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ANNEXE IX - RAPPORT NATIONAL SUR LE SECTEUR FORESTIER (Cont.)

CAMEROUN

par

Njib Ntep D.

1. PrEsentation gEnEralE du Cameroun

Situé au fond du golf de Guinée, le Cameroun, pays charnière entre l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique Centrale, couvre une superficie de 475 000 km². Il partage ses frontières avec le Nigeria (sur 1 500 km environ), le Gabon, le Tchad, la République Centrafricaine, le Congo Brazzaville et la Guinée équatoriale. Il s'ouvre au Sud-Ouest sur l'Océan Atlantique par une côte qui s'étend sur 700 km. Il est situé entre les latitudes 13° et 2° Nord et entre les longitudes 8°30' et 16° Est.

Schématiquement, on peut considérer que sur les 475 000 km² de superficie totale, 22% sont en zone écologique de type savane sèche, 20% en zone de savane humide d'attitude et 58% en zone de forêt dense humide.

Ces climats variés, et notamment une pluviométrie abondante dans certaines zones, sont favorables aux activités agricoles, de l'élevage et de la pêche, qui constituent la base de son économie. Par ailleurs sa forêt est l'une des plus importantes du Bassin du Congo et couvre une superficie de 22 millions d'ha environ.

Ses principaux produits d'exportation sont le cacao, le café, le bois, l'aluminium, la banane, le coton, le caoutchouc, l'huile de palme, l'ananas, le thé, le pétrole etc.

La population totale est estimée à 15 millions d'habitants et sa répartition est très contrastée: De plus de 100 habitants au km² dans la Province de l'Ouest, cette densité est de moins de 5 habitants au km² à l'Est. La population urbaine représente environ 40% de la population totale dont près de la moitié se trouve dans les deux plus grandes villes (Yaoundé et Douala).

2. Les Grandes lignes de l'Economie camerounaise

Le Cameroun a connu une période de croissance forte depuis les années 1970 jusqu'au milieu des années 1980. A partir de 1985 le pays est entré dans une phase de récession essentiellement due à des facteurs exogènes parmi lesquels, la dépréciation du dollar qui a affecté la compétitivité de toutes les exportations, l'effondrement des prix du pétrole et de tous les principaux produits de base; ce qui a entraîné une baisse des termes de l'échange supérieur à 30%. Toutefois, ces facteurs sont également endogènes et peuvent se résumer par les mauvaises performances des entreprises publiques, la mauvaise gestion, les lenteurs administratives etc.

Pour faire face à cette situation, le gouvernement camerounais a développé dès 1986/1987, des plans de redressement s'articulant autour des mesures d'assainissement des finances publiques et des réformes structurelles tendant notamment à la libéralisation des activités économiques. Ces mesures d'ajustement interne ont été complétées en 1994 par la dévaluation du F CFA dont les effets se sont révélés hautement bénéfiques pour l'économie camerounaise au plan macro-économique.

Les principaux axes de cette politique visent l'instauration d'une économie compétitive de marché notamment par:

la libéralisation des activités économiques;

le désengagement effectif de l'Etat des secteurs de production en particulier au travers du processus des privatisation;

L'amélioration de l'environnement juridique et judiciaire des affaires;

La promotion des exportations et la diversification des marchés.

La libéralisation des activités économiques, l'amélioration des cours mondiaux des produits d'exportation et les gains de compétitivité issus de la dévaluation du F CFA, ont néanmoins permis à l'économie camerounaise de renouer avec une croissance positive en 1994 (3,3%). Cette reprise s'est confirmée en 1996/1997 avec un taux de croissance du PIB de 5% en terme réel.

La politique économique actuelle du Cameroun tend à soutenir cet effort positif et à consolider cette croissance. Le secteur privé, principale source de création des richesses et des revenus, est ainsi appelé à jouer un rôle moteur pour l'acquisition d'une croissance économique soutenue et durable.

2.1 Evolution récente de l'économie camerounaise

Au cours de l'exercice 1998/1999, l'économie camerounaise a subi de plein fouet un choc de compétitivité du fait de la crise financière internationale déclenchée en Asie en 1997. Ce choc s'est traduit par:

la perte des débouchés sur le marché asiatique (exportation du bois);

la perte des parts de marché à l'exportation du fait de la concurrence entre autres des produits asiatiques;

la détérioration des termes de l'échange avec comme facteur majeur la déprime du marché pétrolier, mais également des produits agricoles exportables;

la dépréciation du dollar.

Ce choc a pu être amorti grâce à la diversité de l'appareil productif du Cameroun. La croissance réelle du produit intérieur brut (PIB) qui était de 5% en 1997/1998 et prévue à 5,2% au début de l'exercice suivant est finalement estimé à 4,4% en 1998/1999. Le PIB au prix courant s'élève à 5 240 milliards en 1997/1998 et est estimé en 5 406 milliards en 1998/1999. Il convient de noter que le secteur primaire reste le poumon de l'économie.

2.2 La situation sociale

Le Cameroun s'est donc retrouvé avec des effectifs pléthorique au niveau de la fonction public auxquels il ne pouvait plus assurer les salaires. Les différents plans d'ajustement ont contribué aux compressions du personnel de l'Etat qui ont accru les problèmes de chômage. C'est ainsi que le taux de chômage est estimé depuis 1996 à 8% au niveau national, alors qu'il s'élève à 31% à Yaoundé et 24% à Douala.

En outre, dans le cadre de la modernisation de l'administration et du programme économique à moyen terme, les effectifs de la fonction publique sont stables: 160 197 personnes en activités en Juillet 1997; 161 121 en Juillet 1998; et 161 317 au 31 décembre 1998.

Les effectifs dans les entreprises existantes et couvertes par l'enquête de conjoncture de la direction de la prévision sont en hausse de l'ordre de 1%. Ce taux est insuffisant compte tenu de la croissance démographique.

Si la réduction du chômage à travers l'investissement et la création des entreprises relève désormais de l'initiative privée, le gouvernement pour sa part _uvre à l'amélioration du cadre institutionnel. Par ailleurs, la déclaration de politique nationale de l'emploi assortie de la stratégie de lutte contre le chômage est en cours d'élaboration.

Le Fonds National de l'Emploi (FNE) a pour mission de mettre en relation les offreurs et les demandeurs d'emploi, et de financer l'auto-emploi. Le FNE a reçu et orienté 10 250 chercheurs d'emploi contre 5 448 en 1997/1998. Il a inséré 2 640 personnes. La formation a été dispensée à 2 753 personnes. Ces chiffres portent au 31 décembre 1998 à 11 486 le nombre de personnes formées: 2 027 projets financés qui ont généré plus de 5 000 emplois. En outre 23 313 chercheurs d'emplois ont été placés.

2.3 Contexte social du secteur forestier

Le plan de zonage a tenu compte des besoins des populations en terres forestières. Compte tenu de la taille actuelle des exploitations agricoles et du taux d'accroissement de la population (3% environ) les superficies affectées aux populations riveraines des massifs dans le domaine forestier national (zone à vocation multiple) couvre environ 4 475 491 ha. On pense que ces superficies devraient couvrir suffisamment les besoins des populations en terre jusqu'en l'an 2020 même si les méthodes et les façons culturales actuelles n'avaient pas changé. Toutefois les compressions du personnel de l'Etat ont augmenté les pressions sur les terres agricoles.

Ainsi l'agriculture a constitué et constitue encore au Cameroun un élément essentiel de l'économie: elle dégage directement pour les 3/5 de la population active, une valeur ajoutée qui représente 15% du PIB. Elle intervient pour près de la moitié dans les recettes en devises: le café et le cacao à eux seuls représentent 28% des exportations.

Suite à la libéralisation de secteur agricole, les planteurs de cacao et du café peuvent commercialiser directement leurs produits. L'amélioration des prix qu'a causé cette libération a été compromise par l'effondrement des cours de ces produits sur le marché international. Actuellement ils sont concurrencés par les produits vivriers dont la bonne tenue sur les marchés est remarquable et leurs exportations vers les pays voisins et européens sont en hausse constante surtout dans le sud du pays.

