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2. PRESENTATION DU SECTEUR FORESTIER EN COTE D’IVOIRE

2.1. Situation Géographique de la Côte d’Ivoire

La Côte d’Ivoire est située dans la zone intertropicale en Afrique de l’ouest. Son territoire s’inscrit dans une aire de 6 de côté, entre 4° 30’ et 10° 30’ de latitude nord et entre 2° 30’ et 8° 30’ de longitude ouest. Sa superficie est de 322 463 km2. Le pays est bordé au nord par le Burkina Faso et le Mali, au sud par l’océan atlantique, à l’est par le Ghana et à l’ouest par la Guinée et le Libéria. Le relief est peu accidenté. Il est constitué essentiellement de plateaux sur les 4/5 du territoire. Ce relief croît en altitude du sud vers le nord et de l’est vers l’ouest, où se rencontrent des montagnes et des hautes collines. Les sols appartiennent, dans leur quasi-totalité, aux types ferralitiques fortement ou moyennement désaturés. Le climat est du type tropical humide dans le sud et de type soudanien dans le nord. Le réseau hydrographique est important. Quatre bassins principaux drainent plus de 30 milliards de m3 d’eau par an.

Zones Ecologiques

En Côte d’Ivoire, on distingue trois grandes zones écologiques:

Au nord le secteur soudanais, caractérisé par une alternance de forêts claires, de savanes boisées, arborées et herbeuses et de plateaux latéritiques;

Au centre le secteur mésophile qui est une zone de transition constituée d’une mosaïque de savanes, de forêts claires et de forêts denses semi-décidues;

Au sud le secteur ombrophile caractérisé la forêt dense humide

A ces trois grandes zones s’ajoutent des forêts marécageuses, des forêts de montagne situées à l’ouest et des mangroves sur le littoral.

Zone forestière

La zone de forêt s’étend sur la moitié sud du pays. Le climat dans cette zone est généralement de type tropical à 4 saisons: 2 saisons sèches et 2 saisons de pluies. La couverture végétale se distingue en deux zones qui sont la forêt dense humide sempervirente et la forêt dense humide semi-décidue.

La zone forestière abrite une grande diversité floristique et faunique. Malheureusement, de 16 millions d’hectares au début du siècle dernier, la forêt dense humide est passée à 9 millions d’ha en 1965 et à 3 millions d’ha en 1991. Aujourd’hui, elle est estimée à environ 2,5 millions d’hectares. Cette situation est imputable à l’agriculture extensive basée sur la technique des cultures itinérantes sur brûlis, la surexploitation de la forêt en bois d’œuvre et bois énergie et les feux de brousse.

2.2. Politique et Réglementation forestières

La réglementation forestière en Côte d’Ivoire s’appuie sur deux importantes lois:

la loi n° 65-255 du 4 août 1965, relative à la protection de la faune et à l’exercice de la chasse.

la loi n° 65-425 du 20 décembre 1965, portant code forestier qui définit les forêts, les aires de protection et de reboisement ainsi que les catégories de droits qui existent dans le domaine forestier. Le code forestier couvre la constitution de réserves et de forêts classées, l’exercice des droits coutumiers et la délivrance des concessions d’exploitation forestière dans les forêts du domaine de l’Etat ;

A partir de ces deux lois va s’édifier toute la réglementation avec des décrets, des arrêtés ou des ordonnances qui ne sont autres que des textes d’application ou d’orientation des décisions politiques en matière forestière. Ainsi, face à la dégradation croissante des ressources forestières du pays, le Gouvernement a pris à partir de 1994 les mesures suivantes:

interdiction de l’exploitation forestière au-dessus du 8ème parallèle;

gel de l’exploitation forestière dans les périmètres à cheval sur la zone rurale et les forêts classées;

création d’un fichier d’opérateurs de bois agréés;

sensibilisation des populations riveraines des forêts classées et du domaine rural ainsi que des industriels du bois en vue de leur adhésion à la réforme de l’exploitation forestière;

intensification des contrôles des activités d’exploitation par la création d’une Direction de la Police Forestière et du Contentieux et le renforcement des moyens de surveillance;

poursuite de l’aménagement des forêts classées;

intensification du reboisement villageois.

