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ANNEXE IX - RAPPORT NATIONAL SUR LE SECTEUR FORESTIER

BURUNDI

par

Bararwandika A.

1. INTRODUCTION

Le Burundi est un pays qui couvre 27 834 km² dont 25 039 km² émergés. Les pays limitrophes sont le Rwanda au Nord; la Tanzanie au Sud et à l'Est, la République Démocratique du Congo, ex-Zaïre, à l'Ouest.

Le Burundi est l'un des pays les plus densément peuplés d'Afrique, alors que le recensement général de la population réalisé en 1990 montrait que la population burundaise était de 5,7 millions d'habitants, aujourd'hui cette population est estimée à 6, 4 millions d'habitants.

La densité moyenne est de 230 habitant /km², elle atteint 400 habitants/km² dans les provinces du nord et du centre du pays. Le taux d'accroissement annuel est de 3%.

L'agriculture est la principale activité économique du pays. Elle occupe près de 900 000 familles, soit 94% de la population; et fournit plus de 90% des emplois.

Depuis octobre 1993, c'est la crise socio-économique qui bat le plein au Burundi. Elle a entraîné de grands mouvements de populations et des pertes en vies humaines. Les infrastructures sociales sont détruites tandis que de 1992 à 1996, le taux d'inflation a triplé.

Au niveau de l'environnement en général et de la forêt en particulier, il y a eu aggravation du déséquilibre des écosystèmes forestiers qui étaient déjà précaires.

2. LES RESSOURCES FORESTIERES

Au niveau de l'état de la ressource forestière, la contrainte majeure est le manque de données, sur le plan quantitatif et qualitatif. Les estimations faites montrent que les formations forestières naturelles couvrent une superficie de 56 000 ha alors que les formations forestières artificielles, publiques et privées couvrent respectivement près de 69 000 ha et 64 000 ha en 1998.

Avant la crise, la situation de la ressource forestière était nettement supérieure à la situation ci-haut évoquée. En effet, la couverture forestière avoisinait 8% du territoire national avec 211 000 ha composés de: 84 000 ha de boisements domaniaux, 60 000 ha de microboisement privés, 56 000 ha de forêts naturelles, et 11 000 ha de boisements communaux.

Ces données sont proches de celles évoquées en 1996 par le PNUD (SNEB 1997). Il précise qu'avant le déclenchement de la crise d'octobre, les boisements artificiels couvraient une superficie d'environ 150 000 ha et la filière bois occupait près de 19 000 personnes.

Concernant la production de ces formations forestières, les boisements domaniaux produisent en moyenne 15 m3/ha/an tandis que les boisements communaux sont moins productifs et surexploités avec 3 m3/ha/an.

Quant à l'estimation de la production des microboisements et de l'agroforesterie, elle est de 1 m3/ha/an pour le bois d'_uvre et de 10 m3/ha/an pour le bois de feu et de service.

Signalons toutefois que la production des boisements domaniaux et communaux est également liée à la répartition des essences.

Actuellement, la production annuelle des boisements publics et privés y compris l'agroforesterie est estimée à 291 000 m3 de bois d'_uvre et 1 510 000 m3 de bois de feu et de service.

Tableau 1: Estimation de la production annuelle des boisements publics et prives en 1998

Type de boisements

Superficie ha

Bois d'_uvre m3

Bois de feu et de service m3

Boisements domaniaux et communaux

68 700

175 000

460 000

Agroforesterie et microboisements privés

64 000

64 000

600 000

Arbres hors forêts

52 000

52 000

520 000

TOTAL

184 700

291 000

1 510 000

Ces estimations sont indicatives car les superficies boisées sont aussi approximatives. La production moyenne/ha/an qui tient compte de la répartition des essences pour les boisements publics n'est pas non plus précise alors que l'agroforesterie et les microboisements privés nécessitent d'être inventoriés en terme de superficie et de production. En fait, les données produites sont des estimations approximatives comme aucune inventaire récent n'a été mis en _uvre.

3. La production et commerce de bois

L'exploitation des boisements domaniaux et communaux est assujettie à un permis de coupe délivré par le Département des Forêts ou l'administrateur communal.

Depuis 1992, le bois est vendu suivant un cubage fait après balivage des arbres à exploiter (dans le domaine forestier de l'Etat) et ces coûts varient suivant la nature du bois: Bois de feu, 1 650 FBU/m3, Bois de service, 2 950 FBU/m3, Bois d'_uvre, 3 900 FBU/m3.

Quelle que soit la nature des produits forestiers, leur transport d'une province à une autre nécessite normalement une autorisation de transport délivrée par le Département. D'autres taxes sont également exigées par les communes et la municipalité de Bujumbura.

Actuellement, les besoins en bois de service sont estimés à 544 000 m3 pour une population de 6,4 millions d'habitants. Les estimations en bois de feu et charbon de bois sont comprises entres 5 760 000 m3 et 7 680 000 m3

Les besoins en bois d'_uvre qui étaient de 179 000 m3 en 1991 atteignent aujourd'hui 305 600 m3.

La synthèse de la ressource et de la demande montre que le Burundi connaît un déficit au niveau du bois de feu et de service. En effet, l'offre représente 291 000 m3 de bois d'_uvre et 1 510 000 m3 de bois d'industrie.

La production nationale est compensée par des produits importés. En 1997, 1 733 tonnes de bois et de ses dérivés ont été importés contre 61 tonnes exportés et, en 1998, l'importation du bois a atteint 2 965 tonnes contre 100 tonnes exportées.