Tableau 1: Synthèse de la production de quelques cultures d'exploitation (en tonnes)

Nature

1996/1997

1997/1998

1998/1999

Prévisions 1999/2000

Cacao

Café robusta

Café arabica

Banane

Huile de palme

125 000

85 121

19 000

168 000

87 608

126 804

62 000

11 161

197 801

97 085

126 000

93 000

19 532

200 000

100 000

125 000

96 500

21 000

219 000

107 000

Sources: MINAGRI

Dans le cadre de la politique de sécurité alimentaire, le fond d'investissement pour le financement des micro-projets agricoles et communaux fonctionne de façon satisfaisante. Le système national d'alerte rapide, qui publie les données sur les marchés vivriers et rassemble des indices prévisionnels est compromis par le retrait des bailleurs de fonds.

La croissance moyenne de la production vivrière est de 3,2% par an d'après les dernières enquêtes agricoles.

Tableau 2: Synthèse de production de quelques principales cultures vivrières en zone de forêt dense (en milliers de tonnes).

Nature

1996/1997

1997/1998

1998/1999

Prévision 1999/2000

Macabo/taro

Manioc

Plantain

771

1 848

1 290

793

1 918

1 326

815

1 991

1 364

838

2 067

1 403

Source: MINAGRI; Direction de la prévision.

Par ailleurs les populations de la zone de forêt dense conservent leurs droits d'usage dans l'espace communautaire qui couvre le domaine forestier non permanent et le domaine forestier permanent.

Création des emplois: Dans le cadre des aménagements forestiers, la loi prévoit de lier obligatoirement les unités forestières d'aménagement aux industries qui permettront la création d'emplois stables. Ces emplois selon les Directives Nationales pour l'Aménagement durable des Forêts Naturelles du Cameroun, devront d'abord revenir aux populations riveraines des massifs. Par ailleurs, la mise en _uvre des aménagements forestiers dans l'UFA générera des activités permanentes: inventaires divers, délimitation, opérations sylvicoles etc..

Revenus dus à l'exploitation forestière: Les populations riveraines doivent bénéficier de 10% sur les redevances forestières alors que 40% de celles-ci doivent être reversés à la Commune locale. En général, ces fonds servent à des réalisations communautaires identifiées de commun accord par les populations et les autorités administratives. Par ailleurs la loi des finances prévoit que 1 000 F/m3 exploité dans les ventes des coupes devraient revenir aux populations locales.

Autres actions en faveur des populations: le développement des jardins de case avec la production de composts ou du fumier permettant d'intensifier les productions agricoles à proximité des villages; l'amélioration et la stabilisation des jachères, notamment par les plantations de légumineuses; le développement de la pisciculture; la constitution des forêts communautaires dont le revenu devra servir en priorité à l'intérêt général de la communauté villageoise.

3. Les ressources forestières naturelles

3.1 Ressources ligneuses

La forêt camerounaise occupe tout le Sud du pays jusqu'à environ 6°30 de latitude Nord. Sa superficie est évaluée à près de 60% de l'ensemble du territoire national et se répartit comme suit:

Forêt dense humide

17 500 000 ha

Forêt dégradée

4 500 000 ha

Savane boisée, galeries forestières, forêts claires

4 000 000 ha

Soit au total

26 000 000 ha

Dans les 17,5 millions d'ha non dégradés de la région floristique Congo-Guinéenne on distingue classiquement:

la forêt dense semi-décidue

12,2 millions d'ha

la forêt dense humide sempervirente

5,3 millions d'ha

La forêt dense humide sempervirente comprend au Cameroun 3 sous-types: la forêt biafréenne à césalpiniacées qu'on peut considérer comme endémique; la forêt littorale; et la forêt congolaise. A ces types de forêts s'ajoutent d'autres formations végétales arbustives telles que mangroves et savane arborée.

Les inventaires réalisés en 1994 sur la partie méridionale (14 millions d'ha) ont révélé un potentiel ligneux exploitable estimé à 1,52 milliards de m3. Ce volume se répartit sur 619 espèces ligneuses; 300 d'entre elles étant jugées commercialisables sous forme de bois d'_uvre.

Le volume total sur pied supérieur au diamètre minimum d'exploitabilité de 59 essences exploitables s'estime à 700 millions de m3. A ce potentiel ligneux, il faudrait ajouter celui non négligeable des produits non ligneux (écorces, feuilles, racines, fruits sauvages, plantes médicinales, faune etc.) dont l'exploitation procure des revenus appréciables aux populations rurales.

3.2 La diversité biologique

Le Cameroun jouit également d'une grande variabilité climatique, édaphique et écologique qui se traduit par une richesse biologique quantitative. Cette diversité selon le rapport de U.I.C.N. de 1990, place le Cameroun parmi les cinq pays les plus riches en biodiversité du continent avec le Congo Démocratique, Madagascar, la Tanzanie et l'Afrique du Sud.

Il ressort qu'avec 1,6% de la superficie du continent, le Cameroun recèle à lui tout seul.

Sur le plan de la flore:

17% des végétaux supérieurs (phanérogames);

48% des fougères (ptéridophytes).

Sur le plan de la faune:

48% des mammifères;

54% des espèces d'oiseaux;

50% des espèces de batraciens;

30% à 75% d'espèces de papillons africains.

A ce jour, on a déjà pu dénombrer:

409 espèces de mammifères;

183 espèces de reptiles;

849 espèces d'oiseaux;

190 espèces d'amphibiens;

39 espèces de papillons.

Cette faune constitue la première source de protéine animale dans le Sud Cameroun. Elle constitue également un élément important du tourisme camerounais. Parmi les espèces animales sauvages rencontrées au Cameroun, plusieurs sont endémiques; on peut citer:

21 espèces d'oiseaux;

23 espèces de mammifères;

27 espèces d'amphibiens;

12 espèces de poissons.

Plusieurs espèces animales qui ont déjà disparu dans certains pays tropicaux et qui sont classés comme espèces menacées d'extinction se rencontre encore au Cameroun. Parmi celle-ci on peut citer:

le rhinocéros à corne noire;

le Malaconotus kupensis du Mont coupé;

le Pan troglodytes des forêts denses humides;

les Cercopithèques pressier et certythis du Mont Cameroun et forêts humides;

le Francolins camerunensis du Mont Cameroun;

les Loxodonta afrikaans cyclotis; Mandrillus leucopharus et Cercocebus torquantus.

3.3 Evolution des ressources forestières

Selon le rapport de la FAO de 1987, la surface de défrichements au Cameroun en zone de forêt dense atteint près des 200 000 ha par an. Par ailleurs, la réduction du volume total sur pied selon les Directives Nationales d'Aménagement des Forêts s'estime à 26,5 millions de m3 par an. Ces estimations nécessitent qu'être actualisées par une étude plus récente.

Il convient de noter que la destruction ou la disparition de cette forêt préoccupe les communautés nationales et internationale qui _uvrent pour sa meilleure gestion et son renouvellement. L'une des missions du Centre de Télédétection et de Cartographie forestière de l'ONADEF, est la surveillance du couvert végétal et le développement des systèmes d'informations géographiques.

4. Les ressources forestiEres plantEes

Les plantations forestières au Cameroun, datent de l'époque coloniale (1930). C'est aussi à cette époque que la quasi totalité, des réserves forestières dans lesquelles s'effectuent les reboisements avaient été classées. Les plantations réalisées de cette époque à nos jours couvrent une superficie de 37 521 ha répartis ainsi qu'il suit:

24 821 ha en zone de forêt dense humide;

8 700 ha en zone de savane humide;

4 100 ha en zone de savane sèche.

Les détails sur ces superficies sont indiqués aux tableaux ci-dessous:

Tableau 3: Les principales essences plantées en zone de forêt dense.

Noms pilotes

Noms scientifiques

Superficie (ha)

Ayous

Azobé

Bété

Bibolo

Cedrella

Eucalyptus

Fraké

Framiré

Pins

Moabi

Okoumé

Sapelli

Teck

Triplochyton scleroxylon

Lophira alata

Mansonia altissima

Lovoa trichihoïdes

Cedrela odorata

Eucalyptus saligna et grandis

Terminalia superba

Terminalia ivorensis

Pinus oocarpa et caribaea

Baillonella toxisperma

Aucoumea klaineana

Entandrophragma cylindricùm

Tectona grandis

1 623

277

420

6 380

205

337

556

4 124

1 675

389

5 971

425

910

TOTAL

 

23 292

Source: ONADEF

Tableau 4: Les principales essences plantées en zones de savane humide et de savane sèche

Zones

Noms pilotes

Noms scientifiques

Superficies (ha)

Savane humide

Eucalyptus

Pins

Eucalyptus saligna et grandis

Pinus oocarpa et caribaea

5 951

1 690

Total

   

7 641

Savane sèche

Anacarde

Autres (Neem, Dalbergia, Cassia, Gmelina)

Eucalyptus camadulensis

Anacardium occidentale

(Azadiracta indica, Dabergia sissoo, Cassia siamea, Gmelina arborea)

613

380

2 226

Total

   

3 219

Source ONADEF

Il s'agit des superficies actualisées, compte tenu des dégâts causés par la pression humaine (feux de brousse, exploitation, agriculture itinérante, etc).

