frais suivants doivent éventuellement être ajoutés aux coûts précédents:

- Les frais ou taxes liés au marché ou au lieu de vente en gros des produits
- Le transport du lieu de débarquement à l'usine

Les prix des matières premières qui sont présentés dans l'Annexe C2 ne sont qu'indicatifs et ne peuvent être utilisés éventuellement que dans une première approximation. Cependant, les moyennes et les séries de prix doivent être utilisées pour des calculs appropriés, en particulier lorsque la matière première est un élément important de la structure du coût de production (voir Tableau 4.4). La principale raison est que, dans une économie de marché ouvert, les coûts des matières premières, en particulier celui du poisson, peuvent considérablement varier au cours de l'année.

La Figure 4.5 montre l'exemple de la bonite à ventre rayé congelée, matière première pour l'industrie de la conserve en Thaïlande, pour les années 1990 et 1993. La Figure 4.5 montre clairement que les prix mensuels ont présenté des variations au cours de l'année 1993 allant jusqu'à 66%; les prix moyens pour 1990 et 1993 ont été similaires. Les prix moyens pour 1991 et 1992 ont été de 835,8 et 708,1 respectivement, ce qui veut dire qu'à long terme, les variations des prix moyens annuels sont moindres que les variations mensuelles. Dans ce cas particulier en ne tenant pas compte de 1992 qui était une année particulière pour la bonite à ventre rayée, la variation maximum des prix moyens annuels sur la moyenne globale des années 1990, 1991 et 1993 a été de 1,6%.

Tableau 4.4 Coûts classiques des matières premières en pourcentage du coût total de production

Type d'unité

% des coûts totaux de production

Pays

Valeurs calculées à partir de

Congélation


Filets de merlu

60-70

Argentine

(Parin et al., 1990)


Poisson séché

75-85

Argentine

(Parin et al., 1990)


Crevettes

54,2-77,1

UK

(Graham, 1984)


Merlu

53,8

UK

(Graham, 1984)


Tambour, E&E

48,9

Uruguay

(Kelsen, 1981)


Acoupa rayé (avec peau IQF)

49,6

Uruguay

(Kelsen, 1981)


Crevettes crues (sans tête)

63

USA

Batholomai, 1987)


Poissons-chats d'élevage

91

USA

Batholomai, 1987)

Conserves


Sardines, maquereaux

23-44

Argentine

(Zugarramurdi, 1981b)


Crevettes

55

Indonésie

(Bromiley et al., 1973)


Sardines

18,5

Norvège

(Myrseth, 1985)


Sardines

21,5

Pays tropicaux

(Edwards et al., 1981)

Unité de préparation de soles fraîches

80,4

USA

(Georgianna et Hogan, 1986)

Anchois salés

50-60

Argentine

(Zugarramurdi, 1981a)

Farine de poisson

65

Argentine

(Cabrejos et Malaret, 1969)

Farine de poisson

65,3

Brésil

(Vaaland et Piyarat, 1982)

CPP, type A

35,6

USA

(Almenas, 1972)

CPP, type A

45,9

Brésil

(Vaaland et Piyarat, 1982)

CPP, type B

47,5

Brésil

(Vaaland et Piyarat, 1982)

Séchage (naturel)

28,6

Brésil

(Vaaland et Piyarat, 1982)

Séchage (naturel)

70

Pays africains

(Waterman, 1977)

Séchage (mécanique)

29,1

Brésil

(Vaaland et Piyarat, 1982)

Séchage (mécanique)

48

Pays africains

(Waterman, 1977)

Ainsi, il est habituellement nécessaire dans l'industrie des pêches d'effectuer une analyse des prix moyens mensuels de la matière première et dans certains cas celle des variations saisonnières. Cependant, de la même façon que pour les prix de vente, de grandes variations à court terme des prix de la matière première ne doivent pas détourner le responsable, et en particulier le technicien des pêches, de l'analyse des autres coûts de production.

Figure 4.5 Coût mensuel (C&F) de la bonite à ventre rayé congelée (4-7,5 lb) en Thaïlande (années 1990 et 1993) en $EU par tonne (d'après les données de la FAO GLOBEFISH)

Exemple 4.1 Coût du sel dans le salage du poisson à l'île de la Trinité

Le sel est une matière première dans la production du poisson salé. L'une des pratiques incorrectes dans le salage du poisson dans les pays en développement est l'utilisation de trop grandes quantités de sel (il est courant de constater des rapports de sel par rapport au poisson de 1:1 ou 2:1). Cela provient probablement des méthodes anciennes importées des pays développés où le sel était très bon marché en comparaison avec le prix du poisson. Ce n'est pas toujours le cas dans les pays en développement. Les auteurs ont enregistré des prix du sel payé par les pêcheurs artisanaux dans les pays en développement allant jusqu'à 1 $EU/kg.

Des quantités de sel plus élevées que celles indiquées dans le Tableau 2.6 n'augmentent pas la sécurité du produit, augmentent le poste coût du sel, les coûts de manutention, de préparation et de stockage du sel et du poisson salé (bacs, locaux, etc.). De plus l'utilisation de sel en excès encourage la mauvaise pratique observée dans beaucoup d'endroits consistant à réutiliser le sel ou la saumure saturée.

L'exemple d'une activité de salage de requin à la Trinité illustre ce point de façon très claire. Dans ces installations d'une capacité de 1 tonne de matière première par jour environ et une méthode de salage humide par pression (le requin salé est séché ultérieurement), le pourcentage de sel était de 100% (rapport 1:1), et il n'y avait pas de changement de saumure au cours du salage. A cause de la médiocre qualité du sel produit localement, le sel utilisé était importé (situation courante dans beaucoup de pays en développement).

Suivant les cas analysés précédemment (voir Tableau 2.6) 30% à 40% de sel suffisent. On peut retenir une valeur de 45% pour tenir compte des pertes (pertes de sel avant qu'il ne soit employé pour le salage). L'emploi d'un rapport 1:1 est excessif. Malgré cela, même des rapports plus élevés sont pratique courante dans la région des Caraïbes. A des fins de comparaison, un rapport de 2:1 est également utilisé dans les calculs, qui sont aussi appliqués à une variante sur le salage du tambour. Les résultats sont présentés dans le Tableau 4.5.

Le Tableau 4.5 montre que le poste de coût du sel affecte le coût de production final de façon significative, et que l'incidence est plus élevée pour le tambour que pour le requin (le prix du poisson intervient dans le calcul). Le Tableau 4.5 montre aussi la réduction totale du poste coût du sel. Quand on calcule les prix unitaires, on a tendance à extrapoler pour calculer ce que cela représente en valeur absolue sur l'année. La réduction des coûts de production et les gains peuvent être plus importants en utilisant le sel produit localement, même en augmentant la quantité de 20%, correspondant à la perte due au lavage pour améliorer la qualité. Cette éventualité doit normalement être étudiée.

Les termes généraux "meilleur marché que" ou "plus cher que" utilisés dans les pays développés ne s'appliquent pas forcément à toutes les situations dans les pays en développement. Cet exemple montre aussi la nécessité d'une direction qui intègre les connaissances techniques appropriées au niveau de la production.

Tableau 4.5 Incidence du rapport sel/poisson sur les coûts de production

Rapport sel:poisson
(poids)

Coût du sel importé par an
(1)(2)(4)

Coût de production par kg de requin salé
(3)

Coût de production par kg de tambour salé
(3)

0,45 : 1

27 945

3,43

2,82

1 : 1

62 100

3,56

3,15

1 : 1

124 200

3,79

3,63

Notes:

(1) 270 jours de travail par an, capacité de traitement de 1tonne/jour (matière à saler)
(2) Taux de change 1 $EU = 4,25 $TT (octobre 1991)
(3) Prix du requin entier: 0,37 $EU/kg; prix du tambour: 0,37 $EU/kg
(4) Prix du sel: local 0,094 $EU/kg; importé (Canada) 0,23 $EU/kg

4.2.2 Main-d'oeuvre directe

Ce poste inclut les salaires des ouvriers et employés dont le travail est identifié en relation directe avec les opérations de production. Dans les procédés fortement mécanisés (par exemple production de farine de poisson ou d'huile de poisson), ce poste représente moins de 10% des coûts de production. Par contre, dans des opérations comprenant beaucoup de main-d'oeuvre il peut dépasser 25% des coûts de production. Le Tableau 4.6 présente des pourcentages moyens pour des opérations de transformation du poisson (Zugarramurdi, 1981b).

Les deux variables qui entrent dans la constitution de ce poste sont le coût hommes-heure ou hommes-an et le nombre d'hommes-heure ou le nombre d'hommes/femmes nécessaires. Au coût de base de l'heure de main-d'oeuvre calculé suivant les accords syndicaux, il faut ajouter les charges sociales qui sont normalement à la charge de l'employeur. Dans le cas de l'industrie des pêches argentine, les charges sociales représentent 75% (1994) du salaire brut (sans les allocations pour équipement) et incluent les week-ends, les congés payés, l'absentéisme, les maladies et les accidents, l'assistance sociale, la sécurité sociale et les primes. Ailleurs, ce pourcentage est considérablement plus bas (environ 21-45%) même si en général il ne comprend pas autant de composantes.

Tableau 4.6 Coûts de main-d'oeuvre directe en pourcentage du coût total de production

Type d'unité

% des coûts totaux de production

Pays

Valeurs calculées à partir de

Conserves


(*)

11-17

Argentine

(Zugarramurdi, 1981a)


Crevettes

9,7

Indonésie

(Bromiley et al., 1973)


Thon

7,2

Indonésie

(Bromiley et al., 1973)


Sardines

9,2

Norvège

(Myrseth, 1985)


Sardines

10,5

Pays tropicaux

(Edwards et al., 1981)

Soles fraîches

12,1

USA

(Georgianna et Hogan, 1986)

Congélation


Filets de merlu (manuelle)

10-12

Argentine

(Parin et al., 1990)


Filets de merlu (mécanique)

7-9

Argentine

(Parin et al., 1990)


Filets de poisson séché (manuelle)

7-9

Argentine

(Parin et al., 1990)


Merlu (filets en bloc)

11,1

Uruguay

Kelsen et al., 1981)


Tambour, H&G

6,7

Uruguay

Kelsen et al., 1981)


Acoupa rayé (avec peau IQF)

6,0

Uruguay

Kelsen et al., 1981)


Crevettes (manuelle)

9,3-18,6

USA

(Graham, 1984)


Crevettes (mécanique)

5,35

USA

(Batholomai, 1987)


Poissons-chats (mécanique)

1,8

USA

(Batholomai, 1987)

Anchois salés

9-12

Argentine

(Zugarramurdi, 1981b)

Séchage (naturel)

5,1

Pays africains

(Waterman, 1977)

Séchage (naturel)

42,7

Brésil

(Vaaland et Piyarat, 1982)

Séchage (mécanique)

1,7

Pays africains

(Waterman, 1977)

Séchage (mécanique)

20,7

Brésil

(Vaaland et Piyarat, 1982)

Farine de poisson

6

Argentine

(Cabrejos et Malaret, 1969)

CPP, type A

6,3

USA

(Almenas, 1972)

CPP, type A

5,9

Brésil

(Vaaland et Piyarat, 1982)

CPP, type B

1,4

Brésil

(Vaaland et Piyarat, 1982)

(*) Suivant le type de production (sardines, thon). CPP: Concentré de protéines de poisson

Malheureusement, du point de vue du développement, dans certains pays en développement l'industrie n'a pas les moyens de payer (en pratique) les charge sociales. Bien que cela apparaisse comme un avantage pour l'industrie, une main-d'oeuvre bon marché ne veut pas dire automatiquement un avantage compétitif. La tendance mondiale actuelle va vers une réduction des charges sociales (aussi bien sur la part du salarié que celle de l'employeur) comme moyen en même temps d'augmenter les salaires nets et de réduire les coûts de main-d'oeuvre. L'Annexe C3 présente des exemples de salaires de base dans l'industrie des pêches.