Tableau 2: Quantité de bois importe

 

1997

1998

Nature du produit

Tonnes

Millions de Bif

Tonnes

Millions de Bif

Bois et ouvrages en bois

250

64,5

480

206,6

2. Allumettes

71

39,2

39

29

Papiers, cartons

1 359

1 103,8

2 364

2 677,2

Balais et brosses

21

22,8

27

33,2

Articles de librairie

30

99,4

53

227,2

Crayon

2

2,5

2

77,9

Source: Banque de la République du Burundi (BRB)

Tableau 3: Quantité de bois exporte

 

1997

1998

Nature du produit

Tonnes

Millions de bif

Tonnes

Millions de bif

1 - Bois et ouvrages en bois

10

5, 6

-

-

2 - Ecorce quinquina

51

21, 6

100

38, 3

Source BRB; Note: Ces quantités contiennent compte des produits dérivés du bois.

A part le bois, les hommes comme les animaux bénéficient d'autres produits forestiers récoltés par la cueillette, la chasse et la pêche.

La cueillette permet aux populations de bénéficier des fruits comestibles, des feuilles, des champignons, du miel, du fourrage pour le bétail, des produits pour la pharmacopée et d'autres encore.

Par ailleurs, il est à indiquer que la forêt burundaise abrite une biodiversité riche et variée. L'on y dénombre 3 000 espèces de plantes supérieures, 56 amphibiens, 716 oiseaux et 163 mammifères parmi lesquels se comptent beaucoup d'espèces endémiques.

4. LA SITUATION DES ECOSYSTEMES FORESTIERS

Depuis octobre 1993, le secteur forestier burundais a été perturbé par la crise. Les forêts naturelles et artificielles ont été détruites soit par des défrichements, soit par des coupes anarchiques, soit par des feu de brousse.

Tableau 4: Destruction des boisements artificielles 1992 a 1998

Provinces

de 1992 à 1996

1998

Bubanza

Bujumbura

Bururi

Cankuzo

Cibitoke

Gitega

Kayanza

Karuzi

Kiirundo

Makamba

Muramvya

Muyinga

Ngozi

Rutana

Ruyigi

1 130

90

2 320

320

-

2 520

320

2 891

3 892

606

361

3 000

1 932

670

5 000

1 102

-

-

637

280

271

52

64

288

-

13

230

77

370

780

 

30 641

4 164

Source: MINATE - Département des Forêts

Ainsi, les feux de brousse viennent de dévaster plus de 4 000 ha de boisements pendant l'année 1998. Pour l'année antérieure de 1997, les superficies emportées par les feux ne sont pas exactement connues. Toutefois, l'on sait qu'à Bubanza et à Bujumbura-rural, les superficie brûlées étaient respectivement de 569 ha et 186 ha en 1997.

Au total, les superficies brûlées peuvent être estimées à plus de 2 000 ha. De 1990 à 1995, le taux de déboisement a évolué de manière croissante de 0,50% à 2,10%.

Tableau 5: Taux de déboisement en 1990 - 1998

Source: PNUD - Ministère de la Planification du Développement et de la Reconstruction (Développement humain durable)

Alors que les efforts du gouvernement en matière de reboisement venaient d'atteindre une couverture forestière de 8% du territoire national en 1992, la crise a emporté, jusqu'en 1998, près de 35 000 ha de forêts artificielles et plus de 2 400 ha de forêts naturelles.

En outre, comme le montre le taux de déboisement de 1990 (deux années avant la crise), la couverture forestière apparaît déjà menacée et cela est dû aux fortes pressions démographiques. Les mouvements des populations occasionnées par la guerre au Rwanda et Burundi sont venus exacerber une situation qui était déjà critique.

5. Conclusions

Avec le retour progressif de la tranquillité sociale et politique, les burundais reconstruisent les infrastructures détruites: les maisons, les écoles, les hôpitaux, les centres de santé, les dispensaires, les ponts. Il a fallu mobiliser plus de 42 000 m3 de bois d'_uvre pour les planches et les madriers et quelque 5 840 ha de boisements pour les besoins en perches.

Bien que la crise ne soit pas encore terminée, des travaux de réhabilitation du couvert forestier détruit lors de la crise sont en cours: 2 300 ha de boisements viennent d'être installés dans les provinces du nord du pays.

De manière générale, le secteur forestier burundais se heurte à un grand nombre de difficultés d'ordre technique, social et économique.

L'administration forestière manque un certain professionnalisme et les outils techniques de législation ne sont pas adaptés aux exigences du moment (le Code Forestier date de 1985 et le Code foncier de 1986). Les moyens humains, matériels et financier ne répondent pas aux besoins actuels d'étendre et de développer le patrimoine forestier, la connaissance exacte dans le temps et dans l'espace de la ressource forestière ainsi que les besoins réels des populations.

La mauvaise connaissance de la ressource forestière couplée au manque de moyens financiers et humains en quantité et en qualité contribue avec d'autres facteurs à la mauvaise gestion de la ressource disponible.

L'administration territoriale confrontée au problème de marque de bois, de propriétés agricoles et au phénomène des populations déplacées distribuent les propriétés boisées aux demandeurs qui non seulement les déboisent mais aussi les transforment en terrains agricoles.

Enfin, au Burundi, la filière bois se cherche encore; elle est non restructurée et beaucoup de pertes de matières ligneuses sont enregistrées pendant la transformation du bois suite aux technologies traditionnelles encore en usage.

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