2.3. Activités forestières

2.3.1. Exploitation de produits forestiers

2.3.1.1. Exploitation de bois d’œuvre et d’ébénisterie

L’exploitation forestière a débuté en Côte d’Ivoire en 1880. Elle s’est développée durant la période coloniale. La production de bois d’œuvre et d’ébénisterie a connu un grand essor après l’indépendance. Le volume des coupes devient très important dans les années 1970. Il atteint son niveau le plus élevé en 1977 (5 321 000 m3) avant de décroître jusqu’à 2 millions de m3 aujourd’hui.

La réforme de l’exploitation forestière a été introduite par le décret n° 94-368 du 1er juillet 1994 pour améliorer la gestion de l’exploitation forestière, valoriser la ressource ligneuse par une transformation plus poussée du bois, réhabiliter le domaine forestier par des activités de reboisement et assainir la profession d’exploitant forestier. L’exploitation forestière se pratique désormais en dessous du 8ème parallèle par le biais de périmètres d’exploitation forestière, d’une superficie minimale de 25 000 ha.

2.3.1.2. Exploitation de Produits Secondaires

La principale utilisation de la forêt par les populations rurales est l’extraction de combustibles ligneux pour satisfaire leurs besoins en bois énergie.

La consommation de bois de feu et de charbon de bois est difficile à évaluer. Les besoins en bois de feu augmentent avec l’accroissement de la population et constituent une cause majeure de déboisement dans les régions de savane ainsi qu’au voisinage des centres urbains. La production de bois de feu a été estimée en 1995 à 14 millions de m3.

2.3.1.3. Produits Forestiers Non Ligneux

Il s’agit de différents prélèvements de fruits, d’escargots et autres petits animaux, de feuilles, de plantes médicinales, de rotin, de miel, cire, etc. Il n’existe pas de statistique sur les récoltes et les potentialités concernant cette catégorie de produits.

2.3.2. Industries Forestières

La première unité de sciage a été installée en 1918 à Grand Bassam (au sud-est de la Côte d’Ivoire). Depuis cette date, l’industrie du bois s’est considérablement développée tout en se diversifiant. Elle se caractérise par la prédominance d’unités de sciages.

Cependant, les unités de déroulage et de fabrication de contre-plaqués s’installent de plus en plus, pour répondre à la demande locale et mondiale. Par ailleurs, face à l’imposition des quotas à l’exportation sur les sciages verts, les unités de sciages évoluent vers la deuxième et la troisième transformation.

 

Aujourd’hui le paysage industriel du bois se présente comme suit:

· Unités de sciage 127

· Unités de déroulage 15

· Unité de tranchage 7

· Unité de contre-plaqués 8

Tableau 1: Volumes de productions annuelles par type d’industrie forestière

 

1994

1995

1996

1997

1998

1999

Volume entré usines

(m3 grumes)

2 040 040

1 985 781

1 743 290

1 994 850

2 152 612

2 176 632

Volume usiné

(m3 grumes)

1 903 970

1 937 468

1 772 945

1 861 858

1 417 154

1 872 716

Sciages

682 616

680 601

582 084

599 524

606 675

611 290

Déroulés

190 313

199 035

206 374

237 277

252 113

257 516

Tranchés

15 615

16 054

15 888

14 314

15 225

13 601

Contre-Plaqués

41 376

39 310

42 981

64 000

75 638

58 728

Source: MINAGRA / DPIFR

2.3.3. Commercialisation des produits forestiers

Pour permettre le ravitaillement des usines locales de transformation de bois et faire baisser la très forte pression subie par la forêt ivoirienne, le décret n° 95-682 du 6 septembre 1995 qui interdit l’exportation des bois bruts équarris et en plots, exception faite des bois issus des plantations est entré en vigueur à partir de 1997.

Par ailleurs, pour inciter les entreprises à une transformation plus poussée du bois, les quotas à l’exportation ont été imposés sur les sciages verts à partir de 1998. Il a, en outre, été fait obligation aux exploitants forestiers de reboiser des superficies proportionnelles aux volumes exploités (1 ha pour 250 m3 exploité en zone forestière et 1 ha pour 150 m3 exploité en zone pré-forestière).

Ces mesures ont entraîné un bouleversement dans la structure de la production et du commerce des produits forestiers ivoiriens. Ainsi, l’exportation de grumes a fortement chuté, se situant autour de 100 000 m3 en 1999, contre plus de 3 000 000 m3 au début des années 80; et la tendance est toujours à la baisse. Quant à l’exportation des sciages, elle se stabilise autour de 500 000 m3.

