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ECOSYSTEMES FORESTIERS DU BURUNDI: PRINCIPAL HABITAT DES PFNL

1.1 Description des produits forestiers non-ligneux


A côté de la protection, la production de la matière ligneuse, les écosystèmes forestiers possèdent d'autres produits non ligneux à multiples usages dont tirent profit la population riveraine. Ces produits sont notamment:

· les feuilles, les écorces, la sève, les fruits, participent dans l'alimentation humaine et animale et dans la pharmacopée;

· le nectar, pour la production du miel;

· les animaux (mammifères, les reptiles, les oiseaux, la micro-faune, etc.): sources protéiques d'origine animale, générateurs des devises pour le pays lors de l'exportation, leurs organes servent à l'ornementation et à la médecine traditionnelle;

· les champignons: procurent à la population un complément riche en minéraux, vitamines et en protéines.

Communément appelés Produits Forestiers Non-ligneux (PFNL), tels sont les produits générés par nos forêts et occupent une place de choix dans la vie socio-économique des burundais. Ainsi, la recherche et la valorisation de ces ressources s'avèrent indispensables. Les données statistiques déjà réalisées montrent que les forêts naturelles constituent un équilibre écologique et une diversité biologique plus riche et variée par rapport aux formations artificielles.

1.2 Ecosystèmes forestiers naturels


1.2.1 Forêts ombrophiles de montagnes

Ces formations végétales occupent la région de la crête Congo-Nil depuis Bururi au sud, jusqu'à la Kibira en passant par Rutongo. Il y a quelques années, ces forêts de montagne occupaient 104 000 ha, elles n'occupent plus que 50 000 ha actuellement (Ndikumagenge C.,1997).

En fonction de l'altitude, on distingue dans cette zone de végétation trois horizons:

· L'horizon compris entre 1600 m et 1900 m est caractérisé par une forêt de transition. Dans cette forêt mésophile, les espèces dominantes que l'on y rencontre sont: Anthonotha pynarthii, Albizzia gummifera, Parinari excelsa, Syzygium guineense, etc.

· La strate inférieure arborescente est occupée par des taxons assez variés avec comme représentants: Carpa grandifolia, Ficus leprieuri, etc.

· L'horizon moyen est compris entre 1900 et 2250 m d'altitude. La strate supérieure est caractérisée par les essences telles que: Entandrophragma excelsum, Parinari excelsa, Prunus africana, etc.

· Cette strate de 40 m de haut domine une strate très riche en taxons forestiers et secondaires tels que: Symphonia globilifera Strombosia scheffmeri, Neoboutonia macrocalyx, Macaranga neomilabraediana, etc.

· Une strate arbustive de sous bois à Dracaena afromontana avec d'autres arbustives comme Galiniera coffeoides, etc, et des lianes telles que Jasminum pauciflorum caractérisent la forêt de montagne.

· L'horizon compris entre 2250 et 2450 m est dominé par: les Podocarpus, Nonanthotaxis orophila, Maytenus acumunatus, etc.

· Au delà de 2500 m, les formations végétales sont constituées par des fructicées sclérophiles où la famille des Ericaceae est la plus représentée.

Ces forêts actuellement érigées en aires protégées, constituent un réservoir faunistique important. Dans la Réserve Naturelle Forestière de Bururi, une liste de 22 espèces a été établie dont 5 primates, 6 espèces de carnivores et des Ongulés.

L'inventaire des oiseaux a abouti à 117 espèces différentes avec des éléments endémiques de forêts de montagne comme à la Kibira.

1.2.2 Forêts de basse et moyenne altitude

C'est une forêt très dense et presque impénétrable. Les cimes de grands arbres représentés par Pycnanthus angolensis, Albizzia zygia, Newtonia buchnanii, Maesopsis eminii, Spatodea campanulata, s'élève à peu près de 30 m. Un cortège nettement secondaire tel que Myrianthus arboreus, Macaranga spina, Dracaena steudneri, s'observe dans cette zone.