Dans la pêche artisanale, le système de partage est souvent le moyen utilisé pour calculer les salaires de l'équipage. Dans certains cas, après que le prix du poisson est connu ou convenu et après déduction des dépenses générales, le produit net est divisé en parts. Le nombre de parts est déterminé par le nombre de personnes composant l'équipage et par le nombre de parts dévolues au bateau et aux filets. Les parts dévolues au bateau et aux filets sont destinées au remboursement des prêts. Cette donnée est conditionnée en partie par le coût et la durée de vie utile du bateau et des engins de pêche. Aux "parts" du bateau et des filets s'ajoute une part par membre d'équipage. Dans les bateaux de petite taille, le "maître" pêcheur est souvent le propriétaire et sa part est égale à celle des autres pêcheurs. Dans les bateaux de taille moyenne on trouve en général un propriétaire et un patron, et le premier attribue en général une demi- part supplémentaire au second.

Le partage des parts entre propriétaire du bateau et équipage diffère légèrement d'un pays à l'autre, mais le principe de base reste le même. Aux Philippines, quand le propriétaire du bateau fait également partie de l'équipage, les gains sont répartis (après déduction des dépenses) suivant une proportion 67-33%, avec 67% des gains nets allant au propriétaire du bateau (propriétaire-pêcheur), et 33% étant divisés entre les membres de l'équipage. Quand le propriétaire ne travaille pas à bord, il reçoit 1/3 des gains, 1/3 va au patron-pêcheur, et le dernier tiers est divisé entre les membres de l'équipage (Guerrero, 1989).

Aux Seychelles, 1/3 des gains nets va au propriétaire du navire et les 2/3 à l'équipage, qui inclut le propriétaire-pêcheur. Ainsi, le propriétaire bénéficie de deux sources de revenus: comme membre de l'équipage et comme propriétaire du navire, après déduction de l'amortissement et des coûts de maintenance et de réparation (Parker, 1989).

A Kerala (Inde), le propriétaire participe en général à l'activité de pêche artisanale, et donne 32-75% des revenus nets à l'équipage, alors que dans le secteur mécanisé, où les coûts de carburant sont une dépense majeure, les salaires des équipages représentent un pourcentage plus faible des revenus nets: 13% pour les chalutiers et 26% pour les bateaux utilisant des filets maillants. Néanmoins, le revenu moyen de l'équipage dans ce cas est plus élevé (Kurien et Willmann, 1982). Dans les pêches industrielles, l'équipage reçoit un salaire fixe; l'Annexe C3 en donne des exemples.

4.2.3 Maîtrise

Le poste de maîtrise comprend les salaires du personnel directement responsable de la supervision des différentes opérations. Il représente environ 10% de la main-d'oeuvre directe dans l'industrie des pêches. Très souvent, le personnel de maîtrise (contremaîtres) reçoit un salaire mensuel, ce qui veut dire que ce poste devient un coût fixe allant jusqu'à 100% de la capacité installée. Dans ce cas également, il faut ajouter les charges sociales au salaire de base. Le Tableau 4.7 présente des coûts de maîtrise suivant des cas analysés dans la bibliographie.

Tableau 4.7 Coûts de maîtrise en pourcentage du coût de main-d'oeuvre directe

Type de produit

%

Pays

Références

Conserves


Sardines, maquereaux

10,0

Argentine

(Zugarramurdi, 1981b)


Crevettes

12,9

Indonésie

(Bromiley et al., 1973)


Sardines

3,5

Pays tropicaux

(Edwards et al., 1981)


Poissons-chats

7,1

USA

(Batholomai, 1987)

Congélation


Merlu

10,0

Argentine

(Zugarramurdi, 1981b)


Crevettes

16,2

UK

(Graham, 1984)


Crevettes, poisson blanc

16,3

Pays tropicaux

(Street et al., 1986)

4.2.4 Fournitures en fluides (électricité, vapeur, eau, gaz et fuel)


4.2.4.1 Electricité
4.2.4.2 Vapeur
4.2.4.3 Eau


4.2.4.1 Electricité

Après avoir estimé la consommation d'électricité en kWh, suivant le niveau de production choisi, il ne reste plus qu'à établir son coût unitaire. Il peut être obtenu de deux façons:

Achat: C'est le plus simple à estimer puisque le fournisseur applique un prix fixe au kWh livré à l'usine, en fonction de la zone, du niveau de consommation, etc. L'Annexe C4 présente des coûts de base pour la fourniture d'électricité suivant les types de procédé concernés.

Auto-production: C'est généralement le cas d'usines qui nécessitent de grandes quantités d'énergie électrique. C'est le cas aussi d'unités situées dans des zones où l'auto-production est nécessaire.

En cas d'auto-production, le coût du kWh dépend du niveau de production de l'unité, c'est-à-dire qu'il doit être calculé pour chaque niveau de production envisageable.

4.2.4.2 Vapeur

Les deux données à prendre en compte ici sont la consommation nominale et le coût par unité. Considérant le coût de la vapeur, on peut distinguer plusieurs sources d'approvisionnement:

- La production dans des chaudières spécifiquement employées à cet effet
- La vapeur provenant d'un turbo-générateur électrique
- L'approvisionnement à partir de sources extérieures

L'industrie de transformation des produits de la pêche adopte en général la première méthode. Dans ce cas, on calcule le coût de 1 tonne de vapeur en fonction du prix du gas-oil, après avoir considéré tous les autres coûts dans leurs domaines respectifs. L'Annexe C4 présente les coûts internationaux du gas-oil.

4.2.4.3 Eau

Le coût de l'eau dépend de plusieurs facteurs. Une entreprise peut devoir acheter son eau, peut produire sa propre eau (à partir de puits, ou en traitant l'eau des rivières ou des lacs), et éventuellement, comme présenté dans le Chapitre 3, peut utiliser de l'eau de mer propre pour quelques utilisations particulières. Les entreprises utilisent souvent une combinaison de ces possibilités. L'eau peut être soit abondante et par conséquent bon marché, ou rare et relativement chère. Dans les pays où l'approvisionnement en eau est difficile et où elle n'est pas disponible, les entreprises doivent créer leurs propres réserves (citernes), ou parfois mettre en place une flotte de camions-citernes, ce qui implique une augmentation des investissements et des coûts de production. Dans certains pays, l'eau pompée à partir de puits doit passer par des débitmètres et l'entreprise paye à l'autorité nationale chaque mètre cube d'eau pompée.

Malgré le prix faible de l'eau dans beaucoup de pays (quelquefois en tant que subvention de l'Etat), la tendance actuelle va vers un accroissement du coût de l'eau par suite de la prise de conscience de la baisse des réserves mondiales. En même temps, les autorités locales (c'est-à-dire les municipalités), qui sont plus conscientes du coût réel de l'eau que les autorités centrales, prennent progressivement le contrôle des sources d'approvisionnement. Dans cette situation, on peut trouver des variations au sein d'un même pays quant au prix de l'eau, aux stratégies d'utilisation et aux tarifs quelque peu compliqués suivant les niveaux de consommation.

Comme exemple, l'industrie de transformation des produits de la pêche de Mar del Plata (Argentine) paye la compagnie municipale des eaux pour sa consommation d'eau tous les deux mois. Le coût de l'eau dépend du niveau de la consommation réalisée. Avant d'être connectée au réseau d'eau potable, chaque entreprise doit communiquer une estimation de sa consommation moyenne à venir. Si la consommation est inférieure à l'estimation communiquée, elle ne paye qu'un prix de base. Si la consommation excède l'estimation, l'excédent est facturé de la manière suivante: d'abord avec un supplément de 25% (prix de base × 1,72), puis un nouveau supplément de 25% (PB × 2,13), 50% (PB × 2,92), 100% (PB × 5,35), etc. (premier paiement bimensuel en 1990). De plus, chaque entreprise doit payer une analyse chimique effectuée chaque semaine sur ses eaux de rejet. Le coût d'une analyse est de 6,6 $EU (1990). Si le résultat de l'analyse n'est pas satisfaisant, une autre analyse est effectuée quelques jours plus tard. Les entreprises qui sont non-conformes plusieurs fois de suite peuvent être forcées de payer des amendes. Le Tableau 4.8 montre le pourcentage du coût total de production représenté par les fournitures extérieures en fluides (électricité, vapeur et eau) dans plusieurs types d'activités de transformation.

Dans les conserveries qui utilisent de la main-d'oeuvre manuelle, le gas-oil pour la production de vapeur représente la principale dépense du poste des services extérieurs en fluides; dans les conserveries mécanisées, c'est l'électricité pour le fonctionnement des équipements. Comme on le voit dans le Tableau 4.8, ce poste représente un pourcentage allant jusqu'à 7,3% pour une conserverie totalement mécanisée. Les données pour le séchage par procédé mécanique ne sont pas comparables car le coût de la main-d'oeuvre est plus élevé au Brésil qu'en Afrique. Les coûts fixes sont similaires, mais les coûts variables (70%) en Afrique sont partagés entre la matière première (4,8%; Tableau 4.4), la main-d'oeuvre (1,4%, Tableau 4.6) et les services extérieurs en fluides pour le reste. Bien que dans le chiffrage d'un projet les services extérieurs en fluides soient estimés dans leur ensemble (électricité, vapeur, plus eau), il peut s'avérer nécessaire de séparer chaque facteur individuellement lorsque l'on analyse les coûts de structure d'une unité. D'une façon générale, les coûts des services extérieurs en fluides représentent moins de 10% du coût de production total dans les activités de transformation des produits de la mer, alors que dans la pêche, le prix du carburant peut entraîner pour ce poste des valeurs allant jusqu'à 30%.

Tableau 4.8 Coûts des services extérieurs en fluides en pourcentage du coût de production total dans diverses activités de transformation des produits de la pêche

Type d'unité

% des coûts totaux de production

Pays

Valeurs calculées à partir de

Conserves


Sardines, maquereaux

2,5

Argentine

(Zugarramurdi, 1981b)


Crevettes

1,4

Indonésie

(Bromiley et al., 1973)


Thon

2,2

Indonésie

(Bromiley et al., 1973)


Sardines (manuelle)

2,9

Pays tropicaux

(Edwards et al., 1981)


Sardines (mécanique)

7,3

Norvège

(Myrseth, 1985)

Congélation


Filets de merlu

4,0

Argentine

(Parin et al., 1990)


Crevettes

6,3

UK

(Graham, 1984)


Crevettes

10,1 (1)

USA

(Batholomai, 1987)


Poissons-chats

1,1



Poisson frais

0,9

USA

(Georgianna et Hogan, 1986)

Salage

0,1

Argentine

(Zugarramurdi, 198 la)

Séchage (mécanique)

20,6

Pays africains

(Waterman, 1977)

Séchage (mécanique)

11,3

Brésil

(Vaaland et Piyarat, 1982)

Farine de poisson

8,5

Argentine

(Cabrejos, 1969)

Farine de poisson

11,3

Brésil

(Vaaland et Piyarat, 1982)

CPP, type B

14,4

Brésil

(Vaaland et Piyarat, 1982)

CPP, type A

32,3

Brésil

(Vaaland et Piyarat, 1982)

CPP, type A

28,9

USA

(Almenas, 1972)

Captures


Bateaux en bois

29,3

Bangladesh

(Eddie et Nathan, 1980)


Bateaux à moteurs

9,0

Bangladesh

(Eddie et Nathan, 1980)


Senneurs

14,1

Inde

(Haywood et Curr, 1987)


Senneurs

19,0

Thaïlande

(Haywood et Curr, 1987)


Senneurs

10,7

Maroc

(Haywood et Curr, 1987)


Goélettes (standards)

11,7

Seychelles

(Parker, 1989)


Goélettes (spéciales)

15,6

Seychelles

(Parker, 1989)


Goélettes (nouvelle conception)

20,4

Seychelles

(Parker, 1989)


Longues lignes

26,2

Philippines

(Guerrero, 1989)

(1) Convoyage hydraulique

4.2.5 Maintenance

Ce poste comprend les coûts de matériel et de main-d'oeuvre (directe et de maîtrise) employés dans les réparations de routine ou occasionnelles et, dans certains cas, la révision d'équipements et de bâtiments. Le Tableau 4.9 présente quelques références de coûts de maintenance en pourcentage des investissements fixes.