2.3.4. Conservation et biodiversité

Le Domaine Forestier Permanent de l’Etat, constitué principalement des Aires Protégées (Parcs Nationaux et Réserves) et des forêts classées couvre aujourd’hui 5,6 millions d’hectares. Il est reparti pour 70 % en zone forestière et pré-forestière et 30 % en zone de savane.

La flore et la faune des forêts ivoiriennes sont extrêmement variées. Le maintien de vastes étendues de forêts représentatives de tous les écosystèmes reste une préoccupation du Gouvernement ivoirien. A cet effet, la Côte d’Ivoire a ratifié la convention sur la biodiversité en 1996, et la stratégie en vue de la conservation et de l’utilisation durable des éléments constitutifs de la diversité biologique en Côte d’Ivoire est en voie d’achèvement. La plus grande majorité du capital flore et faune se trouve dans les parcs nationaux et réserves. Les forêts classées, aménagées dans l’optique de production de bois d’œuvre, ont également un rôle important dans la conservation de la biodiversité.

La gestion des forêts classées est confiée à la Société de Développement des Forêts (SODEFOR) et la Direction de la Protection de la Nature (DPN) est responsable de la gestion des Parcs Nationaux et des Réserves Naturelles.

2.3.5. Reboisement et aménagement forestier

La réforme de l’exploitation forestière, initiée en 1995, a pour objectif principal la gestion rationnelle de la forêt. Les périmètres d’exploitation forestière, attribués pour une durée de 20 ans environ, devraient bénéficier de plans d’aménagement.

L’aménagement des périmètres prévoit notamment l’exploitation rationnelle de l’espace attribué et la réhabilitation du domaine forestier à travers le reboisement qui est désormais obligatoire. Ainsi, il a été reboisé plus de 40 000 hectares par les exploitants forestiers attributaires de périmètres d’exploitation forestière au cours de la période 1997 - 2000. Le rythme moyen annuel de création de plantations forestières par les exploitants forestiers est de 8000 hectares. Par ailleurs, dans le cadre de la gestion des forêts classées, la SODEFOR mène des actions de reboisement dans le domaine forestier de l’Etat. Depuis sa création en 1966, la SODEFOR a réalisé environ 120 000 hectares de plantations forestières de type industriel et 80 000 hectares de plantations de reconversion.

Depuis 1992, elle a en charge la gestion des forêts classées dont certaines sont déjà dotées de plans d’aménagement. A ce jour, 7 plans d’aménagement ont été adoptés et 82 sont en cours de préparation. Mais la SODEFOR reste toujours confrontée à l’épineux problème d’infiltration paysanne en forêts classées pour la réalisation de cultures agricoles. Les superficies de plantations agricoles réalisées en forêts classées se chiffrent à 630 119 ha en 1999.

Tableau 2: Occupations agricoles en forêts classées

 

 

PERIODE

SUPERFICIE

(en HA)

 

POPULATIONS EN FORETS CLASSEES

(en nombre)

Forêts classées

Culture

Autoch-

tones

Alloch-tones

Etrangers

Totale

1991-1996

 

2 198 712

593 477

14 487

27 273

27 064

68 706

1996-1999

 

2 444 423

630 119

18 699

30 503

29 416

80 404

Source: SODEFOR/DT-SDA

La situation reste préoccupante, car toutes les stratégies mises en œuvre pour régler la question paysanne n’ont pas donné les résultats escomptés. La situation en 2020 sera insoutenable si la question paysanne en forêts classées n’est pas définitivement réglée. Les superficies de forêts naturelles vont décroître et les efforts d’aménagement seront vains.

2.3.6. Protection des forêts et Lutte contre les Feux de Brousse

L’utilisation du feu est une pratique traditionnelle pour la préparation des terres agricoles, la chasse et le renouvellement des pâturages. Toutefois, face aux dégâts occasionnés par ces incendies, il a été crée un Comité National de Défense de la Forêt et de Lutte contre les Feux de Brousse. Pour atteindre ses objectifs, le Comité entreprend des actions de sensibilisation en vue de modifier le comportement des populations rurales et de développer les mesures préventives. Ainsi des comités d’autodéfense ont été mis en place dans les villages. Ces comités villageois ont été installés en vue de prévenir les départs d’incendies, de limiter l’extension des feux et d’améliorer l’efficacité de la lutte active. Malgré ces mesures, les feux de brousse demeurent un véritable fléau pour la forêt, l’homme et son environnement particulièrement dans les zones de savanes.

 

 

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