Les forêts claires couvrent les escarpements côtiers de la partie occidentale de la région de l'Imbo. Elles remontent de Buragane, Moso jusqu'à Buyogoma. Les espèces dominantes les forêts claires: Julbernerdia globaflora, Brachystegia longifolia, etc. Pendant la saison des pluies, une multitude de champignons surtout ectomychorriziques abondent dans le sous-bois.

Cette espèce est caractéristique de la basse plaine de la Rusizi, elle partage la dominance avec Euphorbia candelabrum. Suite aux défrichements excessifs, ce palmier sauvage est en régression progressive.

Alors qu'elle occupait en 1951 plus de 2800 ha; en 1980, elle s'étendait à 1200 ha. La formation du parc national de la Rusizi est la seule restante ayant un statut de protection. Ce parc est riche en faune et en flore. Selon le recensement effectué par Reeckmans (1980), plus de 1000 espèces floristiques y ont été inventoriés. Ces espèces occupent une place de choix en pharmacopée, selon les tradipraticiens de jabe contacté. S'agissant des espèces faunistiques identifiées dans cette zone, Hakizima (1995) a recensé 200 individus de mammifères, regroupés en 4 familles dont le Sitatunga (Tragelaphus spekei), antilope des marais, de plus en plus rare en Afrique. En 1985, Curry - Lindahl mentionnait la présence de 200 éléphants, mais à l'heure actuelle, il ne subsisterait théoriquement qu'un seul. Les étangs de la palmeraie abritent de nombreuses espèces d'oiseaux (350), aussi bien des résidents que des oiseaux migrateurs. Le mouvement migratoire le plus important dans la plaine de la basse Rusizi est constitué par les migrateurs paléarctiques. Actuellement 92 espèces paléarctiques ont été observées, dont 64% régulières ou même abondantes, 16% irrégulières et 20% occasionnelles (Gaugris et Vande Weghe, 1993). Des études sur les reptiles du Parc demeurent très limitées. L'espèce la mieux connue est Crocodilus niloticus dont la population est en croissance depuis la création du Parc en 1990 (Wakana et Debounnet, 1996).

Elle occupait près de 2 000 ha, il y a 30 ans, il n'en reste que 500 ha les autres ont été détruits pour les cultures vivrières et industrielles. De grands arbres isolés tels que Albizzia zygia, Albizzia gummifera et Anthocleista schweinnfurrthii témoignent de l'ancienneté de cette forêt, rappelant de près les formations végétales de la cuvette Congolaise. Cette partie restante est actuellement érigée en réserve naturelle. Un projet d'encadrement de la population dans l'élevage des champignons a été initié par l'Institut National pour l'Environnement et la Conservation de la Nature (INECN) dans cette réserve.

Les essences dominantes étant des éctomycorrhizées, Nzigidahera lors de son étude de champignons-hôte (1993), a pu dénombré plus 60 espèces dont les genres importants sont Russula, Lactarus, Cantharellius, Aminata et Rubinoboletus.

1.2.3 Les Savanes

Les savanes résultent de la dégradation des formations forestières suite aux cultures et aux usages répétitifs des feux de brousses.

On y distingue trois types de savanes: les savanes herbeuses, savanes arborées et des savanes arborescentes. Dans l'ensemble, la variation spécifique est minime au sein d'un même territoire. A l'est et au sud du pays, les savanes comportent des arbustes comme: Albizia antunesiana, Parinari curatellifolia, Pericopsis angolensis, Hymenocardia acida, etc.

D'une superficie de plus de 500 000 ha, le parc National de la Ruvubu constitue la plus grande région naturelle du Burundi. La végétation est essentiellement composée de savanes à 98%. Les savanes arborescentes et arbustives représentent 75%; 15% de savanes boisées et 8% de savanes herbeuses limitée à certaines crêtes et bas B fonds de la vallée de la rivière Ruvubu. Il est aussi le dernier grand représentant des écosystèmes du pays. La faune y est abondante et variée.

L'inventaire des mammifères du parc a porté essentiellement sur les grandes et moyennes espèces et abouti sur 44 espèces qui peuplent ce milieu. Selon Kabayanda et Vande Weghe (1992), les espèces plus abondantes sont: Syncerus caffer; Hippopotamus amphibius;.Kobus ellipsiprymnus defassa; Tragelaphus spekei; Sylvicarpa grimmia; Redunca redunca; Tragelophus scriptus.