La maintenance est un domaine critique dans les pays en développement, et on peut rencontrer deux situations extrêmes. La situation la plus courante est l'insuffisance ou quelquefois l'absence complète de maintenance (même si elle était éventuellement comprise dans le projet), ce qui compromet la durabilité des activités. Des équipements clé ou même des usines de transformation entières restent inactives dans des pays en développement dû à l'absence de maintenance appropriée et de simples pièces détachées. La seconde situation, quoique moins fréquente, est la sur-maintenance, c'est-à-dire des équipements qui ont dépassé leur durée de vie raisonnable et qui continuent à être utilisés. Dans le second cas, existe le risque d'employer des équipements ayant un mauvais fonctionnement (par exemple consommant trop d'énergie) et d'aboutir éventuellement à une perte plutôt qu'à un profit.

A défaut de données précises, on peut estimer les coûts de maintenance à 4-6% des investissements fixes. Quoique couramment utilisée, cette pratique revient à convertir les coûts de maintenance en coûts fixes, ce qui n'est pas entièrement exact.

La méthode proposée par Pierce (1948) permet une estimation plus appropriée. Si des coûts de base et des informations additionnelles sont disponibles, on peut appliquer la formule (4.1).

K = X × (a + b × y).........(4.1)

K = coût de maintenance ($EU/an)

X = consommation annuelle d'électricité (kWh/an)
a = indice pour des matériaux = coût du matériel de réparation par kWh consommé
b = indice pour la main-d'oeuvre = heure-homme dans les réparations par kWh consommé
y = coût d'homme-heure de la maîtrise

Il faut tenir compte de ce que les coûts de maintenance augmentent avec l'âge des équipements, mais dans ces estimations on utilise des valeurs moyennes. Cela peut être important pour l'évaluation de l'investissement, puisque les coûts des premières années d'activité comprendront des coûts de maintenance plus élevés que la réalité. On suggère par conséquent une nouvelle formule utilisant une nouvelle valeur égale à l'investissement multipliée par l'âge réel de l'équipement ou de l'installation.

I × E

donnant la formule:

M = A × (I × E) + B..........(4.2)

Tableau 4.9 Coûts de maintenance en pourcentage de l'investissement fixe (IF)

Type d'unité

Coûts de maintenance en % d'IF

Pays

Valeurs calculées à partir de

Congélation


Sardines

2,6

Argentine

(Zugarramurdi, 1981b)


Crevettes

4

UK

(Graham, 1984)


Poisson fileté et congelé

3

Sénégal

(Jarrold et Everett, 1978)

Conserves


Sardines

2,6

Argentine

(Zugarramurdi, 1981b)


Thon

3

Sénégal

(Jarrold et Everett, 1978)


Thon, crevettes

2% Bâtiments

Indonésie

(Bromiley et al., 1973)


Thon, crevettes

5% Equipements

Indonésie

(Bromiley et al., 1973)


Sardines

5

Pays tropicaux

(Edwards et al., 1981)

Séchage


naturel

6

Pays africains

(Waterman, 1977)


mécanique

2

Pays africains

(Waterman, 1977)

Farine de poisson

1,6

Argentine

(Cabrejos et Mallaret, 1969)

Farine de poisson

3

Sénégal

(Jarrold et Everett, 1978)

Farine de poisson

3,3

USA

(Almenas, 1972)

Pêche


Artisanale






Pirogues sans moteur

2

Sénégal

(Jarrold et Everett, 1978)



Pirogues avec lignes de pêche

3,1

Philippines

(Guerrero, 1989)



Pirogues avec taud

4,9

Seychelles

(Parker, 1989)



Bateaux à moteur

5,7

Bangladesh

(Eddie et Nathan, 1980)



Senneurs

2,4

Maroc

(Haywood et Curr, 1987)



Senneurs

2,1

Thaïlande

(Haywood et Curr, 1987)



Catamarans

1,3

Inde

(Kurien et Willmann, 1982)



Pirogues

1,5

Inde

(Kurien et Willmann, 1982)


Semi-industrielle/Industrielle

5

Sénégal

(Jarrold et Everett, 1978)



Navires de pêche en eau profonde

10

Inde

(Nordheim et Teutscher, 1980)



Navires de pêche au merlu

5 (année 1)

Argentine

(Otrera et al., 1986)



Senneurs avec moteur

20

Inde

(Kurien et Willmann, 1982)



Pirogues avec moteur et lignes

15

Inde

(Kurien et Willmann, 1982)



Pirogues avec chaluts

10,8

Inde

(Kurien et Willmann, 1982)

où:

M = Coût annuel de maintenance
I = Investissement permanent
E = Temps écoulé (en années) depuis que l'équipement dont l'investissement est I a été installé

A et B sont des coefficients calculés d'après des données disponibles sur des installations similaires. Malheureusement, ces données ne sont pas toujours disponibles. Pour les industries de transformation des produits de la pêche, on a estimé une valeur moyenne de A = 0, 005. En l'absence d'autres données, on prend la valeur de B comme étant 1% de l'investissement fixe.

Krenkel et al., (1968) proposent une autre formule pour le calcul des coûts de maintenance d'usines dans l'industrie chimique, au lieu d'un pourcentage des investissements fixes. Ces auteurs proposent une corrélation des coûts de maintenance avec un paramètre qui caractérise (investissement - temps), tel que:

(investissement - temps) = I × (E/n)..........(4.3)

où I et E ont la même signification que précédemment, et où n est la durée de vie utile de l'équipement. Cette méthode peut être utilisée dans les unités de transformation des produits de la pêche hautement mécanisée.

Pour des capacités opérationnelles inférieures aux capacités installées, on estime généralement les coûts de maintenance à 85% des coûts de maintenance totaux pour une capacité opérationnelle de 75% et 75% des coûts de maintenance totaux pour un niveau de production de 50%. Ce poste dans les usines de farine de poisson ne représente que 0,7% du coût total de production, alors que dans les activités de congélation et les conserveries, il représente 0,8 et 0,3% respectivement. On peut donc en conclure que les coûts de maintenance ne dépassent jamais 1% du coût de production total. En conséquence, ainsi que cela a été évoqué précédemment, l'attitude que l'on constate dans les industries de la pêche de beaucoup de pays en développement tendant à ne pas faire de maintenance est une erreur, à moins que d'autres facteurs ne prédominent (par exemple le manque de personnel qualifié pour effectuer la maintenance).

Il est difficile d'obtenir des données sur les coûts des réparations et la maintenance des navires de pêche. Une solution serait d'utiliser des coefficients techniques pour en faire l'estimation. Il a été précisé plus haut que les coûts de maintenance variaient proportionnellement à la valeur initiale et à l'âge du navire. Sur la base de ce concept, Otrera et Gualdoni (1986) proposent pour l'estimation des coûts de maintenance de navires de pêche en eau profonde 5% de la valeur initiale et 4% d'augmentation annuelle pour tenir compte du vieillissement, car ces valeurs s'accordent avec les données réelles dans le cas de la flotte de pêche au merlu. Pour les navires de pêche côtière, Parin et al. (1987b) ont trouvé que 2% de la valeur initiale et 4% d'augmentation annuelle étaient assez proches des valeurs réelles correspondant à des réparations tous les quatre ans et aux révisions mensuelles. Cette approche est basée sur les déclarations sous serment relatives à la rémunération des pêcheurs côtiers, selon un système de partage où les pêcheurs participent aux coûts navals et mécaniques. Le Tableau 4.10 présente les coûts de maintenance pour chaque type de navire côtier.

Tableau 4.10 Coûts de maintenance par types de navires de pêche côtiers (Mar del Plata, Argentine)

Longueur
(m)

Puissance moteur
(CV)

Investissement total
(*) ('000 $EU)

Age (Années)

fM
(**)

Coûts de maintenance
($EU/an)

12-13,5

70-80

35-45

24-41

51-99

2 295-3 465

13,5-15

70-80

45-70

28-38

60-89

4 005-4 200

15-16

175

120-310

25-28

53-60

7 200-8 215

16-18,5

380

180-240

25-41

53-99

12 720-17 820

18,5-21

380

240-300

8-13

27-33

5 520-8 100

(*) Investissement sur navire et engins de pêche
(**) Coefficient de coût de maintenance annuel × 103

4.2.6 Fournitures

A l'exclusion des matières premières, des matériels entrant dans les opérations de maintenance, et des emballages, ce poste comprend toutes les matières utilisées pour la production industrielle, telles que lubrifiants, réactifs chimiques, autres consommables de laboratoire et détergents pour le lavage des boîtes. On peut estimer ce poste à 6% des coûts de main-d'œuvre ou 15% des coûts de maintenance (Woods, 1975).

4.2.7 Royalties et brevets

Toute redevance due en relation proportionnelle avec la production doit être considérée comme un coût variable. Cette situation n'est pas courante dans l'industrie des pêches, mais cela peut changer avec le développement de l'aquaculture et celui des biotechnologies. En général la redevance sur la licence est fixée pour un volume de production prédéterminé. En l'absence d'informations particulières, on estime ce poste entre 1% et 5% du prix de vente du produit en question.

4.2.8 Emballages

Ce poste fait d'habitude partie des coûts de matières premières, mais il est cependant préférable de le considérer séparément, car dans certains cas il représente une part très importante des coûts de production. Le Tableau 4.11 présente les coûts d'emballage en pourcentage des coûts de production pour les activités de transformation des produits de la pêche. Les coûts d'emballage sont en général élevés dans les conserveries. Néanmoins en Norvège les coûts de production de conserves sont faibles de façon surprenante, bien en dessous des valeurs moyennes pour ce poste (ce qui est peut-être lié au bas coût de l'énergie en Norvège). On constate une situation similaire pour les coûts d'emballage des produits congelés classiques, mais dans ce cas l'explication de l'écart vient des prix payés pour les matières premières d'emballage. Le coût d'emballage est également en relation avec le type de produit, par exemple un poisson étêté et éviscéré implique un coût d'emballage supérieur à celui des filets de poisson. L'Annexe C5 présente les coûts réels de boîtes de conserve métalliques et d'autres emballages.

Tableau 4.11 Coûts d'emballage en pourcentage du coût total des produits

Type d'unité

% du coût total

Pays

Valeurs calculées à partir de

Conserves


Sardines

6

Norvège

(Myrseth, 1985)


Anchois-maquereau-thon

23-41

Argentine

(Zugarramurdi, 1981b)


Sardines

40,9

Pays tropicaux

(Shaw, 1976)


Thon

18,6

Indonésie

(Bromiley et al., 1973)


Crevettes

19,4

Indonésie

(Bromiley et al., 1973)

Congélation

2-6

Argentine

(Parin et al., 1990)


Crevettes

6,6

UK

(Graham, 1984)


Merlu, poissons en blocs

5.1

Uruguay

(Kelsen et al., 1981)


Tambour E&E

12,2

Uruguay

(Kelsen et al., 1981)


Acoupa rayé IQF

6,0

Uruguay

(Kelsen et al., 1981)


Poissons-chats (vivants)

0,2

USA

(Bartholomai, 1987)


Crevettes

2,1

USA

(Bartholomai, 1987)

Soles fraîches

2,6

USA

(Georgianna et Hogan, 1986)

Salage d'anchois

15

Argentine

(Zugarramurdi, 1981b)

Farine de poisson

2,8

Argentine

(Cabrejos et Malaret, 1969)

4.3 Coûts fixes


4.3.1 Coûts indirects
4.3.2 Coûts de direction et coûts administratifs
4.3.3 Coûts commerciaux et de distribution
4.3.4 Evaluation globale des coûts fixes


4.3.1 Coûts indirects


4.3.1.1 Investissements
4.3.1.2 Méthodes de calcul des amortissements
4.3.1.3 Frais généraux
4.3.1.4 Evaluation globale des coûts indirects


4.3.1.1 Investissements

Amortissement: signifie une diminution de valeur. La plupart des biens diminue en valeur avec l'âge. Les équipements de production neufs ont l'avantage d'être dotés des derniers perfectionnements et fonctionnent avec moins de risques de panne ou de besoins d'intervention. A l'exception des pièces de collection, les équipements de production perdent progressivement de leur valeur avec l'usage. Cette perte de valeur est assimilée dans la pratique comptable à un coût d'exploitation. Au lieu d'inscrire la valeur d'une nouvelle acquisition en une seule fois pour la totalité de sa valeur, la pratique habituelle est de répartir dans les comptes d'exploitation le coût d'achat sur la durée de vie utile de l'acquisition. Cette notion d'amortissement peut sembler être en conflit avec la trésorerie du moment pour une transaction particulière, cependant lorsque l'on considère l'ensemble des transactions, on voit qu'il donne une image réaliste de l'utilisation du capital au niveau du bilan de l'entreprise.