Les essences forestières plantées en zone de forêt dense sont groupées en deux catégories: les essences à moyenne révolution (25-35 ans); et les essences à longue révolution (50 ans et plus). Parmi les essences de moyenne révolution il y a lieu de retenir: l'Ayous (Triplochyton scleroxylon); le Fraké (Terminalia superba); et l'Okoumé (Ocoumea klaineana).

Ces espèces considérées parmi les plus précieuses du monde, sont utilisées en ébénisterie ou comme bois _uvre. Par ailleurs le Bibolo et le Sapelli sont également destinés à la fabrication des contre-plaqués et des placage de très grande valeur.

Les reboisements en forêt dense ont été réalisés soit par les méthodes d'enrichissement (méthode des grands layons, méthode Martineau) soit par des méthodes de plantation en plein (méthode de recrû, méthode Taungya, méthode Limba).

Les meilleurs résultats en sylviculture ont été observés dans les plantations d'Ayous, de Framiré, de Fraké, d'Okoumé pour les bois blancs, et dans les plantations de Bété, de Bibolo, de Sapelli et de Teck pour le bois rouge.

Tableau 5: Accroissement moyen annuel en hauteur des principales essences

 

Espèces forestières

Accroissement en hauteur / an

Bois Blanc

Ayous (Triplochyton scleroxylon)

Okoumé (Ocoumea klaineana)

Framiré (Terminalia ivorensis)

1,5m

2 m

2 m

Bois Rouge

Bété (Mansonia altissima)

Bibolo (Lovoa trichiloïdes)

Teck (Tectona grandis)

1,5 m

1 m

2 m

En zone de savane humide, les plantations d'Eucalyptus en régie ont couvert 70% des besoins du pays en poteaux électriques et téléphoniques les 30% restant ont été fournis par les plantations villageoises. Elles subissent actuellement une forte pression démographique dans les régions de l'Ouest et du Nord-Ouest.

Les plantations dans la zone de savane sèche sont menacées non seulement par les feux de brousse, et la pression démographique, mais également par le pâturage. Quoique la sylviculture des essences sus-citées soit maîtrisées, le développement de cette importante activité est à l'heure actuelle compromis par le manque de financement.

Par ailleurs le Gouvernement camerounais dispose d'un certain nombre d'acquis pour poursuivre les activités de régénération forestière notamment la disponibilité des superficies à régénérer par zone écologique. Ainsi, en zone de forêt dense, 542 953 ha sont disponibles tandis qu'en zone de savane humide 15 228 ha le sont et 10 316 ha en zone de savane sèche.

5. Production, commerce et consommation des produits forestiers

Le secteur forestier contribue pour près de 7% au PIB (exercice 1995/1996); c'est le 4e produit d'exportation après le pétrole, le café et le cacao. Le Cameroun est le 6e exportateur mondial des bois tropicaux. A partir de 1994, la reprise du secteur bois suivie de la dévaluation du F CFA ont donné un nouvel élan à l'exploitation forestière.

La production forestière de l'exercice 1996/1997 s'est élevée à 3,40 millions de m3 de grumes, 720 000 m3 de sciages, 55 000 m3 de placages, 61 000 m3 de contre - plaqués. Les données provisoires de l'exercice 1997/1998 estiment la production de grumes à 3,41 millions de m3. La prévision de 1998/1999 est de 3,50 millions de m3.

En 1997/1998, les exportation de grumes se sont élevées à 1770,64 millions de m3, enregistrant ainsi des augmentations de 14% en volume, et de 54% en valeur par rapport à l'exercice 1996/1997. Pendant les neufs premiers mois de l'exercice en cours, cette tendance s'est nettement inversée: les exportations des bois brut ont accusé des baisses de 32% en volume et de 29% en valeur.

Les exportations des bois transformés en 1997/1998 se sont élevées à 390 956 m3 enregistrant une augmentation en volume de 6% par rapport à l'exercice 1996/1997. Cette tendance s'est poursuivie au cours des neufs premiers mois 1998/1999 avec 16% de hausse des quantités et 33% en valeur.

Tableau 6: Production et exportation de grumes (en milliers de m3)

 

1996/1997

1997/1998

1998/1999

1999/2000 prévisions

Production

3 400

3 406

3 500

3 300

Exportations

1 203

1 771

1 197

600

L'Ayous, le Sapelli, l'Azobé, l'Iroko, le Fraké représentent près de 70% de cette production.

La baisse des exportations des grumes et la hausse de celles des sciages sur les neuf premiers mois de cet exercice 1998/1999, semble indiquer que les opérateurs économiques commencent à respecter les dispositions de la nouvelle loi sur la limitation des exportation des grumes au profit de la transformation.

La limitation des exportation des grumes participe à la promotion de l'industrialisation (transformation d'au moins 70% de la production) et la réalisation locale d'une plus grande valeur ajoutée.

La capacité de transformation

Selon une étude réalisée par le Centre de l'Economie Industrielle de l'Ecole des Mines de Paris (CERNA).

En 1999/2000, 66 usines de première transformation seront en activité, soit 28 de plus qu'en 1993/1994 année où la nouvelle loi a été promulguée. Cette nouvelle loi recommande l'arrêt définitif de l'exportation des grumes à partir de janvier 1999.

Ces industries consommeront 2,35 millions de m3, soit 1,25 millions de plus qu'en 1993/1994 pour une capacité de transformation de 2,67 millions de m3, soit 1,40 million de m3 de plus qu'en 1993/1994. Elles emploient 9 900 personnes, soit 5 300 de plus qu'en 1993/1994. Ces 5 300 emplois directs représenteront une masse salariale de 6 milliards de F CFA.

L'investissement dans la construction de nouvelles usines ou le rachat d'usines existante est le fait de quatre catégorie d'investisseurs.

11 exploitants forestiers qui n'avaient pas d'usine en 1994;

10 exploitants forestiers qui transformaient déjà avant 1994;

10 transformateurs étrangers qui n'étaient pas présent au Cameroun avant 1994;

6 hommes d'affaires camerounais dont le métier d'origine n'est pas l'exploitation forestière.

Le déroulage connaît lui aussi un certain développement, qui est modeste pour le moment: avec 3 nouvelles usines dont 2 encore en construction. En revanche il n'y a toujours qu'une seule usine de tranchage qui existait avant 1994.

Tableau 7: Augmentation de la transformation du bois au Cameroun

Année fiscale

1993/1994

1998/1999

1999/2000

Volume transformé (en millions de m3 de grumes)

1 100

1 920

2 350

Capacité nominale de transformation (en millions de m3 de grumes)

1 250

2 165

2 670

Nombre d'usines en activité

38

57

66

Emplois (hors cadre dans les usines)

4 600

8 000

9 900

6. Autres produits de secteur forestier et leur rOle

Les ressources autres que le bois et la faune sauvage que la forêt met à la disposition de l'homme sont innombrables et particulièrement importantes dans les forêts camerounaises. Ils revêtent un caractère particulier du fait qu'il s'agit des produits forestiers les plus utilisés par les populations riveraines des massifs forestiers. On peur les classer en trois grandes catégories: les plantes médicinales; les plantes nutritives; les plantes de service.

Le domaine est encore très peu exploré sur le plan scientifique, mais il suscite en milieu rural d'importantes activités et génèrent des ressources additionnelles importantes pour les populations: certains de ces produits font objet de commerce intense tels que le Pygeum africanum, le Paunsi nystalia yohimbe, le Gnetum africana etc. Toutefois l'implantation géographique des principales espèces est connues. Ces différents produits se présentent ainsi qu'il suit:

Plantes médicinales: Elles constituent la base de la pharmacopée traditionnelle au Cameroun. Certaines sont assez connues (Cuichoma, Pygeum, Pansi mystalia yolimbe, Ranwolfia, Strophantus, Voacanga, etc.). Ces produits font l'objet de commerce d'exportation, soit après transformation, soit sous forme brute.

