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5. PERSPECTIVES ET PLAN D’ACTIONS

Le diagnostic présenté ci-dessus fait appel à deux situations probables ou scenarios possibles à l’horizon 2020.

Premier scénario: Il s’inscrit dans un contexte de changement devant rompre avec les pratiques anciennes dans une nouvelle vision de la foresterie en Côte d’Ivoire, en adoptant et réussissant la nouvelle politique forestière définie en septembre 1999.

Celle-ci préconise, dans la continuité des orientations définies dans le Plan Directeur Forestier (1988-2015), un changement important dans la gestion de l’arbre comme ressource naturelle et envisage une promotion de la valorisation de la biodiversité.

En effet, à travers ces orientations, le Gouvernement affirme sa ferme volonté de parvenir à une gestion durable des ressources forestières du pays. Ces orientations se décrivent dans l’idée directrice de responsabiliser tous les acteurs privés en encourageant aussi bien la propriété privée des forêts que la participation des privés à l’utilisation et à la gestion des forêts. En dépit de cette orientation vers la participation du secteur privé, le Gouvernement n’abandonne pas pour autant son influence et son contrôle sur ce secteur. Il est conscient des avantages sociaux et environnementaux des ressources forestières.

En ouvrant la gestion des forêts classées à des partenaires privés, l’Etat se désengage progressivement du financement des opérations de conservation et de réhabilitation. Le transfert de la propriété de l’arbre aux paysans et l’accès de ceux-ci à la gestion des ressources ligneuses et non ligneuses de la forêt constituent une avancée significative vers une responsabilisation plus accrue des populations à la gestion rationnelle des ressources naturelles.

Le recentrage des activités de gestion forestière sur les espaces forestiers les mieux conservés et le regroupement et la contractualisation des occupations agricoles dans les forêts classées devraient assurer une cohabitation provisoire et permettre d’envisager un règlement définitif du problème des implantations agricoles en forêt classée.

Cette reforme sera accompagnée par des modifications importantes dans l’organisation générale du secteur forestier.

Plan d’action

Ces objectifs et le plan d’actions élaboré pour la mise en œuvre de la nouvelle politique forestière, s’articulent autour des grandes orientations fixées par le gouvernement. Pour chaque orientation fixée par la déclaration de politique forestière, il est question de définir des objectifs et identifier des actions à mettre en œuvre. La finalité est d’arriver à une gestion rationnelle des ressources forestières pour le bien-être des populations et pour le développement durable de la filière bois.

Ces actions qui découlent des objectifs à atteindre suivant les orientations stratégiques définies en matière de politique forestière sont consignées dans le tableau ci-après:

Tableau 3: Orientations – Objectifs - Actions à mener

 

ORIENTATIONS

OBJECTIFS

ACTION A MENER

I. Gestion de la

ressource ligneuse

dans le domaine rural

 

 

Gestion durable du patrimoine forestier en zone rurale;

Promotion de la foresterie privée et collective;

Création de complexes sylvo-industriels.

Développer la petite entreprise de travaux forestiers

Mettre en place des comités de gestion des forêts du domaine rural

Délimiter les reliques de forêts protégées dans le domaine rural

Organiser la propriété foncière

Développer les plantations forestières en zone rurale

Mettre en œuvre le partenariat pour la gestion des ressources forestières

Mettre en place une base de données forestières

II. Approvisionnement des filières de transformation du bois

Pérennisation de la filière;

Installation de complexes sylvo-industriels

Assainissement de la filière.

Accroissement du potentiel de bois d’œuvre

 

-Assurer la promotion des autres essences de plantations et de forêts naturelles

-Transformer d’avantage le bois et valoriser les sous-produits

-Susciter le regroupement des petites unités nationales

-Evaluer la ressource «bois»

-Créer un observatoire du bois

 

III. Gestion des peuplements forestiers et des occupations agricoles en forêts classées

 

 

Prise en main toutes les forêts classées;

Cogestion effective des forêts avec les populations (partage des revenus)

Regroupement des occupants;

Stabilisation et arrêt des défrichements;

Stimulation au départ d’occupants illégaux.