Les espèces en voie de régression sont notamment: Phacochoerus aethiopicus; Crocuta crocuta; Panthera pardus; Oreotragus oreotragus.

Le lion, panthera leo, est un visiteur occasionnel en provenance de la Tanzanie.

L'élephant, Loxodonta africana, ont disparu il y a quelques années tandis que les derniers rhinocéros noirs, Diceros bicornis, ont été tués en 1971 et 1978-1979 (Gay, 1989).

Une liste de 412 espèces dans ce parc a pu être établie par Kabayanda et Vande Weghe en 1992. Leur distribution à l'intérieur du parc est essentiellement liée à la végétation. On distingue les communautés des marais et des eaux libres, celles des formations forestières et celles des savanes.

Le crocodile, Crocodulus niloticus est le reptile le plus observé en bordure de la Ruvubu. Plus de 9 espèces d'Ophidiens y ont été également inventoriées par Madodo G. en 1979.

Parmi les reptiles qui peuplent la savane, on note Boaedon sp., Dasypetis scabra, etc. tandis que d'autres tels que Lycophidion sp., Philothamnus heterolepidotus, se rencontrent dans les galeries forestières.

D'autres encore oscillent entre la savane et les galeries forestières. C'est notamment Python sabae et Mehelya capensis unicolor qui, malheureusement sont menacées d'extinction (Bigendako M.J., 1997).

1.3 Ecosystèmes forestiers artificiels


A partir des années 80, le Burundi appuyé par des bailleurs de fonds extérieurs, a réalisé un vaste programme de reboisement en vue d'assurer la production à côté de la protection. Ainsi, entre 1978 à 1992, le taux de couverture forestière dans le pays a passé de 3 à 7%. Les 25 428 ha que comptait le pays, a été relevé à 146 000 ha en 1993. Cependant, la crise d'octobre 93 est venu saper les efforts louables que le pays avait déployés, plus de 30 000 ha ont été décimés (tableau n_1). Ces nouveaux boisements sont plus productifs à l'hectare, sans toutefois remplacer les rôles écologiques des forêts naturelles. Dans certains boisements, on observe la présence de quelques antilopes, des lièvres, des reptiles. Les Eucalyptus, reconnus pour leurs propriétés mellifères procurent de la nourriture aux abeilles.

Tableau n_1: Situation des forêts publiques en 1993 et en 1997

Superficie (ha)

Types de forêts

1993

1997

Boisements domaniaux

80 000

56 000

Boisements communaux

11 000

7 000

Forêts naturelles

55 000

50 000

Total

146 000

113 000

Source: Département des Forêts, 1997

1.4 Espèces faunistiques endémiques du Burundi


En dépit de la dégradation de divers écosystèmes, le Burundi demeure riche en biodiversité animale.

1.4.1 Les Mammifères

Les familles endémiques sont regroupées en 17 espèces; réparties en 15 genres et 5 familles (tableau n_2). Les familles renfermant beaucoup d'espèces endémiques sont les Soridae qui sont au nombre de 9 et 7 pour les Muridae (PDB (1994) citée par Bigendako en 1997).

Tableau n_ 2: Mammifères endémiques.

Famille

Espèces

Soricidae

Crocidura lanosa

Crocidura niobe

Myoserex blarina

Sylvisorex lunaris

Paracrocidura maxima

Ruwenzorisorex suncoides

Cercopithecidae

Cercopithecus l'hoesti

Sciuridae

Heliosciurus vulcanorum

Funisciurus carrecthersi

Muridae

Delanymys brooksi

Lophuromys venustus

Otomys denti

Hylomyscus deniriae

Mus bufo

Lophuromys woosmani

1.4.2 Les Oiseaux

La grande partie d'oiseaux endémiques a été observée dans la forêt ombrophile de montagne. Ces oiseaux sont au nombre de 27 espèces, réparties en 22 genres et en 14 familles (PDB, 1994). Comme le tableau n_3 le montre, la famille renfermant beaucoup d'espèces endémiques est la Silviidae et le genre riche est Nectarinia de la famille des Nectariniidae.