En comptabilité, les amortissements sont des coûts indirects. Les principaux objectifs de la création d'un poste d'amortissement sont: 1) de récupérer le capital investi dans un équipement de production, 2) de permettre le calcul précis des coûts de production indirects à des fins d'enregistrement, et 3) d'inclure les charges d'amortissement dans les coûts d'exploitation du point de vue fiscal.

L'importance de l'amortissement doit être soulignée particulièrement à l'échelle artisanale et à celle des petites entreprises. Les pays ou les organisations bénéficiaires de dons en équipements ou en installations au titre d'aide au développement doivent être conscients qu'ils doivent planifier leurs opérations de façon à ce que l'amortissement soit effectivement pris en compte. A défaut, la durabilité des activités ne sera pas garantie.

Exemple 4.2 Importance et signification de l'amortissement

Les habitants de Jakuna Matata, un village de pêcheurs sur la côte de Ruritanie, ont un sérieux problème. L'installation qui produisait de la glace pour les pêcheurs pendant ces quatre dernières années est en panne, le coût de remise en état est équivalent à celui d'une nouvelle installation, mais ils ne disposent pas des fonds nécessaires. Quatre ans auparavant, les habitants de Jakuna Matata avaient fêté comme il se doit le don de la fabrique de glace (représentant une valeur de 10 000 $EU) et son installation. Le ministre des Pêches de Ruritanie et l'ambassadeur du pays donateur étaient présents. Les pêcheurs en avaient grand besoin pour pouvoir vendre les produits de leur pêche dans la capitale de Ruritanie ou conserver le poisson dans de bonnes conditions en attendant que le camion du mareyeur arrive à Jakuna Matata.

Les pêcheurs s'organisèrent et décidèrent collectivement de fixer un prix pour la glace de façon à couvrir les frais d'électricité et les salaires des deux personnes chargées du fonctionnement et de l'entretien de l'installation, en plus d'une faible marge juste suffisante pour couvrir les pertes en glace et les imprévus. Le prix de la glace était très faible, inférieur à celui de la glace dans la capitale, et les pêcheurs étaient très satisfaits. Pendant les deux premières années, il n'y eut pas de problème et l'installation fonctionnait près de 300 jours par an. Quand la première panne se produisit il y avait heureusement assez de disponibilités provenant de la petite marge pour couvrir le coût des pièces et du mécanicien qui dut venir pour effectuer la réparation. La marge n'était pas importante, environ 5 $EU par jour d'activité, mais suffisante pour couvrir les premiers frais. Néanmoins, le montant qui aurait dû être disponible n'était en fait pas là en totalité. Une partie avait été utilisée pour les festivités du village, et une autre l'avait été pour des prêts à des pêcheurs en difficulté qui ne les avaient jamais remboursés. Malgré cela, il restait encore suffisamment de disponibilités pour faire face aux dépenses de la première panne, mais cela montrait bien qu'une constitution de fonds était nécessaire.

Des réparations furent également nécessaires pendant la troisième et quatrième année de fonctionnement de l'installation et les utilisateurs réalisèrent que les activités ne seraient pas aussi faciles qu'au cours des deux premières années. Cependant, vers la fin de la quatrième année, l'installation tomba à nouveau en panne, et le technicien venu de la capitale constata que cette fois-ci les dommages étaient très sérieux et que la réparation serait équivalente à l'achat d'une nouvelle unité. Les pêcheurs réalisèrent qu'ils n'avaient pas suffisamment économisé pour répondre à des réparations aussi importantes ou pour faire face à l'achat d'une nouvelle unité à la fin de la vie utile de celle reçue en don d'assistance. Que s'était-il passé?

Les pêcheurs n'avaient pas tenu compte de l'amortissement dans leur calcul ni prévu de provision pour la reconstitution du capital investi dans l'unité de production de glace (10 000 $EU). La valeur initiale de 10 000 $EU s'est dépréciée jusqu'à ce qu'elle devienne nulle. En ne tenant pas compte de l'amortissement, ils utilisaient le capital initial de 10 000 $EU pour la production de glace et pour obtenir (ou semblait-il) de grandes marges et des profits supplémentaires pour les pêcheurs. En fait, il s'agissait d'un coût de production, au même titre que la matière première et les coûts d'énergie. Cependant, la différence avec ces coûts est que l'amortissement devrait toujours être payé ou prévu au départ. Par conséquent, il était essentiel que l'amortissement soit pris en compte de façon à ce que le capital utilisé pour couvrir cet investissement soit reconstitué. Si ce n'est pas le cas, le résultat final sera l'épuisement du capital, comme cela est arrivé pour les pêcheurs de Jakuna Matata (et malheureusement pour beaucoup d'autres pêcheurs artisanaux de par le monde). En n'intégrant pas les amortissements, ils n'ont pas réussi à créer une situation pérenne, même si tous les autres facteurs étaient en ordre.

Veuillez commenter ce cas. Les pêcheurs de Jakuna Matata pensaient demander au donneur une nouvelle unité de production de glace en se disant résolus à ne pas refaire la même erreur. Analysez dans ce cas les autres paramètres qui pourraient entrer en ligne de compte comme l'éventualité de services bancaires (pour l'épargne), l'inflation et l'accès aux devises et à l'importation du matériel que les pêcheurs peuvent avoir.

Lorsque l'on analyse l'amortissement, il est commode de voir les charges d'amortissement comme une sorte de paiement effectué auprès d'un fonds spécifique, destiné à remplacer un outil toujours en cours d'utilisation. Quoique cette approche soit totalement acceptable en théorie, elle est rarement mise en pratique dans un contexte industriel. Un comptable présente le poste d'amortissement annuel imputé aux charges du point de vue fiscal, mais il apparaît également dans les comptes avec «d'Autres Actifs», tels que dans le fonds de roulement.

Le «fonds d'amortissement» peut prendre des formes physiques très différentes. Par exemple cela peut être un stock tournant de matières premières ou de produits finis (souvent utilisé dans les activités de congélation ou de conserves), de bons du trésor, de dépôts à vue, de dépôts garantis ou quelquefois de terrain (quand il peut être vendu facilement). Dans les pêcheries artisanales de beaucoup de pays en développement les «fonds d'amortissement» peuvent être de l'or ou des bijoux que les pêcheurs achètent pour leurs femmes et leurs filles (ou que les femmes employées dans des activités de pêche achètent elles-mêmes).

La valeur initiale de l'investissement moins l'amortissement cumulé est appelée Valeur Nette Comptable. Le terrain est l'un des quelques investissements qui ne nécessitent pas de fonds d'amortissement, étant donné que sa valeur reste normalement la même ou bien augmente.

L'amortissement n'est pas un concept facile. Par conséquent le technicien des pêches doit connaître dans chaque cas les raisons de la dépréciation des équipements ou du matériel. On peut déterminer la meilleure méthode d'amortissement d'un investissement grâce à l'identification des causes potentielles de dépréciation. Les causes possibles de dépréciation sont:

a) Dépréciation physique: les pannes résultant de l'utilisation permanente du matériel réduisent sa capacité physique à remplir son rôle. Un bon programme de maintenance contribue à ralentir la vitesse du déclin, mais il est difficile de maintenir le niveau d'efficacité correspondant à un matériel neuf. En plus de l'usure normale du matériel, des accidents occasionnels peuvent raccourcir l'échéance.

b) Dépréciation fonctionnelle: le service demandé à un matériel peut excéder sa capacité. Un chauffage central auquel on demande une fourniture additionnelle de chaleur, par exemple par suite de la construction de nouveaux bâtiments, ne pourra pas produire au-delà de sa capacité nominale. A l'extrême opposé, la demande pour un matériel donné peut cesser au cours de son existence technique, comme par exemple un matériel servant à fabriquer un produit qui n'est plus demandé sur le marché.

c) Dépréciation technologique: le développement de nouvelles techniques de production peut rendre des méthodes en cours non-économiques. Par exemple le développement des moteurs diesel a rapidement provoqué la dépréciation du matériel à vapeur. Les nouveaux développements dans la présentation d'un produit, l'apparition de nouveaux matériaux, une amélioration de la sécurité et une meilleure qualité à un coût moindre, rendent obsolètes les anciennes présentations.

d) Epuisement: l'épuisement signifie la consommation totale d'une ressource non-renouvelable dans la production de biens ou services. L'extraction de pétrole, l'exploitation de bois dans les forêts tropicales, l'exploitation de carrières ou de mines, diminuent la valeur initiale de la ressource. Cette réduction est accompagnée par une diminution proportionnelle des gains provenant de cette ressource. En théorie, le taux d'épuisement par unité d'extraction de la ressource est:

Les produits de la pêche sont une ressource renouvelable. Cependant, les stocks exploités ont une PMS (Production Maximale Soutenue), au-delà de laquelle, surexploitation et épuisement peuvent se produire.

(e) Dévaluation monétaire: les changements de prix sont une des causes qui entraînent une dépréciation des réserves. Les pratiques comptables sont de calculer l'amortissement à partir du prix d'origine et non sur le prix courant. Cependant, lorsque le taux d'inflation est élevé, la ré-évaluation est admise du point de vue fiscal.

4.3.1.2 Méthodes de calcul des amortissements

Quatre méthodes de calcul des amortissements sont normalement utilisées: linéaire, dégressive, fonds d'amortissement et chiffres du total annuel. Toutes ces méthodes sont basées strictement sur le temps; c'est-à-dire qu'un actif utilisé tous les jours est sujet au même amortissement que celui qui n'est utilisé qu'une fois par an.

Chaque méthode de calcul d'amortissement a des caractéristiques particulières qui la rendent intéressante pour telle ou telle école de gestion administrative. Cependant, en ce qui concerne le contexte fiscal, la méthode prévue par la loi est la seule qui puisse être utilisée. Par exemple, en Argentine, la loi prévoit la méthode linéaire; néanmoins depuis le 30 décembre 1968 l'amortissement accéléré a été autorisé dans certains cas spécifiques (à cause de la dépréciation monétaire suite à l'inflation).

La récupération de la totalité du capital investi à un stade précoce de la vie de l'actif concerné est un concept courant et prudent. L'amortissement rapide est une protection contre les changements soudains qui peuvent entraîner une perte de valeur de l'actif, et permet de reporter certains impôts sur les années suivantes. Néanmoins, les méthodes dans lesquelles les charges annuelles d'amortissement sont constantes simplifient les procédures comptables.