Rechercher des ressources pour financer l’achèvement de la prise en main des forêts classées

Elaborer une nouvelle procédure de prise en main des forêts classées

Appliquer le principe de gestion différentielle des forêts classées

Mettre en œuvre une phase pilote de gestion contractuelle des occupations agricoles

Proposer des contrats pour les paysans installés en forêt classée

Collaborer avec les structures d’encadrement agricoles

Former les agents de terrain

Assurer la surveillance des Forêts

 

IV. Valorisation des potentialités environnementales

 

Promotion pour l’émergence de services environnementaux

Sensibilisation et mobilisation des acteurs et les populations

Mettre en place un cadre réglementaire

Promouvoir l’émergence de services environnementaux

Répertorier les différents sites de conservation de la diversité biologique

V. Organisation du Secteur

Mise en œuvre d’un processus de professionnalisation des acteurs

Réviser les textes réglementaires

Créer un observatoire du marché du bois

Définir de nouvelles conditions d’exploitation et de vente de bois dans le domaine rural

Définir les nouvelles missions des services forestiers

Réorganiser le contrôle forestier

Constituer un Fonds Forestier National

Négocier un nouveau contrat plan entre la SODEFOR et l’Etat

Développer la recherche-développement

Assurer la vulgarisation forestière

Former les acteurs à la gestion forestière

Financer le secteur forestier

Valoriser les ressources humaines

 

2ème scénario: C’est celui qui s’impose au cas où dans la réalisation du premier, la volonté politique clairement exprimée n’est pas complètement mise en œuvre.

Dans ce cas, des paramètres sociologiques qui consistent à accorder la priorité aux ivoiriens et l’appartenance des terres forestières aux populations locales constituent un obstacle à sa réussite, dans un cadre de réconciliation nationale mal engagé et qui polarisent les énergies et rendent difficile le règlement de la question paysanne en forêts classées et dans les aires protégées.

Une telle situation même si elle a l’avantage de bénéficier des nombreux acquis du secteur, notamment l’émergence d’une foresterie privée grâce à la création de forêts collectives et le rôle du paysan en tant qu’opérateur de la filière, est source de conflits entre paysans, opérateurs privés et administration. Ces conflits sont imputables à la gestion de la ressource actuellement disponible, à la disponibilité des terrains à reboiser ainsi qu’aux moyens à mettre en œuvre pour la conduite des peuplements à leur terme.

Le Plan Directeur du Développement Agricole 1992- 2015 adopté par le Gouvernement s’est fixé comme objectifs: l’amélioration de la compétitivité, notamment par l’accroissement de la productivité, la recherche de l’autosuffisance et de la sécurité alimentaire. Malheureusement, compte tenu du faible taux de rendement en milieu paysan et des techniques culturales non encore améliorées, l’atteinte de ces objectifs passe nécessairement par une augmentation des superficies cultivées. Cette augmentation de superficie va se faire au détriment de la forêt qui connaîtra une réduction plus prononcée à l’horizon 2020.

La propriété de l’arbre au paysan implique une augmentation substantielle du prix de la matière première ligneuse préjudiciable au marché local. Le désengagement de l’Etat et l’émergence d’un secteur privé dynamisé par l’absorption des petits opérateurs ne pouvant plus faire face à la concurrence, n’entraînera, certainement pas, de gros investissements dans le secteur ; au contraire, il engendrera des déséquilibres importants face à une administration affaiblie de toute part par l’insuffisance de ses effectifs, le manque de moyens financiers et matériels appropriés nécessaires pour assurer une surveillance et une gestion efficace, avec un personnel démotivé.

Plan d’action

Tableau 4: Orientations – Objectifs – Actions à mener

ORIENTATIONS

OBJECTIFS

ACTION A MENER

1. Gestion de la Ressource ligneuse

Promotion de la Foresterie privée et collective

Restructuration des unités industrielles

Promotion de l’utilisation du gaz butane

Créer des coopératives de travaux forestiers

Mettre en place des comités de gestion de forêts du domaine rural

Susciter des partenariats entre industriels et paysans pour une meilleure exploitation de la ressource

Sensibiliser les populations et vulgariser l’utilisation du gaz à usage domestique

2. Approvisionnement de l’industrie de transformation de bois

Promotion des essences de plantation

Promotion des essences secondaires

Rationalisation de l’exploitation du bois

Organiser et programmer les coupes de bois

Amener par des mesures incitatives les industries à une transformation plus poussée

Diversifier la production industrielle

Valoriser les sous-produits

3. Gestion des forêts classées et des aires protégées

Prise en main

Protection de l’ensemble des forêts classées et aires protégées

Aménagement forestier

Utilisation durable des ressources forestières

Délimiter et aborner des FC et les PN

Restaurer les zones dégradées

Limiter les nouvelles infiltrations par une surveillance plus accrue

Former, recycler et motiver le personnel technique

4. Gestion des reboisements villageois

Constitution d’un domaine forestier privé

Promotion de l’agroforesterie

Réaliser des reboisements communautaires

Associer le reboisement aux activités agricoles

Mettre en place un système de gestion et suivi des reboisements déjà réalisés dans le domaine rural

5. Législation forestière adaptée aux reformes actuelles

Création d’un cadre réglementaire approprié pour le développement forestier

Actualiser le code forestier

Définir de nouvelle conditions d’exploitation et de vente de bois dans le domaine rural

Elaborer un cahier des charges pour la réalisation, le suivi et le financement des reboisements privés ou communautaires

 

 

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