Tableau n_ 3: Espèces d'oiseaux endémiques

Famille

Espèces

Estrildae

Cryptospisa jacksoni

Cryptospisa shelleyi

Ploceidae

Ploceus alienus

Platysteiridae

Batis diops

Paridae

Parus fasciiventer fasciiventer

Nectarniidae

Nectarnia alinae tanganyicae

Nectarnia purpureiventus

Nectarnia regia kivuensis

Nectarnia stuhlmanni

Miscicapidae

Zotheca tanganyikae

Lioptilornis rufocinctus

melaenornis ardesiaca

Muscicarpa lendu

Laniidae

Melaconotus lagdenicentralis

Phasianidae

Francolinus nobilus sp.

Musophagidae

Touraco johstoni kivuensis

Silvidae

Apalis argentea

Graveria vittata

Hemistesia neumanni

Apalis ruwenzori

Bradipterus graweri

Phylloscopus laetus

Indicatoridae

Indicator pumilio

Timaliidae

Kupcornis rufocinctus

Pycnonotidae

Andropadus curvirostris

Turdidae

Alethe poliophrys

Cossypha archeri

Total: 14

27

1.4.3 Les reptiles

L'inventaire complet des Reptiles peuplant le pays n'a pas encore eu lieu. Seul, les Ophidiens constituent un groupe qui a porté l'attention des chercheurs. Les études ont été faites essentiellement à Kayongozi dans le Parc National de la Ruvubu par Madodo (1979) et à la Kibira par PDB en 1994. D'autres espèces ont été sporadiquement signalées partout dans le pays.

Ainsi, une liste des reptiles identifiés au Burundi comprend 48 espèces réparties en 25 genres et 11 familles (tableau n_4). La famille des Chamaeleonidae a été trouvée abondamment dans la Kibira.

Tableau n_4: Espèces des Reptiles identifiées au Burundi

Famille

Genre

Nombre d'espèce

Chameleonidae

Chamaeleo

Brookesia

7

1

Crocodilidae

Crocodilus

2

Varanidae

Varanus

Kinixys

1

1

Pelomedusidae

Pelomedusa

Pelusion

1

5

Typhlopidae

Typhlops

3

Leptotyphlopidae

Leptotyphlops

1

Colubridae

Natriciteres

Grayia

Thelotornis

Baedon

Dispholidus

Dasypeltus

Lycophidion

Pseudaspis

Mehelya

Philothannus

Naja

Boulengerina

2

1

2

1

1

1

2

1

1

3

2

1

Viperidae

Atheris

Bitis

Atractaspis

1

3

3

Boidae

Python

1

Total:

25

48

1.4.4 Les papillons du Parc National de la Kibira

Les études faites par PDB (1994) ont dégagé que le Parc National de la Kibira est peuplé par des papillons regroupés en 85 espèces, 33 genres et 7 familles. Ce sont les papillons de Genre Charaxes de la famille des Nymphalidae qui sont abondants (14) (tableau n_5).

Tableau n_5: Espèces de papillons identifiées dans le Parc National de la Kibira

Familles

Genres

Nombre d'espèces

Papilionidae

Graphium

Papilio

1

5

Pieridae

Appias

Belonis

Colias

Eurema

Leptosia

Mylothris

1

5

2

1

1

9

Acraeidae

Acraea

12

Nymphalidae

Antanartia

Ariadne

Charaxes

Cymothoe

Euphaedra

Bematistes

Euriphene

Euryphura

Hypolimnas

Issoria

Jumonia

Neptis

Precis

Pseudargymnis

Salamis

Sallya

Vanesa

Vanessula

2

1

14

1

1

1

1

1

1

1

3

2

1

1

2

2

1

1

Satiridae

Bicyclus

Melanitis

3

1

Danaidae

Amauris

4

Lycaenidae

Alaena

Tolaus

Anthene

1

1

1

Total:

 

85

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