D'une façon générale, on cherche à ce qu'une méthode d'amortissement: 1) reconstitue le capital investi dans l'actif; 2) conserve à l'actif, au travers de sa vie, une valeur comptable proche de sa valeur réelle; 3) soit facile à utiliser; et 4) soit reconnue par la loi. En fait, la mise en oeuvre des méthodes d'amortissement se présente sous deux aspects: celui interne à l'entreprise, qui conduit à l'utilisation de la méthode que la direction considère comme la plus adaptée, et l'aspect fiscal, suivant lequel la méthode retenue par la loi doit être utilisée.

En général, la provision annuelle pour amortissement est donnée par:

Provision annuelle pour amortissement = e × (IF - L) ..........(4.4)

où:

e = taux d'amortissement suivant les objectifs de l'entreprise pour le calcul de ses marges bénéficiaires
IF - L = investissement amortissable
IF = investissement fixe initial
L = valeur résiduelle ou valeur à la casse à la fin de la vie utile de l'actif

Les termes valeur résiduelle ou valeur à la casse impliquent que l'actif concerné peut encore rendre un service sous une forme ou une autre. Si l'actif ne peut pas être réutilisé suivant sa destination d'origine, il peut souvent être démonté et vendu à la ferraille pour être recyclé en matière première. On appelle le produit résultant de ce type de vente valeur à la casse ou valeur à la ferraille.

La valeur résiduelle ne peut pas être prévue avec une grande précision, aussi il est conseillé de faire de nouvelles évaluations de temps en temps au cours de la durée d'amortissement de l'actif (Peters et Timmerhaus, 1978). Toutes les méthodes utilisées pour le calcul du taux d'amortissement le considèrent comme une fonction du temps; c'est-à-dire qu'un actif utilisé tous les jours a la même charge d'amortissement qu'un actif qui n'est utilisé qu'une fois par an.

La méthode linéaire, la plus simple et la plus largement utilisée est expliquée ci-après. L'amortissement annuel est constant et correspond à la formule:

où n est le nombre d'années de vie utile estimée. Par conséquent, en utilisant l'équation (4.4), la charge d'amortissement annuelle est:

Pour n'importe quelle année donnée, la ke, l'amortissement est:

La valeur comptable est la différence entre l'investissement initial et le produit de la multiplication du nombre d'années d'utilisation multipliée par la charge annuelle d'amortissement; la valeur comptable à la fin de l'année k, Bk est:

Bk = IF - (k × D) = IF - k × (IF-L)/n..........(4.7)

Les charges d'amortissement sont calculées suivant la méthode linéaire. Plusieurs publications donnent une description détaillée des autres méthodes d'amortissement (Riggs, 1977; Barish et Kaplan, 1978; Happel et Jordan, 1981).

Taxes foncières: Ce poste peut considérablement varier suivant les réglementations en cours. Fondamentalement, les taxes dépendent de la localisation de l'activité, Ainsi les industries implantées dans les zones urbaines payent plus de taxes que celles implantées dans des zones moins peuplées.

Les impôts sur les bénéfices ne sont pas étudiés ici. On calcule ce poste dans l'industrie des pêches en pourcentage de l'investissement, avec des valeurs qui n'excèdent pas en général 2%. Si l'on ne dispose pas du chiffrage des taxes foncières locales, on peut utiliser comme première base de calcul 1-2% de IF.

Assurances: Elles dépendent du type d'activité et des besoins éventuels en couverture. L'assurance est en général contractée pour des biens (incendie, vol partiel ou total), pour des salariés et des marchandises (perte partielle ou totale), perte de salaire, etc. Dans la pêche, le coût d'assurance est plus élevé, comme présenté dans le Tableau 4.12.

La tendance dans les pays en développement, en particulier dans les activités à petite et moyenne échelle, est de ne pas payer d'assurance. Cela est associé dans beaucoup d'endroits à l'absence de compagnies d'assurances locales disposées à couvrir des risques sur des bateaux de pêche et des petites entreprises, à cause de l'agitation sociale, des guerres civiles, de la forte inflation des devises locales et de la difficulté à obtenir le paiement des assurances en cas d'accidents. Cette situation, lorsqu'elle existe, va à l'encontre de la durabilité.

Tableau 4.12 Coûts d'assurance dans les industries de transformation des produits de la pêche et dans les activités de pêche en général

Activités

% de IF

Pays

Données calculées à partir de

Pêche

3

Pérou

(Engstrom et al., 1974)

Pêche

3,5

Inde

(Nordheim et Teutscher, 1980)

Pêche

3,5

Seychelles

(Parker, 1989)

Transformation (général)

1-2

Argentine

(Zugarramurdi, 1981b)

Conserveries

2

Indonésie

(Bromiley et al., 1973)

Conserveries

1

Pays tropicaux

(Edwards et al., 1981)

Congélation

2

UK

(Graham, 1984)

Farine de poisson

2

USA

(Almenas, 1972)

Crédit financier: L'intérêt est la rémunération pour l'utilisation du capital emprunté. Lors de la mise en place d'un crédit, un taux d'intérêt est établi, fixe ou variable suivant l'environnement économique du pays. Cet intérêt est un coût fixe, associé à un prêt ou à un crédit bancaire sollicité pour couvrir tout ou partie d'un investissement. Cependant, certains s'opposent à ce que les intérêts soient considérés comme des coûts de production car ils peuvent être assimilés aux bénéfices de l'entreprise. Cela s'explique par le fait que les profits de l'entreprise dépendent de la provenance des financements mis en oeuvre.

Par conséquent, une entreprise bien gérée mais utilisant des capitaux par le biais d'emprunts aura des coûts de production plus élevés et des bénéfices plus faibles qu'une entreprise similaire qui opère dans de moins bonnes conditions d'efficacité mais utilise des capitaux propres.

Le fond de la discussion est de savoir si les "bénéfices" sont compris avec les intérêts faisant partie des coûts ou non. Si les intérêts sont déduits du capital total (capitaux propres et emprunts), la différence résiduelle représente les bénéfices. Cependant, du point de vue fiscal, la réglementation considère en général que les bénéfices sont la différence entre le produit des ventes et les coûts totaux sans prendre en compte les intérêts sur le capital appartenant à l'entreprise. Donc, sauf spécifications contraires légales, les intérêts correspondant à des prêts bancaires ou à des crédits fournisseurs (par exemple sur du matériel) doivent être considérés comme un coût fixe.

Autres charges: Elles comprennent les locations (quand le terrain et/ou les bâtiments ou même les équipements sont loués), les cotisations, etc.

4.3.1.3 Frais généraux

Ces coûts représentent en général une faible partie des coûts totaux de production (de l'ordre de 1%) dans les industries de transformation des produits de la pêche et sont en général évalués conjointement avec les investissements.

4.3.1.4 Evaluation globale des coûts indirects

Lorsque l'on a besoin d'une évaluation rapide, on calcule ces coûts globalement en pourcentage des coûts directs de production, en utilisant les données du Tableau 4.13, qui ont été calculées pour les industries de la pêche.

Tableau 4.13 Coûts indirects pour des entreprises de transformation du poisson

Type d'activité

Coûts indirects

Pays

Données calculées à partir de


% Coûts directs

% Coûts totaux de production



Conserves de sardines

10-12,5

8-10

Argentine

(Zugarramurdi, 1981b)

Congélation

17-20,0

14-16

Argentine

(Zugarramurdi, 1981b)

Congélation

13,9

10,8

UK

(Graham, 1984)

Salage d'anchois

16,8-19,7

14-16

Argentine

(Zugarramurdi, 1981b)

Farine de poisson

12,5

11,8

Argentine

(Cabrejos et Malaret, 1969)

CPP

16,0

13,6

USA

(Almenas, 1972)

4.3.2 Coûts de direction et coûts administratifs

Certains auteurs estiment ce poste à 40% de la main-d'oeuvre directe. Cependant, on peut également estimer ce poste en pourcentage des coûts de production directs dans l'industrie des pêches en utilisant les valeurs du Tableau 4.14 (Zugarramurdi, 1981b).

Les coûts de direction et les coûts administratifs comprennent en général les coûts de tous les services reliés indirectement à la production, par exemple:

- Laboratoires de contrôle-qualité
- Services médicaux et d'infirmerie
- Sécurité (locaux, produits dans les magasins)
- Cafétéria
- Administration: salaires et dépenses générales
- Communications et transports internes
- Sécurité (sur les lieux de production)
- Conseil juridique
- Audits
- Service de rappel et retrait des produits (dans les grandes entreprises)

Tableau 4.14 Coûts de direction et coûts administratifs dans des entreprises de transformation des produits de la pêche

Type d'activité

% Coûts
directs

% Coûts
totaux

Pays

Données calculées à partir de

Conserves


Sardines et maquereaux

5-7,5

4-6

Argentine

(Zugarramurdi, 1981b)


Thon

5

-

Sénégal

(Jarrold et Everett, 1978)


Thon

8,5

6

Indonésie

(Bromiley et al., 1973)


Crevettes

2,1

1,8

Indonésie

(Bromiley et al., 1973)


Sardines

8,8

4,85

Pays tropicaux

(Edwards et al., 1981)

Congélation

3,9

3,2

Argentine

(Zugarramurdi, 1981b)


Crevettes

12,6

9,8

UK

(Graham, 1984)

Salage

2,6

2,1

Argentine

(Zugarramurdi, 1981b)

Farine de poisson

3,2

1,7

Argentine

(Cabrejos et Malaret, 1969)

D'une façon générale, ce poste est habituellement estimé à 1% du produit des ventes. Pour les industries de la pêche, on peut utiliser les données du Tableau 4.15.

Tableau 4.15 Coûts commerciaux et de distribution pour des entreprises de transformation des produits de la pêche

Type d'activité

% Coûts
directs

% Coûts
totaux

Pays

Données calculées à partir de

Conserves


Sardines et maquereaux

2,5-12,5

2

Argentine

(Zugarramurdi, 1981b)


Crevettes

0,9

0,8

Indonésie

(Bromiley et al., 1973)


Thon

2,4

1,8

Indonésie

(Bromiley et al., 1973)

Congélation

1,0

0,8

Argentine

(Zugarramurdi, 1981b)

Salage

0,9

0,7

Argentine

(Zugarramurdi, 1981b)

Farine de poisson

0,6

0,5

Argentine

(Cabrejos et Malaret, 1969)

4.3.3 Coûts commerciaux et de distribution

Ce poste comprend en général:

- Les salaires et les frais généraux des bureaux commerciaux
- Les salaires, commissions et frais de déplacement des employés du service commercial
- Les frais d'expédition et de transport
- Les frais supplémentaires liés aux ventes
- Les services techniques commerciaux
- La préparation et l'expédition d'échantillons pour des acheteurs potentiels
- La participation à des foires et salons
- Les coûts de promotion en général

4.3.4 Evaluation globale des coûts fixes

A partir des valeurs données auparavant (voir section 4.3), on peut calculer les valeurs du Tableau 4.16 qui permettent de faire une estimation des coûts fixes totaux pour des activités de transformation des produits de la pêche.