Plantes nutritives: Elles interviennent de façon notoire dans la sécurité alimentaire au Cameroun. Très peu de données restent disponibles dans ce domaine bien que plusieurs études soient menées. Les plus commercialisées restent le Gnetum africana (KOKO), les fruits du ricinodendron (djansan) fruit du Coula edulis, les fruits d'irvinguia, l'huile des graine de moabi, les kolas, etc.

Plantes de service: Elles interviennent sur le plan des constructions et de l'ameublement au niveau villageois: les plus connus demeurent, le rotin, le raphia, le bambou etc.

De plus, il convient d'aborder les deux points suivants:

Filière bois énergie: Près de 80% de la population camerounaise tire son énergie du bois. Suivant le rapport du plan énergétique, 64% de la consommation d'énergie du Cameroun est fournie par la biomasse. Toutefois, en dépit de son importance, très peu de données sont disponibles. Néanmoins, on estime à 12 millions de m3 de bois énergie par an destinés presqu'exclusivement à la consommation intérieure. Il convient de noter que la recherche du bois dans la zone sahélienne du Cameroun et même dans les régions peuplées des savanes de l'Ouest constitue un sérieux problème de survie. Dans les zones de savane humide, un projet de foresterie communautaire et l'ONADEF aident les populations à créer des forêts privées. Dans les zones arides, l'ONADEF encadre les populations dans la création des pépinières villageoises et dans l'introduction des arbres à usage multiple dans le système agraire. Pour ce faire, près de 2 000 000 de plants sont produits et plantés par an dans les zones de savane sèche et de savane humide.

Ecotourisme: L'importance du poids économique de la filière bois a longtemps contribué à marginaliser tous les aspects écotouristiques que suscite la forêt camerounaise. La diversité des formations forestières, couplées à celles des reliefs constitués aussi bien de montagnes que les plateaux offrent des possibilités énormes de développement des activités écotouristiques. Ces activités se retrouvent déjà dans deux projets d'aménagement forestier (ONADEF/OIBT): il s'agit du projet d'aménagement de la forêt d'Ottotomo (à 50 km de Yaoundé) et du projet SIKOP dans la Province du Littoral.

7. Les efforts rEcents pour une gestion durable des forEts au Cameroun

La forêt camerounaise est importante sur le triple plan de l'étendue, du potentiel et de sa diversité biologique. Elle est la deuxième réserve forestière d'Afrique.

A l'importante fonction économique de cette forêt, s'ajoutent des fonctions aussi diverses les unes que les autres et pourtant complémentaires.

En effet pour les populations riveraines, la forêt a une valeur non seulement économique, mais également sociale et culturelle. Pour la communauté internationale, son intérêt est en plus d'ordre écologique et scientifique, et constitue une part unique et irremplaçable du patrimoine naturel mondial.

Cette forêt suscite ainsi, bien des convoitises, et ses utilisations alimentent tout naturellement la controverse. Aussi, le Cameroun subit des pressions de la communauté nationale et internationale pour sa meilleure gestion et sa conservation.

Toutefois, le Cameroun n'a pas attendu les préoccupation et les inquiétudes des communautés internationale et nationale pour se soucier de l'aménagement durable de ses forêts. Déjà l'ancienne loi portant sur le Régime des Forêts, de la Faune et de la Pêche de 1981 contenait un certain nombre de dispositions conservatoires des ressources forestières. On peut citer entre autres le diamètre minimum d'exploitabilité administratif et la protection des semenciers qui ont permis la préservation de la plupart des essences nobles de différents types des forêts du Cameroun.

En 1987, le Plan d'Action Forestier Tropical (PAFT) faisait un état des lieux du secteur forestier et proposait un ensemble d'actions sous forme de projets en faveur de l'écosystème forestier et de la mise en _uvre de la politique de relance économique à travers les objectifs assignés au secteur forestier.

En 1992, la conférence de RIO insistait entre autre sur la gestion durable des écosystèmes forestiers dans une forme de partenariat non seulement entre les Etats mais également entre les différents intervenants du secteur forestier.

La nouvelle politique forestière du Cameroun de 1993, reprenait les dispositions de la convention de RIO en centrant ses activités sur l'aménagement forestier et la conservation de la nature, et en intégrant les nouveaux concepts établis à l'échelle mondiale en matière de développement et de l'environnement ainsi qu'en impliquant les ONG, le Secteur privé, les Communautés villageoises etc.

La nouvelle loi portant Régime des Forêts et de la Faune du 20 janvier 1994 précise les domaines d'application et les conditions de mise en _uvre de la nouvelle politique forestière.

Pour renforcer la volonté politique et donner les grandes orientations sur la manière dont les ressources forestière doivent être gérées, les Chefs d'Etat des Pays du Bassin du Congo se sont réunis à Yaoundé, le 17 mars 1999. A l'issu de cette réunion, une déclaration dite de Yaoundé souligne la nécessité de la conservation et la gestion durable de ces forêts, en vue d'accroître entre autre le bien-être des populations rurales. Elle insiste également sur la nécessité d'industrialisation du secteur, pour créer une plus grande valeur ajoutée aux produits forestiers.

7.1 Les outils d'aménagement

Le cadre institutionnel 

Il convient de noter que jusqu'à 1992, la gestion des ressources forestières est caractérisée par une dispersion des centres de décision. La forêt (filière bois et autres produits forestiers) relevait du Ministère de l'Agriculture, alors que la Faune dépendait de la Délégation au Tourisme. Depuis 1992, la création d'un Ministère de l'Environnement et des Forêts a régularisé cette situation. Cet acte traduit clairement la volonté des pouvoirs publics de se doter d'un cadre institutionnel approprié à la gestion forestière. Cette institution est principalement chargée de l'élaboration des politiques et du suivi de leur mise en _uvre. Toutefois, le Ministère de l'Environnement et des Forêts dispose sous sa tutelle, d'un organisme parapublic qui est son bras d'exécution; il s'agit de l'Office National de Développement des Forêts (ONADEF). Ses missions portent sur les inventaires forestiers, l'aménagement forestier, la promotion du bois, la lutte contre la désertification. Il convient de relever que l'ONADEF dispose d'un Centre de Télédétection et de Cartographie Forestière, le plus performant de la sous région d'Afrique Centrale; ses principales activités portent sur: la télédétection, la surveillance du couvert végétal et le développement des systèmes d'information géographique.

Autres partenaires institutionnels

Le Ministère du Développement Industriel et Commercial (MINDIC): Ce Ministère est impliqué non seulement dans le suivi des industries forestières, mais dans la fixation des orientations qui affectent les activités des opérateurs du secteur forestier. On peut citer entre autre le suivi de l'Office National des Zones Franches qui a un impact sur les industries forestières dont la production est destinée à l'exportation.

Le Ministère de la Recherche Scientifique et Technique (MINREST)

Le MINREST à travers l'Institut de Recherche Agronomique pour le Développement (IRAD) a un mandat qui s'étend sur la recherche forestière. Les orientations et le programme d'activités de la recherche forestière se font en collaboration avec le MINEF et les résultats mis à sa disposition. Certaines dispositions de la nouvelle loi forestière prévoient des forêts d'enseignement et de recherche.

Le Ministère de l'Economie et des Finances (MINEFI): Il intervient dans la définition de certaines taxes et valeur des produits forestiers à travers la loi des finances et participe au recouvrement des recettes générées par le secteur forestier.

Le Ministère du Tourisme (MINTOUR): L'Ecotourisme permet l'organisation des circuits dans les réserves forestières et les aires protégées. Ce volet d'activité tend à se développer; ce qui permettrait de mettre en valeur les immenses potentialités dont regorge le Cameroun dans ce domaine.

Le Ministère de l'Enseignement Supérieur (MINESUP): Il est responsable de la formation des cadres forestiers. Par ailleurs, il a aussi des missions officielles dans la recherche forestière et l'appui en expertise du secteur forestier. Il peut aussi intervenir dans les forêts classées dont la vocation est l'enseignement et la recherche.

Le Ministère de l'Education National (MINEDUC):Un certain nombre de Lycées Techniques assurent la formation forestière et délivrent des diplômes avec une option en foresterie.

Les Chambres Consulaires, Chambre de Commerce, d'Industrie et des Mines et le Secteur Bois: Les exploitants forestiers et les industriels du bois entretiennent, à titre individuel, des relations avec la Chambre de Commerce et d'Industrie. Sur un plan général, ses actions se résument comme suit:

elle est en contact avec le Syndicat des Forestiers dans le cadre de la représentation du secteur bois à des foires internationales;

elle fait des communications régulières au syndicat, des demandes de bois (grumes ou produits transformés);

elle consulte le syndicat pour la publication des notes de conjoncture;

elle participe au Conseil d'Administration de l'ONADEF et assiste les PME de transformation du bois à la préparation des dossiers bancaires.

Chambre d'Agriculture de l'Elevage et des Forêts du Cameroun: Instituée en 1978, la Chambre d'Agriculture, de l'Elevage et des Forêts du Cameroun est un établissement public placé sous la tutelle des Ministères de l'Agriculture, de l'Elevage et des industries animales. Elle est auprès des pouvoirs publics, l'organe consultatif et représentatif des intérêts agricoles, pastoraux et forestiers. La forêt y est représentée par 22 membres, qui sont surtout des industriels. Ses interventions peuvent se résumer ainsi qu'il suit:

au niveau exécutif, elle est représentée auprès de la commission technique nationale d'attribution des licences, du conseil d'administration des sociétés publiques ou para publiques et du conseil de direction des établissements d'enseignement et de recherche.

au niveau représentatif, elle participe aux manifestations (nationales et internationales) et aux réunions du syndicat professionnel.

La chambre d'agriculture est actuellement confrontée à un sérieux problème de trésorerie qui explique la réduction de ses interventions et une compression drastique des effectifs et même le départ d'un grand nombre de cadres.

Syndicat des Producteurs et Exportateurs du Bois: Créé en 1939, le Syndicat des Producteurs et Exportateurs du Bois du Cameroun est l'une des plus anciennes représentations professionnelles. Le syndicat a eu, jusqu'à ces dernières années, un rôle purement défensif, dans la mesure où ses adhérents ne font appel à lui que lorsqu'un problème se pose. Toutefois, il faut noter un début d'organisation avec la création des commissions techniques dirigées par des professionnels chargés de l'analyse des problèmes.

Organismes non gouvernementaux

Les ONG sont appelés à jouer un grand rôle dans la protection de l'environnement en général, la conservation des écosystèmes forestiers et l'amélioration du bien être des populations rurales. Il a été dénombré actuellement une centaine d'ONG au Cameroun. Toutefois elles doivent se spécialiser et se doter des capacités nécessaires pour jouer le rôle important qui leur est réservé dans la gestion durable des forêts.

7.2 Cadre politique

La nouvelle politique forestière du Cameroun intègre les préoccupations de la société camerounaise et de la communauté internationale vis à vis de la conservation de la nature, ainsi que des nouveaux concepts établis à l'échelle mondiale en matière de développement et de l'environnement.

Elle est une composante de la stratégie nationale de promotion des activités économique en milieu rural et vient en appui à la politique agricole. Par rapport aux politiques antérieures, elle innove par l'association des populations rurales dans sa mise en _uvre à travers la promotion des forêts communales et communautaires ainsi que la prise en compte de leurs intérêts dans le cadre de la gestion des forêts domaniales de production, afin de leur garantir des avantages substantiels et les inciter à mieux protéger l'écosystème forestier.

La gestion des ressources forestière se veut participative au niveau de sa conception et de son exécution. La politique forestière est centrée sur les aménagements forestiers et fait appel à tous les partenaires sociaux impliqués: l'administration, les opérateurs privés et les populations riveraines.

L'opérateur économique détenteur d'une concession est désormais appelé à aménager à ses frais ses forêts sous le contrôle de l'Etat, et en concertation permanente avec les populations riveraines.

La philosophie de base de la nouvelle politique forestière du Cameroun est de «pérenniser et développer les fonctions économiques, écologiques et sociales des forêts, dans le cadre d'une gestion intégrée et participative qui assure de façon soutenue et durable la conservation et l'utilisation des ressources et des écosystème forestiers». Elle s'articule autour de cinq grandes orientations à savoir:

Assurer la protection de notre patrimoine forestier et participer à la sauvegarde de l'environnement et à la préservation de la biodiversité de façon pérenne;

Améliorer la participation des populations à la conservation et à la gestion des ressources forestières afin que celles-ci contribuent à élever leur niveau de vie;

Mettre en valeur les ressources forestières en vue d'augmenter la part de la production forestière dans le PIB, tout en conservant le potentiel productif;

Assurer le renouvellement de la ressource par la régénération et le reboisement en vue de pérenniser le potentiel;

Dynamiser le secteur forestier en mettant en place un système institutionnel efficace et en faisant participer tous les intervenants dans la gestion forestière et environnementale.

Les innovations de la nouvelle politique forestière: Par rapport à la situation antérieure, la politique forestière apporte des innovation susceptibles de contribuer davantage à un développement durable des ressources forestières. Il s'agit de:

la création d'un fond de développement forestier;

la décentralisation de la gestion des ressources forestières (forêts et faune) par la responsabilisation des collectivités publiques, communautés rurales et des opérateurs économiques à certaines activités de gestion forestière;

une plus grande protection des écosystèmes forestiers et habitats de la faunes;

la mise sur pied de mesures de soutien pour le maintien et le renforcement de la place des nationaux dans l'activité industrielle du secteur;

le financement des activités de développement forestier à travers des programmes;

une différenciation dans la gestion, des forêts permanentes et celles à vocations multiples;

les prélèvements de la ressource en fonction de la possibilité des forêts;

une préoccupation plus grande en matière de protection du couvert végétal avec l'introduction de la notion des zones à écologie fragile;

la valorisation des autres produits forestiers.

Cohérence avec les conventions internationales: il faut noter qu'un effort réel est fait pour mettre en cohérence la politique forestière avec les conventions internationales et régionales à travers les aspects ci-après:

la reconnaissance des droits des populations sur les ressources naturelles;

la participation des populations à la gestion des forêts;

le réinvestissement d'une partie des recettes dans la conservation des forêts; l'affectation d'une partie des taxes générées par les activités forestières aux collectivités locales;

la conservation de la biodiversité;

la création des forêt communautaires et communales;

la protection des écosystèmes fragiles;

le renforcement des institutions etc..

Le cadre juridique: Les textes régissant les forêts depuis l'époque coloniale ont été périodiquement mis à jour afin de les adapter aux nouveaux concepts techniques et aux nouvelles orientations des politiques en matière de gestion des écosystèmes forestiers. L'Ordonnance 73/18 de mai 1973 et son décret d'application n° 74/357 du 17 août 1974 abrogé et remplacée par:

la loi 81/13 du 27 novembre 1981 portant régime des Forêts de la Faune et de la Pêche et son décret (volet forets) n° 83/169 du 12 avril 1983 également abrogé et remplacée par:

la loi n°94.01 du 20 janvier 1994 portant Régime des Forêts, de la Faune et de la Pêche et son décret n° 95/531 du 23 août 1995, codifient les objectifs de la politique forestière, de la Faune et de la Pêche et précisent sa mise en _uvre.

7.3 Le plan de zonage

Pour la partie méridionale, les superficies couvertes par les inventaires soit 14 millions d'ha, représentant les 2/3 du territoire forestier national (forêt dense humide), ont fait l'objet d'un plan de zonage qui distingue la forêt en deux domaines:

Le domaine forestier permanent: Selon la nouvelle loi, le domaine forestier permanent est constitué de terres définitivement affectées à la forêt et/ ou à l'habitat de la Faune. Il est composé ainsi qu'il suit:

Forêts de production

6 036 367 ha

Forêts communales

247 584 ha

Zones réservées diverses

2 533 897 ha

TOTAL

8 817 848 ha

Le domaine forestier non permanent: Le domaine forestier non permanent est un domaine à vocation multiple qui est constitué de terres forestière susceptible d'être affectées à des utilisations autres que forestière: il comprend:

Zones agroforestières

4 475 491 ha

zones agro- industrielles

142 073 ha

zones industrielles

575 653 ha

TOTAL

5 193 217 ha

Dans la forêt du domaine national, la politique préconise un aménagement conservatoire ou d'attente adapté à l'évolution et aux besoins des populations riveraines. Le domaine non permanent est le lieu privilégié de la forestière communautaire et des ventes de coupe.