Tableau 4.16 Coûts fixes pour des entreprises de transformation des produits de la pêche

Type d'activité

% Coûts
directs

% Coûts
totaux

Pays

Données calculées à partir de

Conserves


Sardines et maquereaux

22-29,5

18-22

Argentine

(Zugarramurdi, 1981b)


Thon

18,5

14,5

Indonésie

(Bromiley et al., 1973)


Crevettes

11,4

10,2

Indonésie

(Bromiley et al., 1973)


Sardines

11

10,2

Pays tropicaux

(Edwards et al., 1981)

Congélation

22-25

18-20

Argentine

(Zugarramurdi, 1981b)

Congélation

22,8

22,4

UK

(Graham, 1984)

Farine de poisson

16,3

14

Argentine

(Cabrejos et Malaret, 1969)

CPP

18,5

15,5

USA

(Almenas, 1972)

CPP

23,8

19,3

Brésil

(Vaaland et Piyarat, 1982)

Salage

22,7

18,5

Argentine

(Zugarramurdi, 1981b)

4.4 Etude de cas de coûts de production


4.4.1 Coûts de glaçage en utilisant des conteneurs isothermes
4.4.2 Coûts de capture pour des navires de pêche côtière


4.4.1 Coûts de glaçage en utilisant des conteneurs isothermes

Dans les pays en développement tropicaux, la seule possibilité économiquement viable pour l'utilisation de la glace dans les activités de pêche est d'introduire l'utilisation de conteneurs isothermes en même temps que la glace. Dans certains cas, même les conteneurs isothermes ne sont pas appropriés. Néanmoins, l'alternative à leur utilisation avec la glace est une chaîne du froid avec des camions réfrigérés et des chambres froides, ce qui représente une solution plus chère et probablement moins durable. Pour faire une analyse correcte des coûts de glaçage, il faut considérer l'activité dans laquelle l'équipement (conteneur isotherme, coût fixe) est mis en opération par un ouvrier (coût de main-d'oeuvre), qui met de la glace (matière première) dans le conteneur, de façon à créer les conditions voulues dans un volume défini où une quantité de poisson donnée sera conservée aux alentours de 0°C. Dans cette opération trois facteurs fondamentaux sont nécessaires pour déterminer le coût de l'opération de glaçage (COG):

COG = (coûts fixes) + (coût de la glace) + (coût de main-d'oeuvre)..........(4.8)

Le coût fixe dans ce cas est essentiellement l'amortissement. Par conséquent, suivant la section sur l'amortissement (p. 111):

(coûts fixes) = e × (I - L) ..........(4.9)

où:

e = taux d'amortissement annuel (1/durée de vie estimée)
I = investissement amortissable (coût du conteneur)
L = valeur résiduelle (dans le cas de caisses et conteneurs L = 0)

Dans le cas de caisses pour le transport du poisson et de conteneurs isothermes, on estime d'habitude la durée de vie du matériel en fonction du nombre de fois où il a été utilisé. On peut considérer ce critère comme l'équivalent de la charge annuelle d'amortissement, ce qui le rend facile à comprendre, en particulier au niveau artisanal. Par conséquent, les coûts fixes peuvent être exprimés par la formule:

(coûts fixes) = I/N..........(4.10)

avec:

N = nombre de fois que le conteneur sera utilisé

De la même façon:

(coût de la glace) = cg × M°i..........(4.11)
(coût de main-d'oeuvre) = cmo × tph..........(4.12)

où:

cg = prix de la glace ($EU/kg)
cmo = coût de la main-d'oeuvre ($EU/homme × heure)
i = masse initiale de glace dans le conteneur (kg)
tph = temps nécessaire pour remplir le conteneur de poisson et de glace (heures) (tph doit comprendre le temps de transport jusqu'au lieu de l'opération, éventuellement le lavage, les temps morts et les temps d'attente et tous autres temps en relation avec l'opération)

On obtient, en remplaçant (4.10), (4.11) et (4.12) dans (4.8):

COG = (I/N) + cg × M°i + cmo × tph..........(4.13)

L'expression (4.13) peut être utilisée pour calculer le coût de glaçage (une opération sur un conteneur donné). Cependant, comme pour d'autres équipements, il est plus commode d'exprimer les résultats par kg de produit fini. Dans le cas présent, le produit fini est le volume de poisson refroidi et conservé à 0°C dans le conteneur isolé (Mp). En divisant les deux membres de (4.13) par Mp, on obtient:

CG = (I/N × Mp) + cg × (M°i/Mp) + cmo × (tph/Mp) ..........(4.14)

où:

CG = coût de glaçage pour 1 kg de poisson conservé dans le conteneur ($EU/kg de poisson)

L'équation (4.14) permet d'introduire le facteur capacité. De la même façon que, par exemple, on évaluera une fileteuse de poisson par le nombre de poissons qu'elle peut traiter dans un temps donné (parce que cela est en relation avec le coût de production), un conteneur isolé doit être caractérisé par la quantité de poisson qu'il peut conserver à chaque utilisation. Le volume utile du conteneur isolé est réparti entre le poisson et la glace suivant la formule:

Vc = Mi° × Vsg + Mp × Vsp..........(4.15)

où:

Vc = Volume interne (utile) du conteneur isolé
Vsg = Volume spécifique de la glace utilisée (cm3/kg)
Vsp = Volume spécifique du poisson placé dans le conteneur (cm3/kg)

L'équation (4.15) suppose que le conteneur soit complètement rempli de poisson et de glace (ce qui est le cas le plus fréquent). Etant donné que le rapport poisson/glace est:

n = Mp/M°i..........(4.16)

d'où:

Mp = n × M°i..........(4.17)

ou:

i = Mp/n..........(4.18)

en remplaçant (4.18) dans (4.15) on obtient:

Vc = Mp × (Vsp + Vsg/n) ..........(4.19)

ou:

En remplaçant l'équation (4.14) par les équations (4.16) et (4.20) on obtient:

Le type de conteneur et ses conditions d'emploi influenceront IC(N) au travers de Vc, n et N (durabilité). On peut obtenir les valeurs de n en utilisant les calculs présentés dans le Chapitre 2 de ce manuel. L'équation générale (4.21) est présentée dans la Figure 4.6.

Figure 4.6 Variations du coût de la glace en fonction de la fréquence d'utilisation du conteneur

Comme on peut le voir, IC (N) décroît avec l'augmentation du nombre d'utilisations du même conteneur (N). Si le conteneur dure assez longtemps, le coût final du glaçage sera celui de la glace. Il en est de même lorsque le coût du conteneur est négligeable en regard de celui de la glace. N* dans la Figure 4.6 indique le nombre d'utilisations pour lequel les coûts fixes sont égaux au coût de la glace plus les salaires. Au-dessus de N* le coût relatif de la glace sera plus élevé que le coût relatif du conteneur. On peut voir que le rapport poisson sur glace affecte l'incidence du coût relatif de main-d'oeuvre. Plus le rapport poisson sur glace est élevé, plus l'incidence relative des salaires sur le coût du glaçage est faible.

Exemple 4.3 Calcul du coût du glaçage dans des pays en développement

Comparez les valeurs du rapport poisson sur glace (n) et le coût du glaçage dans divers pays en utilisant les situations décrites dans l'exemple 2.12 (les coûts de main-d'oeuvre ne sont pas pris en compte dans cet exemple).

Avec: m = nombre de conteneurs glacés par heure = 3; tph= 0,33 h

Réponse: En utilisant les données de cet exemple-ci, on trouve les valeurs présentées dans le Tableau 4.18.

Tableau 4.17 Données pour le développement de l'exemple 4.3

Pays

Paraguay

Trinidad & Tobago

Danemark

Type de conteneur

(1)

(2)


(3)

(4)

Coût du conteneur (en $EU/kg)

26,15

7,3


130

70

Coût de la glace ($EU/kg)

0,099


0,11


0,017

Coût du poisson ($EU/kg)







Carassin (Prochilodus scrofa)

0,27


-


-


Carassin (Salminus maxillosus)

1


-


-


Vivaneau

-


3,26


4,5

(1) Polystyrène expansé, (2) Polystyrène expansé, isotherme, (3) Isotherme (caoutchouc), (4) Metabox 70

Tableau 4.18 Optimisation de l'utilisation de conteneurs sous différentes conditions climatiques

Pays

Paraguay

Trinidad & Tobago

Danemark

Type de conteneur

(1)

(2)

(3)

(4)

Mp/Mg, carassin (Prochilodus scrofa)

1,57(19,27/12,27)

-

-

-

Mp/Mg, carassin (Salminus maxillosus)

1,56(19,00/12,18)

-

-

-

Mp/Mg, vivaneau


0,71 (19,00/12,18)

1,32 (16/12,16)

6,48

Coût de la glace/coût du poisson (en %)


(8,31/11,82)




Carassin (Prochilodus scrofa)

23,3%

-

-

-


Carassin (Salminus maxillosus)

6,3%

-

-

-


Vivaneau

-

4,8%

2,6%

-

N*

21,4

5,65

77,12

434

Le Tableau 4.18 montre que dans les pays développés tempérés, le coût de la glace est si bas par rapport aux autres coûts que le rapport de poisson sur glace peut être modifié sans entraîner de grands changements. Dans les pays tropicaux, le coût relatif de la glace est quelquefois si cher qu'une modification de n entraîne de grandes variations dans le coût total. Le principal objectif dans ces pays devrait être l'augmentation du rapport poisson sur glace (n). Le Tableau 4.18 montre clairement que la valeur de N* est en général atteinte plus rapidement dans les pays en développement que dans les pays développés (c'est-à-dire que les gains sur la glace permettent un retour sur investissement plus rapide).

Le coût des conteneurs (de fabrication locale ou importés) ne peut pas être un argument valable contre l'introduction de conteneurs isolés dans la plupart des pays en développement pourvu qu'ils présentent une isolation appropriée, permettent des gains significatifs sur la glace, et permettent des marges supplémentaires du fait de la qualité et de la prévention des pertes après capture. Si l'on prend en compte le coût de main-d'oeuvre, le principal facteur dans les pays développés est représenté par les salaires, alors que dans les pays en développement, c'est plutôt par la glace.

Cela veut dire que le principal objectif dans la réduction des coûts de glaçage dans les pays développés serait (et en fait est) d'augmenter la productivité, par exemple de mettre en place un dispositif spécial pour l'arrivée de la glace, une table pour recevoir et déplacer les conteneurs, un dispositif automatique de pesage et de combinaison de poisson et de glace, alors que dans les pays en développement, il faut optimiser la consommation de glace autant que possible (Lupin, 1985b). En utilisant des données réelles, on a constaté qu'un rapport de 20 dans les salaires ne compensait pas un rapport de 10 dans le coût de la glace. Dans ce cas, l'avantage comparatif que représente un coût bas de main-d'œuvre dans des pays en développement est annulé lorsque le coût de la glace est pris en compte (Lupin, 1985b). Ce cas souligne la nécessité d'utiliser l'analyse de coût comme outil de base pour l'identification des besoins en développement et pour définir les types de technologie ainsi que les procédures à mettre en oeuvre.

On peut trouver dans certains pays en développement tropicaux de grands conteneurs métalliques fabriqués localement et chers. Malgré leur prix, il est probable que l'incidence de ce prix sur le coût de 1 kg de poisson glacé est négligeable après un an d'utilisation ou peu de temps après. Par ailleurs, les conteneurs tendent à être de grande taille de façon à réduire le rapport surface/volume, ce qui entraîne également une diminution des pertes en glace et une augmentation du rapport poisson sur glace. Les pêcheurs ne connaissent peut-être pas le rapport poisson sur glace ni les calculs de coût, mais ils recherchent une optimisation au travers de leur expérience. Comme il a été montré par ailleurs, l'investissement dans un conteneur est rapidement recouvert par les gains sur glace dans des conditions tropicales (Villadsen et al., 1979).

4.4.2 Coûts de capture pour des navires de pêche côtière

L'analyse des informations sur les coûts de capture disponibles dans les publications spécialisées montre que les facteurs principaux sont: le type de navire de pêche, les engins de pêche utilisés, le prix du fuel, les espèces capturées (saisonnières ou permanentes) et l'utilisation efficiente des captures.

La Figure 4.7 montre, à titre d'exemple, la distribution des coûts de capture pour des navires de pêche côtiers en Argentine, suivant les méthodes d'évaluation présentées auparavant (sections 4.2 et 4.3). Les données de la Figure 4.7 sont classiques de la pêche artisanale dans laquelle la main-d'oeuvre (équipage plus le propriétaire qui est en général le patron pêcheur), représente une grande part des coûts et par conséquent la marge bénéficiaire est relativement faible.

Figure 4.7 Distribution radiale des coûts de capture, (Navires pratiquant la pêche côtière, Argentine, Parin et al., 1987b)

Dans le cas 4.4.1, la structure de coûts brute a été combinée avec les aspects techniques afin de faire une analyse de la situation. Dans le cas 4.4.2, la structure de coûts brute a été présentée de façon classique.