Dans la forêt du domaine permanent, l'aménagement forestier procède entre autre du souci de disposer d'un couvert forestier d'au moins 30% du territoire, représentant la biodiversité nationale et composé de massifs forestiers dont les vocations et les modes de gestion sont définis par les plans d'aménagement.

Les forêts de production du domaine permanent: Les forêts de production sont divisées en Unités Forestières d'Aménagement (6 millions d'ha) des 14 millions d'ha inventoriés. Ces unités dont la superficie selon la loi ne doit pas dépasser les 200 000 ha constituent la base d'attribution des concessions aux opérateurs économiques. Ces concessions forestières sont composée d'une ou de plusieurs UFA et la conception et la mise en _uvre de leur aménagement incombe à l'opérateur économique sous le contrôle de l'Etat.

Les normes d'aménagement: Depuis plus d'une dizaine d'années, un certain nombre d'outils ont été élaborés par l'Office National de Développement des Forêts:

Manuel de photo-interprétation;

Normes de cartographie au 1/50 000 et 1/200 000;

Normes d'inventaire de reconnaissance;

Normes d'inventaire d'aménagement et de pré-investissement;

Normes de vérification des travaux d'inventaire (reconnaissance, aménagement, et.);

Normes d'études d'arbres;

Normes d'inventaire d'exploitation;

Normes de régénération artificielle;

Les Directives pour l'aménagement durable des forêts naturelles;

Les tests des critères et indicateurs d'aménagement (critères écologiques, sociaux).

Les projets pilotes d'aménagement: Ce sont des projets d'étude ou d'expérimentation qui bénéficient souvent de l'appui de la communauté internationale et dont l'objectif principal est l'amélioration des paramètres principaux de gestion durable des ressources forestières et l'exécution des plans d'aménagement. Ces projets sont repartis dans les différents types de forêts du Cameroun.

Le projet d'aménagement pilote intégré de Dimako (API): Il a été lancé en 1992 avec l'appui de la coopération française dans la Province de l'Est Cameroun. La zone d'emprise du projet couvre une superficie totale de 1 300 000 ha dont 796 000 ha sont couverts de végétation forestière. L'objectif principal de ce projet était de permettre l'exploitation rationnelle d'un massif forestier. Ce projet s'est donc engagé à mener des études pour déterminer ou améliorer les principaux d'un aménagement forestier durable, et d'élaborer les plans d'aménagement. Ces actions devaient aboutir à la signature d'un contrat d'aménagement entre l'administration forestière et un industriel. Parmi les résultats significatifs de ce projet, on peut citer outre la définition des paramètres de décision de l'aménagement, la rédaction de cinq plans d'aménagement d'UFA et d'un plan d'aménagement pour la forêt communale de Dimako.

Le projet So'o Lala: Le projet So'o Lala a démarré en 1992 sur une unité forestière d'aménagement (UFA) de 39 728 ha à cheval sur les provinces du Centre et du Sud Cameroun. Ce projet est sous la supervision de l'ONADEF et reçoit l'appui financier et technique l'Organisation Internationale des Bois Tropicaux (OIBT). Objectifs du projet: Gérer la forêt de So'o Lala sur la base d'un plan d'aménagement forestier permettant une production soutenue et durable de bois d'_uvre tout en respectant les autres fonctions de la forêt.

Le programme Tropenbos Cameroun - (Kribi): Le projet PD 26/92 Rev. 2 (F,I), conjointement financé par l'OIBT, le Royaume des Pays-Bas et le Cameroun, fait partie intégrante depuis juillet 1994 de la mise en _uvre du programme Tropenbos (qui vise à contribuer à la gestion des Forêts Tropicales). Le Royaume des Pays-Bas intervient dans le Projet à travers la Fondation Tropenbos alors que l'ONADEF est l'Agence d'exécution du Cameroun. La Fondation Tropenbos et l'ONADEF ont pour partenaires techniques respectifs, l'Université Agronomique de WAGENNIGEN (WAU) et l'Institut de Recherche Agronomique pour le Développement (IRAD). La contribution de ce projet au programme Tropenbos Cameroun porte sur l'introduction d'un aménagement forestier national et durable au Cameroun, à travers la traduction des données sur la composition des forêts et sur l'aptitude des sols, en permettant de disposer des paramètres techniques pour la mise au point des méthodes et des stratégies nécessaires à l'aménagement des forêts. Les activités de ce projet se concentrent sur les forêts humides sempervirentes.

7.4 Niveau d'exécution du projet

Le projet devra connaître son terme pendant cet exercice (1999/2000). Autrement dit, les activités relatives aux 6 sous-projets sont en cours d'achèvement avec la rédaction des rapports finaux. Par ailleurs l'inventaire d'aménagement sera réalisé au cours de cet exercice et le plan d'aménagement de la forêt de production sera rédigée.

Test et élaboration de critères et indicateurs pour l'aménagement.

soutenu et durable d'une UFA: Test de Kribi.

Un travail testant les Critères et Indicateurs a été menée à Kribi par le CIFOR en collaboration avec l'ONADEF du 24 octobre au 17 novembre 1996 en bénéficiant de l'appui de l'OAB et de la Communauté Internationale. Ce test visait à mettre en place une méthode qui sera utilisé dans le Test à venir; ainsi, il expérimente la composition des équipes par rapport à la durée du Test afin de minimiser les coûts.

Par ailleurs, il était demandé aux équipe d'identifier le plus petit nombre possible de Critères et Indicateurs, nécessaires pour réaliser un aménagement durable de l'UFA de la zone Tropenbos à Kribi. Aussi 220 Critères et Indicateurs ont été évalués à partir des proposition de:

l'Organisation Africaine des Bois (OAB) dont les critères semblaient être les plus adaptés à la sous-région;

le Centre International de Recherche Forestière (CIFOR) qui a élaboré un groupe de Critères et Indicateur en compilant les données d'autres sources telles que le FSC, l'OIBT, l'Initiative de Montréal;

le Groupe de travail néerlandais sur gestion durable des forêts.

Le Projet PD 23/99 Rev. 1 (F) (OIBT/ONADEF) sur le Test d'application des Critères et Indicateurs révisés de l'OIBT. Objectifs du Projet: tester et adapter aux conditions locales, les critères et indicateurs révisés de l'OIBT au niveau national et au niveau des UFA. Par ailleurs, il vise à diffuser au niveau national les critères et indicateurs de l'OIBT adaptés au Cameroun. Le projet est financé par l'OIBT et le Gouvernement camerounais. Les activités n'ont pas encore commencé.

7.4 L'aménagement avec les concessionnaires privés

Au mois de mai 1999, le Cameroun compte 591 personnes physiques et morales agréées à la profession forestier parmi lesquelles 86% sont des nationaux, et 14% les expatriés soit 512 nationaux et 79 expatriés.

Allocation des UFA: L'attribution des UFA se fait par adjudication, après appel d'offre. En effet, une liste d'UFA à attribuer est publiée; ensuite les opérateurs économiques composent des dossiers d'offres qui sont soumis au Ministère de l'Environnement et des Forêts. Enfin le Ministre de l'Environnement et des Forêts attribue les UFA sur la base de l'avis d'une commission technique qui analyse les dossiers en fonction d'un certain nombre de critères définis dans le décret d'application. L'attribution de l'UFA appelle le paiement d'une caution qui doit intervenir 45 jours au plus tard par l'Entreprise adjudicataire avant la signature de la convention provisoire de 3 ans avec l'Etat.

Les principales clauses de la convention provisoire se présentant ainsi qu'il suit:

la réalisation d'un inventaire d'aménagement au taux de 1%;

l'élaboration d'un plan d'aménagement;

l'étude de l'environnement socio-économique;

l'élaboration d'un plan d'opération et d'un plan de gestion;

l'élaboration du cahier de charges;

la mise en place d'une unité industrielle etc.

Pendant la durée de la convention provisoire, l'administration forestière accorde à l'entreprise, une assiette de coupe qui ne dépasse pas 2 500 ha pour lui permettre de rester en activité pendant qu'elle planifie l'aménagement.