4.5 Modèle pour l'estimation des coûts de production dans des unités de transformation des produits de la pêche

Lorsque l'on fait des analyses de structures de coûts de production, il est utile de pouvoir en évaluer rapidement les répercussions des changements sur une ou plusieurs variables et/ou d'étudier les relations entre variables de façon à arrêter les stratégies de production.

La prise en compte de cinq variables principales serait une approche satisfaisante quand on analyse les méthodes d'évaluation des coûts d'exploitation dans la transformation des produits de la pêche ((Parin et Zugarramurdi, 1987). L'équation correspondant à la capacité totale (CT), pour chaque procédé de production, est représentée de la manière suivante:

CT = (a × MP) + (b × MO) + (c × E) + (d + m) × (IF/Q)..........(4.22)

où:

CT = coût total de l'unité de production ($EU/unité de production)
MP = coût de la matière première (poisson) ($EU/unité)
MO = coût de la main-d'oeuvre ($EU/unité)
E = coût des services ($EU/unité)
IF = investissement fixe ($EU)
Q = capacité de l'installation (unités/an)

et dans laquelle les coefficients ont la signification suivante:

a coefficient de relation entre la matière première (MP) et le coût total des matières premières, comprenant le poisson, les ingrédients secondaires, l'emballage, etc.;

b coefficient de relation entre le coût de main-d'oeuvre directe (MO) et le coût total salarial direct et indirect (direction générale, administration, maîtrise);

c coefficient de relation entre le coût direct de la vapeur, l'eau et l'électricité et les effluents et autres services en relation avec la production (TFSE);

d coefficient de relation entre IF/Q et l'amortissement, les coûts d'assurance, les taxes et impôts;

m coefficient de relation entre IF/Q et les coûts de maintenance.

L'analyse du coefficient a est particulièrement intéressante, car elle indique la proportion du coût d'emballage dans le coût total du produit. Par exemple dans les conserveries, le coût de la boîte est le plus souvent élevé comparé à celui de la matière première, pouvant atteindre dans la majorité des cas étudiés des valeurs proches de 2 ou plus élevées.

Suivant l'approche proposée, le coefficient a concerne non seulement l'emballage mais aussi les ingrédients. Par conséquent un coefficient légèrement supérieur à 2 veut dire que le consommateur paye proportionnellement plus pour la matière première que pour l'emballage dans le prix indiqué.

Le Tableau 4.19 présente les coefficients relevés dans différentes unités de transformation des produits de la pêche en utilisant l'équation (4.22).

Le Tableau 4.20 montre quelques valeurs de a relevées dans des conserveries; on peut voir que dans le cas de sardines à l'huile, le consommateur paye proportionnellement plus pour l'emballage que pour la matière première, même pour les volumes plus importants. Ce n'est pas le cas du merlu pour lequel, dans le cas des boîtes de 380 g, a arrive à atteindre une valeur de près de 2. Un coefficient de 2,04 a été relevé pour une conserverie norvégienne (sardines); le coefficient équivalent pour des pays tropicaux est de 3,47, ce qui dépasse toutes les valeurs enregistrées en Argentine dans ce domaine.

Tableau 4.19 Evaluation des coûts de production dans diverses activités de transformation des produits de la pêche

Type d'activité

a

b

c

(d + m)

Références

Conserveries


- Sardines (manuelle)

3,00

2,23

1,05

0,228

(Zugarramurdi & Parin, 1987a)


- Maquereau (manuelle)

1,88

2,22

1,05

0,253

(Zugarramurdi & Parin, 1987a)


- Merlu (manuelle)

2,17

2,22

1,05

0,249

(Zugarramurdi & Parin, 1987a)


- Thon (manuelle)

1,30

2,22

1,05

0,237

(Zugarramurdi & Parin, 1987a)

Congélation


- Merlu, filets (manuelle)

1,15

1,77

1,05

0,147

(Parin et al., 1990)


- Merlu, E&E (manuelle)

1,20

1,96

1,05

0,147

(Parin et al., 1990)


- Poisson séché, filets(manuelle)

1,08

1,65

1,05

0,147

(Parin et al., 1990)


- Crevettes (manuelle)

n/d

1,60

1,05

0,148

(Parin et al., 1990)


- Crevettes (mécanique)

1,09

2,41

1,05

n/d

(Parin et al., 1990)


- Poissons-chats (mécanique)

1,06

2,27

1,05

n/d

(Parin et al., 1990)

Salage (*)

1,035

1,62

1,035

0,168

(Zugarramurdi, 1981b)

Farine de poisson (*)

1,038

1,66

1,038

0,167

(Zugarramurdi, 1981b)

(*) Dans ce cas, le coefficient a est calculé avec MP comprenant la matière première et l'emballage

Donc, le coefficient a peut être corrélé avec le prix du poisson matière première (MP/CT), ce qui permet d'analyser les opportunités offertes par l'exportation et les modifications qu'il serait nécessaire d'apporter dans la structure des coûts pour réduire le prix de revient. On peut définir les stratégies à suivre à partir de la relation MP/MO. Plus la valeur de ce rapport est élevée, plus il est recommandé de chercher à payer des primes de productivité.

L'examen des Tableaux 4.19 et 4.20 montre clairement que les coefficients de l'équation 4.22 doivent être déterminés cas par cas. Cependant, on peut utiliser les coefficients de ces tableaux comme première approximation lorsque des données directes ne sont pas disponibles.

Exemple 4.4 Calcul des coûts de production dans une installation de congélation de poisson

Calculez les coûts de production pour la préparation de filets sans peau congelés en blocs dans les installations de l'exemple 2.1.

a) Poste par poste
b) A partir des coefficients fournis dans le Tableau 4.19

Tableau 4.20 Coefficient a pour des conserveries de poisson

Type de produit

Coefficient a

Pays

Références

Conserves

Sardines

115g

3,34

Argentine

Ce document

Sardines

170g

3,00

Argentine

Ce document

Sardines

260g

2,69

Argentine

Ce document

Maquereau

380 g

1,88

Argentine

Ce document

Merlu

190g

2,72

Argentine

Ce document

Merlu

380g

2,17

Argentine

Ce document

Thon

190g

1,30

Argentine

Ce document

Thon

330g

2,26

Argentine

Ce document

Sardines

115g

3,47

Pays tropicaux

(Edwards et al., 1981)

Sardines

115g

2,04

Norvège

(Myrseth, 1985)

Réponse:

a) Les coûts d'exploitation sont d'habitude calculés sur l'une de ces trois bases: unité de produit, par jour ou par année de production. On calculera d'abord le coût par unité de produit exprimé en $EU par unité de produit fini. La production journalière est de 2 tonnes de filets congelés en blocs (FB).

- Matière première:

Poisson:

Quantité de matière première = 5,9 tonnes de merlu/jour (donnée de l'exemple 2.3)
Prix de la matière première = 235 $EU/tonne de merlu (donnée de l'Annexe C2)

Emballage:

Quantité de cartons paraffinés = 300 cartons (donnée de l'exemple 2.17)
Prix des cartons paraffinés = 0,26 $EU (donnée de l'Annexe C5)
Quantité de suremballage =100 cartons (donnée de l'exemple 2.17)
Prix du suremballage = 0, 5 $EU (donnée de l'Annexe C5)
Coût de cerclage et d'étiquetage = 4 $EU/tonne FB

Quantité de cartons paraffinés (cartons/jour) × Prix ($EU/carton) Coût des cartons paraffinés =





Coût de l'emballage = Coût des cartons + Coût du suremballage + Coût du cerclage et de l'étiquetage = 39 + 25 + 4 = 68 $EU/tonne FB

Coût de la matière première = Coût du poisson + Coût de l'emballage = 693.2 + 68 = 761,2 $EU/tonne FB

- Main-d'œuvre:

Main-d'œuvre directe (MOD):

Fileteurs

Nombre de fileteurs =15 (donnée de l'exemple 2.13)
Salaire de référence: 0,06 $EU/kg de filets (donnée de l'exemple C3)
Charges sociales: 70% (Argentine, 1991)

Coût de la main-d'œuvre du filetage
= Salaire de référence ($EU/kg) × (1 + charges sociales exprimées en décimales) × 1 000 kg/tonne BF
= 0,06 $EU/kg (1 + 0,70) × 1000 kg/tonne = 102 $EU/tonne FB

Triage manuel + contrôle + emballage

Nombre d'ouvriers pour trier, contrôler et emballer = 2+5+3=10 (donnée de l'exemple 2.13) Taux horaire moyen: 1,11 $EU/h (donnée de l'Annexe C3)



Coût de la main-d'œuvre directe = Coût du filetage + Coût de main-d'œuvre nécessaire pour le triage, le contrôle et l'emballage =102+67 =169 $EU/tonne FB

Main-d'œuvre indirecte (MOI)

Ouvriers (main-d'œuvre indirecte)

Nombre d'ouvriers = 2 + 2 = 4 (donnée de l'exemple 2.13)
Taux horaire moyen: 1,12 $EU/h (donnée de l'Annexe C3)



Employés à la congélation

Nombre d'employés = 1 (données de l'exemple 2.13)
Taux horaire: 1,49 $EU/h (donnée de l'Annexe C3)



Coût de la main-d'œuvre indirecte = Coût des ouvriers indirects + Coût de l'employé à la congélation = 30,5 + 10,1 = 40,6 $EU/tonne FB

Coût total de la main-d'œuvre = Coût de la main-d'oeuvre directe + Coût de la main-d'œuvre indirecte = 169 + 40,6 = 209,6 $EU/tonne FB

- Maîtrise:

On estime en général le coût de la maîtrise en pourcentage du coût de la main-d'oeuvre d'exploitation, 10% étant une valeur classique (donnée du Tableau 4.6).

Coût total de la maîtrise = 0,10 × coût salarial = 0,10 × 209,6 $EU/tonne FB = 21 $EU/tonne FB

- Fluides:

Electricité

Consommation d'énergie = 200 kWh/tonne FB (donnée de l'exemple 2.15)
Coût moyen: 0,20 $EU/tonne FB (donnée de l'Annexe C4)
Coût de l'électricité

= Consommation d'énergie (kWh/tonne FB) × prix unitaire ($EU/kWh)
= 200 kWh/tonne FB × 0,20 $EU/tonne FB = 40 $EU/tonne FB

Eau

Consommation d'eau = 9,5 m3/tonne FB (donnée de l'exemple 2.15)
Coût moyen: 1 $EU m3/tonne FB (donnée de l'Annexe C4)
Coût de l'eau

= Consommation d'eau (m3/tonne FB) × prix unitaire ($EU/m3)
= 9,5 m3/tonne FB × 1 $EU/tonne FB = 49.5 $EU/tonne FB

- Maintenance:

On évalue en général le coût de maintenance en pourcentage de l'investissement par an, 4% étant une valeur classique pour des installations de congélation (donnée du Tableau 4.9).

Investissement fixe (IF) = 600 000 $EU (donnée de l'exemple 3.1)
Production de filets en blocs = 2 tonnes/poste de 8 h
Nombre de jours de travail/an = 270
Production annuelle (Q) = 540 tonnes FB
Investissement fixe par an = IF/Q = 600 000 $EU/540 tonnes/FB =1 111 $EU/tonne FB
Coût total de maintenance

= 0,04 × Investissement fixe par an
= 0,04 × 1 111 $EU/tonne FB = 44,4 $EU/tonne FB

Néanmoins, l'évaluation doit permettre de prendre en compte les saisons dans la disponibilité de la matière première du fait que la ligne de production n'est en activité que 150 jours par an. Dans beaucoup d'industries de la pêche, les captures convenant à la production ne peuvent être faites que pendant certaines périodes de l'année.

Coûts directs

= Matière première + Main-d'oeuvre + Maîtrise + Fluides + Maintenance
= 761,2 + 209,6 + 21 + 49,5 + 44,4 = 1 085,7 $EU/tonne FB

- Coûts d'investissement:

Amortissement

L'amortissement est généralement calculé de façon linéaire sur la durée de vie utile de l'installation. On prévoit une durée de vie (n) de 10 ans. La charge annuelle d'amortissement est identique pour chaque année.