Le respect des clauses de la convention provisoire permet à l'entreprise de signer une convention définitive de 15 ans. La mise en application du plan d'aménagement concerne non seulement les règles d'exploitation de transformation et régénération des ressources forestières, mais aussi les mesures en faveur des populations.

Tous les ans, un plan d'opération, qui est le programme annuel, conforme aux mesures contenues dans le plan d'aménagement, doit être présenté et approuvé par l'administration forestière.

Etat des lieux sur l'aménagement des UFA

Depuis 1996 jusqu'en fin mai 1999, les superficies déjà attribuées dans les forêts de production sous forme d'UFA s'élèvent au total à 2 964 425 ha soit environ 49,2% des forêts de production prévues dans la proposition de zonage (6 024 608 ha). Actuellement, 35 UFA ont été attribuées.

Parmi ces UFA, cinq (5) font l'objet des projets pilotes d'aménagement: elles couvrent une superficie de 739 875 hectares représentants 19,2% du total des attributions.

Enfin, deux d'entre elles ont été retirées pour non paiement de la caution. Ces deux UFA appartenaient à des entreprises camerounaises (la MAF et la MPL) et couvraient une superficie de 164 946 hectares.

Tableau 8: Récapitulatif des forêts de production (UFA) attribuées

 

Nbre

d'agréés

Superficies

Attribuées

Superficies

Retirées

% d'attribution

Entreprises nationales

Entreprises étrangères

Projet pilote

512

79

-

717 236

1 507 314

739 875

164 946

-

-

24%

50%

24,9%

TOTAL

591

2 964 425

164 946

100%

Situation des conventions provisoires d'aménagement - exploitation

Les 5 UFA où se développent les projets pilotes d'aménagement ne sont pas concernés par les conventions provisoires. Ainsi, les conventions provisoires ont été signées pour 28 UFA en dehors des deux autres qui ont été retirées: ce qui représente une superficie totale de 2 059 604 hectares sous convention provisoire.

Il convient de noter que les conventions provisoires des cinq UFA attribuées en 1996 (pour 349 760 hectares) doivent être approuvés, et les conventions provisoires concernant ces UFA devraient arriver à expiration avant la fin de l'année 1999.

Inventaires d'aménagement

Des 33 UFA attribuées, près de 24 ont déjà fait l'objet d'un inventaire d'aménagement (voir tableau ci-après). Toutefois, il convient de noter qu'une seule entreprise nationale sur 9 retenues a déjà inventorier son UFA.

Propriétaires UFA

Nombre d'UFA

Superficies inventoriées

Superficies concédées

% de superficies inventoriées

Nationaux

Expatriés

Projets

1

14

9

41 965

060 607

739 875

552 290

1 507 314

739 875

7,5%

70%

100%

TOTAL

24

1 842 447

2 799 479

 

L'élaboration des plans d'aménagement

Jusqu'au mois de septembre 1999, il y a environ 9 plans d'aménagement rédigés dont deux ont été approuvés par l'administration forestière: il s'agit des UFA de Lokoundje-Nyong et de So'o Lala qui représentent une superficie totale de 203 709 hectares.

Il convient de noter que près de cinq plans d'aménagement sont encours d'élaboration ou de finalisation soit 974 653 ha.

Le classement des forêts de production

Les limites des UFA doivent être négociées avec les populations riveraines en vue de sécuriser les massifs forestiers. Ce processus de négociation aboutit à un acte de classement (décret) par le Chef du Gouvernement. Il convient de souligner que la signature du décret de classement est conditionnée par l'existence de procès-verbaux par toutes les parties en négociations et plus particulièrement les populations riveraines des massifs et l'administration.

Depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle loi en 1994, seul le processus de classement de la forêt de production de Lokoundjé-Nyong a pu aboutir à la signature d'un acte de classement. Les négociations qui ont abouti à cet acte de classement ont fait passer la superficie de la forêt de production de 163 981 ha prévus dans le plan de zonage à 129 188 ha soit une réduction de 21,2% de la superficie initiale.

La mise en application des plans d'aménagement

Pour le moment, deux plans d'aménagement ont été approuvés par l'administration des forêts du Cameroun. Il s'agit des massifs de Lokoundjé-Nyong et de So'o Lala, tous deux faisant parties des projets pilotes d'aménagement.

Dans le massif de Lokoundjé-Nyong, la superficie finale retenue après classement est de 129 188 ha. Les travaux d'application du plan d'aménagement ont commencé par la matérialisation des limites définitives par layonnage et bornage. Parallèlement, un plan de gestion pour les cinq premières années a été rédigé. Bien plus les inventaires d'exploitation ont été réalisés sur 7 500 ha en vue de l'élaboration du plan d'opération. Toutefois l'élaboration du plan d'opérations et le démarrage de l'exploitation doivent être conduits avec la collaboration d'un partenaire industriel privé. Ces travaux vont certainement commencer avec la deuxième phase du projet vers la fin de l'année 1999.

S'agissant du massif forestier de So'o Lala (39 728 ha), le classement de cette forêt n'a pas encore eu lieu. Néanmoins, les plans de gestion et d'opérations ont été élaborés et une entreprise industrielle. La «Société Africaine des Bois de l'Est» (SABE), appartenant à un national, a déjà été choisie comme partenaire. La première assiette annuelle de coupes a été mise en exploitation suivant les prescriptions du plan d'aménagement.

En somme, la mise en application des plans d'aménagement est quasi-effective dans deux UFA soit au total une superficie de 168 916 ha. Les deux UFA sont gérés par l'administration des forêts dans le cadre des projets pilotes, mais leur exploitation sera conduite par les partenaires industriels privés.

7.6 La biodiversité

Dans le cadre de la conservation de la biodiversité, plusieurs aires protégées telles que les parcs et les réserves forestières ont été créés et couvrent pour le moment 4 264 800 ha. En outre, de nombreux projets de développement intégré adaptés aux entités écologiques ont été initiés il s'agit:

des projets de lutte contre la sécheresse et la désertification en région soudano-sahelienne;

les projets de conservation des écosystèmes spécifiques tels que le Parc de Korup, Mont-Cameroun, Mont Kilum, la réserve du Dja, la Réserve de Campo Ma'an, la Réserve du Lac Lobeke, la Réserve de Boumba Beck, le Sanctuaire de Megame, la Réserve de Ndeng Ndeng, le Jardin Botanique de Limbé.

7.7 La fiscalité

La fiscalité forestière est basée sur un certain nombre de paramètre: la superficie; la production; et les taux appliqués.

Il s'agit de la superficie forestière couverte par les titres d'exploitation en vigueur. Elle est évaluée en 1997 à

concessions et licences

5 200 000 ha

ventes de coupe

350 000 ha

La production forestière au Cameroun est en évolution constante et se situe actuellement autour de 3,4 millions de m3.

concessions et licences:

1 500 Frs/ha/an

vente de coupe:

2 500 /ha/an

Il convient de souligner que 10% des redevance forestière reviennent aux populations locales alors que 40% sont versés aux Communes locales. Par ailleurs, selon la loi des finances, des populations locales doivent bénéficier pour des réalisations communautaires de 1 000 F CFA/m3 des ventes de coupes.

Taxe d'abattage: Il s'agit du prix à payer pour la ressource; la taxation dépend de l'espèce. Le problème ici est que l'assiette taxable est souvent proposé par l'opérateur économique sans vérification par l'administration forestière.

La surtaxe progressive: Selon la loi de finance en-deça du minimum de transformation prévu par la législation en vigueur, toute exportation de grumes est soumise à une surtaxe progressive de la manière suivante:

de 31 à 40%

8 000 F/m3

de 41 à 50%

10 000 F/m3

au delà de 50%

15 000 F/m3

(sans préjudice des sanctions prévues par la législation forestière)

Toutefois, les volumes des essences à promouvoir ne sont pas pris en compte dans le calcul de la surtaxe progressive.

8. Les problEmes dans la collecte des donnEes forestiEres

La présentation de la mise en _uvre des aménagements forestiers au Cameroun fait ressortir cinq principaux types de problèmes:

les défaillances de l'administration forestière;

la faiblesse des entreprises nationales;

une insuffisance des ressources humaines pour concevoir et appliquer les ménagements;

le manque d'intérêt des privés pour l'aménagement durable des forêts.