Investissement fixe (IF) = 600 000 $EU (donnée de l'exemple 3.1)

Du fait de la difficulté de faire une évaluation de la valeur résiduelle ou de la valeur à la casse des investissements, dans la plupart des chiffrages de projet on retient des valeurs nulles. Par conséquent:

Valeur résiduelle (L) = 0

D'après l'équation (4.4), la charge d'amortissement annuelle est de 60 000 $EU.

Charge d'amortissement par unité de production = Charge d'amortissement annuelle/Production annuelle (Q) = 60 000 $EU par an/540 tonnes FB par an = 111 $EU/tonne FB

Assurances et taxes

Les assurances et taxes locales représentent environ 2% des investissements fixes (d'après les sections 4.3.1.1.2 et 4.3.1.1.3).

Taxes et assurances = 0,02 × Investissements fixes par an = 0,02 × 1 111 $EU/tonne FB = 22,2 $EU/tonne FB

Coût total d'investissement

= Amortissement + Taxes et Assurances = 111 + 22,2 = 133,2 $EU/tonne FB

- Direction et administration:

On évalue ce poste en pourcentage des coûts directs de production, 3,9% étant une valeur classique pour des installations de congélation (donnée du Tableau 4.14).

Coûts de direction et d'administration = 0,039 × Coûts directs = 0,039 × 1 085,7 $EU/tonne FB = 42,3 $EU/tonne FB

- Coûts commerciaux:

On estime quelquefois ces coûts à 1% des coûts directs pour des installations de congélation (donnée du Tableau 4.15).

Coûts commerciaux = 0,01 × Coût direct = 0,01 × 1 085,7 $EU/tonne FB = 11 $EU/tonne FB

Coûts fixes = Investissement + Direction et Administration + Commercial = 133,2 + 42,3 + 11 = 186,5 $EU/tonne FB

Coûts de production par unité (à l'exclusion des coûts financiers) = Coûts directs + Coûts fixes = 1 085,7 + 186,5 = 1 272,2 $EU/tonne FB

Coûts annuels de production

= Coûts unitaires ($EU/tonne FB) × Production (tonnes FB/an)
= 1 272,2 $EU/tonne FB × 540 tonnes FB/an = 686 988 $EU/an

b) Suivant l'équation (4.22) et les coefficients du Tableau 4.19, le coût de production unitaire est:

TC = 1,15 R + 1,77 L + 1,05 E + 0,147 IF/Q

R=693 L=209,6 E=49,5 IF/Q=1 111

Coût de l'unité de production = 1 383,2 $EU/tonne FB

Exemple 4.5 Calcul du coût de production pour une conserverie

Calculez la production journalière pour la conserverie de poisson de l'exemple 2.2

a) Poste par poste
b) En utilisant les coefficients du Tableau 4.19

Réponse: a) Le coût journalier sera exprimé en $EU/jour. La production journalière est de 2 670 boîtes de 180 g pièce.

- Matière première:


Poisson

Quantité de matière première

= 1 tonne de thon/jour (donnée de l'exemple 2.5)

Prix de la matière première

= 1 000 $EU/tonne de thon (donnée de l'Annexe C2)

Coût du poisson

= Quantité de matière première (tonnes de thon/jour) × Prix ($EU/tonne de thon)

= 1 tonne de thon/jour × 1 000 $EU/tonne de thon = 1 000 $EU/jour


Huile

Quantité d'huile

= 80 kg d'huile/jour (donnée de l'exemple 2.5)

Prix de l'huile

= 0,5 $EU/kg d'huile (donnée de l'Annexe C2)

Coût de l'huile

= Quantité d'huile (80 kg/jour) × Prix ($EU/kg d'huile) =

= 80 kg d'huile/jour × 0,5 $EU/kg d'huile = 40 $EU/jour


Sel

Quantité de sel

= 12 kg de sel/jour (donnée de l'exemple 2.5)

Prix du sel

= 0,5 $EU/kg de sel (donnée de l'Annexe C2)

Coût du sel

= Quantité de sel (12 kg/jour) × Prix ($EU/kg d'huile)

= 12 kg de sel/jour × 0,5 $EU/kg de sel = 6 $EU/jour


Emballage

Nombre de boîtes

= 2 670 boîtes/jour (donnée de l'exemple 2.18)

Prix d'une boîte

= 0,12 $EU (donnée de l'Annexe C5)

Nombre de cartons

= 155 cartons (donnée de l'exemple 2.17)

Prix d'un carton

= 0,3 $EU (donnée de l'Annexe C5)

Coût des boîtes

= Nombre de boîtes (boîtes/jour) × Prix ($EU/boîte)

= 2 670 boîtes × 0,12 $EU/boîte = 320,4 $EU/jour

Coût des cartons

= Nombre de cartons (cartons/jour) × Prix ($EU/carton)

= 115 cartons × 0,3 $EU/carton = 34,5 $EU/jour

Coût d'emballage

= Coût des boîtes + Coût des cartons = 320,4 + 34,5 = 354,9 $EU/jour

Coût des matières premières

= Poisson + Huile + Sel + Emballage

= 1 000 + 40 + 6 + 354,9 = 1 400,9 $EU/jour

- Main-d'oeuvre (directe et indirecte):

Nombre d'ouvriers = 14 (donnée de l'exemple 2.14)
Salaire de base, y compris les avantages sociaux: 10 $EU/jour (poste de 8 h) (donnée de l'Annexe C3)
Coût de la main-d'oeuvre

= nombre d'ouvriers × taux journalier ($EU/jour)
= 14 ouvriers × 10 $EU/jour × ouvrier = 140 $EU/jour

- Maîtrise:

On estime la maîtrise en général en pourcentage de la main-d'oeuvre d'exploitation, 10% étant une valeur classique (donnée du Tableau 4.6). Etant donné qu'un contremaître est nécessaire à un coût journalier de 14 $EU/jour, le résultat est le même.

Coût de maîtrise = 0,10 × Coût de main-d'oeuvre = 0,10 × 140 $EU/jour = 14 $EU/jour

- Fluides:

Electricité

Consommation d'énergie = 0,031 kWh/boîte (donnée de l'exemple 2.16)
Prix moyen: 0,20 $EU/kWh (donnée de l'Annexe C4)

Coût de l'électricité

= Consommation d'énergie (kWh/boîte) × prix unitaire ($EU/kWh) × production (boîtes/jour)
= 0,031 kWh/boîte × 0,20 $EU/kWh × 2 670 boîtes/jour = 16,6 $EU/jour

Gas-oil

Consommation de gas-oil = 0,034 kg/boîte (donnée de l'exemple 2.16)
Prix moyen: 0,20 $EU/kg de fuel (donnée de l'Annexe C4)

Coût du gas-oil

= Consommation de gas-oil (kg/boîte) × prix unitaire ($EU/kg) × production (boîtes/jour)
= 0,034 kg/boîte × 0,20 $EU/kg × 2 670 boîtes/jour = 18,2 $EU/jour

Eau

Consommation d'eau = 8,9 litres/boîte (donnée de l'exemple 2.16)
Prix moyen: 1 $EU/1 000 litres (donnée de l'Annexe C4)

Coût de l'eau

= Consommation d'eau (litres/boîte) × prix unitaire ($EU/m3) × production (boîtes/jour)
= 8,9 litres/boîte × 1 $EU/1 000 litres × 2 670 boîtes/jour = 23,8 $EU/jour

Coût des fluides

= Coût d'électricité + coût de gas-oil + coût de l'eau
=16,6+18,2 + 23,8 = 58,6 $EU/jour

- Maintenance:

On évalue en général le coût de maintenance en pourcentage de l'investissement par an, 3% étant une valeur classique pour les conserveries de poisson (donnée du Tableau 4.9).

Investissement fixe (IF) = 130 000 $EU (donnée de l'exemple 3.2)
Production = 2 670 boîtes/poste de 8 heures
Jours de travail par an =250
Production annuelle (Q) = 667 500 boîtes

Investissement fixe par jour = IF/Q = 130 000 $EU/250 jours = 250 $EU/jour

Coût de maintenance

= 0,04 × Investissement fixe par jour
= 0,04 × 250 $EU/jour = 20,8 $EU/jour

Néanmoins, l'évaluation doit permettre de prendre en compte les saisons dans la disponibilité de la matière première du fait que la ligne de production n'est en activité que 150 jours par an. Dans beaucoup d'industries de la pêche les captures convenant à la production ne peuvent être faites que pendant certaines périodes de l'année.

Coûts directs

= Matières premières + Main-d'oeuvre + Maîtrise + Fluides + Maintenance
= 1 400,9 +140 +14 + 58,6 + 20,8 = 1 634,3 $EU/jour

- Coûts d'investissement:

Amortissement

L'amortissement est généralement calculé de façon linéaire sur la durée de vie utile de l'installation. On prévoit une durée de vie (n) de 10 ans. La charge annuelle d'amortissement est identique pour chaque année.

Investissement fixe (IF) = 130 000 $EU (donnée de l'exemple 3.2)
Valeur résiduelle (L) = 0

D'après l'équation (4.4), la charge d'amortissement annuelle est de 13 000 $EU.

Charge d'amortissement par unité de production = Charge d'amortissement annuelle/Nombre de jours ouvrés/an

= 13 000 $EU par an/250 jours par an
= 52 $EU/tonne FB

Assurances et taxes

Les assurances et les taxes locales représentent environ 4% des investissements fixes (d'après les sections sur les taxes foncières, p. 124).

Taxes et assurances = 0,04 × Investissements fixes/jour = 0,04 × 520 $EU/jour = 20,8 $EU/jour Coût total d'investissement = Amortissement + Taxes et Assurances = 52 + 20,8 = 72,8 $EU/tonne FB

- Direction et administration:

On évalue ce poste en pourcentage des coûts de main-d'oeuvre ou des coûts directs, 40% (donnée de la section 4.3.2) et 7% (Tableau 4.14) étant respectivement des valeurs classiques pour des conserveries

Coûts de direction et d'administration

= 0,40 × Coûts de main-d'oeuvre
= 0,40 × 140 $EU/jour = 56 $EU/jour

Coûts de direction et d'administration

= 0,07 × Coûts directs
= 0,07×1 634,3 $EU/jour = 114,4 $EU/jour

On utilisera par conséquent la moyenne des deux estimations, c'est-à-dire

Coûts de direction et d'administration = 85,2 $EU/jour

- Coûts commerciaux:

On estime quelquefois ces coûts à 1% des ventes ou en pourcentage des coûts directs (donnée du Tableau 4.15).

Coûts commerciaux = 0,01 × Ventes/jour = 0,01 × 2 000 $EU/jour = 20 $EU/jour

Coûts commerciaux = 0,024 × Coût direct = 0,024 × 1 634,3 $EU/jour = 39,2 $EU/tonne FB

On adoptera la moyenne des deux estimations soit 29,6 $EU/jour.

Coûts fixes = Coûts d'investissement + Direction et Administration + Coûts commerciaux = 72,8 + 85,2 + 29,6 = 187,6 $EU/jour

Coûts de production par jour (à l'exclusion des coûts financiers) = Coûts directs + Coûts fixes = 1 634,3 + 187,6 = 1 821,9 $EU/tonne FB

Coûts annuels de production = Coûts journaliers ($EU/jour) × Nombre de jours de travail/an) = 1 821,9 $EU/jour × 250 jours/an = 455 475 $EU/an

b) Suivant l'équation (4.22) et les coefficients du Tableau 4.19, le coût de production journalier est:

TC = 1,3 R + 2,22 L + 1,05 E + 0,237 IF/Q

R = 1 000 L = 140 E = 58,6 IF/Q = 520

Coût de production journalier = 1 795,57 $EU/jour


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