La défaillance de l'administration des forêts.

Il convient de reconnaître que l'administration forestière au Cameroun a fait montre de beaucoup de dynamisme dans la conception des aménagements forestiers; presque tous les outils nécessaires à la gestion durables des forêts ont été élaborés. Toutefois, c'est la mise en application de tous ces instruments d'aménagement forestier qui traîne. Cette situation peut s'expliquer par les réticences des opérateurs économiques qui ont du mal à abandonner l'ancien mode de gestion forestière.

Par ailleurs, il faut noter le retard pris dans la procédure de classement dont l'administration des forêts devrait être l'instigateur, car, sans un début de sécurisation des limites du domaine forestier permanent, la gestion durable des forêts n'aura pas de sens.

La faiblesse des entreprises nationales: Le souci de l'Etat à promouvoir des entreprises appartenant aux nationaux est réel; un nombre appréciable d'UFA (717 236 ha) leur ont été attribuées. Néanmoins, certaines entreprises nationales ont été incapables de payer la caution, et ont vu leur attribution retirés. Bien plus des neufs entreprises nationales qui ont conclu des conventions provisoires avec l'administration forestière, une seule a pu engager des inventaires d'aménagement; la plupart des entreprises nationales ne semblent pas disposer des moyens financiers et techniques nécessaires à la planification préalable de l'aménagement durable des forêts.

Cette situation est préoccupante, car la mise en _uvre du processus risque de déboucher sur une exclusion des nationaux à la gestion des forêts de production.

L'environnement technique insuffisamment adéquat

L'aménagement de plusieurs millions d'hectares de forêt de production nécessite, au niveau national, une important capacité technique en personnels et en équipements. Pour le moment ces capacités ne se trouvent qu'à l'Office National de Développement des Forêts qui ne peut pas tout faire.

Il faut noter des progrès réels dans l'élaboration des plans d'aménagement. Toutefois, cette nouvelle évolution semble surtout être motivée par les nouvelles dispositions légales et réglementaires qui obligent les entreprises d'exploitation forestière à aménager leurs concessions. Toutefois, la motivation du marché par la certification forestière, ne semble pas encore suffisamment forte pour encourager cette évolution vers la gestion durable. Les exploitants forestiers ont du mal à se défaire de l'ancien mode de gestion forestière.

Solutions envisageables: Ces solutions peuvent se résumer en cinq points:

la sensibilisation de tous les partenaires sociaux de l'aménagement (exploitants forestiers, populations rurales, autorités administratives);

la formation des techniciens tant ceux de l'administration forestière que ceux des entreprises privées;

la promotion du partenariat entre les entreprises nationales à faibles moyens financiers entre elles ou avec des investisseurs étrangers;

Le suivi permanent des aménagements des UFA.

9. Les Perspectives du secteur

Dans le cadre du nouveau mode de gestion des ressources forestières, le Cameroun se propose de poursuivre un certain nombre d'action ainsi qu'il suit:

Les inventaires 

Un inventaire de reconnaissance sera poursuivi sur les 8 millions d'ha restants. Ces inventaires vont se dérouler dans la Province du Centre au Nord de Yaoundé (Région de Nanga-Eboko) et dans la Province du Sud-Ouest. Ils vont permettre d'achever le zonage dans la zone de forêt dense et de déterminer des nouvelles UFA nécessaires pour l'aménagement de la forêt de production.

Les inventaires d'aménagement vont s'intéresser de plus en aux autres produits forestiers, notamment les produits non ligneux tels que la faune, les plantes médicinales, les produits forestiers, qui rentrent dans l'alimentation des populations locales. Ceci permettra une meilleure planification de l'utilisation des produits non ligneux dans le cadre des aménagements forestiers et leur conservation et prescription rationnelle.

Les inventaires d'exploitation ne se limiteront plus à la prospection des essences demandées dans le marché international du bois. Ce seront des inventaires totaux qui intéresseront à partir de 20 m de diamètre non seulement des essences forestières (principales 1 et principale 2), mais également des essences dites secondaires; ce qui permettra de mieux organiser la promotion de certains bois.

Les études socio-économiques seront conduites dans le cadre des aménagements forestiers, elles permettront de mieux comprendre les relations entre les populations et la forêt. Le souci est d'identifier les connaissances des populations en matière de gestion durable de la forêt et de mieux les faire participer à l'aménagement des forêt.

L'aménagement des forêts de production

Toutes les UFA seront aménagés. Le respect des clauses de la convention provisoire va permettre la signature de la convention définitive de 15 ans au cours de laquelle le plan d'aménagement sera appliqué.

Dans le cadre de ces ménagements, il y aura, dans certaines UFA, des parcelles-échantillon qui permettront de suivre l'évolution de la forêt et d'améliorer les paramètres principaux d'aménagement (accroissement moyen des arbres, diamètre minimum d'exploitabilité d'aménagement, possibilité rotation etc.).

L'exploitation forestière

L'exploitation forestière s'intéressera au plus grand nombre d'essences forestière notamment les essences à promouvoir. En effet, la nouvelle loi forestière de 1994 prescrivait l'arrêt de l'exportation des grumes en janvier 1999 et une transformation totale de la production forestière au Cameroun. Toutefois, cette disposition de loi a été revue tout récemment par une ordonnance du Président de la République du Cameroun de septembre 1999, qui maintien le taux de transformation à 70% de la production totale, et l'exploitation sous forme de grumes des essences à promouvoir pendant une période de cinq ans. Par ailleurs, les prévisions pour la production forestière au cours de l'exercice 1999/2000 sont de 3,5 millions de m3.

La sylviculture

Le renouvellement de la ressource devra se faire dans le cadre de la mise en exécution des plans d'aménagement, ou bien dans le cadre de l'exécution de projets de reboisement et d'enrichissement des forêts approuvés.

En zone de forêt dense, l'établissement à terme d'une production de 5 millions de m3 de grume par (niveau des années 2010 à 2020) (document de politique forestière) est conçu sur la base d'une production par les plantations de 1 million de m3, les 4 millions autres provenant de la forêt naturelle.

Il faudrait par conséquent réaliser 2 500 ha de plantation nouvelle chaque année. A partir de 2020, il faudrait disposer en permanence de 25 000 ha, correspondant un potentiel exploitable de 2 millions de m3.

Le commerce du bois

A partir de l'an 2000, il y aura 66 usines de première transformation en activité. Elles consommeront 2,35 millions de m3 soit 1,25 millions de plus qu'en 1993/1994 pour une capacité de transformation de 2,67 millions de m3, soit 1,40 million de m3 de plus qu'en 1993/1994. En 1997/1998 les exploitations se sont élevés à 390 956 m3 enregistrant une augmentation de 6% par rapport 1996/1997. Cette tendance s'est poursuivi au cours des neuf premiers mois 1998/1999, avec 16% de hausse des quantités et 33% de progression des valeurs des bois sciés.

Les Critères et Indicateurs (C&I)

Le Cameroun a déjà élaboré presque tous les outils pour aménager ses forêts. Toutefois il lui manque un instrument pour pouvoir évaluer ses aménagements. Pour ce faire, le Cameroun et le CIFOR (Center International Forestry Research) ont entrepris à Kribi en 1996 un test de C&I à Kribi au niveau de l'Unité Forestière d'Aménagement de la zone d'intervention Tropenbos. Ce test visait à obtenir une méthode simple, efficace et moins coûteux qui permettre de conduire d'autre test avec des équipe pluridisciplinaires. Par la suite d'autres ont été conduits pour déterminer les critères sociaux d'aménagement.

Par ailleurs, le CIFOR vient d'élaborer un «Tool Box» de Critères et Indicateurs qui sera testé sur plusieurs sites au Cameroun avec un système de «co-management», en visant à l'adaptation de Critères et Indicateurs aux réalités locales.

10. Conclusion

Le Cameroun a déjà élaboré les outils pour pouvoir aménager ses forêts. Toutefois le démarrage de la phase pratique des aménagement est timide. Depuis 1996, l'attribution des UFA dans le cadre de l'application de la nouvelle loi a donné un nouvel élan à l'aménagement des forêts camerounaises par les privés sous le contrôle de l'Etat. Seule l'application des plans d'aménagement nous donnera des idées précises sur le nouveau mode de gestion des forêts et leur certification.

BIBLIOGRAPHIE

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